Jean Palau et Léon Servant reprennent ensemble la chanson "Quoi de plus beau", de Lilian Renaud. Les deux Catalans, anciens candidats à The Voice, lancent "un cri d'alerte et de désespoir" sur la situation des agriculteurs en France.
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00:00 Et ce matin nous recevons non pas un mais deux invités dans notre studio.
00:04 Vous les avez découvert dans le télécroché The Voice sur TF1, deux catalans chanteurs et agriculteurs.
00:09 Ils viennent de sortir un titre ensemble en soutien à leur profession. Ils répondent à vos questions Suzanne Chojailly.
00:16 Bonjour Jean-Paolo. Et bonjour Suzanne, bonjour à tous les auditeurs. Vous êtes éleveur et producteur de fromage à
00:22 Laiagone. Et bonjour Léon Servan. Bonjour. Vous êtes vigneron sur la Côte-Vermeille.
00:27 Vous étiez candidat à The Voice là tout dernièrement en mars, au printemps.
00:31 Et Jean pour vous, pardon, oui ? Non juste pour dire que j'étais sorti le 6 avril, voilà.
00:37 Oui voilà. Tout récent. C'est tout récent. Et Jean pour vous c'était il y a deux ans ?
00:41 Et c'était il y a deux ans déjà, ça passe vite.
00:43 En 2022, il y avait Florent Pagny. Et donc vous sortez un titre ensemble qui s'appelle "Quoi de plus beau ?"
00:48 *Musique*
01:11 Alors c'est donc une reprise cette chanson. C'est une chanson écrite par un ancien gagnant de The Voice,
01:15 Lilian Renaud, qui a grandi lui dans une famille d'agriculteurs. Qui a eu l'idée de ce duo ? Léon ?
01:21 Alors, moi comme j'étais dans l'aventure cet hiver et
01:26 je me posais beaucoup de questions sur la pré dont j'ai envoyé quelques messages et
01:30 Jean m'a répondu. Une des seules, pour pas dire le seul, qui m'est répondu.
01:34 Donc c'était essentiellement un échange en fait d'expérience sur The Voice tout simplement.
01:42 C'était pas une idée de chanson.
01:44 Oui, tu avais des craintes sur comment vivre...
01:47 Tu m'avais posé la question comment moi j'avais vécu en fait l'émission,
01:50 ce qu'il y a après, comment les gens se comportent et tout ça.
01:53 Et voilà, et puis tu m'as glissé dans le lot. J'aimerais bien faire un duo avec toi.
01:58 Et voilà, et puis tout a démarré assez vite.
02:00 Donc vous vous êtes dit, vous êtes deux agriculteurs, forcément on va faire quelque chose sur le malaise
02:06 du métier, de la profession en ce moment qui dure depuis plusieurs mois.
02:09 Et puis le malaise qui s'est pas arrêté malheureusement.
02:14 Et donc voilà, je lui ai dit oui effectivement, qu'il fallait qu'on se réunisse pour chanter un titre.
02:20 Je pense qu'il faut qu'on parle de qui on est aussi en dehors de notre côté chanteur.
02:25 Et puis dans les recherches, alors j'ai pas
02:28 ciblé Lilian Renaud impérativement, mais ça a été vraiment une recherche de texte.
02:33 Et puis voilà,
02:37 au final la chanson est sortie, puis toute une équipe s'est mobilisée avec nous pour pouvoir réaliser ce titre
02:43 assez rapidement.
02:45 On va y revenir, juste pour revenir sur la mobilisation des agriculteurs de ce début d'année.
02:50 Est-ce que vous vous deux, vous y avez participé dans le département ?
02:52 Participer physiquement non, moralement bien sûr, mais
02:57 oui je pense qu'il faut en parler, c'est important. Et quand Jean m'a proposé ce titre, on a foncé pour essayer un autre
03:06 petit grade, on va dire, de donner un coup de main, de se faire entendre.
03:09 Oui, alors pour ma part, les ronds-points, ils étaient trop loin de l'exploitation.
03:13 Il y en a beaucoup qui n'ont pas pu rejoindre le mouvement.
03:15 Par contre, j'étais en lien complet avec mes collègues qui, eux, pouvaient être dans des endroits cibles.
03:23 J'ai aussi participé,
03:26 moi je suis investi aussi sur le territoire en tant qu'élu municipal,
03:30 et donc j'ai essayé de m'investir au plus possible dans les institutions.
