Thomas Sotto reçoit Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires.
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00:00Bonjour et bienvenue dans les 4V. Thierry Cotillard. Bonjour. On va vous dire quelques mots pour commencer si vous voulez bien de la situation en Nouvelle-Calédonie.
00:08Vous avez des magasins partenaires là-bas sous l'enseigne Corail. Quelle est leur situation notamment en matière de ravitaillement, de gestion des stocks ?
00:15Alors c'est un partenaire qui a 9 points de vente. 2 points de vente ont été épargnés et 7 ont vraiment été touchés par les émeutes.
00:21La situation reste tendue puisqu'en fait ils ouvrent en mode dégradé avec l'aide de la police. Mais ce qui est plutôt rassurant c'est que l'approvisionnement du conteneur qu'on livre tous les mois a été fait juste avant les émeutes.
00:33Et donc comme leurs entrepôts n'ont pas été touchés, il n'y a pas d'inquiétude à avoir pour être approvisionné.
00:39Pas de risque de pénurie alimentaire à votre connaissance ? Ni chez vous, ni chez vos collègues ?
00:43Ni chez nous, ni chez les collègues apparemment. Et on travaille évidemment étroitement avec eux pour voir si on peut les aider et envoyer un conteneur plus vite en cas d'émeute sur l'entrepôt.
00:52Orvière en métropole, il y a quelques jours le président de Système Economique Schellcher s'inquiétait de voir des signes de déconsommation dans ses magasins. Est-ce que vous faites le même constat chez Intermarché ?
01:00Alors le marché effectivement est sur cette tendance. On observe une baisse en volume de moins 0,5%. Néanmoins en valeur ça progresse puisqu'on est toujours porté par l'inflation.
01:10Parce qu'on vend moins de produits mais plus cher.
01:11Voilà, légèrement plus cher, c'est de l'ordre de 2% cette année. Mais ce qu'il faut observer c'est finalement des habitudes de consommation des Français qui changent.
01:19Ils fréquentent plus d'enseignes pour chercher les meilleurs prix. Lorsqu'ils sont dans nos enseignes, ils cherchent des marques de distributeurs, des premiers prix pour faire baisser le panier.
01:27Et une enseigne comme Intermarché qui propose, j'ai envie de dire comme Leclerc, des prix bas, eh bien on progresse et on est en progression en volume de l'ordre de 5%.
01:37Donc ça prouve qu'il y a effectivement toujours une tension sur le pouvoir d'achat et ça se troisie par des modes de consommation qui évoluent en France.
01:45Et dans les changements d'habitude, qu'est-ce que vous vendez moins ? Sur quoi les clients rognent ?
01:49Alors on a une conséquence directe de la loi de croisaille. Ce qu'on vend vraiment moins depuis le début de l'année, c'est les produits d'hygiène et d'entretien.
01:56La loi de croisaille, il faut nous le dire en deux mots parce qu'on ne l'a pas tous en tête.
02:00C'était une loi qui prolongeait la loi pour aider à subvenir aux besoins du monde agricole.
02:05Et dans cette loi, il y a eu un alinéa qu'on n'a pas compris qui était de limiter la promotion des produits d'hygiène et de beauté à 34%.
02:13Et une étude prouve qu'aujourd'hui, un Français sur deux se limite dans leur consommation et ça se traduit par moins 7 sur les produits.
02:19Vous dites qu'il faudrait faire sauter ce verrou ?
02:21Evidemment, parce qu'en fait, il y a des besoins réels de ces produits pour l'ensemble des Français.
02:26Et aujourd'hui, le fait de limiter les promotions fait baisser la consommation.
02:30On va passer aux choses qui fâchent, les prix. L'Insee a révélé les chiffres de l'inflation pour le mois d'avril.
02:34On est à plus 2,2% sur un an et plus 1,2% sur l'alimentaire. Est-ce que cette fois, la hausse des prix est derrière nous dans l'alimentaire ?
02:41Je pense. En tout cas, on est sur une inflation, vous venez de donner les chiffres, qui est contenue.
02:45C'est fini l'inflation à deux chiffres qu'on a connue pendant deux ans à 20%.
02:49Et il y a de bonnes nouvelles, c'est-à-dire que les marques de distributeurs sont en forte régression.
02:56De combien ?
02:57Nous, on a des exemples, comme la lessive, qui sont des produits impactants.
03:00Habta, c'est moins 15%. Les frites surgelées, c'est moins 15% également.
03:04Et puis, on a fait le choix, parce qu'on sait que les Français attendent des baisses de prix.
03:08On a fait le choix, avant que les négociations soient finies, d'avoir une campagne où on a choisi 1000 marques nationales,
03:141000 produits de marques nationales, où on a décidé de rogner sur nos marges et de baisser les prix.
03:18C'est l'engagement qu'Intermarché a pris depuis le début de l'année.
03:20Et la bonne nouvelle, on ne s'y trompe pas, puisqu'on a 700 000 nouveaux clients depuis le début de l'année.
03:24Les prix ont quand même pris un peu plus de 20% en deux ans, c'est ça, grosso modo.
