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ÉducationTranscription
00:00 Les seuls responsables, c'est les politiques.
00:02 Les politiques, c'est des politiques criminels,
00:04 peu importe de quelle partie ils viennent.
00:06 Pour moi, je les mets tous dans le même sac.
00:08 Alors que derrière ça, il y a des gens,
00:10 il y a des gens qui sont bons sûrement,
00:12 qui ont plein de beaux projets.
00:14 Mais c'est le système qui rend les choses impossibles.
00:17 Donc c'est le système qu'il faut changer.
00:19 Et s'il faut passer par les gros trajecteurs
00:20 et par les blocages, c'est malheureux à dire,
00:22 mais voilà, il faudra le faire.
00:25 J'aime pas parce que je préfère que ça passe
00:27 par quelque chose de beaucoup plus calme.
00:29 Le problème, c'est qu'on attend toujours le grand jour
00:34 ou le grand soir, il vient pas.
00:37 On est d'accord quand même.
00:39 Il vient pas.
00:39 Plutôt que de parler des politiques parents des Poirots,
00:41 on peut...
00:43 C'est plus intéressant.
00:44 Nous sommes à la ferme Arc-en-Ciel.
00:57 On va aller au bout des problèmes.
00:59 On va prendre les problèmes à leur racine,
01:01 c'est le cas de le dire,
01:02 puisqu'on est chez Serge Perrault-Baume,
01:05 maraîcher, paysan, paysan-maraîcher,
01:08 avec aussi Grégory Henry,
01:11 maraîcher aussi, autre chose.
01:13 Paysan-maraîcher, j'aime bien.
01:14 Paysan-maraîcher aussi.
01:15 Et on va aller au fond des problèmes
01:16 parce qu'il faut comprendre ce qui se passe
01:18 avec le monde agricole,
01:21 comme on dit dans les grandes médias,
01:23 dire avec la terre, avec la vie,
01:24 avec ceux qui nous font vivre,
01:25 qu'est-ce qui se passe
01:27 avec une situation qui s'aggrave,
01:30 bien que Grégory nous dit aussi
01:31 que les gens commencent à...
01:33 Il y a quelque chose qui se passe.
01:34 Je pense aussi, les gens se réveillent.
01:36 Alors je suis...
01:38 Tu me parlais tout à l'heure,
01:38 je suis paysan, paysanne.
01:40 Nous sommes tous paysans, tu me disais.
01:43 Alors que...
01:44 Je ne sais pas si c'est que dans les villes,
01:46 mais tu te souviens qu'à l'époque,
01:47 et encore maintenant,
01:48 paysan était devenu une insulte.
01:49 Parce que c'est un paysan,
01:52 alors que c'est un des plus beaux pays,
01:53 je veux dire, un des plus beaux pays,
01:54 je veux dire, un des plus beaux métiers du monde.
01:58 Je suis paysan, nous sommes tous paysans, Serge.
02:01 Oui, exactement.
02:02 Mais en fait, nos grands-parents étaient paysans.
02:04 Ils cultivaient la terre,
02:06 ils faisaient leur jardin pour se nourrir,
02:07 ils avaient des poules, un cochon,
02:10 ils avaient un métier à l'extérieur.
02:12 Par exemple, le papa de ma belle-mère,
02:14 il était garçon-père,
02:17 mais donc il avait une petite femme,
02:18 il avait quelques vaches, un cochon,
02:19 une poule ou l'autre, un jardin, et voilà.
02:22 Il n'y a pas si longtemps que ça ?
02:23 Il n'y a pas si longtemps que ça.
02:24 Et dans les pays de l'Est,
02:27 de la famille en Slovaquie,
02:30 il y a très peu de temps encore,
02:31 ils avaient leur cochon malgré qu'ils travaillaient,
02:34 ils ont encore leur potager,
02:35 et tout ça depuis l'entrée dans l'Europe disparaît.
02:38 D'ailleurs, c'est interdit d'avoir son cochon
02:39 maintenant en Slovaquie, chez soi.
02:41 Il faut passer par le cochon,
02:44 notamment polonais, avec...
02:45 Il faut voir ce film qui s'appelle "Pig Business".
02:48 L'horreur de l'élevage industriel de cochon.
02:50 Oui, mais non, donc on ne peut plus, c'est dangereux,
02:53 d'élever son cochon soi-même, de le tuer,
02:55 et il le tuait, je vais même participer à ça encore,
02:57 dans un rituel, tu te lèves à 5h du matin,
03:00 et tu tues dans le respect de la bête, bon...
03:03 Le cochon, bon, évidemment, les végétariens, les autres,
03:08 nous jeterons l'opprobre, mais voilà.
03:11 Tuer aussi, pour t'en parler tout à l'heure,
03:13 les animaux dans un respect de la bête,
03:17 mais aussi revenir à une alimentation carnée raisonnable.
03:21 - Parce qu'on mange trop de viande... - T'apprends trop d'espace.
03:24 - T'apprends trop d'espace énergétique. - C'est surtout ça.
03:26 Non, c'est la catastrophe.
03:29 Mais comme je disais, l'agriculture est devenue économique,
03:32 comme tout, en fait, et c'est là que le problème...
03:35 - C'est devenu du business. - C'est devenu du business.
03:37 Et donc, l'âme paysanne, c'est nourrir la terre et nourrir les gens.
03:40 Se nourrir...
03:41 Il peut y avoir un échange économique,
03:43 en soi, l'économie n'est pas mauvaise.
03:46 Le système capitaliste actuel,
03:48 qui est devenu bâle sain et destructeur et criminel.
03:51 - Ça doit pas être l'objectif. - Ça doit pas être l'objectif.
03:54 Donc on peut échanger. Et d'ailleurs, aux Nations Unies,
03:57 il y a eu un long combat.
03:59 Tu montrais ça tout à l'heure.
04:00 Donc il y a une déclaration des droits des paysans de l'ONU.
04:02 - Voilà, exactement. - Qui n'est pas coercitive,
04:05 - qui n'est pas contraignant. - Contraignant.
04:08 Mais normalement, les États membres des Nations Unies
04:11 sont obligés, quelque part, même si...
04:12 - Et c'est quoi, cette déclaration ? - C'est une déclaration qui a été écrite
04:16 et poussée par l'Avec un Pécinat.
04:19 C'est un long combat, plusieurs...
04:22 - D'Amérique latine ? - Oui, de tous les paysans de l'ONU.
