Category
✨
PersonnesTranscription
00:00 Mais je trouve que le cinéma, il est encore en retard sur la société.
00:02 Je trouve que dans la société, justement, il y a plus de mixité,
00:05 il y a plus de gens différents.
00:07 Monsieur le réalisateur, on fait vraiment comme ça ou c'est un fantasme ?
00:09 Non, non, ça arrive qu'on fasse comme ça.
00:11 Clap, clap, clap !
00:13 Mec, il clappe !
00:14 On a clapé !
00:16 Comme on est un date, un dating,
00:19 toi, tu n'as pas trop de problèmes, j'ai l'impression, pour dater.
00:21 Est-ce que tu fais des efforts ou pas ?
00:22 Parce qu'on me dit, toi, tu vas avoir quand même un beau gosse aujourd'hui,
00:25 tu ne dois faire aucun effort pour dater.
00:26 Tu le fais au plus dur des débuts.
00:27 Après, ça, c'est des idées reçues, mais non, non, je suis assez pudique,
00:32 assez romantique en réalité.
00:34 Et donc, oui, je fais des efforts quand même.
00:36 Tu dragues parfois ou tu te fais toujours draguer ?
00:39 Franchement.
00:40 Non, ça m'arrive de draguer.
00:41 Dans Make to my love, c'est un grand dragueur.
00:44 Mais du coup, peut-être on a tout ça un peu en nous quand même, la séduction.
00:46 C'est une question que m'ont demandé mes amis quand je leur ai dit
00:49 que j'allais t'interviewer.
00:50 Es-tu célibataire ?
00:52 Euh...
00:54 Oui.
00:55 C'est la meilleure réponse.
00:56 Ah oui, oui, oui.
00:57 Elle va buzzer la vidéo.
00:58 Je vais te lire ton résumé sur Wikipédia ou quelque chose.
01:01 Tu sais, quand tu vas sur Google, sur le côté, tu as le résumé du résumé.
01:05 Salim Keshouch est un acteur français né le 2 avril 1979 à Lyon, dans le 3e.
01:11 C'est ça.
01:12 Il est notamment connu pour le rôle de Brian Bechery dans la série télévisée Fortune sur Arte.
01:16 Ah ouais, c'est à l'ancienne.
01:17 Ils ont gardé vraiment des trucs de 2010.
01:19 Fortune, je ne sais pas si tu avais vu cette série, c'était une série sur Arte.
01:22 Non, je ne l'ai pas vu, Fortune.
01:23 Et en fait, ça a été un tournant quand même dans ma carrière parce que c'était la première fois qu'on m'offrait un rôle principal.
01:29 D'accord.
01:30 Et pas cliché, du coup, c'était un agent immobilier qui désirait faire fortune avec sa bande de potes.
01:35 Donc, il y avait un gitan et c'était la première fois à la télé où il y avait trois personnages principaux qui étaient robeux.
01:41 Moi, ça m'a donné vachement confiance en termes d'acteur pour endosser les premiers rôles.
01:45 Ah, c'est bien.
01:46 Est-ce qu'il y a une info que tu voudrais rajouter ou enlever sur ce résumé Wikipédia qui est hyper succinct ?
01:50 Oh là là, oui, non, mais ils font des gaps hyper rapides dans le temps et tout.
01:54 Mais c'est marrant Wikipédia parce que j'avais essayé un jour de modifier des choses.
01:57 Et il y a un gars qui m'a répondu en me disant "non, c'est faux, qui êtes-vous ?"
02:02 Et j'ai dit "je suis Salim Keshav".
02:04 Sur Wikipédia ?
02:05 Ouais, je te jure.
02:06 Il fallait justifier que c'était toi ?
02:07 Ouais, il fallait que je justifie que c'était moi et même moi, je n'avais pas le droit de changer des trucs.
02:11 Tu crois que ton père, il ne voulait pas trop que tu fasses du cinéma, non ?
02:14 Non, il ne voulait même au départ pas du tout.
