• il y a 7 mois
Brigitte Boucher et Yves Thréard (Le Figaro) reçoivent cette semaine Raphaël Glucksmann, député européen et tête de liste PS / Place publique.

Pour mieux comprendre les élections européennes 2024, qui se dérouleront le Dimanche 9 juin 2024, la politique de l'Union sera passée au crible chaque semaine dans « L'Europe c'est nous ! », présenté par Brigitte Boucher, journaliste de la rédaction de LCP, à partir du lundi 18 mars à 19h30.
Chaque semaine, Brigitte Boucher recevra les têtes de listes des principales formations politiques pour cerner les grands enjeux de ce temps fort démocratique. Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction et éditorialiste au Figaro livrera son regard sur les candidats et leurs ambitions pour l'Europe à venir dans une chronique.
Des experts de l'Union européenne, Britta Sandberg du Spiegel, Paolo Levi de la Stampa et Richard Werly de Blick partageront quant à eux chaque semaine leur carte blanche pour comprendre les incidences des mesures politiques et leurs applications concrètes dans notre Europe de demain.

Une diffusion à suivre en direct chaque lundi à 19h30.
Production : LCP-Assemblée nationale, en partenariat avec Le Figaro

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Transcription
00:00 Bonsoir à tous et bienvenue dans l'Europe, c'est nous, votre rendez-vous européen tous les lundis soirs sur LCP entre 19h30 et 20h30
00:09 pour décrypter et tout comprendre des élections européennes. Quel sera le visage de l'Europe le 9 juin prochain ?
00:16 Quelle Europe pour demain ? Nous allons interroger ce soir Raphaël Glucksmann, il est tête de liste socialiste aux élections européennes.
00:24 (Générique)
00:41 Et dans cette émission nous retrouverons dans quelques instants Yves Fréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro ainsi que nos trois experts spécialistes de l'Europe
00:50 qui auront chacun une carte branche. Il y aura Britta Sundberg du Spiegel, Paolo Levy de Lanza et Richard Verli de Blic l'Europe. C'est nous, c'est parti.
01:01 (Générique)
01:07 Bonsoir Raphaël Glucksmann. Vous avez sans doute vu que les Etats-Unis devraient débloquer 61 milliards pour l'Ukraine.
01:14 Le Sénat doit encore confirmer le vote de la Chambre des représentants. Une aide qui arrive tardivement.
01:20 Est-ce que ça peut permettre à l'Ukraine de gagner la guerre face à la Russie ?
01:24 En tout cas ça peut permettre à l'Ukraine de résister puisque cette aide avait été repoussée sans cesse par les Républicains, par les Trumpistes.
01:32 Et je dois dire que c'est un avant-goût, cette obstruction des Républicains, c'est un avant-goût de ce que donnerait une présidence de Donald Trump aux Etats-Unis.
01:41 Et le 5 novembre 2024 de cette année, après les élections européennes, il y a les élections américaines.
01:47 Et la France et l'Europe pourraient se retrouver seules, seules face à la guerre de Vladimir Poutine, seules pour assurer la sécurité du continent européen.
01:55 Et donc c'est pour ça qu'on doit vraiment construire cette puissance européenne et s'émanciper des Etats-Unis d'Amérique qui peut-être ne seront plus un allié flambe bientôt.
02:04 Alors ça veut dire construire une défense européenne. À quoi elle ressemble pour vous cette défense européenne dont on parle depuis si longtemps mais qu'on a du mal à voir se matérialiser ?
02:13 Déjà c'est une base industrielle de défense. Une défense européenne c'est la capacité de l'Europe à produire les moyens de sa sécurité.
02:23 Et on a laissé finalement l'Europe sans défense depuis des décennies en pensant que le parapluie américain serait éternel.
02:32 En réalité ce parapluie n'est pas éternel et l'Europe doit pouvoir se dévendre seule.
02:36 Mais vous avez sur le front ukrainien une pénurie de munitions. À quoi est-elle liée cette pénurie ?
02:42 Eh bien au fait que pendant deux ans, depuis le 24 février 2022, nos démocraties ne se sont pas mises en ordre de marche,
02:49 n'ont pas mobilisé leur énergie, leur fonds pour redevenir productrices de sécurité.
02:54 Il fallait se mettre en économie de guerre plus tôt ?
02:56 Il fallait dès le début de l'invasion, en anticipant une guerre longue, remobiliser nos capacités productives qu'on avait laissées à l'abandon.
03:04 Et aujourd'hui la principale industrie de défense européenne, l'industrie française, n'est pas capable de livrer plus que 3000 obus par mois
03:13 quand les russes en tirent 20 000 par jour.
03:15 Et donc les reculs ukrainiens sur le front sont directement liés à la faiblesse de la base productive européenne.
03:21 Donc la première chose à faire, c'est investir massivement et de manière coordonnée à l'échelle européenne
03:26 dans nos capacités de production, dans notre industrie de la défense.
03:29 La deuxième chose, c'est de faire en sorte que la commission européenne se transforme, comme elle l'a fait pendant le vaccin,
03:35 en centrale d'acquisition qui centralise, qui coordonne et qui planifie les investissements dans l'industrie de la défense.
03:41 Et c'est la seule manière en fait d'avoir une Europe qui devient adulte et qui peut assurer sa propre sécurité.
03:46 Mais vous le dites, c'est difficile pour les ukrainiens sur le terrain, les russes gagnent du terrain.
03:52 Tous les rapports qu'on a sont extrêmement inquiétants.
03:55 Vous êtes très inquiet ?
03:56 Extrêmement inquiétant.
03:58 Il reste combien de temps à l'Ukraine alors ?
04:00 Avec l'aide américaine, peut-être qu'on gagne du temps.
04:03 Mais la vérité, c'est qu'aujourd'hui, la Russie a réussi son pari, c'est-à-dire malgré les sanctions européennes et américaines,
04:12 elle a réussi à mobiliser son industrie de défense.
04:16 Et en fait, il y a une puissance de feu tellement supérieure de la Russie au moment où on se parle.
04:19 Les européens ont tellement tardé, les américains ont tellement tardé.
04:23 Ils ont aussi tellement hésité à livrer ce dont l'Ukraine avait besoin pour réellement gagner cette guerre,
04:28 qu'on se retrouve dans une situation militaire fondamentalement inquiétante.
04:33 Et il faut le dire à ceux qui nous regardent, c'est pas simplement la sécurité de l'Ukraine qui est en jeu,
04:38 ou la sécurité de l'Ukraine qui est en jeu.
04:40 Si Vladimir Poutine gagne en Ukraine, ce sera la fin de la paix et de la stabilité sur le continent européen dans son ensemble.
04:48 Moi, j'ai présidé la commission spéciale sur les ingérences étrangères pendant tout mon mandat au Parlement européen.
04:53 Je peux vous dire que la guerre hybride qui est menée par la Russie et Vladimir Poutine contre nos démocraties,
04:59 c'est pas simplement une guerre territoriale pour prendre le don basse ou la crime.
05:03 Le but, c'est la déstabilisation du continent européen dans son ensemble,
05:06 la fin de l'architecture de sécurité européenne et la déstabilisation de nos démocraties.
05:10 Alors après cette aide accordée par les États-Unis, le porte-parole de la présidence russe a affirmé
05:15 que cette décision tuerait encore plus d'Ukrainiens à cause du régime de Kiev.
05:19 Est-ce qu'il faut s'inquiéter des représailles du coup ?
05:22 Ceux qui tuent les Ukrainiens, ce sont les soldats russes et c'est le régime russe.
05:27 Et donc, de toute façon, ceux qui tuent les Ukrainiens, c'est aussi la faible capacité aujourd'hui à se défendre de l'Ukraine.
05:35 Et chaque système de défense anti-aérien sauve des vies ukrainiennes.
05:40 Chaque arme qu'on envoie en Ukraine est un facteur de sécurité supplémentaire pour l'Ukraine et pour l'Europe.
05:47 Donc en fait, c'est un investissement dans notre propre sécurité.
05:50 Et ce que Vladimir Poutine fait comme pari, c'est qu'en fait, nous sommes incapables, nous, démocratie européenne, d'un effort à long terme.
05:58 Il fait le pari que nous serons gagnés par la lassitude, que nous en aurons marre de l'Ukraine.
06:03 Et donc, chacun, chacune d'entre nous a un effort à faire.
06:06 C'est-à-dire que oui, la guerre...
06:08 Mais vous voyez des points de faiblesse chez nos alliés européens ?
06:10 Moi, je vois des points de faiblesse dans les opinions publiques européennes.
06:13 Je vois des points de faiblesse dans les dirigeants européens qui n'assument pas la réorganisation de la production dont j'ai parlé.
06:19 Moi, je vois des points de faiblesse dans notre indolence, dans notre incapacité à maintenir un effort continu
06:26 et une attention focalisée sur un sujet pendant plus de 15 jours.
06:29 Oui, c'est dangereux et oui, on est dans un moment existentiel pour l'Europe.
06:34 C'est-à-dire que fondamentalement, l'Europe joue sa peau en Ukraine.
06:38 Et ça, il faut qu'on le comprenne et qu'on agisse en conséquence.
06:42 Alors, au Conseil européen du 18 avril, Emmanuel Macron s'est exprimé justement sur le soutien européen à Kiev.
06:48 Je vous propose de l'écouter.