04:24 En fait, l'Avec un Pécinat, c'est 200 millions de paysans.
04:28 - Ils ont du pouvoir. - Le MAP fait partie,
04:30 la Fugéa fait partie, tous nos petits syndicats en Belgique font partie,
04:33 et en Pente, la concentration paysanne,
04:35 tous ces petits mouvements qu'on ne représente pas grand monde,
04:38 on est membres de l'Avec un Pécinat et on représente vraiment un grand nombre de paysans.
04:42 Et donc ils ont su arriver à faire passer
04:45 cette déclaration des droits des paysans.
04:47 Et dans la définition, c'est très clair,
04:49 le paysan, c'est celui ou celle qui va produire de la nourriture.
04:53 Il peut y avoir un échange économique, bien sûr,
04:55 mais ce n'est pas l'alimentation première.
04:58 C'est d'abord produire de la nourriture pour se nourrir.
05:01 - Oui, l'Avec un Pécinat est un mouvement populaire international
05:04 qui défend l'agriculture durable à petite échelle
05:07 afin de promouvoir la justice sociale et la dignité.
05:10 Elle rassemble des millions de paysans,
05:12 de moyens producteurs, d'agriculteurs, de sans-terre, d'autochtones,
05:14 de migrants, de travailleurs agricoles et de jeunes à travers le monde.
05:17 L'aspect durable et à petite échelle, c'est inévitable.
05:23 Au-delà d'une certaine surface de terre,
05:27 on n'est plus dans la production pour nourrir l'être humain.
05:35 On est dans le business, ce que fait la PAC d'ailleurs.
05:39 Je pense qu'il paye pour les terres laissées en jachère, c'est bien ça ?
05:45 - Ou des cultures, carrément. - Des cultures.
05:48 - Pour laisser creuser les... - Un agriculteur à côté de chez moi,
05:50 qui est français, il m'explique que normalement,
05:55 il gagne 370 euros par hectare, par an, avec le blé.
06:00 Et la PAC lui donnerait apparemment, si j'ai bien compris,
06:02 plus ou moins 2000 euros par an, par hectare,
06:05 pour laisser pourrir le blé.
06:10 - Le prétexte, c'est l'environnement et les oiseaux.
06:13 Ils ont récupéré ça, ils disent maintenant,
06:15 il faut cultiver les céréales pour les oiseaux.
06:18 Et donc, tu ne peux pas récolter et tu reçois des primes.
06:21 J'ai discuté avec un paysan en Suisse, c'est la même chose.
06:24 La Suisse aussi est entrée dans ce système-là,
06:28 où les paysans reçoivent des primes s'ils laissent le blé aux oiseaux.
06:35 Et après, on fait venir du blé de l'Ukraine.
06:38 - Donc ces primes, c'est un piège pour orienter l'agriculture
06:43 dans le sens que veut la Commission européenne, donc l'agrobusiness.
06:47 C'est totalement un piège.
06:49 Acceptez les primes, sinon vous crevez.
06:52 Et faites ce qu'on vous dit de faire.
06:54 Mais comment on sort de ça ?
06:56 - Ne plus rentrer dans le jeu des primes.
06:59 - Donc refuser les primes.
07:00 Mais comment les agriculteurs qu'on a vus l'autre fois,
07:02 par exemple à l'émission, qui avait plusieurs hectares
07:05 et qui produisait des céréales, comment ils font pour sortir de ça ?
07:09 Est-ce qu'il y a un moyen, Grégory, Serge ?
07:12 Mets-toi à sa place.
07:13 Tu t'es un peu découvert ces derniers mois, tu t'es dit...
07:15 En fait, tu étais beaucoup plus critique vis-à-vis de ceux qui sont tombés dans le système.
07:19 Et maintenant tu dis "merde, je les comprends".
07:21 Ils sont tombés dans un truc, ils sont tombés dans la marmite.
07:23 - C'est ce que je vais expliquer, je ne vais pas les critiquer.
07:26 Ce n'est pas évident quand tu possèdes 200 hectares de père en fils.
07:30 Et que c'est vrai qu'il y a un blocage là-dessus.
07:33 Ils ne veulent pas lâcher leur terre, c'est normal,
07:34 je ferais peut-être la même chose.
07:36 Mais là, il y a un problème.
07:38 Parce que si ces gens qui ont 200 hectares font de la monoculture
07:41 et produisent du blé ou des betteraves pour le sucre
07:45 ou des biocarburants,
07:49 le problème c'est qu'en fait, d'accord, ils essaient de gagner leur vie, je le comprends,
07:51 ils ont leur tracteur, ils sont tombés aussi
07:53 après la seconde guerre mondiale dans toute cette manipulation.
07:56 - L'endettement, l'achat de machines.
07:57 - Voilà, exactement.
07:59 Et ils sont bloqués dans un truc.
08:02 Après, ce qui est paradoxal, c'est que leur terre, elle prend de la valeur,
08:05 ils ont des patrimoines qui sont incroyables,
08:07 ils ont des fermes énormes.
08:08 - Certains deviennent constructifs, c'est le cas de Louvain-la-Neuve.
08:12 - Des présidents sont millionnaires.
08:13 - Ils gagnent pas trop mal leur vie,
08:15 mais c'est vrai qu'on en voit plein, je crois, à Multiversité Populaire,
08:18 on voit bien la souffrance qu'ils vivent.
08:22 Mais en même temps, ils sont assis sur des patrimoines qui sont énormes.
08:25 Et c'est vrai que si ils continuent à faire de la monoculture
08:28 en pulvérisant à fond les manettes,
08:30 on est quand même dans un non-sens aussi.
08:32 Moi, j'ai quand même l'impression,
08:33 alors si je dois parler franchement de ce que je pense au fond de moi,
08:36 je vais le dire,
08:37 c'est que tant qu'il y aura, pour moi, je pense,
08:40 ces énormes propriétaires terriens qui font de la monoculture,
08:43 les choses risquent pas de bouger.
08:44 Alors ce qu'il faudrait faire, c'est peut-être aller vers une diversification
08:48 de la production, je pense,
08:52 et ouvrir le panel des horizons, eux, par rapport à leurs activités.
08:56 J'ai souvent cet exemple de mon ami qui avait des vaches
08:58 qui avaient 50 ou 100 hectares à lui,
09:00 plus 100 hectares en Champagne-Ardenne de ses voisins,
09:02 il est passé au chanvre.
