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ÉducationTranscription
00:00 [Générique]
00:10 Bonjour, bonjour à tous, bienvenue dans l'échec qui est mondial.
00:13 Il y a 80 ans, en 1944, la seconde guerre mondiale entrait dans sa phase finale.
00:18 L'année 2024 sera-t-elle pour la guerre haute en Russie, ce que 1944 fut pour l'affrontement Allemagne-URSS ?
00:25 C'est ce que nous allons voir dans cette émission.
00:27 [Générique]
00:35 Comme pour les forces allemandes en 1943, suite à leur défaite à la bataille de Kursk,
00:39 l'année 2023 fut synonyme d'échec pour les forces autanokéviennes.
00:43 L'armée allemande de 1943 se montrera définitivement incapable de reprendre l'initiative face à l'armée rouge
00:50 et subit à l'été 1944 sa plus grande défaite lors de l'offensive Bagration.
00:55 Kiev, de son côté, attend avec appréhension une possible offensive russe pour l'été 2024.
01:01 Le parallèle entre 1944 et 2024 ne se limite pas au domaine purement militaire.
01:07 L'URSS, comme la Russie aujourd'hui, faisait face à une large coalition
01:11 mais parvint à lui infliger des défaites décisives avant même que les alliés ne débarquent en Normandie.
01:16 Enfin, en plus de la prédominance opérationnelle de l'armée soviétique,
01:20 ce qui décida de la victoire fut la supériorité de la capacité industrielle de l'URSS,
01:25 soutenue alors par son allié nord-américain.
01:28 En 2024, comme en 1944, cette puissance industrielle devrait prévaloir sur le champ de bataille
01:34 permettant à Moscou de l'emporter sur les forces de la coalition autanienne.
01:47 En 1944, l'URSS fait face à une coalition de pays européens qui ont rejoint volontairement le 3ème Reich.
01:54 Il s'agit de l'Autriche qui a été annexée à l'Allemagne lors de l'Anschluss en 1938,
01:59 de l'Italie, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Croatie et de la Finlande, ainsi que des Pays-Baltes.
02:07 A ces pays alliés, initiaux de l'Allemagne, s'ajoutent ceux occupés depuis 1940.
02:12 La France, la Norvège, les Pays-Bas, le Danemark, le Luxembourg et la Belgique.
02:17 La Suède et l'Espagne restèrent neutres, mais certains de leurs ressortissants rejoignent des unités de volontaires
02:23 dans la Waffen-SS ou la Wehrmacht, comme les divisions Vikings et Azoul.
02:28 Le cas de la France mérite d'être souligné car en juillet 1941,
02:32 une unité de volontaires a été formée sous l'impulsion de Jacques Doriot et Marcel Déat,
02:37 et le soutien de Pierre Laval, qui devient chef du gouvernement de Vichy en avril 1942,
02:43 et qui souhaite la victoire de l'Allemagne.
02:45 J'ai la volonté de rétablir avec l'Allemagne et avec l'Italie des relations normales et confiantes.
02:54 Je souhaite la victoire de l'Allemagne, parce que sans elle, le bolchévisme, demain, s'installerait partout.
03:01 Ainsi donc, comme je vous le disais le 21 avril dernier, nous voici placés devant cette alternative,
03:08 ou bien nous intégrer notre honneur et nos intérêts vitaux étant respectés dans une Europe nouvelle et pacifiée,
03:15 ou bien nous résigner à voir disparaître notre civilisation.
03:20 L'ensemble des unités françaises servant l'Allemagne sont rassemblées au sein de la division SS Charlemagne
03:26 à l'automne 1944 avec un effectif de 7 340 soldats.
03:31 C'est peu comparé à la Légion Wallonie formée en Belgique francophone par Léon De Grelle
03:36 avec ses 8 000 hommes dans un pays 10 fois moins peuplé.
03:40 C'est très peu en comparaison des 230 000 français qui débarquent en Provence le 15 août 1944.
03:47 L'URSS n'est pas seule face à cette coalition européenne.
03:51 Londres a soutenu Moscou dès le 22 juin 1941, rejoint par les États-Unis,
03:56 auxquels Hitler a déclaré la guerre en décembre 1941.
04:00 La contribution de la puissante industrie américaine va s'avérer précieuse à partir de l'été 1943.
