Le téléphone portable n'a pas seulement révolutionné nos modes de communication, il a aussi modifié la manière d'enquêter. Écoutes, fadettes et géolocalisations offrent aux enquêteurs de nombreux indices. La téléphonie a constitué un élément prépondérant dans la résolution de l'affaire dite du "gang des barbares", dans l'enquête sur la mort d'Orlando Capozzi comme dans celle de la disparition de Claude Bichet. Dominique Rizet réexamine ces affaires à la loupe.
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00:00Le téléphone portable, un objet qui a révolutionné nos vies, mais aussi le travail de la police.
00:08Écoute, fadette, carte sim, les moyens de faire parler un téléphone sont nombreux
00:13et permettent aujourd'hui, malgré l'ingéniosité des criminels, de résoudre un nombre considérable
00:18d'enquêtes.
00:19Francis Nébeau, vous êtes un vrai flic d'EPJ, vous faites de la police judiciaire depuis
00:33plus de 20 ans, qu'est-ce que la téléphonie apporte dans une enquête judiciaire ?
00:38La téléphonie apporte beaucoup de choses, c'est un élément important qui est mis
00:42à la disposition des fonctionnaires de police, ou des gendarmes ou des douaniers, pour essayer
00:48d'identifier, de cerner des équipes qui montent au braquage, des trafiquants, etc.
00:54Vous écoutez leurs conversations ?
00:56Les matchetteurs peuvent se laisser aller quand ils parlent au téléphone.
01:01À faire des confidences ?
01:02Que nous retranscrivons sur procès verbal, et que le magistrat a à sa disposition.
01:07Donc il est important de réunir autour du dossier des éléments probants, qui permettent
01:14d'établir que l'individu a participé à un fait ou pas.
01:17Est-ce qu'un téléphone portable, ça parle à tous les coups ?
01:20Non, malheureusement, ça serait trop facile pour les policiers si ça parlait à tous
01:23les coups.
01:24Il y a des bouvoyous qui ne parlent pas au téléphone, ça va être aussi bien à telle
01:29heure, tu sais où, point.
01:30Ils ont appris à se méfier ?
01:31Ils ont appris à se méfier, ils apprennent aussi à les jeter les téléphones, ils ne
01:35s'en servent que quelques temps, dans des cas bien particuliers, ils les jettent.
01:39Il y a des critères pour identifier un téléphone ?
01:41Vous avez deux identifiants sur un téléphone, le numéro d'appel qui correspond à ce qu'on
01:46appelle un numéro IMC, c'est-à-dire International Mobile Subscriber Identity, ça correspond
01:55à l'identité du numéro de l'abonné, et vous avez de l'autre côté, sur l'appareil
02:02téléphonique, le numéro e-mail, qui correspond au numéro d'identité de l'équipement,
02:08c'est-à-dire de l'appareil en lui-même.
02:10Alors ça veut dire, Francis, c'est beau que le numéro IMSI, c'est celui de la carte
02:13SIM ?
02:14Oui, c'est la puce, tout à fait, ça peut être une partie.
02:16Alors IMSI c'est la puce, et le téléphone, lui, il a son propre numéro ?
02:21Exactement, IMEI, c'est-à-dire c'est l'identité du téléphone, qui correspond,
02:27s'il vous plaît, il y a des codes particuliers, il y a un protocole qui a été fait par l'Union
02:31Internationale de la Téléphonie, pour pouvoir avoir les mêmes éléments dans le monde,
02:38à savoir que sur un numéro IMSI, vous allez avoir, sur la puce, trois chiffres qui normalement
02:45correspondent au code PI, après vous allez avoir une série de chiffres qui correspondent
02:51à l'opérateur en téléphonie, du dit PI, et après une série de numéros qui correspondent
02:57à l'identifiant de l'abonné.
02:59Alors ça veut dire qu'avec ça, avec la carte, le téléphone, le numéro d'appel,
03:03vous pouvez faire des tas de choses ?
03:04Exactement.
03:0613 février 2006, départementale 25, près de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne.
03:13Il est 8h30, quand une automobiliste distingue une forme humaine le long de la voie.
03:20Elle prévient la police, qui se rend sur place.
03:22On s'approche, et là, il nous semble mort.
03:28Pour nous, il est mort.
03:29Et puis en fait, on s'aperçoit qu'il respire.
03:31Il est nu, il est menotté, il a un bâillon au niveau du cou, un bâillon au niveau du
03:38front.
03:39Donc déjà, je ne comprends pas, je me demande, c'est pas courant, forcément.
03:43Il est tout rouge.
03:44Et je vois des petits lambeaux de peau, je ne comprends pas bien, je n'ai jamais eu
03:50cette situation.
03:51En plus, il est blessé au niveau du cou, je vois une petite plaie au niveau du cou,
03:55j'envoie une à la cheville.
03:56J'essaie de lui parler, je lui dis simplement que c'est la police et qu'on a fait appel
04:05aux pompiers.
04:06Et en fait, il ne me répond pas, il ne parle pas et il s'agite.
04:11Et j'ai l'impression qu'il est encore dans un mauvais délire, quoi.
04:15Il doit s'imaginer qu'il est encore avec les personnes qui lui ont fait ça.
04:23L'homme meurt lors de son transfert à l'hôpital.
04:26Il s'appelle Ilan Halimi.
04:28C'est un garçon de 23 ans, enlevé 24 jours plus tôt.
04:32Le jour de sa disparition, Ilan avait dîné chez sa mère et prévenu Moni, sa petite
04:42amie, qu'il rentrerait tard.
04:48Il se parle pour la dernière fois à 22h30, où Ilan lui dit je quitte le domicile de
04:57ma mère, je file voir Fred et puis je rentre ensuite.
05:00Mais Ilan n'a pas rendez-vous avec son copain Fred ce soir-là.
05:04En vérité, c'est une fille qu'il doit retrouver, une fille qu'il a rencontrée
05:09trois jours plus tôt.
05:10La nuit passe, la journée aussi.
05:14Moni tente de joindre désespérément Ilan, mais son portable est sur messagerie et il
05:19ne donne aucun signe de vie.
05:21En début de soirée, la jeune femme reçoit un coup de fil.
05:2419h05, elle reçoit sur son téléphone portable un message surréaliste lui demandant de
05:31consulter une adresse Internet mère 855 hotmail.fr, adresse Internet sur laquelle
05:38Moni aurait des nouvelles d'Ilan.
05:43Moni se connecte à l'adresse indiquée.
05:45Elle ouvre le premier message et lit.
05:48Nous sommes en possession d'Ilan et sa vie est en danger.
05:50Nous réclamons 450 000 euros pour le 23.
05:54Affolé, Moni appelle Karim, un ami d'Ilan, pour lui demander de se connecter lui aussi.
06:02Avec ce mail, une pièce jointe, une pièce jointe qui restera gravée pendant longtemps.
06:06Une pièce jointe qui, en fait, est une photo de mon ami, le visage scotché avec un pistolet
06:11sur la tombe présentant le Parisien du jour pour authentifier la date de la photo.
06:19Moni, Karim et les parents d'Ilan se donnent rendez vous devant le 36 Quai des Orfèvres
06:24pour prévenir la police.
