Le 2 octobre 1987, un agent de la police de Boston est blessé mortellement. Les autorités locales lancent alors des recherches à l’échelle de la ville, mais elles ne trouvent que les empreintes digitales d’un suspect. Le FBI retrouve finalement sa trace dans l’Ouest, puis en direction vers le Mexique. L’homme, qui a osé s’attaquer à un policier, est considéré comme dangereux.
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00:00 Boston au Massachusetts. Le quartier de Back Bay est caussu et l'on y est habitué au crime
00:19 violent. A minuit trente le 2 octobre 1987 dans un immeuble du quartier Meredith Falcone
00:28 et son cousin se disputait âprement. Il l'avait menacé et elle tentait de le convaincre
00:36 de partir. Meredith craignait que son cousin ne devienne de plus en plus enragé. Elle
00:48 contacta le service d'urgence. La répartitrice dépêcha deux voitures de patrouille sur
00:57 les lieux. En quelques minutes la première voiture arriva à l'immeuble. C'était pratiquement
01:10 une opération de routine pour les agents George Torres et Chris Rogers. Ils appelaient
01:20 à la police et à l'agent Torres. Ils étaient en train de développer un dispositif d'ouverture
01:28 de la porte. Le dispositif de déverrouillage était défectueux. Elle nous a dit que le
01:32 dispositif d'ouverture de la porte ne fonctionnait pas et nous a suggéré de sonner chez quelqu'un
01:37 d'autre pour qu'on nous ouvre. Pendant qu'elle nous parlait on pouvait entendre des éclats
01:41 de voix. On savait donc que la situation était anormale chez elle. C'est alors que les deux
01:50 autres policiers William Kennedy et Roy Sorge arrivèrent sur les lieux. Jusque là aucun
02:01 des locataires n'avait répondu à leur appel. Les agents décidèrent de se partager l'opération.
02:07 On a suivi la procédure normale, c'est-à-dire que deux d'entre nous sont partis vers l'arrière
02:15 de l'immeuble et deux autres sont restés à l'avant. C'est l'agent Rogers et moi-même
02:19 qui sommes allés à l'arrière. Les deux hommes se mirent à la recherche d'une autre
02:23 façon d'entrer dans l'immeuble. À l'arrière il y avait un petit réduit et l'on a aperçu
02:35 un homme contre le mur qui semblait vouloir se cacher. Peut-être était-ce le cousin
02:41 dont c'était plainte la jeune femme qui avait appelé. Je lui ai demandé de s'avancer
02:45 vers moi, je voulais savoir ce qui en était. La porte de la clôture était cadenassée.
02:52 Je lui ai dit de grimper par-dessus la clôture et de venir vers moi. Mais en mettant le pied
03:04 par terre, il a voulu prendre la fuite. Je l'ai alors saisi, je lui ai ordonné de ne
03:09 pas bouger et j'ai commencé à vérifier s'il était armé. Dès que j'ai mis les mains
03:13 sur ses épaules, il m'a poussé. Mon instinct disait qu'il avait un pistolet.
03:16 Torres fut atteint. L'homme continua de tirer sur l'agent Rogers. Ensuite, il prit Torres
03:28 en chasse. Rogers ne parvenait pas à bien viser le suspect. C'est alors que Kennedy
03:36 et Sergei rejoignirent leurs collègues. L'agent Sergei fut alors touché d'une balle à son
03:47 tour. Quant à Kennedy, il poursuivit le suspect plusieurs parties de maison plus loin, mais
03:55 celui-ci disparut dans la nuit. En me penchant au-dessus de mon collègue, j'ai remarqué
04:06 que je saignais du bras gauche et du côté gauche de la poitrine. Je savais que j'avais
04:10 été atteint de plusieurs balles. Rogers demanda des renforts et des ambulanciers.
04:18 Je ressentais comme une brûlure. J'avais de la difficulté à respirer. C'est là que
04:29 j'ai compris que le projectile avait perforé mes poumons.
04:33 Les répartiteurs de la police de Boston durent transmettre la terrible nouvelle, celle que
04:41 redoutent le plus les agents. Toutes les unités disponibles répondirent à l'appel. En quelques
04:50 minutes à peine, le paisible quartier de Back Bay fut envahie de véhicules. Les agents
04:57 Roy Sergei et George Torres, tous deux gravement blessés, furent conduits d'urgence à l'hôpital.
