• il y a 8 mois
Depuis quelques années, le jeu de guerre suscite un regain d'intérêt au sein des armées françaises. Dans un monde de plus en plus complexe, il permet de tester des options sans avoir à déployer de troupes sur le terrain. Il offre également une expérience immersive individuelle et collec¬tive, structurant la pensée, développant la vision stratégique et prépa¬rant l'esprit à l'improbable. Un outil essentiel dans la préparation et la modernisation des armées, qui favorise l'innovation et l'audace nécessaires pour faire face aux défis de demain.
Explication en détails dans ce nouveau numéro du Journal de la Défense.

Réalisateur : Sébastien Mesquida

Immersion au sein des forces armées.
Au travers d'images réalisées au plus près des entraînements comme en opérations, Le Journal de la Défense pose chaque mois un autre regard sur l'actualité des armées pour mieux appréhender et comprendre l'univers de la Défense.

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News
Transcription
00:00 [Musique]
00:17 Ici, des forces de l'Alliance. Ici, on a la coalition et ça ce sont les forces locales.
00:22 L'Alliance va faire une reconnaissance sur le quartier qui se trouve juste à côté.
00:28 Un jeu de guerre, un wargame, c'est un modèle d'environnement souvent complexe
00:34 dans lequel on essaie de comprendre quels sont les ressorts d'une crise, les jeux d'acteurs.
00:40 On va envoyer un bataillon d'infanterie mécanisée exploiter l'adversaire et se diriger vers la station de train.
00:47 Le facteur majeur d'incertitude s'appelle habituellement dans le monde militaire le brouillard de la guerre.
00:53 Le meilleur outil que je connaisse pour percer ce brouillard de la guerre, c'est le jeu de guerre.
00:59 On va tenter une infiltration des commandos par la rivière.
01:02 [Musique]
01:06 Dans toutes les armées, il y a une doctrine qui vous dit dans cette situation, il faut faire comme ça.
01:10 Et puis là, d'un coup d'un seul, vous vous retrouvez dans une situation qui n'est pas prévue.
01:14 Encore une fois, le jeu ne donne pas de réponse. Il pose des questions.
01:19 [Musique]
01:38 Le commandant Antoine Bourguillou est l'un des rares spécialistes du jeu de guerre en France.
01:43 L'un des acteurs de sa renaissance au sein des armées.
01:46 Pour lui, la guerre est aussi un art, celui de la stratégie et de la tactique.
01:51 Avec des pions, des dés et des cartes, il entraîne les officiers de l'armée de terre à faire face à l'imprévu.
01:58 [Musique]
02:01 Le scénario qu'on va jouer ici, c'est un scénario où les Rouges sont en attaque.
02:06 Leur objectif, c'est de s'emparer du franchissement de la coupure qui est ici, au niveau du village de Barthélemy.
02:13 Donc on était dans la colonne des 4-5, on va taper dans la colonne des 3.
02:17 Très bien.
02:18 [Musique]
02:22 Depuis quelques années, le jeu de guerre suscite un regain d'intérêt au sein des armées françaises.
02:27 Dans un monde de plus en plus complexe, il permet de tester des options sans avoir à déployer de troupes sur le terrain.
02:34 Le jeu et la guerre sont d'ailleurs liés depuis toujours.
02:39 Les échecs ou le jeu de go sont les ancêtres du Kriegspiel, le jeu de guerre moderne.
02:45 Il a été inventé par les Prussiens dans les années 1800, après leur défaite face aux troupes françaises.
02:52 En général, les armées qui sont vaincues sont tout le temps des armées qui essaient de comprendre pourquoi elles ont été vaincues.
02:58 Et cet outil, en fait, il va arriver à maturité en gros vers 1824.
03:02 C'est-à-dire après les guerres napoléoniennes, on utilise une carte topographique, on utilise des pions.
03:07 Et puis, effectivement, on utilise les dés.
03:10 Ils servent à représenter ce que Clausewitz appelle, et qui est au centre de sa pensée, la friction.