06:50 Pour ce qui est de l'Ukraine, nous restons plus que jamais unis et déterminés dans notre soutien,
06:55 aussi longtemps qu'il le faudra et aussi intensément que nécessaire.
06:59 La priorité est très clairement celle du soutien militaire à l'Ukraine.
07:04 Et c'est ce qui ressortait de nos échanges avec le président Zelensky.
07:08 Est-ce que vous êtes pleinement d'accord avec ce que dit le président Emmanuel Macron, le soutien militaire à l'Ukraine ?
07:13 Avec ce qu'il dit là, je n'ai aucun problème avec ce qu'il dit là. C'est la bonne ligne.
07:18 Ce qu'il faut faire, c'est agir en conséquence.
07:20 On a par exemple 206 milliards d'avoirs publics russes gelés dans nos banques.
07:25 Et bien saisissons-les et affectons ces 206 milliards à l'aide à l'Ukraine.
07:30 Et ça, ce sera un signal extrêmement puissant envoyé à la Russie de Poutine,
07:35 mais ce sera aussi concrètement un financement durable pour l'aide militaire apportée aujourd'hui par l'Europe à l'Ukraine.
07:42 Parce que les 60 milliards américains et notre propre investissement, ça permet juste à l'Ukraine de résister.
07:48 Ce qu'il faut, c'est permettre à l'Ukraine de reprendre l'initiative sur le terrain militaire et d'issuader la Russie.
07:53 Et si on veut à la fin aboutir à des négociations, si on veut à la fin aboutir à la paix, il faut que l'Ukraine reprenne la main sur le terrain.
08:02 Qu'elle soit en position de force pour négocier.
08:04 Jamais Vladimir Poutine ne concèdera la moindre chose s'il a l'impression qu'il peut gagner la guerre.
08:10 Et la seule manière de lutter pour la paix, c'est d'être ferme.
08:14 Moi j'entends les gens qui disent "mais il faut la paix, il faut la paix".
08:18 Oui, il faut la paix, mais la seule manière d'avoir la paix quand un tyran déclenche des guerres,
08:22 c'est de lui montrer qu'on est ferme et qu'il ne gagnera pas par la guerre, qu'il ne gagnera pas militairement, qu'il fera défait.
08:28 C'est aussi ce que dit Emmanuel Macron, et il a dit qu'au nom de l'ambiguïté stratégique,
08:33 il a laissé planer l'idée qu'il pourrait y avoir des opérations sur le terrain.
08:37 Vous, vous avez toujours défendu l'Ukraine, vous dites qu'il faut la soutenir encore,
08:40 mais pourtant là-dessus, est-ce que ce n'est pas vous qui avez une ambiguïté stratégique ?
08:44 Mais moi, j'ai dit simplement une chose, les Ukrainiens ne nous le demandent pas,
08:49 et donc je voulais certifier une chose.
08:52 En France, on est des spécialistes de débats littéraires qui n'ont pas lieu d'être.
08:57 On ne sait pas ce qu'on doit faire pour soutenir la résistance ukrainienne de manière suffisante,
09:01 en termes de production, en termes de livraison.
09:03 Alors entamer un débat sur quelque chose qui est purement hypothétique,
09:07 pour qu'ensuite, on ait des opposants qui viennent dire "mais moi je n'ai pas envie d'aller mourir sur le front"
09:13 et des autres qui disent "mais si, vous devez aller mourir sur le front", ce n'est pas du tout ce qu'on demande.
09:16 Mais Inger, c'est aussi ce qu'on disait, le rapport de force face à Poutine.
09:19 Mais le rapport de force, c'est d'abord de livrer aux Ukrainiens ce qu'ils ont demandé.
09:25 Ça veut dire que vous n'êtes pas contre l'envoi éventuel de troupes à un moment s'il le faudra,
09:29 mais ce n'est pas le débat du jour.
09:31 Mais je pense qu'il faut tout faire, sauf cela.
09:35 Sauf une confrontation militaire directe avec la Russie de Poutine.
09:39 Et c'est précisément pour éviter cela, pour éviter cette confrontation militaire directe avec la Russie de Poutine,
09:45 que nous devons être infiniment plus sérieux dans l'aide que nous apportons à l'Ukraine.
09:50 Saisissons les 206 milliards, envoyons beaucoup plus d'armes à Kiev.
09:55 Arrêtons de perdre, nous avons perdu six mois pour savoir si nous devions livrer des tanks,
10:00 six mois pour savoir si nous devions livrer des missiles, six mois pour savoir si nous devions livrer des avions.
10:05 Et donc faisons ce que nous devons faire et ce que les Ukrainiens nous demandent.
10:09 C'est difficile d'avancer à 27 ?
10:11 Mais la responsabilité principale, elle est à Paris et Berlin.
10:15 Elle n'est pas à Bruxelles et elle n'est pas dans le fait d'être 27.
10:18 Quand on négocie le texte européen sur l'investissement dans les munitions porté par le commissaire breton,
10:25 qui s'appelle Asunas Possible, ce qui en Europe peut prendre du temps effectivement.
10:30 Mais ce texte qui vise à favoriser la livraison de munitions et la production de munitions pour l'Ukraine,
10:37 Paris et Berlin l'ont saboté en enlevant la priorisation pour pouvoir continuer à livrer des armes à Doha,
10:45 à Abu Dhabi, à Riyad.
10:48 Mais l'avenir de l'Europe ne se joue pas aux Qatar ou aux Emirats.
10:52 L'avenir de l'Europe se joue en Ukraine.
10:54 Et donc c'est Paris et Berlin qui jusqu'ici ont posé problème.
10:57 Donc s'il y a un changement de pied, tant mieux.
10:59 Mais la vérité c'est que si on avait écouté la Commission européenne et le Parlement européen depuis le début,
11:03 aujourd'hui nous aurions une armée ukrainienne bien plus forte en capacité de repousser les Russes.
11:08 On va aller sur un autre terrain de guerre malheureusement.
11:10 C'est l'Iran qui a attaqué l'Israël la semaine dernière.
11:13 Est-ce que vous craignez un embrasement de la région ?
11:16 C'est un risque. C'est un risque réel.
11:19 Et il faut tout faire pour empêcher cette escalade guerrière.
11:24 Il faut d'abord dissuader le régime iranien de porter plus de coups à Israël.
11:31 Ça veut dire quoi dissuader ?
11:33 Ça veut dire de nouvelles sanctions qui ont été décidées contre l'Iran par l'Union européenne ?
11:38 Ça veut dire de nouvelles sanctions.
11:40 Ça peut être étiquette ?
11:41 Avant cela, nous avions demandé au Parlement européen la mise sur la liste des organisations terroristes
11:48 des gardiens de la révolution, qui sont le pilier du régime et qui sont responsables de la répression en Iran.
11:54 Nous le faisions au moment du soulèvement "Femmes, vie, liberté".
11:58 Et ça n'a jamais été fait par les dirigeants européens.
12:02 Et donc, moi, ce que je veux, c'est qu'on soit beaucoup plus ferme contre le gouvernement Netanyahou
12:09 et l'extrême droite israélienne au sujet des massacres commis à Gaza
12:13 ou de l'extension de la colonisation en Cisjordanie.
12:16 Beaucoup plus ferme que nous ne l'avons fait.
12:18 Beaucoup plus ferme avec les sponsors du terrorisme aussi, l'Iran ou le Qatar.
12:23 On a appris aujourd'hui qu'il y avait 200 corps de personnes tuées et enterrées par les forces israéliennes
12:28 à l'hôpital Nasser de Can Younes.
12:31 Vous, vous avez toujours refusé de parler de génocide à Gaza.
12:35 Est-ce que là, quand vous avez cette information-là, vous dites "ben en fait, si" ?
12:39 Déjà, moi, je précise une chose.
12:41 Ce n'est pas parce qu'on ne parle pas de génocide qu'on n'est pas pour arrêter immédiatement le crime
12:47 et sanctionner les auteurs du crime et avoir une politique infiniment plus dure,
12:54 y compris des pressions et des sanctions à l'égard du gouvernement israélien.
12:59 Donc, ça, c'est la première chose.
13:01 La deuxième chose, c'est que vous savez, moi, je n'ai pas utilisé le terme de génocide
13:04 alors que je me suis mobilisé pendant 10 ans pour le peuple syrien.
13:09 500 000 morts dans la guerre de Bachar el-Assad.
13:11 Je n'ai pas non plus utilisé le terme de génocide à propos de l'Ukraine,
13:14 même après les massacres de Boucha ou d'Irpin.
13:18 C'est une utilisation extrêmement attentive et précautionneuse du terme de génocide.
13:28 Mais moi, mon expérience d'adulte et mon rapport au monde est née dans les fosses communes du Rwanda
13:36 en enquêtant sur le génocide d'Etutsi.
13:39 Ça m'a rendu très attentif à deux choses.
13:46 Première chose, attentif au risque de génocide.
13:49 Et oui, la situation peut conduire à cela.
13:54 Et la Cour internationale de justice a émis un texte très clair
14:00 exhortant l'ensemble de la communauté internationale à prévenir ce risque.
14:04 Prévenir ce risque, ça suppose des pressions sur le gouvernement étranger.
14:08 Et deuxièmement, moi, j'attends qu'une juridiction internationale
14:12 qualifie ces actions de génocide, comme je l'ai fait sur tous les conflits.
14:17 On sait que Jean-Luc Mélenchon, lui, parle de génocide.
14:20 Il donne ce soir une conférence à Sciences Po à Paris.