03:28Est-ce qu'on peut espérer des vraies baisses de prix pérennes, au-delà des opérations de communication des uns et des autres ?
03:33Ça sera compliqué, parce que nous, on est industriel, on produit, et on voit qu'à la sortie de l'usine,
03:38tout a coûté plus cher, l'électricité, les salaires aussi ont augmenté.
03:42Donc, il faut bien dire aux Français, ce matin, qu'on ne reviendra jamais à ce qu'on a connu,
03:46c'est-à-dire qu'il n'y aura jamais une déflation de 20 points pour revenir au point de départ d'hier.
03:50En gros, ça va arrêter d'augmenter, mais ça ne va pas vraiment baisser ?
03:52Exactement, c'est probablement la conclusion.
03:54Le journal Le Parisien, dans son édition d'hier, que vous avez forcément vu passer,
03:56s'étonnait des différences de prix selon les régions.
03:58Je le lis, entre Paris-la-Vendée ou l'Est de la France,
04:01les tarifs pratiqués dans la grande distribution peuvent parfois varier de plus de 20%.
04:05Pourquoi ? Est-ce que c'est vraiment justifié ?
04:07Ou est-ce que vous faites vos prix non pas en fonction de la tête du client,
04:09mais en fonction de l'épaisseur de son portefeuille ?
04:11Je vais rassurer nos consommateurs, on ne le fait pas à la tête du client.
04:14Il y a une réalité économique.
04:16Chez Intermarché, les quarts de prix, si vous prenez Paris, la Côte d'Azur et le reste de la France,
04:21c'est de l'ordre de 9%, la moitié de l'étude.
04:23Pourquoi ? Parce qu'une surface de 1 000 m² à Paris…
04:27En province, on va payer 150 000 euros de loyer.
04:30À Paris, c'est 400 000, 500 000 euros.
04:32Pour pouvoir en vivre, on est obligé d'augmenter les prix dans cette proportion.
04:36Il n'y a pas de petite surmarche de confort ?
04:39Ce qui arrive, notre modèle économique, c'est de proposer les prix les plus bas.
04:42Par contre, lorsqu'on arrive à 20%, c'est l'objet de l'étude et c'est une réalité,
04:46c'est intimement lié à la pression concurrentielle.
04:48Vous avez vu sur la carte, en Bretagne, où il y a des Leclerc, des Intermarché, des U,
04:52les prix sont bas.
04:53À Paris, il n'y a pas la place d'avoir nos enseignes.
04:56Quand il n'y a pas d'Intermarché de Leclerc, certains concurrents en profitent un petit peu.
04:59Ils se font plaisir.
05:00Ils font de la marge pour couvrir le loyer, mais un petit peu plus.
05:05En tout cas, nous, on ne fait pas d'abus.
05:06Il y a certainement un petit peu d'abus par rapport à la réalité économique du modèle.
05:09Tout ça, ça donne une grande méfiance des consommateurs entre les prix, la shrinkflation.
05:13Shrinkflation, on rappelle, ce sont les industriels qui vendent au même prix
05:16des paquets dans lesquels il y en a moins.
05:17Il y a maintenant la chip flashant, où on met des produits de moins bonne qualité,
05:20mais au même prix.
05:21Comment rétablir la confiance ?
05:23Par la transparence.
05:25Je pense qu'il faut un cadre…
05:27Sauf qu'on y croit de moins en moins, la transparence.
05:28On l'a vu avec les industriels, avec les agriculteurs.
05:31Chacun nous raconte son catéchisme, mais on n'y croit pas.
05:34On n'y croit pas quand le texte de loi est mal pensé.
05:36Par exemple, vous prenez l'exemple de la shrinkflation.
05:38L'industriel va baisser la quantité, augmenter le prix.
05:40Et c'est à nous, le distributeur, d'informer le consommateur.
05:43À partir du 1er juillet, vous devriez être un petit peu…
05:44On va être obligés de le faire.
05:45C'est comme si on nous demandait d'organiser les Jeux olympiques
05:48sans avoir la date ou le lieu des JO.
05:52Je pense que le législateur a compris que le consommateur attendait de la transparence.
05:56Je pense que c'est un devoir.
05:58Mais parfois, les textes de loi ne vont pas jusqu'au bout
06:00et la responsabilité n'est pas portée par les bonnes personnes.
06:03Les prix planchers promis par Emmanuel Macron pendant la crise agricole,
06:06c'est devenu quoi ? Ça s'est oublié ?
06:07Alors, ce n'est pas oublié parce que la crise, effectivement, est derrière nous.
06:11Mais je pense que le mal-être agricole est encore là.
06:14Il est tellement là que je pense qu'on a l'obligation,
06:16dans les deux mois qui restent,
06:18puisqu'il y a un nouveau projet de loi qui arrive, de trouver une solution.
06:20Nous, on est force de proposition.
06:22Je ne sais pas si ce sera le prix plancher.
06:23Ce qui est sûr, c'est que je vous parlais de transparence.
06:25Vous êtes favorable ou pas ? Ou vous dites que c'est une mauvaise idée ?