09:04 Je dis pas que tout le monde doit faire ça,
09:05 mais ils sont plus ou moins dans le Champagne-Ardenne à faire ça,
09:07 et ils font du chanvre alimentaire,
09:09 ils font du chanvre de l'huile,
09:11 ils font de la farine,
09:13 ils font des produits pour la santé, des gommes...
09:17 - Tu veux dire que c'est possible de passer d'une grande exploitation familiale
09:23 à une sorte de coopérative ?
09:25 Donc c'est possible de le faire ?
09:26 - J'en connais plusieurs qui l'ont fait.
09:28 On pourrait même les visiter, je pourrais les contacter,
09:29 on pourrait aller les voir en Champagne-Ardenne.
09:31 Et ils ont diversifié leurs activités,
09:34 ils ont laissé tomber les vaches, ils ont vendu les machines,
09:37 ils ont laissé tomber les tracteurs qui pulvérisaient avant des produits chimiques...
09:39 - Et ils ont créé de l'emploi aussi, hein ?
09:40 - Aussi, et ils en sont heureux.
09:43 Alors c'est pas toujours facile,
09:44 à un moment, leur famille, leurs amis agriculteurs
09:46 qui avaient tous 50, sans éclat, comme ils disaient l'autre fois,
09:48 ils se disent "ouais mais qu'est-ce que tu fais avec ton chanfre à la con ?"
09:51 Et maintenant, ils veulent tous planter du chanfre,
09:52 ils proposent leur terre pour planter du chanfre,
09:54 parce que déjà, ça régénère la terre, le chanfre.
09:56 C'est une plante incroyable qu'on a oubliée.
09:58 Et il y a une multitude de débouchés par rapport au chanfre.
10:01 Je vais même pas parler de l'isolation,
10:02 je vais même pas parler des vêtements,
10:04 bon, le tissu, ça, on sait plus le faire parce qu'on n'a plus les machines,
10:06 mais ils ont diversifié leurs activités.
10:08 Il y en a qui font de la pédagogie, comme Serge aussi,
10:11 il y en a qui font des... - Fermet-col, oui.
10:12 - Fermet-col, etc.
10:13 Il faut rouvrir le panel des horizons, je pense.
10:16 Alors c'est vrai que si on veut rester dans une monoculture,
10:19 pour nourrir les bêtes, comme disait Serge,
10:22 il faut aussi manger moins de viande,
10:23 puisque la viande, 50% est gaspillée, quand on fait les statistiques,
10:26 et ça demande beaucoup d'eau, beaucoup de terre, beaucoup de...
10:29 Quand je me promène dans les campagnes et que je vois des pâtures à perte de vue,
10:34 et qu'on est le troisième pays le plus gros importateur d'alimentation,
10:37 je me dis "mais c'est quoi le truc ?"
10:40 Un jour j'ai eu un flash, comme ça je me promenais dans les campagnes,
10:42 et les amis, je dis "regardez, imaginez toutes ces champs
10:45 si c'était toutes des micro-fermes en permaculture."
10:48 Le bonheur que ça amènerait, la vie que ça amènerait,
10:51 la biodiversité que ça amènerait.
10:53 Bon, moi je suis un galère de la permaculture,
10:55 je le fais quand même aussi, on régénère de la terre,
10:58 on régénère des sols, on crée des espaces,
11:01 on plante des arbres, on plante des fleurs, des fruitiers,
11:05 et quand tu viendras chez moi, tu verras, en été,
11:08 les mamie-sit, c'est des paradis, quoi.
11:10 C'est pas des...
11:12 - Des véhicules. - Ah voilà.
11:13 - Des yaya. - Oui, justement.
11:15 - C'est un long débat. - Serge.
11:17 - Oui. - Par là.
11:19 - Eh bien les céréales, donc en fait,
11:21 mon beau-père, Gœuf, il a toujours fait ça,
11:23 donc c'est une méthode qui se base notamment sur
11:26 les recherches de Marc Bonfils en France,
11:28 et donc les céréales, en fait, elles talent.
11:31 Donc le talage, en fait, à partir d'une graine,
11:34 une graine va donner plusieurs tiges et plusieurs épis.
11:37 Donc à partir d'une graine, comme ceci,
11:40 on va avoir un épi avec plusieurs graines.
11:43 Et quand on voit, à partir d'une graine, avoir
11:47 jusqu'à 100 tiges et 100 épis, c'est formidable.
11:49 Donc les rendements sont meilleurs ou identiques
11:53 aux conventionnels, mais il faut écarter
11:55 chaque graine à 50 cm.
11:57 Que dans les champs classiques, les graines sont semées très serrées,
12:00 elles font une tige, parce qu'elles n'ont pas la place pour taler,
12:04 une tige avec un seul épi.
12:07 Donc cette méthode-là, on couvre le sol avec du trèfle aussi,
12:10 une légumineuse pour apporter de l'azote naturel.
12:14 La légumineuse va fixer de l'azote de l'air dans le sol.
12:18 - C'est des méthodes ancestrales, en fait.
12:22 - C'est des méthodes ancestrales.
12:25 Donc tout est là pour se nourrir.
12:27 Donc on va parler de souveraineté alimentaire.
12:29 Et quand je parlais de plus de 200 000 maraîchers et maraîchèves
12:32 qui pourraient nourrir la Belgique en légumes,
12:35 les serrées, c'est la même chose.
12:37 On peut le faire.
12:40 En faisant à la main, comme nous on le fait,
12:42 si on fait des plus grandes surfaces, à la main, ce n'est plus possible,
12:44 mais on peut travailler avec des animaux, avec des chevaux,
12:47 avec les bœufs, avec les ânes.
12:49 C'est formidable, on a une relation avec l'animal.
12:51 - Oui, c'est autre chose que de monter dans son tracteur.
12:53 - Voilà, exactement.
12:54 Et là aussi, je ne jette pas la pierre aux fermiers, aux agriculteurs,
13:00 j'ai beaucoup de respect pour eux,
13:02 mais je pense qu'ils ont été victimes.
13:04 - Ils se sont bien fait avoir.
13:06 - Et on continue à se laisser avoir, parce qu'après-guerre,
13:09 ils nous ont dit que la mécanisation, ça va résoudre tout,
13:13 vous aurez moins de travail.
13:15 Le travail était dur, je ne dis pas que la mécanisation au départ était bien,
13:19 mais elle a complètement dévié.