14:24 À Lille, deux de ses conférences ont en revanche été annulées par le président de l'université et le préfet.
14:30 Est-ce que c'est contestable ? Est-ce qu'il aurait dû tenir ces conférences au nom de la liberté d'expression ?
14:36 Moi, je suis toujours, a priori, contre les interdictions de conférences.
14:40 Peu importe le caractère détestable des propos qui sont tenus.
14:44 Vous savez, moi, j'ai même été contre l'interdiction de la conférence d'Éric Zemmour à Bruxelles.
14:50 Personne ne peut me soupçonner d'avoir la moindre sympathie pour les propos d'Éric Zemmour.
14:56 Donc, ce que je dis, c'est que dans un État de droit, dans une démocratie libérale, en période électorale,
15:02 on doit faire extrêmement attention à ne pas interdire la parole publique.
15:07 Ce qui ne veut pas dire que je ne condamne pas les dérives...
15:10 Je rappelle ces propos de Jean-Luc Mélenchon qui a fait une référence à Adolf Eichmann,
15:15 qui est le logisticien de la solution finale, en parlant de l'interdiction de cette conférence par le président de l'Université de Lille.
15:23 C'est proprement scandaleux.
15:24 Et j'ai bien vu qu'ensuite, il a essayé de placer une référence à Hannah Arendt et à la banalité du mal.
15:30 Mais cette comparaison est scandaleuse.
15:32 Et d'autre part, les comparaisons scandaleuses ne justifient pas nécessairement les interdictions.
15:37 Moi, je dis qu'il faut faire très attention. On ne peut pas interdire les discours qu'on déteste et qu'on combat.
15:43 On doit les combattre politiquement.
15:45 Alors, on va accueillir dans un instant Yves Tréhard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro.
15:50 Mais avant cela, voyons Raphaël Glucksmann, quel député européen vous êtes.
15:55 Quelles sont vos prises de position et les convictions que vous portez au Parlement européen ?
16:00 C'est un sujet qui est signé Marco Pommier.
16:05 Raphaël Glucksmann, votre Europe, c'est celle de la défense, de la solidarité et du protectionnisme écologique.
16:13 Nous pouvons faire émerger une Europe plus juste, plus forte, plus digne.
16:20 En 2019, vous conduisez la liste du Parti socialiste, allié à votre micro-parti Place publique.
16:27 Au Parlement européen, vous êtes cet élu français.
16:30 Vous siégez dans le groupe des sociodémocrates, la deuxième force politique derrière les conservateurs du PPE.
16:37 Mais devant Rignoud, soutien d'Emmanuel Macron.
16:40 Regardons à présent vos votes.
16:42 Favorables à la stratégie de la ferme à la fourchette, inscrite dans le pacte vert.
16:48 Opposés en revanche à la nouvelle version de la politique agricole commune pour 2023-2027.
16:54 Contre aussi le pacte asile et migration, pourtant adopté par votre propre groupe.
17:00 Votre soutien à Kiev, lui, n'a jamais varié.
17:02 Vous appelez à réarmer l'Europe face à Vladimir Poutine.
17:06 Les Insoumis vous qualifient de vatanguerre.
17:08 Vous les accusez d'œuvrer à la défaite des démocraties.
17:11 Et soutenir cette résistance, c'est être pour la paix, pour la sécurité et pour la stabilité de l'ensemble du continent européen.
17:22 Et des citoyennes et des citoyens françaises.
17:25 En pleine dynamique dans les sondages, entre 11 et 14% vous prenez le large sur les Insoumis de Manon Aubry et les écologistes de Marie Toussaint.
17:35 Votre objectif, apparaître comme le candidat du vote utile à gauche et pourquoi pas finir à la deuxième place devant la liste présidentielle de Valérie Ayé.
17:45 Il y a la possibilité de faire quelque chose d'immense le 9 juin 2024.
17:52 Alors Raphaël Glucksmann, comment comptez-vous dépasser Valérie Ayé, elle qui se présente comme votre jumelle idéologique, 80% de vote commun au Parlement européen.
18:03 Qu'est-ce qui vous différencie vraiment du camp présidentiel ?
18:06 Bonsoir Eustréa.
18:08 Bonsoir Brigitte. Bonsoir Raphaël Glucksmann.
18:11 Alors oui, qu'est-ce qui vous différencie du camp présidentiel ? Parce que là vous faites une course, vous êtes côte à côte, pas tout à fait, mais presque.
18:18 On voit que vous vous progressez alors que le camp présidentiel a plutôt tendance à se tasser.
18:23 Qu'est-ce qui vous différencie de ce camp présidentiel dont la tête de liste, Madame Ayé, a dit que finalement il n'y avait peut-être que 10 à 15% des idées qui étaient différentes avec vous ?
18:33 Elle a dit ça d'abord. Il y a quelques temps. Il y a quelques temps sur France Inter et depuis, quand elle va sur ces news par contre, elle me peint en gauchiste absolue qui arrive le couteau entre les dents à Bruxelles pour imposer du bolivarisme.
18:46 Donc ça dépend des médias, ça dépend des semaines.
18:49 Non, ce qui nous différencie, c'est notre rapport à la solidarité sociale, c'est notre rapport à la justice fiscale, c'est notre rapport à la transition écologique,
18:58 c'est le fait simple de résister aux grands intérêts privés qui bloquent les progrès sociaux de l'Union européenne.
19:06 Vous savez, c'est la France d'Emmanuel Macron qui a cherché à empêcher les sociodémocrates de faire cette loi qui donne aux travailleurs des plateformes, de Uber, de Deliveroo, la possibilité d'être considérés comme des salariés, c'est-à-dire d'avoir des droits.
19:22 Ils sont sociolibéraux et vous, vous êtes socialdémocrate, c'est ça la différence ?
19:26 Mais ils ne sont pas très sociaux, je suis désolé de vous le dire, ils sont libéraux, d'ailleurs ils sont dans le groupe libéral avec les libéraux allemands.
19:33 Mais vous votez 80% des textes en commun.
19:35 Mais parce que vous savez comment ça se fait au Parlement européen ? Au début, vous avez un rapport de force, ensuite vous devez faire une majorité et on n'a pas de majorité,
19:43 donc on fait une majorité texte par texte.
19:45 Donc sur les sujets environnementaux ou de progrès de la démocratie, on va avoir une majorité qui peut aller depuis les Insoumis jusqu'à la Macronie.
19:56 Sur les sujets géopolitiques ou de défense, on aura une majorité qui va aller de la droite au vert.
20:01 Et donc à chaque fois, la majorité change et très souvent, oui, à la fin, le compromis est voté par une majorité de textes.
20:08 Moi je vote à 86% avec les verts, à 80% avec les libéraux sur des textes finaux, mais à 70, je ne sais pas combien, avec les Insoumis.
20:17 Précisément, est-ce que la liste de Mme Hayé est une liste de droite alors que vous, vous êtes une liste de gauche sociale-démocrate ?
20:23 C'est une liste de droite libérale et il n'y a pas de honte démocratique là-dedans.
20:28 Finalement, Raphaël Glucksmann, on est en train de faire renaître, vous êtes en train de faire renaître, le clivage gauche-droite.
20:36 On est en train de faire renaître le clivage gauche-droite et vous savez quoi ? Je vais vous dire un truc que peut-être les gens ne savent pas en France.
20:43 Ce clivage gauche-droite, il n'a jamais disparu à l'échelle européenne.
20:47 Le match à l'échelle européenne, c'est d'abord le Parti populaire européen, la droite conservatrice, contre les sociodémocrates, c'est-à-dire mon groupe au Parlement européen.
20:57 C'est ça le match à l'échelle européenne. Le groupe Renew d'Emmanuel Macron, le groupe libéral.
21:01 Il est troisième.
21:02 Il est troisième, là il en passe de devenir quatrième, mais c'est surtout une force d'appoint qui est certes utile pour construire des majorités,
21:09 mais la vraie confrontation, elle est encore gauche-droite à l'échelle européenne.
21:14 Donc en fait, ce qui s'est passé en France n'était peut-être qu'une parenthèse et ce que nous faisons, nous, c'est de ressusciter la gauche de Jacques Delors et de Robert Beninter.
21:23 Une gauche fermement pro-européenne et attachée à la solidarité sociale.
21:27 Et de François Hollande aussi.
21:28 Mais vous savez, c'est une offre politique nouvelle qui est écolo et sociale et on a évidemment besoin du soutien de tout le monde.
21:38 Pas de cause commune avec monsieur Mélenchon dont vous avez parlé tout à l'heure avec Brigitte.
21:43 Est-ce que vous diriez que Jean-Luc Mélenchon et le parti de Jean-Luc Mélenchon et madame Aubry, qui est votre concurrente en tête de liste pour la France insoumise,
21:52 ce sont finalement des islamo-bauchistes, comme on entend de temps en temps.
21:55 Moi, j'emploie pas du tout ce terme.
21:56 Pas du tout ce terme.
21:58 Non, j'emploie pas ce terme.
21:59 Qui sont-ils ?
22:00 En fait, on a une divergence extrêmement profonde.
22:02 Qui tient à quoi ?
22:03 D'abord à la question posée par l'élection, c'est-à-dire l'Europe.
22:06 Est-ce que nous croyons ou pas dans la construction européenne ?
22:09 Eux, ils sont anti-européens.
22:10 Mais je les catalogue pas. Ce que je sais, c'est qu'ils sont pas pour l'Europe de la défense, par exemple.
