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00:00Alors du avant 1993, j'ai commencé mes études, le bâtiment était entre guillemets neuf,
00:07non plus vraiment, on avait déjà une forme de vétusté, pas encore très avancée mais
00:14qui s'est quand même dégradée jusqu'à certaines tranches de travaux un peu avant
00:17le départ finalement.
00:18Mais par contre, les patientes à l'heure actuelle ne peuvent plus par exemple accoucher
00:23dans un ascenseur puisque nous sommes maintenant au rez-de-chaussée par exemple.
00:28En tout cas, quand je suis arrivée, c'était un bâtiment, c'était assez impressionnant
00:31cette alliance entre vraiment le passé, le bâtiment qui est maintenant classé et puis
00:36la maternité qui va donc, le côté maternité qui va détruire ce qui était censé être
00:39moderne mais qui ne l'était déjà plus vraiment.
00:42Et c'était, on passait de l'un à l'autre distinctement, enfin voilà, les souvenirs
00:49c'est qu'on, par exemple pour cette dame qui a accouché en 1975, je me représente
00:52très bien, là c'était une grande fierté cette maternité moderne avec pour autant
00:57des choses qui étaient restées de l'ancienne maternité qui était, qui est encore dans
01:02les bâtiments classés ou des meubles, beaucoup de meubles avaient été gardés et restés
01:07au milieu des pavillons un peu modernes.
01:09Et puis par rapport à Jérôme et son expérience, j'imagine tout à fait parce que c'est vrai
01:15que les derniers jours, c'était totalement fantomatique en fait, c'est comme si nos
01:18patients avaient su, enfin évidemment les patients étaient informés, mais il y a eu
01:25un tout petit peu moins de naissances sur la période de transition et puis après c'est
01:29reparti sur la nouvelle maternité à l'hôpital.
01:32Et fantomatique, pourquoi ? Parce que lui parle de courant d'air, dit qu'il n'y avait
01:36personne, il a parlé à un électricien, enfin voilà, vous étiez là pourtant ?
01:40Nous étions là mais progressivement, je pense que tout le monde est très occupé
01:46dans les réserves à finir les rangements, à guider, on a un moment dédoublé les équipes,
01:51une partie était déjà sur les nouveaux établissements, l'autre sur l'ancien.
01:55Ils ne sont pas proches non plus, à Besançon oui, mais pas non plus juste à côté quoi.
02:00Non, c'est vraiment pas à côté.
02:02Et effectivement, comme les gens couraient partout, il n'y avait pas ce côté un peu
02:07statique où les équipes sont posées, attendent, voilà, donc il n'y avait plus ça, je comprends
02:13tout à fait.
02:14Effectivement, on l'imagine, en tous les cas, déménager une maternité, ça ne s'improvise
02:20pas.
02:21C'est très long, ça s'anticipe beaucoup.
02:24Ça s'est anticipé, oui, sur plusieurs semaines avant, même plusieurs mois pour certaines
02:30réserves, etc. du matériel, tout est ticté, tout fléché, le matériel, dans quel endroit
02:35il va aller, on a aussi choisi ce qui était trouvé juste pour être gardé, il y a une
02:40sélection dans le matériel, avec à chaque fois des deuils en fait, de qu'est-ce qu'on
02:45laisse, qu'est-ce qu'on garde, comme tout déménagement finalement.
02:50Justement, qu'est-ce que vous ressentez vous aujourd'hui ? Alors avec, on a fini le déménagement
02:54mais maintenant on démolit cet endroit, une petite pointe de nostalgie ou pas vraiment ?
03:00Oui, je pense que ça réactive de très bons souvenirs.
03:02Finalement, quand on est parti, ça a été très difficile pour les équipes parce qu'on
03:08travaillait pas du tout pareil qu'actuellement, il y avait une grande proximité dans nos
03:12équipes, on pouvait aller d'un service à l'autre facilement dans la journée, nos
03:15horaires en plus étaient différents, donc on faisait des horaires de coupée, c'est-à-dire
03:20qu'on avait des fois 3 heures entre le début de la matinée et la fin d'après-midi, donc
03:24occasion d'aller en ville, pour nous la ville a été un manque énorme pour nos patientes
03:30aussi, parce qu'à Saint-Jacques ça veut dire aussi jardin, jardin, espace vert, le
03:35club à côté, où les pères de famille attendaient.
03:37Evidemment, le club pour les pères de famille, d'ailleurs on les envoyait, on leur disait
03:41d'aller boire un café, tous les mecs autour savaient un peu, ils étaient assez sympas
03:44avec eux, c'était vraiment chouette, et puis quand il y avait des moments ou très
03:48gays ou dramatiques, on n'a pas que de moments où la vie est là, la vie nous fait parfois
03:57défaut, et bien c'était aller dehors, reprendre vie, aller marcher, aller sentir
04:04le vent sur soi, les fleurs, on avait des jardiniers assez chouettes franchement.
04:08Vous avez perdu ça et Léonor aujourd'hui ?
04:10Ah oui, complètement.
04:11Parce que vous êtes à Mainjaud, quand vous êtes en activité ?
04:14Oui, tout à fait, alors évidemment ils ont recréé un petit espace, mais qui est au
04:17milieu de Mainjaud, avec des dalles, pas beaucoup de jardin, etc.
04:22Un souvenir peut-être, en quelques mots ?
04:26Un souvenir peut-être ?
04:27Votre souvenir !
04:28J'en ai tellement, mais peut-être, l'un des plus emblématiques, c'est que nous passions
04:32quand les enfants étaient nés prématurément, ils devaient changer de pavillon, et au départ
04:36c'était fait avec une couveuse qui roulait, donc c'était beaucoup des infirmières qui
04:40venaient, qui portaient des couveuses jusqu'au pavillon Berceau, et une année, on est passé
04:47à une ambulance, et l'ambulance est restée bloquée parce qu'il y avait trop de neige,
04:51donc il a fallu en reporter tout le monde, etc.
04:53Voilà, ce genre de souvenirs-là, mais beaucoup de proximité, beaucoup d'intimité, beaucoup
04:57de partage dans notre maternité à l'époque.