• il y a 7 mois
Deux agents pénitentiaires ont été tués et trois autres blessés, avec un pronostic vital encore engagé pour l'un d'entre eux, au cours d'une attaque mardi matin de leur fourgon au péage d'Incarville par plusieurs malfaiteurs armés. Une traque est en cours pour retrouver le prisonnier et ses complices. 

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Transcription
00:00 Ils sont ce matin les ennemis publics numéro 1 en France.
00:03 7 minutes pour comprendre comment s'organise la traque
00:06 après l'attaque du fourgon pénitentiaire dans laquelle deux agents ont été tués.
00:10 Avec nous pour en parler, Anthony Cousillon-Marchand.
00:17 Bonjour, vous êtes ancien commandant en seconde du GIGN
00:19 et vous êtes aujourd'hui le directeur général de Galice International Service.
00:23 Pauline Revenin est avec nous également
00:25 et on va retrouver tout de suite Cédric Fech parce que c'est là que l'enquête a commencé.
00:28 Dès hier en fin de matinée dans ce péage d'un quart-ville qui était hier une scène de crime.
00:33 Cédric, est-ce que la police, les enquêteurs ont fini de l'analyser ?
00:37 Oui, a priori l'enquête est terminée ici sur la scène de crime.
00:43 Cette barrière de péage est restée fermée toute la journée d'hier.
00:46 Le temps pour les enquêteurs de relever un maximum d'indices,
00:49 les douilles des munitions, les traces éventuelles dans la voiture bélier.
00:54 Ce péage est ouvert dans la nuit.
00:57 Ce qui nous permet ce matin de découvrir les lieux et de comprendre un peu mieux comment ça s'est passé.
01:01 Tout d'abord cette voiture bélier qui est allée à la rencontre des deux fourgons
01:04 et qui les a bloqués juste après la barrière de péage.
01:06 En fait, elle était stationnée sur ce parking.
01:08 Elle attendait l'arrivée des fourgons.
01:11 Elle a emprunté ce sens interdit avant d'aller à la rencontre des deux fourgons blindés.
01:16 Et c'est cette caméra de surveillance de la barrière de péage en haut du mât
01:20 qui a permis de filmer toute la scène.
01:22 Donc l'enquête ici terminée.
01:24 Maintenant les enquêteurs exploitent les indices.
01:27 Il y a aussi un travail de renseignement auprès de la famille, l'entourage,
01:31 tout le réseau de Mohamed Amra pour remonter jusqu'à lui
01:35 et aussi les cinq personnes qui lui ont permis de s'évader.
01:38 Merci Cédric.
01:40 Depuis ce péage où tout a commencé hier, on est à 20 heures de traque à présent Pauline Ravenard.
01:44 Il y a bien sûr le détenu qui s'est évadé.
01:46 Il y a le commando qui a permis cette évasion.
01:48 Combien d'hommes sont recherchés au total ce matin ?
01:51 Si on décrypte la vidéo, on voit cinq hommes vêtus de noir
01:56 qui font échapper Mohamed Amra.
01:59 Mais rien ne dit qu'il n'y en a pas plus.
02:01 Il y a sans doute d'autres complices.
02:03 La procureure de Paris a retenu une conférence de presse.
02:05 Elle a pris soin de donner très peu d'infos sur les complices présumés.
02:09 Et pour une bonne raison, et je parle sous le contrôle de votre invité,
02:12 c'est qu'on est en train de remonter la piste avec une obligation de résultat.
02:16 Il y a quand même deux agents pénitentiaires qui ont perdu la mort.
02:18 Il faut retrouver au plus vite ce commando et ces fugitifs.
02:22 Combien d'effectifs mobilisés ce matin au total ?
02:25 Gérald Darmanin ne veut pas donner de chiffres précis.
02:27 Hier, on était autour de 400.
02:29 On est entre 200 et 400 personnes mobilisées.
02:32 Le plan épervié a été rabaissé parce qu'il n'est valable que pendant quatre heures.
02:36 Et maintenant, on démarre vraiment à proprement parler l'enquête.
02:39 Mais je parle toujours sous le contrôle de votre invité.
02:42 Alors justement, Anthony Cousy, en marchant, merci d'être avec nous ce matin.
02:45 Des centaines de policiers et gendarmes mobilisés,
02:47 c'est aussi le chiffre que donnait hier soir la procureure de la réplique de Paris.
