• il y a 7 mois
Mercredi, le plus grand squat de France a été évacué. Pour Paul Alauzy, coordinateur à Médecins du Monde et porte-parole du collectif @lereversdelamedaille_paris2024, cette expulsion est intimement liée aux JO, il parle d’un « nettoyage social » et d’une volonté de faire « place nette » avant les évènements de cet été.

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Transcription
00:00Vous avez peut-être vu cette semaine ces images d'expulsion aux plus grands squads de France à Vitry-sur-Seine.
00:04C'est aussi ça, l'impact social et le revers de la médaille des Jeux Olympiques.
00:07Je vais vous expliquer ce qui s'est passé.
00:09Mercredi, on était à 100 jours pile avant les Jeux Olympiques
00:12et il y a le plus gros squad de France situé à Vitry-sur-Seine qui s'est fait expulser.
00:16Donc il y a 450 personnes qui ont été expulsées de leur lieu de vie.
00:19Le squad de Vitry-sur-Seine, c'était des anciens bureaux de la compagnie Ouibus
00:23qui étaient occupés depuis le mois de juin 2021 par une communauté de personnes exilées.
00:27Il y avait un accès à l'eau, à l'électricité.
00:29À l'intérieur, les chambres étaient numérotées.
00:30Cette évacuation, on dit qu'elle a été faite parce que le propriétaire veut récupérer le bâtiment
00:35et il y a des travaux qui doivent être faits pour un réseau de trams ou de bus qui doit passer par là.
00:38Nous, on n'a vu aucun permis de construire ou de démolir qui a été déposé.
00:42On le lit intimement aux Jeux Olympiques.
00:44Il faut comprendre que s'il n'y avait pas eu les JO, la population de ce lieu n'aurait pas doublé en un an
00:48parce qu'il y avait un autre squad près du village olympique qui avait été expulsé.
00:51Donc les gens se sont rabattus sur Vitry-sur-Seine.
00:53On dénonce ce qu'on appelle un nettoyage social, ces expulsions de lieux de vie informels,
00:56le harcèlement des personnes à la rue pour leur faire quitter Paris
00:59et surtout pour leur faire quitter la région Île-de-France.
01:01C'est des opérations places nettes parce que oui, il y a eu une expulsion,
01:03mais il y a eu quelques propositions d'hébergement, de relogement des personnes,
01:07pour la plupart très temporaires, et on en a obtenu très peu dans la région de l'Île-de-France.
01:11Beaucoup maintenant, avec l'arrivée des JO, se font dans des sas régionaux
01:14qui sont des centres de tri loin de Paris, loin des yeux, loin des JO.
01:17Et donc dans ce lieu, nous, on estime qu'il y avait 80% des habitants qui étaient en situation régulière
01:22et surtout, c'était beaucoup de personnes qui travaillaient.
01:24Avec des contrats de travail, il y a des gamins qui allaient à l'école à vitrier.
01:26Pour l'instant, la plupart des familles sont dans le 94,
01:29mais ça va être quasiment impossible de continuer la scolarité dans la ville même.
01:32Et donc, c'est un nouveau déracinement pour ces enfants.
01:34Ce qui se passe, c'est que toutes les familles, les habitants,
01:36parce qu'il y avait quand même 20 enfants dans ce squat, une cinquantaine de femmes,
01:39et le reste, c'était des hommes.
01:40Les gens qui sont restés se sont rassemblés dans la cour.
01:42Et là, les équipes de la préfecture font une évaluation rapide des personnes
01:45et leur proposent, en fonction de leur situation, parfois des solutions.
01:49Il y en a qui ne se sont rien vu proposer, qui ont dormi à la rue dès le mercredi soir.
01:52Et il y en a d'autres qui sont montés vers des places d'hébergement.
01:54On espère avoir obtenu pour quelques dizaines de personnes
01:57des places plus ou moins pérennes,
01:58notamment pour les familles, notamment pour les femmes enceintes,
02:01et pour des personnes qui étaient réfugiées statutaires
02:03et qui avaient des contrats de travail CDI ou de plus de 6-9 mois.
02:06Il n'y a pas eu de violence physique.
02:08Par contre, il y a toujours la sécurisation du bâtiment.
02:11Donc, les forces de l'ordre cassent les portes avec des béliers,
02:13nassent les personnes à l'intérieur de la cour pour contrôler la population.
02:16Et puis, ce qui est violent, c'est la violence symbolique.
02:18Il y a des gens, c'est leur seule alternative à la rue de vivre dans ce bâtiment-là,
02:22et ils s'en font expulser par la force publique.
02:24Il faut comprendre que les habitants de ce squat,
02:26c'est des gens qui fuient la guerre civile au Soudan,
02:28la dictature militaire en Erythrée avec un service militaire obligatoire dès 16 ans.
02:31Mais en fait, les gens, ils n'ont pas le choix de venir
02:33et ils ne feraient pas ce trajet par la Libye, par la Méditerranée.
02:36S'ils avaient d'autres choix, ils nous le disent tous,
02:38j'ai juste envie de survivre, d'avoir une vie meilleure, de bosser et de m'intégrer.

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