06:26Karim raconte aux hommes de la crime que son ami avait rendez vous avec une fille.
06:31Il en était sur un coup.
06:32Il s'en était ouvert à lui.
06:34Une superbe fille s'est présentée au magasin qui souhaite le revoir et qui, dans les jours prochains, aura donc un date afin d'apprendre à se connaître et il en est très content.
06:51Moi, il en joue un petit peu tellement que je me demande si c'est un petit peu pour, voilà, je dirais, gonfler l'histoire.
06:57Je ne sais même pas si c'est vrai ou pas, mais en tout cas, on en rigole.
07:01Cette fille, Ilan la lui a décrite.
07:04Karim essaie de se souvenir.
07:06Jolie fille, assez jeune, plutôt élancée, je pense maghrébine, avec oui, jolie, pas trop dans les détails.
07:13Je n'ai pas non plus posé trop de questions.
07:16La fille serait esthéticienne à Sceau.
07:18C'est dans cette ville que le portable d'Ilan a été localisé pour la dernière fois.
07:22Le téléphone portable d'Ilan Alimi a été localisé le soir de sa disparition à Sceau, dans les Hauts-de-Seine, à 0h44.
07:33Comment la police a-t-elle fait pour le localiser ?
07:36Déjà, la police, elle a récupéré le numéro de téléphone d'Ilan.
07:39Donc, les enquêteurs de police vont contacter l'opérateur par voie des réquisitions et vont demander un bornage en temps réel du téléphone,
07:49c'est-à-dire de savoir où est le téléphone, où va le téléphone, s'il se déplace ou pas.
07:53Mais alors là, il faut aller vite.
07:55Comment est-ce que vous faites pour saisir l'opérateur ?
07:56On considère, dans la police et avec les opérateurs, qu'une atteinte à la vie, ce n'est qu'une question de minutes.
08:04Un kidnapping, c'est une question de minutes.
08:06Donc, il y a urgence et comme il y a un caractère d'urgence, la réponse, elle est immédiate.
08:11Elle peut se faire dans le quart d'heure, ça dépend des horaires, si vous voulez.
08:14Est-ce que ça veut dire que les opérateurs ont une permanence, quelqu'un qui peut vous répondre ?
08:18Tout à fait, c'est une obligation pour les opérateurs.
08:22Les ravisseurs veulent que Moni leur apporte la rançon le lendemain.
08:26Mais sur les conseils de la police, la jeune femme refuse.
08:29Alors, les ravisseurs changent d'interlocuteur.
08:31Désormais, ils traitent avec le père d'Ilan, Didier Halimi.
08:37Les policiers vont travailler sur la dizaine d'appels, de SMS et de mails reçus par Moni et Didier Halimi
08:43pour tenter de remonter la source, d'identifier les ravisseurs.
08:47Mais d'emblée, ils se heurtent à une première barrière technique.
08:51Les ravisseurs sont malins, ils envoient leurs mails depuis des cybercafés, jamais deux fois dans le même.
08:57Alors, les policiers vont se concentrer sur les appels.
09:02On s'aperçoit que tous les échanges et ensuite les appels transitent soit par des cabines téléphoniques, soit par des taxiphones.
09:07Bref, qu'ils sont totalement intraçables et qu'ils ne nous permettent pas d'identifier le correspondant.
09:13Et voilà qu'un nouvel obstacle surgit.
09:16Certains appels proviennent de la Côte d'Ivoire.
09:21On a affaire à un réseau structuré, organisé.
09:25Ça nous inquiète parce qu'à notre connaissance, c'est une des premières fois que des ravisseurs communiquent avec la famille de la victime à partir de l'étranger.
09:32Donc, on comprend bien que la logique de cette équipe, c'est de se mettre à l'abri d'une éventuelle identification.
09:38Évidemment, la Côte d'Ivoire, c'est un pays sur lequel on n'a pas d'autorité, notamment sur les opérateurs de téléphonie.
09:43On ne fait pas ce qu'on veut. On est soumis à la législation locale.
09:45Et ça complique énormément le travail d'identification.
09:51Lorsqu'on a des appels téléphoniques comme ça, depuis des cabines, depuis des taxiphones, est-ce qu'on peut les remonter ?
09:57Oui, tout est identifiable.
09:59Quand j'ai démarré le métier il y a 30 ans, vous aviez les téléphones fixes au domicile des individus.
10:06Quand ils se sentaient surveillés, qu'est-ce qu'ils faisaient ?
10:08Ils allaient à la cabine.
10:09Ils allaient à la cabine publique.
10:11Donc, on surveillait à l'époque les cabines publiques.
10:14Comment ça se passait ?
10:15Quand on a su que les cabines publiques étaient surveillées à l'époque où le téléphone portable est sorti,
10:21les voyous n'allaient plus dans les cabines publiques.
10:24Donc, on s'est mis, dès que la technique nous a permis, à écouter les téléphones mobiles.
10:30Alors, comment faites-vous pour écouter un téléphone portable ?
10:32Ce téléphone-là, il se promène, il est dans la nature.
10:34Oui.
10:35Comment vous faites pour l'écouter ?
10:36L'enquêteur fait une réquisition sur instruction d'un procureur ou d'un juge d'instruction
10:41qui vous autorise donc à intercepter tout moyen de communication
10:46et de retranscrire les éléments intéressants à l'enquête.
10:50Vous contactez l'opérateur par voie de réquisition que vous allez faxer et vous dites voilà.
10:56Vous allez surveiller, à partir du temps, le numéro de temps attribué à monsieur untel.
11:03Et vous me renvoyez toutes les communications sur un numéro que je lui donne.
11:08Émise et reçu.
11:09Émise et reçu.
11:10Et vous les avez en temps réel ?
11:11Entrant et sortant.
11:13Ça arrive sur un réseau électronique et j'ai tout en temps réel.
11:17Si je suis devant mon ordinateur, j'aurai à l'instant T toutes les communications entrantes et sortantes.
11:23Et avec l'étranger, en l'occurrence la Côte d'Ivoire,
11:26comment ça se passe pour remonter des appels téléphoniques ?
11:28Alors, s'il a un numéro ivoirien, il faut passer par le biais des affaires étrangères.
11:33C'est-à-dire que la justice française va par le biais des affaires étrangères françaises
11:38demander aux politiques, au gouvernement ivoirien,
11:43un accord pour pouvoir mettre un branchement téléphonique sur le numéro que vous avez identifié.
11:50Et d'un point de vue judiciaire, il faut un document particulier ?
11:53Il faut que le juge d'instruction demande une commission oratoire internationale.
11:57Est-ce qu'il existe des accords entre les pays ?
11:59Suivant certains pays, oui.
12:01C'est plus facile de travailler avec l'Europe parce que la technique est la même
12:04que d'aller travailler dans un pays africain,
12:06où la technique n'est pas toujours aussi évoluée.
12:10Ça peut prendre du temps et en l'occurrence,
12:14quand c'est une affaire de kidnapping, le temps est compté.
12:18Chaque minute est précieuse.
12:21Il reste une piste pour les policiers.
12:23La fille avec qui il avait rendez-vous.
