Après un incendie, Les pompiers découvrent Virginia Baily, 59 ans, près de la cheminée.
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00:00 À 4 heures du matin le 25 juin 1994,
00:04 James Hutchings fut réveillé par une explosion.
00:07 La maison de sa voisine, Virginia Bailey, était la proie des flammes.
00:13 Il appela de toute urgence le service des incendies, mais il n'était pas
00:16 inquiet outre mesure, car à sa connaissance Bailey n'était pas chez elle.
00:21 Les pompiers croyaient que la maison était inoccupée.
00:29 En arrivant sur les lieux, ils virent des flammes par les fenêtres.
00:33 Ils luttèrent contre l'incendie pendant plusieurs heures et finirent par le maîtriser.
00:38 Les pompiers entrèrent ensuite dans la maison pour s'assurer que tout était bien éteint.
00:43 Ils constatèrent que c'est la salle à manger qui avait subi le plus de dégâts.
00:47 Le capitaine Wayne Inouye était alors sur les lieux.
00:50 En arrivant, j'ai vu qu'il s'agissait d'une habitation à deux étages.
00:54 J'ai commencé par examiner le rez-de-chaussée,
00:57 mais j'ai constaté qu'il y avait relativement peu de dégâts.
01:00 C'est à l'étage que les dommages étaient les plus importants, notamment à cause de la fumée.
01:04 Et dans la salle à manger, les flammes avaient tout détruit.
01:07 C'est à cet endroit qu'ils firent une découverte troublante.
01:11 Un cadavre face contre terre dans les débris encore fumants.
01:15 Ils remarquèrent alors un détail plutôt étrange.
01:18 Le corps, qui était à deux mètres d'un foyer,
01:20 se trouvait dans une pièce où il n'y avait pratiquement pas de meubles.
01:23 Quand les pompiers découvrent un corps, ils doivent le signaler au bureau du coroner.
01:28 Des techniciens en médecine légale arrivèrent sur les lieux.
01:31 Ils remarquèrent que la victime avait été gravement brûlée à la tête et aux mains.
01:35 James Hutchins fut stupéfait d'apprendre que sa voisine avait vraisemblablement péri dans les flammes.
01:42 Virginia était censée être à Salt Lake City pour assister à un mariage.
01:49 Et si elle était chez elle, pourquoi sa voiture n'était-elle pas garée dans l'année ?
01:54 - Vous avez regardé la fenêtre ? Vous avez vu quelqu'un sortir de la maison ?
01:56 - Non, seulement des flammes.
01:58 Après cette interrogatoire, les enquêteurs se tournèrent vers la science
02:02 pour tenter de reconstituer les événements qui avaient conduit à cette tragédie.
02:06 On pratiqua une autopsie de la victime au laboratoire judiciaire de la Californie à Berkeley.
02:12 Même si Virginia Belli devait être à l'extérieur de la ville,
02:16 les médecins légistes prirent des radiographies qui leur permirent d'identifier la victime.
02:21 Il s'agissait bien de Virginia Belli.
02:24 Elle était donc chez elle au moment de l'incendie.
02:27 D'autres indices étaient intrigants.
02:29 En examinant le corps de plus près, la première chose que le médecin légiste remarqua,
02:33 c'est qu'il était dans un état de décomposition avancée.
02:36 Cela ne corroborait pas l'hypothèse du décès lors de l'incendie.
02:41 Plus louche encore était la présence d'asticots dans la cavité de la poitrine et sur les vêtements de la victime.
02:47 Les asticots n'apparaissent sur un cadavre que 24 heures et au maximum 48 heures après la mort.
02:53 Ces larves ne pouvaient être apparues aussi rapidement sur le corps calciné de la victime.
02:59 Le médecin légiste Paul Herrmann, du bureau du coroner, examina le rapport d'autopsie et les photographies.
03:05 Il y avait quelque chose de particulier à propos de ce cas,
03:08 parce que le degré de décomposition était si avancé
03:11 qu'on avait trouvé des asticots sur le corps et sur les vêtements de la victime.
