• il y a 6 mois

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00:00 7h45, vous allez donc voir à partir d'aujourd'hui une campagne télé contre les violences éducatives
00:06 ordinaires.
00:07 C'est par exemple donner une fessée à son enfant.
00:09 Et vous, est-ce que ça vous arrive de donner une claque ou de craquer ?
00:12 Tout simplement, appelez-nous en tant que parents au 04 77 10 00 10.
00:17 Écoutez par exemple ce père de famille Stéphanois.
00:19 Je ne pense pas que ce soit en tapant qu'un enfant retient mieux, quoi que ce soit en
00:24 fait.
00:25 Il peut y avoir des punitions, des interdictions, des choses comme ça, mais tout ce qui est
00:28 corporel, je n'y crois pas tellement.
00:30 Et on est en confiance ce matin avec l'analyse, les conseils de Claire Marceau.
00:33 Bonjour.
00:34 Bonjour.
00:35 Vous êtes coache parentale, psychopraticienne, je vais y arriver, spécialisée dans la relation
00:40 parent-enfant.
00:41 Yann parlait de donner une fessée pour qualifier ces violences éducatives ordinaires.
00:45 Ça peut être quoi d'autre ?
00:46 Ça peut être tout ce qui est forme d'humiliation, de chantage, de menace.
00:52 Tout ce qui va en fait faire peur à l'enfant et qui va le faire se sentir en insécurité.
00:57 Ça, c'est des violences éducatives ordinaires.
00:59 Qui sont donc ciblées par ces spots télé.
01:03 C'est quand même une nouveauté, c'est une avancée claire, nette et intéressante,
01:09 ces spots télé ?
01:10 Oui, tout à fait.
01:11 Tout à fait, parce que nous n'avons pas forcément eu cette éducation-là sans violence.
01:15 Et donc c'est quelque chose qui est très présent dans notre société, de menacer,
01:19 de faire peur à l'enfant pour le faire obéir.
01:21 Et donc ces spots permettent de prendre conscience en fait de notre comportement et de voir
01:27 comment est-ce qu'on peut faire autrement.
01:28 Parce que ça a un réel impact sur nous.
01:30 C'est-à-dire que nous, adultes aujourd'hui, nous en avons probablement déjà des conséquences
01:35 dans les croyances que nous pouvons avoir sur nous, etc.
01:37 Du stress, de l'anxiété.
01:39 Alors on n'en est pas forcément conscient parce qu'on est encore quand même pas mal
01:42 de générations à avoir subi parfois ces violences-là sans qu'elles aient été questionnées.
01:46 Écoutez, Émilie qui est maman d'un garçon d'une dizaine d'années.
01:50 Oui, je m'en souviens.
01:51 Et je sais pourquoi je l'ai reçue.
01:53 Je comprends pourquoi je l'ai reçue.
01:54 Ça ne m'a pas non plus traumatisée.
01:56 Au contraire, je pense que ça m'a recadré à certains moments.
01:59 Je vais très bien, je vous assure.
02:01 Elle va très bien, Émilie.
02:02 Elle a reçu des gifles, elle a reçu des fessées.
02:04 Elle va très bien.
02:05 Elle n'a pas basculé du mauvais côté pour autant.
02:07 Ça, c'est très répandu comme position.
02:09 Tout à fait.
02:10 Et c'est un très bon exemple pour montrer que quand on est enfant et qu'on reçoit de
02:13 la violence de la part de nos parents, on a un cerveau qui est trop immature pour être
02:17 capable de se dire "C'est pas normal que mon parent me frappe.
02:19 C'est pas normal que mon parent m'humilie, etc."
02:22 Donc, on va donner du sens à ce qui nous arrive et c'est de là qu'on va créer ce
02:25 qu'on appelle des croyances qui ensuite vont continuer d'être présentes à l'intérieur
02:31 de nous dans notre vie d'adulte.
02:33 Et donc, c'est pour ça qu'on se retrouve à dire "En fait, ça ne m'a pas tué et
02:36 même mon parent avait de bonnes raisons de faire ça parce que j'étais vraiment désagréable,
02:40 j'étais vraiment pénible, j'étais vraiment un mauvais enfant."
02:42 Ce qu'on entend aussi souvent, c'est aujourd'hui, c'est la société de l'enfant roi à qui
02:48 on permet tout.
02:50 Est-ce qu'il faut lutter contre le principe de l'enfant roi ?
02:53 Alors, l'enfant roi, ce qu'on décrit comme un enfant roi, c'est un enfant à qui on n'a
02:57 donné aucune règle, aucun cadre.
02:59 Donc, c'est un enfant qui n'a pas été mieux respecté finalement qu'un enfant qui
03:03 est frappé, humilié, etc. parce qu'un enfant a besoin de repères, il a besoin de cadres
03:07 pour vivre en sécurité.
03:09 Et le fait de ne pas avoir de cadre, ça crée de l'insécurité.
03:11 Et ces enfants qu'on appelle les enfants rois, c'est des enfants qui sont en insécurité
03:15 totale, ils cherchent des repères, ils cherchent un cadre.
03:18 Il y a des parents qui nous écoutent ce matin, ils ont peut-être craqué ce week-end pendant
03:22 les vacances, ça a peut-être été parfois long ce matin, pour arriver à ce que leurs
03:25 enfants veuillent bien enfin s'habiller pour ne pas être en retard.