12:27Dès la disparition du jeune homme, les policiers ont épluché sa facture téléphonique
12:31et ils ont bien trouvé l'appel que l'esthéticienne lui avait passé.
12:35Mais elle a utilisé une carte sans abonnement, une carte anonyme.
12:39Faute de pouvoir remonter jusqu'à elle, les policiers peuvent cependant
12:43identifier toutes les personnes qu'elle a contactées avec cette carte.
12:50On identifie quelques correspondants qui, au départ, sont pour nous des gens suspects.
12:56Parmi ces correspondants, un homme que l'esthéticienne a appelé
12:59plus d'une trentaine de fois la semaine qui a précédé l'enlèvement d'Ilan.
13:03Un certain Marc.
13:06Ils travaillent dans le même domaine, ils sont sur le même boulevard.
13:08On peut imaginer des questions de rivalité, peut-être un problème entre ces deux garçons.
13:13Peut-être que cet homme est impliqué dans l'enlèvement à un titre ou à un autre
13:16quand il y a cette proximité géographique et professionnelle.
13:19Peut-être y a-t-il un contentieux, un litige entre eux.
13:21Bref, il est un suspect, clairement.
13:23Les policiers placent Marc en garde à vue.
13:27On a simplement écrit un numéro sur un tableau et puis on me demandait sans cesse
13:32à qui était ce numéro.
13:34Et puis, en cherchant un petit peu dans mon téléphone, on a trouvé l'explication.
13:38C'était une fille qui se prénommait Léa.
13:40Léa, et si c'était la fille, celle qui a donné rendez-vous à Ilan
13:45le soir de sa disparition ?
13:50Léa, c'est une fille qui est venue me draguer au magasin.
13:54Elle est passée un samedi matin.
13:56Il y avait énormément de monde et ce qui s'est passé,
13:59c'est qu'elle n'a pas pu s'adresser à moi directement.
14:01Elle s'est donc adressée à mon frère et elle m'a demandé tout simplement
14:06mon numéro de téléphone.
14:07Et le soir, en fin de journée, elle a commencé à m'appeler.
14:10Une fille qui serait esthéticienne, qui drague sans complexe
14:14et qui sort le grand jeu.
14:15Le scénario est le même que pour Ilan.
14:18Maintenant, les policiers en sont sûrs.
14:19Cette fille est un appât.
14:21Marc n'est plus un suspect.
14:23Au contraire, il devait être une victime.
14:26Comme Ilan, il a bien failli tomber dans un guet-apens.
14:29Pour eux, je deviens une bonne source d'informations.
14:32On établit ensuite, un ou deux jours après, je crois que c'est le jeudi
14:35ou le vendredi, un portrait robot de la jeune fille.
14:39Une jeune femme blonde, cheveux raides, plutôt svelte, les yeux bleus.
14:44Rien à voir avec la fille qui a abordé Ilan.
14:52Pour le cas d'Ilan Halimi, le signalement qu'il nous a donné
14:55nous renvoie vers une femme de type méditerranéenne,
14:58qui est brune, les cheveux très noirs, plutôt gironde.
15:01Enfin bref, un signalement caractéristique.
15:04Une brune pour Ilan, une blonde pour Marc.
15:07Mais la même carte de téléphone et la même tactique.
15:11On a deux filles qui utilisent un même téléphone
15:15et un téléphone sans abonnement.
15:16Qu'est-ce que ça veut dire pour les policiers ?
15:18Pour les policiers, c'est à qui appartient ce téléphone ?
15:21C'est la question.
15:22Vu que ce numéro de téléphone, il est utilisé par plusieurs personnes.
15:26Alors comment est-ce qu'on fait pour le savoir ?
15:28Tout simplement, le policier va faire une réquisition
15:32à l'opérateur du numéro concerné et va demander un listing détaillé,
15:37ce qu'on appelle nous, FADET, facturation détaillée,
15:41de tous les appels entrant et sortant sur ce numéro.
15:44Alors, elles ont un téléphone particulier,
15:46c'est un téléphone qui a été acheté dans le commerce des téléphones jetables.
15:50Comment ça marche, ces téléphones jetables ?
15:51Ça, c'est le problème pour les policiers,
15:53ces fameux téléphones avec carte prépayée.
15:56Le problème, si vous voulez, pour les policiers,
15:59c'est que toutes les personnes qui achètent ces téléphones-là
16:02ont une obligation de renvoyer un document, un coupon à l'opérateur
16:07en disant voilà, j'ai acheté ce téléphone dans une grande surface,
16:11mon nom est x, mon adresse est celle-là,
16:16je joins, copie de ma carte d'identité.
16:18– Donc c'est grâce à ce papier.
16:19– Si l'opérateur ne reçoit pas ce document
16:23où il est indiqué votre nom, vos coordonnées domiciliaires,
16:28l'opérateur doit couper la puce, le téléphone ne doit plus fonctionner.
16:32La loi c'est ça.
16:33Maintenant, on est confronté à des opérateurs
16:36qui sont dans des phases de marketing,
16:37ils ne le font pas tous régulièrement,
16:40ils ne le font pas tous entre une durée de 15 jours minimum,
16:43il y en a qui le font entre 15 et un mois.
16:46Certains, on doit leur tirer un petit peu les oreilles
16:48pour qu'ils le fassent, qu'ils appliquent la loi.
16:50– Et donc ce téléphone, finalement, ce téléphone sans nom,
16:53il va bavarder, il va vous apprendre plein de choses.
16:55– Au même titre qu'un téléphone avec un abonnement,
16:57sauf qu'au départ, on n'aura pas donc le nom de l'utilisateur.
17:01– L'intérêt du voyou, finalement, c'est de vous faire perdre du temps,
17:04parce que savoir à qui le téléphone,
17:06ça vous oblige à faire des réquisitions,
17:08vous perdez un temps précieux.
17:10– Bien sûr, parce que ça prend beaucoup de temps à tout décortiquer,
17:13c'est des heures et des heures de travail.
17:16Cela fait maintenant une semaine qu'Ilan a été enlevé.
17:20Et l'homme qui conduit les négociations depuis la Côte d'Ivoire veut l'argent,
17:24mais refuse de rendre l'otage dans le même temps.
17:27Les négociations sont dans l'impasse,
17:29alors il multiplie les coups de fil au père d'Ilan jusqu'à 40 appels par jour.
17:39– C'est fou, c'est assez incroyable d'imaginer
17:43qu'on puisse entendre le téléphone sonner 40 fois,
17:4640 fois pour demander que M. Halimi verse la rançon.
17:50Et c'est incessant.
17:56Donc on est vraiment dans un harcèlement permanent.
18:00Puis c'est le silence radio pendant deux jours.
18:03Didier Halimi ne reçoit plus aucun appel.
18:07Ce que les policiers ne savent pas encore,
18:09c'est que les ravisseurs ont décidé de tenter leur chance
18:12avec un autre homme, un rabbin, qui n'est pas au courant de l'affaire
18:16et ne connaît pas la famille Halimi.
18:19Thierry Zigny sort d'une bar Miseva
18:21quand il s'aperçoit qu'il a trois messages sur son portable.
18:42Le rabbin prévient aussitôt la police.