22:14 Nous, nous sommes farouchement pour l'Europe de la défense.
22:17 Ils sont pas pour des sceaux fédéraux de l'Union européenne.
22:20 Nous, nous sommes, nous assumons d'être pour des sceaux fédéraux de l'Union européenne.
22:23 Nous assumons la défense de la démocratie européenne contre les régimes autoritaires qui l'attaquent en permanence.
22:30 Mais vous avez pas toujours été contre l'ANUPE ?
22:32 Non, mais on a le droit d'avoir un calendrier électoral en France.
22:36 Moi, j'ai toujours posé sur la table et de manière complètement ouverte mes divergences extrêmement profondes avec Jean-Luc Mélenchon.
22:44 J'ai dit que j'allais voter pour des candidats de l'ANUPES parce qu'il fallait des députés socialistes, écologistes au Parlement européen
22:52 pour faire face aux réformes d'Emmanuel Macron.
22:55 Et depuis, je suis désolé, je pense que j'ai eu raison pour une raison très simple, c'est qu'on a vu ce qu'a fait Emmanuel Macron.
23:01 On a vu la réforme des retraites, on a vu la loi immigration, et je suis content qu'il y ait des députés de gauche à l'Assemblée nationale
23:08 qui puissent s'opposer à ce que fait Emmanuel Macron.
23:11 Et que ce ne soit pas que le Rassemblement national, d'ailleurs, qui soit dans l'opposition à Emmanuel Macron.
23:16 Est-ce que vous, vous êtes une gauche, je dirais, qui va chercher le peuple, d'ailleurs, les socialistes ont un peu perdu,
23:22 le peuple laborieux, qui travaille, mais qui a du mal à joindre les deux bouts,
23:27 ou qui travaille pas, d'ailleurs, qui est au chômage parfois, et très souvent, malheureusement,
23:30 et qui est parti, peut-être, vers Mme Le Pen, alors que Jean-Luc Mélenchon, lui, maintenant,
23:37 il s'intéresse justement à la gauche des minorités, à la gauche des discriminations.
23:42 Moi, je ne segmente pas l'électorat comme vous le faites.
23:44 C'est-à-dire que notre discours, il doit porter auprès de tous.
23:48 Quand on parle de réindustrialisation de l'Europe, quand on parle de rupture avec le libre-échange,
23:54 quand on parle de planification écologique, eh bien, en fait, on parle à tout le monde.
23:59 On parle à tout le monde, et ce qui est évident, c'est que la gauche a perdu, ces dernières années,
24:05 une grande partie des catégories populaires. Enfin, je veux dire, ce serait mentir que de ne pas le reconnaître.
24:09 -Vous allez les chercher, celles-là ? Ces catégories-là ?
24:12 -Tout notre projet est fait pour parler aux régions qui ont été les victimes de la globalisation.
24:18 Tout notre projet est fait pour marquer une rupture, qui permet justement de ramener des emplois,
24:23 de ramener du travail, de reparler l'industrie, de reparler d'usines.
24:27 -Souvent, ce sont des gens qui sont très, très méfiants vis-à-vis de l'Europe.
24:29 -Je sais, mais... Et d'ailleurs, soyons honnêtes, ils sont méfiants parce qu'il y a eu des politiques,
24:35 des politiques commerciales en particulier, qui ont été menées à l'échelle européenne
24:39 et qui ont conduit à ces friches industrielles dans lesquelles ils vivent.
24:42 Et donc, nous, ce qu'on doit montrer, c'est que l'Europe, pour qu'elle s'affirme,
24:46 elle doit cesser d'être un véhicule de la globalisation, et que l'Europe, d'ailleurs,
24:51 est le seul moyen pour mettre un terme à cette globalisation néolibérale.
24:57 Et donc, moi, je ne pense pas qu'en un mois et demi, je me suis promis une chose en entrant en politique,
25:03 c'est de ne jamais mentir, je ne pense pas qu'en un mois et demi,
25:05 on va combler des années et des années de séparation et de divorce
25:10 entre les catégories populaires et la gauche.
25:14 Mais, par contre, notre projet vise clairement à s'adresser à eux,
25:20 et d'ailleurs, moi, je fais campagne dans les usines,
25:22 beaucoup plus que dans les tiers-lieux des grandes villes.
25:25 -Alors, votre projet, c'est de faire le meilleur score possible, évidemment, j'imagine.
25:29 -C'est pas mon projet, ça. -C'est l'ambition.
25:32 -Mais mon projet, il concerne plus l'industrie, l'écologie...
25:35 -Est-ce que vous avez un agenda, après ?
25:37 -Alors, merci de me poser la question.
25:40 Déjà, je pense qu'en France, on ne comprend pas l'importance d'une élection européenne trop souvent.
25:46 -D'où l'abstention. -Oui, mais d'où l'abstention,
25:48 et d'où aussi les commentaires permanents, y compris au sein de la classe politique.
25:51 C'est-à-dire qu'en fait, en France, avouons-le,
25:53 tous les gens qui rejoignent la politique ne pensent qu'à une élection.
25:57 C'est l'élection présidentielle. -La présidentielle.
25:59 -Et c'est un pays très monarchique,
26:01 et donc moi, ce que j'essaie de dire, c'est que les élections européennes, ça compte.
26:04 Et donc, mon objectif, c'est le 9 juin.
26:07 C'est que le 9 juin, on fasse le score le plus haut possible,
26:10 qu'on envoie le plus de députés sociodémocrates possible au Parlement européen,
26:13 et que notre groupe domine les politiques européennes.
26:17 -Oui, mais ça, ça ne répète pas la question d'Yves Fréard.
26:19 -Je vais reposer. -C'est ma passion, moi, ça.
26:21 -C'est ma passion. -Ma passion.
26:23 -Moi, j'ai investi ce mandat européen avec tout mon coeur, toute mon énergie.
26:26 On fait des choses extraordinaires à l'échelle européenne.
26:28 -Vous êtes un homme d'idées, un homme d'action.
26:30 Vous avez eu à l'oeuvre sur d'autres terrains, partout.
26:33 Et vous avez nécessairement, vous pouvez avoir un rôle à jouer, justement,
26:37 dans l'adressement de la gauche. -J'aurai un rôle à jouer.
26:39 -Après. -J'aurai un rôle à jouer.
26:41 -Vous le dites. -Parce que ce qui va se trancher
26:43 à ces élections, c'est la ligne.
26:46 C'est la ligne, c'est-à-dire... -La ligne de la gauche ?
26:49 -C'est la ligne à gauche, c'est-à-dire qu'est-ce qui est majoritaire ?
26:52 Est-ce que c'est la gauche pro-européenne ou pas ?
26:54 Est-ce que c'est une gauche qui croit...
26:56 -Au somme d'eau, vous ou Mélenchon ?
26:58 -On va trancher une ligne, et c'est par les élections qu'on le fait.
27:01 C'est pour ça qu'une liste commune était impossible,
27:03 parce que nous n'avons pas la même ligne.
27:05 Là, ce sera tranché, et moi, je serai garant du fait
27:08 que cette ligne, une fois tranchée, est celle qui domine.
27:12 Mais laissez-moi, s'il vous plaît, un, me focaliser sur les élections européennes,
27:16 et deux, vivre mon investissement à l'échelle européenne.
27:20 C'est extraordinaire, ce que l'Europe pourrait devenir.
27:24 -Une petite dernière question. Allez, Yves.
27:26 -Vous êtes le représentant, le chef de file d'une liste sociale démocrate,
27:32 avec votre formation qui s'appelle Place publique.
27:36 Écoute du Parti socialiste.
27:38 Est-ce que vous pouvez s'énerver à la mort avec le Parti socialiste,
27:41 ou c'est uniquement pour cette élection-là ?
27:43 -On a fait 50 combats communs.
27:45 Vous vous rendez compte ? Au début, on a fait un pari en 2019.
27:48 C'était pas gagné d'avance.
27:50 Mais, cette année, on s'est retrouvés d'accord sur tous les combats essentiels.
27:54 C'est une histoire qui a commencé il y a cinq ans et qui continue.
27:58 -Pas de rivalité avec Olivier Faure, le patron du PS ?
28:00 -En plus, c'est un pari qu'on a fait avec Olivier Faure.
28:04 À l'époque, une grande partie des socialistes n'étaient pas contents.
28:07 Là, ils sont heureux, et j'en suis extrêmement fier et ravi.
28:10 -Vous allez peut-être gêner quelques-uns de vos camarades sociaux démocrates.
28:14 -Pourquoi ? Parce que j'ai contribué à faire renaître un espace.
28:17 -Il y en a certains qui seront jaloux.
28:19 -Mais non, ils seront heureux.
28:21 Ils seront heureux parce qu'ils seront dans un espace qui revit.
28:25 -Ce sera en 2027. Ce sera une autre histoire.
28:27 -Quand on va dans les réunions publiques, dans les meetings,
28:29 on voit tous ces gens qui n'y croyaient plus, qui reviennent,
28:33 qui ont de l'enthousiasme dans les yeux, une flamme dans les yeux.
28:36 Ça, ça bénéficiera à tout le monde sur cet espace politique.
28:39 Il est en train de renaître, et vous en serez le témoin.
28:42 -Il est 21. Merci, Yves Thréard, d'avoir été avec nous dans "L'Europe, c'est nous".
28:46 On va passer maintenant à nos cartes blanches
28:49 avec nos trois experts européens.
