Clément Dumon, directeur et fondateur de l'association Zicomatic qui lutte contre l’isolement d’enfants et d'adultes en situation de handicap grâce à la culture depuis 2006, était l'invité de France Bleu Pays de Savoie.
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00:00 Votre journée commence ici.
00:02 Comment expliquer le succès de la comédie d'Artus ?
00:06 Un petit truc en plus, l'histoire de deux braqueurs en cavale qui trouvent refuge dans une colonie de vacances
00:11 pour jeunes adultes en situation de handicap mental.
00:14 Notre regard sur le handicap est-il en train de changer ?
00:17 L'invité du 6/9 est le directeur et fondateur de l'association Zicomatique à Chambéry
00:21 qui lutte justement contre l'isolement d'enfants et adultes en situation de handicap grâce à la culture
00:27 et ce depuis 2006, Bleuet.
00:29 Bonjour Clément Dumont. Bonjour.
00:31 On a un petit truc en plus quand on a une déficience mentale ?
00:34 Oui, oui, un petit truc en plus dans la société, des fois peut-être un petit truc en moins aussi dans la société.
00:40 Parce que c'est vu comme un petit truc en moins ?
00:42 Oui exactement. Alors le petit truc en plus je pense que ça fait appel aussi à la trisomie 21
00:47 où il y a ce petit chromosome en plus, on le voit beaucoup dans le film d'Artus
00:51 des personnes avec une trisomie 21 entre autres.
00:54 Oui, oui, je crois qu'il y a un regard qui change.
00:56 En tout cas c'est un très beau film, c'est très joli, c'est un très joli moment.
01:00 Je l'ai vu il n'y a pas longtemps donc je suis plutôt dans l'actualité.
01:03 Mais c'est un très beau film qui met en avant plein de petites choses.
01:06 Il y a plein de regards qui sont posés sur différentes difficultés.
01:11 Après je crois qu'il y a encore énormément de choses.
01:13 Et ce que je trouve génial c'est que pour le coup ce film permet aussi d'en parler un peu plus.
01:17 Preuve en est que je ne suis pas là pour parler de Zicomatique, je suis là pour parler de handicap.
01:20 Mais on va parler quand même de Zicomatique.
01:22 Votre association travaille à la mixité entre handicapé et non handicapé depuis 2006
01:26 grâce à la culture, notamment la musique.
01:28 Est-ce que vous avez l'impression que justement la culture c'est un vecteur ?
01:34 Là on parle de cinéma mais vous c'est aussi pas mal la musique.
01:37 C'est justement un vecteur pour effacer ces différences entre handicapé et pas handicapé ?
01:43 Alors pour les effacer il faut...
01:45 On parle souvent d'ailleurs, c'est marrant mais il y a souvent...
01:48 Moi je fais beaucoup d'interventions dans des écoles, des entreprises, etc.
01:51 Je veux sensibiliser et souvent je pose la question de savoir
01:53 quelle est la différence pour les gens être une personne handicapée
01:57 ou être une personne en situation de handicap.
01:59 Et effectivement gommer les différences et mettre des choses en place, je crois,
02:02 pour que la personne soit moins en situation de handicap pour profiter de la culture.
02:06 Par exemple, je donne un exemple tout bête, des gilets vibrants pour des personnes sourdes
02:09 leur permet en tout cas d'être moins en situation de handicap pour assister à un concert.
02:14 Je crois que la culture, et on l'utilise effectivement pour ça,
02:17 est un outil de rencontre absolument incroyable.
02:20 La musique on la partage tous, qu'on soit...
02:22 Je sais pas, quelle que soit sa condition psychique, physique,
02:24 on peut la ressentir et la partager, voire la pratiquer même.
02:27 Que ce soit le sport, c'est pareil, pour nous ça rentre aussi dans ce genre de catégorie de la culture.
02:31 Et je crois que ce sont des outils absolument incroyables pour créer de la rencontre
02:34 et créer de la sensibilisation en soi, parce que quand on se rencontre,
02:37 ça nous permet aussi d'être sensibilisés.
02:39 Alors on a entendu dans le journal de 7h30,
02:41 la présidente de l'association Prisomi 21 Haute-Savoie,
02:44 qui disait "il y a quand même encore un très grand pas à faire,
02:47 notamment pour la formation professionnelle, pour l'insertion dans le travail aussi,
02:51 l'inclusion dans le travail de toutes les personnes handicapées".
02:54 C'est aussi le constat que vous faites, autour de vous,
02:57 avec toutes les familles, toutes les personnes que vous côtoyez dans l'association ?
03:01 Moi je dirais qu'il y a plusieurs casquettes, et je vais en porter plusieurs.
03:04 J'ai été éducateur pendant 15 ans, donc notamment dans le film,
03:07 on voit des éducateurs qui partent en camp pendant une semaine.
03:09 Alors, c'est un camp qui dure une semaine.
03:11 Les éducateurs, ils restent là parfois 12h par jour,
03:15 avec des personnes en situation de handicap,
03:17 parfois avec des handicaps beaucoup plus importants,
03:19 donc je leur tire un grand coup de chapeau.
03:20 Il y a encore beaucoup de travail à faire aussi sur la revalorisation
03:23 et la valorisation tout court de ces métiers-là.
03:25 Quand on travaille avec de l'humain, c'est pas toujours valorisé,
03:27 et financièrement, et en termes de temps, et en termes de regard.
03:30 Et je me pose aussi avec une autre casquette, pour le coup,
03:33 je suis aussi beau-papa d'une petite fille handicapée,
03:36 et je trouve qu'il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail
03:39 à porter sur la société.
03:40 Pour moi, le mot "inclusion", c'est un gros mot.
03:42 Je dis ça avec beaucoup de respect, beaucoup d'amour et de bienveillance.
03:44 C'est un mot qui est partagé par tout le monde,
03:46 mais c'est un mot qui ne devrait pas exister,
03:47 parce que ça veut dire qu'on est dans une société
03:48 qui n'est pas suffisamment bienveillante tout court.
03:51 Je pourrais mettre "anti-bienveillante", pourquoi pas,
03:53 mais bienveillante tout court.
03:54 On a dû créer ce mot-là pour nous rappeler que, finalement,
03:56 une personne handicapée, pour le coup, on ne peut pas l'accueillir partout,
03:59 et dans n'importe quelles conditions.
04:02 Donc je trouve qu'il y a encore beaucoup de travail à faire,
04:04 et malgré tout, je le redis, c'est un film absolument magique,
04:06 parce qu'il permet de sensibiliser, je crois, plus d'un million de personnes rapidement.
04:09 - Un million six, vendredi, oui, oui.
04:11 - Ce qui est complètement génial, et ça permet aussi à des personnes
04:14 en situation de handicap d'être acteurs dans ce film.
04:16 Ça permettra peut-être aussi de porter un regard un peu différent,
04:19 en se disant que oui, une personne handicapée,
04:21 pour moi ce n'est pas un gros mot,
04:22 peut être acteur, peut travailler,
04:26 peut simplement avoir accès à du loisir, à de la culture,
04:30 et simplement avoir les mêmes droits que tout un chacun.