19:01– On va exploiter les données qui ont été laissées sur son téléphone
19:05et on va notamment aller récupérer une cassette et un message
19:09qui auraient été déposés préalablement.
19:12– Dans leurs messages, les ravisseurs menacent de tuer l'otage
19:17si la rançon n'est pas versée.
19:19Une menace qui va être mise à exécution.
19:22Après 24 jours d'angoisse, de trac et une remise de rançon ratée,
19:27on retrouve Ilan, nu, le long d'une voie ferrée.
19:31Les policiers ont perdu.
19:33Ils n'ont pas réussi à sauver le jeune homme,
19:35mais ils réussissent à identifier ces ravisseurs
19:37qui seront tous renvoyés devant la justice.
19:4027 accusés qui écoperont de peine allant de 5 ans de prison à la perpétuité.
19:46La plus lourde, pour leur chef, Youssouf Fofana,
19:49un homme qui s'était autoproclamé le cerveau du gang des barbares.
20:01Francis Nebo, ces messages qui ont été laissés sur le portable du rabbin,
20:06sur lesquels on entend la voix des ravisseurs,
20:08est-ce que les policiers auraient pu les exploiter ?
20:11Est-ce qu'ils auraient pu en faire quelque chose ?
20:13Alors, dans le cadre de cette affaire précise, je ne peux pas vous dire.
20:16Ils ont peut-être reconnu les voix qui pouvaient être l'auteur ou les auteurs du fait.
20:21Maintenant, c'est très difficile de dire
20:23est-ce que ça aurait pu amener quelque chose de positif dans le cadre de cette affaire-là.
20:26On ne peut pas refaire l'histoire.
20:28Malheureusement, on ne peut pas.
20:30Tout ce que je peux vous dire de manière générale,
20:33c'est que la voix qu'un policier peut entendre dans une conversation,
20:36si elle revient souvent et qu'elle n'est pas identifiée,
20:41à partir du moment où vous pouvez lier un numéro de téléphone à cette voix,
20:45que va faire l'enquêteur ?
20:46Il va demander au juge de surveiller ce numéro-là.
20:49Comme ça, on va savoir qui est la voix.
20:52Mais alors, on a des ravisseurs qui appellent au domicile d'Ilan Halimi,
20:57des ravisseurs qui s'adressent à un rabbin
20:59en laissant des messages sur son téléphone portable.
21:03Est-ce qu'il n'existe pas des logiciels
21:06qui pourraient permettre de comparer les voix
21:08pour savoir si ce sont les mêmes personnes ?
21:10Je pense qu'aujourd'hui, des logiciels existent.
21:13Mais là, on est dans le domaine de l'expertise.
21:16Donc là, c'est au juge à demander un travail d'expertise par rapport à ça.
21:21Mais ça, c'est toujours fait, mais plus tard.
21:23Là, on n'a pas le temps de perdre une semaine, quinze jours
21:27à aller voir un expert pour qu'il identifie les voix.
21:29Après, que vont faire les enquêteurs ?
21:31Ils vont écouter les surveillances téléphoniques,
21:33toutes les voix qu'il y a dans cette écoute-là.
21:37Et après, sur le message, s'ils font le lien, ils vont se dire que c'est les mêmes.
21:42Si dans l'affaire Fofana, la téléphonie n'a pas permis de retrouver
21:45et de sauver Ilan Halimi, dans l'affaire Malon, elle va être déterminante.
21:50Grâce à elle, les policiers vont confondre les assassins d'un crime odieux.
21:5615 septembre 2003, Cassis, un refuge pour la bourgeoisie marseillaise.
22:02Orlando Capozzi et sa femme, Christine Canuel,
22:05quittent le chantier de leur villa en construction.
22:07Ils ont des courses à faire, chacun de leur côté.
22:10Alors, chacun prend sa voiture.
22:14On s'est séparés en se faisant un petit bisou et je suis retournée à mon véhicule.
22:23Et puis, je voyais qu'il ne démarrait pas et que les feux stop avaient été allumés.
22:27J'ai entendu comme un pétard.
22:31Donc, je pensais que c'était sa voiture parce qu'elle avait un problème d'échappement.
22:35Et puis, comme je voyais qu'il ne reculait pas, il n'avançait pas, j'ai dit hop, il est en panne.
22:40Donc, je suis descendue de mon véhicule et je me suis dirigée vers le sien.
22:48Je tape à la vitre, il ne bougeait pas, il était là, les yeux ouverts.
22:57J'ai vu qu'il ne me parlait pas, donc j'ai pensé qu'il avait un problème cardiaque vu qu'il avait un pacemaker.
23:05Et c'est quand j'ai posé ma main sur son cœur que j'ai vu tout le sang.
23:12Je ne comprenais pas d'où ça pouvait arriver.
23:14Mon regard s'est tourné vers le pare-brise et j'ai vu des impacts de balles.
23:19J'ai hurlé, j'ai crié, j'ai entendu des pas partir dans la colline.
23:27Ensuite, les secours sont arrivés, ils ont sorti Orlando de la voiture.
23:32Ils l'ont allongé, ils ont essayé de le réanimer.
23:35Mais c'était trop tard, il avait pris trois balles.
23:41Les enquêteurs m'ont dit que ça avait été une exécution.
23:44On ne voulait vraiment pas qu'il s'en sorte.
23:47Les policiers n'ont aucune piste. Ils ne savent même pas d'où viennent les tirs.
23:53La façon de tuer, c'est une façon qui est rarissime.
23:57Moi qui exerce depuis des années et des années sur les affaires criminelles dans la région, dans le Midi, à Marseille en particulier,
24:04c'était la première fois qu'on avait, de toute évidence, quelqu'un qui était abattu,
24:08au moyen d'une carabine de chasse et à longue distance.
24:11Un peu comme dans ce qu'on dit dans les films américains.
24:14Il y a une part, on va dire, de supputation sur d'éventuelles ramifications, peut-être avec l'étranger,
24:22d'un contrat avec un tueur professionnel.
24:25Un tueur professionnel, un contrat.
24:28Qu'est-ce qu'Orlando Capozzi a bien pu faire pour être abattu comme un mafieux ?
24:31Pour le savoir, les policiers fouillent sa vie.
24:34Ils découvrent qu'Orlando Capozzi est un homme riche.
24:37Un bijoutier, devenu marchand de biens à Marseille.
24:41Avant de se lancer dans l'immobilier en République dominicaine.
24:47Il avait cette volonté de réaliser un rêve familial.
24:51L'envie d'être un homme riche.
24:54Il avait cette volonté de réaliser un rêve familial.
24:57L'envie de nous créer un petit coin de paradis ailleurs qu'en France.
25:03Ce projet, il va le monter de A à Z.
25:07En mettant tout son coeur.
25:10C'était du rêve.
25:12Le rêve, c'est Las Terrenas.
25:15Un village de pêcheurs perdus au nord-est de l'île.
25:18Orlando y monte une société et se lance dans la construction.
25:22Il achète tous les terrains qu'il trouve.
25:24Des terrains qu'il viabilise pour y bâtir de superbes villas.
25:28Et les revendre à prix d'or.
25:55C'est un personnage haut en couleurs, en ayant de l'argent, en l'exposant.
