Tous les mardis, de 17h à 17h30, LCP-Assemblée nationale prolonge la séance des Questions au Gouvernement en invitant des députés pour analyser les échanges intervenus dans l'hémicycle.
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00:00 Et c'est la fin des questions au gouvernement, nous sommes en direct sur LCP, salle des pas perdus,
00:06 juste à côté de l'hémicycle où vient de s'achever cette séance de questions au gouvernement,
00:11 où on a parlé des manifestations pro-palestinienne à Sciences Po,
00:15 mais aussi la convocation de Mathilde Panot par la police judiciaire pour apologie du terrorisme,
00:20 on a parlé des écrans, on va revenir bien évidemment sur toutes ces questions-réponses
00:25 entre députés et membres du gouvernement et le Premier ministre qui s'est exprimé tout à l'heure.
00:30 On va retrouver bien sûr Elsa Mondagava et Marco Pommier qui se trouvent,
00:34 salle des quatre colonnes, dans un tout petit instant, je vous présente quand même mes invités,
00:38 avant, Erwan Balanant, bonjour et bienvenue, vous êtes député démocrate du Finistère,
00:42 et face à vous, Philippe Brun, bonjour, bienvenue à vous, député socialiste et apparenté de l'heure.
00:49 Alors Marco Pommier, vous avez suivi cette séance depuis les tribunes de l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
00:54 vous retenez particulièrement un échange entre le député LFID Bouges du Rhône, Manuel Bompard,
01:00 et le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, c'est bien sûr au sujet de Mathilde Panot.
01:04 Oui, beaucoup de tension dès la première séance de questions,
01:07 dès la première question au gouvernement lorsque Manuel Bompard a interpellé le Premier ministre
01:13 sur la convocation de Mathilde Panot devant la police, vous le disiez,
01:17 après son communiqué de presse le 7 octobre dernier en réaction aux attaques du Hamas en Israël.
01:23 Mathilde Panot, la chef du groupe des Insoumis, qui n'était pas dans l'hémicycle cet après-midi,
01:27 alors c'est Manuel Bompard, le coordinateur de la France Insoumise, qui est monté au créneau,
01:32 s'adressant directement au Premier ministre Gabriel Attal.
01:35 Votre autoritarisme se déplace sur le terrain des idées, il y a les opinions autorisées,
01:41 les vôtres, celles de vos amis d'extrême droite, et les opinions qui conduisent devant la justice
01:47 et les commissariats de police, alors le garde des Sceaux a vivement réagi,
01:51 c'est Éric Dupond-Moretti qui lui a répondu "La justice vous les met collés contre le mur
01:56 par la violence de Mélenchon", il a ajouté "Vos amis, à vous, ce sont les Molas, vous devriez avoir honte".
02:04 Voilà ce qu'a dit Éric Dupond-Moretti sous les huées de la France Insoumise,
02:09 qui a qualifié le ministre de la Justice de menteur.
02:13 Merci Marco Beaumier pour cet échange que vous nous avons raconté,
02:17 et puis on va entendre aussi Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux, qui a répondu cette fois sur le fond à Manuel Bompard.
02:24 On l'écoute.
02:25 Vous êtes injurieux à l'encontre de tous les magistrats de ce pays, Monsieur Bompard.
02:32 Laissez faire la justice en toute indépendance et elle fera son travail.
02:38 Soit c'est une infraction, et elle le dira, soit ça n'est pas une infraction, elle le dira.
02:44 Personne n'est au-dessus des lois, pas plus Madame Pannot qu'une autre.
02:49 Et c'est Adrien Clouet, député de la France Insoumise de Haute-Garonne, qui va réagir à cette réponse d'Éric Dupond-Moretti.
02:57 On le retrouve au micro d'Elsa Mondingava.
02:59 Oui, laissez la justice faire son travail, personne n'est au-dessus des lois.
03:03 C'est la réponse du garde des Sceaux, j'imagine qu'elle ne vous a pas franchement convaincu.
03:07 Bien sûr que non. La raison pour laquelle on est dans la situation actuelle,
03:10 c'est-à-dire que des réunions d'étudiants sont interdites dans ce pays parce qu'ils veulent la paix au Proche-Orient.
03:15 Et une candidate aux élections européennes ainsi qu'une présidente de groupe parlementaire sont tendues par la police.
03:19 Pourquoi ? Ça ne vient pas du ciel, la justice fait son travail.
