#TuckerCarlson.

  • il y a 5 mois

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00:00 [Musique]
00:25 Ici Moscou, les Français parlent au français, les francophones parlent au francophone.
00:30 Bienvenue dans notre nouveau programme sur RT en français.
00:33 [Musique]
00:38 Et aujourd'hui nous allons parler de l'interview du siècle, celle de Vladimir Poutine par le journaliste américain Tucker Carlson.
00:46 Vladimir Poutine a surpris en évoquant pendant près de une demi-heure, entre 25 minutes et une demi-heure,
00:53 l'histoire de la Russie pour expliquer la situation actuelle. Écoutons-le.
00:58 Voyons voir. D'où partent nos relations avec l'Ukraine ? D'où vient-elle l'Ukraine ?
01:04 L'État russe a commencé à se constituer en tant qu'État centralisé en 862, c'est l'année de la création de l'État russe,
01:14 lorsque les habitants de la ville de Novgorod, située dans le nord-ouest du pays, ont invité le prince rurique Vareg de Scandinavie à régner.
01:29 En 1862, la Russie a célébré le millénaire de la création de l'État russe et à Novgorod se trouve un monument consacré au millénaire du pays.
01:44 En 1939, après que la Pologne ait coopéré avec Hitler, car la Pologne a coopéré avec Hitler,
01:53 tous les documents sont dans nos archives, et Hitler a proposé à la Pologne de conclure un traité de paix, un traité d'amitié et d'alliance,
02:03 mais en exigeant que la Pologne restitue le corridor de Danzig, qui liait la partie principale de l'Allemagne à Königsberg et la Prusse orientale.
02:16 Après la première guerre mondiale, cette partie du territoire avait été cédée à la Pologne et à la place de Danzig, la ville de Gdansk était apparue.
02:29 Hitler leur a demandé instantanément de la rétrocéder sans hostilité, les Polonais ont refusé,
02:35 mais ils ont quand même collaboré avec Hitler et ont participé ensemble à la partition de la Tchécoslovaquie.
02:43 Laurent Braillard, je m'adresse à l'historien, je pense que vous avez écouté les 25 minutes du discours de Vladimir Poutine,
02:50 est-ce qu'il y a des choses qui sont fausses du point de vue historique ?
02:53 Non, bien entendu que non, et d'ailleurs c'est très intéressant parce que c'est quand même assez méconnu ce fameux traité de non-agression entre 1934 et 1938,
03:05 où justement il y a eu des négociations assez fortes.
03:08 D'ailleurs, elles ont mené par exemple, quand l'équipe de Bandera assassine le ministre de l'intérieur polonais,
03:13 les Allemands vont donner des Ukrainiens qui s'étaient enfuis à la Pologne pour les réprimer.
03:20 Il y avait une coopération qui s'est faite assez importante.
03:24 Et ce qu'il a dit aussi, et très important, c'est par rapport par exemple à la Tchécoslovaquie.
03:28 Les Polonais s'étaient engagés à intervenir dans une invasion de la Tchécoslovaquie
03:34 parce qu'il y avait depuis très longtemps des problèmes de frontières et une hostilité assez forte entre les deux pays.
03:39 Donc en fait les Polonais se sont partagés la Tchécoslovaquie avec les Allemands. Là-dessus Vladimir Poutine a raison.
03:44 En tout cas, c'est assez certain qu'il y a eu quand même... ils étaient assez contents que la Tchécoslovaquie disparaisse, c'est assez certain.
03:50 Pepe ?
03:52 Je t'ai fixé l'expression de complètement... il était abasourdi Tucker.
04:00 Tu imagines la scène. Lui, Tucker, il a une leçon d'histoire du président de la Russie, 25 minutes, face à face.
04:08 Il comprend peut-être 5% de tout ce que Poutine disait. Il pensait déjà à son audience.
04:13 Oh my God ! Il a ruiné mon interview avec ces 25 minutes.
04:17 Et au contraire, parce que les réactions aux États-Unis étaient des gens qui étaient complètement abasourdis aussi.
04:22 Parce qu'ils écoutent un président qui est capable de discuter sur l'histoire pour 25 minutes, sans notes.
04:28 Compare avec l'habitant de la Maison Blanche maintenant.
04:33 Joe Biden parle avec François Mitterrand aussi.
04:36 Et El Moukoul.
