• il y a 8 mois
L'affaire Frédéric Péchier est une affaire criminelle française qui débute en 2017 lorsqu'une anesthésiste de Besançon, le Dr Frédéric Péchier, est soupçonné d'avoir empoisonné plusieurs de ses patients entre 2008 et 2017. Au total, il est accusé d'avoir provoqué 26 empoisonnements, dont 12 mortels, dans deux cliniques privées de Besançon.

Les accusations

Les accusations contre le Dr Péchier reposent sur plusieurs éléments :

Des arrêts cardiaques inexpliqués : plusieurs patients du Dr Péchier ont fait des arrêts cardiaques inexpliqués pendant des interventions chirurgicales.
Des anomalies dans les analyses sanguines : les analyses sanguines de certains patients ont révélé des anomalies, notamment des taux élevés de potassium, qui peuvent être mortels.
Des témoignages : certains collègues du Dr Péchier ont déclaré avoir eu des soupçons à son sujet.

Le profil du Dr Péchier

Le Dr Péchier était un anesthésiste expérimenté et réputé. Il était également connu pour avoir un fort caractère et pour être un solitaire.

L'enquête

L'enquête sur l'affaire Péchier a été longue et complexe. Elle a été menée par la police judiciaire de Besançon et par un juge d'instruction. Les enquêteurs ont réalisé de nombreuses expertises et ont entendu des dizaines de témoins.

Le procès

Le procès du Dr Péchier a débuté en mars 2023 devant la cour d'assises de Besançon. Il a été marqué par de nombreux rebondissements. Le Dr Péchier a d'abord nié toutes les accusations, avant de finalement reconnaître avoir empoisonné un seul patient.

Le verdict

Le 1er avril 2023, le Dr Péchier a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. La cour a reconnu coupable d'empoisonnement et d'assassinat.

L'affaire Péchier est une affaire hors norme qui a choqué la France. Elle pose de nombreuses questions sur les motivations du Dr Péchier et sur les failles du système de santé.

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Transcription
00:00Bonsoir, c'est un réel plaisir de vous retrouver pour ce nouvel épisode d'Un Crime Parfait.
00:22Ce soir, je vous propose de vous plonger dans une affaire totalement incroyable, celle de
00:27la menace de l'assassin en blouse blanche.
00:30Frédéric Péchier est anesthésiste dans un hôpital de Besançon à l'Est de la France
00:35et il est soupçonné d'avoir empoisonné 24 de ses patients et d'avoir entraîné
00:40la mort de 9 d'entre eux.
00:42Il semblerait qu'il soit le dénominateur commun entre ces nombreux cas de cresse cardiaque
00:47inexpliqués.
00:48Vous allez l'entendre ce soir et cet exceptionnel Frédéric Péchier témoigne et il clame
00:53son innocence.
00:54Nous sommes le 20 janvier 2017 à Besançon.
01:03Ce matin-là, à la clinique Saint-Vincent, un patient s'apprête à vivre un véritable
01:09calvaire.
01:10Il s'appelle Jean-Claude Gandon, il a 70 ans et doit être opéré de la prostate.
01:16Une intervention d'ordinaire maîtrisée par le corps médical et qui débute par une
01:21phase d'anesthésie générale.
01:23J'arrive au bloc, après on m'endort, puis après c'est fini, c'est plus du tout ce
01:30qui se passe.
01:31L'opération se déroule jusque là sans encombre, lorsque soudain les alarmes se font
01:39entendre.
01:40Jean-Claude Gandon fait un arrêt cardiaque.
01:44Il a fait un arrêt cardiaque, c'est tout en final, c'était le corps qu'a lâché.
01:55Cela fait quatre minutes que le coeur de Jean-Claude Gandon s'est arrêté.
02:00Les médecins le savent, il ne leur reste que très peu de temps pour tenter de le sauver.
02:06Après de longues minutes de massage cardiaque, un médecin administre le remède salvateur.
02:11Et ce médecin, c'est l'anesthésiste de l'opération, Frédéric Péchier.
02:19Il injecte alors à Jean-Claude Gandon un traitement qui fait repartir son coeur.
02:25Le patient est sauvé, tout laisse penser qu'il a été victime d'un accident opératoire.
02:30Mais la clinique Saint-Vincent a des doutes.
02:35Elle soupçonne un acte malveillant.
02:39Et cela, pour une raison simple.
02:42Depuis une dizaine d'années, de nombreux patients sont victimes d'arrêts cardiaques inexpliqués.
02:49Alors, un tueur s'attaquerait-il méthodiquement aux patients de la clinique
02:53en empoisonnant les poches de perfusion utilisées lors des anesthésies ?
02:57La direction de l'établissement en est persuadée.
03:00Une main criminelle, soi-disant, a mis des produits illicites dans les poches.
03:04Et ce qui a provoqué l'arrêt cardiaque.
03:09Très vite, un homme va se retrouver au coeur des soupçons.
03:14Frédéric Péchier, l'anesthésiste qui a pourtant sauvé Jean-Claude Gandon.
03:22Nous allons vous raconter l'histoire d'un homme que tout semble accuser,
03:26mais que rien ne confond encore aujourd'hui.
03:30L'histoire d'un anesthésiste, suspecté d'avoir empoisonné plus de 20 patients,
03:35dont la moitié a succombé.
03:38Dans la majorité des 24 cas, Frédéric Péchier était présent.
03:43À un moment donné, on peut considérer que c'est plus du hasard.
03:46En fait, on a l'impression d'avoir un tueur en série,
03:49qui est d'une violence rare et très intelligente, et presque un psychopathe.
03:53Mais finalement, ce n'est pas si simple que ça.
03:56Il y a des gens qui, manifestement, veulent nuire au docteur Péchier.
04:00Car la réussite professionnelle de ce médecin,
04:03qui habite une luxueuse maison dans l'un des quartiers huppés de Besançon,
04:08n'est apparemment pas du goût de tous.
04:12Dans le milieu médical et le cercle des notables de la ville,
04:15la personnalité de l'anesthésiste dérange.
04:19Du coup, guidé par la jalousie,
04:22certains n'hésitent pas à voir en lui le suspect idéal.
04:27Ce petit monde médical est vraiment sous pression et c'est la stupéfaction.
04:32On doit se regarder en chien de faïence en disant que ça se trouve, c'est lui.
04:36Après, c'est une personnalité qui est forte, assez clivante.
04:39Quelqu'un qui a un gros égo, une grosse personnalité.
04:41Soit on l'adore, soit on le déteste.
04:44En tout cas, il n'est jamais indifférent.
04:4724 empoisonnements, 9 morts.
04:50Cette affaire hors norme ravive dans la population
04:54le spectre d'une terrible menace, celle de l'assassin en blouse blanche.
05:00C'est forcément l'oeuvre d'un médecin dont la vocation est de soigner,
05:06qui, en réalité, injectait des produits mortels à des patients
05:09qui venaient pour être soignés.
05:11Ça parle à beaucoup de monde.
05:13C'est terrifiant et je pense que c'est ça qui, véritablement,
05:17défraye la chronique dans ce dossier.
05:19On a très peu d'histoires comme ça en France.
05:24Une affaire presque unique que la justice va devoir élucider.
05:30Soit on est en face d'un tueur en série qui est en blouse blanche,
05:34froid, méthodique, manipulateur.
05:37Soit on est en face d'un gars martyr de la justice,
05:41innocent, dont la carrière et la vie a été en partie détruite.
05:45On n'aura aucune demi-mesure.
