Serge Guirao a donné une interview à la RTS (Radio Télévision Suisse) qui a été diffusée sous forme de "rushs", c'est-à-dire des extraits bruts sans montage
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00:00 C'est parti.
00:02 Et c'est parti.
00:04 Bon, alors Serge Guirao, j'ai bien prononcé le nom de famille parce que paraît-il que ça s'est tropi assez facilement.
00:15 Ah oui, c'est toujours Guirao, Gui, enfin je sais pas, G-U-I, Gui, alors Guirao.
00:21 Alors tu es marocain, on aurait pu croire que non. Tu es né au Maroc ?
00:24 Non, je suis né au Maroc un peu par accident d'ailleurs parce que mes parents étendaient des réfugiés espagnols, ils ont atterri au Maroc un peu par hasard.
00:32 Je suis né là-bas et ensuite on est allé à Toulouse, qui est une ville qui était considérée comme la capitale de la République espagnole
00:39 vu la proximité des Pyrénées et la concentration de républicains espagnols. Donc voilà, je suis d'origine espagnole.
00:45 Alors tout ça s'est passé un peu le son que tu le veuilles, tu es d'origine espagnole, tu as vécu au Maroc, tu arrives à Toulouse qui est ta capitale espagnole.
00:51 Mais finalement tu as gardé quand même des racines plutôt hispaniques que marocaines, déjà dans ta musique.
00:59 Ah, surtout hispaniques, oui, dans ma musique.
01:02 Ben oui, je sais pas, quand je suis sorti du conservatoire, j'ai eu envie un peu de retrouver mes racines.
01:07 Et puis j'ai commencé par mettre en musique des poèmes espagnols et puis de ce fait je suis allé à Madrid présenter ces chansons et je suis resté là-bas.
01:19 Pendant six ans j'ai accompagné un chanteur qui s'appelle Miguel Bosé.
01:22 À la basse d'ailleurs.
01:23 À la basse, voilà.
01:25 Premier armoire.
01:26 Voilà, tout à fait.
01:27 Pas Miguel Bosé, la basse.
01:28 Oui, la basse, bien sûr.
01:29 Et ensuite un chanteur argentin qui s'appelle Alberto Cortes qui lui m'a baladé un peu dans tous les pays de langue espagnole.
01:34 Alors en fait tu as redécouvert tes racines par rapport à la musique.
01:39 Par rapport à la musique, parce que j'avais envie de... je connaissais pas l'Espagne, étant donné que mes parents étaient réfugiés, donc ils avaient pas le droit d'aller en Espagne.
01:46 Donc ils m'en parlaient et pour eux c'était une obsession, quoi.
01:50 Ils avaient envie de revenir dans leur pays et donc c'était un peu le sujet permanent à la maison.
01:55 Et un jour j'ai dit "bon mais qu'est-ce que c'est, d'où je viens ?"
01:58 Donc j'ai essayé d'aller en Espagne et d'une part de retrouver la famille qui était restée là-bas, la famille de mon père, et puis d'autre part de connaître ce pays-là.
02:08 Et là je suis allé d'abord en Andalousie, qui est vraiment pour moi un peu l'âme de l'Espagne, et puis ensuite je me suis installé à Madrid où là j'ai travaillé en tant que bassiste et en tant que choriste dans des studios d'enregistrement et tout ça.
02:23 Tu penses que sans ce voyage en Espagne qui t'a fait retrouver tes racines, en fait est-ce que t'aurais pu devenir ce que tu es maintenant ?
02:30 Est-ce que t'aurais eu le même état d'esprit pour aborder le métier que tu fais ?
02:33 Je ne pense pas parce que c'est surtout ce qui m'a beaucoup influencé, c'est le fait d'être allé en Amérique Latine, d'avoir passé trois années dans ces pays-là.
02:43 Et là j'ai découvert tous les folklores de ces pays, le tango, la salsa, la salsa cubaine, portorécaine, et là j'ai ramené vraiment une valise pleine d'idées, pleine de disques,
02:56 j'ai en quelque sorte digéré tout ça et j'ai eu envie sous forme un peu de réminiscence, c'est-à-dire d'avoir un peu des parties, un peu de souvenirs,
03:06 j'ai eu envie d'introduire toutes ces connotations latines dans la musique que je compose.
03:12 Cette valise est encore pleine, t'as encore pas mal de choses à en tirer parce que c'est vrai que si on suit un petit peu les 45 tours qui sont sortis,
03:21 ce qu'on a entendu, il y a toujours quelque part cette petite consonance hispanique, même si c'est une chanson qui n'est pas franchement de style espagnol,
03:30 il y a quand même quelque chose qui revient inévitablement.
03:33 Ça c'est l'empreinte du compositeur, je crois que j'ai un système harmonique qui est proche du latin.
03:39 C'est voulu ça ou c'est complètement...