03:15 La friction, c'est tout ce qui est susceptible de ne pas bien se dérouler dans un plan.
03:19 A la fin du 19e siècle, les marines s'emparent de cet outil.
03:23 Entre la fin de la Première Guerre mondiale et le début de la seconde, le Naval War College américain à Newport a organisé pratiquement 350 parties de wargame.
03:31 C'est considérable. Et on parle de parties qui durent des semaines.
03:34 Après les deux explosions nucléaires d'Hiroshima et Nagasaki, certains se sont dit qu'il était absolument devenu inutile d'utiliser des jeux.
03:41 Quelqu'un, par plaisanterie, avait dit qu'il suffirait d'égoutter une grenade, de la poser au milieu de la table,
03:45 et puis de regarder combien de pions resteraient sur la carte pour déterminer le vainqueur.
03:49 Je pense que le jeu de guerre, effectivement, il est réapparu très clairement dans le domaine français depuis, je dirais, une dizaine d'années.
03:59 Pendant longtemps, la pratique du jeu de guerre a souffert d'un manque de notoriété en France,
04:09 trop souvent considéré comme un passe-temps ou un divertissement réservé à quelques initiés.
04:15 Mais le wargame refait aujourd'hui ses preuves comme outil de planification, de formation et de prospection à moindre coût.
04:23 On déploie les mêmes effectifs qu'une division, bleu et rouge confondus, à peu près 10 000 hommes sur le terrain.
04:31 Ce sont des ordres de grandeur, mais c'est la même pratique que la tactique à bas coût, avec cet aspect échange, l'aspect duel.
04:39 À la fin, il y a un perdant ou un vainqueur, et c'est aussi intéressant pour goûter le goût de la défaite.
04:46 Il est possible de recompléter des unités qui ont pris des pertes, mais on ne peut jamais les recompléter à 100%.
04:50 L'objectif pour nous, c'est de développer des gens autour d'une table pour qu'ils se parlent, pour qu'ils disent ce qu'ils font aux autres, pour qu'ils leur apprennent comment ils bossent.
04:57 Vous n'obtiendrez jamais des résultats de ce genre si vous mettez 25 personnes, 150 personnes dans un amphithéâtre
05:05 où il y avait quelqu'un qui fait défiler l'habituel PPT avec ses 45 slides sur l'offensive, la défensive.
05:10 Là, l'objectif, c'est que tout le monde soit émetteur et récepteur de savoir.
05:14 Merci à vous.
05:19 Alors comment créer un bon jeu de guerre ?
05:21 A Toulon, la Fondation Méditerranéenne d'études stratégiques en développe en ce moment pour la Marine Nationale.
05:28 Pierre Razou fait partie d'une petite caste, celle des créateurs de Wargame.
05:34 Ils ne sont qu'une poignée en France.
05:36 C'est un art complexe, un travail d'équilibriste pour modéliser des zones de conflit et trouver les thèmes stratégiques qui intéresseront les armées.
05:48 Typiquement, un Wargame aujourd'hui aéro-terrestre sur l'Ukraine, bien sûr que ça va intéresser plein de gens.
05:54 Un Wargame sur Asso sur Taïwan ou sur la prochaine gare de Corée, bien sûr que ça peut intéresser les gens.
06:00 Un Wargame sur le Moyen-Orient, c'est d'ailleurs pour ça qu'à l'époque j'avais conçu Fitna.
06:06 Ça c'est certain que ça va intéresser des gens.
06:09 Ensuite, vous avez des situations où on vous passe une commande.
06:13 La Marine nous dit "Voilà, on aimerait que vous nous fassiez un Wargame qui serve à éduquer en termes de flexibilité nos équipages, nos officiers.
06:25 Quels vont être les éléments clés dans une éventuelle confrontation ?
06:28 Quand vous jouez ici à ce Wargame sur cette portion d'océan Indien, vous y passez une journée ou une demi-journée.
06:40 Je peux vous assurer qu'à la fin, les participants ont compris qui était quoi, qui jouait quoi.