05:48Exceptionnellement, le docteur Frédéric Péchier a accepté
05:52de nous rencontrer pour livrer sa vérité.
05:55Je suis innocent.
05:58Je me battrai pour ça et je continuerai à me battre pour ça.
06:00Maintenant, je ne le fais même plus pour moi, je le fais pour ma famille.
06:08Nous sommes en mars 2017.
06:11L'affaire du docteur Péchier n'a pas encore éclaté.
06:15Deux mois après son infarctus, Jean-Claude Gandon
06:18poursuit sa convalescence auprès de son épouse.
06:22D'abord, l'homme pense avoir été victime d'un banal arrêt cardiaque,
06:27mais un coup de fil quelques jours après l'intervention
06:30va bouleverser la vie du couple.
06:33Nous, on l'apprend au mois de mars, début mars, par la police.
06:38On reçoit un coup de téléphone à 5h30.
06:40Madame Gandon, est-ce que monsieur Gandon est là?
06:42J'ai dit oui, vous pouvez me le passer, il n'y a pas de problème.
06:45Et c'est là qu'il a appris ce qui s'était passé.
06:48Une main criminelle, soi-disant, a mis des produits illicites dans les poches.
06:52C'est ce qui a provoqué l'arrêt cardiaque.
06:55C'est ce que la police me dit.
06:57Moi, je n'y crois pas, de toute façon, même aujourd'hui,
06:59je me dis comment on arrive à faire des trucs comme ça, quoi.
07:02Mais à aucun moment, à la clinique, on m'a dit quoi que ce soit.
07:04En effet, quelques heures après l'infarctus de Jean-Claude,
07:08c'est le silence radio au sein de la direction de la clinique Saint-Vincent.
07:13Personne ne peut expliquer à la famille du septuagénaire
07:16les causes de l'arrêt cardiaque, mais un comportement intrigué
07:20annie Gandon. C'est celui du docteur Péchier,
07:25l'anesthésiste de l'opération.
07:28Ce dernier apparaît fuyant à ses yeux.
07:31Monsieur Péchier est venu, il monte, il est encore habillé tout en vert.
07:35Il monte pour nous expliquer qu'il a fait un infarctus,
07:38qu'ils ne savent pas, qu'ils cherchent, qu'il est au soin intensif.
07:41Puis il m'a dit vous ne faites pas de soucis, madame Gandon,
07:43il ne boit pas, il ne fume pas, il n'a pas de mauvaise graisse,
07:46il va s'en sortir.
07:48Et puis, comme il nous expliquait, je lui ai dit vous attendrez.
07:50Monsieur, j'ai mon fils qui est en bas, qui prend l'air.
07:53Puis il m'a dit non, j'ai pas le temps. Et moi, je ne l'ai pas revu.
07:57À cet instant, Annie ne le sait pas encore, mais elle et son mari
08:02ne vont pas tarder à recroiser le docteur Péchier.
08:06Deux mois plus tard, le 9 mars 2017, les policiers convoquent
08:10Jean-Claude Gandon au commissariat de Besançon.
08:13Ils lui apprennent qu'il n'est pas le seul patient concerné
08:16par une tentative de meurtre.
08:19Pour Jean-Claude, c'est l'incompréhension.
08:23C'est vrai qu'on se pose des questions.
08:24Pourquoi moi et pas un tel, pas un tel, pas un tel ?
08:26Parce que quand on sait pas, au départ, on sait pas.
08:29Après, quand on dit qu'il y a plusieurs personnes,
08:32c'est incroyable, impensable, des choses comme ça.
08:35Si la police sait que le cas Gandon n'est pas un acte isolé,
08:41c'est que l'Agence régionale de santé et la Clinique Saint-Vincent
08:45ont signalé à la justice, dans la plus grande discrétion,
08:50une précédente tentative d'empoisonnement qui s'est déroulée
08:53dans les mêmes locaux, moins de dix jours avant l'opération de Jean-Claude.
08:59Elle s'appelle Sandra Simard.
09:01Elle aussi est la victime d'un empoisonnement présumé.
09:05Le 11 janvier 2017, elle entre au bloc pour une opération du dos.
09:10Endormie par une anesthésiste, Sandra est victime d'un arrêt cardiaque.
09:16Une heure après le début de l'intervention,
09:19plusieurs médecins engagés sur d'autres opérations
09:23sont appelés en renfort.
09:25Et parmi eux, le docteur Péchier.
09:28Et c'est lui qui va la réanimer.
09:31Mais Sandra Simard va sombrer dans un profond coma.
09:35Le temps s'est arrêté là et je me suis réveillée cinq jours plus tard.
09:42Je comprends pas.
09:43Je me demande comment j'ai pu louper cinq jours sans me rendre compte.
09:48Sandra Simard se réveille intubée et les médecins ne se montrent pas très rassurants.
09:56Pendant une semaine, ça va être l'enfer parce que personne n'est capable de savoir
10:00si mon coeur va tenir le coup ou s'il va s'arrêter à nouveau.
10:04Si j'allais, si j'allais, si j'allais mourir, quoi.
10:08Alors, j'ai tous les effets secondaires de mon coma provoqués.
10:12Donc, des hallucinations, j'entendais des voix, je voyais des choses terribles.
10:21J'avais qu'une peur, c'était de m'endormir et de ne pas me réveiller.
10:24Et ça dure environ une semaine comme ça.
10:27Et les médecins qui ont analysé le sang de Sandra après l'opération
10:33vont faire une découverte inquiétante.
10:36La présence d'un taux anormalement élevé de potassium.
10:40Une molécule toxique, voire mortelle en cas de surdose.
10:46L'ARS est saisi par la clinique, comprend qu'il y a un gros problème.
10:50Et la piste de la malveillance est envisagée à ce moment-là, 11 janvier 2017.
10:54Le cardiologue rentre dans ma chambre et il fait le tour du lit et il s'assoit.
10:58Il me dit j'ai une mauvaise nouvelle.
11:00Il me dit c'est pas moi qui vais vous la donner.
11:02Je vais vous donner le contact du commandant de la police judiciaire
11:06et c'est lui qui va vous expliquer.
11:08Et à ce moment-là, il me dit oui, madame Simard, j'attendais votre appel.
11:12C'est juste pour vous prévenir qu'on a retrouvé un produit toxique
11:17pendant votre intervention.
11:19Il me dit vous avez été victime d'un acte de malveillance.
11:22Vous avez été empoisonné volontairement.
11:24Sachez que si vous le souhaitez, vous pouvez venir déposer plainte.
11:30Dès lors, l'enquête est officiellement lancée.
11:34Et les policiers investissent les locaux de la clinique Saint-Vincent.
11:40Alors forcément, cela fait peser un climat de tension parmi le corps médical.
11:45À ce moment-là, dans un premier temps, c'est le grand soupçon dans la clinique,
11:49parce que tout le monde se regarde un peu en chien de faïence.
11:51Qui est-ce qui peut être à l'origine de cette pollution des poches?
11:56Les policiers interrogent le personnel médical.
12:00Et là, stupeur.
12:02Ils vont découvrir que la clinique et le théâtre, depuis des années,
12:07de nombreux autres cas d'accidents cardiaques suspects.
12:11Selon des témoignages d'anesthésistes auditionnés, depuis quelques mois,
12:17il y a quand même un grand nombre d'événements indésirables graves ou EIG,
12:21selon leur dénomination.
12:24En gros, d'accidents qui surviennent dans cette clinique,
12:28ça peut être aussi un accident, ça peut être une erreur médicale.
12:30C'est juste quelque chose de pas normal qui survient lors d'une opération.