03:15 Cela indiquait qu'elle était morte bien avant l'incendie.
03:19 À cause de la présence de ces larves, on fit appel à l'entomologiste Jeffrey Wells
03:24 pour qu'il puisse déterminer le moment de la mort.
03:27 En analysant la taille des asticots,
03:29 Wells conclut que Virginia était morte au moins trois jours avant l'incendie.
03:35 En évaluant l'âge des asticots sur un corps, on obtient une assez bonne estimation du moment de la mort,
03:40 et ce, parce que les mouches ne pondent jamais leurs oeufs sur une personne en vie.
03:44 La victime est presque toujours morte quand cela se produit.
03:47 En évaluant l'âge des asticots, je peux déterminer la période minimale de temps qui s'est écoulée depuis la mort.
03:52 Wells en déduisit que Virginia Bailey était bien morte avant l'incendie.
03:58 Les pires craintes des enquêteurs semblaient vouloir se concrétiser.
04:02 Il s'agissait maintenant d'une affaire criminelle.
04:05 Au service de police de Berkeley, on confia le dossier à l'inspecteur Al Beers.
04:10 L'affaire était un peu étrange, et Beers devait découvrir ce qui avait tué Virginia Bailey, ou qui l'avait tuée.
04:18 Si elle était morte de cause naturelle, alors comment expliquer cet incendie?
04:22 Si elle avait traversé la pièce avec à la main un combustible quelconque,
04:26 et qu'elle avait eu à ce moment-là une attaque cardiaque, elle serait tombée et le feu aurait pu prendre,
04:30 mais alors son corps n'aurait pas pu être dans cet état de décomposition.
04:33 Beers commença par rencontrer le frère de la victime, qui avait des questions à lui poser lui aussi.
04:39 Les deux victimes tentèrent de reconstituer les événements qui avaient mené à la mort de Virginia.
04:44 Le frère de la victime n'avait pas eu de nouvelles de Virginia depuis plusieurs semaines.
04:49 Contrairement à son habitude, elle ne l'avait pas appelée lors de son anniversaire. Il n'avait eu aucune nouvelle.
04:54 Virginia et son frère avaient des liens étroits, et ils s'étaient vus au mariage d'un de leurs amis communs.
04:59 Il ne s'expliquait pas son silence.
05:02 Normalement, il s'appelait très souvent. Il avait laissé plusieurs messages sur son répondeur, mais elle ne l'avait pas rappelé.
05:08 Le frère de Virginia déclara alors à l'inspecteur Beers que Christine Lloyd, la conseillère financière de sa sœur,
05:14 était venue garder la maison de Virginia pendant son absence.
05:18 Selon lui, certains meubles de sa sœur avaient disparu.
05:22 L'inspecteur Beers était aux prises avec plusieurs questions sans réponse.
05:28 Il entamait une enquête complexe.
05:31 Il se rendit sur la scène du crime.
05:33 Dès son arrivée, les investigateurs en incendie lui montrèrent les marques laissées par le feu.
05:38 Les indices ne concordaient pas.
05:40 Les enquêteurs remarquèrent alors des marques près du corps, comme si l'on avait versé un liquide inflammable.
05:46 Cela indiquait la présence d'un agent accélérateur.
05:49 Mais l'indice le plus révélateur était le fait qu'on avait trouvé le corps à plus de deux mètres du foyer.
05:54 Si le feu avait commencé dans le foyer, il aurait dû y avoir des traces de brûlure entre la cheminée et le corps.
06:01 Or, il n'y avait absolument rien autour du cadavre.
06:04 Tout portait à croire qu'on était en présence d'un incendie criminel.
06:08 L'inspecteur espérait que les proches de Virginia pourraient lui fournir des informations sur les causes de cette mort.
06:14 Il demanda à Christine Lloyd, la conseillère financière et meilleure amie de Virginia, de le rencontrer sur les lieux de l'incendie.