28:51 Je vous les présente.
28:53 Paolo Lévy, de Landseil, va nous parler asile et immigration.
28:57 Ensuite, Richard Verly, de Blic, qui va vous interroger
29:01 sur la Géorgie et l'Union européenne.
29:04 Et puis, Britta Sonberg, du Spiegel,
29:07 qui reviendra sur la fatigue climatique.
29:11 Bonsoir à tous les trois.
29:13 Merci d'être là.
29:15 On va commencer avec vous, Paolo Lévy.
29:18 Vous vouliez donc interroger notre invité sur le pacte asile et immigration.
29:25 -Oui, Raphaël Gluckspan, vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a quelques semaines,
29:29 parce que vous y étiez aussi,
29:31 le Parlement européen a approuvé, après de nombreux débats,
29:36 le pacte asile et immigration.
29:38 Ce pacte asile et immigration a été salué par la France
29:41 comme une grande avancée.
29:43 Giorgia Melloni, en Italie, aussi, a salué un grand progrès.
29:47 Vous, si mes souvenirs sont bons, vous avez voté contre.
29:50 Pouvez-vous nous expliquer ce vote ?
29:52 Pourquoi vous avez dit non à ce pacte ?
29:55 -Vous savez, moi, quand je vote,
29:58 je lis un texte avec des questions en tête.
30:01 Là, j'avais deux questions principales.
30:03 Un, est-ce que ça met fin à l'indignité ?
30:06 Et l'indignité, c'est 50 000 morts en 30 ans dans notre mer Méditerranée.
30:12 L'indignité, c'est des gens qui errent dans un no man's land juridique
30:16 et qui, finalement, se retrouvent sans aucun droit sur notre sol.
30:20 Non, ce pacte ne met pas fin à cette indignité.
30:23 Il n'y a rien pour prévoir les sauvetages,
30:26 rien pour prévoir la fin de l'indignité.
30:29 Deuxièmement, est-ce que ça met fin au désordre ?
30:32 C'était ça, ma deuxième question,
30:34 au désordre des politiques migratoires européennes.
30:36 Et c'était la promesse de ce pacte,
30:38 la naissance de politiques cohérentes à l'échelle du continent européen,
30:42 la sortie de ce système qu'on appelle Dublin
30:45 et qui fait peser sur les pays d'entrée un poids démesuré.
30:49 Eh bien, le problème, c'est qu'à coup de ciseaux de M. Orban
30:54 et du Conseil européen, ce texte ne met pas fin au désordre
31:00 et que, donc, dans deux, dans trois, dans quatre ans,
31:04 on se retrouvera ici à discuter du nouveau pacte...
31:08 -Il n'y a pas un mécanisme de solidarité qui s'est mis en marche
31:11 avec ces différents pays ?
31:13 -Il y en avait un dans les textes du Parlement européen
31:15 et de la Commission européenne, mais aujourd'hui,
31:17 M. Orban peut décider que sa contribution
31:19 à la solidarité européenne, ce sera un investissement
31:23 dans la construction de barbelés autour de la Hongrie.
31:25 Et ça pourra être sa contribution.
31:27 Donc, est-ce que vous pensez que ça, c'est une solidarité
31:29 avec les pays d'entrée ?
31:31 Et donc, moi, je ne suis pas un sans-frontieriste.
31:34 Je comprends qu'on doit protéger ces frontières
31:36 et qu'il n'y a pas vocation pour tout le monde
31:40 à rester sur le sol européen.
31:42 Mais ce que je dis est simple.
31:44 D'abord, le résultat de ce pacte, c'est le résultat de l'hypocrisie.
31:49 Il y a un sujet qui n'est pas évoqué du tout.
31:51 Et vous êtes Italiens, vous devez connaître ça.
31:53 C'est la migration légale, la migration de travail.
31:56 Le pacte asie-immigration, c'est comme s'il n'y avait
31:58 aucune migration clandestine.
32:00 Mais en Italie, Mme Mélanie qui s'est fait élire
32:04 en promettant le blocus naval, l'immigration zéro,
32:07 aujourd'hui, elle invite 420 000 travailleurs en Italie,
32:12 étrangers, immigrés.
32:14 Parce que, la vérité, il faut avoir le courage de le dire,
32:18 il n'y aura pas d'immigration zéro.
32:20 C'est impossible.
32:22 C'est impossible pour les sociétés et les économies européennes.
32:25 - Mais une immigration choisie ?
32:27 - Pardon, Raphaël Glucksmann, quand même.
32:29 - Une politique migratoire européenne.
32:31 - Vous savez quand même que l'Europe est le fruit
32:34 des compromis et des compromis.
32:36 Donc c'est vrai que ce pacte asie-immigration,
32:38 même vu d'Italie, n'est pas non plus la panaché,
32:41 mais c'est quand même une petite avancée.
32:43 - Mais vous savez, je partage cette position
32:45 avec le Parti démocrate italien.
32:47 - Tout à fait.
32:49 Mais quelle est votre recette pour qu'on puisse
32:52 résoudre tous ensemble ces drames de migrants
32:55 dans nos maires qui...
32:57 - La mise en place de voies migratoires légales.
33:00 La possibilité de délivrer des visas multi-entrées.
33:04 Quand vous allez dans les pays de provenance,
33:07 vous proposez un deal, un contrat,
33:10 nous prenons, nous offrons des visas d'entrée
33:14 en Europe, multi-entrées,
33:17 qui permettent des migrations pendulaires,
33:19 c'est-à-dire des allers-retours, pour des travailleurs.
33:22 En échange, ces pays doivent fournir
33:25 les laissés-passer consulaires,
33:27 qui sont aujourd'hui les raisons du fait
33:30 qu'on n'arrive pas à expulser ceux qui n'ont pas vocation
33:32 à rester sur notre territoire.
33:34 Et le problème, c'est que notre hypocrisie
33:37 sur le besoin de migration nous rend impuissants
33:40 ensuite pour négocier avec ces pays.
33:43 Et donc, on pousse les gens, littéralement,
33:46 on pousse les gens à risquer leur peau dans la mer
33:49 parce que nous sommes hypocrites sur nos propres besoins.
33:52 Et donc, c'est darwinien, c'est-à-dire que vous allez traverser la Libye,
33:56 vous allez risquer l'esclavage, vous allez risquer la mort en Méditerranée,
33:59 vous allez arriver en Europe, de manière illégale,
34:02 et ensuite, vous allez vivre dans la rue,
34:05 vous allez être exploités par des mafias,
34:07 et in fine, vous serez amenés à travailler en Europe.
34:10 Parce qu'en réalité, les économies européennes en ont besoin.
34:13 Eh bien, ça, c'est indigne, et c'est chaotique,
34:16 et c'est dangereux sur la sécurité.
34:18 Donc, en fait, moi, j'attendais de ce pacte qu'il réponde à cela
34:21 et qu'il assume donc d'avoir une politique migratoire européenne
34:24 qui soit régulée.
34:25 Ce n'est pas la question d'ouvrir grand les frontières
34:27 et de mettre fin à toute maîtrise.
34:29 Au contraire, c'est reprendre le contrôle.
34:31 Mais ça, ça supposait de tenir tête plus longtemps
34:33 et plus fortement à M. Orban.
34:35 - Richard Verly, vous vouliez intervenir ?
34:37 - Un retour sur ce vote.
34:38 On savait que le texte allait être adopté au Parlement européen.
34:41 Est-ce que ce n'est pas un peu facile de ne pas l'avoir voté ?
34:44 Parce que vous saviez que votre groupe allait le voter et qu'il allait passer.
34:47 - Déjà, il y a certains textes qui sont passés à peu de voix près.
34:49 Donc, ce n'était pas aussi évident que ce que vous avez dit.
34:53 Au sein de mon groupe, il y a certains textes qui ont été très mal votés
34:56 parce que je n'étais pas le seul à me poser ces questions.
35:00 Enfin, ce sont des questions qui sont basiques.
35:02 Moi, je sais que l'Europe, c'est le compromis
35:05 et que donc, du coup, des fois, il faut voter des textes,
35:07 même si on est en désaccord.
35:09 Enfin, en désaccord avec une partie du texte.
35:11 Mais là, je ne voyais aucune avancée pour qu'on pensait réellement.
35:15 C'est-à-dire qu'on va se retrouver dans un Dublin amélioré.
35:18 Je suis désolé de parler technique, mais c'est vraiment le système dans lequel on vit.
35:21 Un tout petit peu amélioré.
35:23 Et en échange, on aurait eu des concessions massives à faire sur les droits des personnes,
35:27 sur l'internement des enfants.
35:28 C'était, pour moi, impossible.
35:30 Au contraire, je pense que ce n'était pas quelque chose de facile.
35:33 Parce qu'aujourd'hui, ma position pourrait être caricaturée
35:37 comme étant ultra immigrationniste et sans frontières,
35:41 et tout ce qu'on veut.
35:42 C'est-à-dire que c'est ce qu'ils font.
35:43 Et je ne crois pas que ce soit ultra populaire au moment où on se parle aujourd'hui.
35:48 Donc, ce n'est pas une position de calcul, c'est vraiment une position de fond.
35:52 Et je me pose la question à chaque fois sur les textes.
35:54 Je pense que, depuis le début de mon mandat, je n'ai jamais voté contre ma conscience.
35:58 Ce qui m'a conduit parfois à être un peu isolé au sein de mon groupe.