06:45 C'est un système complètement ouvert où la partie peut évoluer de manière totalement imprévisible.
06:52 Parce que c'est comme ça dans la vraie vie.
06:54 Les jeux de guerre sont pratiqués jusqu'au plus haut sommet de la hiérarchie militaire.
07:06 Plusieurs fois par an, le chef d'état-major des armées tient à participer à des Wargames sur les situations les plus tendues du moment.
07:14 Aujourd'hui, le jeu Flashpoint Baltique, développé par Patrick Reichtman et les équipes du CICDE, le Centre Interarmée de Concept, de Doctrine et d'Expérimentation.
07:26 Le scénario, un conflit en mer Baltique.
07:31 Autour de la table, des officiers d'état-major de plusieurs pays, venus spécialement au ministère des Armées pour cette session de jeu.
07:39 Sur ce jeu-là, on est à un niveau stratégique, au niveau politique et militaire.
07:46 Donc il y a beaucoup d'actions possibles.
07:48 Nous avons aujourd'hui des bénévolents qui sont en train de se chercher, notamment beaucoup en matière d'influence.
07:56 Le CICDE anime la fonction Wargaming interarmée.
08:01 Des scénarios complexes faits de lutte d'influence, d'opérations militaires ou de gestion de réfugiés.
08:07 L'intérêt du Wargame justement pour les grands chefs, c'est que c'est quand même relativement rapide.
08:14 Vous avez maintenant des sessions de Wargame qui peuvent s'installer en 15 minutes,
08:19 être jouées en 2 heures, avec des règles relativement faciles, à condition d'être accompagnés par un bon maître du jeu.
08:26 Là, le Wargame ou le Brain Game va permettre vraiment d'incarner la situation et donc de mieux la retenir.
08:33 Que se passerait-il si ? C'est la question fondamentale que l'on retrouve au cœur de chaque Wargame.
08:45 Et pour y répondre, les participants doivent se mettre dans la tête de l'autre, qu'il soit adversaire ou allié.
08:51 Comment établir des planifications qui soient efficaces et précises, le Wargame est une des solutions.
09:02 En fait, ici l'avantage c'est que c'est un travail collectif, avec des cerveaux qui se mettent en relation les uns avec les autres, à différents niveaux.
09:08 Ça peut être au sein d'une même armée pour des opérations de niveau opératif.
09:11 Ici, en fait, on le voit, c'est avec nos amis qui vont pouvoir mieux comprendre la situation collectivement,
09:18 voir l'explicité entre eux, mais aussi mieux comprendre les réactions des uns et des autres et comment combiner.
09:23 Et ça, c'est un avantage qui est décisif.
09:25 Pendant des heures, le maître du jeu va faire évoluer le scénario, pour tester les réactions des deux camps, pour les pousser dans leur retranchement.
09:38 C'est l'un des grands bénéfices du jeu de guerre, lutter contre l'aversion naturelle aux risques.
09:43 Dans l'environnement protégé qu'est le jeu, les participants vont faire preuve de plus d'audace dans leurs choix tactiques ou stratégiques.
09:51 Très concrètement, aujourd'hui, il faut être capable de prendre des risques.
09:57 Si on ne prend pas de risques, en fait, on a beaucoup de mal, on est toujours en retard et en fait, on n'existera pas.
10:02 Il faut impérativement qu'on prenne des risques, mais prendre des risques, c'est pas faire n'importe quoi.
10:06 Je pense qu'un war game permet de réduire la part d'incertitude dans le risque qu'on prend.
10:11 Donc ça, le war game est aussi quelque chose qui est essentiel, et donc pour moi en particulier.
10:14 Dès 2021, le chef d'état-major des armées a intégré le jeu de guerre dans sa vision stratégique.
10:22 Cette année, un centre français du war game va également être créé pour fédérer les initiatives.
10:35 Petit à petit, la culture du war game infuse dans toutes les armées, et ce, dès le stade de la formation.
10:41 En 2017, le jeu de guerre a fait son entrée à l'école de l'air et de l'espace.