05:05 Les détectives interrogèrent les agents Rogers et Kennedy. Selon eux, l'assaillant
05:13 était un Asiatique d'environ 30 ans, de taille moyenne et bien charpenté. Cette description
05:22 du tireur ne concordait pas avec celle du cousin de Meredith Falcone, l'homme qui s'était
05:27 disputé avec elle. L'agent Kennedy, un tireur d'élite, était persuadé qu'il
05:34 avait atteint le fugitif. On ne trouva toutefois aucune trace de sang. Les agents touchés
05:41 avaient trois blessures chacun, dont une à la poitrine, qui mettait la vie de l'un d'eux
05:45 en danger. Il perdait beaucoup de sang. Le personnel médical stabilisa leur état le
05:55 plus rapidement possible avant de les opérer. Les experts en scène de crime passèrent
06:04 la scène de la fusillade au peigne fin. Il y avait de nombreuses douilles, des fragments
06:10 de projectiles et du sang. En notant soyeusement l'emplacement de tous ces indices, on pourrait
06:17 reconstituer la séquence des événements. A quelques pâtés de maisons de là, on trouvait
06:25 un chargeur de munitions provenant vraisemblablement du pistolet du tireur. C'était le chargeur
06:33 d'un SIG Sauer semi-automatique de 9mm. Il était vide. Le sergent-détective James
06:44 Long, du poste D-14 de Boston, fut nommé enquêteur en chef. Quand j'ai appris que
06:53 Roy Sergay et George Torres avaient été touchés, j'ai été très surpris que quelqu'un s'en
06:58 prenne ainsi à des policiers de Boston. Il fallait déterminer d'où l'assaillant était
07:02 sorti. Ensuite, on pourrait peut-être parvenir à l'identifier. On m'avait déjà informé
07:11 du fait que l'homme qui avait été mêlé à la fusillade était arrivé par la clôture
07:15 arrière. D'autres policiers et moi-même avons donc commencé notre enquête à cet
07:19 endroit. À l'intérieur de la zone clôturée, ils remarquèrent un gros appareil d'air
07:29 conditionné. En l'examinant de plus près, Fong vit des traces de pas sur le dessus de
07:49 l'appareil. Juste au-dessus de l'appareil se trouvait la fenêtre du couloir du troisième
07:55 étage. J'en ai déduit que les traces de chaussures sur l'appareil avaient été laissées
08:02 là par l'individu lorsqu'il avait sauté de la fenêtre du troisième étage. Cela
08:10 indiquait qu'il y avait un lien quelconque entre l'individu et l'immeuble. Les détectives
08:17 décidèrent d'interroger les 60 personnes qui y habitaient. Fong commença par ceux
08:22 d'origine asiatique. J'ai interrogé toutes les personnes d'origine asiatique qui vivaient
08:28 dans l'immeuble au moment des faits. Aucune d'entre elles n'a pu me fournir une piste
08:32 solide. Les autres résidents ne furent guère plus utiles. J'ai parlé à la plupart des
08:40 locataires et ceux-ci connaissaient à peine leurs voisins. C'était un immeuble dont
08:44 les appartements étaient loués à court terme. On n'y demeurait que quelques jours
08:47 ou quelques semaines. On semblait être dans une impasse. À l'hôpital, les policiers
08:58 blessés étaient dans un état critique mais stable. Les enquêteurs étaient déçus de
09:03 n'avoir trouvé aucune piste sur l'homme qui s'était attaqué à eux. Puis, six jours
09:08 plus tard, ils retournèrent à l'immeuble pour vérifier une nouvelle piste. On avait
09:15 reçu un appel de la gérante de l'immeuble. Elle avait oublié de nous parler d'un de
09:19 ses locataires asiatiques. Elle était allée le voir pour savoir si tout allait bien car
09:23 personne ne l'avait vu de la semaine et elle s'était rendu compte que l'appartement avait
09:27 été abandonné. Le responsable croyait qu'il s'était enfui sans payer. Le locataire
09:41 en question s'appelait Mark Terra. Sa description correspondait à celle du tireur. Le responsable
09:57 de l'immeuble montra au policier une boîte de munitions trouvée dans l'appartement de
10:00 Terra. Des techniciens recueillirent les projectiles en notant qu'ils étaient d'un calibre de
10:10 9 millimètres, soit le même calibre que les projectiles trouvés sur la scène. Au
10:16 labo, on les comparerait plus tard à ceux de la fusillade. Le détective Fong remarqua
10:24 alors qu'un carreau du plafond avait été déplacé. Il y jeta un coup d'œil de plus
10:28 près. Il lui apparut évident que quelqu'un avait caché quelque chose à cet endroit.
