• il y a 6 mois
Transcription
00:00 Pour faire de leur pays ce qu'il est devenu, nous pouvons faire plus et mieux et obtenir
00:06 plus que mieux.
00:07 Notre challenge se trouve ici, en Afrique.
00:14 La question monétaire est une question qui nous semble fondamentale parce que, M. Mélenchon,
00:22 nous avons comme je l'ai dit un pays à transformer.
00:24 Et cette extraordinaire jeunesse que vous voyez, attendez un peu.
00:31 Et c'est pourquoi le plus difficile, ce n'est pas d'avoir un programme avec des axes que
00:39 nous ferons, ceci dans l'agriculture, ceci dans l'industrie, ceci dans la fourniture
00:44 des biens et services de première nécessité.
00:47 Ce n'est pas ça la plus problématique pour nos pays.
00:51 Le plus difficile, c'est d'aller chercher les moyens là où ils sont.
00:55 Et nos moyens sont énormes, mais ils nous échappent.
01:00 Et nous allons les chercher là où ils sont.
01:08 Et sous ce chapitre, je voudrais dire que la monnaie tout autant que l'impôt est un
01:16 puissant levier économique et un instrument de souveraineté.
01:20 Vous avez tantôt parlé de souveraineté.
01:21 On ne peut pas imaginer une seconde que la France puisse avoir une monnaie qui ne lui
01:31 appartienne pas véritablement.
01:32 Aucun État digne de ce nom ne doit sous-traiter sa monnaie.
01:40 Et en guise d'exemple, le général de Gaulle, qu'il avait si bien compris qu'à la veille
01:47 du débarquement de Normandie, lorsque Winston Churchill lui fit part de l'intention des
01:53 Américains d'imposer à la France, après la libération, une nouvelle administration,
02:07 une monnaie appelée billet-drapeau, le général piqua une colère noire.
02:12 Vous connaissiez ces colères.
02:14 Allez, faites la guerre avec votre fausse monnaie, rétorqua-t-il.
02:20 Ce billet ne circula que peu de temps en Normandie, notamment un seul mois, deux ou trois mois
02:27 de juin à août 1944, avant d'être définitivement retiré.
02:32 Voici ce que nous en disions sur la question monétaire dans notre ouvrage intitulé « Solutions
02:39 pour un Sénégal nouveau ».
02:40 Je disais alors que nous optons sans équivaut pour une sortie prudente de ce système exsangue,
02:52 car les banques centrales, en peur de toute initiative de change pour maintenir ce taux
02:57 de réserve, compriment nos économies et réduisent l'activité interne par une limitation
03:02 des émissions monétaires.
03:04 Ce que nous proposons, c'est de restituer à la monnaie ses fonctions d'écoute et
03:09 de financement de l'économie par la formulation de l'offre des productions à l'exportation
03:15 et à la consommation intérieure, l'appui aux politiques industrielles, et j'en passe,
03:19 et j'en passe.
03:20 Et c'est pourquoi aujourd'hui, dans notre option de renforcer notre marché financier
03:29 national par divers leviers, parmi lesquels des investisseurs étrangers qui acceptent
03:35 de combler notre déficit départ pour partir en monnaie locale, imaginez-vous que les pays
03:41 africains s'endettent en devise étrangère et donc sont exposés aux fluctuations du
03:47 marché.
03:48 Aucun pays africain presque ne peut s'endetter en devise locale.
03:52 Et cela doit cesser parce que nous en subissons les contre-coûts.
03:58 Et ce que nous voulons également, c'est une monnaie flexible, arrimée au moins à
04:05 deux devises, à même d'aider à amortir les chocs exogènes et accompagner notre compétitivité
04:10 à l'exportation.
04:11 Je ne pourrai pas faire tous les développements sur la question monétaire, mais si j'en
04:19 parle, c'est que à chaque fois qu'un homme politique africain soulève la question monétaire,
04:26 il devient le diable incarné.
04:28 Nous n'avons pas le droit de parler de notre propre monnaie.
04:35 On n'a un débat jamais au Parlement, on refuse d'en débattre dans les plateaux de
04:42 télévision et pourtant vous, vous pouvez débattre de l'euro sur la tribune de l'Assemblée
04:48 nationale française.