04:07 En 2024, en nombre de pays coalisés contre elle, la Russie fait face à une coalition bien plus large
04:13 que celle qu'affronta l'URSS 80 ans plus tôt.
04:17 En plus des pays de l'OTAN et de l'Union Européenne, d'autres nations se sont jointes à l'effort de guerre contre la Russie
04:23 et appliquent les sanctions décidées par Washington.
04:26 C'est le cas de l'Australie, du Japon, de la Corée du Sud ou de la Suisse.
04:30 Il faut cependant souligner la présence de pays dissidents au sein de cette coalition,
04:35 comme la Hongrie et désormais la Slovaquie.
04:38 Les élections européennes de juin 2024 permettront d'évaluer le poids des partis de la paix en Europe,
04:44 notamment en Allemagne, où l'alternative sur Deutschland, à droite,
04:48 et l'alliance Sarah Wagenknecht-Raison et Justice, à gauche, sont bien placées.
04:54 Comme Marcel Deyer en 1944, le président Emmanuel Macron est partisan de l'envoi de soldats français en Ukraine.
05:01 Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes de sol,
05:08 mais en dynamique, rien ne doit être exclu.
05:14 Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre.
05:17 Étant donné les effectifs plus que modestes de l'armée française aujourd'hui,
05:21 Emmanuel Macron ne pourra faire guère mieux que son prédécesseur en 1944.
05:26 Dans une tribune publiée le 19 mars 2024, le général Schill, chef d'état-major de l'armée de terre,
05:32 est revenu sur la capacité réelle de l'armée française.
05:37 Pierre Schill, chef d'état-major. L'armée de terre se tient prête.
05:42 La France a la capacité d'engager en coalition une division, soit environ 20 000 hommes, dans un délai de 30 jours.
05:49 Elle se dote des moyens de commander un corps d'armée en coalition jusqu'à 60 000 hommes,
05:54 en agrégant une division française et des capacités nationales du haut du spectre militaire à une ou plusieurs divisions alliées.
06:01 Il faut noter que ce chiffre de 20 000 hommes laisse perplexe de nombreux experts
06:06 et que cela ne changerait vraisemblablement rien sur le terrain.
06:09 La réalité aujourd'hui c'est que l'armée française, elle peut tenir un créneau de 60-80 km pendant quelques jours.
06:16 La ligne de front, elle est 1000 km.
06:19 Après la défaite de Kursk durant l'été 1943, l'Allemagne a totalement perdu l'initiative sur le front de l'Est
06:29 et ne fera plus que reculer jusqu'à Berlin.
06:31 C'est ce que conclut l'historien Jean Lopez dans son ouvrage "Kursk, les 40 jours qui ont ruiné la Wehrmacht".
06:37 En perdant l'initiative et ses moyens offensifs, les Panzer, la Wehrmacht a tout perdu.
06:44 Dès lors, la Wehrmacht n'a d'autre choix que de se retrancher sur une défensive, certes souvent mordante,
06:50 mais qui n'a plus d'autre perspective que de freiner la défaite.
06:54 Incapable de se remettre de la défaite de Kursk, la Wehrmacht débuta l'année 1944 par un cuisant revers
07:01 lors de la bataille dite du chaudron de Kursk-Széchercasy au mois de février.
07:06 Vint ensuite la défaite dans la direction Nièpre-Carpathes en avril.
07:10 Selon l'historien Jean Lopez, cette défaite est le chant du signe du Feldmarschall von Manstein
07:16 qui a largement sous-estimé les généraux soviétiques et croit encore la victoire possible.
07:23 Aucune défense ne peut plus tenir devant les armées de Staline, qu'elles soient fixes, mobiles ou élastiques.
07:29 Manstein a perdu la bataille du Dnieper, comme il a perdu la bataille de Kursk.
07:34 Manstein est sans doute le magicien d'Hitler, mais dans le sens où il se meut dans un monde d'illusions.
07:40 Après l'échec de la contre-offensive de l'été 2023, les forces autono-kieviennes
07:45 semblent avoir perdu elles aussi l'initiative face à l'armée russe.
07:49 C'est ce que constate l'ancien secrétaire d'état à la défense américain Robert Gates.
