Laurence Ferrari - Européenne : le gouvernement fonce sur le terrain
Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités reviennent sur les propos de Gabriel Attal sur le RN en vue des élections européennes, le 9 juin prochain.
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00:00On continue le fil de l'actualité, on va juste parler de cette campagne des européennes.
00:04On a entendu Gabriel Attal tout à l'heure nous parler du RN, il tape à nouveau à bras raccourcis sur le Rassemblement National,
00:09mais il a aussi parlé de l'Europe. L'Europe c'est magique, l'Europe c'est merveilleux, tout marche bien. Écoutez le Premier Ministre.
00:15Vous savez, Madame Le Pen, et c'est toujours été le cas du Rassemblement National, ça les embête à chaque fois qu'on parle d'Europe.
00:20Effectivement, aujourd'hui, vous avez tous les membres du gouvernement qui sont en déplacement pour aller illustrer
00:26ce que l'Europe a apporté, chacun dans leur secteur ministériel. De la rénovation de notre patrimoine au Mont Saint-Michel et ailleurs,
00:34jusqu'au développement de solutions pour l'écologie, en passant par des garanties pour le consommateur sur un délai de rétractation obligatoire de 14 jours,
00:43une garantie minimum de 2 ans pour les produits qu'on achète. Tout ça, on le doit à l'Europe.
00:47L'Europe, elle est au cœur de nos vies. Est-ce qu'elle est parfaite ? Non, évidemment, il faut continuer à la faire évoluer.
00:52Mais on sait que le débat de cette élection, c'est dedans ou dehors. Est-ce qu'on veut continuer à rester dans l'Union Européenne,
00:57bénéficier de tout ce que l'Europe nous apporte, ou est-ce qu'on veut sortir de l'Union Européenne ?
01:00Parce que malheureusement, le programme du Rassemblement National, quand vous le lisez ligne à ligne,
01:05c'est l'organisation méthodique de la sortie de la France de l'Union Européenne.
01:08Voilà pour Gabriel Attal. Thomas Bonnet, on voit que la campagne, c'est juste taper sur le Rassemblement National.
01:13Ou à le projet européen. Alors, il paraît que oui, tout marche bien, mais bon.
01:16Non, mais ce qui est terrible quand on entend le discours du Premier ministre, c'est que d'une part,
01:19on a l'impression qu'il n'a pas grand-chose à dire au niveau argument pour vanter les mérites de l'Union Européenne.
01:24Et d'autre part, on voit qu'il est un peu à reculons dans cette campagne électorale, donc ça donne moins d'entrain à ce qu'il nous dit.
01:30Et c'est vrai que ça se résume finalement à taper sur le Rassemblement National.
01:34Il va débattre avec Jordan Bardella d'ici quelques jours.
01:37Ce qu'on sait, c'est qu'il a été poussé à le faire parce que lui, il n'avait pas vraiment envie d'y aller.
01:41Pourquoi ? Pour s'y ménager ?
01:42Parce que le score ne va pas être très bon, visiblement, pour Valérie Ayé.
01:45Et plus il va s'impliquer, plus sa responsabilité va être engagée dans l'échec qui s'annonce, en tout cas.
01:50Donc, il n'a pas trop envie d'y aller, Gabriel Attal.
01:52Alexandre de Vécu.
01:53Non, mais vous ne vous rendez pas compte.
01:54L'Europe a quand même permis d'avoir 14 jours de délai de rétractation quand vous achetez un produit.
02:00C'est vrai que le gouvernement français ne pouvait pas le faire.
02:02C'est un peu humiliant pour Gabriel Attal.
02:04Un gouvernement qui veut obliger les pères à aller voir leurs enfants.
02:08Par contre, le délai de rétractation, ils ont besoin de l'Europe.
02:12Et il est obligé. Il y a Rasmus dans sa liste.
02:14Parce que d'habitude, quand on n'a rien à dire sur l'Europe, on parle d'Erasmus.
02:17Vous êtes sarcastique, M. de Vécu.
02:19Non, et en plus, il est un peu malhonnête.
02:22On voit bien la tactique, c'est de faire peur aux gens.
02:24C'est d'expliquer, attention, si vous votez pour le Rassemblement national,
02:28qui de toute manière ne sera pas majoritaire au Parlement européen.
02:31Donc, ils vont sortir de l'Europe.
02:34Ça va être le chaos, la catastrophe.
02:36D'abord, ce n'est pas proposé par le Rassemblement national.
02:40Ça a été le cas un jour.
02:42Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
02:43Et je trouve qu'on pourrait lui retourner, je dirais,
02:45l'argument en disant, mais quelle Europe veut le gouvernement ?