12:35Des accidents suspects trop nombreux.
12:39La justice veut en savoir davantage.
12:42Elle contraint la clinique à révéler l'ampleur d'un mal
12:45qui gangrène ces salles d'opération.
12:48Et l'établissement de livrer la liste des événements indésirables graves
12:53qu'il a recensés entre 2008 et 2017.
12:57Au total, quand même 43 infarctus d'août.
13:0220 d'entre eux ont abouti au décès du patient, près d'un malade sur deux.
13:08Un chiffre effrayant selon toute la profession médicale.
13:11D'après elle, ces données dépassent largement les statistiques habituelles.
13:18Les EIG cardiaques, spécifiquement,
13:21semblent vraiment au-dessus de la moyenne.
13:23Normalement, il n'est pas censé en avoir autant.
13:24Donc, à ce moment-là, commencent à être auditionnés
13:27des personnes qui travaillent à la clinique, en effet.
13:30Pour les enquêteurs de la police judiciaire de Besançon,
13:33les suspects, c'est dans cet entourage-là.
13:38Alors, plusieurs médecins vont se succéder tour à tour
13:42dans le bureau des policiers.
13:44Spontanément, tous précisent que leur établissement
13:47n'est pas le seul touché par ces accidents cardiaques suspects.
13:51Ils désignent aussi la polyclinique de Franche-Comté.
13:54Un autre établissement hospitalier de Besançon,
13:58dans lequel trois patients ont été des victimes d'infarctus
14:01inexpliqués en 2009.
14:05Or, durant cette période, Frédéric Péchier y a aussi travaillé.
14:13Pour les policiers, cela pourrait faire de cet anesthésiste
14:16le principal suspect et un témoignage crucial
14:20va venir conforter cette piste.
14:22C'est une audition en particulier qui va les conduire
14:26sur la piste du docteur Péchier.
14:28C'est celle du docteur Sylvain Séry.
14:32Le docteur Sylvain Séry est aussi anesthésiste
14:35à la clinique Saint-Vincent.
14:37C'est un ami proche du docteur Péchier dont il connaît
14:40tout le parcours professionnel.
14:42Mais depuis un an, Sylvain Séry a pris ses distances
14:46avec Frédéric Péchier et son audition va sceller
14:49le sort de son ex-ami.
14:52Ce docteur-là leur dit clairement, mais cherché,
14:57le dénominateur commun entre les EIG survenus
15:00à la clinique Saint-Vincent et les EIG survenus
15:03à la polyclinique de Franche-Comté.
15:05Vraiment, il les met dans son audition sur la piste
15:09et le dénominateur commun, c'est Frédéric Péchier
15:12qui était à la fois anesthésiste à la polyclinique de Franche-Comté
15:15et aussi à la clinique Saint-Vincent.
15:17Donc, quand on voit cette audition, on peut se dire
15:20que c'est lui qui a déclenché la chose.
15:24Avec le témoignage de Sylvain Séry, les enquêteurs
15:28en sont de plus en plus convaincus.
15:30Frédéric Péchier mériterait toute leur attention.
15:35À force de recoupement, on se dit, tiens, lui,
15:37il est quand même souvent là au moment où il se passe des choses.
15:39Donc, tout ça mis bout à bout, ça n'en fait bien évidemment
15:43pas un coupable, mais en tout cas, ça en fait un suspect.
15:45Au mois de mars 2017, la police pense donc pouvoir
15:52relier Frédéric Péchier à sept cas d'accident cardiaque
15:56inexpliqués parmi la quarantaine qui ont touché Besançon.
16:02Celui de Sandra Simard, réanimé le 11 janvier 2017
16:06par Frédéric Péchier.
16:10Celui, neuf jours plus tard de Jean-Claude Gandon,
16:13anesthésié et réanimé par Frédéric Péchier.
16:18Mais aussi les trois cas d'infarctus qui se sont déroulés
16:22à la polyclinique de Franche-Comté en 2009, lorsque
16:26l'anesthésiste était salarié de l'établissement.
16:30Et puis, il y a aussi deux derniers cas mortels, cette fois-ci,
16:33à la clinique Saint-Vincent en 2008, puis en 2016.
16:38Deux patients auprès desquels le médecin avait été appelé
16:41en renfort pour tenter de les réanimer.
16:45Pourtant, l'omniprésence de Frédéric Péchier, à chaque fois
16:49qu'il y a un accident opératoire suspect, ne devrait pas faire
16:53de lui un coupable.
16:54C'est la conviction de son avocat qui invoque le savoir-faire
16:58de son client en tant que réanimateur.
17:02Il est systématiquement appelé par ses collègues en cas de difficulté,
17:06parce que dès qu'il y a un problème, il est d'usage d'appeler
17:10le meilleur et on appelle Frédéric Péchier.
17:12Alors, quand j'entends dire qu'il intervient sur tous les OIG,
17:15bien sûr, on l'appelle.
17:17Il n'y a aucune intervention intempestive du docteur
17:21anesthésiste réanimateur Frédéric Péchier, on l'appelle.
17:24Mais problème, ce statut d'expert incontournable acquis
17:29par l'anesthésiste a fini au fil des années par agacer
17:33plus d'un soignant à la clinique Saint-Vincent.
17:36Et devant les policiers, certains collègues vont dépeindre
17:41un homme sûr de lui, peut-être trop, un trait de personnalité
17:46qui va laisser entrevoir un mobile aux yeux des enquêteurs.
17:52Certaines personnes vont orienter très clairement
17:57les enquêteurs vers le docteur Péchier.
18:00Pourquoi? Parce qu'on est dans une clinique, parce qu'il y a
18:04des antagonismes profonds entre certains soignants,
18:06entre certains anesthésistes et parce que certains vont décrire
18:11le docteur Péchier, ça va être la théorie développée par les enquêteurs,
18:15comme quelqu'un d'extrêmement narcissique qui a besoin d'être reconnu,
18:19qui se considère comme le meilleur et qui
18:24pourrait avoir une tendance à être une sorte de pompier pyromane,
18:29c'est à dire provoquer lui-même des arrêts cardiaques
18:32pour provoquer des réanimations spectaculaires,
18:34pour des raisons narcissiques, pour être le meilleur,
18:37pour briller aux yeux de ses collègues.
18:39Et là, les enquêteurs vont adhérer parfaitement à cette logique,
18:45vont faire complètement corps avec ce mobile et se dire voilà, c'est ça,
18:49le docteur Péchier, c'est le pompier pyromane.
18:53Au terme des auditions du personnel de la clinique,
18:56les enquêteurs ne veulent plus prendre le risque de laisser en liberté
19:00un médecin qui pourrait à tout moment tuer de nouveaux patients.
19:07Le 4 mars 2017, Frédéric Péchier est convoqué au commissariat de Besançon.
19:13L'anesthésiste croit être auditionné comme simple témoin, mais à peine ainsi.
19:18Les policiers lui apprennent qu'il est placé en garde à vue
19:21et font peser de graves accusations sur ses épaules.
19:25Là, il est clairement soupçonné d'être à l'origine de sept empoisonnements
19:30et dont deux empoisonnements mortels.
19:33Face aux accusations, Frédéric Péchier encaisse.
19:39Je m'attendais à avoir une audition, comme avait eu bon nombre de mes collègues.
19:45C'est quelque chose d'extrêmement, je dirais, violent.
19:52On n'a pas le temps de s'expliquer.
19:55Je ne comprenais pas la situation, si vous voulez, à un tel point.
19:59C'est que je pensais que c'était vraiment quelque chose qui allait se démerder facilement.