06:21 Elle avait effectivement gardé la maison de Virginia.
06:29 Quand Christine Lloyd arriva, elle dit à l'inspecteur Beers que Virginia et elle étaient des amis très proches
06:35 et qu'elle était sa conseillère en finances depuis environ dix ans.
06:39 Christine surveillait la maison de Virginia pendant le séjour de celle-ci à San Francisco, une semaine avant l'incendie.
06:45 Mais elle ajouta qu'elle n'avait pas vu le corps de Virginia dans la salle à manger.
06:49 Christine déclara qu'elle était retournée à la maison peu de temps après l'incendie avec une amie
06:55 pour tenter de récupérer quelques meubles de Virginia.
06:58 C'est alors que les deux femmes avaient vu des effets personnels dans l'appartement du sous-sol que Virginia avait l'habitude de louer.
07:05 C'était étonnant, car il n'était pas loué à ce moment-là.
07:08 Elle montra à Beers ce qu'elle y avait trouvé.
07:11 Christine ajouta qu'elle était inquiète à l'idée que quelqu'un vive au sous-sol clandestinement.
07:17 Elle dit aussi aux enquêteurs que quelque chose clochait avec le réfrigérateur.
07:21 Christine Lloyd m'a montré le réfrigérateur.
07:24 Elle m'a dit que la semaine précédente, il avait été nettoyé à fond et que les étagères se trouvaient encore à l'intérieur.
07:29 Mais quand je l'ai vu, les étagères se trouvaient à l'extérieur du frigo et il y avait un résidu dans le bas de l'appareil,
07:35 comme si quelque chose y avait été conservé.
07:38 Pourtant, elle m'assurait qu'il était vide la dernière fois qu'elle l'avait vu.
07:42 La chambre à coucher était dans un état épouvantable.
07:47 Il y avait un matelas par terre et des bouteilles un peu partout.
07:52 L'intrus avait laissé l'appartement en désordre.
07:55 Le réfrigérateur contenait un résidu liquide foncé qui ressemblait à du sang.
08:00 Pour en découvrir la nature, les techniciens judiciaires pratiquèrent une analyse au luminol.
08:08 On trouva également dans le frigo des touffes de cheveux entremêlées et des asticots.
08:13 Un expert recueillit ces cheveux ainsi qu'un échantillon du liquide rougeâtre.
08:18 On l'envoya le tout au labo pour analyse.
08:20 On découvrit rapidement que le liquide n'était pas du sang et que les cheveux ne provenaient pas de Virginia.
08:26 Quand je suis entré dans cette chambre, j'étais sceptique.
08:30 Elle semblait avoir été maquillée.
08:32 On voulait nous faire croire qu'un intrus s'était installé là clandestinement
08:36 et qu'il était monté dans la maison pour tuer Virginia.
08:39 Les soupçons de Beers ne faisaient que s'accroître.
08:42 Certains détails sur les lieux l'intriguaient.
08:45 Par exemple, comment un intrus avait-il pu être aussi organisé dans son désordre ?
08:50 Il y avait des bouteilles vides un peu partout, mais aucune capsule.
08:54 Il n'y avait aucune empreinte digitale non plus sur ces bouteilles.
08:57 Pour Beers, cette scène avait été fabriquée de toutes pièces.
09:01 Jeffrey Wells examina les cheveux trouvés dans le frigo parmi lesquels il y avait des asticots.
09:07 Ceux-ci étaient vivants. Il y a plusieurs sortes d'asticots.
09:11 Ceux qui se trouvaient dans le réfrigérateur du sous-sol étaient différents
09:15 de ceux qui avaient été découverts sur le corps de Virginia Bailey.
09:18 En effet, ceux de l'appartement étaient attirés autant par des aliments en décomposition
09:23 que par des restes humains.
09:25 Tous ces détails troublaient l'inspecteur Beers.
09:28 Mais ce qu'il n'arrivait pas à comprendre, c'était le fait que Christine Lloyd
09:32 avait déclaré ne pas avoir vu le corps de Virginia.