13:21 Et maintenant, ils sont en train de nous refaire la même chose avec les drones,
13:25 l'agriculture dite intelligente, avec les nouveaux OGM, avec les pesticides,
13:31 tout est là pour nous aider à aller mieux, et ça va de moins en moins bien.
13:37 Et pour l'agriculteur qui est endetté, qui va se suicider,
13:40 et qu'on a beaucoup qui se suicident,
13:44 qui maltraite la terre parce que...
13:47 qui maltraite sa santé à lui en mettant des produits chimiques,
13:50 et celle de ceux qui mangent ces produits.
13:53 Et donc, voilà, ils sont victimes d'un système qui les rend esclaves,
13:57 comme je disais, le paysan a toujours été esclave, et on est toujours esclave.
14:00 Donc il faut sortir de ce système, il faut revenir à des groupes plus petits,
14:06 ou le maraîcher, ou ceux qui font les céréales, ou les animaux,
14:11 à taille humaine en fait.
14:12 Et alors, les échanges avec ceux qui nous nourrissent.
14:16 - Mais tu expliquais en off tout à l'heure que,
14:19 tu parlais de ce livre "Reprendre la terre aux machines" de l'Atelier Paysan,
14:22 que la volonté, en tout cas en France, mais en Europe,
14:25 était de réduire drastiquement le nombre de paysans.
14:28 De passer de...
14:30 - On commence à plus de 400 000 agriculteurs qui restent.
14:33 - À 200 000 ? - Ils veulent encore diminuer.
14:35 - Donc ils veulent concentrer les terres ?
14:37 - Voilà, concentrer les terres, et alors se servir de toutes ces agriculteurs dites intelligentes.
14:41 - Et quand on dit "ils", c'est qui ? Les politiques ?
14:44 - C'est les politiques corrompues par les multinationales.
14:47 Parce que, évidemment, l'intérêt, il est économique.
14:49 Ce qui ne nous arrange pas pour notre santé, pour le bien-être de la planète,
14:55 ça arrange évidemment ceux qui produisent toutes ces machines, ces engrais, ces pesticides, ces nouveaux GM.
15:00 Eux, ils s'en mettent plein les poches.
15:02 - Oui, donc...
15:04 Deux questions. Est-ce qu'il faut attendre quelque chose de ceux-là en haut ?
15:09 Je pose souvent la question. Et deuxième question, est-ce que ceux qui sont dans l'agrobusiness,
15:13 est-ce que c'est possible de parler avec eux ?
15:16 Je pense qu'on peut aller à la COVID.
15:17 Les médecins qui avaient un autre discours que le discours mainstream, dominant,
15:23 de politique et des médias, c'était un peu compliqué de parler avec les autres médecins.
15:27 On voit ce qui se passe avec l'ordre des médecins.
15:30 Est-ce que c'est possible de parler avec ceux qui sont pris dans une logique d'agrobusiness ?
15:36 On a vu d'ailleurs à Bruxelles qu'il y avait des gens tout à fait de milieux différents.
15:41 C'est aussi "marrant", la symbolique du tracteur.
15:44 Bon, ils ont du pouvoir avec ça, mais ils sont tous avec leur tracteur qui rembourse.
15:48 Des trucs à des 200, 250 000 euros, on m'a dit, des trucs incroyables comme prix, le prix d'une maison.
15:55 Est-ce qu'il y a moins de parler avec eux ? Est-ce qu'il y a moins de faire un modèle où on se relie ?
15:59 Parce qu'il va falloir bosser avec eux, quoi. Il va falloir faire quelque chose avec eux, ou bien...
16:03 Tu parles des agriculteurs ou des multinationaux ?
16:06 Non, non, des multinationaux, à mon avis.
16:07 Mais les agriculteurs qui sont victimes de ce système, qui sont le plus victime de ce système,
16:13 qui sont le plus dedans avec ceux dont on parlait avant et qui ont des 100, 200 hectares...
16:19 Il y en a certains dans lesquels le dialogue est complètement fermé,
16:23 mais je remarque quand même qu'à force de discussion,
16:25 je parle encore de gros agriculteurs qui sont du côté de chez moi, qui me disent clairement "moi le bio j'y crois pas".
16:30 Comme ça, ils me disent "ils ont 200 hectares", je me dis "moi le bio j'y crois pas",
16:32 mais ils ont tous les deux un boulot en plus de leurs 200 hectares, pour s'en sortir.
16:38 Mais ils me disent, et dernièrement je lui dis "écoute, on va aller boire un pot ensemble,
16:40 on va manger un bout, on va boire un bon coup", et il me dit "moi j'aime bien parler avec toi".
16:45 Et ce qui est complètement dingue, c'est que moi j'ai des enfants de gros agriculteurs qui viennent chez moi
16:49 et qui me disent "moi je veux devenir agriculteur, mais comme toi, pas comme mon papa".
16:52 Bam, la gifle ! Alors je vois le papa qui me regarde, moi je suis tout blanc, je suis tout rouge.
16:57 Mais il y a un échange qui se fait aussi entre nous, parce que je ne vais pas mentir,
17:01 moi en permaculture, si je n'ai pas la paille qui vient des gros agriculteurs qui ont cette paille à leur machine,
17:09 moi je fais de la permaculture avec des bâches en plastique.
17:13 Donc il y a aussi un paradoxe dans ce que je fais et que j'essaie de transformer,
17:18 mais je me rends compte qu'il y a un échange qui est possible, qu'il y a une interaction qui est possible.
17:22 Moi je leur file des caisses de légumes, elles me filent de la paille.
17:25 - C'est parce qu'on n'est pas assez nombreux, parce que s'il y avait plusieurs petits,
17:29 il y aurait des échanges entre les céréales avec de la paille,
17:32 et en fait on dépend du système actuel parce qu'on n'est pas assez nombreux.
17:36 Et comme je dis, il faut changer complètement le système, le système politique, le système économique,
17:42 il faut revenir à recréer des liens entre les gens.
17:45 En fait notre système est arrivé à diviser pour mieux régner, c'est toujours le même adage, et ça fonctionne.
17:54 Et là, parce que le fait qu'on se remette ensemble, c'est ce qu'on fait avec le système participatif de garantie,
17:59 ce fameux contre-label je dirais, parce que ce n'est pas un label, c'est un système qui va...
18:04 - Oui, ce n'est pas un label... - ...ce n'est pas un système de garantie,
18:07 mais par la participation, la participation citoyenne et paysanne.