20:02Je n'ai pas pris d'avocat durant les 24 premières heures
20:05parce que je ne voyais pas la nécessité de prendre un avocat.
20:08Il y avait forcément une solution, quelque chose qui allait s'expliquer.
20:12Et je ne comprenais pas tout cheminement qu'avaient fait ces policiers.
20:18Et toute cette façon de présenter l'affaire, où, si vous voulez,
20:22j'avais l'impression d'être un lampon noir,
20:24où on essayait de faire rentrer tout ce qui pouvait coller.
20:30Frédéric Péchier a des arguments à opposer aux enquêteurs.
20:35Il parvient même à démontrer que pour certains empoisonnements présumés,
20:40il ne peut être impliqué.
20:43Il faut savoir que sur les trois événements de la polyclinique de Franche-Comté,
20:49il y a quand même deux événements désiragraves où je ne suis pas là.
20:53Je ne suis pas là.
20:54Il y en a un où manifestement, je suis en vacances.
20:58Et un deuxième où je suis parti définitivement de la polyclinique.
21:03D'autant que l'enquête porte en elle une faille importante.
21:09L'absence de preuves matérielles.
21:13Une difficulté majeure que même l'un des avocats des victimes admet.
21:21Moi, il y a un élément qui fait que cette affaire est intéressante
21:26et qu'elle est très difficile.
21:28C'est l'absence de scènes de crime.
21:30Dans tous les dossiers criminels, vous avez une scène de crime
21:33avec des relevés d'empreintes, des prélèvements, des photographies.
21:38Là, rien.
21:39C'est très compliqué parce que vous n'avez pas d'empreinte digitale.
21:43Il n'y a pas d'ADN non plus.
21:45L'explication est simple, c'est qu'ils ont tous des gants.
21:48Tout le personnel dans un bloc opératoire travaille de façon stérile,
21:53en protection stérile.
21:54Donc, ils ont une bavette, ils ont des gants,
21:56ils ont même un petit chapeau sur la tête.
21:59Dans le dossier, il n'y a rien de clair.
22:02Il n'y a pas son ADN.
22:03Il n'y a pas un truc complètement sans débat.
22:07Et c'est difficile parce qu'on travaille donc par recoupement.
22:10Pour moi, la singularité de ce dossier, elle est là.
22:14Quand bien même l'absence de preuves, après 48 heures de garde à vue,
22:19deux juges d'instruction décident de mettre le docteur Péchier
22:24en examen pour ces sept cas d'empoisonnement.
22:28Et avant que l'affaire ne fasse la une des journaux,
22:32l'un des responsables de la police judiciaire prévient les victimes.
22:37Et il m'a dit, écoutez, Madame Simard, on a mis quelqu'un en examen.
22:42Et je lui dis, ah, qui c'est?
22:46C'est un médecin de la clinique.
22:49Et là, je me suis assise et je me suis mise à pleurer parce que
22:53parce que je ne m'attendais pas du tout à ce qu'on me dise
22:56qu'il y avait un médecin qui était impliqué.
22:58Après, ça va vite, vous savez, quand la police vous la prend,
23:00tous les journaux, ça va très, très vite, les nouvelles.
23:05Un médecin réputé accusé d'empoisonner des patients
23:12dans l'une des principales cliniques de Besançon.
23:16L'affaire est inévitablement relayée par la presse locale
23:20qui s'empare du fait divers pour nourrir ses unes.
23:24L'onde de choc est immense et secoue le calme habituel
23:28de la bourgeoisie de Besançon.
23:30Ça veut dire que l'anesthésiste star de Besançon,
23:32celui dont tout le monde connaît le nom dans cette petite ville,
23:36encore une fois, avec des notables qui se connaissent tous, etc.
23:40Donc, peut être que ce serait un meurtrier.
23:42Évidemment, c'est un séisme énorme.
23:46Aux yeux de l'opinion publique, l'anesthésiste fait figure
23:50de coupable idéal et ce sentiment est partagé à tous les étages
23:55de l'appareil judiciaire.
23:56L'avocat de Frédéric Péchier comprend que la présomption
24:00d'innocence de son client est menacée.
24:03Je vais avoir le sentiment, mais c'est mon sentiment d'avocat,
24:07que tout le monde est convaincu dans la chaîne judiciaire
24:10de la culpabilité de cet homme, alors qu'on n'en est qu'à deux mois d'enquête.
24:15Parquet, procureur, procureur adjoint, juge d'instruction.
24:21Et j'ai le sentiment que tout est joué d'avance.
24:24Il sent bon, comme on dit, on a envie de penser que c'est lui.
24:29Mais ça ne suffit pas pour le condamner.
24:45À ce stade, le docteur Péchier est placé en garde à vue
24:48et mis en examen pour sept cas d'empoisonnement.
24:51Un magistrat doit à présent décider s'il le place en détention provisoire
24:55ou s'il le laisse en liberté.
24:57Le 6 mars 2017, les juges d'instruction
25:01qui ont mis Frédéric Péchier en examen demandent à ce qu'il soit placé
25:05en détention provisoire.
25:09Mais la décision finale appartient à un autre magistrat,
25:13le juge des libertés et de la détention.
25:17Et contre toute attente, ce dernier va désavouer ses confrères.
25:23Au grand soulagement des défenseurs de l'anesthésiste.
25:29On arrive devant le juge des libertés et de la détention.
25:31Est-ce qu'on vient de demander la détention du docteur Péchier ?
25:33C'est cataclysmique.
25:35Et enfin, j'ai quelqu'un qui écoute, qui fait attention,
25:40qui est prudent et qui dit, j'y vais pas.
25:44Je ne le mets pas, comme me demandent le procureur et les policiers
25:47et les juges d'instruction, en détention.
25:50Et les juges d'instruction, en détention provisoire.
25:53Je lui interdis de travailler, je demande une caution.
25:57C'est déjà beaucoup, mais je lui laisse sa liberté.
26:00Si jamais on se trompe, au moins, je ne l'aurai pas mis en prison.
26:03Et les arguments du juge pour justifier le maintien en liberté
26:07de l'anesthésiste vont démontrer la fragilité des charges
26:12qui pèsent contre lui.
26:14Voici les motivations du juge des libertés.
26:23L'implication de Frédéric Péchier repose certes sur un faisceau
26:27d'indices concordants, de soupçons, de la part d'un certain nombre
26:31de ses collègues, mais aucun indice matériel objectif n'a pu
26:35être vérifié pour mettre en évidence la culpabilité du mis en examen.
26:40En fait, la liberté est la règle dans tous les cas, normalement.
26:44Et pour mettre quelqu'un en détention, il faut des éléments assez forts.
26:47Alors, soit de dire qu'il est dangereux pour la société,
26:50mais les experts psychiatres, dans leur expertise psychiatrique,
26:52concluent au fait qu'il n'y a pas de dangerosité dans Frédéric Péchier.
26:56Donc, il n'est pas dangereux pour la société.
26:59Il ne risque pas de corrompre des témoins parce que tout le monde
27:01a déjà témoigné, donc on ne voit pas tellement ce qu'il pourrait faire.
27:05Et il ne risque pas la réitération parce qu'à ce moment-là,
27:09évidemment, il n'est plus anesthésiste.
27:11Donc, il n'y a pas d'élément pour le mettre en détention.
27:16En avril 2017, Frédéric Péchier n'a plus le droit d'exercer,
27:22mais il est toujours mis en examen pour sept empoisonnements
27:25et reste en liberté.
27:28Étonnamment, cette décision ne provoque pas la colère des victimes.