03:41 Non parce que quand je compose surtout le dernier album qui s'appelle "Passerelle", parce que vraiment j'ai essayé d'ouvrir des portes et d'aller dans tous les univers,
03:50 de plonger dans des univers très différents, mais c'est pas vraiment voulu, c'est comme ça, on fait que ce qu'on sait faire.
03:59 C'est compliqué, puis voilà.
04:00 Oui, c'est un système harmonique, à chaque fois que je plaque, que je pose mes mains sur un clavier, je suis attiré par ce genre d'harmonie.
04:09 On dit que les Espagnols ont le sang chaud, leur musique est assez rythmée,
04:13 mais est-ce que toi, tu as l'air plutôt très doux comme garçon, très sensible, et tes musiques s'en ressemblent beaucoup,
04:18 même si elles sont un peu musclées, elles sont toujours très douces, elles coulent comme ça, elles sont apaisantes.
04:23 Ah oui, c'est un peu la dualité. Moi je suis d'origine latine, j'ai aussi les deux côtés.
04:31 "Passerelle" c'est aussi ni tout noir ni tout blanc, c'est le yin et le yang, c'est un peu les forces contraires.
04:38 Et moi, voilà, tout ça, et un peu dans mes chansons, on retrouve un peu ces facettes, ces multiples facettes de chaque individu.
04:48 Chaque individu porte un masque, soit par rapport à lui-même, soit par rapport aux autres,
04:52 et ce masque, de temps en temps, on l'enlève, et quand on l'enlève, il y en a encore un dessous,
04:57 et je ne sais pas, on est une machine assez complexe.
05:01 Tu parlais de Toulouse tout à l'heure, puisque tu habites encore Toulouse,
05:08 est-ce que, mis à part l'Espagne, Toulouse, on connaît Toulouse pour les musiciens connus maintenant,
05:18 qui en sont sortis, est-ce que Toulouse est une ville qui t'a aidé beaucoup aussi avec Klor ?
05:24 J'ai commencé par le conservatoire, en prenant un instrument, en jouant d'un instrument,
05:31 et je crois que Toulouse, c'est une ville où il y a pas mal de studios d'enregistrement,
05:36 et les gens, tous les musiciens qui faisaient leurs petites maquettes dans leurs coins,
05:40 se sont retrouvés au studio.
05:42 Moi, ça m'est arrivé de faire, par exemple, des chœurs dans les premiers disques de Jean-Pierre Madère,
05:46 Émile Vandelmeer est venu faire des chœurs sur mon disque, j'ai fait aussi…
05:49 Tout ça, je crois qu'on se connaît depuis trop longtemps, c'est vraiment une grande famille.
05:56 Et puis le fait qu'il y ait eu des gens comme Cabrel, comme Nougaro, qui ont vraiment cartonné,
06:02 ça a stimulé les gens, et ça leur a donné envie de bosser et d'aller beaucoup plus loin.
06:09 Quand tu revois Émile Vandelmeer maintenant, ou Jean-Pierre Madère,
06:12 vous parlez de quoi maintenant que vous avez accédé à quelque chose de plus haut ?
06:16 On parle toujours des préoccupations qu'on a par rapport à…
06:19 On parle toujours de tout, de votre…
06:21 On parle de tout, on parle de notre vie, du quotidien, on parle de la musique…
06:26 Vous êtes pas étonné quand même de vous revoir ?
06:29 On est content, mais c'est à force de travail, ça devient presque naturel,
06:36 ça marche un peu, c'est quelque part un peu normal.
06:40 Bien Serge, on va écouter maintenant, on va voir aussi, ton dernier 45 tours.
06:46 Puisque c'est un clip, je suppose que tu as peut-être quelques petites anecdotes à nous délivrer.
06:50 C'est un clip qui a été tourné en plein Paris, c'est au petit jour,
06:58 on s'aperçoit que les gens vont faire les courses, il y a une différence totale.
07:03 Et petit à petit, j'ai une rencontre avec une petite fille, et on se retrouve tous place des Abbes à Paris,
07:10 et là il y a une espèce de communion, de fraternité entre des gens de toutes races.
07:17 Ça commence un peu comme "Il est 5h, Paris s'éveille".
07:19 C'est un petit peu ça, et puis petit à petit, la chaleur augmente, et puis à la fin ça finit,
07:27 c'est une incitation à la danse, un message d'espoir et de fraternité.
07:31 Merci Serge, et puis à très bientôt.
07:33 Merci à toi, ciao.
07:34 Pourquoi est-ce que vous rigoliez derrière ? Tu les entendais pas ?
07:40 C'est pareil, ouais.
07:41 On a dit des choses qu'il fallait pas.
07:44 Moi j'ai entendu Dominique, il était filmé.
07:47 Non, c'est le contre.
07:49 Non, c'était malin.
07:53 Je sais pas, pour moi oui, parce que j'en ai passé toute la journée.
07:56 Bonjour.
07:56 [Bruit de moteur]