18:10 Et donc en remettant les gens ensemble, on va comprendre les choses,
18:13 et on ne va pas fustiger le producteur parce qu'il fait des erreurs, personne n'est pas connu,
18:18 mais on va essayer de comprendre pourquoi il le fait.
18:20 Et est-ce qu'il existe des solutions ? Et souvent il en existe, et alors si elles existent, mettons-les en place.
18:25 Qu'un label qui va sanctionner, ou l'ASCA qui va sanctionner parce que tu ne respectes pas les normes, ça n'a pas de sens.
18:32 Il faut arriver à comprendre les réalités, et pour ça il faut revenir à une échelle humaine,
18:36 et alors non plus sanctionner, mais avancer, s'améliorer, viser un idéal, l'idéal agroécologique, et y arriver petit à petit.
18:47 Mais les normes, je ne dis pas qu'elles ne peuvent pas exister,
18:51 mais les normes sont faites normalement, devraient être faites pour l'industrie,
18:55 et pas par l'industrie, puisque actuellement elles sont faites par l'industrie, et les petits c'est eux qui morfent.
19:00 Donc il y a plein de choses à changer. Tu peux t'unir avec tous les autres agriculteurs conscients,
19:05 mais en attendant, si les règles qui viennent de dessus te contraignent, et que tu as un contrôle de l'ASCA qui descend chez toi,
19:12 tu as beau être uni avec les autres, à moins de les appeler pour qu'ils viennent t'aider...
19:14 Il ne faut pas les laisser rentrer. L'ASCA n'a pas sa raison d'être de mettre son pied dans une ferme,
19:21 dans une petite ferme paysanne. Mais pour ça il faut être à plusieurs pour se défendre, et leur dire,
19:26 "Vous êtes là, c'est nécessaire, mais pas chez nous. Allez voir ce qui se passe dans l'industrie."
19:31 Les vrais pollueurs, c'est l'industrie. D'ailleurs toutes les crises alimentaires, la vache folle,
19:37 les poulets à vitines, les pestes aviaires, les gens en passent, tout ça c'est né dans l'industrie.
19:43 Et c'est les petits qu'on a éliminés.
19:46 — Vous pensez que ça peut changer vite, si les bonnes décisions sont prises ?
19:51 — Oui, c'est pas la limite. — Et qu'est-ce qu'ils pourront...
19:54 Comme revendication, maintenant, qu'est-ce qu'ils peuvent faire que ça changerait rapidement,
20:01 que ce serait favorable, qu'il n'y aurait plus de suicides d'agriculteurs,
20:05 contrer cette volonté de les réduire, en sachant que tu dis qu'il passe en France de 400 000 à 200 000,
20:10 mais qu'à l'époque c'était 80-90% des gens qui étaient agriculteurs, hein. C'est pas 100% si on prend...
20:15 — En France, il faudrait un million de paysans. — Un million au moins.
20:19 — Au moins un million pour nourrir toute la population. Chez nous, comme depuis les plus petits, c'est moins.
20:24 — Donc c'est un lien avec leur segment aussi. — Mais les politiques sont capables, on a vu avec le Covid,
20:29 ils peuvent arrêter tout, ils peuvent faire beaucoup de choses. Bon, là, ils ont fait plein de conneries,
20:34 comme souvent, mais ils pourraient très bien dire "on remet les gens au travail".
20:37 D'ailleurs, c'est eux qui devraient, comme je le disais ce matin, d'abord se remettre au travail aussi,
20:41 vraiment, qui descendent le retour d'ivoire, qui mettent leurs mains dans la terre,
20:45 et ils seront beaucoup plus heureux. Parce qu'on est heureux, on fait un métier extraordinaire.
20:50 C'est bien plus qu'un métier, comme je disais. Mais il faut remettre ses mains dans la terre,
20:54 être en contact avec la nature, avec la vie, et nourrir la terre et les gens.
21:00 C'est pour ça qu'on est heureux. Mais pour ça, il faut se donner les moyens.
21:05 Et si le politique ne le fait pas, on peut le faire sans lui, mais ça prend du temps.
21:10 C'est important ce que tu dis avec le Covid, parce que c'est vrai qu'on s'est rendu compte que du jour au lendemain,
21:16 ils peuvent prendre des décisions. Du jour au lendemain, ils peuvent donner 50 milliards à l'Ukraine.
21:21 Donc ceux qui disent, et c'est ce qu'ils ont dit le lendemain des rassemblements en Belgique, à Bruxelles,
21:27 ils ont dit, dont certains journaux parlaient, la plupart, "c'est compliqué l'agriculture,
21:32 c'est compliqué de prendre des décisions". Mais au fait, s'ils écoutaient les agriculteurs, ils pourraient aller très vite.
21:38 Pour répondre à ta question, si déjà on pouvait mettre la lumière sur ces intérêts gouvernementaux avec les multinationales,
21:46 ce qui est déjà en train de sortir un peu pour l'instant, ce serait déjà une bonne chose.
21:49 Parce que là, peut-être les politiques se dirigeraient un peu plus vers nous que vers les multinationales
21:54 où il y a des intérêts économiques qui sont clairs. Un ami m'avait dit dans les solutions,
21:58 j'avais tout noté dans mon agenda l'autre fois pour faire l'interview,
22:01 déjà qu'il taxe plus les produits qui viennent du bout du monde, comme tu l'as bien dit, Serge, il dit tout, je vais crépeter.
22:07 Il taxe plus les produits qui viennent du bout du monde et favoriser le développement des produits locaux.
22:13 Philippe Genoux, mon ami, qui était venu aussi... - Qu'on va réinterviewer.
22:17 - On va l'interviewer l'autre fois, qu'on va peut-être retourner.
22:19 Il avait fait une liste comme ça de toutes les lois contraignantes par rapport à son activité.
22:24 J'ai les documents, deux pages complètes de mesures contraignantes par rapport à ça.
22:30 Alors après, comme disait Serge, "Ordo apt cao", le contrôle par le cao, "Divide and conquier",
22:35 mais surtout "Divide and conquier", ils font ça depuis des milliers d'années.
22:38 - Diviser pour gagner.
22:39 - Et je suis vraiment convaincu, comme mon ami "Feu", Luc Lepombe le disait,
22:43 ami de Kyriko, là, dont tu parlais, le réseau.
22:46 Le réseau, c'est vraiment important. Il faut qu'on soit plus soudés, il faut qu'on se rassemble,
22:51 qu'on en parle, qu'on trouve des solutions et qu'on s'entraide entre nous.
