Catherine Pihan-Le Bars directrice générale adjointe aux opérations de la compagnie Le Train
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00:00 - Et il est 7h15, relié Bordeaux à Nantes en moins de 3h dans un train à grande vitesse,
00:05 qui ne soit pas un TGV, c'est le pari d'une compagnie basée à Bordeaux qui veut concurrencer
00:10 la SNCF.
00:11 Son nom ? Le train, tout simplement.
00:12 Sauf que le projet lui est tout sauf simple, en témoignent le déraillement économique
00:16 de Ralcop, mais dans cette aventure-là, les choses avancent peut-être plus sûrement.
00:20 Point d'étape ce matin, Laetitia Huveline, avec la directrice générale adjointe aux
00:24 opérations.
00:25 - Bonjour Catherine Pillon-Lebars.
00:26 - Bonjour Laetitia.
00:27 - Alors on a beaucoup parlé de Ralcop, évidemment c'est une coopérative ferroviaire qui souhaitait
00:32 relancer la liaison Bordeaux-Lyon, on attend la décision du tribunal de commerce aujourd'hui
00:35 sur sa liquidation d'ailleurs.
00:37 De l'extérieur, on pourrait penser que c'est un peu une expérience similaire, pourquoi
00:41 le train aurait une issue différente ?
00:44 - Bah écoutez, le train déjà c'est une nouvelle compagnie ferroviaire grande vitesse,
00:48 qui va lancer des liaisons dans le grand ouest de la France, Bordeaux-Nantes en moins de
00:51 3h, Bordeaux-Rennes en moins de 3h30.
00:53 C'est une compagnie qui est en fait structurée de façon très classique, on est un groupe
00:56 de société et avons soutien déjà de grandes banques françaises comme Crédit Mutuel Arkea
01:01 et le Crédit Agricole, avec de nouveaux investisseurs qui rentrent à notre tour de table d'ici
01:06 cette fin d'année.
01:07 C'est un projet qui vient répondre à une demande de déplacement qui est énorme et
01:10 qui explose dans le grand ouest sur cette façade atlantique.
01:13 Les gens aujourd'hui en France veulent se déplacer beaucoup, ils veulent se déplacer
01:17 en train parce que c'est plus respectueux de l'environnement.
01:20 On vient répondre à ces demandes en fait en leur proposant des liaisons qui sont enfin
01:23 compétitives par rapport à la voiture en termes de temps de trajet mais aussi en termes
01:27 de prix et de service.
01:28 Parce que pour le moment, en gros, il faut 5h pour Bordeaux-Nantes en direct, 4h si on
01:33 passe par Paris, il faut 3h en voiture, donc c'est vraiment là que vous voulez aller ?
01:37 Exactement, Bordeaux-Nantes aujourd'hui, vous mettez plus de 3h30 en voiture, vous
01:41 devez faire des pauses, si vous prenez un train effectivement vous pouvez prendre l'intercité
01:44 de la côte qui est assez longue, 4h15, ou un TGV qui passe par Paris avec une correspondance
01:49 et personne n'aime les correspondances, c'est une zone de risque pour les clients.
01:52 Donc ce direct en moins de 3h, 5 allers-retours par jour et qui permet d'arriver avant 9h
01:57 le matin à Bordeaux comme à Nantes, c'est là le vrai game changer en fait pour permettre
02:01 aux voyageurs sur cette ligne de laisser leur voiture au garage.
02:03 Notre invitée ce matin dans l'éco, d'ici Catherine Pion-Lebarz, directrice générale
02:07 adjointe aux opérations de la compagnie Le Train.
02:09 Alors vous avez récemment renoncé à faire rouler des rames d'occasion, vos trains ils
02:13 vont ressembler à quoi ?
02:14 Alors nos trains vont être des trains grande vitesse de dernière génération qui sont
02:18 construits par le constructeur Talgo, qui est un constructeur espagnol avec lequel vous
02:22 voyez déjà d'autres compagnies ferroviaires rouler en France dans quelques mois, notamment
02:27 la Renfe.