26:00C'est vrai, il a une belle voiture, une jolie femme.
26:04Il y avait la panoplie complète de la réussite.
26:08Une panoplie qui fait jaser.
26:11Certains disent qu'Orlando Capozzi fricote avec le milieu.
26:24Quand on a fait le tour de ces relations dans la région de Marseille,
26:28on s'aperçoit qu'il n'y a pas de motifs.
26:31On ne trouve pas de motifs qui puissent provoquer une mort pareille.
26:36Les policiers n'ont plus aucune piste.
26:39Jusqu'à ce qu'un informateur leur balance un tuyau.
26:42Trois noms.
26:44Malon, Spadoni, Giustiniani.
26:47Les assassins d'Orlando Capozzi.
26:50D'après cet homme, Michel Malon serait le commanditaire du crime.
26:55Cette information est relativement précise.
26:59Sur Michel Malon, il nous dit qu'il est associé avec Orlando Capozzi.
27:04Qu'il est installé à ce domaine où il a monté une entreprise de construction.
27:09Et il nous dit qu'il y a un conflit entre Capozzi et Malon
27:14sur des intérêts d'argent.
27:17Michel Malon serait en guerre contre Capozzi.
27:19Alors, depuis la République dominicaine, il a décidé de le faire éliminer.
27:24Pour commettre le crime, Malon a fait appel à l'un de ses meilleurs amis marseillais.
27:29Christian Spadoni.
27:31Ce Spadoni a lui aussi recruté un ami pour lui servir de complice.
27:36Un certain Yves Giustiniani.
27:39Alors, les policiers vérifient.
27:42Et commencent par examiner leur communication téléphonique.
27:44Ils découvrent que Spadoni, le soi-disant tueur, a passé plusieurs coups de fil à une armurerie.
27:51Et lorsqu'ils s'y rendent, ils découvrent qu'avec son copain Giustiniani,
27:55ils ont acheté une carabine qui correspond à l'arme du crime.
28:00Et toujours grâce à la téléphonie, les policiers s'aperçoivent que les deux hommes ont de petites manies.
28:06Ces gens-là utilisent des téléphones qui ne coupent jamais.
28:10On présume même que lorsqu'ils mettent leur téléphone à charger, ils le laissent en marche.
28:14Le téléphone n'est jamais coupé, autant pour Spadoni que pour Giustiniani.
28:18Et qu'est-ce qu'on fait comme constatation, qui est beaucoup plus intéressante,
28:22c'est que le jour des faits, on constate que leur téléphone a été coupé un peu à 27h du matin,
28:28quasiment un matin, après une dernière conversation entre eux d'ailleurs.
28:31Et que ces téléphones vont être remis en marche vers 13h.
28:35Donc pour nous, il est évident que c'est un élément subjectif, mais c'est quand même un élément essentiel.
28:41Ça veut dire que ce jour-là, il s'est passé quelque chose de particulier dans leur vie.
28:45Ils ont coupé leur portable, mais ils n'ont pas cessé de s'appeler.
28:49Spadoni et Giustiniani se sont téléphonés avec des appareils anonymes,
28:54des toques, des téléphones qui n'auraient pas dû être repérés.
28:56Si Giustiniani n'avait pas fait une erreur.
29:00Giustiniani, il a commis une bourde énorme.
29:04Il a utilisé sa puce anonyme et il l'a mise dans son téléphone personnel, son téléphone identifié.
29:11Pourquoi c'est une erreur ?
29:13Les policiers, s'ils ont des soupçons sur un individu, vont surveiller son téléphone.
29:17Et vous pouvez toujours dire qu'il a un téléphone, ce qu'on appelle un téléphone,
29:21un jetable, cette fameuse prépayée.
29:24Et l'erreur qu'il fait, justement, c'est d'installer la puce de ce téléphone toque,
29:29cette puce prépayée, dans son vrai téléphone.
29:32Pourquoi ?
29:34Vous découvrez qu'il a un numéro toque.
29:36Donc vous découvrez un nouveau numéro.
29:39Donc grâce à cette erreur, les policiers vont avoir une nouvelle puce,
29:42donc un nouveau numéro de téléphone sur lequel ils vont pouvoir travailler.
29:46Quand on va s'intéresser à ce numéro de téléphone-là,
29:49on va s'apercevoir qu'en fait, ce téléphone-là fonctionne,
29:52est en relation uniquement avec un autre numéro de téléphone non identifié.
29:59Ces deux numéros de téléphone anonymes, en fait, lorsqu'ils fonctionnent,
30:04transitent uniquement sur les relais qui sont situés autour du téléphone.
30:08C'est-à-dire qu'ils ne sont pas identifiés.
30:10En fait, lorsqu'ils fonctionnent, transitent uniquement sur les relais
30:14qui sont situés autour du domicile d'Orlando Capozzi.
30:17Et puis, ces deux téléphones ne fonctionnent qu'à certaines dates.
30:23On va s'apercevoir que c'est à l'époque où Orlando Capozzi
30:28rentre de Saint-Domingue et vient séjourner en France
30:31que, comme par hasard, les téléphones se mettent à fonctionner.
30:35Alors, comment Spadoni et Giustiniani ont-ils pu être informés
30:38des allées et venues d'Orlando Capozzi ?
30:41Là aussi, les téléphones vont parler.
30:44On s'aperçoit que, chaque fois, au période quelques jours ou quelques heures
30:49avant qu'Orlando Capozzi ne rentre en France,
30:52il y a des appels qui viennent de Michel Malon, République dominicaine,
30:56à destination du téléphone de Christian Spadoni.
30:58On en vient à la déduction que Michel Malon va informer Christian Spadoni
31:04de l'arrivée d'Orlando Capozzi
31:06et lui permettre, de cette façon-là, de mettre en place une surveillance
31:10et, éventuellement, peut-être de l'éliminer.
31:12D'ailleurs, Spadoni et Malon, qui avaient l'habitude de s'appeler très régulièrement,
31:16ont brutalement cessé de le faire depuis le jour de la mort d'Orlando Capozzi.
31:21Ça aussi, c'est bizarre.
31:23Pour les policiers, tout est clair.
31:25Malon a commandité le crime et Spadoni l'a exécuté.
31:31Avec Giustiniani.
31:32Les trois hommes sont renvoyés devant les assises et, après deux procès,
31:36ils sont tous les trois condamnés.
31:38Le tireur, Christian Spadoni, est condamné à 20 ans.
31:42Michel Malon, le commanditaire, à 15 ans.
31:46Quant à Yves Giustiniani, l'homme qui a acheté l'arme, il est cop de 10 ans.
31:54La téléphonie a permis de confondre les assassins d'Orlando Capozzi.
31:58Dans l'affaire Edouard, elle va permettre de conforter les policiers
32:02dans ce qui, au départ, pour eux, n'était qu'une hypothèse de travail.
32:09Beau soleil à quelques pas de Monaco.
32:12Claude Bichet, 44 ans, a disparu depuis plusieurs jours.
32:16Marié, père de famille, patron d'une société de déménagement,
32:20tout lui est réussi jusqu'à ce que sa vie bascule.