22:54 Les vraies valeurs du communisme, à la base, c'était de mettre tous les outils en commun
22:58 pour après se partager le résultat. Les vraies valeurs du communisme, qui ont été complètement déformées.
23:03 Mais ensuite, nous, diversifier nos activités, produire, être le plus possible de producteurs.
23:11 - Est-ce que "Viens comme Pessina" suffit pour ça, pour se relier ?
23:16 Ou est-ce qu'il faut encore faire quelque chose ?
23:18 - C'est déjà pas mal.
23:19 - Oui, c'est un gros mouvement, mais le mouvement, il commence chez nous.
23:24 C'est retisser des liens avec les paysans, avec ceux qui nous nourrissent, comprendre la réalité,
23:30 venir mettre les mains dans la terre avec eux, de temps en temps,
23:34 parce que chacun ne peut pas le faire à plein temps, c'est normal,
23:36 mais comprendre la réalité. C'est ce qu'on fait avec le SPG.
23:40 C'est-à-dire qu'on essaie de comprendre, d'accompagner, et on crée des réseaux
23:45 pour être le plus autonome possible. Et au plus on sera, comme je disais, avec la faille, avec tout,
23:51 au plus on sera nombreux, au plus l'autonomie, elle revient.
23:55 - Est-ce que les revendications des agriculteurs ne sont pas sabotées aussi par des syndicats ?
24:00 - Si.
24:00 - Qui sont souvent comme tu es chez nous avec le pouvoir, on a entendu Place de Luxembourg,
24:05 rien, en fait, il n'y a pas eu de discours.
24:08 Il n'y a pas eu de discours, genre on se dit "Waouh, là il a tout dit".
24:13 On reprendrait tout ce qu'on est en train de dire, et quelqu'un prend un discours, un tribun.
24:16 - On n'a pas entendu parce qu'on était en train de faire une évaluation.
24:19 - Il y en a eu quelques-uns intéressantes.
24:22 - On l'a eu avec Mpessina, et du MAP et de la Fugue.
24:26 - Donc ils ont quand même pu parler.
24:28 - Quand on regarde bien, il n'y avait pas tellement de gens en Place de Luxembourg.
24:31 - Il n'y avait pas tellement de gens.
24:32 - Il y avait des mecs en tracteur, et puis le peuple qui nous soutient en se disant "Il était où ?"
24:36 C'est bien beau de lever le poing quand on passe en tracteur,
24:39 puis après ils vont tous sur les côtés de la ville.
24:41 - Ils achetaient du papier cul, non, c'est pour le Covid.
24:42 Ils avaient peur qu'il ne pleurait.
24:44 - Moi c'est ce qui me tue aussi, j'ai même ça dans mon entourage.
24:48 J'ai plein d'amis et de frères, de familles hyper conscients à qui on parle,
24:53 on refait le monde, oui, oui, bla, bla, là.
24:55 Ils disent "Tu fais tes courses où ?"
24:57 "Ah ouais, j'ai pris des parois chez Aldi, j'avais pas le temps, nanana."
25:00 Et après je me rends compte que tous mes frères et sœurs autour de moi,
25:02 pas beaucoup, pas tous, j'exagère, mais beaucoup de gens autour de moi,
25:06 au final, ils vont faire leurs courses dans les grands magasins.
25:08 Et c'est vrai qu'il y a aussi un problème économique avec l'inflation,
25:12 il y a un problème de temps, parce que tout le monde travaille à fond les manettes,
25:15 et qu'on manque de temps pour aller faire des bonnes courses à la coopérative,
25:19 ou d'aller chez le producteur lui-même.
25:20 À l'époque, quand moi j'ai trouvé le temps de le faire,
25:22 parce qu'on pense que c'est plus cher d'aller, d'acheter bio,
25:25 bio grand magasin, bio Union Européenne, on est d'accord,
25:28 c'est pas du vrai bio tout le temps,
25:30 mais à l'époque, moi j'ai commencé il y a 10-12 ans d'aller faire mes courses chez le producteur,
25:34 j'allais à la ferme Barré-Abalâtre,
25:36 où ici, pour 100 balles ma voiture était remplie,
25:40 remplie de tout, j'avais tout ce qu'il fallait pour ma semaine,
25:43 et bien plus encore, les farines bio, de la viande, des oeufs, du beurre, du pain, des carottes,
25:50 pour 100 balles j'avais ma voiture remplie.
25:52 À l'époque on disait "Ouais non, c'est hors de prix."
25:54 Mais si on va chez le producteur, il y a moins d'or de bon prix,
25:56 mais en fait ça demande une certaine organisation.
25:58 Chose que les gens manquent de temps, les gens sont stressés, ils ont des enfants,
26:01 ils ont du boulot, ils ont plein de factures à payer.
26:03 Il y a un système qui opprime aussi, qui oppresse.
26:06 Avant le Covid j'avais plein de gens qui venaient chercher des légumes chez moi,
26:08 après le Covid, ça s'est divisé par...
26:11 Et de nouveau, je reviens, le système nous a bien mis.
26:15 Nos grands-parents qui travaillaient dur,
26:17 il n'y avait pas les machines à laver, il n'y avait pas les tracteurs où c'était le début,
26:22 donc ils travaillaient dur. Je ne dis pas que la vie autrefois était plus simple,
26:24 c'est vrai que les gens travaillaient dur,
26:26 mais les femmes s'occupaient du linge et pas des machines,
26:31 il y avait les enfants, le raccomandage, le jardin, les confitures,
26:35 et elles arrivaient à le faire, alors c'était dur, ok.
26:37 Et maintenant on a tous les robots, les machines à laver, les ordinateurs, les voitures,
26:41 tout ce qui est fait pour nous faire gagner du temps, c'est ce qu'ils nous avaient dit.
26:44 Et les gens n'en ont plus le temps, pour dire quelque chose, je ne comprends pas.
26:47 En fait on n'a plus le temps parce qu'on doit trimer de plus en plus pour payer tout ce confort.
26:51 Et donc je n'ai rien contre ce confort, mais partageons ces outils qu'ils remettraient à disposition,
26:56 et pas chasser l'argent.
26:58 L'accélération du nom de la foudreuse.
27:00 Le citoyen doit aussi se réveiller.
27:01 Tout s'accélère en un mois ou un an.
27:02 Si le citoyen veut manger des tomates en hiver et des fraises en hiver,
27:06 les multinationales se gaffent, parce que la demande est là.
