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00:00 La France et la Centrafrique ont adopté hier une feuille de route en vue de mettre en place, je cite,
00:05 "un partenariat constructif et relancer leurs relations".
00:08 Ces discussions ont eu lieu hier lors d'une rencontre à l'Elysée entre Emmanuel Macron et son homologue Faustin-Archange Touadéra.
00:15 Le deuxième entretien entre les deux hommes en moins de six mois.
00:18 Le président centrafricain a accordé une interview exclusive à France 24 à la sortie de son déjeuner de travail.
00:25 Interview réalisé par Cyril Paillin. Et Cyril est avec nous. Bonjour Cyril.
00:29 Bonjour. Peut-on parler de revirement de la part de Bangui ?
00:32 Très franchement, c'est toujours un petit peu... On peut être un peu sceptique quand on voit le président Touadéra
00:38 qui incarne vraiment l'implantation du bras armé idéologique de Vladimir Poutine, c'est-à-dire la société Wagner.
00:45 En fait, Bangui, la capitale de son pays, le pays qu'il préside, c'est vraiment la capitale de Wagner en Afrique.
00:52 C'est le premier point d'appui. C'est 2017 que Wagner est arrivé.
00:56 Les militias de Wagner sont visibles partout. Ils assurent sa propre sécurité.
01:00 Donc on peut se poser la question, n'est-ce pas là un jeu de dupe ?
01:04 Mais il y a eu effectivement ce déjeuner. On a pu le rencontrer juste après le café,
01:09 alors qu'il prenait son avion pour rentrer en République centrafricaine.
01:12 Donc je vous propose d'écouter un premier extrait de cet entretien qui nous a accordé avec Marie Schuster et Gaël Fonseca.
01:21 Je crois que le monde n'est pas statique. Le monde évolue. Il y a des enjeux nouveaux.
01:27 Et puis aussi la redéfinition de certains nombres de politiques nouvelles.
01:32 Et vu le contexte, il est bien que les pays se retrouvent pour repenser leur coopération
01:42 et voir dans quelle mesure continuer à travailler.
01:45 Aucun pays ne peut vivre seulement en autarcie sur lui-même.
01:50 Oui, aucun pays ne peut vivre en autarcie. On a compris qu'on change un peu de logiciel.
01:55 On est quand même revenu sur la question de la brouille.
01:57 Est-ce que la brouille était totalement clos entre les Français et les Centrafricains ?
02:01 Je vous propose d'écouter le président Odehar sur cette question.
02:04 La République centrafricaine n'a jamais chassé les allés français.
02:08 Ça aussi, ça fait partie de la désinformation ou de l'incompréhension.
02:13 Nous avons dit qu'à un moment donné, c'est plutôt la France qui avait retiré les forces sangharistes.
02:21 Aujourd'hui, ce n'est plus une question d'actualité.
02:27 Nous sommes en train de revoir dans quel champ nous pouvons coopérer dans le respect de la souveraineté des pays.
02:35 En substance, on peut comprendre ce qui est un peu l'adage en ce moment en vogue dans cette partie du monde.
02:41 Le président Odehar n'est pas anti-français, il est pro-africain.
02:45 Je rappelle juste que c'est la seconde fois en six mois qu'il est reçu à l'Elysée.
02:50 Ce n'est pas rien, il y a eu une bouille très profonde entre les deux pays.
02:53 Je rappelle que la France est l'ancienne puissance coloniale en République centrafricaine.
02:57 Mais la dernière fois qu'il avait vu le président Macron, deux jours plus tard, dans sa maison,
03:00 il invitait le chef des renseignements militaires russe, là aussi.
03:04 Comprenne qui pourra.
03:06 Pourrait-on y voir un affaiblissement de l'influence russe ?
03:09 On va en parler à l'instant après la mort de Prigojine qui était la tête de Wagner.
03:12 Alors ça a été un flottement effectivement.
03:15 C'était en fin août 2023, on s'en souvient, avec cette implication personnelle d'Evgeny Prigojine,
03:21 très très importante.
03:23 L'on voit d'ailleurs Prigojine.
03:25 Voilà, paix à son âme.
03:27 Juste avant d'être abattu, son avion s'est abattu dans des conditions assez mystérieuses.
03:32 Il était justement en visite à Bangui pour resserrer les rangs.
03:36 Encore une fois, Bangui c'est vraiment la tête de pont de Wagner.
03:39 La réponse à votre question était non en fait.
03:42 Et c'est pour ça qu'on peut voir peut-être une forme de jeu de dupe
03:45 de la part de certains chefs d'Etat africains qui rendent visite aux occidentaux
03:49 puisque les américains aussi sont de la partie dans cette compétition d'influence.
03:52 Mais Wagner continue de tisser sa toile.
03:56 Il faut croire que la mort de Prigojine aura permis à Vladimir Poutine de resserrer les rangs.
04:00 C'est-à-dire qu'on est beaucoup plus sous un contrôle étatique,
04:02 notamment des services de renseignement russe et du ministère de la Défense.
04:06 Mais on voit bien l'effet domino à l'Afrique centrale.
04:09 Il y a eu la Libye au début, le Soudan.
04:11 Mais là, évidemment, l'effet domino qu'on a vu avec une perte très nette d'influence française
04:15 au Sahel, le Niger, le Burkina Faso, la Guinée et bien entendu le Mali
04:20 où là il y a une véritable expansion.
04:22 Et le dernier coup d'état c'est au Niger.
04:24 Une expansion extrêmement importante et une présence des forces russes
04:27 qui ne se cachent même pas et qui participent à la sécurité des officiels
04:31 mais aussi aux combats sur le terrain.
04:33 Donc on est vraiment dans une définition, un rebattage des cartes, en tout cas plus généralement
04:38 mais certainement pas à une perte d'influence de Wagner dans la région
04:42 ou de l'influence russe.
04:43 Mais n'oublions pas qu'il n'y a pas que les Russes pour concurrencer les anciens alliés traditionnels
04:49 comme la France.
04:50 Il y a aussi les Chinois qui frappent à la porte, les Turcs, les Indiens.
04:53 Donc il y a une vraie compétition autour de l'Afrique
04:55 et certains chefs d'états africains l'ont parfaitement compris.
04:57 Merci beaucoup Cyril.