04:38 Moi je dirais qu'il y a deux choses à relever dans les 25 minutes d'histoire.
04:43 Je rejoins d'abord ce que Pepe vient de dire.
04:47 Parce que la chose la plus marquante dans cette interview, justement le contexte dans lequel elle intervient, où elle a été diffusée.
04:56 Donc on a deux pays qui sont les deux grandes puissances du monde, qui sont proches des élections présidentielles.
05:03 Et voilà un président qui refuse de passer le test cognitif pour montrer qu'il a les capacités de gouverner la première puissance du monde.
05:14 L'autre qui fait une dissertation de 25 minutes avec un esprit pointueux, alors qu'on l'avait annoncé depuis longtemps qu'il était fou, qu'il était isolé.
05:24 Qu'il avait au moins 56 cancers, et ainsi de suite.
05:28 Et la deuxième chose la plus importante dans ces 25 minutes, c'est qu'au bout des 25 minutes, normalement quand on a suivi et quand on s'attache au fond,
05:37 il a exactement expliqué pourquoi la Russie est entrée en Ukraine le 24 février 2022.
05:44 À qui est-ce qu'il s'adresse également ? J'ai l'impression qu'il s'est adressé aux Ukrainiens aussi en faisant cette petite histoire.
05:51 Aux Ukrainiens, aux Polonais, bien sûr au monde entier en fin de compte.
05:55 Et ce qui est intéressant c'est que cette tradition russe est assez ancienne.
06:01 On a toujours vu par exemple, je prends l'exemple de Staline, c'est un exemple comme d'autres,
06:05 qui fait référence par exemple à Napoléon pour rappeler les Russes à lutter, à se lever.
06:11 La guerre patriotique contre Napoléon et la grande guerre patriotique contre les Allemands.
06:16 C'est intéressant parce que la première partie de son discours, donc sur toute la partie historique,
06:22 on a l'impression effectivement qu'il s'adresse à des gens qui ont de l'éducation et qui sont capables de comprendre ça.
06:27 Ce qui n'est pas forcément le cas de tout le monde.
06:30 Et je ferai juste un petit parallèle par rapport à ce qu'on disait tout à l'heure avant l'émission.
06:35 Tu disais qu'aux États-Unis, les gens étaient abasourdis parce qu'ils ne connaissaient pas ça.
06:40 Et c'est vrai, quand on regarde les programmes scolaires français par exemple, en histoire, c'est l'histoire de France.
06:46 On ne s'intéresse pas à l'histoire d'ailleurs, on la voit que par notre propre prisme et le prisme qui nous arrange.
06:53 Alors que lorsqu'on s'adresse à des Russes, les cours d'histoire qu'ils ont sont des cours d'histoire globaux.
06:59 Et ils s'intéressent à tout ce qu'il y a autour.
07:02 - Pépé, est-ce qu'aux États-Unis, qui ça peut toucher ce discours historique qui remonte 1000 ans en arrière ?
07:07 Il y a une partie des élites ou de la population américaine qui pourrait être touchée par ce discours ?
07:13 - Oui, parce que les contrastes entre une dissertation éclairée dans un chef d'État
07:20 et les niveaux absolument insoutenables de l'absence de discours intellectuels,
07:28 de la désintellectualisation de l'Amérique, ça peut frapper les gens.
07:34 Je ne dirais pas dans les grands capitales contrôlés par cette oligarchie libérale,
07:40 Los Angeles, San Francisco, Washington, mais dans les deep south américains, les sous-profonds américains,
07:48 dans le Midwest, dans le Nord-Ouest, où les gens sont moins impliqués dans tout cet univers de "cancel culture",
07:59 "wokeisme", l'église du "woke", etc., ils étaient certainement frappés.
08:04 Et on voit par les commentaires, partout dans la presse américaine, pose l'interview.
08:09 Ça a vraiment frappé les esprits.
08:12 - Et comment vous expliquez cette surréaction ?
08:14 Alors, aux États-Unis, on comprend un petit peu, mais même par exemple en France, où tout d'un coup...
08:18 - Oui, c'est absolument abasourdissant, cette réaction épidermique,
08:27 et on se demande comment tous ces médias se sont concertés...
08:31 Enfin, ils ont mené une même campagne pour attaquer Tucker Carlson,
08:36 pour avoir fait cette interview avec Poutine, et évidemment contre Poutine.