27:12 Et il y a l'obsolescence en plus, donc tout est fabriqué pour qu'à un moment donné,
27:16 il y ait une durée de vie limitée, comme ça tu es obligé de continuer à travailler,
27:19 et tu jettes à la maison.
27:20 On ne répare plus, on jette et on rachète du nouveau.
27:23 Donc eux, ils s'en mettent plein les poches, mais toi tu deviens esclave.
27:26 On disait que les paysans étaient des esclaves, mais en fait on est tous esclaves.
27:29 On est esclaves d'un système qui nous rend complètement indépendants.
27:32 Donc il faut sortir, redevenir autonome, pour sa nourriture, pour ses vêtements,
27:37 mais ça il faut le faire à plusieurs, ça c'est pas facile.
27:39 Est-ce qu'on peut espérer, parce que le 26,
27:43 le 26 février les agriculteurs seront de nouveau à Bruxelles,
27:48 ils vont revenir après aussi, est-ce que tu penses qu'il y a quelque chose qui peut se faire ?
27:53 Parce qu'ils ont une force de frappe immense, plus que les Gilets jaunes,
27:56 ils ont leurs tracteurs, ils pourraient boucher tout Bruxelles,
28:01 c'est pas des idées qu'on donne, ne pas se mettre au même endroit,
28:05 ne pas obéir aux injonctions de Clause et du ministère de l'Intérieur,
28:11 ils pourraient faire des dégâts en termes de mobilité.
28:17 Le problème c'est qu'en fait on est dans un système où c'est le rapport de force qui compte.
28:21 Et c'est clair que ces agriculteurs-là, avec leurs grosses machines,
28:24 quelque part on a besoin d'eux si on veut changer le système.
28:26 Soit les politiques sont intelligentes et on remet tout à zéro,
28:31 et on construit alors que les solutions elles existent, sans aucune pression forte,
28:37 mais je doute que pour l'instant les politiques soient prêts à changer les choses.
28:40 Alors qu'il y a urgence, pour moi c'est pas aujourd'hui qu'il faut changer, c'était hier.
28:45 Aujourd'hui c'est déjà un peu tard.
28:48 Il faut encore le faire, et donc malheureusement c'est le rapport de force qui compte.
28:51 Et on l'a vu en France aussi, avec des gros tracteurs ils arrivent à faire plein de choses.
28:56 Je sais pas s'il faut en arriver là, mais apparemment oui, c'est dommage,
28:59 c'est toujours la force qui fait gagner les choses.
29:02 Et nous d'ailleurs au mois de février et lundi prochain, la même chose,
29:07 il y a eu un moment festif, ça c'est pour dire aussi que voilà,
29:11 on est paysans, et on est contre la violence, et on peut aussi,
29:16 on ouvre les jambes et on peut passer des moments où on fait la fête,
29:20 où on est content d'être là, même si on est triste d'être là,
29:23 parce que quand je disais un maraîcher gagne 400 euros par mois,
29:29 c'est dur, donc il est pas là pour s'amuser.
29:32 - C'est honteux, c'est dur, c'est indécent.
29:35 - C'est indécent, mais en même temps on peut être là pour être là et faire la fête ensemble,
29:40 et on mange un bout, et on chante, pour montrer aussi que c'est ça la vie.
29:44 Même si c'est dur, on a des vidéos, mais on peut s'amuser aussi.
29:48 Et en fait pour moi, les seuls responsables, c'est les politiques.
29:52 Les politiques, c'est des politiques criminels,
29:54 peu importe de quelle partie ils viennent, pour moi je les mets tous dans le même sac.
29:58 Alors que derrière ça, il y a des gens, qui sont bons sûrement,
30:02 qui ont plein de beaux projets, mais c'est le système qui rend les choses impossibles.
30:07 Donc c'est le système qu'il faut changer.
30:09 Et s'il faut passer par les gros trajecteurs et par les blocages,
30:12 c'est malheureux à dire, mais il faudra le faire.
30:15 J'aime pas, parce que je préfère que ça passe par quelque chose de beaucoup plus calme.
30:19 - Le problème c'est qu'on attend toujours le grand jour, ou le grand soir, il vient pas.
30:27 On est d'accord quand même, il vient pas.
30:29 Plutôt que de parler des politiques, parlons des poireaux, c'est plus intéressant.
30:35 On a des poireaux ici.
30:37 - On a des poireaux, voilà, ils sont tous...
30:39 Il y en a des gros, il y en a des petits, il y en a qui sont abîmés.
30:42 En plus avec l'humidité depuis l'automne, il y a beaucoup de dégâts,
30:46 donc il y a beaucoup de feuilles extérieures qui sont pourries.
30:49 Mais ils sont bons, quand on les épluchent, on pleure.
30:52 - Comme l'oignon, c'est la famille de l'oignon.
30:55 - Un vrai oignon, quand tu l'épluches, tu pleures.
30:58 Les oignons du magasin, tu pleures pas.
31:00 Il y a quelque chose qui va pas, donc là je veux dire que...
31:03 - Quel légume fantastique le poireau.
31:06 - On mange tout, il faut savoir qu'on ne jette pas les fins de poireaux.
31:09 On en fait de la soupe surtout.
31:11 Je veux pas dire...
31:13 Tu les manges crus, mais c'est pas très bon.
31:15 Même avec de la mayonnaise.
31:17 On mange les fins de poireaux, on mange les fins des carottes qui sont encore meilleures, je trouve.
31:22 Et le poireau est un légume incroyable, je trouve.
31:24 Ce petit goût sucré...
31:26 Alors on parlait du prix tout à l'heure, parce que certains disent "ouh, c'est plus cher",
31:30 mais là il y a des chicons, on ira les voir tout à l'heure.
31:34 Tu nous expliqueras qu'on les plante d'abord dehors, en terre,
31:38 et puis qu'on les met ici, et en fait on se rend compte que c'est normal que ce soit 5 euros le kilo.
31:43 Au moins. Ou 4 euros le kilo.
31:45 Chez un producteur bio, maraîcher...
31:47 Parce que c'est une place dingue, un boulot de fou,
31:50 et qu'on prend un kilo de chicons, ça prend de la place.
31:54 Dans une caisse, je sais pas avec une caisse, combien de kilos tu fais ?
31:58 Tu nous montreras, mais...
32:02 C'est dur tout ça.
32:04 Non mais c'est bien de le mettre en lumière.
