"Oui, je suis gay et alors ? T'es jaloux? "
Le rugbyman Jérémy Clamy-Edroux raconte comment il a fait son coming-out et libère la parole sur les questions LGBTQI+, encore taboues dans le milieu du sport.
À l'occasion de la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie.
Le rugbyman Jérémy Clamy-Edroux raconte comment il a fait son coming-out et libère la parole sur les questions LGBTQI+, encore taboues dans le milieu du sport.
À l'occasion de la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie.
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00:00Oui, je suis gay, alors ? T'es jaloux ?
00:01Et là, aujourd'hui, je suis heureux, je suis en couple.
00:03Mon copain mange à la table de mon père et c'est cool.
00:07J'ai commencé à me poser des questions sur ma sexualité très, très jeune.
00:11Déjà à l'école primaire, je regardais plus facilement les garçons que les filles.
00:14J'ai commencé le rugby à l'âge de 9 ans.
00:15J'ai commencé un peu à le dire à mes copains aux alentours de l'âge de 14 ans.
00:18Je leur disais oui, je pense que je suis bi.
00:21Je ne sais même pas encore.
00:22Donc au début, j'ai un peu été déçu parce que du coup,
00:24ben voilà, c'était un peu le scoop dans l'équipe.
00:27Au collège, voilà, on aime bien raconter tout ce que l'autre peut faire, malheureusement.
00:31Du coup, je l'ai longtemps gardé pour moi.
00:33Et puis après, arrivé à Paris, à l'âge de 16 ans, je me suis un peu plus affirmé, assumé.
00:38J'ai pris chacun de mes frères et sœurs et je leur ai dit entre 4 yeux.
00:41Ils l'ont tous très bien appris et puis même, ils avaient quelques doutes.
00:44Je n'ai jamais eu le courage de le dire à mon père entre 4 yeux.
00:47Et là, pour le coup, je l'ai fait d'une manière totalement discrète
00:50avec un documentaire qui s'appelle Faut qu'on parle sur Canal+.
00:52Mon père, consciemment, sans le savoir, plus jeune,
00:54il avait un discours un peu homophobe, vieille France, arriéré, pas très ouvert.
00:59C'est des choses qui m'ont toujours freiné, qui ne m'ont pas rassuré.
01:02Et je m'étais même fait des films dans ma tête comme quoi j'allais être hétéro,
01:06pas hétéro, entre guillemets, j'allais me marier, avoir des enfants
01:10et de temps en temps faire mes affaires de mon côté parce que j'aime les hommes.
01:12Et puis, heureusement que je n'ai pas fait cette bêtise,
01:14parce qu'au final, je n'allais pas être heureux.
01:15Mais le plus beau, c'est qu'en fait, mon père, même avec ses discours un peu homophobes
01:18qu'il a pu avoir quand j'étais plus jeune,
01:19c'est qu'en fait, l'amour d'un parent doit être plus fort que l'homophobie.
01:22Et mon père me l'a prouvé et ça, c'est cool.
01:24Et c'est ce que j'invite à faire à tous les parents.
01:26L'enfant est toujours là.
01:26L'enfant ne va pas forcément changer sa sexualité parce qu'en fait, on ne choisit pas.
01:29On est comme ça.
01:30Je n'ai pas choisi d'être noir.
01:31La morphologie, je ne l'ai pas choisie.
01:33J'aime les hommes, c'est comme ça, il faut l'accepter.
01:35Mais surtout, il ne faut pas oublier que c'est que de l'amour.
01:38On fait tout pour s'assumer avec ces sociétés qui régressent parfois.
01:42Vous, les parents, vous êtes notre premier modèle.
01:44Donc, au lieu de nous fermer des portes, aidez-nous à en ouvrir d'autres.
01:48Au rugby, ça s'est toujours bien passé,
01:50tout simplement parce que je suis Jérémy Clamy-Edrou, joueur de rugby.
01:53Je ne suis pas Jérémy Clamy-Edrou dans une backroom.
01:56Le gars, il est là pour faire du rugby.
01:57Je suis là pour faire du rugby. On se respecte.
01:59Je dis merci aussi au gars qui était autour de moi,
02:00parce qu'on va dire qu'il était intelligent.
02:03Et au final, ce qui comptait, c'est que je sois bon sur le terrain et pas dans mon lit.
02:08J'entends souvent ce mot, le rugby, c'est un sport de guerrier, viril, un sport d'homme.
02:13J'aime bien poser la question, qu'est-ce que la virilité ?
02:15Malheureusement, il y a des mots que j'ai acceptés, moi, plus jeune.
02:18Allez, les gars, on va les défoncer, on n'est pas des pédés.
02:22Au bout d'un moment, j'ai dit, il faut changer de mot, ça ne veut rien dire.
02:25C'est nul, c'est arriéré.
02:28On est en 2024, on va changer de disque.
02:30Je ne me suis jamais dit, je vais arrêter le rugby par rapport à ma sexualité.
02:37Non, au contraire.
02:37Tu dis, mais toi, Jérémy, tu as la force, le courage.
02:41Tu as eu la possibilité de parler pour beaucoup.
02:44Eh bien, continue, parce que tu peux aider certaines personnes.
02:47J'invite toutes les personnes qui se privent d'un sport, d'un loisir,
02:51d'une activité par rapport à leur physique, à leur situation
02:55ou par rapport à leur sexualité, d'arrêter de se cacher.
02:58Au contraire, imposez-vous, sortez de votre placard, sortez de votre chambre,
03:02sortez d'où vous êtes et puis amusez-vous,
03:06parce que c'est cool de rencontrer des gens,
03:09de dialoguer avec des personnes différentes,
03:11de leur montrer qu'on n'est pas des animaux,
03:14on ne va pas leur manger, on ne va pas les pervertir,
03:16on ne va pas les détourner, on est juste là pour se régaler ensemble.
03:19On n'est que de passage sur terre et si on peut s'amuser, c'est encore mieux.
03:22Ce n'est pas facile de dire à ses proches, et justement les proches,
03:26on a besoin de vous parce que vous êtes des alliés.
03:28Et dans la société, les gens nous regardent mal, nous jugent sans nous connaître.
03:33Et si notre propre famille ou nos proches font la même chose, ça ne va pas nous aider.
03:37Malheureusement, c'est dur ce que je vais dire,
03:39mais aucun couple hétéro risque de se faire agresser
03:42en se tenant la main dans la rue ou en se faisant un simple bisou.
03:46Et des couples gais, malheureusement, ça arrive tous les jours.
03:49Donc s'il vous plaît, n'oubliez pas, c'est que de l'amour.
03:52Donc arrêtez ces violences.