03:22 C'est d'une part parce que des députés macronistes ont tenté d'intimider l'université de Lille pour les faire interdire des réunions,
03:26 et d'autre part parce que Monsieur Dupond-Moretti lui-même, le 10 octobre dernier, a fait une circulaire
03:31 demandant à ce qu'il y ait des poursuites, y compris dans le monde politique,
03:34 vis-à-vis de toute déclaration qui irait en dehors de la ligne politique officielle du gouvernement sur la question au Proche-Orient.
03:39 Donc il y a une volonté politique délibérée d'organiser ces politiques de répression
03:44 qui visent, disons les mots, à criminaliser les partisans de la paix au Proche-Orient.
03:48 Donc pour vous, vous y voyez derrière la main du gouvernement ?
03:52 Ah bien bien sûr, et puis ce n'est pas la main la plus propre en l'occurrence.
03:54 C'est la main du gouvernement, c'est des cabinets noirs, c'est une barbouserie en fait qui se joue là.
03:57 On ne sait toujours pas qui a donné l'ordre, mais enfin, aucun parquet,
04:01 aucun parquet ne va lancer les convocations contre une présidente de groupe parlementaire sans l'aval d'un ministre.
04:05 On le sait très bien. Donc c'est une décision politique, voulue dans une période de campagne électorale.
04:10 C'est un usage à des fins politiques de la justice et de la police.
04:13 Merci beaucoup Adrien Cloet d'avoir répondu justement, réagi à cette réponse du garde des Sceaux.
04:18 Merci Elza Mondingava. Je vous fais tout de suite réagir Erwan Balanon à ce que vous venez d'entendre.
04:23 Est-ce que la justice est totalement indépendante dans notre pays ?
04:26 Mais bien sûr qu'elle est indépendante et il y a des règles.
04:28 Quand il y a des plaintes, c'est normal que la justice regarde ce qu'il en est.
04:33 Et être convoqué, auditionné par la police ne veut pas dire qu'on est coupable.
04:40 Donc il ne faut pas tout mélanger.
04:42 Et là, Adrien Cloet...
04:43 Ce n'est pas un abus d'état de droit comme on a pu le voir dans la bouche de Manuel Bompard ?
04:47 Ce sont les règles, les procédures. Il y a quelqu'un qui a porté plainte.
04:51 Ce n'est pas nous qui avons porté plainte, ce n'est pas le gouvernement qui a porté plainte.
04:55 C'est normal qu'il y ait une instruction qui soit faite, des auditions.
04:59 Et à n'en pas douter, il n'y aura pas de condamnation de Mme Pannot.
05:04 En droit, j'ai relu son communiqué de presse.
05:07 C'est de l'apologie du terrorisme ou pas alors ce communiqué de presse ?
05:11 Non, ce communiqué n'est pas de l'apologie du terrorisme.
05:13 Elle ne parle pas d'une organisation terroriste pour le Hamas, elle parle d'une offensive armée des Palestiniens.
05:17 C'est grave parce qu'elle l'omet de dire que c'était un acte terroriste.
05:20 Mais ce n'est pas de l'apologie à mon sens.
05:22 Mais ce n'est pas à moi de le dire, c'est toujours pareil.
05:24 Laissons dans ce pays les juges travailler.
05:26 On ne peut pas dire à chaque fois que la justice est indépendante
05:30 et avoir des commentaires insensés, parce que c'est un commentaire insensé
05:34 que je viens d'entendre de M.Clouet, sur la justice.
05:37 Laissons faire les juges.
05:39 Philippe Brun, ce qu'on entend dans la bouche de vos alliés, c'est qu'il y a eu une dérive autoritaire de la part du gouvernement.
05:45 Est-ce que vous, vous êtes choqué par cette convocation de Mathilde Pannot ?
05:48 Moi, j'ai d'abord surtout été choqué par l'interdiction faite par le préfet du Nord.
05:53 De la manifestation, en tout cas de la réunion publique qui était prévue pour les élections européennes.
05:59 Jean-Luc Mélenchon qui devait s'exprimer à l'université de Lille.
06:02 On n'interdit pas des réunions publiques dans notre pays quand il n'y a pas de risque de trouble à l'ordre public.
06:05 Et aujourd'hui, personne ne peut valablement soutenir qu'il y a des violences dans les meetings de Jean-Luc Mélenchon.
06:11 Ce n'est pas le cas.