32:06 Merci à toi d'être là, justement, pour décortiquer tout ça,
32:10 parce que c'est important, les gens sont un peu égarés par rapport à tout ça,
32:13 ils comprennent pas très bien, il y a tellement de manipulation derrière tout ça.
32:16 Mais c'est important, on en parle, et il n'y en a pas tant que ça qui en parle,
32:21 quoique là, on s'est en train de faire un petit peu plus de remous,
32:24 donc vraiment merci à toi, merci à toi Serge pour ton avisé,
32:28 et ça fait plaisir justement d'être là et de décortiquer tout ça,
32:32 ça va peut-être permettre aux gens d'y voir un petit peu plus clair,
32:34 et si certains politiques tombent là-dessus,
32:36 peut-être qu'ils vont se rendre compte qu'à un moment,
32:39 eux aussi ils mangent de la merde en fait,
32:41 et leur santé doit pas être meilleure que d'autres,
32:45 même s'ils ont des moyens financiers,
32:47 autre, on peut passer sa vie à courir après l'argent,
32:50 mais quand on a perdu sa santé,
32:53 on aura beaucoup courir encore avec plein d'argent, ça change rien.
32:56 Donc même pour les politiciens et leurs enfants,
32:58 ce serait peut-être intéressant qu'ils commencent à réfléchir,
33:01 à manger mieux, pour leur bonne santé et pour leurs enfants aussi,
33:05 je ne sais pas, ça me paraît quand même logique.
33:08 On a un restaurant gastronomique où hyper cher,
33:11 c'est pas du bio, c'est que de l'industriel,
33:15 avec des exhausteurs de goûts de merde, etc.
33:19 - Ils sont hors sol comme on disait.
33:21 - Hors sol quoi, c'est hydroponique, c'est comme dans l'eau,
33:25 c'est pas le produit chimique, c'est le délire.
33:29 Mais nous ce qui est bien quand même, c'est que pendant le Covid,
33:31 avec mes potes, on était au potager, on mangeait comme des rois.
33:34 - Il faisait beau. - Il faisait beau,
33:36 on mangeait comme des rois. - Le ciel était tout bleu.
33:38 - J'avais même, quand je voulais pas sortir,
33:39 j'avais mes amis paysans qui m'amenaient des trucs,
33:42 moi j'avais parfois le rhum, ils m'amenaient des courses,
33:44 on mangeait comme des seigneurs, des bons produits bio,
33:47 de haute qualité, et on doit en manger moins.
33:50 En fait quand t'as un produit de qualité, il faut en manger moins,
33:53 et il nous rassasit beaucoup mieux,
33:55 et comme disait Hippocrate, c'est de la nutritothérapie,
33:58 on se soigne de par l'alimentation,
34:00 y'a pas besoin après de courir après un moment de médicament,
34:02 c'est important.
34:04 Mais je pense qu'aussi on est une aire de l'information,
34:07 de la désinformation, d'accord,
34:09 mais grâce à des gens comme toi,
34:10 grâce à l'information aussi que nous avons,
34:15 on la partage, et ça c'est quand même,
34:18 c'est un chouette côté de cette époque quand même aussi,
34:21 on voit pas tout juste.
34:22 - Ouais, y'a quelque chose qui s'est passé avec le Covid
34:24 qui a quand même réveillé un peu les consciences,
34:26 c'est pour ça qu'il y a de l'espoir néanmoins,
34:29 il en faut, pas l'espoir en attente,
34:30 mais l'espoir que les choses, les gens bougent.
34:34 - Ouais, il faut, je dis revenir à l'autonomie,
34:36 je crois on parle de Hippocrate,
34:38 je crois, une femme médecin qui me disait dernièrement,
34:43 un vieux médecin qui est décédé,
34:45 et donc ils se font rendre compte,
34:46 il avait 8000 patients,
34:48 et un médecin de village, donc il avait 8000 patients,
34:52 on peut pas partager la patientèle avec plus de médecins,
34:57 il en manque, on a tout fait.
34:58 - Oui mais une patiente, elle avait du boulot.
35:00 - Et donc ce système est complètement absurde,
35:02 alors les pénuries de médicaments,
35:04 on en parlerons pas, ça va faire mal aussi,
35:06 mais quand les gens auront plus leur dose...
35:09 - D'antidépresseurs.
35:10 - D'antidépresseurs et autres, ça va faire mal.
35:13 Donc recréons de l'autonomie dans les soins aussi,
35:18 mais pour ça il faut être à plusieurs,
35:20 avec des compétences, c'est pas donné à tout le monde.
35:23 Et c'est pour ça que,
35:24 je veux pas rentrer dans des longues histoires,
35:28 mais finalement les paysans sont en train d'être éliminés,
35:33 les sorcières, comme on les appelait,
35:35 c'était qui les sorcières ?
35:36 Les méchants, les soi-disant méchants sorcières,
35:38 qui en a brûlé les têtes, les guérisseuses,
35:40 des sages-femmes, qui donnaient la vie,
35:43 qui permettaient de donner la vie,
35:45 qui soignaient, et tout ça,
35:46 on les a éliminés parce que c'était dangereux
35:48 pour un système qui doit rapporter.
35:50 Et donc c'est pour ça qu'il faut sortir de ce système de profit
35:53 à court terme et malsain,
35:55 sans dire que l'économie, comme je disais,
35:58 elle peut être saine, mais elle a dévié.
36:00 Et donc on a éliminé les sorcières,
36:02 on est en train d'éliminer les paysans,
36:04 on est en train d'éliminer notre autonomie.
36:06 Pour le sacro-saint afrique, c'est uniquement ça.
36:10 C'est la fin les amis, c'est la fin, si on ne fait rien.
36:12 C'est la fin, F.I.N.
36:15 C'est vrai, je sens que l'être humain est en train de s'auto-détruire.
36:19 En fin de compte, la planète s'en portera mieux, mais quand même,
36:22 c'est quand même beau la vie, la nature.
36:25 Regarde ça, quelle intelligence artificielle pourrait faire ça ?
36:29 Un truc comme ça, même une imprimante 3D, c'est ça ?
36:32 Elle ne fera jamais un truc comme ça.
36:33 Faites pareil, même, ce ne sera pas pareil.
36:35 Parce qu'il y a l'acte de création derrière.
36:38 Est-ce qu'on va voir les chikons ?
36:39 On va voir les chikons.
36:41 Il y a un chikon tout à l'heure.
36:44 Sous-titrage FR : VNero14
36:46 *Musique*