10:33 L'appartement était dépouillé et propre, comme si son locataire avait fait partie de
10:39 l'armée ou qu'il avait déjà été incarcéré. Les techniciens examinèrent attentivement
10:44 les lieux à la recherche d'indices additionnels. On a trouvé plusieurs choses, des vêtements,
10:51 des effets personnels, des munitions, des empreintes digitales et des échantillons
10:54 de cheveux. Mais rien n'indiquait où Terra était allé. En vérifiant les registres,
11:05 les policiers constatèrent que Mark Terra n'avait pas d'antécédent judiciaire. Fong
11:10 trouva une copie du bail sur lequel Terra avait indiqué son adresse précédente ainsi
11:14 qu'un numéro de téléphone à San Francisco. Le détective Fong appela ce numéro et parla
11:23 avec un certain Leon Perry. Ce dernier semblait réticent à parler. Il déclara qu'il ne
11:32 connaissait pas Terra. Le comportement de Perry était suspect, mais les policiers ne
11:39 disposaient de rien qui eût pu le relier à la fusillade. Fong demanda alors à la
11:43 police de San Francisco de vérifier ses antécédents. Mais on ne trouva rien. La police de Boston
11:55 reçut alors une copie du permis de conduire de Mark Terra émis en Californie. On l'a
12:01 envoyé à George Torres, l'agent qui avait le mieux vu le visage du tireur.
12:04 Ça m'a sauté aux yeux quand j'ai vu son visage. J'ai dit c'est cet homme-là qui
12:12 nous a tirés dessus. J'ai alors ressenti une décharge d'anxiété et de peur dans
12:18 tout mon corps. D'abord de l'anxiété parce qu'on avait identifié un suspect et ensuite
12:25 de la peur parce qu'il était toujours en liberté. Après avoir identifié ce suspect,
12:32 la police de Boston teinte une conférence de presse. Une semaine s'était écoulée
12:36 depuis la fusillade. La police croyait maintenant savoir qui était le tireur. Il s'agissait
12:52 de le retrouver. À Boston, deux policiers avaient été gravement blessés lors d'une
13:00 fusillade. Le suspect Mark Terra avait disparu. Les enquêteurs avaient découvert que sa
13:08 dernière adresse connue était à San Francisco. Ils demandèrent à leurs collègues de cette
13:12 ville de la côte ouest de leur venir en aide. Ils leur firent parvenir des affiches avec
13:22 la photo de Terra et leur demandèrent d'être attentifs car le suspect pouvait bien retourner
13:27 en Californie. Après la distribution des tâches pour la journée, le sergent Greg Lynch
13:37 vérifia le tableau d'affichage pour regarder les photos des individus recherchés. Sur
13:44 le tableau d'affichage, j'ai vu la photo d'un suspect qui avait tiré sur deux policiers
13:48 de Boston. Je savais que j'avais déjà vu ce visage, mais je ne pouvais pas dire où.
13:55 Puis, le sergent Lynch se rappelait à un incident survenu six semaines plus tôt lors
14:00 d'un congé. En août, cette même année, il sortait d'un cinéma avec une amie quand
14:06 il avait aperçu un homme armé d'un pistolet. J'ai d'abord cru que c'était un policier,
14:14 mais en le regardant mieux, j'ai eu le sentiment que ce n'était pas le cas, surtout quand
14:18 il s'est retourné et m'a dévisagé. Le feu a viré au vert et il a traversé la rue.
14:24 J'ai demandé à mon ami d'appeler le service d'urgence pour dire aux policiers qui j'étais,
14:28 où je me trouvais, et de leur dire aussi qu'on avait aperçu un homme armé.
14:31 D'instinct, Lynch était persuadé que l'homme était un criminel. Il le prit en filature,
14:45 même s'il ne pouvait pas l'empêcher de partir en voiture. Il eut toutefois le temps
14:59 de noter le numéro de sa plaque d'immatriculation émise au Texas.
15:03 Quand j'ai réalisé que l'homme de l'affiche de Boston était le même que celui que j'avais
15:08 aperçu au cinéma, j'ai commencé mon enquête en allant chercher les informations que j'avais
15:12 obtenues au mois d'août, notamment le numéro de la plaque d'immatriculation de la voiture
15:16 d'un certain David Thera. Même si le suspect s'était fait appeler Mark à Boston, c'était
15:23 le même homme. Il n'avait pas de casier judiciaire et sa voiture était enregistrée
15:29 à une boîte postale de Brownsville, au Texas. Lynch envoya ses informations aux policiers
15:35 de Boston. De leur côté, ceux-ci contactèrent les autorités de Brownsville sans attendre
15:43 et leur demandèrent de l'aide. Un détective du service de police de cette ville fit des
15:50 vérifications auprès du service postal et opta l'adresse civique du suspect. Il se
15:59 rendit ensuite à l'immeuble où il demeurait. Il montra la photo de Mark ou David Thera
16:10 au gérant. Celui-ci le reconnut, mais il ne le connaissait sous aucun de ses noms.