06:12 Moi, je suis extrêmement attaché aux principes qui fondent notre République,
06:15 à la liberté d'expression, à la liberté de contradiction et de débat.
06:19 Et on ne peut pas prôner l'intolérance au nom de la tolérance.
06:24 C'est malheureusement ce que j'ai trop tendance à entendre.
06:26 Alors on va revenir, parce qu'on va écouter Sylvie Rotailleau dans quelques instants.
06:30 Mais sur vraiment cette convocation par la justice, vous, vous trouvez que c'est normal ?
06:35 Que les propos qui ont été tenus dans le communiqué le 7 octobre, ils peuvent prêter à confusion ?
06:40 S'il y a une plainte, comme le dit Erwann Balanant, il faut entendre la personne ?
06:43 A l'évidence, c'est une farce.
06:45 Il n'y a pas la moindre once d'apologie du terrorisme dans les propos.
06:48 Nous n'étions pas d'accord avec ses propos dans ce communiqué.
06:51 Et ça a même occasionné la rupture de la NUPES.
06:54 On en a suffisamment entendu parler.
06:56 Maintenant, qualifier ses propos d'apologie du terrorisme, c'est honteux.
06:59 Je crois qu'elle aurait pu ne pas être convoquée.
07:01 Si toutes les plaintes donnaient lieu à convocation en France, les Français le sauraient.
07:05 On passe notre temps à déposer plainte, ça ne se revient.
07:07 Alors si on va plus loin, c'est quoi ? C'est la justice qui fait un peu de zèle ?
07:10 Je crois qu'il y a un peu de zèle, non pas de la justice, parce que là, c'est de la police judiciaire.
07:14 Je m'interroge s'il n'y a pas eu des convocations ou des interventions qui ont été faites d'en haut.
07:19 Avec la réforme de la police judiciaire, on peut se poser la question.
07:22 Alors Évron Balanant ?
07:23 Dire ça, c'est une insulte aux forces de l'ordre et aux magistrats.
07:27 Dans notre pays, les forces de l'ordre, les magistrats font un travail sérieux.
07:31 On peut ne pas être d'accord avec certaines décisions de justice, parfois,
07:35 mais on n'a pas à les commenter et surtout, on n'a pas à influencer.
07:38 Parce que c'est une façon d'influencer, de dire ça, de dire que c'est une tartufferie,
07:42 de dire que ça vient d'en haut. Non, on ne peut pas dire ça.
07:46 Moi, franchement, ça me choque.
07:48 D'autant plus que je suis un défenseur de la liberté d'expression.
07:53 Et qu'effectivement, un groupe politique a le droit d'avoir un communiqué.
07:59 Ils l'écrivent, ils le disent.
08:01 Tant qu'ils respectent nos règles, qu'il n'y a pas d'incitation à la haine et de l'apologie du terrorisme,
08:06 effectivement, on a le droit de le faire et on aura toujours le droit de le faire.
08:09 Mais par contre, ce qui me choque, c'est cette instrumentalisation maintenant de l'FI,
08:16 de dire que nous sommes des victimes d'un complot gouvernemental.
08:20 Non, c'est juste le fonctionnement normal de nos institutions.
08:24 Un petit mot pour répondre, Philippe Brun ?
08:26 Encore une fois, cela n'arriverait pas si les députés de la majorité ne passaient pas leur temps
08:29 à demander des interdictions de réunion, à porter plainte contre la France insoumise.
08:34 Il y a même un député qui n'est pas de votre groupe,
08:36 mais qui est d'un groupe proche du vôtre, qui a proposé de ficher S les députés de la France insoumise.
08:41 On voit bien que le fond de l'air est nauséabond.
08:43 Si on commence à débattre en demandant à interdire la parole de l'autre et des uns et des autres,
08:46 on arrive à ce type de dérive.
08:48 Je ne sais pas qui a demandé cette...
08:50 Car Olive, voilà, qui a été connectée au réseau.
08:52 Oui, je pense que c'est une connerie, j'assume de le dire.
08:54 Maintenant, je crois qu'il faut que chacun ici, on dise notre attachement à la liberté,
08:57 notre attachement au débat de l'autre.
08:59 Alors, on va revenir, puisqu'on y vient du coup, sur ce débat qui a eu lieu sur l'interdiction
09:03 pour Jean-Luc Mélenchon de débattre, notamment à Lille,
09:06 sur les manifestations qui ont eu lieu à Sciences Po,
09:09 qui ont été réglées entre la direction et les manifestants pro-palestiniens.