02:50 Ils sont moins sur le terrain puisque le plan épervié a été levé.
02:53 Alors ils sont où et ils font quoi ?
02:56 Il y a plusieurs services qui sont sollicités forcément.
02:59 Le premier type de services, ce sont les services d'investigation,
03:02 les services d'enquête qui, comme vous l'avez dit, vont exploiter toutes les traces
03:06 qu'il y a à la fois sur le terrain, mais aussi, on peut imaginer,
03:09 les traces que l'on pourrait essayer de trouver dans la cellule de Mohamed Amra.
03:14 Et aussi tout ce qu'on pourra trouver sur les moyens techniques.
03:16 Donc ça, la première partie, c'est les services d'enquête.
03:19 Je crois que l'OCLCO, un office central, est saisi de l'enquête.
03:23 Donc il y a cette première partie qui est très active.
03:27 Dans le même temps, bien évidemment, tous les services de renseignement de France,
03:31 que ce soit les services de renseignement de la gendarmerie, de la police,
03:34 les services de renseignement tels que la DGSI,
03:38 mais aussi le service de renseignement pénitentiaire.
03:41 Tous ces services sont sollicités et travaillent en coordination
03:45 pour essayer eux-mêmes de croiser les informations dont ils disposent,
03:48 comme vous l'aviez dit aussi, mais pour essayer d'aller un peu plus loin
03:51 dans l'identification des complices potentiels et des gens qui auraient pu travailler
03:55 à l'évasion de Mohamed Amra.
03:58 Et puis, le dernier volet, ce sont aussi les unités de terrain,
04:01 puisqu'il y a les unités qui ont été déployées sur le terrain
04:04 pour aller à la recherche de l'individu pendant le plan éperdu et qui le sont encore.
04:09 Donc ils vont aussi, et pas seulement sur la scène de crime,
04:12 aussi plus largement, c'est un travail de collecte d'informations.
04:16 Il y a d'autres caméras qui vont être exploitées, bien évidemment.
04:19 On a récupéré des informations sur les véhicules.
04:22 Peut-être des caméras pourront-elles être exploitées et donner une petite idée des profils.
04:28 Je ne parle pas forcément du profil physique, mais des profils des individus.
04:32 On voit d'ailleurs quelques attitudes sur les vidéos qui ont été diffusées
04:36 qui donnent une petite idée de la corpulence des individus, de leur taille.
04:41 Donc ça, c'est un travail de ces trois types d'enquêteurs,
04:44 les enquêteurs de terrain, les investigateurs et puis, bien évidemment, les services de renseignement.
04:49 S'agissant du travail sur le terrain, on perd la trace du commando
04:52 dans la commune où est brûlée la dernière voiture qu'ils ont utilisée.
04:56 Ça veut dire que derrière, il y a un travail qui consiste aussi
04:58 à aller fouiller les maisons autour de cette commune, par exemple ?
05:03 Il ne s'agit peut-être pas d'aller jusqu'à fouiller les maisons en question,
05:06 mais en revanche, oui, le travail doit être concentrique.
05:10 C'est-à-dire qu'on commence au plus large et puis on se rapproche de la scène de crime
05:13 où, quand on tombe sur la voiture et une voiture brûlée,
05:16 on essaye de partir du lieu où on a retrouvé la voiture brûlée
05:19 et s'écarter progressivement pour essayer de collecter toutes les pièces.
05:22 Alors oui, vous l'avez dit, ça peut être la recherche d'une planque
05:26 et la recherche d'un domicile comme ça, bien sûr.
05:29 Ça, c'est une possibilité, mais vous avez aussi la possibilité d'aller chercher des éléments
05:34 qui peuvent être des éléments plus ténus.
05:36 Ça peut être une vidéo de surveillance qui surveille un domicile
05:40 ou qui surveille un établissement et essayer de voir si cette vidéo de surveillance
05:44 voit l'arrivée du véhicule ou voit le départ des individus
05:48 après qu'ils ont tenté de voler le véhicule.
05:50 Une cavale, ça coûte cher, il faut le rappeler.
05:52 Il faut des réseaux, des complices, beaucoup d'organisations.
05:56 La question, c'est est-ce que Mohamed Amra a été outillé pour ça ?
05:59 Combien sont-ils autour de lui ?