16:19 Selon lui, il s'agissait de Ted Otsuki qui avait quitté son appartement définitivement
16:26 quelques mois plus tôt. Le gérant ignorait où il se trouvait. Le détective de Brownsville
16:42 vérifia ensuite les antécédents de ce Ted Otsuki pour découvrir qu'il s'agissait
16:46 du vrai nom du suspect. Les noms Mark et David Thera étaient des noms d'emprunt. Otsuki
16:55 avait un lourd passé judiciaire, notamment le vol de la banque d'une petite localité
16:59 au Texas commis en 1979 et précédé d'une prise d'otage au poste de police. En mars
17:06 1979, Otsuki avait pris le dessus sur deux agents qui s'occupaient du service de police
17:11 de Los Fresnos. Il avait désactivé leur système de communication. Ensuite, il avait
17:26 traversé la rue et volé 70 000 dollars à la banque. Plus tard, on avait inculpé Otsuki
17:37 de ce vol. Il avait été incarcéré pendant 7 ans pour sa peine de 15 ans à la prison
17:42 de Leavenworth. Suite à sa remise en liberté, il avait été de nouveau recherché moins
17:47 d'un an plus tard pour avoir violé les conditions de sa probation en quittant le Texas. Le
17:54 détective de Brownsville appela ses collègues de Boston et leur demanda de leur faire parvenir
17:58 les empreintes digitales d'Otsuki. 11 jours s'étaient écoulés depuis la fusillade
18:05 des policiers de Boston et la ville était toujours à cran. Les techniciens avaient
18:12 relevé une empreinte sur le bail du suspect. Ils la comparaient à celle de Ted Otsuki
18:20 du Texas. Après avoir vérifié plusieurs points de comparaison, ils en conclurent qu'elles
18:26 étaient identiques. Les enquêteurs savaient maintenant que le tireur qui s'était attaqué
18:31 aux agents George Torres et Roy Sergay n'était nul autre que Ted Otsuki. Ils croyaient également
18:39 que le suspect avait quitté le Massachusetts. Le service de police de Boston demanda alors
18:49 l'aide du FBI. L'affaire fut assignée à l'agent spécial Jeff Fallon du bureau de
18:54 Boston. On se doutait bien qu'il avait fui l'état pour éviter d'être arrêté.
19:01 Le FBI a donc pu obtenir un mandat d'arrêt contre lui pour ces raisons. Les agents retrouvèrent
19:08 la trace d'un complice d'Otsuki dans la région et le convainquirent de collaborer
19:11 avec eux. Celui-ci déclara qu'il avait entendu dire que le suspect était venu à Boston
19:18 pour préparer un vol de banque. On avait des raisons de croire que Ted Otsuki était venu
19:25 à Boston pour se trouver des complices. Il comptait élaborer un plan avec eux selon
19:33 lequel ils enlèveraient un directeur de banque. Il semblait bien que la fusillade des policiers
19:42 n'avait rien à voir avec tout cela. C'était une erreur de calcul. Les enquêteurs croyaient
19:48 que le soir de cette fusillade, Ted Otsuki était dans son appartement. La police de
19:54 Boston arriva alors à l'immeuble en réponse à l'appel d'une femme en détresse. Selon
20:03 toute vraisemblance, Otsuki avait présumé que les policiers étaient venus l'arrêter
20:08 pour avoir violé les conditions de sa mise en liberté au Texas. Il avait saisi son pistolet
20:16 SX-Hour d'un calibre de 9mm et quelques cartouches de munitions. Quand les policiers
20:24 avaient sonné pour entrer, Otsuki, lui, était prêt à sortir. Il avait sans doute sauté
20:33 par la fenêtre du couloir sur l'appareil d'air climatisé trois étages plus bas.
