• il y a 6 mois
Transcription
00:00Pour moi c'est important d'en parler parce que justement il faut le dé-tabouiser,
00:03je sais pas si ça se dit, mais en tout cas le jour où ça sera plus tabou, on aura passé un cap.
00:12L'envie de faire ce film, elle remonte à encore plus loin que la création du personnage de Sylvain,
00:16qui est arrivé après le sketch du genre d'histoire, mais c'est un sujet que j'ai toujours traité,
00:19parce qu'il a toujours été tabou, et moi le jour où il n'y aura plus besoin de faire des sketchs sur le handicap,
00:24ça voudrait dire que ça n'intéressera plus les gens parce que c'est pas un sujet et je trouverais ça cool.
00:27Malheureusement, il y a encore besoin de faire des sketchs là-dessus, il y a besoin d'en parler,
00:31comme sur plein de thèmes et plein de choses qu'il faut qu'on banalise.
00:34On est en vacances ou on n'est pas en vacances ?
00:40C'est pas grave, c'est pas grave, on a l'habitude.
00:41En fait déjà, on ne fait pas un film sur le handicap,
00:44c'est une comédie avec des personnes, des acteurs en situation de handicap.
00:48Et déjà à partir de là, ça change tout, on n'est pas en train de faire une comédie sur les handicapés
00:53qui nous feraient rire éventuellement, c'est pas du tout le sujet du film en fait.
00:56On raconte une histoire qui est drôle et après les situations le sont.
00:59C'est évidemment deux mondes qui se rencontrent, c'est-à-dire que c'est des jeunes handicapés
01:02qui vont juste leur ouvrir les bras, plein d'amour, de rigolade, de love et voilà, c'est une rencontre humaine.
01:07Évidemment qu'on n'allait pas se moquer d'eux en fait, ça paraît évident,
01:11mais en fait pas tant dans le monde dans lequel on vit apparemment.
01:13J'ai pas l'impression que le cinéma, ça peut changer les choses, ça peut changer la vie,
01:16c'est pas la prétention qu'on a.
01:17Mais en tout cas, si ce film peut ouvrir un tout petit peu la porte,
01:20comme il a ouvert ma porte moi pour le coup,
01:22parce que j'avais jamais été en contact avec quelqu'un qui était porteur de Trisomie 21.
01:27Puis en fait, ils ont ouvert une porte en moi, d'une simplicité, d'un rapport en fait finalement.
01:31Mais pourquoi tu vas pas parler à ton voisin s'il est autiste,
01:33comme tu irais parler à ton voisin qui ne l'est pas.
01:35Parce qu'effectivement, toujours peut-être la peur de pas bien faire, de pas bien s'exprimer.
01:38Mais en fait, tu fais pas et c'est encore pire.
01:40On fait très très très chaud, non ?
01:41C'est moi en fait qui rend ce truc.
01:42C'est toi qui fais glisser le truc ?
01:44Ouais, ouais.
01:44Oula, oula.
01:45Et donc, voilà, ok.
01:46Non mais arrête.
01:47Parce que, oui.
01:48On peut y aller là.
01:49Qu'est-ce qu'on dit au chauffeur ?
01:50Fils de pute !
01:52Ils sont pas acteurs.
01:53À part Alice qui avait fait un petit court-métrage une fois.
01:56T'avais déjà les soeurs, non ?
01:57Enfin, Nicole.
01:58Oui, du théâtre amateur.
01:59Donc oui, oui.
02:00Après, c'est sûr qu'il faut bien choisir sa bagnole.
02:02C'était toujours pas ça la question.
02:03Non, c'était pas ça la question.
02:04C'est fou, comment on se perd.
02:06Non, je me suis inspiré d'eux.
02:07Parce que si j'avais écrit un rôle d'un adulte porteur de Trisomie 21 qui est fan de Dalida,
02:11et qu'il fallait que je trouve le gars qui l'est vraiment,
02:14ça aurait été compliqué.
02:15Non, non, je les ai vraiment castés avant de finir d'écrire.
02:17Parce que déjà, je voulais pas les acteurs, justement.
02:18Je voulais pas les comédiens.
02:19Je voulais que ça soit vraiment eux.
02:20Et c'est aussi une façon de me protéger des critiques.
02:22Parce qu'aujourd'hui, si on me dit,
02:23« Tu trouves pas qu'un gars qui se déguise en bouteille de ketchup et en banane et en machin, c'est beaucoup ? »
02:27J'irais aller lui dire à lui.
02:28Parce qu'en fait, il est comme ça dans la vie, Boris.
02:30C'est ses déguisements à lui.
02:31Les personnalités que les gens vont découvrir dans ce film,
02:33vraiment, c'est eux.
02:34À part, évidemment, il y a les choses qu'on a dessinées.
02:36Marie, qui est une des actrices qui se prend des balles dans la gueule tout le long du film,
02:40elle se prend pas vraiment des balles dans la gueule dans la vie.
02:42Même s'il y en a une qui était pas prévue et qu'elle s'est vraiment prise.
02:49Quand elle se prend le ballon de foot, c'était pas prévu.
02:50Ça, c'est la vie qui nous a fait un cadeau supplémentaire.
02:53Moi, c'est un cinéma qui me parle le plus.
02:55J'aime bien ce cinéma où on rit, mais aussi où on est touché.
02:58Plus que certaines grosses comédies qui sont moins monadènes.
03:00Donc, j'avais plus envie d'aller là-dedans.
03:01J'avais envie d'aller dans un truc un peu sincère.
03:03J'espère qu'on l'a réussi.
03:05Et je pense que ça vient beaucoup du naturel de nos pensionnaires,
03:08mais aussi du naturel des vrais comédiens qu'il y a à côté.
03:12Parce que personne ne joue...
03:13Alice, je mets n'importe qui au défi,
03:15qui connaît pas Alice, de se dire que c'est une comédienne.
03:17C'est qu'il y a un truc, dès le début du film, qui est évident.
03:20C'est une éduque, en fait.
03:21Et même si on la connaît en tant qu'actrice, je pense qu'au bout de trois secondes, on oublie.
03:24Parce qu'il y a ce côté naturel, même sur les fringues, sur le truc.
03:27Des fois, il y a des comédiennes ou des comédiens qui veulent toujours être beaux,
03:30qui veulent toujours être...
03:31Il y a un côté non, on s'en fout.
03:32Et ce qui, pour moi, la rend encore plus belle,
03:34parce que c'est une fille normale dans le film.
03:39De parfois passer sa peur de la différence,
03:42et d'ouvrir la porte un peu de sa peur,
03:44de la confronter et de passer à travers.
03:46Parce que je pense que ça nous ferait vraiment tous du bien de se mélanger plus
03:51et de prendre de leur poésie, de leur simplicité, de leur vérité.
03:55Et de pas avoir peur de mal faire, parce que c'est pire de rien faire.
03:58Aller vers eux, et au pire, si vous dites une connerie, vous dites une connerie.
04:01Mais c'est mieux que de ne pas y aller.

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