Dans cette première partie d'interview, Titiou Lecoq nous parle du tabou autour de la parole des belles-mères, et du spectre de Maria Montessori, qui l'accompagne tant bien que mal au quotidien !
« Une époque en or » est le dernier roman de Titiou Lecoq, sorti aux éditions L'Iconoclaste. Chloé, maman (mais aussi belle-mère) se confronte à tous les sujets de société : le couple, la place des beaux-parents dans la famille, les trauma transgénérationnels, l'écologie, les violences intrafamiliales. S'ajoute à l'intrigue une quête dans laquelle s'embarque le personnage principal et ses enfants. L'humour est au rendez-vous !
« Une époque en or » est le dernier roman de Titiou Lecoq, sorti aux éditions L'Iconoclaste. Chloé, maman (mais aussi belle-mère) se confronte à tous les sujets de société : le couple, la place des beaux-parents dans la famille, les trauma transgénérationnels, l'écologie, les violences intrafamiliales. S'ajoute à l'intrigue une quête dans laquelle s'embarque le personnage principal et ses enfants. L'humour est au rendez-vous !
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00:00 J'ai une chose à vous dire, j'ai eu une révélation il y a quelques années.
00:03 Je me demandais mais pourquoi est-ce qu'ils ne mettent jamais leur linge sale dans le panier de linge sale ?
00:08 Il faudra leur dire combien de fois et un jour j'ai réalisé
00:11 mais en fait il faudra toujours leur dire.
00:14 Et sans doute quand ils vivront ailleurs, seuls ou avec d'autres gens, ils feront d'eux-mêmes les choses.
00:19 Mais donc j'ai compris, je me suis dit j'ai arrêté de m'énerver là-dessus.
00:22 Donc je fais paraître mon troisième roman qui s'intitule "Une époque en or"
00:28 aux éditions de l'Iconoclast et en tant que parent j'ai deux enfants.
00:32 La parentalité de comment on élève nos enfants, ça traverse tous les sujets politiques actuels.
00:38 Le sujet des beaux-parents, je trouve qu'il a été peu traité en général en littérature
00:43 ou en tout cas de manière sérieuse dans les séries, les sitcoms américaines.
00:46 On a eu les familles recomposées qui ont l'air merveilleuses et tout ça.
00:50 On a beaucoup parlé ces dernières années du burn-out des parents
00:53 et en fait les beaux-parents, notamment les belles-mères,
00:54 je trouve que c'est très difficile pour les belles-mères et qu'on n'en parle pas du tout
00:57 et même elles, elles osent assez peu prendre la parole là-dessus.
01:00 Il y a quand même vraiment un tabou.
01:01 Et c'est pour ça que dans mon roman, que l'héroïne, la narratrice et belle-mère,
01:05 elle va à des clubs de belles-mères anonymes tous les lundis soirs
01:09 où elles se réunissent entre elles pour vider leur sac
01:12 et pour pouvoir dire même les choses horribles qu'elles ne pensent pas complètement
01:16 mais voilà, il faut que ça sorte et qu'elles ne peuvent pas partager en fait chez elles
01:19 avec typiquement leurs compagnons parce qu'on ne dit pas du mal d'un enfant aux parents.
01:24 Je crois qu'à Clermont-Ferrand, il y a un club des marâtres qui existe vraiment
01:29 et je sais qu'après il y a des groupes WhatsApp qui traînent un peu de belles-mères tout ça
01:33 mais c'est toujours... on n'en parle pas donc c'est toujours vraiment en silencieux, en infras.
01:38 On parle beaucoup en ce moment de réinventer la famille, de comment faire famille différemment.
01:42 En fait les familles recomposées, elles essayent ça depuis longtemps.
01:45 Il y a un vrai sujet à porter même politiquement en fait
01:49 sur ce serait quoi le statut de beaux-parents, quel droit on peut avoir.
01:52 Ma narratrice elle se demande mais si on se sépare, cet enfant que j'élève
01:56 et auprès de qui je m'investis y compris émotionnellement,
01:59 est-ce que je pourrais demander à avoir une garde partagée mais du coup une garde à trois ?
02:02 Ça voudrait dire qu'on l'aurait un week-end sur trois mais ça ne peut pas fonctionner.
02:05 Ça pose quand même beaucoup de questions très concrètes.
02:07 Alors moi dans ma vie quotidienne, oui j'ai beaucoup le spectre de Maria Montessori
02:11 qui est là pour me dire "non, ne t'énerve pas".
02:14 Il y a quand même des fois où je dis "non, Maria tais-toi, là je n'en peux plus, j'ai pas assez dormi".
02:20 Surtout en fait j'ai appris à accepter la situation telle qu'elle est.
02:23 Et je pense que le parent qui se met en colère, c'est le parent qui fait un déni de réalité.
02:27 Il voudrait que l'enfant se comporte autrement que ce qu'il est en train de faire.
02:31 Et à un moment il faut juste accepter.
02:33 Cet enfant est en train de faire une crise nucléaire devant nous.
02:37 C'est pas en lui criant dessus qu'il va retrouver son calme.
02:39 Il faut abandonner son espoir de "ça va bien se passer".
02:42 Là concrètement ça ne se passe pas bien et c'est pas grave.
02:45 [Musique]