07:54 En effet, Robert Gates constate que la prise d'FDFK le 17 février 2024 par l'armée russe
08:10 lui ouvre un espace opérationnel vers l'ouest.
08:13 Depuis cette date, les faits lui ont donné raison car l'armée russe progresse régulièrement dans cette direction.
08:18 La plus grande défaite de l'armée allemande durant la seconde guerre mondiale
08:22 lui a été infligée par l'armée soviétique à l'été 1944.
08:26 Cette opération, connue sous le nom de Bagration, est déclenchée simultanément au débarquement de Normandie.
08:33 Bagration est en fait le nom de la première des trois offensives qui permettent aux soviétiques
08:38 de progresser dans la profondeur jusqu'à 600 km en deux mois.
08:43 Elle attire les forces allemandes au nord permettant de déclencher l'offensive Lvov-Sandomir au centre
08:49 qui permet elle-même de lancer l'ultime offensive vers Bucarest.
08:53 Comme le souligne Jean Lopez dans son livre dédié à cette bataille,
08:56 cette fois les pertes allemandes sont supérieures aux pertes soviétiques
09:00 alors que c'est l'armée rouge qui est à l'offensive.
09:03 La question de savoir si Moscou va se contenter du grignotage actuel de la ligne de front ukrainienne
09:09 ou si une plus large offensive dans l'esprit de celle de 1944 est prévue se pose dorénavant.
09:15 Décryptage. Guerre en Ukraine.
09:21 La Russie prépare une grande offensive qui pourrait être décisive, prévient le général Jérôme Pélistrandi.
09:29 La Russie prépare une offensive qui pourrait avoir lieu à la fin mai ou en juin,
09:35 a déclaré le président de l'Ukraine Volodymyr Zelensky sur la chaîne américaine CBS le 29 mars dernier.
09:42 Une information confirmée par des économistes qui parle d'une offensive d'ampleur avant l'été.
09:49 Au printemps, en mai-juin, après la fonte des neiges, c'est le créneau optimum, considère le général Jérôme Pélistrandi.
09:58 Les mois qui viennent confirmeront la validité de cette thèse
10:03 et le cas échéant révéleront quelle grande ville l'armée russe a désigné comme sa priorité immédiate.
10:09 Kiev, Kharkov ou Odessa.
10:11 Après la défaite de Stalingrad, Joseph Goebbels avait appelé à la guerre totale
10:20 lors de son fameux discours du Sportpalatz à Berlin le 18 février 1943.
10:27 Je vous demande, voulez-vous lutter contre la guerre totale ?
10:33 Si nécessaire, voulez-vous que les totalistes et les radicalistes
10:42 ne peuvent pas imaginer qu'ils nous soutiennent ?
10:46 Il ne faisait qu'officialiser ce qui existait déjà.
10:51 Toute l'économie allemande était désormais tournée vers la guerre.
10:54 La nouveauté en septembre 1944 est la levée en masse des hommes valides de 16 à 60 ans.
11:00 Ce Volkssturm est destiné à compenser les pertes subies lors de l'offensive Bagration
11:05 et de reprendre en main la population après le putsch manqué contre Hitler,
11:10 la fameuse opération Valkyrie qui a échoué.
11:13 L'Ukraine de 2024 est dans une posture assez semblable.
11:17 Le pouvoir de Vladimir Zelensky est contesté car son mandat expire le 21 mai prochain
11:22 et il refuse la tenue de l'élection présidentielle.
11:25 Il a offert un exil doré comme ambassadeur à Londres au général Zaloujny,
11:29 ancien chef d'état-major de l'armée ukrainienne, qui lui faisait de l'ombre.
11:33 Pour ce qui est de la levée en masse, la loi sur la mobilisation
11:37 vient d'être adoptée par la Rada, le Parlement ukrainien.
11:41 Guerre en Ukraine.
11:45 Les soldats ukrainiens épuisés.
11:48 Pourquoi une nouvelle loi de mobilisation suscite la controverse dans le pays ?
11:53 Le président de la Rada, le Parlement monocaméral,
11:57 doit désormais la remettre à Volodymyr Zelensky pour promulgation
12:01 afin qu'elle entre en vigueur.