03:37 Plutôt que d'être sur les ronds-points, c'est pas que je trouve que c'était une mauvaise idée, mais c'est que, comme je le dis en plaisantant,
03:41 mais c'est vrai, moi à l'ayagone, à côté des Angles, il n'y avait pas grand monde au niveau des ronds-points, donc on n'allait pas faire grand chose.
03:47 Et vous trouvez que depuis ce mouvement, les choses ont changé pour la profession ou pas tellement ?
03:52 Hélas non.
03:55 Il y a des fonds d'aide, effectivement, qui ont été
03:58 dits. Karine Lemarchand, d'ailleurs, qui a fait sur les réseaux sociaux un grand coup de
04:04 colère par rapport à ça, c'est que ça répond pas du tout aux choses.
04:07 Ceci dit, les préfets sont un peu désarmés parce qu'on leur donne évidemment ce qui arrive d'en haut, mais c'est pas adapté.
04:14 Donc il n'y a rien qui a été mis en place. Les aides n'ont pas été données comme ça a été promis, parce qu'on parle d'aides
04:20 qui sont récurrentes et qui auraient dû être données déjà l'année dernière.
04:25 C'est pas assez, il y a un trop grand retard qui a été accumulé ?
04:31 Il y a un retard qui s'est accumulé depuis 4-5 ans, mais impressionnant, c'est-à-dire qu'on
04:34 arrive un an après. - Est-ce que, Léon, par exemple, ça vous est déjà arrivé de
04:39 vous dire "je vais tout plaquer, je vais tout arrêter" ?
04:41 Oui, ça arrive, mais c'est surtout ce qu'il ne faut pas faire. Il faut montrer qu'on est fort, montrer que
04:47 quelque part on nourrit la France aussi, donc il faut se battre pour ça.
04:52 Mais il y a quelques matins, oui, c'est vrai que c'est compliqué. Quand on se lève et qu'on voit qu'on n'est
04:58 pas soutenu, tout simplement, quand on voit
05:01 nos anciens, ceux qui galèrent avec
05:04 leur retraite, tout ça, d'un moment il y en a marre.
05:09 J'espère en tout cas qu'on sera un peu entendus et que ça changera les choses.
05:13 Il est 7h50 sur France Bleu Roussillon, Suzanne Chaudjahi nous invite.
05:17 Jean Palau et Léon Servan, deux Catalans anciens candidats à The Voice et tous les deux sont agriculteurs.
05:22 Alors dans la chanson que vous reprenez, vous dites
05:25 "Monsieur le Président, il y a des hommes qui pleurent au bord des rivières,
05:28 paysans pour la vie, un suicide chaque nuit, il n'y a qu'en haut qu'on chante du pognon dans les veines, mais c'est dans la terre que
05:34 meurent les hommes." Vous l'avez envoyé à Emmanuel Macron cette chanson ?
05:37 Non.
05:40 C'est une idée, effectivement, mais je pense que, bon, là la sortie elle est imminente, donc
05:45 là c'est vraiment une avant-première ce matin, mais je pense qu'effectivement c'est quelque chose qui va être
05:51 relayé parce que c'est pas une revendication agressive, c'est vraiment un message
05:57 un cri d'alerte, un cri d'alerte de désespoir et
06:02 moi j'ai croisé des grands bonhommes dans l'agriculture,
06:05 de la testostérone, et pourtant oui on les voit pleurer quoi, et ça c'est juste pas normal, cette chanson dit voilà
06:12 c'est un métier qui est les racines de la vie, les racines de l'humanité
06:18 et c'est vraiment ça.
06:20 On l'a dit tout à l'heure, il y a des centaines de millions d'euros qui ont été mis sur la table depuis le mouvement des agriculteurs,
06:25 qu'est ce que vous attendez de plus avec cette chanson ?
06:28 Léon ?