36:02 Parfois même, je vais vous dire quelque chose, ce ne sont pas simplement des positions gauchistes.
36:05 Parfois même, j'ai voté seul avec la droite sur certains textes.
36:09 Par exemple, sur la condamnation de Cuba.
36:11 Ça m'est arrivé d'être, avec Orla Luc, ma collègue de Place Publique,
36:14 les deux seuls points verts dans un océan de rouge,
36:16 parce qu'à gauche, il y a toujours cette vision un peu romantique de Cuba.
36:20 - Mais alors, donnez un peu d'espoir à un Italien.
36:23 - Vous avez un parti...
36:25 - Ça fait des décennies qu'en Italie, on rêve d'une grande réforme du traité de Dublin,
36:31 qui est vraiment le pire écueil sur lequel se fracture la question migratoire.
36:36 A votre avis, en Europe, on peut espérer une réforme du traité de Dublin dans la prochaine législature ?
36:42 - Ça dépend du résultat des élections.
36:44 Je ne veux pas vous donner de faux espoirs.
36:47 C'est sûr que si vous votez pour votre parti...
36:49 - Mais est-ce que vous, vous vous engagez pour mener cette bataille au Parlement ?
36:52 - Alors là, nous, on s'engage complètement.
36:54 Et ça va être même au cœur du programme du groupe.
36:56 Et c'est au cœur du programme du Parti démocrate italien.
36:59 D'ailleurs, je vous le dis, parce que j'ai eu avec Elisch Lein de longues discussions là-dessus.
37:03 Ce sera le cœur de notre projet.
37:05 On ne peut pas se contenter de ce qui s'est passé là.
37:07 Et donc, il faut une véritable politique migratoire européenne.
37:10 Moi, ce n'est pas parce que je ne veux pas de politique migratoire européenne que j'ai voté contre ce texte.
37:14 C'est le contraire.
37:15 C'est que ce texte manque d'ambition.
37:17 Et ce qu'il faut, c'est de la solidarité européenne.
37:20 C'est ne pas laisser l'Italie et la Grèce.
37:24 Quand les gens prennent le bateau, ils ne veulent pas aller en Italie ou en Grèce.
37:28 Ils veulent aller en Europe.
37:29 C'est une question posée à tous les Européens.
37:31 Et là, la réponse qu'on fait, c'est encore une réponse qui autorise les égoïsmes nationaux
37:36 et qui va in fine ne rien résoudre au problème qui se pose à l'Italie et à la Grèce.
37:42 Et donc, nous, ce que nous proposons en tant que groupe, mais pour ça, il faut encore qu'on soit dominant.
37:46 Enfin, je dirais, il y a une élection, c'est ça.
37:48 Mais ce n'est pas une vision un peu angélique au moment où on voit monter tous ces populismes en Europe ?
37:52 Vous savez quoi ? Ce n'est pas du tout angélique.
37:54 C'est profondément réaliste.
37:56 C'est la seule vision réaliste.
37:58 Tous ceux qui vont battre les estrades en vous disant "immigration zéro" et en flattant les pires instincts,
38:04 eh bien, ces gens-là sont des démagogues et des idéologues.
38:07 Ils ne se fondent pas sur la réalité.
38:09 Ils ne se fondent pas sur les chiffres.
38:11 Ils ne se fondent pas sur les études scientifiques.
38:13 Ils ne se fondent pas non plus sur les demandes des acteurs économiques européens.
38:17 Et donc, à un moment, il faut mettre fin à l'hypocrisie et acter la solidarité européenne.
38:21 Richard Verli, on va passer à un tout autre sujet avec vous à présent.
38:25 On a oublié interpeller notre invité sur un pays qu'il connaît bien, c'est la Géorgie.
38:29 Un pays où une loi très restrictive sur les ONG,
38:31 financée par des subventions étrangères, vient d'être adoptée.
38:35 C'est un peu la Russie, en fait.
38:37 On fait quoi, du coup ?
38:38 Alors justement, moi, je voulais vous parler révolution, révolution orange, ou le succès d'année,
38:43 et surtout, cette question des ingérences étrangères.
38:46 Alors, on a l'impression quand même d'une histoire qui se répète en Géorgie.
38:50 Voilà une loi qui vient d'être adoptée,
38:52 qui restreint donc la liberté des organisations de la société civile
38:55 si elles sont financées par l'étranger, sous-entendu par l'Union européenne.
38:59 Et la difficulté, c'est que c'est un gouvernement contrôlé dans l'ombre,
39:03 par un oligarque, à la solde de Moscou.
39:06 Alors ma première question est assez simple.
39:08 Quand on est face à une révolution comme celle-ci,
39:10 ou en tout cas à des protestations massives,
39:12 si ça devait se poursuivre, on fait quoi ?
39:14 Quelle est la possibilité de l'Union européenne de s'interposer,
39:17 sachant que le gouvernement géorgien, il est légal ?
39:20 On a une chance absolue avec la Géorgie.
39:24 80% au moins des géorgiens sont pour l'intégration européenne.
39:29 Donc chaque mot prononcé par les institutions européennes
39:32 a un poids démesuré dans cette nation, qui effectivement, je connais bien.
39:36 Mais jusqu'ici, l'Europe a été d'une faiblesse insigne avec le gouvernement géorgien.
39:41 Le principe de l'adhésion a quand même été le principe de la candidature a été acté, adopté.
39:45 Le principe de la candidature, mais il faut envoyer un message clair
39:49 que ce gouvernement, dans son comportement,
39:52 et effectivement ce gouvernement qui est contrôlé par un oligarque
39:55 qui a fait sa fortune à Moscou et qui est lié à la Russie de Poutine,
40:00 ce gouvernement contrôlé par un oligarque, qui d'ailleurs a un passeport français,
40:04 il faut le dire, et la Légion d'honneur remise par Emmanuel Macron.
40:07 C'est assez fréquent en Géorgie, la présidente du pays a aussi un passeport français.
40:10 Oui, mais elle, elle est vraiment française.
40:12 Elle ne l'a pas acheté. Elle a vécu en France, elle a été une diplomate française.
40:16 -Pourdrait retirer la Légion d'honneur ? -Il a juste acheté son passeport français.
40:20 -Pourdrait-il le retirer ? -Il pose question d'ailleurs sur les ingérences en Europe.
40:24 Les Golden Visa et les Golden Passport.
40:27 Mais la vérité, c'est que l'Union européenne peut tout à fait agir.
40:32 Par exemple, vous avez dans les geôles de cet oligarque,
40:36 l'ancien président de la Géorgie, Michal Sakajvili,
40:39 et on a une position de l'Union européenne extrêmement faible.
40:43 Bien sûr, elle condamne son emprisonnement et elle demande sa grâce.
40:46 Mais qu'elle fasse pression ! Il faut conditionner l'aide,
40:50 il faut conditionner la perspective de l'intégration à l'État de droit,
40:54 à la libération des prisonniers politiques, et ça, ça aura un poids énorme dans l'opinion.
40:59 Parce que l'ambiguïté du gouvernement géorgien actuel, c'est de dire,
41:03 "Vous avez vu, nous, on fait ce qu'on veut, et ça ne bloque pas nos avancées européennes."
41:07 Parce qu'à partir du moment où ça bloquerait leurs avancées européennes,
41:09 ils tomberaient, parce que la population géorgienne ultra massivement
41:13 veut l'intégration européenne et l'émancipation vis-à-vis de la Russie.
41:16 Donc ça veut dire que dans un cas comme celui-ci,
41:18 et bien évidemment des journaux comme le Kiev Times ukrainien
41:21 se sont réjouis de ce qui se passe en Géorgie,
41:23 dans un cas comme celui-ci, vous prônez l'ingérence européenne,
41:27 alors que par ailleurs, dans d'autres cas, vous dénoncez les ingérences étrangères en Europe.
41:30 Mais je ne prône pas l'ingérence européenne.
41:32 Un petit peu quand même.
41:33 Mais non, je prône de défendre nos intérêts et nos principes
41:36 d'une manière très simple.
41:39 On n'oblige pas le peuple géorgien à vouloir l'intégration européenne.
41:45 Mais à partir du moment où vous avez un pays qui est sur la voie de l'intégration européenne,
41:50 ce n'est pas de l'ingérence que de dire que l'intégration européenne,
41:53 ça suppose de respecter les principes, ça suppose de respecter la loi, l'état de droit,
41:59 ça suppose de respecter la vitalité de la société civile,
42:01 ça suppose d'être une démocratie.
42:03 Parce que sinon, ça veut dire quoi ?
42:05 Ça veut dire qu'à chaque fois qu'on fait respecter nos principes
42:08 dans une perspective d'adhésion, c'est un processus, l'intégration européenne.
42:11 On fait de l'ingérence ? Non, on ne fait pas de l'ingérence.
42:13 Le choix a été fait par les géorgiens, on veut être membre de l'Union européenne.
42:16 Donc l'Union européenne doit dire, si vous voulez être membre de l'Union européenne,
42:19 ça ne se passe pas comme ça.
42:20 Mais du coup, vous ne demandez qu'à ce qu'on mette sur pause, par exemple, cette adhésion ?
42:24 Je lui demande qu'on condamne de manière vocale et très claire
42:29 les agissements du gouvernement géorgien, qu'on soutienne la société civile géorgienne
42:33 qui manifeste parce que ce sont eux qui sont les vrais pro-européens de cette histoire.