09:36 Après tout, elle était morte depuis au moins trois jours.
09:39 Si le corps avait été caché dans le frigo, la déclaration de Christine n'aurait été vraisemblable.
09:45 Mais les analyses ne corroboraient pas cette thèse.
09:48 Et sinon, où le corps avait-il été mis ?
09:51 Je me suis dit que cela ne tenait pas debout.
09:54 Ou elle savait que le corps était là et elle avait joué un rôle dans ce crime,
09:58 ou alors quelqu'un était venu plus tard pour y laisser le corps.
10:02 Mais cette dernière hypothèse était insensée.
10:05 L'inspecteur Beers commençait à croire que Christine n'en savait plus que ce qu'elle disait.
10:10 Peut-être pourrait-elle faire la lumière sur l'endroit où se trouvait Virginia
10:14 avant qu'un incendie ne se déclare.
10:16 Il décida d'examiner de plus près la déposition de Christine.
10:20 L'inspecteur Al Beers enquêtait maintenant vraisemblablement sur un meurtre.
10:25 L'enquêteur rencontra Christine Lloyd pour lui poser d'autres questions.
10:30 Christine Lloyd a déclaré qu'elle était à la maison tous les jours.
10:33 Elle était seulement 14 heures avant l'incendie.
10:35 Le coroner m'avait dit, quant à lui, que la victime était morte depuis au moins deux jours.
10:40 De plus, on avait trouvé son corps à un endroit où Christine Lloyd
10:44 était obligatoirement passé pour nourrir les chats et prendre le courrier.
10:48 Pour Beers, il semblait peu probable que Virginia soit morte de cause naturelle
10:53 et que son corps soit resté là pendant quelques jours avant qu'un incendie ne se déclare.
10:58 Il était temps de faire le travail sur le terrain.
11:00 Beers interrogea les amis et les associés d'affaires de Virginia.
11:04 Il commença par rencontrer une de ses collègues, Mary Cates,
11:07 qui l'informa que Virginia ne devait pas aller à San Francisco,
11:10 contrairement à ce que Christine avait déclaré.
11:13 Mary dit également à l'inspecteur Beers que Virginia ne s'était pas présentée au travail ces derniers jours.
11:19 Comme c'était contraire aux habitudes de Virginia,
11:21 Mary l'avait appelée pour s'assurer qu'elle allait bien.
11:24 Elle avait laissé un message sur son répondeur, mais Virginia ne l'avait pas rappelé.
11:28 Toutefois, Christine lui avait passé un coup de fil pour en informer que Virginia était partie à l'extérieur de Berkeley.
11:34 Beers s'entreteinte avec plusieurs amis de Virginia, et ceux-ci lui dirent tous essentiellement la même chose.
11:40 Après avoir laissé un message à Virginia, ils avaient reçu un appel de Christine Lloyd.
11:45 Beers, qui avait constaté que plusieurs amis de Virginia s'étaient inquiétés pour elle,
11:50 trouva pour le moins étrange qu'aucun d'entre eux n'ait réussi à la joindre dans les jours précédents d'incendie.
11:56 Une de ses amies, Alicia Jackson, était si inquiète qu'elle s'était même rendue chez Virginia pour s'assurer qu'il ne lui était rien arrivé.
12:04 Personne n'avait répondu à la porte, mais elle avait trouvé un mot qui disait que Virginia était partie à San Francisco.
12:10 C'était pour le moins étrange.
12:12 Elle avait laissé une note à son tour, espérant avoir bientôt des nouvelles de son amie.
12:16 Beers était intrigué.
12:18 Bien que les amis de la victime étaient tous très coopératifs, aucun d'entre eux ne mit les enquêteurs sur une piste solide.
12:25 Comme Christine était la conseillère financière de Virginia,
12:28 l'inspecteur Beers décida de faire émettre un mandat lui permettant d'examiner les relevés bancaires de la victime.