20:36 Quelques secondes plus tard, la fusillade avait commencé. Ted Otsuki était prêt à
20:52 tout pour ne pas être capturé. En 1987, la police de Boston et le FBI étaient à la
21:05 recherche de Ted Otsuki, recherché pour avoir fait feu sur deux agents de police. L'agent
21:11 spécial Jeff Fallon tenta de restreindre le champ des recherches en prévoyant les
21:14 déplacements du fugitif. Un des principes les plus élémentaires dans ce type d'enquête
21:21 consiste à identifier les amis et la famille du suspect ainsi que ses complices. Tout cela
21:27 afin de se faire une meilleure idée de ce qu'il aime et de ce qu'il n'aime pas et
21:31 de déterminer où il pourrait se trouver. Les agents contactèrent Leon Perry à San
21:38 Francisco qui croyait-il était un complice du suspect, mais celui-ci déclara qu'il
21:42 ne connaissait pas le fugitif. C'est en surveillant Perry que les agents découvrirent qu'il
21:51 utilisait la voiture d'Otsuki. Il ne vire toutefois pas ce dernier. Des recherches
21:59 dans la base de données du FBI leur permirent de découvrir que Leon Perry avait passé
22:04 du temps avec Otsuki à la prison de Leavenworth. Mis devant les faits, Perry finit par admettre
22:09 qu'il connaissait le suspect, mais il ajouta qu'il ne lui avait pas parlé depuis plusieurs
22:13 mois et qu'il n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il se trouvait. On ne disposait
22:18 pas d'un doute raisonnable pour l'arrêter, mais on remorqua la voiture d'Otsuki à la
22:22 fourrière et on continuait de surveiller Perry. Lors de la fouille de son appartement,
22:26 on ne trouva aucune trace du fugitif. À Boston, l'affaire prit une tournure tragique. Les
22:42 deux agents se remettaient peu à peu de leurs blessures quand, le 26 octobre, Roy Sergay
22:50 mourut subitement d'un arrêt cardiaque suite à la formation d'un caillot dans son coeur.
22:54 Voici le sergent détective James Fong. « Je me suis alors engagé personnellement à retrouver
23:09 l'individu qui avait tiré sur Roy Sergay et causé sa mort. » Ted Otsuki avait grandi
23:18 au Texas et sa famille s'y trouvait toujours. Les enquêteurs interrogèrent ses parents.
23:25 Ceux-ci furent ébranlés en apprenant de quoi on accusait Otsuki et ils ajoutèrent qu'ils
23:35 ne l'avaient pas vu ni eu de ses nouvelles depuis plusieurs mois. Ils ignoraient où
23:39 ils se trouvaient. Pour corroborer leurs déclarations, les enquêteurs obtinrent le relevé téléphonique.
23:51 Ils découvrirent alors que plusieurs appels avaient été faits de chez eux à l'ancien
23:58 colocataire d'Otsuki, Leon Perry, à San Francisco. Les relevés indiquaient également
24:04 qu'on avait appelé un autre repris de justice qui avait fait des vols de banque au Minnesota.
24:09 Le FBI le fit convoquer et celui-ci accepta de devenir informateur pour les agents. Il
24:18 fournit des détails sur les plans d'Otsuki qui prévoyait enlever quelqu'un avant de
24:22 voler une banque puis de tuer son otage. Selon lui, Otsuki avait demandé à des complices
24:27 de fabriquer une bombe télécommandée qui serait placée dans un attaché case et que
24:31 l'on attacherait avec des menottes aux poignées des responsables de la banque. Quand ceux-ci
24:36 auraient sorti l'argent liquide de leur coffre, Otsuki et ses hommes feraient exploser
24:40 les bombes pour éliminer ces témoins gênants. De nombreux criminels imaginent des plans
24:48 farfelus. Mais ce n'était pas le cas de Ted Otsuki. Il prenait le temps de planifier
24:57 ses vols. Il trouvait des complices qui avaient les compétences requises pour fabriquer
25:06 une bombe, des gens capables de faire irruption chez quelqu'un et même de voler une banque.
25:14 Les agents devaient maintenant corroborer les déclarations de leur informateur. Il
25:21 nous a indiqué que ces bombes étaient cachées dans un espace d'entreposage à San Francisco.
25:26 Otsuki avait loué sous un faux nom. Aidé par l'esquade anti-bombe de la police de
25:33 San Francisco, les agents du FBI trouvèrent le lieu d'entreposage en question et à l'intérieur,
25:39 un attaché case comme l'informateur l'avait décrit. Ne sachant pas exactement comment
25:45 la bombe pouvait être actionnée, ils devaient se montrer prudents. Les experts emmenèrent
25:56 l'attaché case à une bonne distance de l'entreprise d'entreposage. Ensuite, ils
26:02 attachèrent à la mallette un dispositif qui devait permettre de l'ouvrir sans faire
26:06 détonner la bombe à l'intérieur. C'était un tube explosif, un dispositif improvisé
26:30 rempli de poudre explosive sous pression. En présence d'une étincelle, la poudre
26:37 brûle avec une telle intensité qu'elle fait exploser le tube, envoyant des éclats
26:42 dans toutes les directions. Pour la désactiver, les experts devaient ouvrir le tube, ce qui
26:50 enlèverait la pression. La façon la plus sécuritaire consiste à utiliser de l'eau,
27:01 comme nous le raconte l'agent spécial Philip Sena du bureau du FBI de San Francisco.