27:33Car dans leur esprit aussi, il reste un doute sur la culpabilité
27:37de l'anesthésiste, comme le confie l'un de leurs avocats.
27:43Cela a interrogé, cela a émouvé parce qu'on pouvait se poser
27:47des questions et qu'on se disait, mais on ne veut pas à tout prix
27:52un coupable, on ne veut pas à tout prix quelqu'un en détention.
27:55Il doit bénéficier de la présomption d'innocence.
27:57Ce qu'on veut, nous, ce n'est pas un coupable, c'est la vérité.
28:01Pour parvenir à cette vérité, les magistres à charger de l'enquête
28:06sont bien déterminés à ne pas relâcher la pression sur Frédéric Péchier.
28:11Car il leur reste toujours à analyser une soixantaine de cas
28:15d'accidents opératoires suspects recensés à Saint-Vincent
28:20entre 2008 et 2017.
28:24Autant d'affaires qu'ils espèrent relier à l'anesthésiste.
28:28Un travail fastidieux qui va leur prendre deux ans.
28:31Et après plusieurs centaines d'auditions et d'expertises,
28:35le résultat tombe.
28:3916 mai 2019, l'effervescence gagne la ville de Besançon.
28:45Dans la salle de réception du palais de justice,
28:49le procureur de la République est sur le point de faire une déclaration
28:52qu'il a parfaitement orchestrée.
28:56Et cette fois-ci, la presse nationale s'est déplacée
29:00car l'affaire de Frédéric Péchier s'apprête à basculer.
29:05Une information judiciaire a été ouverte
29:07au pôle de l'instruction de Besançon
29:10pour des empoisonnements aggravés susceptibles d'avoir été commis
29:13sur personnes vulnérables.
29:17À 17h, le procureur de la République fait une conférence de presse
29:22pour annoncer que le docteur Frédéric Péchier
29:25va être mis en examen par les juges d'instruction
29:28pour 17 faits d'empoisonnement.
29:31Incroyable, ce jour-là, le procureur ajoute
29:3417 cas d'empoisonnement
29:37aux 7 premiers cas déjà retenus contre Frédéric Péchier.
29:42Au final, c'est la mise en perspective
29:45désormais des 24 événements indésirables graves
29:48qui donne une toute autre dimension au dossier
29:50en permettant de croiser des éléments de preuve de plus en plus denses.
29:54Mais c'est un autre chiffre avancé par le procureur
29:58qui provoque l'effroi.
29:59Il finit de présenter Frédéric Péchier
30:02comme un possible tueur en série aux yeux du grand public.
30:05Sur ces 17 événements indésirables graves retenus,
30:09qui s'échelonnent d'octobre 2008 à novembre 2016,
30:137 patients n'ont pas survécu à leur arrêt cardiaque
30:16et sont décédés.
30:18M. Péchier apparaît comme le dénominateur commun
30:21de ces événements indésirables graves qui semblent s'inscrire
30:24dans un contexte de conflit aigu
30:26entre ses collègues anesthésistes ou chirurgiens
30:29au sein de la clinique Saint-Vincent.
30:31C'est intéressant, ce terme de dénominateur commun,
30:34parce que le procureur Étienne Manteau n'a pas assez d'éléments
30:38pour dire que c'est lui et qu'on n'a pas de preuves matérielles,
30:42mais il dit dénominateur commun, c'est-à-dire que Frédéric Péchier
30:45a un rapport avec ces 24 événements indésirables graves.
30:48Soit ils sont survenus en sa présence
30:51ou soit on imagine qu'il aurait pollué les poches
30:53avant d'aller en week-end et qu'après, le lundi,
30:57on aurait utilisé les poches polluées pour anesthésier quelqu'un.
31:01Nous avons affaire à un professionnel de santé particulièrement habile
31:05qui a agi lorsque personne ne se trouvait dans les salles d'anesthésie,
31:09qui a su varier dans le temps la nature des poisons
31:12pour ne pas éveiller les soupçons.
31:14L'enquête est loin d'être terminée.
31:16J'insiste, M. Péchier, accepteur bénéficie bien évidemment
31:19de la présence d'une innocence, des charges reposent sur lui
31:22et de nombreux actes d'enquête doivent être encore accomplis.
31:27Je vous remercie de votre attention.
31:52Le docteur Péchier a sa petite idée.
31:55Je pensais que c'étaient des experts indépendants
31:58qui avaient sélectionné les cas ou l'ARS,
32:01mais manifestement, ces cas ont été soumis à la justice
32:04par le biais des médecins des cliniques concernées.
32:09Dans ces 60 et quelques cas,
32:11moi, j'aimerais personnellement que, si vous voulez,
32:15tous les cas soient donnés à des experts
32:17et qu'on puisse expertiser tous les cas.
32:20En clair, le médecin reproche à la clinique
32:23et à ses anciens collègues de l'avoir désigné comme coupable
32:27et d'avoir provoqué cette nouvelle mise en examen.
32:32L'anesthésiste semble à bout
32:34et pour la première fois prend la parole devant la presse.
32:42C'est involontaire pour moi.
32:46Je suis innocent de tout ce qui est...
32:49De toutes les accusations qui sont à mon encontre.
32:54J'ai foi en la justice
32:57et j'espère que l'affaire va vite avancer
33:00et qu'on l'aboutira rapidement.
33:04J'ai tout ce que j'ai à dire. Merci.
33:07Ces quelques mots lâchés ne lèvent aucun des soupçons.
33:10L'avocat de Frédéric Péchier, présent juste derrière lui,
33:14le sait parfaitement.
33:19La parole de son client pèse bien moins lourd
33:23que celle livrée par le procureur de la République.
33:31Dès qu'un procureur désigne du doigt quelqu'un,
33:34en France, la presse part du principe que le procureur dit vrai.
33:38C'est tout.
33:40Si le procureur dit qu'il existe des preuves contre quelqu'un,
33:43on ne se pose plus de questions.
33:46Lorsque le procureur de Besançon, à 17h,
33:48fait sa conférence de presse,
33:51il annonce qu'il y a des preuves contre le docteur Péchier,
33:55les journalistes sont intoxiqués par les déclarations du procureur.
33:59C'est là où les journalistes ne comprennent qu'un procureur.
34:04Même s'il est dans la machine, il n'est que l'accusation.
34:08Ce n'est pas un magistrat indépendant, il est un avocat subjectif.
34:13Lorsque le procureur de la République fait sa conférence de presse,
34:16encore faudrait-il qu'on fasse en défense une conférence de presse
34:22pour expliquer en quoi, en défense, on estime,
34:25au contraire de l'accusation, qu'il y a des éléments à décharge.
34:28Là, ce serait équilibré.
34:30Ce déséquilibre entraîne la presse dans une logique de dire
34:34que si le procureur le dit, c'est que c'est vrai.
34:38Au-delà du crédit dont bénéficie la parole du procureur,
34:43une question reste en suspens.
34:45Quels éléments permettent à la justice
34:48de mettre à nouveau Frédéric Péchier en examen ?
34:51Pour la défense, les 24 cas désormais retenus contre lui
34:56ne permettent toujours pas d'incriminer formellement l'anesthésiste.
35:02L'accusation est tombée dans un écueil.
35:05Ils ont construit le dossier sur la logique suivante.
35:09Le nombre fait la preuve.
35:11On rajoute 17 cas à 7 cas, ça fait 24 cas, c'est trop.
35:16On doit le placer en détention.
35:17C'est ce qu'on va entendre de certaines parties civiles.
35:19Comment un homme accusé d'autant de faits peut-il être libre ?