08:42 Mais aucun mot sur le fond.
08:45 Aucun mot sur le fond.
08:48 Vladimir Poutine ne s'est pas contenté uniquement de parler de l'histoire de la Russie,
08:53 puisque l'interview a duré deux heures, il a également, en quelque sorte, désigné l'adversaire,
08:57 c'est-à-dire Washington, notamment dans toute cette phase qui a suivi l'effondrement de l'Union soviétique.
09:03 Écoutons-le.
09:05 - Parlons du fait qu'après 1991, à l'époque où la Russie s'attendait à être incluse dans la famille conviviale des peuples civilisés,
09:16 rien de pareil ne s'est passé.
09:18 Vous nous aviez trompés.
09:20 Quand je dis "vous", je ne parle pas bien sûr de vous personnellement,
09:24 mais des États-Unis qui avaient promis qu'il n'y aurait pas d'expansion de l'OTAN vers l'Est.
09:28 Et pourtant, il y a eu cinq vagues, cinq élargissements.
09:32 Nous avons passé outre tout cela, nous étions convaincus de tout,
09:38 nous nous disions "il ne faut pas", nous sommes avec les nôtres maintenant,
09:42 nous sommes, comme on dit chez nous, des bourgeois,
09:44 nous avons une économie de marché, le parti communiste n'a plus le pouvoir,
09:48 on va s'entendre, je dirais même plus, j'en ai déjà parlé publiquement, prenons l'époque de Yeltsin.
09:52 À un moment donné, comme on dit chez nous, le chagrin a traversé la rue, et le malheur est arrivé.
09:58 Auparavant, Yeltsin se rendait aux États-Unis, vous vous rappelez,
10:01 il s'est exprimé devant le Congrès et a prononcé ses paroles remarquables.
10:04 "Dieu bénisse l'Amérique".
10:07 Il a tout dit. C'était des signaux qui voulaient dire "faites-nous entrer".
10:12 - Qui a fait sauter le gazoduc Nord Stream ?
10:15 - Vous.
10:17 - Évidemment.
10:19 - J'étais pris ce jour-là, je n'ai pas fait sauter Nord Stream.
10:23 - Vous aviez peut-être un alibi, vous.
10:27 - Personnellement.
10:30 - Mais la CIA n'en a pas.
10:35 - Pepe Escobar, votre réaction, et puis quelle aussi,
10:40 parce que là on a l'impression que Vladimir Poutine s'adresse aussi à l'État profond américain.
10:43 - Au l'État profond américain.
10:45 - Il a dit quelque chose d'extrêmement frappant.
10:49 "Poutine, retournez dans la famille de valeurs des gens civilisés".
10:58 Et ça, c'est ce que lui pensait il y a 30 ans,
11:03 et une bonne partie de l'élite russe pensait.
11:06 "Oh, maintenant on va être réattachés à l'Europe".
11:10 Et il considérait vraiment les valeurs occidentales à l'époque comme la famille civilisée.
11:16 Alors qu'est-ce qu'il y a aujourd'hui ? C'est exactement l'opposé.
11:20 C'est un nihilisme absolu des valeurs occidentales
11:24 qui, après tout ce qui se passe en Ukraine et avec Israël-Gaza,
11:29 les valeurs occidentales sont complètement enterrées.
11:33 Et en même temps, la deuxième session, c'est une blague, mais absolument fantastique,
11:39 parce que tous les mondes de tous les services russes,
11:42 et les chinois, et les iraniens, et la plupart du sud global,
11:46 savent que c'était justement les américains avec ses intermédiaires scandinaves,
11:51 surtout norvégiens.
11:53 Et Seymour Hersh a démontré ça parfaitement avec ses sources du Deep State,
11:58 qui assistaient aux délibérations secrètes avant la décision finale de Hawkeye.
12:04 Et tout ça a été annoncé par des élèves de Deep State,
12:08 inclut la distributrice des cookies Victoria Nuland.
12:12 Alors tout le monde connaît l'histoire.
12:14 Moi, ce qui m'a le plus frappé justement dans cette séquence
12:18 du développement historique par rapport au rôle des États-Unis,
12:22 c'est qu'il explique qu'en fait,
12:25 durant la guerre froide, il y a eu des attaques contre l'URSS,
12:31 on avait un problème avec l'OTAN,
12:34 surtout depuis que la Turquie est rentrée dans l'OTAN, et ainsi de suite.