02:17 C'est que j'étais très très jeune.
02:19 Et moi je suis venu, je suis rentré à la maison, j'ai dit "ouais, j'ai rencontré un gars qui est réalisateur qui m'a proposé de faire un rôle dans son prochain film".
02:24 Et il m'a dit "c'est qui celui-là, bla bla bla".
02:26 Et cette personne-là, qui s'appelle Gael Morel, qui est toujours un ami aujourd'hui, m'a écrit une lettre un an après.
02:32 En me disant "ça y est, j'ai les financements pour mon film, je pense toujours à toi, voyons-nous".
02:36 Et c'est vrai que mon père, il était un peu réticent quand même.
02:40 Je crois que ton papa, il a effacé tes premiers rushs quand tu étais petit, non ?
02:43 Ouais.
02:44 Et il a vraiment été malade quand j'étais très jeune.
02:47 Et mon père, il a acheté un caméscope pour immortaliser un peu ses moments, pour avoir des souvenirs, ce qui était une très belle initiative.
02:53 Et sauf que moi, ça m'a fasciné la caméra.
02:56 J'étais vraiment subjugué par le côté faire de la mise en scène et tout.
03:02 Ça m'ouvrait plein de champs possibles.
03:05 Et donc je m'amusais avec mon petit frère, mes amis, à faire des films.
03:08 Mon père me disait "c'est quoi ces conneries ?"
03:09 Donc il effaçait à chaque fois les trucs.
03:11 Ça prenait de la place quoi.
03:12 Ça prenait de la place sur lui.
03:14 Il filmait les trucs sérieux, il filmait la famille, il filmait les événements, les anniversaires, les voyages.
03:18 Lui il était journaliste, toi tu étais artiste.
03:20 Moi j'étais artiste, voilà, tu vas laisser le journaliste faire.
03:23 Mais quand même, je le remercie beaucoup parce que c'est grâce à lui que j'ai eu ça.
03:27 Et c'était aussi un acteur né.
03:29 Parce que moi je me souviens, quand on négociait au marché, les trucs et tout, il y avait un côté acteur, il y avait un acteur dans la vie.
03:34 Ah oui, t'as un peu transmis ça quand même.
03:36 Ouais, avec le recul maintenant, je me dis que c'était mon meilleur prof de théâtre.
03:40 Beaucoup t'ont découvert avec Kéchiche.
03:43 Certains le connaissaient avant, mais en tout cas peut-être le très grand public avec Kéchiche.
03:47 Il avait créé, on va dire quoi, la controverse.
03:49 Un peu de panique, un peu de scandale, comme souvent ces films en réalité.
03:52 Mais en tout cas sur les tournages, à chaque fois ça s'est passé, c'était dur, ça demande beaucoup de concentration.
03:57 C'est profond.
03:58 C'est profond, on répète beaucoup, etc.
04:00 Mais tout le monde est là et tout le monde est consentant.
04:03 Et lui, c'est son cinéma.
04:06 Il sait que quand on va faire un film avec lui, ça va être assez épuisant et qu'on va aller loin dans les émotions, dans les scènes d'amour, dans tout.
04:14 Il est important pour toi, Kéchiche, quand même, dans ton rapport au cinéma.
04:18 Ouais, il est très important.
04:19 Il t'a inspiré quand même.
04:20 Bien sûr, très fort, très fort.
04:22 En fait, il y a quelqu'un de très important avec qui j'ai démarré, donc Gaël Morel,
04:25 qui est vraiment la personne qui m'a découvert et qui m'a mis le pied à l'étrier, comme on dit.
04:29 Mais Kéchiche, c'est vraiment la personne qui m'a donné envie de réaliser des films tels que j'avais envie de le faire.
04:35 Pourquoi dans le cinéma, les robots ont pu se percer ?
04:37 Parce qu'il y a quand même aujourd'hui des noms très "bankable", tu vois.
04:40 On parle de Roch-XM, on parle de toi, on parle de Taharaïm, on parle de Redak et Teb.