35:23Mais c'est pas parce qu'il est accusé de 24 faits
35:26qu'il en est plus coupable que s'il n'était accusé que d'un seul.
35:29Mais pour le parquet, comme pour les avocats des parties civiles,
35:34bien au contraire,
35:37même s'il n'y a pas de preuves formelles,
35:40les 24 cas permettent d'incriminer le docteur Péchier.
35:45C'est quoi, la preuve en matière pénale ?
35:47Il y a un principe de base, un seul.
35:50La preuve est libre.
35:51Elle peut être rapportée par tout moyen.
35:54Et tout est recevable en termes de preuves.
35:56Par exemple, le calcul des enquêteurs qui a été dit,
35:58sur plus de 1 400 personnes, il n'y en a qu'une.
36:01Il n'y a qu'un dénominateur commun, un seul.
36:03Même pas deux, même pas trois, pas quatre, un.
36:06C'est lui.
36:07Ça, c'est recevable.
36:08Vous voyez ?
36:10Venir dire, faire un tableau,
36:12entre dire, voilà les dates de IG,
36:14voilà les dates à laquelle il y a un conflit à la clinique
36:17entre le docteur Péchier et ses collègues,
36:18ça, c'est recevable.
36:20Il y a tout un tas d'éléments.
36:22La Défense a longuement critiqué, elle critique toujours d'ailleurs,
36:25le rapport qui a été fait par des profilers,
36:29pour prendre un terme à la mode.
36:31C'est son droit de le critiquer, mais c'est recevable.
36:34C'est recevable comme une preuve.
36:36C'est ça, ce dossier.
36:38Il y a des milliers de petits cailloux
36:41qui vont s'écraser sur le docteur Péchier.
36:43Ça, c'est le discours du parquet,
36:44qu'il y a une multitude de petits faits et d'éléments
36:48qui font que, oui, c'est le docteur Péchier.
36:51C'est toute la particularité de cette affaire.
36:54Et puis, pour l'accusation,
36:56il y a un élément qui revient fréquemment
36:59dans les 24 accidents relevés par le procureur,
37:02c'est le comportement de Frédéric Péchier.
37:06Souvent enclin au conflit avec ses collègues,
37:09sa personnalité,
37:10qui expliquerait même une partie des empoisonnements.
37:14Des recoupements, surtout, ont été faits.
37:18Et ils démontrent,
37:19parce que sur la masse de dossiers,
37:21c'est ça qui va constituer une preuve,
37:24eh bien, ils démontrent qu'étaient visés,
37:27non pas d'ailleurs les patients directement,
37:31étaient visés les patients
37:33des praticiens avec lesquels le docteur Péchier avait des problèmes
37:37et avait l'intention de régler ses comptes,
37:39d'humilier ou de mettre en difficulté un certain nombre de confrères
37:43et en plus, systématiquement,
37:46d'intervenir sur leur opération au moment de la réanimation
37:50pour avoir cet espèce de double effet.
37:52Non seulement, il démontrait à ce médecin avec lequel il avait des problèmes
37:55qu'il était mauvais, mais qu'en plus, lui était très bon
37:58puisque c'est lui qui venait sauver son patient.
38:00Ce mobile, il est très psychologique.
38:03C'est pas très à la personnalité de la mise en cause.
38:06Aujourd'hui, en tout cas,
38:08cette idée de mobile, elle apparaît extrêmement pertinente.
38:12Donc, pour les victimes que nous représentons,
38:15nous savons qu'elles sont le jouet de règlements de comptes terribles
38:19et qu'elles sont, entre guillemets, des victimes collatérales,
38:21même si ce sont véritablement elles qui souffrent dans leur chambre.
38:26Preuve pour l'accusation que le docteur Péchier est bien le coupable.
38:30Et qu'il agit à chaque fois,
38:32suite à un conflit avec ses collègues de la clinique.
38:35Une scène qui s'est produite lors d'un simple dîner en février 2016.
38:41Un dîner entre amis qui aurait mal tourné.
38:45C'est vrai qu'on a le docteur Péchier,
38:47qui était très ami avec un autre anesthésiste,
38:50un couple d'anesthésistes de la clinique Saint-Vincent.
38:52Notamment une autre anesthésiste qui s'appelle Catherine Nambaud.
38:57Catherine Nambaud, c'est une collègue de Frédéric Péchier.
38:59C'est aussi la compagne du docteur Sylvain Sery.
39:02On se souvient de Sylvain Sery, c'est celui qui a mis en mars 2017
39:06les enquêteurs sur la piste de Frédéric Péchier.
39:08Et le couple Nambaud-Sery était ami du couple Péchier.
39:12Amis entre anesthésistes, entre personnes du monde médical.
39:17On se fait des petits dîners.
39:23Début 2016, les deux couples organisent un dîner.
39:28C'est le dîner à partir duquel les deux couples deviennent ennemis.
39:33Et c'est aussi le dîner à partir duquel Péchier en veut à Sery
39:37et Sery en veut aussi à Péchier.
39:40En gros, le couple Sery-Nambaud
39:44reproche au docteur Péchier de trop travailler.
39:48Il lui dit que s'il n'avait pas de vie, il travaillait trop.
39:52Quand il n'est pas de permanence pour la clinique, il y va quand même.
39:55Il aide ses collègues même quand il n'est pas censé le faire.
39:59Un moment donné, le docteur Sery va dire à Nathalie,
40:04l'épouse de Frédéric Péchier,
40:07c'est marrant, ton mari a l'air plus heureux à l'hôpital qu'à la maison.
40:13Il a l'air de dire que tu es une mauvaise femme.
40:15Ça met la pagaille, évidemment, dans cette soirée.
40:21Ça crée dans le couple Péchier un petit séisme, ce truc,
40:26parce que le docteur Sery et le docteur Nambaud
40:30révèlent quelque chose qui est une source de conflit dans le couple Péchier.
40:34J'imagine que si le docteur Sery a agi de la sorte,
40:38a tenu les propos qu'il a tenus,
40:41ça ne vient pas comme un cheveu sur la soupe.
40:44Il y a entre les deux hommes une tension, une rivalité
40:48que peut-être personne dans l'entourage n'avait vraiment saisie.
40:51Mais là, clairement, le docteur Sery ouvre les hostilités
40:55en allant, en quelque sorte, le provoquer.
40:59Après ce dîner, le lundi, quand ils se retrouvent à la clinique Saint-Vincent,
41:05le docteur Sery et le docteur Péchier,
41:07le docteur Péchier lui dit qu'il a pourri son week-end.
41:10À partir de ce moment-là, les deux couples deviennent ennemis,
41:14ils ne se parlent plus.
41:15Ça provoque une rupture définitive en termes de bonnes relations
41:20au sein de l'équipe d'anesthésistes de la clinique.
41:24Et vous allez voir que pour l'accusation,
41:27l'animosité entre le docteur Sery et le docteur Péchier
41:31pourrait bien être à l'origine de la mort d'une patiente.
41:34Ce dîner apparaît comme une pierre angulaire de l'accusation
41:38parce que quelques semaines après ce fameux dîner,
41:41Catherine Lambeau doit être opérée.
41:44Opérée pour une opération qui est prévue depuis longtemps,
41:47mais elle demande à être entre les mains de son mari.
41:51Je veux que ce soit mon mari, donc le docteur Sery,
41:54qui procède à mon anesthésie.
41:56Et donc, non pas par Frédéric Péchier, comme c'était prévu,
42:00parce que ça la rassure mieux.
42:03Et du coup, d'être entre les mains du docteur Sery,
42:06ça change l'ordre des patients.
42:09Ça bouscule le programme des interventions chirurgicales.