12:34 Il se rendit à la banque de Virginia pour y obtenir des réponses.
12:38 Sa longue expérience lui avait enseigné qu'en examinant les finances d'une victime, on découvrait le plus souvent le mobile du crime.
12:45 Il y avait eu plus de transactions que d'habitude dans le compte de Virginia quelques semaines avant sa mort.
12:51 Elle avait émis de nombreux chèques aux montants substantiels non seulement à l'ordre de Christine,
12:56 mais également à celui d'une femme qui s'appelait Myrtle Lloyd.
12:59 Près de 50 % de l'argent de son compte avait été versé à Christine Lloyd.
13:03 Il y avait aussi un document intéressant, une lettre de saisie envoyée par courrier recommandé et datée du 13 juin.
13:10 Christine devait s'assurer que toutes les factures soient payées à temps.
13:13 Elle n'avait jamais mentionné à la police que Virginia avait des ennuis financiers.
13:18 Il était très étrange que cette femme qui avait des problèmes d'argent et qui risquait de perdre sa maison
13:23 ait fait autant de chèques en juin après avoir dépensé des milliers de dollars au cours des six derniers mois.
13:30 Au total, quatre chèques avaient été émis au nom de Christine et de Myrtle Lloyd.
13:35 La date de certains d'entre eux était même postérieure à la date de sa mort.
13:39 Pierce croyait avoir trouvé le mobile du crime, le détournement de fonds.
13:44 Maintenant, il devait trouver l'arme du crime, quelle qu'elle fût.
13:48 Pierce demanda au gérant de la banque de Virginia de lui remettre les rubans des caméras de surveillance du guichet automatique.
13:54 Il examina également tous les documents bancaires qu'il put trouver.
13:58 Parmi les reçus des nombreuses transactions bancaires de Virginia, il fit une découverte étonnante.
14:03 Avec sa carte bancaire, on avait acheté un agent accélérateur et un tuyau d'arrosage.
14:09 Compte tenu de la date de cet achat, il était vraisemblable de croire que l'agent accélérateur avait été acheté pour allumer cet incendie.
14:19 Il semblait bien que Christine s'était servi du compte de Virginia.
14:23 Et le fait qu'elle ait fait l'acquisition de deux bidons d'essence à briquet d'un litre chacun et d'un tuyau d'arrosage à peine quelques jours avant l'incendie
14:30 faisait d'elle plus une suspecte qu'une amie de la victime.
14:38 Biers visionna les rubans des caméras de surveillance fournis par la banque de Virginia.
14:42 Il n'y eut pas de surprise.
14:44 On y voyait très nettement Christine Lloyd signer des chèques émis à son nom provenant du compte de Virginia et les déposer.
14:52 Le montant de ces chèques correspondait exactement à celui du paiement hypothécaire en retard.
14:56 L'un d'eux était daté de trois jours avant la mort de Virginia et pourtant, il avait été encaissé trois jours après sa mort.
15:03 Ce chèque avait été libellé au nom de Myrtle Lloyd.
15:06 Biers devait maintenant savoir si cette femme avait comploté avec Christine pour voler l'argent de Virginia.
15:12 Comme elles avaient le même nom de famille, ils ont déduisi qu'elles étaient parentes.
15:16 Biers examina les antécédents de Myrtle Lloyd.
15:20 Ce qu'il découvrit alors fut sans doute ce qui l'intrigua le plus dans cette affaire déjà fort complexe.
15:25 Myrtle Lloyd était la mère de Christine, mais elle était morte.
15:31 Ainsi, Christine ne faisait pas que signer des chèques tirés sur le compte de Virginia et libellés à son nom à elle,
15:38 mais elle signait aussi des chèques faits à l'ordre d'une femme décédée, sa mère.
15:44 Biers rendit visite à la police d'Auckland pour leur demander des détails sur la mort de Myrtle Lloyd.
15:50 Le capitaine Ralph Lancer du service de police d'Auckland se rappelait son histoire.
