• il y a 7 mois

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00:00 Il est 8h moins le quart, une grande usine de raffinage de nickel et de cobalt à Parenpuire,
00:04 classée d'intérêt national par l'État.
00:06 Le projet suscite la crainte de beaucoup d'habitants.
00:08 Alors, faut-il redouter un possible accident industriel sur ce site qui sera situé juste en bord de Garonne ?
00:14 Pour en parler, ce matin, chez le Brélas, nous recevons le PDG de la société bordelaise HEM qui porte justement ce projet.
00:20 Bonjour Antonin Berrier.
00:21 Bonjour.
00:21 Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:23 Est-ce que, première question, vous comprenez la crainte de ces habitants de Parenpure
00:27 à l'idée d'avoir une grande usine Céveso juste à côté de chez eux ?
00:31 Oui, absolument.
00:32 Beaucoup d'expressions de crainte, d'objection, de réserve,
00:36 mais également des marques d'intérêt et des marques de curiosité
00:39 puisqu'on n'a pas l'habitude finalement d'avoir ce type d'installation chez nous ici.
00:44 Donc, les concertations qui ont été en cours, que j'ai demandé de prolonger jusqu'au 20 mai,
00:49 ont permis de faire remonter l'ensemble de ces points
00:52 et l'entreprise va y répondre point à point, bien entendu, sous le contrôle de l'administration.
00:57 D'ici la semaine prochaine, puisque la concertation se termine le 20 mai.
01:01 Alors, pouvez-vous peut-être, on aurait dû commencer par là, nous planter le décor.
01:05 Quel est le projet, en quelques mots, ses grandes lignes,
01:07 à quoi va ressembler cette future usine XXL ?
01:10 Alors, l'enjeu, quel est-il, c'est qu'il faut que nous dotions la France, l'Europe,
01:16 de capacités de conversion du nickel et de cobalt,
01:19 qui sont des métaux critiques, stratégiques,
01:21 pour rentrer dans la composition des batteries des véhicules électriques.
01:24 Si on veut arrêter les véhicules à essence en 2035,
01:26 il nous faut absolument avoir la maîtrise de la capacité industrielle,
01:30 de la technologie et de cette technique de conversion.
01:33 Donc, notre enjeu, il est vraiment de décarboner la filière automobile.
01:36 On a choisi la filière batterie en Nouvelle-Aquitaine,
01:39 parce qu'elle est implantée, elle est de qualité, justement,
01:41 sur la science des matériaux et le génie du procédé.
01:43 On pense qu'on est bien là et on est fiers de pouvoir y aller.
01:46 Alors, d'où arrivera, comment arrivera ce minerai, ce cobalt, ce nickel ?
01:52 On sait que la Nouvelle-Calédonie est productrice de 7% du nickel mondial.
01:59 D'où arriveront les bateaux qui accosteront au port de Gratkina ?
02:04 Alors, il faut savoir que les produits qu'on va convertir sont déjà raffinés.
02:08 Ce sont des produits métallurgiques que l'on prend.
02:10 Ce n'est pas du minerai qu'on prend, c'est déjà du métal.
02:12 Ce métal, en fait, nous on a la frontière entre le monde du métal et le monde de la chimie des batteries.
02:17 Donc, on transforme ce métal en sulfate, c'est-à-dire en sel de nickel et de cobalt.
02:22 Et ensuite, ça va dans les cathodes des batteries.
02:24 On va doubler l'objectif de l'Union Européenne qui est d'assurer au moins 10% de la production de ces métaux
02:30 dans le territoire européen, on va dire.
02:33 Donc, notre sourcing, ça va être essentiellement, ça va être déjà entre 20 et 30% en Europe.
02:38 Et de l'autre part, ça va être des critères de sélection qu'on va avoir sur l'empreinte carbone de cette production.
02:44 On entend l'enjeu pour nos batteries électriques, mais 20 000 tonnes de nickel,
02:49 2000 tonnes de cobalt produits par an, comment répondre, comment garantir qu'il n'y a pas de risque
02:56 que ces produits chimiques se terminent ou finissent tout simplement dans l'eau de la Garonne ?
03:02 Oui, on peut voir ça comme ça. Alors évidemment, c'est bien parce que ça me permet de vous préciser ce qu'est un site Cveso.
03:08 En fait, la réglementation Cveso, elle est protectrice.
03:11 Elle est dans un régime d'autorisation très strict tenu par l'État, avec des systèmes de contrôle très stricts également.
03:16 Qui n'empêche pas les accidents, on l'a vu à Rouen, la cartine Cveso.
03:20 Et alors ça me donne aussi l'occasion de vous dire que ce site-là n'est pas un site exposé à un risque d'explosion ou d'incendie.
03:26 C'est précisément le point que vous avez souligné, monsieur, c'est que le nickel et le cobalt,
03:29 ce sont des matériaux qu'il faut traiter avec extrêmement de précaution et de rigueur.
03:33 C'est la raison pour laquelle on mobilise les meilleures ingénieries et les meilleurs designs pour avoir plusieurs lignes de défense
03:39 pour que ce type d'accident ou ce type de... comment dire... n'arrive jamais finalement.
03:45 Donc on a dans la conception de l'outil, qui est sans émission, sans impact sur l'environnement,
03:51 on a également la dimension du risque industriel, mais qui est un risque qui est simplement dans la manipulation de ces matériaux.