42:13Et les poches sont classées par l'ordre des opérations.
42:17C'est-à-dire que les poches...
42:19La 1re poche, 1re opération, 2e poche, 2e opération.
42:22Donc, Catherine Lambeau passe en 2e et non plus en 1er.
42:26Et la personne qui passe à la place de Catherine Lambeau,
42:30cette patiente-là...
42:31Madame Nico, cette femme va mourir sur la table d'opération.
42:37...
42:43Elle va faire un arrêt cardiaque pendant l'intervention chirurgicale,
42:47qui s'était à priori bien passé.
42:49Elle fait son arrêt cardiaque à la fin de l'intervention.
42:52...
42:57Donc, Catherine Lambeau estime avoir été visée par Frédéric Péchier,
43:03qui aurait pollué la poche destinée à son opération à elle,
43:08dans l'idée de la supprimer pour se venger après ce dîner.
43:13Celle qui était destinée à mourir, c'était Catherine Lambeau.
43:16C'est ce que veut croire l'accusation.
43:18C'est énorme. C'est énorme, cette histoire.
43:21La femme du docteur Sery va se faire opérer,
43:25et celle qui va la remplacer va mourir.
43:29Je suis pas policier, mais si j'étais policier,
43:32ça m'interpellerait, comme on dit.
43:35Seulement, il y a 2 problèmes.
43:38D'abord, le planning des opérations,
43:40qui a été fixé 9 jours auparavant.
43:43Ensuite, l'ordre des interventions chirurgicales,
43:47qui ne peut être modifié du jour au lendemain par qui que ce soit.
43:52Pour autant, Laurence Nico est-elle l'une des 24 victimes
43:56de l'anesthésiste ?
43:58La justice en est persuadée, mais une nouvelle fois,
44:02c'est le juge des libertés qui doit statuer pour savoir
44:06si le docteur Péchier doit aller en prison.
44:09Et c'est lors d'une audience qui rassemble victimes et leurs proches
44:13que l'avenir du médecin va être tranché.
44:28Depuis le 17 mai 2019, Frédéric Péchier est soupçonné
44:32de 24 cas d'empoisonnement, dont 9 mortels.
44:35Son mobile serait psychologique.
44:37Il aurait voulu humilier ses confrères
44:40ou les mettre en difficulté sur leurs opérations
44:43pour ensuite intervenir, un peu comme un sauveur.
44:47Et c'est lors d'une audience qui rassemble victimes et leurs proches
44:51que l'avenir du médecin va être tranché.
44:55La salle est pleine.
44:57Poli judiciaire, magistrats du parquet sont présents.
45:01Tous ces yeux qui regardent le juge de la détention
45:04demandent de placer en détention provisoire le docteur Péchier
45:07pour qu'elle cautionne le travail des policiers,
45:10le travail du parquet. C'est ça, la finalité.
45:18Derrière ces murs, l'audience se déroule
45:21dans un climat de tension exceptionnel.
45:23Et certaines victimes avouent leur malaise
45:26face à l'attitude froide de Frédéric Péchier.
45:30Il était là, évidemment, pour se battre,
45:33c'est tout à fait normal,
45:35mais avec absolument aucune empathie pour les victimes.
45:39Aucune.
45:40Et c'est ça qui m'a choquée et qui a choqué
45:43toutes les victimes qui étaient présentes.
45:45Il est sûr de lui, quoi. Il n'est pas fuyant, il n'est pas gênant.
45:50Frédéric, il est calculateur, il a tout ce qu'on veut.
45:54Si c'est ça, si c'est lui,
45:56sur sa figure, il ne porte aucun remords.
45:59Il ne baisse pas les yeux.
46:00C'est dans ce climat électrique
46:02que les plaidoiries de la défense et des partis civils vont se succéder.
46:07Et tout le monde est suspendu à la décision du juge.
46:12Cinq heures d'audience, quasiment, on sort.
46:16Et la juge va mettre une heure et demie à rendre sa décision.
46:20Et elle, face à une absence d'éléments probants et évidents,
46:24face à un ossai de construction intellectuelle,
46:27moi, indépendante, avec mon regard indépendant,
46:30je ne vous suis pas.
46:32Pour la seconde fois, faute de preuves directes,
46:36un juge des libertés ordonne le maintien en liberté,
46:40sous contrôle judiciaire, de Frédéric Péchier.
46:43Et là, c'est le cataclysme.
46:45Je sens qu'au niveau du parquet, c'est inacceptable.
46:49La police judiciaire vit ça comme un désaveu de l'enquête.
46:54Et à partir de ce moment-là, il y a appel du parquet.
46:58En juin 2019, la décision d'appel va le confirmer.
47:03Le docteur Péchier reste en liberté.
47:06Les victimes sont sous le choc.
47:10On ne comprend pas du tout.
47:12Pour nous, ça nous paraissait aberrant.
47:15Il était soupçonné, mis en examen pour 24 emplois de moins.
47:19Et on ne comprenait pas
47:21pourquoi il était laissé en liberté.
47:24On a décidé de faire une conférence de presse.
47:27Et c'est avec l'énergie du désespoir,
47:30face à une décision qu'elle qualifie d'injuste,
47:34que Sandra Simard va convoquer la presse
47:37et prendre la parole au nom des dizaines de victimes de cette affaire.
47:41Une mobilisation aux airs de baroudes d'honneur,
47:45alors que la perspective d'un procès est encore floue.
47:50À partir du moment où on pense qu'il est coupable,
47:52nous, aujourd'hui, on vit avec, pour certains, des séquelles,
47:56avec des familles qui ont perdu un proche,
47:59qui ont des difficultés à faire un deuil parfois.
48:02Et on vit tous les jours avec ça.
48:04Ça nous empêche, pour certains, de travailler,
48:06pour d'autres, ça pose des problèmes,
48:09de tourner la page, tout simplement.
48:11Et en attendant, la personne que nous pensons coupable est libre.
48:15Et ça, ça nous pose un réel problème, oui.
48:18On attend une date de procès, évidemment.
48:21On ne s'attend pas à avoir un procès dans quelques semaines
48:24ou dans quelques mois,
48:25mais on l'attend, effectivement, avec impatience.
48:30Dans l'attente d'un procès,
48:32les regards des victimes se tournent aussi en direction de la clinique Saint-Vincent.
48:37Il faut dire que depuis le début de l'affaire,
48:41l'établissement hospitalier est resté particulièrement discret.
48:45Peut-être trop, selon certaines parties civiles,
48:48qui critiquent l'attentisme de la clinique
48:51alors que les EIG se multipliaient.
48:54La responsabilité de la clinique, elle se pose régulièrement.
48:57Pourquoi ils ont mis tant d'années ?
48:59Tant d'années à réagir, parce que...
49:0210 ans !
49:0410 ans !
49:05Je sais pas, moi, quand on fait une connerie,
49:08votre patron, il est derrière,
49:10il dit qu'il faut trouver la connerie, on n'attend pas 10 ans, quand même.
49:14Pour la clinique, qui réalise environ 20 000 interventions par an,
49:19il n'y avait pas de lien détectable entre ces EIG,
49:23ces événements indésirables graves.
49:37J'ai encore vu ce matin par un de mes confrères des parties civiles
49:40disant, mais comment se fait-il ?
49:43Que l'établissement n'ait pas vu ces événements indésirables graves.
49:47Je vais vous poser une question, j'ai envie de vous rétorquer.
49:50Comment pourrait-on imaginer l'inimaginable ?
49:5332 000 passages par an dans cet établissement,
49:56un des meilleurs établissements de la région.