15:55 Il informe à Biers que Myrtle avait été retrouvée morte dans sa baignoire.
16:00 Son visage était couvert de contusions et elle avait des lacérations à la tête.
16:06 Comme il n'y avait pas de traces évidentes de meurtre et que les policiers avaient cru la déposition de Christine,
16:15 le coroner avait imputé sa mort à un accident.
16:19 On n'avait pas trouvé de marque d'entrée par effraction chez elle.
16:22 Rien n'avait été volé et personne ne semblait avoir fouillé la maison.
16:26 On n'a rien trouvé qui nous permettait d'avoir des soupçons non plus.
16:29 Le bureau du coroner a alors conclu à une mort accidentelle.
16:33 Biers apprit alors que c'était Christine Lloyd qui avait retrouvé le corps de sa mère.
16:38 Elle avait vu sa mère la veille. Elle était sortie faire quelques courses.
16:42 Elle était ensuite revenue à la maison de sa mère avec ses achats.
16:45 Selon le dossier de la police de 1991, Christine Lloyd avait déclaré être retournée chez sa mère avec son sac d'épicerie.
16:53 Bonjour, j'ai des brûlures pour vous.
16:56 Elle avait été surprise de voir que sa mère n'était pas là.
17:04 Elle était entrée dans la salle de bain où elle avait fait la macabre découverte.
17:13 L'esprit de l'inspecteur s'éclaira alors.
17:18 Il sut instinctivement qu'il avait un deuxième meurtre sur les bras.
17:22 Et il était déterminé à trouver des preuves pour étayer ses soupçons.
17:27 À ce moment de l'enquête, j'étais persuadé qu'elle avait tué la victime de Berkeley tout autant que sa mère, trois ans plus tôt.
17:33 J'ai bien vu qu'elle était parvenue avec succès à maquiller ce meurtre en mort accidentelle.
17:40 L'inspecteur assemblait peu à peu les pièces du puzzle, mais il lui restait à trouver beaucoup de réponses.
17:46 Biers se rendit au bureau du coroner d'Oakland pour obtenir des informations.
17:50 Le médecin légiste Paul Herman avait pratiqué l'autopsie du corps de Murder Lloyd.
17:55 Quand je suis entré dans la salle de bain, je m'attendais à y trouver beaucoup d'éclaboussures de sang en raison des blessures observées à la tête de la victime.
18:02 La scène ne ressemblait pas à ce à quoi il s'était attendu.
18:06 Compte tenu des blessures sévères à la tête de la victime, il aurait dû y avoir du sang partout.
18:11 C'est alors qu'Herman trouva un minuscule indice.
18:16 Il remarqua aussi que la scène n'avait été méticuleusement nettoyée.
18:21 Cette salle de bain était propre. Il n'y avait plus d'eau dans la baignoire et il y avait des débris de décomposition et sans doute du sang au fond de cette baignoire.
18:30 Pourtant, il n'y avait aucune éclaboussure de sang tout autour et c'était ce que j'aurais dû pourtant voir.
18:36 Murder Lloyd était morte des suites de sept lacérations à la nuque.
18:40 Christine avait déclaré que sa mère était sujette à des crises et qu'elle était tombée dans la baignoire.
18:46 Biers voyait bien que quelque chose ne tournait pas rond.
18:49 Après avoir rendu visite au service de police d'Auckland, il eut de plus en plus de soupçons à l'égard de Christine.
18:55 Selon lui, la scène du décès de sa mère était trop propre, presque exactement le contraire de la scène de Berkeley.
19:01 Dans les deux cas toutefois, les lieux semblaient avoir été maquillés.
19:05 Maintenant, il était convaincu de la culpabilité de Christine Lloyd.
19:09 Il était prêt à procéder à son arrestation.
19:12 Mais d'abord, il fallait porter des accusations.
19:15 À ce stade de l'enquête, il ne disposait pas d'assez d'indices pour l'arrêter pour meurtre.