12:04 Ce texte qui accroît notamment les sanctions contre les réfractaires
12:08 a fait scandale en raison de la suppression, à la dernière minute,
12:13 d'une clause prévoyant la démobilisation des soldats
12:17 ayant servi 36 mois.
12:20 Un coup dur pour les militaires présents sur le front depuis plus de deux ans.
12:25 En plus de la succession de défaites sur le terrain depuis l'été 1943,
12:31 l'Allemagne subit en même temps les bombardements massifs
12:34 de ses industries et de ses villes.
12:36 Berlin est particulièrement touché de janvier à mars 1944.
12:41 80 ans plus tard, ce ne sont pas les grandes villes ukrainiennes
12:44 qui sont directement touchées mais leurs infrastructures électriques.
12:47 Le président russe explique à son homologue biélorusse
12:50 le sens de ces bombardements.
12:53 Je tiens à souligner que pour des raisons humanitaires,
12:59 nous n'avons pas lancé de frappes en hiver.
13:03 Je veux dire que nous ne voulions pas laisser sans électricité
13:10 les institutions sociales, les hôpitaux, et ainsi de suite.
13:14 Mais après une série de frappes contre nos infrastructures énergétiques,
13:18 nous avons dû réagir.
13:20 Tout d'abord, nous partons du principe que nous avons ainsi
13:23 un impact direct sur le complexe militaro-industriel ukrainien.
13:28 Pour Kiev en 2024, comme pour Berlin en 1944,
13:32 il ne reste plus qu'à croire au miracle.
13:35 En 1944, l'espoir reposait à Berlin sur un retournement d'alliance
13:39 de Londres et Washington contre l'URSS
13:42 qui aurait alors rejoint l'Allemagne dans son combat contre le bolchevisme.
13:46 En 2024, le miracle diplomatique consisterait pour la France et l'Allemagne
13:51 à obtenir la rupture de l'entente sino-russe.
13:54 Évidemment, la Chine joue un rôle clé dans l'indépendance,
14:00 le respect du droit international, y compris la souveraineté de l'Ukraine.
14:06 Nous attendons de la Chine qu'elle passe des messages très clairs à la Russie.
14:11 Si le retournement diplomatique ne fonctionne pas,
14:14 il reste alors le recours aux armes miracle.
14:17 Pour l'Allemagne, en 1944, ce fut entre autres l'entrée au service, au printemps,
14:22 des premiers chasseurs à réaction, les Messerschmitt 262.
14:26 L'historien et pilote américain Robert Doerr souligne l'enthousiasme
14:30 avec lequel Hitler accueille le nouvel avion que lui présente Hermann Göring
14:35 en novembre 1943 à Innsterburg.
15:04 Pas de Messerschmitt 262 pour l'Ukraine, mais la certitude que les F-16,
15:09 tant promis, seront livrées et changeront la donne.
15:12 C'est en tout cas ce que croit le ministre des Affaires étrangères, Dmitry Kouleba.
15:16 5 raisons pour lesquelles l'Ukraine doit obtenir des F-16.
15:24 L'expérience de pilotage des F-16 que l'Ukraine acquérera
15:28 lors des combats directs contre la Russie
15:31 bénéficiera à l'armée américaine.
15:34 Nous partagerons notre expérience d'utilisation des F-16 contre la Russie,
15:39 ce qui renforcera significativement les capacités de l'armée de l'ère américaine
15:45 sans mettre les vies américaines en danger.
15:48 Les As ukrainiens transformeront l'intrigue du film Top Gun en réalité.
15:54 L'histoire nous dira si les F-16 américains seront finalement livrés
15:58 et s'ils changeront la donne sur le champ de bataille.
16:00 Plus efficacement que l'ont fait les Messerschmitt 262.
16:04 En attendant, les forces de Tannoukier viennent sur le terrain
16:07 comme celle de l'Axe en 1944, subissent la totale supériorité russe
16:12 en matière de puissance de feu, de domination aérienne
16:15 et de production militaro-industrielle.
16:18 Et pour aller plus loin dans l'analyse, je reçois Sylvain Ferreira,
16:25 historien, spécialiste de l'art de la guerre à l'époque contemporaine,
16:29 créateur et animateur du blog Veille Stratégique.
16:32 Bonjour Sylvain Ferreira.
16:34 Bonjour.
16:35 Merci d'avoir accepté notre invitation.