42:37 Et enfin, qu'on dise très clairement, vous avez un cahier des charges,
42:41 si vous ne remplissez pas ce cahier des charges,
42:44 il n'y a aucune perspective d'avancée sur l'intégration européenne.
42:47 Mais c'est juste en fait, c'est appliquer le cadre déjà prévu par l'Ordre.
42:52 Vous êtes pour l'entrée de la Géorgie en Union européenne et à quel horizon ?
42:55 Avec ce gouvernement, ça va être un horizon très lointain, mais sur l'idée, je suis très pour.
42:59 Je reviens sur les ingérences étrangères.
43:01 On vous a vu très actifs au Parlement européen sur des questions comme la question des Ouïghours,
43:06 donc vous avez dénoncé la répression chinoise.
43:08 Vous êtes aussi très actifs sur la question des ingérences numériques étrangères.
43:12 Et puis, il y a un pays qui quelquefois fait des ingérences en Europe aussi,
43:16 c'est les Etats-Unis.
43:17 Je vous entendais tout à l'heure parler de la nécessité d'une souveraineté européenne.
43:21 Est-ce qu'il faut quand même se méfier aussi des Etats-Unis ?
43:24 Est-ce qu'ils n'instrumentalisent pas l'Ukraine, d'autres dossiers pour contrôler l'Europe ?
43:29 Je ne pense franchement pas qu'ils instrumentalisent l'Ukraine pour contrôler l'Europe.
43:33 Je pense que c'est une vision un peu téléologique.
43:35 Ce que je pense, c'est qu'effectivement, ils ont, pendant extrêmement longtemps,
43:39 empiété sur notre souveraineté en Europe.
43:42 Maintenant, je crois fermement que les Etats-Unis d'Amérique sont dans une phase de retrait
43:48 et qui n'est pas simplement liée à la personne de Donald Trump
43:51 et que donc l'Europe, finalement, va devoir se débrouiller seule.
43:55 Le problème qu'on avait en Europe, si on est honnête,
43:59 et à mon avis, c'est typiquement dans ce type de situation qu'on doit être honnête,
44:03 quand la situation est grave, il faut dire la vérité,
44:05 c'est que ça nous arrangeait, y compris avec toutes ces ingérences.
44:08 Ça veut dire qu'il y avait un consensus en Europe pour se dire,
44:12 si on délègue notre sécurité aux Etats-Unis, on peut par ailleurs leur permettre…
44:16 … de garder du côté de Berlin, par exemple.
44:18 … de ne pas aller déspionner nos téléphones et nos entreprises.
44:22 C'était ça, le deal.
44:23 Et semblant ce deal, il a fait que l'Europe s'est habituée à la protection,
44:28 d'autres diront à la vassalité, l'un va passant l'autre.
44:31 - Le problème ne vient pas de l'OTAN ?
44:34 - Le problème vient de notre incapacité à produire nous-mêmes notre sécurité.
44:39 On peut avoir une alliance atlantique.
44:42 - On ne s'est pas reposé sur cette alliance ?
44:44 - On ne s'est pas reposé sur cette alliance, mais les alliés, c'est deux adultes qui se serrent la main
44:50 et qui disent, on a des objectifs communs, donc on va être alliés.
44:54 Ça, c'est un comportement adulte.
44:56 Ce qui s'est passé en Europe avec les Etats-Unis de l'Amérique,
44:58 ce n'est pas un comportement adulte.
45:00 C'est Tanguy, vous avez vu le film ?
45:02 C'est ça, c'est-à-dire qu'en fait, on est des éternels adolescents.
45:05 Alors des fois, on est très fâchés contre l'autorité parentale,
45:08 des fois, on appelle les parents à la rescousse,
45:11 mais on ne se comporte pas en adulte.
45:13 Or, aujourd'hui, on est obligés de se comporter en adulte.
45:16 C'est ça, la révolution, c'est ça, le 24 février 2022,
45:19 c'est ça que ça a créé, c'est ça la perspective de l'élection de Donald Trump le 5 novembre.
45:22 C'est pour ça qu'on vit un moment de bascule historique.
45:24 C'est qu'enfin, on va devoir se comporter en adulte.
45:28 On va être obligés de le faire.
45:30 Et oui, c'est difficile.
45:32 Et oui, ça va coûter cher.
45:34 Et oui, ça va supposer une révolution mentale dans les élites européennes.
45:37 Mais c'est fondamental.
45:39 On va rapatrier les moyens de produire chez nous.
45:42 On va arrêter de dépendre en matière de sécurité exclusivement des Etats-Unis.
45:46 On va arrêter de dépendre en matière de biens dans les secteurs stratégiques exclusivement de la Chine.
45:51 Et on va arrêter de dépendre, pour produire notre énergie, des pétromonarchies du Golfe
45:55 ou, jadis, de la Russie, de Vladimir Poutine.
45:58 C'est ça, l'enjeu des cinq prochaines années en Europe.
46:02 C'est donc redevenir producteur.
46:04 Il faut qu'on redevienne producteur de sens, de sécurité, de politique, de géopolitique,
46:08 d'énergie et de biens.
46:11 Richard Verli, c'est terminé.
46:13 On va passer maintenant à vous, Britta Sonnberg.
46:16 Vous vouliez interpeller notre invité.
46:18 D'abord, sur la fatigue climatique. Expliquez-nous.
46:21 Oui, un nouveau mot, un nouveau phénomène qu'on appelle en allemand "Klimamütigkeit".
46:26 Mon magazine "Der Spiegel" en a parlé dans un article récemment.
46:29 En fait, cette fatigue de climat veut dire que,
46:33 bien que l'année 2023 ait été, par exemple, la plus chaude jamais enregistrée,
46:39 les gens ont l'impression que les choses n'avancent pas assez,
46:42 ce qui fait que soit ils deviennent beaucoup plus violents dans leurs contestations,
46:47 ou alors, peut-être plus dramatique encore, frustrés, résignés.
46:52 J'aimerais vous demander, est-ce que vous avez fait le même constat en France ?
46:57 Et qu'est-ce que vous faites contre ça, contre cette fatigue de climat ?
47:03 Quelles sont vos propositions pour combattre cela ?
47:07 On n'a pas le droit d'être fatigué.
47:10 Les gens le sont.
47:11 Je sais, mais c'est la première chose à dire.
47:14 C'est le défi le plus immense qu'on ait à relever aujourd'hui,
47:19 et c'est une transformation tellement profonde qu'on peut la qualifier,
47:22 mais sans emphase, de révolution dans les modes de production,
47:24 dans les modes de consommation, dans les modes d'échange.
47:27 Et donc, il faut dire et répéter que la trajectoire qui est la nôtre aujourd'hui,
47:35 est une trajectoire cataclysmique, au sens propre.
47:40 Vous parlez de l'Europe ou vous parlez de la France ?
47:42 Non, du monde déjà, et ensuite de l'Europe.
47:46 Ce qu'il faut faire, c'est sauver le pacte vert européen,
47:50 qui est aujourd'hui l'objet de toutes les attaques,
47:52 et c'est l'un des plus grands enjeux de ces élections.
47:55 C'est-à-dire que si la droite gagne les élections, vous aurez un détricotage du pacte vert.
48:00 Si la gauche sociale-démocrate arrive en tête, vous aurez le pacte vert.
48:04 C'est un enjeu fondamental, mais ça ne suffit pas.
48:07 Et c'est sûrement cette approche purement normative qui crée aussi la fatigue.
48:13 Il faut montrer que la révolution écologique qui est initiée
48:18 se traduira par des investissements massifs, une réindustrialisation,
48:22 le retour d'emplois qui ont été délocalisés,
48:26 que ça se traduira par un mieux-vivre, que ça répondra même à nos angoisses immédiates.
48:30 On parlait tout à l'heure de capacité production,
48:33 mais la révolution énergétique, ça redonnera à l'Europe
48:38 un sentiment de liberté qu'elle n'a plus depuis le premier choc pétrolier.
48:42 Une redécouverte de la souveraineté.
48:45 -On a vu avec les manifestations des agriculteurs récemment
48:49 que les gens ont plutôt l'impression de souffrir.
48:52 Vous avez vous-même parlé des angoisses compréhensibles.
48:56 Donc qu'est-ce qu'il faut proposer pour que...
48:59 -Regardez ce qu'on fait, les Américains.
49:02 On a fait un schéma normé,
49:06 parce que l'Europe peut faire ça et ne peut faire quasiment que ça,
49:10 c'est-à-dire produire des normes, des objectifs contraignants, des règles.
49:14 Aux Etats-Unis, ils ont fait un immense plan d'investissement
49:17 qui s'appelle l'Inflation Reduction Act pour la transition écologique.
49:20 Il n'est pas parfait.
49:22 Si on le transpose en Europe, et je vous explique que c'est ce qu'il faut,
49:25 il faudra qu'on ajoute un volet que les Américains n'ont pas du tout,
49:28 c'est pas dans leur culture, c'est pas dans leur vision,
49:31 c'est pas dans leur sobriété, qui peut être extrêmement puissant en Europe.
49:34 Mais ils ont investi massivement.
49:37 Ils ont fait de la révolution écologique une révolution industrielle.
49:42 Ils ont montré qu'en fait, la transition énergétique
49:45 permettait la création de milliers et de milliers d'emplois durables,
49:50 des CDIs protégés dans l'industrie.
49:53 Eh bien, il faut qu'on fasse la même chose.
49:55 Il faut que l'Europe fasse de la politique...