09:15 C'est Roger Chudeau qui a interpellé les députés RN du Loire-et-Cher,
09:19 il a interpellé la ministre des Universités.
09:24 On écoute donc la réponse que lui a faite Sylvie Retailleau.
09:27 Le débat, la liberté d'expression, oui,
09:31 c'est même une vocation des universités dans le monde entier.
09:34 Mais cela n'autorise pas tout.
09:37 Et les blocages et les intimidations, c'est non.
09:41 Et encore moins l'incitation à la haine et l'antisémitisme avec une tolérance zéro,
09:46 nous le répétons, ou l'appel à l'insurrection.
09:49 La décision de recours à la force publique au sein des établissements
09:53 relève des chefs d'établissement, et nous n'y sommes jamais défavorables
09:57 lorsque la situation l'exige.
09:59 A Sciences Po, aucune sanction n'est suspendue.
10:03 Et on va entendre Roger Chudeau, qui est député RN du Loire-et-Cher.
10:07 On le retrouve au micro de Marco Pommier.
10:10 Oui, Brigitte, est-ce que vous avez été satisfait par le discours de fermeté
10:14 affiché par le gouvernement ?
10:16 Partiellement seulement, parce que madame Retailleau, certes, a adopté
10:19 un ton de fermeté qui est louable en soi, elle condamne les blocages
10:22 et évidemment elle dénonce l'antisémitisme, dont acte c'est très bien.
10:26 Sauf que madame Retailleau a parfois des réactions à géométrie variable.
10:30 Par exemple, il y a quelques jours, elle saluait l'accord intervenu
10:34 entre l'administrateur provisoire de Sciences Po et les occupants,
10:38 les islamo-gauchistes qui occupaient ces locaux, en considérant que c'était
10:42 un bon accord. Moi je considère que ce n'est pas un bon accord.
10:45 Et enfin, madame Retailleau n'a pas répondu à la question...
10:47 La première question que j'ai posée, c'était celle de la création
10:50 d'une commission d'enquête sur l'antisémitisme dans nos universités.
10:53 91% des étudiants juifs déclarent avoir été victimes d'agression
10:57 pendant leur scolarité dans une université.
10:59 Je crois que ça mérite une commission d'enquête.
11:01 Vous avez donc aussi appelé à une procédure de dissolution
11:04 pour les groupes politiques qui appellent à la destruction d'Israël.
11:07 Qui vous visez dans vos propos ? La France Insoumise ?
11:09 Ecoutez, non, il n'est pas question si vous voulez de demander
11:12 la dissolution d'un groupe parlementaire, ça n'a pas de sens.
11:15 Simplement, il y a des groupes qui ont occupé Sciences Po
11:18 et qui ont occupé la Sorbonne, qui ont tenté de le faire,
11:20 et qui sont des groupes manipulés par les frères musulmans et le Hamas,
11:23 comme chacun sait, c'est eux qu'il faut dissoudre.
11:25 Et je pense qu'il serait normal que le gouvernement engage
11:27 une procédure de dissolution.
11:29 Merci beaucoup, Roger Schudo, merci à vous.
11:31 Erwan Balanon, est-ce que la direction de Sciences Po a bien fait
11:35 de négocier avec ces manifestants pro-palestiniens ?
11:39 Dans une université, dans une grande école, le débat, c'est nécessaire.
11:45 Mais le débat, il faut qu'il soit encadré et qu'il respecte les règles.
11:49 Il ne l'était pas ?
11:51 Il y a eu des choses troublantes.
11:53 Il y a eu des propos antisémites qui ont été rapportés.
11:55 Il y a eu des propos antisémites qui ont été rapportés,
11:57 qui ont été sourcés, et c'est intolérable et c'est inadmissible.
12:01 Après, que des étudiants se préoccupent de la question des Palestiniens
12:06 et des Palestiniennes, ça ne semble pas illogique.
12:09 Mais de la même façon, il faut qu'il y ait une double empathie.
12:12 C'est-à-dire qu'aussi, les gens s'imaginent que les Israéliens,
12:16 sur ce 7 octobre, ont subi une attaque terroriste.
12:20 Il faut que tout ça soit posé sur la table et que le débat existe.
12:23 Et quand vous avez un débat qui n'est que dans un sens, ça pose problème.