32:24A l'occasion d'un déménagement, il rencontre une femme,
32:28Béatrice Edouin, une de ses maîtresses qui rendent les hommes fous.
32:32Sensuelle, possessive, dominatrice.
32:36Elle ne va plus le lâcher.
32:41Il était comme excité, impatient.
32:45Si elle n'était pas à côté de lui, il fallait absolument qu'il y aille.
32:48Il était comme aimanté à cette femme. C'était envoûté comme envoûté.
32:53Entre sa femme, Maryse, et sa maîtresse Béatrice, Claude est perdu.
32:59Un coup il partait, un coup il revenait, un coup il partait, un coup il revenait.
33:02Malheureusement.
33:04Finalement, Claude a quitté les deux femmes et s'est installé seul dans un studio.
33:09C'est dans ce contexte tendu qu'il disparaît en avril 2001.
33:14La police diffuse une photo et son signalement,
33:17mais les jours passent et Claude ne réapparaît pas.
33:20Du côté de sa société de déménagement, rien de suspect.
33:24Claude Bichet est aussi conseiller municipal à Beau Soleil,
33:27mais là non plus, pas la moindre piste.
33:29Les policiers s'intéressent alors à son emploi du temps, le jour de sa disparition.
33:34Sa maîtresse raconte qu'il avait un rendez-vous à Nice,
33:37mais lorsque les policiers vérifient...
33:41Il n'a pas de rendez-vous avec des clients sur Nice.
33:44Il n'a pas eu de contact sur des numéros qui pourraient nous intéresser sur Nice.
33:51D'autant que la dernière fois qu'on trouve trace de son portable,
33:54il accroche une antenne relais dans la montagne, au-dessus de Menton.
33:57C'est à 50 kilomètres de Nice.
34:05Pour nous, Claude Bichet est resté sur le secteur mentonné,
34:08voire sur les hauteurs, où son téléphone va disparaître.
34:18Francis Nebo, ces bornes, ces fameux relais téléphoniques, comment ça fonctionne ?
34:22Le but de l'opérateur en téléphonie,
34:24c'est d'avoir le réseau le plus développé en France.
34:28Donc il va mettre ses antennes et ses bornes
34:31pour avoir une meilleure zone d'écoute partout.
34:35Est-ce que ces bornes, elles ont une signature ?
34:39Est-ce qu'elles ont un numéro de référence ? Est-ce qu'elles ont un identifiant ?
34:42Ou est-ce que ce sont des bornes anonymes ?
34:44Tout est identifié en matière de technique.
34:47Ce qui permet aux enquêteurs de police de savoir
34:50dans quel endroit géographique un téléphone est mis.
34:56Alors moi, si je me déplace avec mon téléphone portable,
34:59mon téléphone portable va être sur cette borne qui est référencée.
35:03Donc elle va laisser une trace.
35:05On saura que mon téléphone est passé par cette borne.
35:07Mais si je me déplace en voiture, qu'est-ce qu'il se passe ?
35:09C'est pareil, votre voiture, sur le parcours,
35:12vous avez des bornages de la même façon ou des relais ?
35:14On peut localiser quelqu'un au plus près,
35:17c'est-à-dire à combien de dizaines de mètres près.
35:20Et c'est important de savoir si un crime a eu lieu là,
35:23ou à combien de mètres près.
35:25Le problème récurrent à tout positionnement satellitaire,
35:29c'est lié à la sûreté nationale du pays.
35:33Et les militaires ne veulent pas qu'un positionnement soit précis au mètre près.
35:38Pourquoi ? Pour des raisons de sécurité nationale.
35:40Imaginez un terroriste qui puisse localiser un point précis
35:44pour envoyer un missile ou au téléguidé, c'est pas acceptable.
35:47Vous allez avoir une localisation qui va se faire à quelques dizaines de mètres.
35:51La localisation, on l'a vu, c'est très utile.
35:54En tout cas, en l'occurrence et dans cette affaire,
35:56ça a permis de démontrer que Béatrice, la maîtresse de Claude, mentait.
36:00Ça a permis de voir déjà d'où elle passait ses appels.
36:07Pourquoi Béatrice a-t-elle voulu lancer les policiers sur une fausse piste ?
36:12Elle, que tous les proches de Claude désignent du doigt.
36:18Tout est confirmé d'un bloc, d'une façon cohérente,
36:24que Béatrice Edouin mène une vie d'enfer à Claude Bichet
36:30et que son emprise est telle qu'elle est capable,
36:34peut-être parce que Claude Bichet a décidé d'en finir avec elle,
36:39de l'avoir tuée.
36:41Mais l'accusation est gratuite, il n'y a aucune preuve.
36:44Alors les policiers pluchent ses fadettes, ils sont stupéfaits.
36:48Malgré leur rupture, Claude et Béatrice s'appelaient jusqu'à 250 fois par jour.
36:58Elle le harcelait au téléphone et du jour au lendemain, plus aucun appel.
37:03Comme si Béatrice Edouin sait très bien qu'il ne sert à rien d'appeler
37:07puisque de toute façon personne ne lui répondra.
37:09Et grâce aux écoutes, les policiers découvrent que Claude Bichet
37:12a déjà tourné la page.
37:15Elle vit avec un monsieur qui est concierge à Monaco,
37:20un homme tout à fait sympathique, avec une éducation
37:24qui est vraiment relevée sur les écoutes.
37:28Et on s'aperçoit rapidement que Béatrice Edouin ment en permanence.
37:34Elle ment à ce moment-là.
37:36On s'aperçoit rapidement que Béatrice Edouin ment en permanence.
37:41Elle ment à son nouvel amant, elle ment à ses proches.
37:45Ce que peu de gens savent, c'est que Béatrice loue un studio
37:49sur la promenade des Anglais, à Nice.
37:51Un studio où elle dispense des séances de massage et de relaxation.
37:58Il y a quelques communications avec des hommes qui sont très claires.
38:01On parlera de préservatifs, comme la dernière fois.
38:07On connaît son tarif et on sait ce qu'elle compte faire.
38:13Donc il n'y a aucune ambiguïté dans les écoutes.
38:18Mais tout ça ne prouve rien et l'enquête piétine.
38:22Jusqu'à ce qu'un jour, un ami de Claude Bichet
38:26pousse la porte du commissariat.
38:27Béatrice lui a fait des confidences qu'il ne peut plus garder pour lui.
38:32Il raconte au policier qu'un soir, il a croisé Béatrice Edouin
38:36dans une boîte de nuit de Monaco.
38:40J'ai dit, t'as des nouvelles de Claude ?
38:42Non, mais il faut que je te parle.
38:44Elle me prend le bras et me fait, il faut que je te parle.
38:46De toute façon, Claude, il est mort. Textuellement.
38:49Je lui ai dit, attends, il ne faut pas parler comme ça.
38:51Je lui ai dit, pourquoi tu dis ça ?
38:53Elle me dit, non, Claude, il est mort. Mais attends, il faut que ça reste entre nous.
38:55Sinon, il va t'arriver des bricoles.
38:57Elle m'a dit, Claude, je t'ai fait liquider.
39:01Je l'ai fait liquider.
39:03Bruno sent bien que Béatrice ne plaisante pas.