27:07 Sous l'effet d'eau à haute pression, le dispositif de fermeture du tuyau en vient
27:13 sauter tout simplement. Ainsi, on n'utilise aucune chaleur ou flamme. On envoie plutôt
27:23 quelque chose de relativement bénin afin de décapsuler le tube avant qu'il n'explose.
27:32 Cette bombe était bien faite, très sophistiquée. Elle pouvait être télécommandée. On m'a
27:56 dit que ce dispositif pouvait tuer quelqu'un dans une ère de 3 ou 4 mètres. Mais à l'intérieur
28:05 de cette ère restreinte, elle était dévastatrice. On trouva plus tard une autre bombe qu'on
28:13 désactiva. Ses indices furent recueillis pour être examinés au labo. L'agent spécial
28:24 de Fallon voulait savoir si Leon Perry, l'ancien colocataire de Tsuki à San Francisco, connaissait
28:29 l'existence de ces bombes. Après qu'on eut trouvé les bombes, on a interrogé Perry
28:36 de nouveau. Celui-ci nous a dit qu'il ignorait l'existence de ces bombes et qu'il ne leur
28:41 aurait certainement dit s'il l'avait su. On a alors envoyé ces bombes et les matériaux
28:47 ayant servi à leur fabrication au labo et les experts ont trouvé l'empreinte de Perry
28:53 sur les boîtes qui contenaient les bombes. Ainsi donc, Perry ne coopérait pas du tout
29:00 avec nous comme il aurait pu ou comme il aurait dû le faire. On a donc décidé d'annuler
29:07 sa libération conditionnelle et de le remettre en prison.
29:09 Depuis le début, les enquêteurs soupçonnaient Perry de collaborer activement avec Otsuki.
29:18 Maintenant, ils en avaient la preuve. À moins qu'il n'accepte de coopérer avec la police,
29:28 Perry risquait de se retrouver en prison pour 20 ans. L'agent spécial Sénat espérait
29:33 le faire parler.
29:34 On avait assez de preuves établissant qu'il était un complice d'Otsuki et du fait qu'il
29:44 avait violé les conditions de sa liberté conditionnelle pour pouvoir exercer de la
29:49 pression sur lui. Il était plutôt confortable en prison et pour lui, la perspective d'y
29:55 retourner n'était pas le pire scénario envisageable.
29:58 Le premier jour, on a parlé pendant une quinzaine d'heures et cela s'est prolongé pendant
30:04 une semaine, parfois 12-14 heures par jour. Il y avait de quoi avoir mal à la tête.
30:10 Puis finalement, les agents convaincirent Perry qu'il était dans son intérêt de parler.
30:22 Il passa aux aveux.
30:24 Selon lui, le lendemain de la fusillade de Boston, il avait reçu un appel à San Francisco.
30:37 Il nous a dit que Ted l'avait appelé pour lui dire qu'il avait eu des problèmes à
30:44 Boston.
30:45 Otsuki lui confia qu'il avait fait feu sur deux policiers et qu'il avait lui-même été
30:51 touché. Selon Perry, il l'appelait de l'aéroport de Dayton en Ohio. Otsuki avait ajouté qu'il
31:00 devait se rendre au Texas où il pourrait se faire discrètement soigner pour ses blessures
31:03 de projectiles. Il avait laissé à l'aéroport de Dayton sa voiture et l'arme dont il s'était
31:10 servi lors de la fusillade. Il demanda à Perry d'aller les chercher en Ohio. Perry accepta.
31:17 Otsuki a envoyé les clés de la voiture et le ticket de stationnement par courrier express.
31:26 Perry devait aller à Dayton prendre la voiture et détruire l'arme du crime. Ensuite, il
31:34 devait ramener la voiture à San Francisco, la vider de ce qu'elle contenait et tout
31:38 cacher.
31:39 Perry trouva la voiture comme Otsuki le lui avait dit. À l'intérieur, il y avait un
31:52 pistolet Six-Hour de 9mm. L'arme du crime était un pistolet de grande qualité. Il
32:02 était réticent à détruire une arme comme celle-là. Il a plutôt décidé de la donner
32:07 à son père. Perry se rendit chez ses parents au Missouri et y laissa l'arme. J'ai appelé
32:16 son père et lui ai parlé. Je lui ai assuré que son fils n'avait rien fait de répréhensible.