12:26 Et quand, en plus, il y a des propos antisémites,
12:28 et qu'en plus, on empêche, visiblement, c'est ce qui s'est passé à un moment donné,
12:32 des hommes et des femmes que l'on sait de confession juive
12:36 d'intervenir dans ces réunions, c'est un vrai problème.
12:39 Il faut retrouver un peu de raison là-dedans.
12:41 Et j'aimerais bien que la LFI arrête d'instrumentaliser le conflit israélo-palestinien,
12:47 qui est un conflit grave, où des deux côtés, il y a des souffrances atroces,
12:51 à des fins politico-politiques françaises.
12:54 Philippe Brun, c'est la France insoumise qui instrumentalise ce conflit à des fins politiques ?
13:01 Tout le monde l'instrumentalise en vérité, puisqu'y compris au début de ce conflit,
13:06 la Renaissance a décidé d'en faire un axe majeur de structuration entre le camp du bien, le camp du mal.
13:14 Les uns et les autres étaient que des drapeaux israéliens en bandoulière dans l'hémicycle.
13:18 Je pense qu'on n'a pas vocation à importer le conflit dans la vie politique française.
13:22 Et donc, oui, probablement que la France insoumise parle peut-être beaucoup du conflit israélo-palestinien,
13:29 mais il faut quand même rappeler l'ampleur du drame qui se déroule sous nos yeux.
13:33 Et donc ne pas en parler, ce serait aussi finalement faire offense aux dizaines de milliers de filles.
13:41 Évidemment, c'est un sujet de conflictualité et qui crée la conflictualité.
13:44 Alors à Sciences Po, précisément, il y a eu des dérapages ?
13:47 Moi, j'ai été élève de Sciences Po avec un jeune élève qui avait à peu près mon âge,
13:51 deux ans de plus que moi, qui était mon ami à l'époque, qui s'appelait Gabriel Attal.
13:55 Je me souviens qu'on avait tous les deux bloqué Sciences Po à l'époque pour la venue de Eric Besson,
14:00 qui était ministre de l'immigration et de l'identité nationale.
14:03 Et on avait une banderole où il y avait écrit "Pétain, reviens, tu as oublié tes chiens".
14:07 On avait écrit ça. Vous voyez, aujourd'hui, je ne suis pas très fier d'avoir écrit ça.
14:10 À l'époque, il n'y avait pas CNews, donc on ne faisait pas un bandeau en disant
14:14 "Regardez ces étudiants de Sciences Po, ils sont scandaleux, ils ne savent pas se tenir".
14:17 Comment parle-t-il d'un ministre de la République ?
14:19 J'avais 18 ans, on fait des choses idiotes quand on a 18 ans.
14:22 Mais ce n'est pas tout à fait la même chose.
14:23 Est-ce qu'il faut en tirer des conséquences politiques dans l'ensemble du pays ?
14:26 Est-ce que c'est à vous d'être montré à l'ensemble du pays ?
14:29 Les sanctions n'ont pas été levées pour les propos antisémites,
14:33 les sanctions ont été levées pour d'autres choses.
14:35 Je crois que Jean Basser, qui est un grand comité de l'État,
14:38 un grand haut fonctionnaire, a pris les décisions qui s'imposaient.
14:41 Et encore une fois, il se passe toujours des choses un peu stupides dans les facs.
14:45 Souvenons-nous des slogans de mai 68 "CRSSS".
14:48 Il y a toujours des choses stupides qui arrivent dans les universités.
14:51 Cessons de les instrumentaliser, comme le fait aujourd'hui l'extrême droite.
14:54 Vous êtes d'accord avec Philippe ?
14:56 Je suis en face. Dans les universités, c'est le lieu du débat,
14:59 le lieu de la confrontation et le lieu, effectivement, d'une certaine jeunesse
15:03 qui parfois dépasse les bornes.
15:05 J'ai l'impression qu'on ne peut plus débattre sereinement aujourd'hui.
15:08 On le voit bien dans les facultés.
15:10 Pourquoi on ne peut plus débattre ? Parce que parfois, que ce soit à l'extrême droite
15:13 ou à l'extrême gauche, il y a l'instrumentalisation de certains débats,
15:17 il y a de l'huile qu'on jette sur le feu, alors que notre rôle de politique,
15:22 c'est d'analyser, de canaliser certaines haines,
15:25 certaines rancœurs, certaines interrogations,
15:28 et d'aller dans le bon sens, vers l'apaisement,
15:31 et surtout sur ce conflit israélo-palestinien,
15:34 d'être dans la position historique de la France,
15:37 de dire qu'il faut donner la chance à la possibilité d'avoir deux Etats,
15:41 un Etat palestinien et un Etat israélien.