39:06Elle lui a même expliqué comment elle avait attiré son amant sur les hauteurs de Menton
39:11sous prétexte de lui faire visiter une vieille maison.
39:15Menton, autrement dit, le dernier endroit où le téléphone de Claude Bichet a borné.
39:23Ce récit colle avec notre réalité judiciaire.
39:25Il nous apprend que Claude Bichet serait allé sur l'arrière pays mentonné.
39:31Ce qui est vrai, c'est son portable le prouve,
39:34qu'il aurait été abattu aux alentours de midi et demi, une heure.
39:38Le dernier appel de Claude Bichet étant à midi et demi.
39:41Et grâce aux écoutes, les policiers vont réussir à établir
39:45le scénario diabolique mis en place par Béatrice Edouin.
39:49C'est bien elle qui a fait disparaître son amant.
39:51Elle l'a fait liquider par des hommes de main qui seront condamnés à des peines
39:56allant de 10 ans à 15 ans de réclusion criminelle.
40:00Quant à Béatrice Edouin, pour elle, ce sera 14 ans.
40:08Dans un autre dossier, l'affaire Louis Vase, la téléphonie va faire encore plus fort.
40:14Elle va permettre de démasquer un couple diabolique qui était bien parti pour s'en tirer.
40:2012 juillet 2003, sur la route de Tordesillas en Espagne,
40:25à 400 kilomètres de la frontière française.
40:28À 15h09, le centre de secours est alerté.
40:32Un accident vient de se produire.
40:36Lorsqu'ils arrivent sur place, les secouristes découvrent une voiture
40:40et sur le bord de la route, son passager, un homme âgé qui ne respire plus.
40:45Le médecin tente une réanimation cardiaque.
40:49J'ai demandé qui pouvait me donner des informations sur ce qui s'était passé
40:55et depuis combien de temps il était inconscient.
40:58J'ai regardé autour de moi pour trouver la femme de ce monsieur.
41:02Je supposais que c'était une personne âgée comme lui.
41:05Et un témoin m'a dit c'est elle.
41:07Et moi j'ai dit, elle la blonde là ?
41:10Parce que c'était une femme grande, jeune, blonde, jolie
41:14et elle ne me semblait pas très affectée.
41:20De temps en temps, elle s'arrêtait là où on essayait de réanimer son mari
41:26et elle demandait, il respire ?
41:29On répondait non.
41:31Et elle reprenait sa promenade le long de la route.
41:34L'homme meurt sur place.
41:37Il s'appelle Simon Jochimek.
41:40C'est un français de 76 ans.
41:43Sa femme raconte qu'ils étaient en vacances et venaient de quitter Tordesillas.
41:47Elle était au volant quand elle a senti un problème sur la roue arrière.
41:54Ils se dirigeaient vers la province de Samora.
41:57A ce moment là, ils ont eu une panne.
41:59Elle a demandé à son mari, monsieur Jochimek,
42:02de signaler l'accident comme le code de la route le demande.
42:06Simon Jochimek est descendu pour poser le triangle de signalisation
42:11pendant que sa femme, elle, a avancé la voiture
42:14pour laisser une distance de sécurité.
42:18Et soudain...
42:23Elle a vu un véhicule tout terrain, grand, de couleur grise.
42:27Elle nous a dit qu'il était occupé par 4 personnes,
42:30qu'il a écrasé son mari et s'est enfui.
42:33C'est l'information qu'elle nous a livrée dans un premier temps.
42:37Les policiers espagnols ouvrent une enquête
42:40et se lancent à la recherche du 4x4 gris.
42:44Pendant ce temps,
42:45la veuve de Simon Jochimek fait incinérer le corps de son mari.
42:49Une cérémonie simple.
42:51Devant le cercueil,
42:53il n'y a qu'elle et l'employé des bombes funèbres.
42:57Ce qui m'a étonné,
42:59c'est qu'aucun membre de la famille ne soit venu de France.
43:03Parce qu'ici, en Espagne,
43:05tout le monde se précipite.
43:09Et là, personne n'est venu.
43:11Elle était seule.
43:13Seule pour enterrer son mari.
43:16Un vieil homme riche en millions,
43:18depuis un récent héritage.
43:20Quand il rencontre Maude,
43:22Simon a 75 ans
43:24et change de vie.
43:26Terminée la vie de vieillard casanier,
43:28le couple part en vacances,
43:30s'offre une belle voiture, achète un appartement
43:32et une villa en Espagne.
43:34Bref, la grande vie.
43:36Et très vite,
43:38Maude et Simon se marient.
43:40Un mariage intime
43:42deux témoins,
43:44l'ancienne propriétaire de leur appartement
43:46et un vendeur de journaux du quartier.
43:50Une chose qui m'a surprise,
43:52c'est que moi, je ne savais pas
43:54qu'elle s'appelait Dominique.
43:56Elle s'est toujours présentée
43:58sous le prénom de Maude.
44:00Et Monsieur Josimèque l'appelait Maude.
44:04La mariée s'appelle pourtant bien Dominique.
44:07Dominique Louis.
44:09Elle a 31 ans de moins que son mari.
44:11C'est une ancienne policière
44:13qui a dû quitter la fonction publique
44:15parce qu'elle se prostituait.
44:18Alors, quand Simon meurt,
44:20même si les autorités espagnoles
44:22ont conclu un accident,
44:24une enquête est ouverte en France.
44:27C'est là que les policiers découvrent
44:29que leur ancienne collègue Dominique
44:31mène une double vie.
44:33Elle a un fils avec un autre homme,
44:35Jean-Claude Vase.
44:37En réalité, Dominique Louis vit en famille.
44:40Elle est vue avec cet homme.
44:43Comment comprendre que Dominique Louis,
44:45qui vient de se marier très récemment
44:47avec Simon Josimèque,
44:49puisse continuer à entretenir
44:51une relation avec un autre homme ?
44:53Cet autre homme, si elle est mariée,
44:55s'appelle dans le langage commun un amant.
44:59Et pour en savoir plus sur cet amant,
45:01les policiers s'intéressent
45:03au téléphone de Dominique Louis.
45:04Très vite, on va percevoir
45:06qu'il y a les lignes dites officielles
45:08qu'elle utilise,
45:10son téléphone portable au nom de Josimèque
45:12et la ligne de son domicile.
45:14On va s'apercevoir qu'elle utilise également
45:16des lignes sous de fausses identités,
45:18comme le ferait n'importe quel gangster
45:21voulant éviter qu'on remonte sa trace.
45:24En examinant les appels
45:26que Dominique Louis a émis depuis son portable,
45:28les policiers découvrent un numéro
45:30qui attire leur attention.
45:31Un numéro qui pourrait bien être
45:33celui de Jean-Claude Vase.
45:38Pour le savoir, les policiers
45:40vont placer la ligne sur écoute.
45:42Alors, comment ça se passe ?
45:44Comment font les enquêteurs ?
45:46On appelle le magistrat qui suit le dossier.
45:48On lui fait un rapport
45:50en lui disant, voilà,
45:52dans le cadre de cette affaire-là,
45:54il est apparu un numéro de téléphone
45:56et les enquêteurs vont apporter des éléments,
45:59laissant supposer
46:01que c'est très intéressant
46:03de le placer sur écoute.
