De maîtresse de cérémonie à Prix d'interprétation, les souvenirs cannois de Diane Kruger
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00:00La première photo, c'est la remise de prix de la Palme d'Or l'année où j'étais maîtresse de cérémonie à la clôture.
00:08J'étais tellement stressée au début.
00:10A l'époque, il n'y avait pas de prompteur, donc il fallait apprendre le texte par cœur, donc en français.
00:16Et déjà, j'ai un souvenir de monter sur scène et de juste...
00:22C'était un moment, une grande solitude pour moi.
00:27À la clôture, ça allait mieux déjà.
00:29Et en plus, je suis montée des marches avec Karl Lagerfeld, à l'époque, qui n'a jamais été à Cannes,
00:33qui m'avait fait la robe pour la clôture.
00:37Et mon film, un film de Danny Arcan, était également le film de clôture.
00:42Donc, c'était un moment plutôt joyeux.
00:45Et Karl, qui était très content d'être là, qui a commenté, après toute la cérémonie,
00:50ce qu'ils portaient toutes les femmes, il a commenté ce qu'il en pensait.
00:54Je garde un super souvenir, en fait, de la clôture.
00:56Cette photo, la conférence de presse pour Inglourious Bastards.
01:00Très drôle, la photo, d'ailleurs, avec tout le monde, avec son verre de champagne.
01:05J'adore Quentin. Je n'avais pas vu le film avant qu'il était montré à Cannes.
01:09Donc, la montée des marches était hyper stressante. Tout le monde flippait à mort.
01:15Parce que personne n'avait vu le film, donc c'est toujours stressant, déjà, de découvrir son film la première fois.
01:20Mais en plus, de le découvrir à Cannes, je peux vous le dire, ce n'est pas évident.
01:23Et d'ailleurs, c'était un petit peu un choc, parce qu'il était très différent que le scénario.
01:27Et j'ai plutôt un souvenir très vivant de la montée des marches, parce qu'ils ont mis la musique de...
01:32Je crois que c'est de la musique de Perfection, exactement.
01:35Donc, en danser, l'huile dansée.
01:38Donc, j'ai un souvenir de ça, plutôt que de la conférence de presse.
01:42D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi ils ont tous un verre, je ne sais pas.
01:45Donc, là, j'étais membre de jury. C'est la clôture.
01:50J'ai passé un moment inoubliable d'être jury à Cannes.
01:54C'était génial, parce que quand on est à Cannes, on a rarement vraiment le temps de voir beaucoup de films.
02:00Voir un film, sauf le vôtre.
02:04Donc, j'ai un souvenir de rien faire, en fait. Je ne suis pas vraiment sortie.
02:08Je me suis vraiment submergée, je n'ai pas fait de presse.
02:13C'était un moment assez génial d'être à Cannes comme ça, de pouvoir passer comme ça.
02:18C'était très fatigant. J'ai rencontré des gens incroyables.
02:22C'était un moment très particulier, parce que forcément, vous défendez votre point de vue.
02:27C'est très intéressant pour moi. J'ai beaucoup appris, parce que forcément, je suis actrice.
02:31Donc, souvent, je regarde les films avec un côté très émotionnel de performance,
02:36plutôt que de l'ensemble d'un film.
02:40Donc, les points de vue de metteur en scène ou de producteur, c'est quand même intéressant.
02:44C'est vrai, je me disais, je n'avais pas vu ça comme ça.
02:48Je crois que c'était presque unanime.
02:51Mais de toute façon, pour moi, c'est le film que j'ai aimé le plus.
02:56Je crois que depuis dix ans, c'est mon film de référence.
03:00C'est un metteur en scène que j'adore, de toute façon.
03:03Mais Amour, ça m'a ravagée.
03:15C'était à mon tour de recevoir le prix d'interprétation à Cannes.
03:19Je crois que c'était en 2017, avec Fatih.
