Les cliniques privées des Pyrénées-Orientales bientôt en "grève totale"

  • il y a 5 mois
Les cliniques privées de toute la France s'insurgent contre la hausse des tarifs hospitaliers décidée par le gouvernement. Une hausse plus importante dans le public que dans le privé. Dans les Pyrénées-Orientales, le groupe Elsan dénonce "une maltraitance institutionnelle".

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00:00 Et notre invité ce matin est là pour pousser un coup de gueule, le coup de gueule du groupe
00:04 Elsan qui détient 7 cliniques privées dans les Pyrénées-Orientales, 3 dans l'Aude.
00:09 Le groupe Elsan qui accuse le gouvernement de ne pas avoir assez augmenté les tarifs
00:12 des cliniques privées et il menace de faire grève, une grève totale à partir du 3 juin.
00:18 On va vous expliquer, nous sommes Suzanne Chaudrier avec le directeur du groupe Elsan
00:23 dans l'Aude et aussi dans les Pyrénées-Orientales.
00:24 Bonjour Pascal Delubac.
00:26 Bonjour.
00:27 Alors les cliniques du groupe Elsan dans le département c'est notamment la clinique Saint-Roch,
00:31 Médipol à Cavestany, la clinique Saint-Pierre aussi à Perpignan, vous êtes présent aussi
00:36 à Prades, à Serré et ailleurs.
00:38 En fait vous reprochez au gouvernement d'avoir donc augmenté les tarifs hospitaliers de
00:43 0,3% pour le secteur privé alors que la hausse est de 4,3% dans le public.
00:50 Pourquoi cet écart de chiffre vous fait bondir à ce point ?
00:53 Tout simplement parce que d'abord sur le point de vue de la méthode, sur le plan de
00:58 la méthode puisque nous avons appris dans le journal l'augmentation de nos tarifs sans
01:02 concertation, ce qui n'existait pas par le passé avec les prédécesseurs de l'actuel
01:07 ministre délégué et on nous a expliqué aussi postérieurement que nous n'avons pas
01:12 bien compris que 0,3% c'était aussi bien que 4,6% pour le secteur public.
01:17 Donc on trouve ça particulièrement surprenant.
01:20 Aussi bien c'est-à-dire ? Qui a dit ça ?
01:22 C'est le ministre délégué qui nous explique que comme nous avons travaillé plus en termes
01:26 d'activité notamment dans le secteur de la chirurgie, nous n'avions pas besoin de
01:31 revalorisation tarifaire puisque nous travaillons beaucoup.
01:34 Ce qui est un non-sens d'un point de vue budgétaire puisque 0,3% d'augmentation de tarif pour
01:41 2024 et 4% d'inflation prévue pour 2024, le compte n'y est pas.
01:46 Vous voulez dire que vous avez beau augmenter l'activité, ça ne rattrapera jamais la différence
01:50 qu'il y a avec l'inflation ?
01:51 Bien sûr.
01:52 Mais est-ce que c'est possible d'avoir une hausse identique dans le public et dans le
01:56 privé ? Est-ce que c'est faisable ?
01:57 Il n'y a jamais eu de hausse identique mais il n'y a jamais eu cet écart qui est un écart
02:02 qui va de 1 à 14 puisque aujourd'hui entre 0,3% et 4,6% il y a un écart de 14 points.
02:07 Et donc en réalité il y a toujours eu un écart mais on ne demande pas une égalité,
02:14 on demande une équité.
02:15 C'est-à-dire que les spécificités et les besoins de notre secteur soient pris en compte.
02:19 Donc en gros vous demandez minimum combien de hausses ?
02:21 On demande minimum 3,2%.
02:23 Et il y a des conséquences importantes dans les cliniques, en l'occurrence du Gros Pelsen
02:29 dans le département.
02:30 Est-ce qu'il y en a qui sont menacés aujourd'hui par exemple sur leur trésorerie ?
02:32 Sur la trésorerie bien entendu parce que d'abord en dehors de l'augmentation tarifaire, ce
02:38 qu'il faut savoir c'est que normalement les tarifs sont publiés, c'est une décision
02:42 de l'État, le 1er mars.
02:45 D'habitude nous les avons vers le 10 mars.
02:47 Nous ne pouvons pas facturer à partir du 1er mars jusqu'au 10.
02:50 Aujourd'hui nous ne pourrons pas facturer avant le 25 avril.
02:53 Facturer quoi ?
02:54 Facturer les séjours des patients puisque ce sont les tarifs qui nous permettent de
02:58 facturer les séjours des patients et ne pouvant pas facturer nous devons quand même payer
03:03 nos fournisseurs, nos salariés et l'Ursaf.
03:05 Donc c'est un retard dans la trésorerie, dans la comptabilité ?
03:08 C'est un retard dans la trésorerie qui est conséquent et on rajoute à ce retard l'effet
03:12 tarif qui va effectivement pénaliser la solidité des trésoreries.
03:16 Est-ce qu'il y a des cliniques qui sont particulièrement en danger ?
03:20 Alors particulièrement en danger, pour notre territoire, il y a l'effet du groupe qui
03:26 nous appuie.
03:27 Donc quand on est dans un groupe, c'est quand même un atout, on est un peu plus protégé.
03:31 Une clinique isolée, isolée c'est-à-dire totalement indépendante, si elle est dans
03:36 le rouge, elle va être en difficulté puisque je rappelle que nous sommes régi par le droit
03:41 des sociétés et que donc il y a toujours le fantôme de la liquidation.
03:45 Il est 7h50 sur France Bleu Roussillon, Suzanne Chaudrier notre invité, Pascal Delubac,
03:50 le directeur du groupe Elsan dans les Pyrénées-Orientales et dans l'Aude.
03:53 Alors on entend ce que vous dites, on le comprend, mais votre groupe Elsan c'est quand même