06:31 Qu'est ce qu'on attend de plus ? Que ça bouge vraiment, les paroles c'est bien beau, mais
06:35 maintenant il faudrait qu'il y ait des actes, qu'on soit vraiment soutenus, qu'on se sente soutenus
06:40 et puis qu'on n'aille pas au travail en se disant "mais qu'est ce qui va se passer aujourd'hui quoi, qu'est ce qui va nous tomber sur
06:45 la tête, qu'est ce qui va nous arriver ?" - Et puis c'est que des annonces, il n'y a pas eu
06:50 d'arrivée dans les exploitations agricoles, rien n'a changé, c'est à dire il n'y a pas
06:54 d'aides qui ont été versées,
06:58 ça parle de créer des nouvelles aides, mais déjà simplement de donner les aides qui sont habituellement données, et puis après
07:05 c'est pas une question d'à chaque fois mettre de l'argent sur la table,
07:09 mais c'est de défendre tout simplement le modèle agricole qui est français - et un accompagnement - et un accompagnement
07:15 voilà et c'est vrai que
07:17 d'année en année beaucoup de normes se sont mises
07:19 parfois plus lourdes que simplement des normes européennes
07:22 et que je comprends, alors nous on est en vente directe donc on est un peu moins exposé, je parle pour mon cas
07:28 qui suis en vente directe à la ferme, mais j'ai plein de collègues qui effectivement vont sur le marché
07:35 dans la jungle de tout le monde et
07:37 là c'est compliqué parce qu'il n'y a pas une
07:41 protection, une préférence sur les produits français. - Alors dans ce contexte
07:44 difficile, on l'a bien compris, est-ce que la musique, notamment The Voice, ça a été un peu une soupape ? Est-ce que dans votre quotidien
07:51 retrouvé depuis l'émission, ça vous aide la musique ? - Oui, oui, oui, complètement.
07:56 Tout à l'heure
07:58 vous disiez est-ce que de temps en temps on a envie d'arrêter,
08:01 c'est ça. Il y a des moments, alors moi j'ai la chance de travailler en couple,
08:04 je dis que c'est une chance parce qu'il y en a qui disent parfois que c'est compliqué en couple, moi c'est une chance parce que
08:08 quand il y a l'un qui a envie d'arrêter, il y a l'autre qui remonte le moral,
08:11 et la musique fait partie également de la soupape, c'est-à-dire
08:14 moi je chante actuellement à peu près tous les week-ends et c'est vrai que c'est là où on est. - En concert ? - Oui, en concert,
08:20 dans le département,
08:23 et puis voilà, et puis on pense à autre chose à ce moment-là, on reçoit beaucoup, on reçoit beaucoup des gens
08:29 et puis ça nous recharge pour repartir. - Vous Léon, c'est un peu plus frais le retour de The Voice,
08:35 mais peut-être que vous avez quelque chose à dire à ce propos ?
08:38 - Bah que, ouais, là en ce moment, on me reconnaît dans la rue, c'est un truc de fou, donc oui ça m'aide un peu mais
08:44 après, là c'est l'effet un peu feu de paille, il faut jouer dessus,
08:49 mais pour la suite, c'est vrai que si ça reste comme ça, je me fais quand même beaucoup de soucis.
08:53 - Pour votre profession en l'occurrence ? - Oui, oui, parce que on a...
08:56 Tout augmente, tout devient plus cher, donc les gens vont chercher des produits à l'étranger, moi je parle vis-à-vis du vin,
09:04 on voit pas mal de citernes arriver d'un peu partout, mais c'est pas du vin français, donc...
09:08 Majoritairement espagnol, à des prix défiant toute concurrence, donc nous quand on arrive avec...
09:14 C'est pas prétentieux du tout, mais quand on fait du colioure, on essaie de chercher quand même de la qualité et quand on voit tout ça
09:22 qui circule, on dit "oui, ça nous tue quoi".
09:25 Donc voilà. - Donc vous avez repris la chanson "Quoi de plus beau" pour alerter sur la situation des agriculteurs,
09:32 vous êtes donc vous-même éleveur, producteur de fromage à l'ayagone,
09:35 Jean Palau et Léon Servan, vous êtes vigneron sur la Côte-Vermeille, oui ? - Et une chose qu'on n'a pas dit, on va chanter, on va défendre
09:41 cette chanson à Perpignan
09:43 le 8 mai prochain, lors de la fête du Moulin à Vent au Parc des Sports,
09:47 on est en concert et on va chanter cette chanson au Parc des Sports devant les Perpignanais en direct.
09:54 Donc voilà, j'espère que ça touchera et mobilisera le maximum de gens dans cette cause qui est à mon avis noble et puis
10:01 c'est noté. - Merci beaucoup d'être venu. - Merci à vous deux d'être venus jusqu'à nous en studio.
10:10 - Merci à vous, à bientôt.