19:20 Comme Christine avait signé le nom de Virginia Bailey sur des chèques,
19:24 sa meilleure option était de la faire accuser de contrefaçon.
19:28 Il fit appel au service de Verl Truman, un expert dans l'analyse de documents au sein du service d'inspection des postes américaines.
19:36 Ce dernier examina les chèques.
19:39 L'examen de l'écriture se fait lors d'une comparaison avec un échantillon témoin.
19:43 Toute analyse graphologique repose sur le fait que chaque personne a sa propre façon d'écrire,
19:48 ses propres caractéristiques graphiques qui rendent cette écriture unique.
19:52 On relève les caractéristiques et les habitudes de celui qui a écrit l'échantillon.
19:57 On observe la façon dont il attaque les mots et les termine,
20:00 la façon avec laquelle il relie les lettres les unes aux autres et les agences ensemble.
20:05 On mesure la hauteur et la proportion des lettres les unes par rapport aux autres.
20:08 Truman releva plusieurs différences subtiles entre les deux échantillons.
20:12 Ses caractéristiques individuelles se développent avec les années.
20:16 À un propos de ces caractéristiques, il est très difficile de laisser de côté nos habitudes
20:20 quand on imite l'écriture de quelqu'un d'autre ou quand on tente de maquiller sa propre écriture.
20:26 En général, nos habitudes finissent par transparaître.
20:29 Christine n'était pas parvenue à déguiser complètement son écriture.
20:33 Et la caractéristique n'était pas une lettre ou un mot,
20:36 mais plutôt un symbole graphique qui lui était personnel.
20:44 Quand Virginia Bailey écrivait un montant d'argent,
20:48 elle dessinait une étoile à la place du symbole de dollars.
20:51 Elle dessinait cette étoile en commençant et en terminant par le coin inférieur gauche.
20:55 Christine Lloyd, quant à elle, s'y prenait différemment.
20:58 Elle la commençait et la terminait par le coin inférieur droit.
21:02 Elle n'avait pas remarqué ce détail.
21:04 L'inspecteur Beers disposait maintenant d'une preuve de contrefaçon,
21:08 mais il lui manquait toujours une preuve de meurtre.
21:11 Au laboratoire judiciaire, les techniciens tentèrent de récupérer la cassette du répondeur de Virginia Bailey.
21:17 Les enquêteurs étaient parvenus à récupérer les messages enregistrés,
21:20 même s'ils n'avaient aucune idée de leur contenu.
21:23 En comparant les relevés téléphoniques aux messages vocaux,
21:26 l'inspecteur Beers put reconstituer la suite des événements qui avaient précédé et suivi le meurtre de Virginia.
21:33 Les messages témoignaient de l'inquiétude grandissante des amis de Virginia,
21:42 disparue le 13 juin, soit douze jours avant l'incendie.
21:45 Et fait étrange, les relevés téléphoniques de Virginia indiquaient
21:49 qu'il y avait eu de nombreux appels faits à partir de chez elle ce même jour.
21:53 Selon les informations que j'avais obtenues lors de l'enquête,
21:56 la victime était vraisemblablement morte le 13 juin.
22:00 C'était la dernière fois que des gens lui avaient parlé.
22:03 Or, ce jour-là, son relevé indiquait qu'elle avait appelé Christine.
22:07 Les éléments commençaient à tomber en place.
22:09 Beers pensait qu'il procéderait bientôt à une arrestation.
22:13 Il rendit visite à un autre voisin de Virginia, Sam Watson.
22:17 Watson déclara qu'il avait aidé Christine à sortir une grande table,
22:21 de même que d'autres objets de la maison de Virginia avant l'incendie.
22:25 Christine les avait ensuite vendus au cours d'une vente de débarras.
22:29 Pourtant, Christine n'avait déclaré à la police qu'elle ignorait ce qui était advenu de cette table.
22:36 Tout dans les déclarations de Christine était louche.