03:57 près de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022 si je ne me trompe pas.
04:01 Elsan c'est vraiment un géant des cliniques privées en France.
04:06 Considérant ça, est-ce que ce n'est pas normal ou logique que le gouvernement applique
04:10 une différence de traitement, une différence de hausse des prix ?
04:15 - Écoutez, le chiffre d'affaires ce n'est pas le résultat d'abord, et puis ensuite
04:22 ce qu'il faut savoir c'est que 92% des recettes des cliniques privées en France viennent
04:28 de tarifs fixés par la CNAM et par le gouvernement et c'est identique pour le secteur public.
04:35 Si vous prenez le dernier avis du comité d'alerte de la CNAM, les problèmes de gestion
04:42 ne sont pas dans le secteur privé, ils sont dans la fuite des déficits dans le secteur
04:45 public, ce n'est pas moi qui le dis.
04:47 Donc si bien opérer, avoir de la pertinence sanitaire dans les actes, dans les décisions
04:54 médicales et être efficient d'un point de vue médico-économique c'est une faute et
04:58 qu'on le sanctionne, on peut se poser des questions sur la façon dont nous sommes gérés
05:03 aujourd'hui par ce ministère.
05:05 Et aujourd'hui si vous alertez le gouvernement, vous alertez aussi de la part de vos actionnaires
05:11 qui sont peut-être inquiets ?
05:12 Je ne sais pas si on ne le fait pas pour rassurer les actionnaires, vous savez si j'en arrive
05:20 à cautionner cette grève c'est parce qu'il y a quand même un problème aussi d'accessibilité
05:26 au soin et de libre choix du patient.
05:28 Et si le secteur privé va mal, l'académie de chirurgie le dit aussi, si le secteur privé
05:33 va mal, ça ira mal pour les patients.
05:35 Parce qu'aujourd'hui vous avez depuis les ordonnances de 45, depuis plus de 80 ans,
05:41 vous avez un équilibre entre le secteur public et privé qui offre un panier de soins à
05:45 l'ensemble de la population équilibré.
05:47 Si un des deux secteurs va mal, c'est l'accessibilité au soin qui va être pénalisé.
05:51 Ce n'est pas du tout un problème d'actionnaire.
05:53 Vous dites que vous cautionnez cette grève, donc ce sera une grève à partir du 3 juin
05:58 dans les cliniques privées partout en France et notamment dans celle du groupe Elsan, ça
06:03 veut dire que vous n'accueillerez que les urgences vitales et aucun autre patient ?
06:07 En tout cas, ça sera un arrêt total d'activité.
06:10 Alors des urgences vitales, quand vous êtes comme sur Saint-Pierre avec de la chirurgie
06:13 cardiaque, les urgences de chirurgie cardiaque seront bien entendu prises en charge puisque
06:19 nous sommes seuls à réaliser ces opérations sur le territoire.
06:23 Donc là-dessus, il n'y aura pas de sujet.
06:25 Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'à un moment donné, pourquoi au niveau national,
06:32 toute la profession se sent maltraitée, on parle de maltraitance institutionnelle.
06:36 Et donc si nous réagissons, c'est parce qu'on pense que là, ce ministère-là, et pas que
06:43 le ministre délégué, Mme Vautrin, tous ces gens-là ont une politique qui n'est pas réfléchie.
06:48 Absolument pas réfléchie.
06:49 Sachant que dans les Pyrénées-Orientales, votre groupe Elsan assure la moitié des actes
06:55 chirurgicaux, est-ce que ce n'est pas un peu risqué quand même de s'engager dans
06:58 une telle grève ?
06:59 Pas du tout, parce qu'on ne peut pas accepter d'être maltraité à ce point-là.
07:04 Et je pense que ce combat va au-delà de l'hospitalisation privée, il concerne la population.
07:10 Parce que demain, vous n'aurez plus le choix de votre opérateur, vous n'aurez plus le
07:14 choix de votre biologiste, de votre radiologue, et je trouve que c'est très grave.
07:18 Pour terminer, les urgences de nuit sont toujours fermées dans les cliniques Saint-Pierre et
07:23 Médipole à Cabestany, Saint-Pierre à Perpignan.
07:26 Pas assez de personnel médical, c'est ça, pour assurer le service.
07:30 Est-ce qu'il y a espoir ce matin pour une possible réouverture bientôt ?
07:34 Alors deux choses.
07:36 D'abord, si l'on manque de médecins, il faut se poser la question sur les diverses
07:40 politiques de santé publique qui ont été menées en la matière, parce qu'on n'est
07:44 pas arrivé à cette situation de pénurie de médecins, et pas que dans ce secteur-là
07:47 par hasard.
07:48 Et ensuite, l'objectif très clair des équipes médicales, des directions des cliniques,
07:53 c'est de réouvrir H24, les deux services d'urgence.
07:56 Mais à partir de quand ?
07:57 Alors on ne pourra pas vous donner de date, parce que nous sommes en cours de recrutement.
08:01 Nous avons encore hier sur les deux services validé la signature d'un contrat d'impraticien,
08:07 mais on préfère faire une annonce solide que d'anticiper et de vous dire quelques jours
08:11 plus tard qu'on ne peut pas le faire.
08:12 Pascal Delubac, vous êtes le directeur du groupe Elsan dans les Pyrénées-Orientales
08:16 et dans l'Aude.
08:17 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin, et bonne journée.
08:20 Merci beaucoup, bonne journée à vous.

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