06:01 Et encore une fois, et je pose la question de manière très ouverte,
06:04 pourquoi ont-ils arraché cet homme et en quoi en avaient-ils besoin ?
06:07 Je pense que c'est une question centrale que doivent se poser les enquêteurs
06:10 en les recherchant, bien sûr, très activement.
06:12 Et en fouillant le passé de cet individu, Anthony Cousine-Marchand ?
06:16 Bien sûr. Il faut fouiller son passé, il faut fouiller aussi,
06:21 et c'est pour ça que le travail de coordination entre les services de renseignement
06:24 et les services enquêteurs est très important.
06:27 Il faut aussi fouiller le travail sur les procédures qui sont en cours,
06:30 les procédures pour lesquelles il est en détention préventive,
06:33 où il était en détention préventive.
06:35 Les procédures passées, il n'a jamais été condamné pour des faits stupéfiants,
06:40 mais il est plusieurs fois apparu dans l'environnement de certaines enquêtes.
06:44 Est-ce que ceci a trait aux actes criminels de meurtre et d'assassinat,
06:49 et d'assassinat en bande organisée pour lesquels il faisait l'objet des procédures en cours ?
06:53 Est-ce que c'est plutôt pour des affaires de stupéfiants ?
06:56 Est-ce qu'on a besoin de lui parce qu'il est un rouage essentiel dans un trafic ?
07:00 Est-ce qu'au contraire, on a besoin de lui parce que c'est quelqu'un qui est essentiel
07:05 dans un autre type de criminalité qui est connu ou qui n'est pas encore connu
07:09 des services de renseignement ?
07:11 Je partage l'avis que c'est en effet un élément indéterminant
07:14 qui permettra de savoir pourquoi est-ce qu'on a eu besoin
07:17 de déclencher des moyens aussi lourds et aussi professionnels,
07:20 parce que c'est quand même une attaque qui est particulièrement bien montée.
07:23 Un dernier mot, Anthony Cousy, en marchant, quand on voit ce qui s'est passé hier,
07:27 on va les retrouver, disent les ministres, les policiers, on va les retrouver,
07:29 mais quand on les aura retrouvés, l'intervention, elle va être particulièrement délicate.
07:33 Sur les images que l'on a tous vues, vous avez un mode d'opératoire
07:39 qui est, comme je le disais, qui est assez professionnel, qui est équipé.
07:42 Vous avez un système de tampon qui permet de déstabiliser le véhicule par l'avant.
07:46 Vous avez un bouchon qui est fait par le deuxième véhicule par l'arrière.
07:49 Vous avez un troisième véhicule qui est là pour l'extraction des individus.
07:53 Les gens prennent le soin dès le départ de tenter de mettre le feu à la voiture qui a percuté.
07:59 Vous avez des armes de guerre, parce qu'on a des armes automatiques de guerre.
08:05 Vous avez des armes de type fusil à pompe.
08:08 Oui, même si tout ce groupe n'est pas réuni au moment où l'unité d'intervention
08:14 qui ira procéder à l'arrestation, même si ce n'est pas le même groupe qui est en place,
08:18 il faudra prendre des moyens.
08:20 Je pense qu'on fera appel à une unité spécialisée pour cela,
08:22 parce que ce serait une opération compliquée.
08:24 Pauline Drevena, il y a une partie de l'enquête qui est aussi un peu plus délicate.
08:28 Est-ce que les enquêteurs travaillent aussi à trouver d'éventuelles complicités
08:32 qui auraient permis au commando de connaître le parcours du fourgon, par exemple ?
08:35 Et une des questions, c'est qui était au courant de ce trajet, de l'heure du trajet, de l'extraction ?
08:40 Et effectivement, ils vont remonter toutes les pistes possibles.
08:43 Ce qui est intéressant, c'est qu'ils vont faire la théorie des cercles.
08:46 Ils vont aussi travailler sur la famille.
08:48 Je rappelle juste que Redouane Fahine, en 2018, il s'évade.
08:52 93 jours de cavale, il avait beaucoup de surface, il avait beaucoup de complicités,
08:56 il avait beaucoup de moyens, il était très organisé.
08:58 Donc il y a une obligation de résultat.
08:59 On l'a compris, parce qu'il y a deux agents pénitentiaires qui ont perdu la vie.
09:03 Et il va falloir faire vite et fort.

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