04:44 Bien sûr, mais je trouve que le cinéma, il est encore en retard sur la société.
04:48 Je trouve que dans la société, justement, il y a plus de mixité, il y a plus de gens différents.
04:52 Des gens qui sont profs, des gens qui sont avocats, des gens qui sont dans la politique.
04:56 Et pour moi, c'est ça, les vrais héros, c'est les héros du quotidien.
04:58 C'est ce qu'on montre souvent les exemples de sportifs de haut niveau, les exemples d'acteurs et tout.
05:02 Si on n'est pas d'origine, on va dire, différente, c'est très difficile d'être acteur, de réussir.
05:08 C'est très difficile de réussir en tant que sportif de haut niveau.
05:10 Mais moi, c'est tous ces gens-là du quotidien que j'aimerais mettre en avant.
05:13 Et peut-être que le cinéma, il peut aller dans ce sens-là aussi, de montrer des acteurs sans que ce soit le sujet du film.
05:19 Le jour où on aura "égalé" la société, c'est quand ce ne sera plus un sujet.
05:24 Parce que franchement, maintenant, ce n'est plus trop un sujet.
05:26 Moi, j'ai l'impression, dans la vie de tous les jours.
05:28 Et d'ailleurs, quand est-ce que tu t'es dit "je ferai du cinéma", c'est quoi le déclic ?
05:30 Est-ce que tu avais un déclic ?
05:32 En fait, le déclic, au départ, je ne l'ai pas eu parce que ça me semblait trop loin.
05:34 Et même après avoir fait 3, 4 films, je ne me donnais pas la chance et je ne me donnais pas le droit d'y arriver et de faire du cinéma.
05:41 C'est vrai, c'était...
05:42 C'est un genre de posteur ?
05:43 Oui, un peu, ou même de genre "ce n'est pas pour nous".
05:46 Et en fait, au moment où j'ai fait une introspection, je suis parti vivre en Algérie pendant un an, entre 1999 et 2000.
05:53 Et c'est à ce moment-là que je me suis dit, quand ça a été un peu loin de moi, où je me suis dit "j'ai envie de faire ce métier, quoi qu'il arrive".
05:59 Maintenant, tu es réalisateur. Ton premier film, "L'enfant du paradis", a été plutôt bien reçu par la critique.
06:05 Très bien reçu.
06:06 Très bien, tu vois. D'ailleurs, est-ce que quand on réalise un film, la grande peur, c'est les premières critiques qui tombent ?
06:12 Bien sûr. D'autant plus avec ce film, parce que c'est quelque chose de très personnel.
06:15 Je suis allé faire un film qui parle de mon intimité, qui parle... J'ai mis des souvenirs de famille.
06:20 J'ai parlé de ma maman, j'ai parlé de mon meilleur ami, j'ai parlé de moi. J'ai vraiment fait une auto-fiction.
06:25 Aujourd'hui, j'ai appris à savoir qui j'étais et à ne pas prendre pour argent comptant ce qu'on voyait de moi.
06:31 Et ça a été quand même une délivrance. Mais au-delà de la critique, c'était surtout le public.
06:36 C'est surtout d'aller présenter le film et de voir la réaction des gens, de voir tout l'amour que je recevais en retour.
06:42 Tu m'avais laissé entendre qu'il y avait, je crois, un beau projet qui était en train de se profiler, ou des projets.
06:46 Tu as le droit d'en parler ou il est trop tôt ?
06:48 J'ai contacté Yasmina Kadra, on s'est parlé.
06:51 On a parlé de l'attentat, de "A quoi rêver-nous". C'est pour ce roman-là que je m'attaque à un truc très costaud.
06:57 Mais je rêvais depuis toujours d'adapter un de ces romans.
07:01 - On se rappelle ou pas ? - Bah ouais, carrément !
07:03 - Avec plaisir ! - Merci, c'était sympa.
07:07 - Clap ou pas un clap de fin ? - Clap de fin ou pas un clap de fin ?