03:57 Pas du tout de "attention ça va exploser, attention ça va polluer", on n'en est pas du tout là.
04:01 Alors que d'autres sites, bien entendu, le sont. Comme ça il y a 36 sites Cveso en Gironde.
04:07 Avec nous ce matin sur France Bleu Gironde, Anthony Antonin-Burillet, le PDG de la société M qui souhaite implanter,
04:13 on vous le rappelle, une usine de raffinage de nickel et de cobalt à part en puerre.
04:16 Alors pas de risque d'explosion, vous nous le dites Antonin-Burillet, mais un risque de pollution, comme dans toute usine.
04:23 Voilà, le risque zéro n'existe pas. Et c'est d'ailleurs aussi ce que nous disent les auditeurs de France Bleu Gironde
04:29 à qui on a posé la question pour savoir si cela les inquiète de vivre à côté, eux, d'un site Cveso.
04:35 Notamment Charles qui nous dit "eh bien oui, il y a des risques partout".
04:39 Oui, on a Charles qui nous dit "en effet c'est partout les risques, il faut profiter de la vie sans trop se poser de questions toxiques finalement".
04:44 Et puis on a Laurence qui nous dit "oui voilà, on s'inquiète tout comme vivre près de Brossens-Louis".
04:48 C'est le cas également dans le département.
04:50 Alors comment répondre à ces inquiétudes, notamment d'inondations sur ces communes ?
04:56 On sait que Brossens-Louis, le Bec d'Ambèsse, que Parent Puir,
05:02 eh bien il y a tout simplement des risques d'inondations sur une zone qui est bien souvent marécageuse.
05:08 Comment répondre à ce risque ?
05:10 Alors déjà il faut connaître parfaitement le territoire, il faut connaître et simuler et modéliser l'ensemble des flux hydrauliques.
05:19 C'est ce que nous avons fait, ça fait maintenant plus d'une année qu'on travaille sur ces modèles.
05:22 Et puis il faut être extrêmement prudent, c'est-à-dire qu'il faut avoir des marges de manœuvre,
05:26 des marges de sécurité supplémentaires, qui vont même au-delà des prescriptions réglementaires.
05:32 D'ailleurs Bordeaux-Métropole a des prescriptions qui vont même au-delà de ce que la réglementation nationale impose.
05:38 Et nous nous mettrons sur ce niveau-là de protection.
05:41 Et l'autre enjeu c'est non seulement de mettre le site en sécurité absolue,
05:44 mais c'est d'éviter qu'en faisant cela, ça vienne impacter des parties tierces ou les riverains, jusqu'à l'arrive de l'autre côté.
05:50 Donc nous sommes allés jusqu'à là-bas pour simuler, et au départ il a fallu qu'on reprenne complètement même l'empreinte du projet.
05:57 Au départ il pouvait y avoir un impact d'un centimètre, vous voyez, dans les modèles potentiels.
06:01 On m'a dit clairement, et j'ai écouté les élus, on m'a dit "on ne veut aucun impact potentiel".
06:05 Et donc on a repris toute l'emprise, on a réduit l'emprise, et on a travaillé sur des solutions qui sont naturelles.
06:11 On ne lutte pas contre l'eau, il faut composer avec elle.
06:14 Donc voilà, et je fais venir cet été les meilleurs experts au monde, hollandais, les entreprises CDR,
06:20 pour avoir un double regard justement sur notre proposition.
06:23 Et cette mission fera l'objet d'une restitution publique en septembre,
06:27 pour qu'on puisse expliquer à tout le monde exactement ce qu'on va faire.
06:30 - Alors vous espérez démarrer l'activité de cette usine en 2027 avec combien d'emplois ?
06:36 - Alors la phase de construction déjà va mobiliser environ 1000 personnes.
06:40 Donc c'est une construction relativement importante.
06:43 L'investissement il fait jusqu'à à peu près 300 millions.
06:45 Mais après il faut monter les équipes, constituer les stocks, etc.
06:48 Donc le projet au total il fait presque 480 millions d'euros.
06:51 - Avec l'aide de l'État donc qui a retenu votre projet ?
06:55 - On aura le soutien de l'État, on ne connaît pas encore les modalités ni le montant,
06:58 mais effectivement on a un soutien à la fois de l'Europe, de l'État et de la région Nouvelle-Aquitaine,
07:02 qui nous soutient beaucoup et on en est ravis.
07:05 Donc 1000 personnes pendant la phase de construction.
07:09 Ensuite en marge courante c'est environ 200 personnes,
07:11 dont les deux tiers sont des emplois qualifiés, d'ingénieurs, de techniciens.
07:15 Et évidemment on souhaite s'inscrire dans la filière BATENA Régional,
07:19 qui va nous permettre de créer ce gisement et ce développement de compétences locales.
07:24 - 1000 emplois pour la construction, 200 emplois directs.
07:28 Une fois que l'usine sera sortie de terre.
07:30 Merci Antonin Beurrier, je rappelle que vous êtes le PDG de la société M,
07:33 qui porte ce projet d'usine de raffinage de nickel et de cobalt à part en pure.
07:37 Merci d'avoir accepté notre invitation.
07:39 - Merci avec plaisir.
07:40 Allez voir cette interview également en vidéo sur notre site francebleu.fr

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