Vers un rapprochement des droites européennes ? - En toute subjectivité, Dominique Reynié
Entre 1979 et 2019, le Parlement européen a vécu avec des majorités formées par deux groupes, l’un de droite, le PPE, l’autre de gauche, les Sociaux-Démocrates. Leur déclin électoral les a conduits à connaître leur plus mauvais score lors des élections de 2019, les privant du pouvoir majoritaire.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
Category
🗞
NewsTranscript
00:00 Il est 7h20, en toute subjectivité ce matin avec le directeur de la Fondation pour l'innovation politique, Dominique Reynier, bonjour !
00:08 Bonjour Nicolas Demorand !
00:09 Dominique, vous nous parlez ce matin des droites européennes.
00:12 Entre 1979 et 2019, Nicolas, le Parlement européen a vécu avec des majorités formées par deux groupes.
00:19 L'un de droite, le PPE, l'autre de gauche, les sociodémocrates.
00:23 Leur déclin électoral simultané les a conduits chacun à connaître leur plus mauvais score lors des dernières élections européennes en 2019.
00:32 Cet affaiblissement crée une situation inédite où ces deux grands partis pourraient voir leur route diverger.
00:38 Déjà, le PPE cherche une majorité pour garantir la reconduction de son leader, Mme von der Leyen, à la tête de la Commission européenne et jeter les bases d'une majorité pour la prochaine mandature.
00:49 L'affaiblissement de ces deux grands partis européens est notamment la conséquence d'une poussée de la droite populiste depuis 20 ans.
00:57 C'est ce qui conduit le PPE à imaginer un rapprochement avec ces populistes qui sont représentés au Parlement européen par deux groupes concurrents,
01:05 les conservateurs et réformistes européens animés par Georgia Melloni et le groupe Identité et Démocratie auquel appartient le Rassemblement national.
01:14 Et le PPE se tourne vers le groupe de Georgia Melloni, non vers celui de Marine Le Pen.
01:18 Et pourquoi ce choix, Dominique ?
01:20 Je crois qu'outre le fait que Georgia Melloni joue un rôle plus important, elle est chef de gouvernement, le PPE a plus d'affinité avec elle qu'avec Marine Le Pen.
01:29 Bien qu'issue de l'extrême droite italienne, Georgia Melloni s'est ralliée à l'Union européenne et à l'euro.
01:34 Elle est favorable à l'OTAN, au soutien à l'Ukraine et elle s'applique à déployer l'action gouvernementale d'une droite conservatrice classique, compatible avec le PPE.
01:43 Pour la première ministre italienne, un tel rapprochement ferait d'elle une figure majeure de la transformation politique de l'Union européenne.
01:51 En revanche, le rapprochement du PPE avec le groupe Identité et Démocratie de Marine Le Pen n'a pas d'intérêt, les différences sont trop grandes.
01:59 Ainsi, on ne parvient pas à savoir si Marine Le Pen s'est ralliée à l'euro.
02:04 Et d'autant plus que son groupe Identité et Démocratie inclut des formations politiques qui y sont hostiles.
02:11 Le Parti de la Liberté de Gerd Wilders qui a défendu encore il y a quelques mois la sortie des Pays-Bas de l'Union européenne.
02:17 Ou Alternative für Deutschland, le parti allemand d'extrême droite qui réclamait récemment le retour au Deutschmark.
02:23 Par ailleurs, les partis composant le groupe de Marine Le Pen, le RN, la FD ou la Lega, sont hostiles au soutien à l'Ukraine
02:30 et soupçonnés régulièrement d'affinités compromettantes avec la Russie et avec la Chine.
02:35 Enfin, en Allemagne, la FD est l'ennemi juré du parti de Von der Leyen, la CDU-CSU.
02:41 CDU-CSU qui est la composante majeure du PPE, ce qui exclut tout rapprochement.
02:46 Le groupe Identité et Démocratie se retrouve donc ostracisé au sein du Parlement européen et privé de toute perspective politique.
02:54 Paradoxalement, le RN de Jordan Bardella pourrait réaliser un score record en France tout en restant inutile à l'échelle européenne.
03:04 On peine donc à comprendre la stratégie de Marine Le Pen pour renforcer le poids de la France en Europe.
03:09 Nicolas Demorand : Dominique Régnier, merci.