04:49 Et c'est pourquoi nous en faisons un débat, nous l'imposons et je pense que dans le cadre
04:55 communautaire, en tout cas les derniers développements que nous en avons, nous nous acheminons sûrement
05:01 vers ces réformes que nous souhaitons tant qu'elles ne seraient pas réelles.
05:07 L'autre élément, c'est la sécurité, la présence de bases militaires étrangères
05:14 au Sénégal.
05:15 C'est ce que nous avons fait.
05:38 Cette présence de bases militaires suscite des interrogations légitimes.
05:56 Plus de 60 ans après nos indépendances, nous devons nous interroger sur les raisons
06:03 pour lesquelles l'armée française, par exemple, bénéficie toujours de plusieurs
06:09 bases militaires dans nos pays et sur l'impact de cette présence sur notre souveraineté
06:14 nationale et notre autonomie stratégique.
06:16 L'histoire récente, j'aime bien prendre des exemples sur la France elle-même, l'histoire
06:26 récente de la France est très riche en anecdotes intéressantes sur la problématique et les
06:31 enjeux de la question sécuritaire.
06:34 Entre 1956 et 1958, c'est-à-dire après la Deuxième Guerre mondiale, les Américains
06:59 eurent le projet d'installer sur le territoire français un stock d'armes nucléaires et
07:04 de missiles balistiques.
07:05 Le projet buta sur la double question du commandement et du contrôle des missiles dont le déploiement
07:13 était admis par les militaires français comme un bon moyen d'accroissement du pouvoir
07:17 dissuasif de l'OTAN.
07:19 L'armée de l'air de la France jugeait alors inacceptable le principe selon lequel
07:24 les escaradrons de missiles balistiques resteraient sous commandement américain.
07:30 Ces unités devaient impérativement être sous commandement national.
07:33 Dès son arrivée au pouvoir, le général de Gaulle, encore lui, lors de la réunion
07:41 de défense du 7 juin 1958, avisa que ces armes devront être obligatoirement sous contrôle
07:48 français et que la France réclame le droit de donner son avis dans le déclenchement d'une
07:52 éventuelle guerre nucléaire, toute condition jugée excessive par les américains au point
07:58 que l'accord n'ait pu être conclu.
08:00 Deuxième exemple, en mai 1966, le général de Gaulle engagea la France à se retirer
08:07 du commandement intégré de l'OTAN qui disposait alors d'une dizaine de bases militaires
08:13 en France et la conséquence, nous la savons.
08:16 Elle justifia cette décision par la volonté de la France de disposer d'elle-même, volonté
08:21 qui est incompatible avec une organisation de défense dans laquelle elle est subordonnée.
08:25 Je réitère ici la volonté du Sénégal de disposer de lui-même, laquelle volonté est
08:34 incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères au Sénégal.
08:43 Ceci ne remet pas en question les accords de défense.
08:48 Nous entretenons des accords de défense avec beaucoup de pays, les Etats-Unis, la Grande
08:59 Bretagne, la Chine même je crois.
09:00 Beaucoup de pays ont pas eu des accords de défense sans que cela ne justifie que le
09:05 tiers de la région de Dakar soit occupé aujourd'hui par des garnisons étrangères.
09:11 Le quatrième point, c'est le juste gain sur nos propres ressources naturelles.
09:32 Nous l'avons dit plus haut, le modèle que nous voulons pour nous repose sur une mobilisation
09:39 optimale des ressources androgènes.
09:41 Nous disons merci à tous nos partenaires.
09:45 L'Union européenne est la première en matière d'aide au développement.
09:50 51% de l'aide au développement vient de la zone Union européenne, dont 20% de l'Union
09:58 elle-même et les 80% de cadres bilatérales.
10:02 C'est une bonne chose.
10:05 Mais si vous mettez en parallèle ou en contradiction cette aide par rapport à ce que nous perdons
10:15 nous dans la relation réelle économique qui peut se jauger à travers l'exploitation
10:23 de nos ressources naturelles, à travers les clauses des marchés publics exploités sur
10:28 le pays, j'ai pu vous assurer que nous perdons dix fois plus ou vingt fois plus.
10:32 (Applaudissements)

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