02:49Est-ce que c'est une Europe des nations
02:51ou est-ce que c'est une Europe post-nationale, fédéraliste ?
02:53C'est très ambigu.
02:54Le président de la République défend le passage pour tous les sujets,
02:57y compris les sujets de défense, à la majorité qualifiée.
03:00Ça a l'air un peu technique.
03:02Ça l'est vraiment.
03:03Je vous rassure, ça l'est.
03:04Oui, mais ça veut dire qu'on a le droit de mytho.
03:06Et ça veut dire qu'on brade totalement la souveraineté française,
03:08y compris pour le nucléaire.
03:09Il veut mutualiser le nucléaire.
03:11C'est quand même des choses majeures
03:13dont j'espère que Gabriel Attal va pouvoir débattre.
03:16Monsieur Nelot a aussi envie de parler.
03:17Moi, je trouve que c'est une stratégie étrange.
03:20C'est-à-dire, pendant cinq ans,
03:22vous ne prenez aucune décision qui pourrait contrarier
03:25l'essor du Rassemblement national, par exemple,
03:27en agissant sur l'immigration au niveau européen, sur l'insécurité.
03:30Et vous pensez qu'en 15 jours de blabla,
03:32vous allez retourner cinq ans d'inaction.
03:34Mais les Français ne sont pas idiots.
03:36Donc là, il peut raconter ce qu'il veut maintenant.
03:38Il peut débattre douze fois avec Bardella et les autres.
03:41Ils vont prendre une heure raclée aux Europes
03:43parce que les gens vont juger les actes,
03:45pas les paroles des quinze derniers jours.
03:46Ils vont peut-être se positionner pour 2027 aussi.
03:48Ah oui, mais ça, c'est son agenda personnel.
03:50Moi, je m'intéresse à la France, je m'intéresse à l'Europe.
03:52Marc Thotti ?
03:53Le vrai enjeu, c'est qu'encore une fois,
03:55l'Europe, à la base, elle a été créée pour la paix,
03:57mais aussi pour la croissance économique,
03:59pour nous protéger face à la concurrence des Etats-Unis, etc.
04:02Et malheureusement, il faut être honnête, on y a tous cru.
04:04Et ça n'a pas été le cas.
04:06Pas tous, peut-être qu'en tout cas.
04:08Je vous rappelle que la majorité des Français l'étaient contre.
04:10Avant 2005, ils l'ont toujours dit.
04:11Récemment, les Français l'étaient contre.
04:13Là, on s'est assis sur le vote des Français.
04:14Je vais vous donner un chiffre très simple,
04:15c'est que depuis 1995,
04:17la richesse qu'on crée dans la zone euro
04:20a augmenté de 50 %, hors inflation.
04:23Aux Etats-Unis, ça a fait plus de 100 %,
04:25du simple au double.
04:26Si vous regardez la richesse par habitant,
04:28nous, les Français, dans les années 90,
04:30on était onzième du monde.
04:31Les Américains étaient dixième à l'époque.
04:33Aujourd'hui, on est combien
04:34au terme de richesse par habitant ?
04:36Vingt-cinquième.
04:37C'est désespérant.
04:39Encore une fois,
04:40moi, ce qui m'inquiète,
04:41c'est qu'évidemment, l'Europe,
04:42c'est le bouc émissaire idéal, bien entendu,
04:44parce qu'on n'a pas arrêté de dire depuis des années
04:46qu'il fallait réduire le déficit, réduire la dette,
04:48avancer à cause de l'Europe, etc.
04:49Et juste, dernier point,
04:51cette stratégie, effectivement, est très dangereuse.
04:52C'est ce qu'ont fait les Anglais pendant le Brexit.
04:54Ils ont dit, si on votait pour le Brexit,
04:55ça serait une catastrophe, etc.
04:57Et les Anglais ont voté pour ça.
04:58Donc, il faut dire au contraire.
05:00Est-ce que ce que peut nous amener l'Europe ?
05:01Je suis d'accord, ce n'est pas que les 14 jours de rétractation.
05:04Est-ce que peut nous amener l'Europe,
05:05notamment en termes de financement de notre dette, etc.,
05:07de baisse des taux d'intérêt ou pas ?
05:08Et est-ce qu'on peut continuer comme ça ou pas ?
05:11Mais c'est sûr que si on dit uniquement,
05:12on ne fait pas, ça ne fonctionnera pas.
05:14On va faire une petite pause, ou pas, dans Punchline.
05:16On sera rejoints dans un instant par Yann Moix, écrivain,
05:19qui intervient aussi beaucoup sur Europe 1.
05:21Et on continue à débattre de l'actualité.
05:23À tout de suite.