16:37 Je voudrais vous demander d'abord, parce que nous célébrons cette année
16:41 les 80 ans de l'année 1944.
16:44 Et en quoi cette année 1944 est marquante dans la seconde guerre mondiale ?
16:48 Cette année 1944 est marquante parce que sur le grand théâtre européen,
16:54 on va avoir d'une part bien sûr le débasquement de Normandie,
16:59 l'ouverture du second front tant attendu par les soviétiques depuis 1942.
17:06 Et du côté du front germano-soviétique, on va avoir quelque chose d'absolument gigantesque
17:13 en termes d'offensive pour briser les reins définitivement de la Wehrmacht.
17:18 Alors comparaison n'est pas raison, mais est-ce qu'on peut selon vous faire un parallèle
17:23 entre l'année 1944 et l'année 2024, entre les situations pour les puissances de l'Axe d'une part
17:29 et celles de la coalition etano-kévienne de l'autre ?
17:32 Effectivement on peut faire la comparaison, d'autant que 2023 a été une triste comparaison
17:38 de l'année 1943 pour l'armée ukrainienne et ses appuis de l'OTAN.
17:44 Puisque comme je n'ai pas arrêté de le dire depuis avril l'année dernière,
17:48 ce que l'armée ukrainienne a tenté l'été dernier, c'est ni plus ni moins la remise en avant
17:55 d'une opération sur le format de l'opération citadelle contre Kourtsk en 1943,
18:00 et qui s'est soldée par un résultat qui est encore moins bon que celui obtenu par la Wehrmacht
18:06 au cours des premières semaines de juillet 1943, face à un dispositif soviétique
18:12 qui a été copié-collé par l'armée russe aujourd'hui.
18:16 C'est ça qui est terrifiant.
18:18 C'est-à-dire que les militaires russes aujourd'hui ont bien appris les leçons de la Grande Guerre patriotique
18:23 en termes de défense en profondeur avec des réseaux anti-chars sophistiqués.
18:28 Ils les ont appliqués sur la ligne Sour-Vikin, et on a vu les otanokéviens répéter les mêmes erreurs
18:34 que la Wehrmacht en 1943 d'une manière totalement incompréhensible et totalement illogique.
18:40 Et donc aujourd'hui, on est en 2024 et on se retrouve dans une situation où, comme en 1944,
18:46 l'armée russe a l'initiative, l'armée russe est en train de gagner du terrain
18:51 en rectifiant le front un peu partout depuis le mois de janvier,
18:55 en reprenant l'avantage tactiquement sur le terrain,
18:58 et on peut s'attendre à ce que demain, comme pour Bagration et les autres opérations
19:03 que j'ai mentionnées tout à l'heure, on assiste à une contre-offensive majeure des forces russes.
19:08 Et comment vous expliquez que, parce qu'avec Kiev il y a également l'OTAN,
19:12 donc il y a un état-major assez impressionnant,
19:15 ils n'ont pas étudié la seconde guerre mondiale,
19:18 comment vous expliquez le fait qu'ils se soient eux-mêmes jetés dans ce piège ?
19:22 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est ce qui s'est passé à la fin de la seconde guerre mondiale,
19:26 dans le coin occidental, et que personne n'étudie suffisamment
19:30 et sur lequel personne n'insiste suffisamment.
19:33 Pour la première fois dans l'histoire moderne, on a vu non pas le vainqueur écrire l'histoire,
19:39 on a vu le vaincu écrire l'histoire à la demande de son vainqueur.
19:43 C'est-à-dire que les anglo-saxons, des théoriciens notamment comme le britannique Lidlard,
19:48 mais aussi les américains, ont tendu un stylo et une feuille aux anciens généraux de la Wehrmacht,
19:54 y compris pour certains des criminels de guerre notoires comme Guderian, entre autres,
19:59 et leur ont demandé d'écrire leur vision de la grande guerre patriotique
20:04 et la façon dont ils avaient été battus par l'armée rouge.
20:07 Et ces gens-là, pour se dédouaner bien évidemment,
20:10 ont fait d'abord porter toute responsabilité de leur échec sur Adolf Hitler,
20:14 et ensuite ils ont menti sur la nature de la victoire soviétique,
20:19 en avançant le fait que les rouges, puisque c'était leur terminologie,
20:24 n'avaient vaincu que par le nombre.