10:47 L'armée de terre et la marine nationale intègrent également des modules war game dans leur cursus.
10:52 Par sa forme ludique, l'outil plaît à ces jeunes officiers et complète bien leurs cours magistraux.
11:02 Bonjour à tous, la première séance du jour, c'est un jeu qui porte sur le Moyen-Orient.
11:06 Un scénario qui, avec l'actualité du moment, bien sûr, fait écho.
11:10 Et l'idée pour vous, ce sera aussi de mieux maîtriser et de mieux comprendre comment s'articule l'arme aérienne dans son contexte politique.
11:18 Ok, à ce moment-là, je...
11:23 C'est vrai que c'est vraiment le endroit où on peut confronter nos idées et nos manières de commander.
11:29 Et on a aussi eu la chance de faire des parties avec nos cadres.
11:33 Et dans ce cadre-là, on a vraiment eu une possibilité de confronter des visions et des manières d'agir différentes.
11:40 Et là où on a vraiment pu monter en compétence, de nous préparer à ça dès maintenant, c'est vraiment prendre de l'avance sur notre vie d'officier.
11:46 Du coup, c'est deux de chaque, on a dit ?
11:48 Oui, deux de chaque.
11:49 Tu peux me passer deux Evans ?
11:53 Si on a choisi l'échelle stratégique finalement comme échelle de travail, à travers les wargames que l'on utilise à l'école de l'air et de l'espace,
12:01 c'est pour faire comprendre à nos élèves et à les initier finalement au rôle politique de l'arme aérienne.
12:06 En quoi c'est une armée qui, par son existence, par sa capacité de déploiement, avant même l'usage de la force, porte en elle finalement l'action politique.
12:13 Sachant que pour nous, ça couvre aussi un autre objectif, qui est celui de leur faire toucher du doigt l'intérêt que peut représenter le wargame comme outil de commandement.
12:22 Et l'alchimie semble prendre, à tel point que les élèves se sont lancés dans la création de leurs propres jeux de guerre.
12:29 Elaboration du scénario, de la carte, conception des pions, impression en 3D, l'école de l'air et de l'espace possède un fab lab complet,
12:38 qui permet aux futurs officiers d'exprimer leur créativité.
12:41 Les élèves travaillent sur des wargames un peu particuliers, les jeux matriciels.
12:48 Ici, la tactique ou la stratégie ne sont pas les plus importants.
12:52 Il faut d'abord faire appel à sa capacité d'argumentation.
12:56 L'idée des jeux matriciels, c'est d'avoir finalement quelque chose de beaucoup plus ouvert, à la différence d'autres jeux qu'on a fait auparavant.
13:04 Cette fois-ci, vous incarnez tous une faction et à chaque tour, vous aurez une action.
13:09 La seule règle, c'est que cette action doit être crédible et on commence par l'Inde.
13:13 L'Inde va envoyer une équipe de chercheurs au niveau du Gange afin de déterminer la source de cette pollution.
13:21 En tant que dirigeant pakistanais, j'ai eu des retours comme quoi la population musulmane du nord de l'Inde était discriminée dans l'accès au traitement vis-à-vis du choléra.
13:29 Je fais un discours à l'ONU pour sensibiliser toute la communauté internationale à la discrimination actuelle dans le nord de l'Inde.
13:36 Très bien, on passe donc au Tadjikistan.
13:38 En qualité de représentant du Tadjikistan, je vais bien sûr accepter la demande de l'Inde de vouloir les aider pour justement trouver la source de ces possibles épidémies de choléra.
13:50 Donc j'apporte mon soutien à l'Inde.
13:52 Qu'est-ce que vous en retirez de différent par rapport à ce qu'on a pu voir précédemment ?
13:57 Finalement, on peut voir que l'outil militaire, ce n'est pas le seul outil qui peut peser sur la scène internationale.
14:03 On voit qu'on a plusieurs leviers qui sont possibles.
14:06 Très bien.
14:07 Chaque armée utilise le jeu de guerre à des fins différentes.