46:05Donc on est dans un cadre juridique, judiciaire ?
46:07Tout est bien balisé, bordé.
46:09Tout est bordé, et techniquement,
46:11alors comment fait-on ?
46:13Le magistrat dit, ok,
46:15je vous autorise à intercepter ce numéro
46:17pour une durée de X mois.
46:19Un mois, deux mois, trois mois, quatre mois.
46:21Muni de ce document,
46:23dans lequel il va préciser
46:25vous interceptez les communications,
46:26vous prévoyez tout ce qui a intérêt à l'enquête
46:29et vous avez le droit d'identifier
46:31tous les numéros, etc.
46:33Donc vous allez chez l'opérateur,
46:35vous lui donnez votre document,
46:37donc la réquisition judiciaire,
46:39et là vous branchez la ligne.
46:41La ligne qui est branchée
46:43est renvoyée dans le service de police
46:45qui traite du dossier.
46:47Et l'enquêteur n'a plus après
46:49qu'à mettre le casque sur les oreilles
46:51et écouter tout ce qui se dit.
46:53On ne va retranscrire mot à mot
46:54les deux communicants
46:56que quand c'est lié à la présente affaire
46:58où on retranscrit des conversations
47:00qui permettent d'identifier
47:02ce qui va intéresser l'affaire.
47:04– Et ces conversations,
47:06qu'est-ce qu'on en fait ensuite ?
47:08– Tout ce qui concerne l'écoute est gravé sur CD.
47:10– Et on les garde ?
47:12– Tous sur plusieurs CD,
47:14c'est placé sous scellé judiciaire,
47:16c'est transmis au magistrat.
47:18Lequel magistrat l'a dans son dossier,
47:20s'il en a besoin, il les ressort,
47:22il les fait écouter
47:24ou prévenus.
47:26– Grâce aux écoutes,
47:28les policiers découvrent
47:30que leur intuition était la bonne.
47:32C'est bien Jean-Claude Vase
47:34qui se cache derrière cette ligne de téléphone
47:36ouverte sous un faux nom.
47:38Quant à ces conversations avec Dominique.
47:40– On a des conversations
47:42qui sont des conversations
47:44entre deux amants
47:46avec des mots doux, systématiques.
47:48– Ça va mon amour ?
47:50– Et toi ?
47:52– Ça va, oui.
47:55– Dominique Louis qui rend compte
47:57de ses activités sur Lyon
47:59à Jean-Claude Vase.
48:01Et un Jean-Claude qui la briefe régulièrement
48:03sur ce qu'elle doit faire, ne pas faire,
48:05qui elle doit appeler,
48:07la voix qu'elle doit adopter,
48:09de circonstances.
48:16Donc là on s'aperçoit
48:18qu'on a une Dominique Louis
48:20qui a deux faces,
48:22la veuve Simon Josimek
48:24qui parle peu au téléphone,
48:26qui pleure très vite,
48:28qui ne veut absolument pas reparler
48:30des conditions de l'accident,
48:32qui souffre de la perte de son époux.
48:34– Et tu sors un petit peu quand même ?
48:36Tu changes un peu les idées ?
48:38– Un petit peu ?
48:40– Oui.
48:42– On sent que c'est pas la grosse forme.
48:44– Non, très peu.
48:46– Oh, alors.
48:48– Et une Dominique Louis
48:50qui lorsqu'elle est au téléphone
48:52avec Jean-Claude Vase
48:54qui a plein de projets avec celui-ci
48:56et où Simon n'a absolument pas de place.
48:58– Et le 10 janvier 2004,
49:00une autre conversation
49:02attire l'attention des policiers.
49:04Une conversation qui commence par une dispute.
49:22– Jean-Claude va la faire taire
49:24quand il entend parler ainsi.
49:26Il va lui dire mais tais-toi, tais-toi.
49:35– Pour nous, c'est une forme d'aveu quelque part.
49:38– Des aveux qui mènent les amants
49:40tout droit derrière les barreaux.
49:42Jean-Claude Vase est condamné
49:44à 30 ans de prison.
49:46Dominique Louis à 28 ans.
49:49Vase fait appel
49:51mais il ne sera jamais rejugé.
49:52Entre temps, il s'est suicidé dans sa cellule.
49:55Il est donc innocent pour l'éternité.
50:00– Bon alors la téléphonie, on l'a vu,
50:02ça permet de faire des choses formidables
50:04mais ça coûte cher.
50:06– Ça coûte cher mais il faut dire que sans téléphonie,
50:08la police est sourde,
50:10les gendarmes sont sourds en partie.
50:12– Est-ce qu'on a des chiffres ?
50:14– À peu près 5 millions de réquisitions par an.
50:17– 5 millions de réquisitions ?
50:19– Douane, gendarmes, police confondue.
50:20C'est-à-dire les trois services
50:22qui vont faire du judiciaire.
50:24– 5 millions de fois,
50:27on demande à des opérateurs
50:29des réquisitions judiciaires.
50:31– Oui, sur une affaire précise,
50:33vous pouvez faire des centaines de réquisitions.
50:35Ma première réquisition va être
50:37d'identifier un abonné.
50:39Ma seconde réquisition pourrait être
50:41d'avoir une fadette,
50:43c'est-à-dire un listing détaillé
50:45des appels entrant et sortant
50:47sur le numéro qui m'intéresse.
50:48À partir du moment où j'ai cette fadette,
50:51je vais demander des identifications
50:53des numéros qui m'intéressent.
50:55Après, je pourrais demander
50:57un branchement sur ces numéros-là.
50:59Donc sur la même affaire,
51:01vous pouvez avoir des centaines de réquisitions.
51:03– Alors, qui est-ce qui paie tout ça ?
51:05– La justice.
51:07– Le ministère de la Justice ?
51:09– Le ministère de la Justice.
51:11– Ce sont les fameux frais de justice ?
51:13– Ce sont les fameux frais de justice,
51:15je pense que c'est les frais de justice
51:16parce qu'il y en a trois,
51:18toujours plus vu que la technique évolue.
51:20Et ce qu'on demande coûte de plus en plus cher.
51:23– Et pourquoi les opérateurs français
51:25font-ils payer aussi cher ?
51:27Est-ce que ça se passe comme ça partout en Europe ?
51:29– Eh non, vous prenez l'exemple de la Suisse,
51:31les réquisitions sont gratuites,
51:33les interceptions sont gratuites.
51:35Aujourd'hui, on peut dire que
51:37même si les chiffres ont baissé,
51:39le coût de chaque intervention a baissé,
51:41ça coûte des millions d'euros.
51:43Si vous voulez une fadette,
51:44ça va coûter 5 euros à peu près.
51:46Si vous avez une liste de plus de 20 numéros,
51:49ça va vous coûter 80 centimes au numéro.
51:51– Ça veut dire que les opérateurs
51:53font beaucoup d'argent avec les affaires judiciaires ?
51:55– Bien sûr.
51:57– Les télécommunications occupent aujourd'hui
51:59une place centrale dans l'arsenal policier.
52:01Une place qui devrait grandir
52:03si on parie que police et justice
52:05vont rester à l'écoute du progrès.