12:37 Mais on pensait que c'était l'Union Soviétique qui était visée.
12:41 Mais en réalité, le fond, ce n'était pas l'Union Soviétique en tant que telle,
12:45 mais c'était la Russie.
12:47 Nous, autant que russes, qui étions visés en tant que civilisation.
12:51 Et donc, en fait, ce qui s'est passé après la tentative de faire rentrer l'Ukraine dans l'OTAN,
13:00 et la possibilité, parce que ce qui dérange le plus les russes,
13:04 c'est le fait de stationner des armes nucléaires à la frontière.
13:07 Ce n'est pas l'OTAN en tant que telle.
13:10 L'Union Soviétique l'avait aussi à ses frontières.
13:13 Et donc, avec ça, l'establishment russe, ou les élites russes,
13:19 ont compris, tout comme le peuple aujourd'hui a compris,
13:22 qu'en réalité, c'était la Russie qui est visée.
13:25 Et si on ne mettait pas un frein à cette agression, elle va continuer.
13:34 Et une dernière chose, c'est que cette interview, justement,
13:40 elle a aussi fait gagner à Vladimir Poutine énormément sur le plan interne.
13:46 Parce que les médias qui cherchaient à diviser l'opinion publique de son président
13:54 en disant que l'opinion publique est pour le dialogue,
13:57 alors que les élites étaient pour la guerre,
13:59 et là, ils montrent qu'ils l'avaient vraiment en une...
14:02 - Cyril ?
14:03 - C'est d'autant plus intéressant ce que Kamal dit,
14:06 parce que dans cette interview, on a un passage où Vladimir Poutine explique
14:11 que plusieurs fois, la Fédération de Russie a fait un geste en disant,
14:15 par exemple, l'OTAN, ils ont proposé d'y rentrer.
14:18 Il y a eu des dialogues qui ont eu lieu entre le président russe
14:21 et les différents présidents américains.
14:23 Et on s'aperçoit à chaque fois que les présidents américains ont dit
14:26 "bah oui, pourquoi pas ?"
14:28 Et puis après, en avoir discuté de l'autre côté,
14:30 les agences et toute l'administration américaine ont dit
14:34 "non, non, surtout pas, parce que ça va ruiner nos plans".
14:37 Et c'est d'autant plus intéressant, quand on regarde,
14:41 on a parlé de la Pologne tout à l'heure,
14:43 quand on regarde ce qu'est la Pologne en Union Européenne aujourd'hui,
14:47 je ne peux pas m'empêcher de faire le parallèle entre
14:50 le Honduras des années 80 avec John Négropente,
14:53 avec Steven Robert Ford et Brzezinski,
14:57 avec la doctrine de Brzezinski, ce qui avait été mis en place.
15:00 Au Honduras, les américains avaient mis en place,
15:04 à partir de ce pays, toute leur politique de rétorsion
15:07 qu'on pouvait avoir en Amérique du Sud.
15:10 Et quand on regarde aujourd'hui qui est l'ambassadeur américain en Pologne,
15:14 c'est ni plus ni moins que le fils de Brzezinski.
15:17 Et quand on regarde ce que fait la Pologne en Union Européenne aujourd'hui
15:20 et avec l'Ukraine, on comprend très bien.
15:23 Et ce qui est d'autant plus intéressant,
15:27 c'est que cette stratégie d'empêcher la Russie
15:32 de rejoindre le monde européen à tout prix,
15:35 va dans le sens de la stratégie américaine
15:37 qui est de diviser et d'affaiblir l'Union Européenne.
15:41 Et pour ça, ils utilisent leur porte-avions américain en Pologne.
15:44 - Moi, je suis assez persuadé, ce qui m'a impressionné dans son discours,
15:47 finalement, je rejoins aussi Pépé dans son discours sur les peuples civilisés.
15:51 Il faut se rappeler un fait historique, quand il a parlé,
15:54 ça m'a rappelé tout de suite ça, c'est entre le prince de Talleyrand, Périgord,
15:57 et Alexandre Ier.
15:59 Et Talleyrand dit "mon peuple est civilisé, mon dirigeant ne l'est pas,
16:03 vous, vous êtes civilisé, votre peuple n'est pas civilisé".
16:06 Et en fait, il est ironisé, je suis sûr qu'il parle de ça.