14:13 Outils de formation à l'école de l'air et de l'espace, entraînement tactique dans l'armée de terre, réflexion stratégique au sein de l'état-major.
14:23 Le war game est un outil multifonction.
14:28 La Marine nationale s'en sert entre autres pour ses réservistes, afin de les maintenir à niveau.
14:35 Le créateur de jeu Pierre Razou et Nicolas Mazzucchi du Centre d'études stratégiques de la Marine mènent aujourd'hui la partie.
14:44 Avec une équipe française-européenne, une équipe qui représente l'Alliance AUKUS, une équipe qui représente la Chine et une équipe qui représente l'Inde,
14:52 vous êtes dans la peau de l'amiral commandant les opérations.
14:57 Vous ne décidez pas de vos objectifs, ceux-là vous sont donnés par le niveau politique, comme dans la vraie vie.
15:02 Et donc les Maldives deviennent le verrou à conquérir d'une manière ou d'une autre, soit par la politique et l'influence, soit par la force.
15:10 Vu tout ce que je viens de vous expliquer, la tension est passée à deux.
15:14 Vous arrivez à dix.
15:16 Le jeu s'arrête, tout le monde a perdu.
15:18 Échange d'une dizaine de frappes nucléaires tactiques sur zone, notamment en mer.
15:24 On arrête le jeu et vous avez tous perdu.
15:26 La grande difficulté qu'on a eue dans la conception de ce wargame, c'était bien évidemment de simuler les grandes caractéristiques stratégiques du milieu maritime,
15:36 que sont l'immensité, la fluidité et l'opacité.
15:40 La mer, c'est une action qui est en trois dimensions, sous la mer avec les sous-marins, en surface et dans les airs.
15:46 Montrer aussi que la marine c'est une armée de l'influence, que par le positionnement des navires, le comportement des navires,
15:52 dans ce wargame, on obtient des effets politiques sur les pays d'une certaine zone.
15:57 Subrepticement, des mines navales sont découvertes dans le golfe d'Aden.
16:05 Ce qui revient à dire que le golfe d'Aden est miné.
16:11 Vous voyez plus ?
16:12 Mais le problème c'est que le sous-marin...
16:14 Le sous-marin parce qu'il y a ça.
16:16 Contrairement à des simulations très complexes, le jeu de guerre sur plateau reste accessible à tous les publics.
16:23 Il permet des échanges entre des visions du monde différentes.
16:27 Effectivement c'est un jeu, mais c'est surtout avec des profils complètement différents,
16:33 parce qu'on a des officiers d'actifs pour certains, des officiers de réserve pour d'autres, des civils et réservistes citoyens,
16:38 et donc des visions complètement différentes, mais qui se complètent.
16:42 Et une fois qu'on comprend les effets des cartes, des actions, de l'influence, de la contre-influence,
16:48 finalement on est ancré dans notre temps actuel.
16:52 La meilleure performance malgré tout, ce sont les Etats-Unis,
16:56 qui ont pris le contrôle de deux Etats quand même, un clé et l'autre mineur.
17:01 Mais juste devant eux, les Chinois ont fait quand même des bons coups,
17:05 puisqu'ils ont récupéré les Maldives, même s'ils n'ont pas pris d'influence, joué avant-dernier.
17:10 Simple et peu cher, le bon vieux jeu de plateau est lui aussi en train de vivre sa révolution numérique.
17:24 Voici le Wargame version 2.0, mis en place par la Direction Générale de l'Armement
17:31 et son centre d'analyse technico-opérationnel de défense, le Cathode.
17:36 Des jeux très complexes, avec des centaines de paramètres et d'interactions possibles.
17:42 L'objectif du jour, s'entraîner en vue d'une rencontre France-Etats-Unis
17:47 sur un jeu de guerre entièrement numérisé.
17:50 Bonjour à tous, merci beaucoup d'être arrivés aujourd'hui pour ce jeu à blanc,
17:55 pour le Wargame Franco-US, donc pour rétablir un peu le contexte pour tout le monde.