32:22 Je lui ai ensuite demandé s'il avait toujours le pistolet en sa possession et il m'a dit
32:26 que oui. Les agents du Missouri allaient rechercher le Six-Hour. Des analyses balistiques confirmèrent
32:34 que c'était bien l'arme ayant servi à tirer les balles meurtrières. On a trouvé
32:40 les empreintes digitales d'Otsuki sur une des balles dans l'arme. Non seulement disposions-nous
32:48 de l'arme qui avait servi à faire feu sur les policiers, mais nous avions également
32:53 les empreintes d'Otsuki sur un des projectiles de cette arme.
32:59 Avec ces indices qui montraient qu'Otsuki était impliqué dans le meurtre de Roy Sergay
33:05 et la fabrication de bombes mortelles, le FBI put mettre son nom sur la liste des diffusifs
33:10 les plus recherchés au pays. Mais ce dangereux criminel était en cavale depuis 4 mois et
33:18 il pouvait maintenant se trouver n'importe où.
33:20 En 1988, le FBI avait entrepris des recherches dans tout le pays pour trouver Ted Otsuki,
33:36 un présumé tueur de policiers. Le 22 janvier de cette même année, les agents mirent son
33:41 nom sur la liste des diffusifs les plus recherchés au pays. Pour faire encore plus de publicité
33:47 à cette affaire, le FBI demanda à une série télévisée de faire une émission spéciale
33:52 sur Otsuki.
33:54 Lors de la diffusion, une connaissance d'Otsuki composa le numéro de téléphone indiqué
34:00 à l'écran. Quand les standardistes eurent constaté que la piste semblait solide, elles
34:07 transféraient l'appel à l'agent du FBI, Jay Fallon. La personne au bout du fil déclara
34:14 qu'Otsuki avait des liens étroits avec deux parents au Texas. Si quelqu'un savait où
34:19 le suspect se trouvait, c'était sûrement ce couple. Les autorités leur avaient déjà
34:26 parlé et ceux-ci avaient déclaré n'avoir eu aucun contact avec le fugitif. Mais en
34:36 vérifiant les relevés de leur ligne téléphonique, on découvrit qu'ils avaient reçu plusieurs
34:40 appels de Guadalajara au Mexique où d'autres parents du suspect vivaient. Otsuki pouvait
34:47 être parti à cet endroit. Les recherches s'étendirent donc au Mexique. Les agents
34:56 du FBI dans les pays étrangers sont des attachés juridiques. A Mexico, l'attaché juridique
35:04 et agent spécial du FBI, Stephen Walker, prit l'affaire en charge.
35:07 Le FBI n'a aucune autorité légale pour mener une enquête dans un autre pays selon
35:14 les lois de ce pays. On doit donc solliciter la coopération du gouvernement. Il faut établir
35:23 des liens officiels. Il faut demander que le pays hôte affecte ses services de police
35:29 au tâche du FBI.
35:32 L'agent spécial Walker rencontra les agents de la police judiciaire mexicaine et leur
35:39 demanda de l'aide pour retrouver Otsuki. On n'avait pas une adresse précise à Guadalajara,
35:48 mais nous avions des numéros de téléphone suspect dans cette ville. Lors de l'enquête
35:55 menée à ce moment-là, nous n'avons pas pu trouver les parents d'Otsuki.
36:01 L'agent Fallon espérait que l'ex-collocataire d'Otsuki, Leon Perry, les aiderait de nouveau.
36:07 Après lui avoir offert d'éliminer les accusations contre lui pour la fabrication des bombes,
36:12 les agents le convainquirent de porter un micro.
36:14 On a mis au point un plan, selon lequel Perry parlerait aux membres de la famille de Ted
36:27 Otsuki. On espérait ainsi que Perry ferait dire aux membres de la famille où le fugitif
36:34 se trouvait.
36:37 Les agents émirent un faux passeport au nom de Perry et lui indiquèrent comment berner
36:44 les parents du suspect.
36:45 Avec ces nouvelles fausses pièces d'identité, Perry devait, selon ce scénario, disparaître.
36:58 Telle était l'histoire qu'il allait raconter à la famille du suspect. On espérait ainsi
37:05 que les parents d'Otsuki le rejoindraient et lui diraient d'appeler Perry. Leur conversation
37:11 devait traiter de l'arme du crime. Perry devait savoir de Ted ce qu'il devait faire
37:18 de cette arme avant de quitter le pays.
37:22 Après plusieurs tentatives, les parents d'Otsuki au Texas acceptèrent de rencontrer
37:28 Perry à un restaurant de Matamoros au Mexique. A l'extérieur, le détective James Fong
37:35 de Boston, les agents du FBI et la police fédérale mexicaine attendaient, prêts à
37:40 écouter la conversation. D'autres agents se trouvaient à l'intérieur.
37:49 Peu de temps avant l'arrivée de Perry, un agent et moi sommes entrés dans le restaurant.