16:09 Genre "voilà, maintenant nous sommes civilisés,
16:11 nous allons rentrer dans l'économie de marché, etc.
16:13 avant nous étions des pauvres rères".
16:15 Et c'est toujours le même discours en fait de cette Russie.
16:17 Il est ironisé, mais avec un problème.
16:20 - Est-ce que ça veut dire que structurellement, la politique étrangère américaine
16:23 est fondamentalement antagoniste contre la Russie ?
16:27 - Mais bien sûr, mais bien sûr.
16:29 C'était toujours...
16:32 Il avait une excellente expression d'un blogueur qui ne bosse plus,
16:36 de Seiker, c'était un très bon ami.
16:39 "Pour l'élite d'establishment américain de la côte Est,
16:42 les Russes sont les "Negros de la neige".
16:49 "Snow Niggers" c'est les negros de la neige, justement.
16:54 Alors, ils n'ont pas le droit d'avoir tous ces ressources naturelles absolument extraordinaires.
17:01 Il faut y aller, il faut démembrer la Russie,
17:04 il faut installer une poupée,
17:07 et il faut s'accaparer de toutes ces ressources naturelles.
17:09 - Je vais abondir sur cette vision raciste de la Russie,
17:14 de la part des élites américaines, précisément parce que Tucker Carlson
17:17 n'a pas fait qu'interviewer Vladimir Poutine lorsqu'il est venu en Russie.
17:21 Il a passé 8 jours et il a visité les centres commerciaux,
17:24 le métro de Moscou,
17:27 et il a pu également parler avec les gens,
17:29 et voilà ce qu'il en ressort.
17:31 - Ce qui m'a frappé, choqué et beaucoup dérangé,
17:34 c'est la ville de Moscou, où je n'avais jamais été,
17:37 la plus grande ville d'Europe de 13 millions d'habitants.
17:40 Et elle est plus belle que n'importe quelle ville de mon pays,
17:42 je ne pouvais même pas l'imaginer.
17:44 Mon père a passé beaucoup de temps là-bas, dans les années 80,
17:46 quand il travaillait pour le gouvernement américain,
17:49 et il n'y avait à peine de l'électricité.
17:51 Aujourd'hui, elle est tellement plus propre, plus sûre et plus attractive,
17:55 avec son architecture, sa nourriture et ses services,
17:58 que n'importe quelle ville des États-Unis,
18:00 qu'on finit par se demander, et ce n'est pas lié à une question idéologique,
18:03 comment cela s'est-il passé, comment cela s'est-il produit ?
18:06 D'une certaine manière, je ne crois pas qu'un citoyen moyen
18:08 s'intéresse autant aux choses abstraites qu'aux choses concrètes de la vie.
18:12 Et si vous ne prenez pas le métro, comme beaucoup de gens à New York,
18:16 parce que c'est trop dangereux, vous vous demandez
18:18 si ce n'est pas la dernière mesure d'un leadership.
18:21 Et c'est vrai. D'ailleurs, c'est très dépaysant pour un Américain
18:24 de venir à Moscou, je l'ai appris cette semaine,
18:27 à Singapour, à Tokyo, à Dubaï, à Abu Dhabi,
18:30 parce que ces villes, quelle que soit la manière dont elles sont dirigées,
18:33 sont des endroits où il fait bon vivre.
18:36 Cyril Delattre, la manière dont il décrit Moscou,
18:40 cela correspond à ce que vous vivez, puisque vous êtes moscovite ?
18:43 Cela correspond à ce que j'ai découvert depuis que j'arrivais en Russie en 2018.
18:46 Oui, tout à fait. Si on compare la ville de Moscou à Paris ou à New York,
18:50 Moscou est une ville qui est hyper propre, qui est très bien organisée,
18:54 avec des services et des prestations de services qu'on ne trouve même pas en France.
18:59 Tucker Carlson a parlé de son expédition chez Auchan,
19:03 il aurait été chez Auchan, mais il a comparé le prix du panier qu'il avait acheté
19:08 avec le prix du panier le même qu'il aurait acheté aux Etats-Unis.
19:11 Je peux même lui donner encore d'autres adresses,
19:13 sur des marchés comme le marché de Toplistan, par exemple,
19:15 où on trouve les mêmes produits encore moins chers.