03:22C'était un moment très émouvant pour moi, pour plein de raisons.
03:26Évidemment, le film en lui-même, le sujet du film,
03:30qui m'a coûté très cher quelque part aussi personnellement.
03:34Je n'ai pas pu travailler le moment qu'on a fini le tournage.
03:38Et quand on l'a montré à Cannes, il n'y avait que six mois ou cinq mois.
03:43Donc c'était très frais.
03:45Je ne pouvais pas faire un autre tournage entre-temps.
03:48J'étais encore trop sous l'emprise de ce rôle,
03:51et le tournage était épuisant.
03:54C'était mon premier film allemand dans ma vie.
03:58J'étais quand même très émue de recevoir ce prix pour ça, finalement.
04:03Qu'est-ce qui s'est passé ?
04:05Il y a eu une explosion. Circulez, s'il vous plaît.
04:09Arrêtez-vous !
04:11Je veux voir ma famille !
04:13La rue est fermée !
04:15Je veux voir ma famille !
04:17J'étais sous le choc. Je ne m'attendais pas à un noir, c'est clair.
04:20J'étais sous le choc.
04:22Avant le tournage, j'avais déjà six mois de préparation pour le rôle.
04:27Et pendant le tournage, j'ai perdu deux êtres très chers dans ma famille,
04:32en plus de jouer ce rôle vraiment physiquement éprouvant.
04:36Il y avait beaucoup de noir autour de moi,
04:39beaucoup de deuil, beaucoup de soucis.
04:42J'ai perdu énormément de poids. J'étais vraiment pas bien dans ma vie.
04:45Et c'est comme si, à partir de ce jour-là,
04:48la lumière a... Je ne sais pas.
04:50Il y avait une lumière qui est rentrée.
04:52Ça m'a sortie d'un truc, vraiment.
04:54Et donc voilà la photo de Vincent et moi dans The Shrouds,
04:59qui est présentée ce soir à Cannes.
05:02Voilà, je commence d'ailleurs...
05:04Je ne sais pas comment ça passe pour votre émission,
05:06mais je commence à être afflippée un peu.
05:09Je vous avoue.
05:10Qu'est-ce qui s'est passé ?
05:11On dirait un appareil de traçage.
05:13C'est évident qu'ils t'ont tracé par elle.
05:19Pourquoi feraient-ils ça ?
05:23C'est pas pour la vie.
05:25Peut-être pas pour la mort non plus.
05:29Ça s'est dit quand je reçus le scénario.
05:32Je ne savais pas que c'était une histoire personnelle de David, en fait,
05:35basée sur sa vie.
05:38C'est lui qui m'a appris ça, quand je l'ai rencontrée.
05:40Et ça m'a fait un choc, parce que du coup, je me suis dit
05:43« Oh là là, je vais jouer la femme de David. »
05:45Et c'est vrai que quand Vincent est sorti...
05:51Quand il est venu sur le plateau la première fois,
05:53j'ai eu un choc aussi à quel point il ressemblait à David.
05:56C'était un peu bizarre pour moi,
05:59de jouer ces femmes qui ont vraiment existé.
06:02Quand on sait ça, tout le film change.
06:07Je ne sais pas comment dire.
06:09Ça reste évidemment un film de Cronenberg,
06:12vraiment dans l'univers à part qu'il a.
06:15Mais peut-être que pour la première fois,
06:18c'est un film bien ancré dans la réalité personnelle du metteur en scène.
06:21Et donc, moi, j'ai beaucoup de tendresse pour le film.
06:24Je me suis retrouvée quand même dans les scènes d'intimité,
06:28justement, quand je joue la femme dans les dégrés de maladies différentes.
06:34Dans l'intimité d'un très grand metteur en scène,
06:37mais surtout d'un homme qui a aujourd'hui 81 ans.
06:41Et donc, je ne sais pas, il y avait tout ça qui restait dans la tête.