37:55 Nous nous sommes assis afin de surveiller la situation.
38:01 Perry est entré et il s'est assis au bar.
38:08 Ils n'eurent pas à attendre longtemps l'arrivée des parents d'Otsuki. Les agents pouvaient
38:34 les entendre parler, mais jamais le nom d'Otsuki ne fut mentionné. Après quelques minutes,
38:41 un des parents d'Otsuki déclara qu'il devait partir.
38:43 L'équipe de surveillance dut alors revoir ses plans à toute vitesse.
38:52 J'étais inquiet parce que ce n'était pas ce à quoi on s'attendait. Mais on doit
39:03 toujours faire confiance aux gens qui travaillent avec nous.
39:05 Les équipes de surveillance devaient rester proches pour ne pas perdre le signal du microphone
39:15 de leur informateur Leon Perry.
39:33 Finalement, les parents lui dirent qu'ils allaient appeler Otsuki devant lui.
39:55 La gare routière de la ville de Matamoros se trouve à seulement quelques kilomètres
40:02 de la frontière du Texas. Les enquêteurs surveillèrent les parents alors qu'ils faisaient
40:07 un appel interurbain à partir du téléphone public.
40:10 Des agents secrets les tenaient à l'œil. L'homme parla brièvement avec son interlocuteur
40:27 avant de passer le combiné à Perry. C'était bien Otsuki.
40:32 Celui-ci demanda à Perry de détruire le six hour de 9 millimètres. Il déclara qu'il
40:39 avait dévalisé quelques banques au Mexique mais ne précisa pas à quel endroit.
40:43 Malgré tout, c'était la meilleure piste que tenait l'agent spécial Philip Sena jusque-là.
40:50 Les autorités fédérales mexicaines ont pu obtenir le numéro de téléphone par l'intermédiaire
40:59 du responsable de la gare routière. La police judiciaire a alors pu déterminer l'adresse
41:05 civique à Guadalajara qui était reliée à ce numéro.
41:08 L'agent de liaison avec la police fédérale mexicaine à Guadalajara était l'agent
41:15 spécial Stephen Walker du FBI.
41:18 On connaissait le numéro de téléphone qui avait été composé et on savait que c'était
41:24 celui d'Otsuki. C'était le numéro d'une résidence de Guadalajara. On a ensuite découvert
41:31 qu'il s'agissait d'un appartement en ville. Il ne nous restait plus qu'à demander aux
41:36 autorités fédérales de se rendre sur place.
41:39 Des équipes d'agents surveillèrent l'immeuble, mais ne virent aucun signe d'Otsuki.
41:48 Nous étions près du but, mais l'affaire n'était pas encore dans le sac. D'une
41:55 certaine façon, c'était plus pénible que d'ignorer où il se trouvait, parce que
41:58 maintenant, nous savions où il était et nous voulions désespérément l'arrêter,
42:02 même si rien ne nous garantissait qu'on y parviendrait.
42:04 Puis, deux jours après le début de l'opération de surveillance, Otsuki réapparut. Les policiers
42:22 passèrent à l'action. Le suspect brandit une arme, mais cette fois, il n'eut pas l'occasion
42:31 de faire feu. La police fédérale l'arrêta et le remit aux mains du FBI le jour suivant.
42:36 Ted Otsuki a été trouvé coupable de la tentative de meurtre de George Torres et du meurtre
42:48 au premier degré de Roy Sergey. Il a été condamné à une peine d'incarcération à
42:53 vie, plus 20 ans.
42:57 Après s'être remis de ses blessures, l'agent Torres a repris ses fonctions. Il n'a pris
43:04 sa retraite du service de police de Boston qu'en 1997. Roy Sergey, qu'on avait promu
43:10 détective suite à la fusillade, a laissé derrière lui une femme et trois enfants, en
43:15 plus de quantité d'amis au sein des forces policières de Boston. La salle communautaire
43:22 du poste de police D14 de Boston a été dédiée à sa mémoire. George Torres espère que
43:33 cette affaire aura au moins servi à sauver des vies parmi les rangs des policiers.
43:37 On essaie toujours de se rappeler que ce n'est jamais un simple appel de routine. De toute
43:43 façon, cela n'existe pas. On se rend là où on est appelé et l'on doit être prêt
43:47 à tout.
43:48 Depuis la fusillade, les policiers de Boston doivent porter des gilets pare-balles. De
43:58 plus, on a remplacé le révolver par des pistolets semi-automatiques. Maintenant, ils ont plus
44:05 de chances de s'en sortir quand l'imprévisible survient.
44:20 A la prochaine !
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