03:28 Est-ce que ce sont de mauvais parents ?
03:30 Il n'existe pas de mauvais parents.
03:32 Il existe seulement des parents qui font comme ils peuvent, avec ce qu'ils ont reçu, avec
03:35 l'histoire qu'ils ont vécue.
03:36 En revanche, aujourd'hui, ce que l'on sait, c'est que c'est l'impact de ces comportements-là
03:42 sur le développement de l'enfant.
03:43 Et donc, nous avons la chance d'avoir ces informations-là et puis d'avoir justement
03:48 des possibilités de faire autrement.
03:49 Bien sûr, souvent, on ne sait pas comment faire autrement.
03:51 Donc, ce qui peut être aidant, c'est de participer à des groupes de parents, de discuter avec
03:55 d'autres parents, de lire, de rencontrer des professionnels pour justement arriver
03:59 à comprendre qu'est-ce qui nous mène à ce comportement-là et comment est-ce qu'on
04:02 peut faire autrement pour accompagner notre enfant en toute sécurité.
04:05 Se comprendre soi-même, comprendre le fonctionnement de l'enfant, se remettre à sa place ce qu'on
04:10 a oublié.
04:11 Exactement.
04:12 Tout à fait, parce que si on y réfléchit, quand notre collègue nous gonfle, par exemple,
04:15 on ne lui met pas une claque ou une fessée, ou on ne va pas l'humilier.
04:19 Bon, ça peut arriver qu'on le traite de quelque chose, mais en tout cas, on n'a pas
04:23 le même comportement avec les adultes qu'avec les enfants.
04:26 Donc, ça veut dire que nous sommes tout à fait capables, en réalité, de prendre
04:30 sur nous, d'exprimer ce qu'on voudrait, ce qu'on ne voudrait pas.
04:33 C'est plus difficile avec les enfants parce que comme ils sont plus petits, en général,
04:37 quand on est en réaction de stress, en réaction d'attaque, on attaque plutôt des personnes
04:40 qui sont plus petites que nous, moins fortes que nous.
04:42 C'est inconscient, bien sûr, on ne le fait pas exprès.
04:44 C'est quelque chose qui se fait automatiquement.
04:45 Vous, vous êtes coache parentale, vous évoluez auprès des enfants, auprès des parents.
04:50 Est-ce que pour l'adulte qui sévit, ces interventions permettent de se réparer aussi,
04:57 de se rendre compte de ce qu'on a subi et peut-être de faire un chemin personnel ? On
05:01 ne parle pas que de l'enfant, on parle aussi du parent.
05:03 Exactement.
05:04 Je crois que bon nombre de parents, d'adultes, quand ils deviennent parents, réalisent tout
05:09 à coup ce qui s'est passé pour eux, parce que c'est très confrontant d'être parent.
05:12 Moi, c'est moi la première, quand je suis devenue maman, je me suis retrouvée avoir
05:15 des excès de violence, à sentir des choses à l'intérieur de moi qui me faisaient extrêmement
05:20 peur.
05:21 Je me disais "mais qu'est-ce qui se passe ?" alors que ce sont les personnes que j'aime
05:22 le plus au monde, mes enfants.
05:23 Et là, j'ai réalisé tout ce que peut-être j'avais pu vivre et tout le stress que j'avais
05:29 pu vivre quand j'étais enfant.
05:31 Et effectivement, le fait de pouvoir aller se mettre en contact avec cet enfant-là,
05:34 comprendre ce qui s'est passé pour nous, va permettre de désamorcer petit à petit
05:38 nos réactions.
05:39 - On travaille ensemble, on discute, on se projette sur ce qu'on a été, ce qu'on doit
05:45 être et ce que nos enfants seront, bien entendu.
05:48 Un petit mot, le 15 juin, à Unieux, il y a un spectacle auquel vous collaborez.
05:52 - Alors que j'ai créé et que je joue avec une collègue à moi, Anne Puppé, qui est
05:56 comédienne et danseuse, qui s'appelle "Ados en chantier".
05:59 C'est un spectacle sur la relation entre les parents et les ados.
06:03 Encore une partie de l'enfance qui n'est pas très connue.
06:06 Les ados, tout de suite, on a tendance à les juger, à se dire "ça va être une période
06:11 super difficile, ils vont être chiants, etc."
06:13 Pareil, c'est intéressant de comprendre ce qui se passe dans le cerveau des ados, ce
06:16 qui se passe pendant cette période.
06:17 C'est vraiment passionnant.
06:18 Donc on met ça en scène toutes les deux avec Anne et on a eu de beaux retours, à
06:23 la fois émouvants et plein d'humour des premiers spectateurs que nous avons eus, parce que
06:29 nous avons commencé à jouer fin 2023.
06:30 - Ce sera le 15 juin donc à Unieux.
06:33 On souhaite un bon retour à l'école, aux écoliers, aux collégiens, aux lycéens,
06:38 effectivement, parce qu'il y a des choses à dire sur les rapports entre les parents,
06:43 les enfants, à la sortie de ces vacances scolaires.
06:45 Merci d'avoir été avec nous Claire Marceau, vous êtes coache parentale.
06:49 - Avec plaisir.
06:50 - Merci beaucoup.

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