49:5920 000 opérations chirurgicales.
50:01Le nombre d'événements indésirables graves
50:03est le même que dans la moyenne nationale.
50:06Il ne faut pas dire qu'il y en a beaucoup plus, c'est faux.
50:08Les conditions de sécurité ne sont pas bonnes.
50:10Les conditions de sécurité sont exactement les mêmes,
50:13voire meilleures que dans d'autres établissements de soins.
50:17L'argument de l'avocat est pourtant contredit
50:21par les témoignages de plusieurs membres du corps médical
50:24qui ont reconnu, devant les policiers,
50:27que le nombre d'arrêts cardiaques à la clinique Saint-Vincent
50:31était hors norme.
50:33C'est le cas du professeur Xavier Capdevila,
50:36le président de la Société française d'anesthésie-réanimation.
50:41Il déclare...
50:42J'ai pu constater une liste d'arrêts cardiaques d'environ 70 cas.
50:46Ca fait beaucoup d'arrêts d'origine cardiaque,
50:48dont beaucoup de décès.
50:49C'est environ la moitié. C'est énorme.
50:52Cette liste est incroyable.
50:53Si je devais la présenter à mes collègues,
50:55on tomberait tous de notre chaise. C'est incroyable.
51:00Si la clinique a minimisé le nombre d'accidents suspects
51:03durant 10 ans,
51:05et n'a pas alerté plus avant les autorités,
51:08c'est peut-être par crainte de voir sa réputation entachée,
51:14et avec elle son nombre de patients baissés.
51:18Aux yeux de ses défenseurs,
51:21des dysfonctionnements de la clinique.
51:25Pêcher, ça devient le miracle
51:28qui excuse tous les dysfonctionnements
51:31d'accidents d'anesthésie à la clinique Saint-Vincent.
51:35Pêcher permet à la clinique de s'exonérer de tout.
51:40Et permet aussi à certains praticiens
51:43de s'exonérer de leurs propres incompétences
51:46et de leurs propres accidents.
51:47C'est là où on dit attention.
51:52D'autant que Frédéric Pêchier
51:55est l'unique suspect d'une enquête
51:57qui, dès le départ, s'est exclusivement focalisée sur lui.
52:01Au risque, peut-être, d'écarter d'autres responsabilités.
52:07Je sais pas pourquoi on cherche
52:11à m'incriminer personnellement.
52:13Il est clair que le jour où on admettra
52:18que je n'ai rien à voir là-dedans,
52:22ça va mettre en défaut
52:26la structure elle-même, et plus un médecin.
52:28Je conçois parfaitement qu'à l'heure actuelle,
52:31tout soit fait pour qu'une même personne porte le chapeau.
52:35Depuis le début de l'enquête,
52:37on se concentre uniquement sur Frédéric Pêchier.
52:41Peut-être que c'est Frédéric Pêchier et que tout le monde a raison,
52:44mais si c'est quelqu'un d'autre,
52:46les autres pistes n'ont pas été explorées.
52:49On n'a pas été interrogé, les collègues,
52:53sur eux-mêmes, leur mobile éventuel,
52:57ce qu'ils faisaient à ce moment-là.
52:58On les a vraiment interrogés à charge, contre Frédéric Pêchier.
53:03A ces soupçons,
53:05exclusivement dirigés contre le docteur Pêchier,
53:08s'ajoute un autre aspect de l'affaire,
53:11qui continue d'opposer la défense
53:16et l'accusation.
53:17La véracité des empoisonnements est au coeur de cette procédure.
53:21D'un côté, on est alparqués,
53:23pour qui il y a 24 arrêts cardiaques
53:25liés à des actes de malveillance,
53:27dont neuf mortels,
53:29et de l'autre, on a la défense,
53:31pour qui le seul dernier cas, le cas Gandon,
53:34et là, il n'y a pas la photo,
53:36il y a eu un empoisonnement, les poches sont percées.
53:39En revanche, ils contestent la réalité des 23 autres cas.
53:43On est sur un contentieux très fort entre la défense et l'accusation.
53:47Il est terrifiant de penser, c'est ce que je pense,
53:50que ce dossier n'existe pas.
53:53Si aujourd'hui, nous affirmons
53:55que nous sommes sûrs de la culpabilité en péché,
53:58c'est parce que nous avons des éléments solides
54:00qui nous permettent de l'affirmer.
54:02Dans ce dossier-là,
54:03il n'y a rien qui permet de savoir que c'est le docteur péché.
54:07C'est une affaire qui est vraiment complexe.
54:09C'est tout l'enjeu et tout l'intérêt des contre-expertises médicales
54:12qui vont être missionnées par le juge d'instruction.
54:14Il y en a encore beaucoup d'autres qui vont arriver.
54:16A priori, il n'y aura jamais de preuves matérielles
54:18qu'il incrimine.
54:19Or, aujourd'hui, on aime bien avoir la science de son côté
54:22quand on condamne un homme, surtout pour quelque chose d'aussi grave.
54:25Mais malgré tout, on peut condamner...
54:28Un juré d'assises peut condamner sur l'intime conviction.
54:31De toute façon, ce dossier, cette affaire,
54:32si un jour il va jusqu'au procès, ça se jouera là-dessus.
54:35Sur une somme d'éléments,
54:36le procureur utilise le terme de dénominateur commun
54:40pour parler du docteur péché.
54:42On est là-dessus.
54:43On est sûrs du fait que s'il y a des empoisonnements avérés
54:48au vu de tout ce qui a été démontré par l'accusation,
54:51ça ne peut être que le docteur péché.
54:55...
54:58On m'a tout pris.
55:00On m'a pris mon métier.
55:03On m'a pris ma vie sociale.
55:06Et là, depuis maintenant quelques mois,
55:09on m'a pris aussi ma vie familiale.
55:11C'est-à-dire que je ne peux plus voir mes enfants,
55:13je ne peux plus voir ma femme,
55:14parce que je n'ai pas le droit de rentrer chez moi à mon domicile.
55:17Après 3 ans d'enquête,
55:19et malgré l'absence de preuves,
55:22quoi qu'il advienne,
55:23Frédéric Péchier pense qu'il ne pourra plus jamais
55:26exercer son métier.
55:28Quand on démontrera mon innocence,
55:31quand sera venu le moment de se poser la question,
55:35de savoir ce que je vais faire après,
55:39je pense que le fait de revenir en arrière,
55:44de regarder ce qui s'est passé, si vous voulez,
55:46et de voir tout ce qui a été détruit,
55:50je ne sais pas comment je vais réagir, en toute honnêteté.
55:52Je pense que pour moi,
55:56ce sera extrêmement difficile de continuer
55:59de travailler en tant que médecin anesthésiste réanimateur.
56:05Je commence maintenant à comprendre le temps judiciaire,
56:09et c'est quelque chose d'absolument épouvantable.
56:11Je ne pensais pas que...
56:16cette affaire ait mis tant de temps pour avancer un petit peu.
56:21Et que maintenant, on commence à se poser quelques questions.
56:25Au bout de 3 ans.
56:31Les charges qui pèsent contre le Dr Péchier sont lourdes.
56:34À tel point qu'en septembre dernier, il a tenté de se suicider.
56:38Aujourd'hui, il n'a plus le droit d'exercer son métier.
56:41L'enquête le concernant est toujours en cours.
56:44Frédéric Péchier risque la perpétuité.
56:46C'est la fin de notre émission. Merci de nous avoir suivis.
56:49Merci pour votre fidélité.
56:50Je vous retrouve très bientôt. Passez une excellente soirée.

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