20:26 Ils avaient complètement oublié de dire aux anglo-américains
20:30 que c'était par le biais de leur opératif et de son implication,
20:34 notamment à partir de l'été 1943 et jusqu'en 1945,
20:38 que l'armée rouge était venue à bout de la Wehrmacht,
20:41 qui était à l'époque l'outil militaire le plus puissant d'Europe occidentale.
20:46 Et donc à partir de là, les américains ont bâti une doctrine
20:51 qui s'appuie d'abord sur une analyse tactique,
20:54 les allemands avaient une expertise tactique,
20:56 c'est grâce à elle qu'ils ont fait durer la guerre aussi longtemps,
20:59 mais ils n'avaient aucune perspective sur l'opératif,
21:03 et encore moins sur le stratégique.
21:05 Et donc aujourd'hui, les états-majors anglo-américains de l'OTAN
21:09 sont toujours pollués par cette vision,
21:12 qui s'appuie notamment sur le concept dont j'ai parlé il n'y a pas très longtemps
21:16 dans mes travaux de l'Auftracte tactique,
21:18 qui est la prise d'initiative du commandement,
21:21 ils en ont fait une espèce de religion,
21:23 et malheureusement c'est intéressant,
21:26 mais seulement sur le plan tactique et certainement pas sur le plan opératif,
21:29 qui reste encore à découvrir,
21:31 parce que là les russes viennent de nous donner une leçon d'art opératif défensif,
21:36 comme l'avait théorisé Svietchin, le père de l'art opératif soviétique,
21:39 et personne ne l'avait vu venir.
21:42 Je voudrais sortir du domaine purement militaire,
21:44 puisque la guerre c'est aussi de la diplomatie,
21:46 Adolf Hitler pendant l'année 44,
21:49 et même jusqu'en avril 45 quasiment,
21:52 avec la mort de Roosevelt,
21:53 espérait qu'il y ait un retournement d'alliance,
21:57 et que finalement Washington et Londres se mettent du côté de Berlin contre les rouges.
22:03 Et là on voit Emmanuel Macron et Olaf Scholz espérer une rupture sino-russe.
22:08 Est-ce que ça vous paraît possible ?
22:10 Ça relève du fantasme politique,
22:12 c'est exactement comme la vision d'Adolf Hitler à l'égard des anglo-saxons.
22:18 Hitler n'a pas compris que Churchill avait été capable de mettre son moutoir sur son anticommunisme viscéral.
22:24 Il n'a pas compris à l'époque non plus que Roosevelt,
22:27 ce qui l'intéressait c'était pas de voir une Allemagne se sortir vainqueur,
22:33 possiblement par un retournement d'alliance ou ce genre de choses.
22:37 Les américains avaient prévu avec le plan Morgenthau
22:40 de diviser éventuellement l'Allemagne,
22:42 non pas en deux mais en plusieurs autres parties,
22:44 et de la désindustrialiser.
22:46 Je voudrais revenir dans le domaine militaire.
22:49 L'été 1944, on a vu cette grande offensive magistrale connue sous le nom de Bagration,
22:54 en fait ces trois grandes offensives.
22:56 Est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui la Russie a intérêt à faire une grande offensive ?
23:00 Ou est-ce qu'elle a intérêt à continuer ce qu'elle fait,
23:03 c'est-à-dire de grignoter petit à petit sur toute la ligne de front
23:07 et d'user l'armée autonomaque qui est vienne ?
23:11 Aujourd'hui on est face à un dilemme dans l'analyse.
23:14 Est-ce que l'armée ukrainienne est déjà assez entamée ?
23:18 Il semblerait que oui en termes de matériel, en termes de munitions,
23:22 et malheureusement en termes d'hommes,
23:25 puisque les pertes sont de plus en plus élevées
23:28 et de plus en plus disproportionnées par rapport aux pertes subies par les russes.
23:33 Et donc il semblerait que la situation va permettre de facto à l'armée russe
23:38 de passer à la vitesse supérieure
23:41 et de s'engager dans une ou plusieurs opérations offensives de grand style.
23:46 Maintenant...
23:47 Ma dernière question Sylvain Ferreira,
23:50 on voit bien dans la défaite allemande que l'une des raisons
23:53 c'est la sous-estimation de l'armée soviétique.