49:57 -Mais qu'est-ce qu'on attend, en fait, de ce que vous proposez ?
49:59 -On a répondu à cela d'abord par atavisme européen.
50:03 On a répondu d'abord en se plaignant auprès de l'OMC.
50:06 C'était un protectionnisme déguisé.
50:09 Mais c'est pas du tout ce qu'il fallait faire.
50:12 Ensuite, on a produit le Net Zero Industry Act,
50:16 qui était le produit d'un compromis, cher à votre cœur,
50:19 mais qui, à la fin, est extrêmement faible en termes d'investissement industriel.
50:24 Et donc, il faut passer à une vitesse largement supérieure.
50:26 Il faut montrer que cette transition, c'est une nouvelle aventure européenne.
50:30 Ça permettra un retour à la souveraineté et à la production.
50:34 -On s'en trouve, vous proposez le taxé des multimillionnaires, des milliardaires.
50:39 Vous proposez aussi, et ça, c'est intéressant,
50:42 ce que vous appelez un protectionnisme écologique aux frontières européennes.
50:46 Et là, vous avez en partie un point commun avec le Rassemblement national,
50:50 qui propose aussi...
50:52 -Qui est contre les contrats des libres-échanges,
50:55 contre lesquels vous avez voté aussi, pensant dans le Vietnam et la Nétherlande.
50:59 -Qui sera d'abord national.
51:01 Moi, ce que je pense, c'est que si on veut affirmer l'Europe politique,
51:04 il faut la créer comme une communauté d'intérêts.
51:07 Et donc, il ne faut pas que ses producteurs soient les victimes de concurrences déloyales.
51:13 Vous savez, moi, j'ai été à Carcouf, à côté de Nantes,
51:17 voir les dirigeants d'un groupe qui s'appelle Sea Story.
51:21 C'était une industrie de pointe,
51:23 production de panneaux photovoltaïques, de panneaux solaires.
51:27 Ça marchait extrêmement bien.
51:29 Et en quelques mois, l'entreprise a fait faillite et a rendu les clés.
51:35 Pourquoi ? Parce que les Chinois ont décidé de vendre leurs panneaux photovoltaïques
51:38 quatre fois moins chers qu'avant, par décision politique.
51:41 Et ces panneaux solaires sont fabriqués par des esclaves,
51:44 pour ce qui est de la police du CISIUM.
51:46 -Mais vous avez voté la taxe carbone aux frontières.
51:49 -C'est un premier pas vers ce protectionnisme écologique européen.
51:52 -Il faut aller plus loin ? -Il faut aller plus loin.
51:54 Et j'ai non seulement voté la taxe carbone,
51:56 j'ai été celui qui, pendant quatre ans, a poussé l'instrument de bannissement
51:59 des produits de l'esclavage aux frontières de l'Union européenne,
52:01 pour empêcher les produits de l'esclavage de rentrer via nos ports
52:05 et de détruire nos capacités productives avec une concurrence déloyale.
52:09 Mais les Chinois ne font pas que ça.
52:11 Ils ne font pas que la production par les esclaves ouigours.
52:14 Ils font aussi des subventions massives, des ventes à pertes.
52:17 Et tout ça correspond à une stratégie qui vise à ratiboiser notre production.
52:20 On ne peut pas laisser faire ça.
52:22 Il ne faut pas qu'on soit les derniers dans le monde à croire
52:25 que la charte de Marrakech de l'OMC est descendue par voie céleste
52:29 sur le Mont Sinai et a été donnée à Moïse,
52:32 et donc ne peut absolument pas être contredite.
52:35 Il faut qu'on défende les intérêts des Européens
52:37 et la révolution écologique passe par une rupture avec le Liban.
52:40 -Une petite intervention de Richard Verli sur ce sujet.
52:42 -Ce qu'on fait quoi pour devenir un géant dans la construction automobile électrique,
52:45 ce qui n'est pas le cas aujourd'hui en Europe ?
52:47 -On investit massivement dans la transition de l'industrie automobile.
52:52 On fait de la planification et on protège nos producteurs.
52:55 -C'est-à-dire qu'en gros, on interdit au Tesla d'être vendu sur le territoire européen ?
52:59 -Ca veut dire que pendant un moment, on va protéger nos producteurs.
53:02 Et on commence d'ailleurs par ce que nous, on propose,
53:05 c'est-à-dire un "Buy European Act",
53:07 c'est-à-dire que la commande publique soit réservée en priorité
53:10 à la production européenne.
53:12 -Tous les gens qui ont acheté des voitures électriques américaines, chinoises,
53:16 ils vont faire quoi ?
53:17 -Ils vont continuer à rouler avec leurs voitures électriques.
53:19 -C'est pour les prochains, Richard.
53:21 -On ne va pas aller dans les parkings et dans les garages pour chauffer les voitures.
53:24 Ce que je dis, c'est qu'il va falloir qu'on relance nos productions.
53:27 -Vous pouvez garder votre voiture, Paolo.
53:28 -Quand l'argent public est dépensé, la commande publique,
53:31 c'est immense dans l'économie,
53:33 la commande publique, c'est le bras armé de la politique.
53:36 La politique doit favoriser l'émergence de champions industriels européens.
53:41 Bateau.
53:42 Tous les grands bloquent le fond, sauf nous.
53:44 -Et ça, c'est un grand projet.
53:46 Vous aviez un autre thème, il vous reste deux minutes.
53:49 -Ca sera la semaine des discours sur l'Europe.
53:51 Le président de la République, Emmanuel Macron,
53:53 va tenir le sien jeudi à la Sorbonne,
53:56 donc le deuxième discours de la Sorbonne.
53:58 Vous allez parler de l'Europe mercredi, je crois.
54:01 -À Strasbourg. -À Strasbourg, voilà.
54:04 Vous avez toujours dit que vous avez bien aimé
54:06 le premier discours de Sorbonne en 2017.
54:10 Qu'est-ce qui vous oppose à ça ?
54:15 En tant qu'Allemande, les Allemands et les Français
54:18 étaient toujours au coeur de ce projet européen,
54:21 tandis qu'on voit ces dernières années
54:23 beaucoup de divergences, peu d'initiatives en commun.
54:27 Quelle est l'analyse que vous faites
54:29 et quelles sont vos stratégies pour faire mieux,
54:32 vos propositions ?
54:34 Est-ce que c'est aussi bien des critiques
54:36 qu'on peut adresser à Emmanuel Macron
54:38 ou aussi à Olaf Scholz,
54:40 que ça n'avance pas plus que cela,
54:42 puisque c'est un moteur central
54:44 pour tout ce qui est l'Europe ?
54:47 -Alors, déjà, par rapport au début de votre question,
54:50 la différence entre les deux discours de la Sorbonne,
54:53 c'est quand même sept années de gouvernement.
54:56 Donc on peut trouver que le premier discours
54:59 de la Sorbonne était bien,
55:01 mais derrière, il y a sept années de bilan.
55:04 -On n'est pas sûr d'apprécier celui du jeudi.
55:06 -Refaire le même discours sept ans plus tard,
55:09 ça veut dire que c'est Shakespeare,
55:11 c'est "words, words, words".
55:13 -Il nous reste une minute.
55:15 Dites-nous, sur le couple franco-allemand...
55:17 -Il a un bilan, Emmanuel Macron.
55:19 -Le plan de relance qui a été adopté en 2020...
55:22 -Et la mutualisation des dettes.
55:24 -C'est un pas très important.
55:26 -Il y a des PAC à l'Allemagne,
55:29 il y a des PAC à l'Italie.
55:31 -Tout à fait.
55:33 -Il n'y a rien.
55:35 -Quand on bloque tous les projets sociaux
55:39 qui sont progressistes à l'échelle du continent européen,
55:42 proposés par la Commission européenne,
55:44 c'est compliqué d'arriver et de dire
55:46 qu'on va être un grand leader de progrès.
55:48 Il faut que l'Allemagne et la France comprennent une chose.
55:51 C'est difficile pour l'Allemagne et la France.
55:54 Elles ne sont pas les seules dépositaires
55:57 de l'intérêt général européen.
55:59 Non, pas encore assez.
56:01 Le blocage actuel du couple franco-allemand
56:04 va conduire à une chose que j'espère sera positive.
56:07 Il faut que quelque chose de positif sorte de cette chose négative.
56:11 C'est l'affirmation de l'intérêt général européen.
56:14 Face à la guerre ou à la pandémie,
56:16 on a vu que les dépositaires de l'intérêt général européen,
56:19 les institutions communautaires,
56:21 ont réagi de manière plus adulte et plus ambitieuse
56:24 que Paris et Berlin.
56:26 Le siècle qui s'ouvre, la décennie qui s'ouvre,
56:29 ce sera l'affirmation d'un véritable intérêt général européen.
56:33 On va s'arrêter sur ces mots.
56:35 Il faut qu'on s'entende mieux que c'est le cas aujourd'hui.
56:39 Ce ne sera pas suffisant.
56:41 Il faut aussi parler aux Polonais, aux Italiens, aux Espagnols.
56:45 On va finir sur ces mots.
56:47 Merci, Raphaël Glucksmann, d'avoir été notre invité.
56:50 Merci à nos trois experts,
56:52 qui avaient chacun leur carte blanche.
56:55 Paolo Lévy, Richard Verli et Britta Sandberg,
56:58 de nous avoir accompagnés dans cette émission.
57:01 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
57:04 Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
57:08 (Générique)
57:11 ---

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