06:27Ça semble compliqué pour le monde agricole.
06:29Et moi, je me fie à son expertise parce qu'il dit
06:31que ça va nous dépositionner.
06:33C'est très bien pour le marché intérieur,
06:34mais quand on va devoir exporter,
06:36on sera en écart de compétitivité et ça va nous pénaliser.
06:39Nous, ce à quoi on croit, c'est d'obliger la transparence.
06:43C'est-à-dire que quand Intermarché achète le yaourt,
06:45on ne sait toujours pas à quel prix le litre de lait est payé à l'agriculteur.
06:49Donc, imposons, dans une nouvelle loi,
06:51l'obligation au premier niveau,
06:53c'est-à-dire l'achat entre l'industriel et l'agriculteur,
06:55de se mettre d'accord.
06:57Et à ce moment-là, c'est non négociable
06:58et le distributeur appliquera ce prix-là.
07:00Je pense qu'à ce moment-là, le monde agricole ira beaucoup mieux.
07:02Vous avez demandé d'être reçu par Emmanuel Macron
07:03avec les autres acteurs de la grande distribution.
07:04Il vous a répondu ou pas ?
07:05On n'a pas encore la réponse.
07:07On a écrit parce qu'on a vu que le président de la République
07:10était en première ligne sur ce sujet.
07:12Donc, ça nous semble important de lui montrer
07:14qu'on a un acteur important de la chaîne alimentaire.
07:16Vous savez qu'un produit sur deux du monde agricole
07:18vient dans les grandes surfaces.
07:20Donc, on a une responsabilité,
07:22mais on a aussi des propositions à faire.
07:23C'est pour ça qu'on lui a écrit.
07:24On espère, bien évidemment, qu'il va nous recevoir.
07:26Vous venez de racheter 257 supermarchés
07:28et 37 hypermarchés qui appartenaient jusque-là
07:30au groupe Casino.
07:31D'abord, est-ce qu'ils vont tous passer sous enseigne intermarché ?
07:34Ou Casino, c'est fini pour vous ?
07:36La marque Casino, je crois qu'elle va exister
07:38sur des tout petits formats de 200 mètres carrés,
07:41sur d'ultra proximité.
07:42Sur les formats plus grands de supermarchés,
07:44ça va disparaître.
07:45Donc, ça devient intermarché au netto.
07:47Il y aura aussi Auchan qui récupère quelques points de vent.
07:49Et il faut dire que c'est historique.
07:52Vous savez, la dernière fois qu'il y a eu
07:53une grosse opération de concentration comme ça,
07:55c'était Carrefour Promodès.
07:56C'était il y a 25 ans.
07:57Donc, c'est un chantier énorme.
07:59Petit à l'aise.
08:00J'en profite pour saluer les adhérents,
08:02les collègues qui s'engagent.
08:03Je salue aussi les équipes Casino qui nous rejoignent.
08:05On est heureux de les accueillir.
08:06Il y a ceux qui sont inquiets,
08:07c'est les salariés des Casino qui sont rachetés.
08:08Oui.
08:09Quels risques sur l'emploi ?
08:10Combien de suppression d'emploi ?
08:11Alors, l'objectif, c'est pas de suppression d'emploi.
08:13Zéro ?
08:14Zéro, puisqu'en fait, on a aussi eu un engagement
08:16vis-à-vis de Bercy de dire,
08:17l'ensemble des points de vente que nous reprenons
08:19auront l'emploi préservé.
08:21Et ce qu'on espère…
08:22Pendant combien de temps, l'engagement ?
08:23Zéro sur combien de temps ?
08:24On espère jusqu'à la vie de l'entreprise.
08:28Pourquoi ?
08:29Parce qu'il y aura peut-être quelques exceptions,
08:32il faut dire la vérité,
08:33il y aura peut-être quelques exceptions
08:34parce que la réalité,
08:35c'est que des clients ont quitté l'ancienne Casino
08:37tellement elle était chère,
08:38tellement c'était compliqué.
08:39Maintenant, nous, l'objectif quand on reprend,
08:40c'est bien sûr d'exploiter et de faire de la croissance.
08:43Et quand on a des objectifs de faire plus 30 %
08:45parce qu'on baisse les prix de 20 %,
08:47on espère bien créer de l'emploi à terme
08:49et embaucher des poissonniers,
08:50déboucher parce que dans ces magasins-là,
08:52ces rayons avaient été fermés
08:53et nous, on va les réouvrir.
08:54On continue à prendre un peu sur les industriels
08:56mais pas sur les agriculteurs.
08:57On compte sur vous.
08:58On va faire le boulot.
08:59Merci beaucoup Thierry Cotillard d'être venu dans les 4V.
09:00Bonne journée.
09:01Merci à vous.
09:02Merci à tous les deux.
09:03Merci également à Isabelle Lombard
09:04pour la traduction en landessine.
09:05Je retiens quand même la bonne nouvelle
09:06la hausse des prix qui est dernière à nous
09:07et l'inflation a deux chiffres.
09:09C'est terminé.