15:44 Dès qu'on souffle des braises d'un côté ou de l'autre,
15:47 on déséquilibre la situation,
15:49 on crée du débat conflictuel dans notre pays,
15:52 et on n'arrange certainement pas la situation en Palestine et en Israël.
15:56 Est-ce que Sciences Po, l'école que vous avez connue, elle a changé ?
16:00 Est-ce que ça vous étonne qu'il y ait ce genre de propos qui puissent être tenus ?
16:06 Il y a toujours eu des propos excessifs,
16:08 il y a toujours eu des prises de position très fortes.
16:11 Il ne faut pas croire que Sciences Po, c'est le temple du gauchisme.
16:14 La vérité, c'est que la plupart des étudiants de Sciences Po sont centristes.
16:17 J'ai plus le temps maintenant que je suis député,
16:19 j'étais enseignant en droit public.
16:21 C'est une minorité agissante qui se mobilise,
16:26 qui a la fougue de la jeunesse.
16:28 Il faut que les règles très claires soient établies.
16:31 Aucune discrimination ne peut être permise,
16:33 elles doivent être lourdement sanctionnées.
16:35 Mais encore une fois, on fait de ce cas un cas général.
16:38 Les chaînes d'information continuent d'en parler tout le week-end,
16:40 c'est tout à fait excessif.
16:42 Il y a la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse,
16:45 qui a dit que la région Ile-de-France finançait cette grande école.
16:48 C'est financement à Sciences Po. Vous trouvez qu'elle a raison ?
16:51 Non, je trouve que c'est rentrer dans le même débat
16:54 de la conflictualisation à outrance,
16:56 et des coups de menton, des coups de boutoir
16:58 pour faire le bon mot politique.
17:00 Que la région Ile-de-France finance cette grande école, c'est normal.
17:05 Vous avez à l'intérieur des grands professeurs,
17:08 des étudiants issus de partout en France
17:11 qui ont besoin d'avoir une école Sciences Po.
17:13 L'Etat va continuer à financer ces 75 millions.
17:16 C'est juste une suspension, a priori.
17:18 Vous dites que vous devez reprendre...
17:20 C'est exactement de la même façon.
17:24 Au lieu d'apaiser, de mettre un peu d'huile sur le feu,
17:27 sur un sujet qui est un sujet tendu.
17:29 Mais je le redis, les universités, les grandes écoles,
17:32 sont des lieux où il doit y avoir du débat,
17:34 où il doit y avoir de la conflictualité,
17:36 mais encadré aussi un peu par des adultes et des professeurs.
17:39 Il faut un peu plus d'autorité à Sciences Po ?
17:42 C'est compliqué, parce qu'il y a un président,
17:45 un directeur qui vient d'être nommé,
17:47 mais qui est là en attendant la nomination d'un autre.
17:52 On parle d'université, c'est un lieu de liberté.
17:54 On n'est pas à l'école primaire.
17:56 Les uns et les autres ont des opinions,
17:58 ont le droit de les exprimer, se mobilisent,
18:01 font valoir des expressions.
18:03 Moi, il y a une revendication que je n'accepte pas,
18:05 c'est celle de couper les partenariats universitaires avec Israël.
18:08 Ça me semble tout à fait excessif.
18:10 Maintenant, les dialogues se font.
18:12 Je crois que Jean Basser a pris la bonne décision de discuter.
18:20 Aujourd'hui, les choses sont apaisées et ça va dans le bon sens.
18:23 On va parler maintenant d'une toute autre question
18:26 qui a été posée dans l'hémicycle cet après-midi,
18:28 celle du député LR de la Loire, Antoine Vermorel-Marquez.
18:33 Il interpellait le Premier ministre sur les écrans,
18:37 parce qu'un rapport a été rendu aujourd'hui à l'Elysée au président.
18:41 - J'ai déjà eu l'occasion de dire que j'étais très favorable
18:45 à la proposition de loi que vous avez déposée avec Annie Gennevard,
18:49 qui interdit les écrans dans les crèches
18:51 pour que les assistantes maternelles puissent être reprises et adoptées.
18:54 Nous devons aller plus loin sur la place des écrans
18:56 chez les moins de 6 ans, qui est un véritable fléau.