19:18 Non, il a tout à fait raison. Et puis le métro de Moscou, c'est un musée historique.
19:22 Ah, ça c'est clair. Et puis, en plus, j'étais guide touristique,
19:25 donc je vois très bien. Mais au-delà, en plus, c'est une ville
19:27 où il y a des transports qui sont peu chers, très bien organisés.
19:30 Il y a des télésièges, des navettes fluviales, etc.
19:34 C'est incroyable. C'est une ville incroyable.
19:36 Et qui reste accessible et qui est faite pour les gens.
19:40 Il y a une vraie politique urbaine.
19:42 PP, vous qui êtes, je dirais, notre New-Yorkais aujourd'hui,
19:47 en quelque sorte, quand même, mettre Moscou au-dessus des 20 grandes villes américaines,
19:52 ça vous paraît raisonnable comme comparaison ?
19:55 Bien sûr que c'est raisonnable. New-York, aujourd'hui, c'est inadmissible.
19:59 C'est inadmissible. On pensait que New-York, dans les années 70,
20:04 elle était très dégradée. Non, elle est très dégradée maintenant,
20:08 avec, disons, 2 ou 3% de la population qui vivent dans une vie absolument mirifique.
20:16 J'ai eu la chance, disons historique, de voir Moscou et Pékin il y a 30 ans,
20:22 à l'époque de la chute de l'Union soviétique.
20:25 J'ai pris la Transibérienne entre les deux, et c'était encore une expérience extraordinaire.
20:30 Je me souviens très très bien, c'est ce que Tucker, par exemple, a fait,
20:34 qu'il n'avait presque rien à Moscou à l'époque, bien sûr, c'était immédiatement après la chute.
20:39 Et Pékin, c'était une ville très instable, c'était une ville encore maroïste, disons.
20:44 30 ans après, c'est ce que Tucker et les Américains ne peuvent pas comprendre.
20:50 C'est les pouvoirs de l'Etat, c'est les pouvoirs de services publics pour la population
20:56 et un esprit communautaire, qu'on trouve en Russie, on trouve en Chine,
21:00 mais jamais dans la patrie de l'individualisme suprême des Etats-Unis.
21:04 - Est-ce que les gens vont croire Tucker ?
21:08 - Oui, s'ils regardent les images sur Youtube, parce qu'il y a beaucoup de bloggers indépendants sur Youtube,
21:14 qui montrent la vie quotidienne à Pékin, à Shanghai, à Guangzhou, à Moscou et à Saint-Pétersbourg.
21:20 C'est très simple, et on compare avec la vie à New York, à Los Angeles, à San Francisco maintenant,
21:24 qui sont d'un niveau de dégradation absolument extraordinaire.
21:28 - Et quand on regarde Paris... - Et même Paris !
21:31 - Paris est tombé en chute libre, le métro est dégueulasse, c'est un véritable scandale
21:38 de voir l'état de décrépitude de la ville de Paris et la saleté de la ville de Paris.
21:41 Alors après, les gens ne sont pas obligés de croire. Par contre, il y a un truc qui est vachement bien,
21:45 parce que les Russes ont eu un trait de génie, c'est qu'ils ont remis la France sur la liste des pays
21:50 où on peut avoir un visa électronique pour venir visiter Moscou.
21:54 J'invite les Français à aller sur le site du Lidl, s'enregistrer, venir passer 15 jours à Moscou,
22:01 Saint-Pétersbourg ou ailleurs, et venir voir par eux-mêmes.
22:04 C'est exactement ce qui s'est passé avec les touristes qui sont venus pendant la Coupe du monde de foot.
22:08 Quand ils sont rentrés après, ils ont dit "Waouh ! On ne pensait pas que c'était comme ça !"
22:12 - Kamal ?
22:13 - Moi, je voudrais dire un mot justement sur la vie en Russie, et revenir sur ce que Laurent disait tout à l'heure
22:21 sur les questions-là de la civilisation. Comment on peut justement toucher, est-ce qu'un pays est dans une voie
22:32 de développement normale et qui travaille pour le bien commun et l'intérêt général ?
22:38 C'est quand on joint justement l'âme esthétique. Il y a une âme esthétique qui s'exprime dans la conception,
22:47 la construction, la maintenance de toutes ces infrastructures communes.