18:00 Le Cathode a un accord avec le TRAC américain, un accord d'échange pour améliorer les méthodologies
18:05 et les outils liés au Wargaming, et on cherche plus à vous faire réfléchir en joint avec les Américains
18:10 plus qu'à vous forcer à utiliser un outil pour utiliser un outil.
18:14 Ce n'est pas vous qui êtes au service de l'outil, c'est l'outil qui est au service des opérationnels.
18:18 L'école de guerre Terre a sélectionné une équipe d'officiers pour représenter le camp tricolore.
18:25 Dans quelques semaines, ils mèneront une offensive conjointe avec les Américains face à un ennemi commun.
18:31 On incite l'ennemi à basculer à l'ouest de notre fuseau, donc on freine plus dur à droite,
18:36 on freine plus mou à gauche, et à gauche on fait un effort attrition.
18:40 Ce que je voudrais, c'est qu'ils débouchent au nord de l'Ima 3 à partir de 40 heures,
18:44 enfin, il nous reste 40 heures. Ce qui fait qu'ils arrivent 5, 2, 1, on arrive à peu près à 38 heures ici,
18:50 et ici, la coopération est autant opérationnelle que technologique.
18:55 Les spécialistes de la tactique et les ingénieurs de l'armement cherchent à anticiper les menaces futures.
19:01 C'est principalement ce qui intéresse la DGA dans ce wargame.
19:06 De quel type de matériel vont avoir besoin les forces armées, et pour faire face à quels défis ?
19:14 Nous, on est plutôt sur les wargames dits "analytiques" ou "capacitaires",
19:18 donc de préparation de futures capacités, ou de futures doctrines, ou des concepts d'emploi,
19:23 associés à de nouveaux systèmes d'armes.
19:25 Ça permet effectivement de bien définir ce que vont besoin les forces,
19:31 et donc de mettre en situation les décideurs,
19:34 et de, effectivement, à partir des résultats qu'on exploite,
19:38 de définir des orientations et des choix.
19:41 Je vais juste identifier pour vous différents personnages qui peuvent vous aider.
19:44 Il s'agit de modéliser les capacités de demain.
19:47 Le jeu de guerre entre ici dans sa dimension prospective,
19:51 analyser des besoins opérationnels futurs pour mieux préparer les programmes d'armement,
19:56 seul ou avec ses alliés.
19:58 Il n'y avait pas d'ennemis, en fait.
19:59 À quel endroit, là ? Celle-là, là ?
20:01 Oui.
20:02 Les États-Unis et la France ont de façon, des fois communes, mais des fois disjointes, de fonctionner,
20:07 donc ça permet d'en apprendre sur l'autre, et de découvrir peut-être aussi des nouveaux moyens
20:11 de collaborer ensemble sur ce type de conflits dont on n'avait pas forcément encore découvert l'existence.
20:17 Et ça peut aussi mener à des projets de développement technologique communs
20:21 pour faciliter justement ces collaborations.
20:23 Donc on peut parler notamment au niveau de la communication,
20:25 des systèmes d'information qui sont nécessaires aujourd'hui dans les guerres du futur
20:29 pour échanger de l'information entre unités.
20:33 Donc là, on va passer à l'arbitrage, avec ce qu'on a pu faire déjà paramétré,
20:37 comme ça, ça va vous permettre de voir comment ça se déroule au niveau du simulateur, au niveau du temps.
20:42 Les enseignements de ces parties vont aider la DGA à préparer les programmes de demain,
20:48 en lien avec les opérationnels.
20:50 Imaginer le futur grâce au Wargame.
20:55 Le concept a été poussé à son maximum avec le projet Red Team Défense.
21:02 [Musique]
21:10 En 2019, l'Agence de l'innovation de défense a créé une cellule de travail d'un genre nouveau.
21:17 Des auteurs et des illustrateurs de science-fiction pour challenger des militaires.
21:22 Quand on applique cette logique du faire autrement, de sortir du cadre,
21:30 le meilleur moyen est d'avoir recours à des acteurs externes.