19:00 Une étude récente indiquait qu'un enfant de moins de 6 ans
19:03 passait à peu près autant de temps en nombre d'heures
19:05 devant un écran qu'à l'école sur l'année,
19:07 entre 830 et 860 heures.
19:10 L'écran pour l'écran n'a aucun intérêt et peut être dangereux.
19:13 On devra repenser aussi à un certain nombre de politiques
19:16 qui sont menées dans nos services publics,
19:18 notamment dans l'éducation.
19:20 - Philippe Brun, vous la voterez, cette proposition de loi ?
19:24 La majorité est prête à reprendre une proposition de loi LR
19:27 pour réguler les écrans ?
19:29 - Oui, en tout cas, qu'est-ce qu'on constate aujourd'hui ?
19:31 Il y a une recherche qui est en train d'être faite,
19:33 qui va être remise, on l'a appris tout à l'heure.
19:35 Ce qu'on constate, c'est qu'il y a des problèmes
19:37 de troubles de l'attention importants chez les jeunes
19:39 en raison de l'addiction aux écrans, en particulier
19:41 chez les plus jeunes, l'addiction précoce aux écrans.
19:44 Il y a probablement des régulations qui vont être...
19:46 - Ce que dit ce rapport, en gros, c'est pas d'écran avant 3 ans,
19:48 très limité jusqu'à 6 ans, et puis après, les réseaux sociaux,
19:51 à partir de 15 ans et plutôt 18 ans.
19:54 - Oui, en tout cas, c'est vrai que l'addiction aux écrans,
19:57 elle est problématique. On a une augmentation aujourd'hui
19:59 des troubles de l'attention, une augmentation aussi
20:01 du spectre autistique, que l'on n'arrive pas à expliquer,
20:04 et qui pourrait être, je ne suis pas chercheur,
20:06 mais c'est une des hypothèses qui est avancée
20:08 par certains chercheurs d'études australiennes, notamment,
20:10 qui pourrait être causée par l'exposition aux écrans.
20:14 Et donc, évidemment, il faut réguler,
20:17 si c'est possible de le faire, et il faut le faire aussi
20:19 de manière très fine, afin que l'on touche vraiment
20:23 les bons publics, et en tout cas, avant 6 ans, oui,
20:26 il faut limiter le plus possible l'exposition
20:28 aux écrans de téléphone et de tablette.
20:30 - Une fois qu'on a dit ça, Erwan Balanant, comment on fait ?
20:32 Comment on fait pour interdire les écrans à la maison ?
20:34 Il n'y a pas de police qui va venir vérifier tout ça ?
20:36 - Oui, mais moi, j'aimerais juste compléter.
20:38 Et les écrans ne sont pas non plus
20:41 les responsables de tous les maux de notre jeunesse.
20:44 Il y a d'autres sujets, et avoir une politique
20:47 de la jeunesse dans un pays, c'est un effort qu'il faut avoir,
20:51 et peut-être qu'on ne l'a pas, assez collectivement,
20:54 des municipalités jusqu'à l'État, et donc j'en prends notre part.
20:58 Je ne suis pas sûr qu'on se préoccupe assez de la jeunesse.
21:01 - Alors, ça veut dire quoi ? Des associations ?
21:03 - Il faut sans doute...
21:05 Vous savez, j'ai beaucoup travaillé sur le harcèlement scolaire,
21:08 j'ai créé la loi sur le harcèlement scolaire.
21:11 Je pense que nous avons besoin d'une grande politique de jeunesse,
21:14 et qu'il faut qu'elle se déploie sur tout le pays.
21:17 Une fois qu'on a dit ça, effectivement, j'ai pas dit grand-chose.
21:19 Et comment on va interdire les écrans dans les familles,
21:21 c'est un vrai sujet, et je pense que ça passe par
21:24 de la pédagogie, de l'apprentissage.
21:26 Parce que les écrans sont aussi des outils formidables pour nos enfants.
21:29 Moi, j'ai une fille de 14 ans, elle a une gestion des écrans
21:32 que j'espère être raisonnable, mais c'est aussi un superbe outil
21:36 pour elle de sociabilisation, d'accès à la connaissance,
21:40 et de création. Et tout ça, il ne faut pas non plus l'oublier.
21:43 Donc, c'est par un travail d'apprentissage, c'est-à-dire indiquer...
21:48 Effectivement, je pense qu'il faut interdire dans les crèches, les écrans.