02:28 Donc ce sont des trains qui sont particulièrement inclusifs parce que ce sont des trains simple
02:32 étage, quand vous rentrez dans le train vous n'avez aucune marche ensuite pour vous déplacer,
02:36 donc à la fois pour les personnes à mobilité réduite et puis pour chacun de nous en fait
02:39 c'est aussi beaucoup plus pratique.
02:41 Pour les bagages ?
02:42 Pour les bagages par exemple, mais aussi pour vos vélos puisque Le Train proposera 4 places
02:45 vélo à bord de chaque voiture pour que vous puissiez enfin embarquer votre vélo pour
02:49 aller à Nantes, pour aller à Bordeaux et en fait pour avoir votre arme fatale dernier
02:53 kilomètre avec vous dans le train.
02:55 Et on ne va pas acheter ces billets sur le site de la SNCF évidemment ?
02:58 Alors Le Train procédera à sa propre distribution, donc vous pourrez accéder à nos billets
03:02 sur notre application, sur notre site web, mais aussi sans doute sur des plateformes
03:06 de distribution de titres de transport et de billets de train.
03:10 L'objectif c'est que cette distribution soit la plus simple, la plus ergonomique possible.
03:14 L'objectif c'est de rendre Le Train facile pour tout le monde et de changer en fait la
03:18 façon dont vous allez voyager et ça, ça commence au moment de la réservation.
03:21 Et ça semble bien s'esseler, pourtant vous avez annoncé il y a quelques jours retarder
03:25 le calendrier prévu initialement pour une mise en service fin 2024.
03:29 Alors effectivement le calendrier il est serré, c'est sûr, ça reste une aventure industrielle.
03:36 Aujourd'hui les constructeurs de trains ne sont pas habitués à devoir répondre à
03:39 la demande de compagnies privées et donc effectivement il y a des délais de construction
03:43 qui sont longs, mais ce sont des délais de construction qui sont bien déjà validés
03:47 avec notre constructeur et donc effectivement on annonce aujourd'hui un démarrage entre
03:51 fin 2025 et début 2026 avec nos nouveaux trains.
03:53 Parce que la principale difficulté c'est le coût du projet, c'est le prix des trains.
03:58 Alors le prix des trains n'est pas forcément une difficulté, c'est comme quand vous achetez
04:01 une maison, vous levez de la dette pour acheter vos trains, c'est des objets qui sont très
04:06 faciles à financer, c'est surtout en fait la capacité des constructeurs à pouvoir
04:10 fournir des trains dans des plannings qui sont acceptables.
04:13 C'est là la vraie complexité de ces projets.
04:15 Et si vous ne visez pas à concurrencer la SNCF que sur des trajets à grande vitesse,
04:21 il y a aussi sur les intercités ?
04:23 Alors l'objectif pour nous n'est pas de concurrencer la SNCF, mais bien de répondre
04:28 à une demande qui aujourd'hui n'est pas adressée.
04:30 Donc vous le voyez, nos lignes Bordeaux-Nord, Bordeaux-Rhène, elles ne sont pas forcément
04:33 en concurrence directe avec les trains de l'opérateur historique.
04:36 Et effectivement, toute cette approche de gain de service pour les voyageurs, le train
04:40 souhaite aussi la porter sur ces lignes intercités qui sont Bordeaux-Nantes, Nantes-Lyon et potentiellement
04:46 Nantes-Lille, puisque le train est candidat à l'appel d'offres lancé par l'État
04:50 sur ces trains d'équilibre du territoire, ces intercités.
04:53 Et donc on saura qui est attributaire et qui va donc exploiter ces lignes à la fin de
04:56 l'année.
04:57 Merci beaucoup Catherine Pion-Lebarz d'avoir été avec nous ce matin.
05:01 Merci beaucoup Laetitia.
05:02 Merci le sujet.
05:03 vous intéresse, vous pourrez écouter cette interview en vidéo sur notre site francebleu.fr à 7h46.