22:51 Comme disait tout à l'heure Cyril, c'est un musée. Et ça, le fait de le cultiver est accompli maintenant,
23:03 alors qu'ailleurs c'est la laideur qui s'exprime partout, que ce soit dans les médias ou dans la rue.
23:11 C'est la laideur. Je crois qu'il faut quand même un peu d'humilité et surtout ne pas oublier que ce sont ceux
23:18 qui ont fait ce métro-là qui ont envoyé le premier homme et la première femme dans l'espace.
23:23 Pepe, cette vision raciste de la Russie, on sent aussi que ça a une responsabilité dans l'échec des sanctions
23:29 parce que comme ils considéraient la Russie comme une espèce de sous-état, il suffisait de mettre une poignée
23:34 de sanctions et que ça allait faire tomber. Finalement, c'est un peu la conséquence.
23:37 Oui, c'est la manque d'informations absolument abyssale des gens qui font la politique extérieure américaine.
23:45 Je ne veux pas généraliser au reste du pays, mais on pourrait le faire parce que les niveaux d'éducation aux Etats-Unis
23:52 et même en France, en Allemagne, en Italie maintenant, tous les académiciens disent que c'est absolument affreux.
23:59 Mais le plus important, c'est que je vois le choc direct entre le néolibéralisme exacerbé américain
24:09 et les colonies européennes contre des Etats qui pensent justement infrastructure les biens communs.
24:17 C'est le cas de la Russie et surtout le cas de la Chine.
24:19 Et ils sont bien sûr sous-estimés par des élites qui sont très provinciales, qui ont déjà un agenda formé,
24:26 qui sont capables de regarder en dehors de la fenêtre. Et ça explique justement l'attitude de Tucker,
24:33 complètement étonné par tout ça. Il va à un supermarché, il est étonné. Il va dans un métro, il est étonné.
24:40 C'est extraordinaire.
24:41 Donc la population américaine serait aussi étonnée en voyant...
24:43 Ah mais la population américaine... Les réactions justement dans les réseaux sociaux américains,
24:48 tout le monde est étonné. Parce que c'est le collapse, disons, graphique de toute cette narrative
24:55 qui vient même avant Meydan en 2014, il y a 10 ans.
24:59 Ça suffit de 2 ou 3 images de la Russie pour collapser tout.
25:03 Le mensonge prend l'ascenseur, quand la vérité prend l'escalier, mais au bout d'un moment,
25:08 l'escalier et l'ascenseur se rejoignent et la vérité triomphe. Et voilà, on y est.
25:13 Alors ce choc de vérité, ça peut être quoi le résultat de l'image ?
25:16 Comme bénéfice pour la Russie ?
25:20 Comme bénéfice pour la Russie ? Le bénéfice est déjà là. En fait c'est juste, comme l'a expliqué Pépé,
25:26 une désinformation, une méconnaissance. Il faut quand même rappeler aussi, ça on a oublié de le dire,
25:30 que la Russie est dans le top 5 des pays les plus alphabétisés au monde.
25:35 Donc c'est pas seulement un pays où il y a des infrastructures, c'est un pays où il y a une élite,
25:39 des savoirs, des ingénieurs, des scientifiques, etc.
25:42 A la pointe des technologies, c'est vraiment un pays qui est méprisé depuis longtemps.
25:46 Mais attention, c'est un pays qui innove, c'est un pays qui avance, c'est un pays qui entreprend.
25:50 Et tout ça est paralysé dans notre monde occidental.
25:53 Pour conclure, je vous demande à tous, si vous résumez cette interview du siècle de Vladimir Poutine par Tucker Carlson,
25:59 comment vous la résumeriez et qu'est-ce qui est d'important finalement ?
26:05 Disons rectifier un erreur historique absolument abyssal des élites américaines.
26:13 Et d'une façon très simple. En parlant directement avec un chef d'état, hyper préparé comme à l'écaté de Poutine,
26:21 et en montrant quelques images de la vie quotidienne à Moscou par exemple.
26:24 Ça suffit. C'était très très simple.
26:26 L'agenda de Tucker, c'est un peu plus compliqué. C'est une autre émission peut-être pour parler de ça.
26:33 Merci Pépé Escobar, merci à vous tous d'avoir participé à cette émission.
26:37 Merci à vous de l'avoir suivie et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
26:42 Ici Moscou, les Français parlent au français, les francophones parlent au francophone.
26:47 Notre programme sur RT en français. Restez connectés.
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