21:51 - Crèches, téléphone portable à l'école...
21:54 - Les téléphones portables à l'école, on l'a fait au collège.
21:57 Peut-être qu'il faut aller plus loin, parce qu'il y a encore
21:59 des téléphones portables qui circulent dans les collèges.
22:01 Et on a aussi, collectivement tous, fait des choix
22:05 de choses numériques pour nos enfants.
22:07 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on demande à nos enfants
22:10 de ne pas trop regarder leurs écrans, mais leurs devoirs
22:14 leur sont fournis par l'écran, et leurs notes également.
22:17 Donc tout ça, c'est des choses qu'il faut...
22:20 - Il faut contrôler, il faut responsabiliser les parents.
22:23 - Il faut tous qu'on se responsabilise dans notre rapport à l'écran.
22:28 C'est formidablement addictif, c'est formidablement attirant,
22:33 et tous et toutes, on y passe parfois beaucoup de temps,
22:37 à l'issue de notre prélinguée, j'ai envie de dire.
22:39 - Souvent, les parents passent aussi beaucoup de temps,
22:41 par rapport aux enfants.
22:42 - Mais c'est aussi un outil extraordinaire, c'est aussi quelque chose...
22:44 - Donc vous, vous ne dites pas, il faut jeter le bébé avec l'eau du bain.
22:47 - Et je ne crois pas que c'est ce que fait le rapport,
22:49 et dans ce rapport, il y aura des indications, des propositions fortes,
22:53 il faudra qu'on les étudie avec beaucoup de détermination,
22:57 parce que c'est des sujets de santé mentale, santé physique,
23:00 d'accès à la connaissance, c'est un sujet vaste,
23:04 et on ne pourra pas penser que le numérique va disparaître de nos vies aussi,
23:07 vous voyez ce que je veux dire, donc tout ça, il faut le prendre en compte.
23:10 - Il faut vivre avec, il y aura donc peut-être cette proposition de loi,
23:12 on l'égifère, mais comment vous, vous pensez qu'on peut appliquer cela,
23:17 à part les crèches, les écoles, interdire effectivement l'imité ou les écrans ?
23:22 - De toute façon, je crois que le but n'est pas de rentrer dans les foyers,
23:25 mais en tout cas c'est de donner des recommandations claires aux parents,
23:27 et les parents, ils ont besoin aussi d'informations,
23:29 car aujourd'hui, on ne sait pas trop, on navigue un peu à vue,
23:31 on ne sait pas exactement quel est l'effet réel des écrans sur les enfants.
23:34 - Mais qui doit informer ? Est-ce que c'est l'école ?
23:36 - Est-ce que c'est le pédiatre ? - Si il y a une politique publique très claire,
23:39 les parents sauront quoi faire avec leurs enfants à la maison,
23:41 comme c'est le cas dans tout un tas d'autres sujets,
23:44 où les parents respectent les consignes qui sont données,
23:46 on l'a vu par exemple pendant la crise sanitaire.
23:48 Mais je reviens sur ce qu'a dit mon collègue, il l'a très bien dit,
23:51 sur le désarroi de notre jeunesse aujourd'hui.
23:53 Moi, je constate avec une grande tristesse,
23:56 le nombre de dépressions qu'il y a chez les jeunes lycéens notamment,
23:59 les taux de suicide aussi qui augmentent.
24:02 Une jeunesse qui aujourd'hui se demande où elle va,
24:05 quel est le sens de son existence, et c'est bien pas à cause des écrans,
24:08 bien sûr, qu'elle se pose des questions comme celle-là,
24:11 mais c'est peut-être la société dans laquelle on vit,
24:14 l'éco-anxiété, l'absence de récits collectifs,
24:17 la montée de l'individualisme, et d'abord,
24:20 face à tout cela, il faut qu'on réfléchisse à une vraie politique en faveur de la jeunesse.
24:23 Merci Philippe Brun, merci Erwann Balanand d'avoir été avec nous
24:26 pour le débrief de ces questions au gouvernement,
24:28 merci évidemment à Elsa Mondingava et Marco Pommier
24:30 qui m'ont accompagnée tout au long de cette émission,
24:32 ainsi qu'à Clément Perreault qui était avec nous en première partie.
24:35 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
24:37 Rendez-vous pas demain, puisque nous sommes le 1er mai,
24:40 et mardi prochain pour une nouvelle séance de questions au gouvernement.
24:43 [Musique]