21:33 Et les acteurs externes, les mieux placés pour imaginer le futur,
21:36 sont des auteurs de science-fiction pour aider le ministère des armées à se projeter très au-delà.
21:41 Il y a une vraie utilité de la Red Team dans ce témoignage d'ouverture à la société civile du ministère des armées.
21:48 Toujours cette idée, en fait, plutôt d'avocat du diable, de pensée critique, de test, de scénario.
21:59 L'Agence de l'innovation de défense a réuni un groupe d'auteurs de science-fiction et leur a laissé carte blanche.
22:05 Pendant trois ans, Romain Lucasot a planché sur des scénarios futuristes.
22:10 Il a puisé dans l'imaginaire pour faire émerger des menaces à l'horizon 2030-2060.
22:17 Une menace liée à un nouveau type d'ennemis qui serait une nation pirate flottant sur les eaux.
22:24 Donc là, on montre comment des nouveaux types d'ennemis peuvent apparaître.
22:29 Et on travaille énormément leur culture, leur constitution, leur système politique.
22:34 On va faire travailler des auteurs de science-fiction pour identifier des menaces qui n'émergeraient pas naturellement.
22:41 Ces menaces, elles doivent être crédibles, c'est-à-dire que ça doit faire partie de ce qu'on appelle le cône de vraisemblance.
22:46 Ça peut arriver. De façon à faire, d'une certaine manière, travailler les méninges collectifs au sein du ministère des armées
22:54 en se disant "si une telle chose arrivait, comment est-ce qu'on réagirait ?"
22:58 On a vu depuis une dizaine d'années que les politiques et les militaires avaient de plus en plus de mal à faire des choix de rupture
23:07 et à assumer des échecs stratégiques ou des impensées stratégiques.
23:13 Notamment parce que la société les met de plus en plus face à ces impensées.
23:17 La Red Team Défense a déjà eu des résultats opérationnels,
23:24 notamment le lancement, en novembre 2021, du projet Myriad autour de la guerre cognitive,
23:30 qui était au cœur de l'un des scénarios.
23:33 Des scénarios auxquels se sont confrontés les militaires lors de parties à huis clos,
23:38 avec des résultats classés secret défense.
23:42 La deuxième étape a été de confronter les auteurs et leur imagination aux réalités du ministère.
23:49 Rien de mieux que la science-fiction pour amener dans une zone d'inconfort.
23:52 C'est là où la Red Team Défense a toute sa pertinence,
23:56 c'est de préparer les esprits à des situations inédites qui demandent des réponses inédites.
24:03 [Musique]
24:17 Des jeux de plateau aux jeux numériques, en passant par des scénarios de prospection,
24:22 les wargames sont en constante évolution depuis près de 200 ans.
24:27 Ils sont devenus aujourd'hui un outil important dans le perfectionnement des armées
24:32 et leur adaptation à un monde complexe.
24:35 Et si la guerre n'est pas un jeu, de plus en plus de militaires pensent que le jeu peut être utile à la guerre.
24:41 La guerre n'est pas un jeu, mais on peut la jouer.
24:46 Et on peut la jouer pour mieux la préparer.
24:50 Je pense que le wargame, ça peut sauver des vies.
24:54 Ça peut sauver des vies parce que ça peut créer des espèces de chemins mentaux
24:57 qui vont vous permettre de gagner du temps.
24:59 Et puis ça peut aussi parfois sauver des vies parce qu'en fait vous vous rendez compte
25:03 qu'en faisant une partie de wargame que définitivement,
25:06 en fait votre offensive ne marche pas, ne peut pas marcher.
25:09 Être en capacité d'avoir des officiers du premier cercle jouer, physiquement jouer,
25:15 et être autour de la même table, partager un objet commun,
25:20 un modèle commun pour pouvoir prendre des décisions,
25:22 et ensuite s'en servir comme un élément supplémentaire pour comprendre la situation et envisager la suite,
25:28 ça c'est très intéressant et c'est ce que le jeu, sous toutes ses formes,
25:32 numérique, manuel ou un mix des deux, propose.
25:36 [Musique]
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