23:56 Est-ce qu'on peut dire que la même erreur a été faite
23:59 par les otanos qui viennent contre l'armée russe depuis deux ans ?
24:03 Tout à fait, et de manière je dirais encore plus injurieuse
24:09 à l'égard du peuple russe qu'elle ne l'avait même été
24:12 à l'égard de l'armée rouge pendant la seconde guerre mondiale.
24:15 J'ai écrit un livre l'année dernière sur le 3e Panzerkorps allemand sur le front de l'Est,
24:22 et dans toutes les archives allemandes de cette unité,
24:26 sur les années 1943-1944, on ne voyait plus du tout
24:30 de propos qui visaient à minorer les qualités des soviétiques
24:36 et à les faire passer pour de vulgaires mougiques.
24:39 La Wehrmacht en 1943-1944 et 1945 bien évidemment,
24:43 quand elle rédige ses rapports à l'égard de l'armée rouge,
24:46 on est dans des choses qui sont sérieuses et où on a enfin enlevé
24:50 tout ce qui était condescendant.
24:52 Alors que là, on a assisté à quelque chose d'absolument délirant,
24:56 c'est-à-dire qu'on a été d'une condescendance infinie
25:00 à l'égard de l'armée russe, à l'égard de ses généraux,
25:03 à l'égard de ses penseurs, et on est en train de le payer très cher.
25:08 Même si l'armée russe, comme toutes les armées modernes,
25:13 se retrouvant d'un seul coup dans un combat de très haute intensité,
25:17 a montré quelques défaillances tactiques au tout début de son intervention,
25:22 aujourd'hui elle a donné une leçon magistrale à deux reprises.
25:26 D'une part, dans le domaine de la guerre urbaine,
25:28 l'armée russe est la seule armée moderne à avoir conquis
25:33 cinq grands centres urbains en moins de deux ans.
25:36 Elle marche dans les pas des succès remportés par l'armée rouge
25:40 pendant la grande guerre patriotique.
25:42 Personne n'a été capable d'en faire autant.
25:45 Personne.
25:46 Et de l'autre côté, elle a été capable de mener une opération de repli
25:49 derrière un grand fleuve, c'est-à-dire le Nièvre, en novembre 2022,
25:53 qui est absolument, elle aussi, remarquable.
25:55 Donc voilà, on n'a pas voulu voir, on a voulu être condescendant, injurieux,
26:00 et on le paye au prix fort.
26:02 Merci Sylvain Ferreira, ce sera donc le mot de la fin.
26:05 Je rappelle que vous êtes historien, spécialiste de l'art de la guerre
26:08 à l'époque contemporaine, créateur et animateur du bloc Veil Stratégique.
26:12 Comme d'habitude, on termine notre émission avec vos questions
26:19 que vous nous posez sur les réseaux sociaux, Telegram ou Odyssée,
26:23 avec le hashtag #EchequierMondialRT en français.
26:26 Une question nous a été envoyée par Bruno.
26:28 Peut-on comparer la France de Vichy à celle d'Emmanuel Macron ?
26:36 Les deux principaux et les plus enthousiastes collaborationnistes
26:41 du régime de Vichy, Marcel Déat et Pierre Laval,
26:44 étaient issus du parti socialiste français, tout comme Emmanuel Macron
26:48 et Raphaël Glucksmann.
26:49 Ce dernier est d'ailleurs la tête de liste de ce parti pour les élections européennes
26:54 et est partisan de la guerre à outrance contre la Russie.
26:57 En 2024, comme en 1944, les autorités françaises sont soumises
27:02 à un pouvoir extérieur.
27:03 Il se trouve à Washington aujourd'hui, comme il s'y éjette à Berlin il y a 80 ans.
27:08 Cependant, la comparaison s'arrête là car en dehors de l'eugénisme
27:12 et dans une certaine mesure du fédéralisme, l'idéologie européiste actuelle
27:17 n'a rien à voir avec le national-socialisme.
27:19 Joyeuses fêtes du 9 mai à tous, merci de nous avoir suivis.
27:22 Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro
27:25 de l'échec qui est mondial.
27:26 A bientôt sur RT en français.
27:28 [Musique]