22:40 Les enquêteurs croyaient que Christine, emportée par sa cupidité,
22:43 avait décidé de s'approprier les biens de son amie par tous les moyens possibles.
22:48 Au début décembre 1994, l'inspecteur Al Beers arrêta Christine Lloyd pour meurtre
22:57 et la fit mettre en détention.
23:00 Beers était persuadé que Christine Lloyd avait manigancé deux meurtres.
23:05 Mais les preuves qu'il possédait ne pouvaient que la faire inculper du meurtre de Virginia Bailey.
23:10 Il croyait que son mobile était la cupidité.
23:14 Il voulait voir Christine Lloyd derrière les barreaux.
23:20 Cette dernière refusa de parler à la police et de se soumettre au détecteur de mensonges.
23:27 Elle voulut cependant voir son avocat.
23:33 Elle fut soumise à la procédure normale.
23:38 Christine Lloyd maintenait qu'elle n'avait rien à voir avec la mort de Virginia Bailey.
23:43 Elle fut outrée et dit à Beers qu'il se trompait sur son compte
23:46 quand il lui demanda ensuite de parler de sa mère.
23:50 Elle ajouta qu'elle l'adorait et qu'elle ne lui aurait jamais fait de mal.
23:54 Apparemment, Christine était convaincante.
23:57 Au moment de son arrestation, le procureur se déclara mal à l'aise de poursuivre l'affaire.
24:02 On croyait que les preuves n'étaient pas assez convaincantes pour faire condamner la suspecte.
24:07 Elle fut remise en liberté sur le champ.
24:09 L'inspecteur Hal Beers fut déçu d'apprendre qu'elle sortait de prison.
24:13 J'étais convaincue qu'elle avait détourné les fonds de sa mère pour finalement la tuer
24:17 et qu'elle avait fait de même avec notre victime avant de la tuer elle aussi.
24:22 Il n'était pas question que j'abandonne pour tout l'or du monde.
24:27 Persuadé que Lloyd était une meurtrière qui avait déjà fait deux victimes,
24:31 l'inspecteur Beers refusait de baisser les bras.
24:35 L'inspecteur avait trouvé davantage d'indices.
24:38 Il demanda aux experts en criminalistique de l'aider à la faire traduire en justice.
24:43 Beers contacta Thomas Rogers, le procureur en chef du bureau d'Alemada County.
24:49 Après avoir entendu Beers lui raconter en détail l'enquête,
24:52 il fut tout aussi déterminé que lui à faire comparaître Lloyd devant les tribunaux.
24:57 Je me suis engagé à intenter une action en justice.
25:01 Dans notre milieu, plusieurs des cas sur lesquels on travaille sont bien plus intéressants que ceux qu'on voit à la télé.
25:06 On assiste à de véritables drames humains.
25:09 Ce cas piquait ma curiosité.
25:11 Cette femme de 55 ans n'avait pas d'antécédent judiciaire.
25:14 Pourquoi donc avait-elle tué sa meilleure amie?
25:17 C'était la question qui avait intrigué les enquêteurs depuis plus d'un an.
25:22 Mais comme Beers et Rogers allaient le découvrir, toute l'affaire n'était en somme qu'une affaire d'argent.
25:30 Lloyd avait encaissé les chèques de retraite de sa mère.
25:33 Les deux hommes croyaient que Virginia Bailey avait demandé des explications à Christine le jour où elle avait reçu la vie de saisie.
25:40 Or, si les autorités examinaient les finances de Christine,
25:43 elles découvriraient qu'elles touchaient encore les chèques de Murther Lloyd.
25:47 Malgré ces preuves indirectes, les détournements de fonds et le témoignage de l'expert en graphologie,
25:52 cela ne serait pas une cause facile à remporter.
25:56 On n'avait pas déterminé la cause de la mort de la victime.
25:59 En outre, il n'y avait aucun témoin, ni arme du crime.
26:03 L'assistant du procureur Rogers décida d'examiner la pile d'indices de l'inspecteur Beers une dernière fois.
26:10 Après plusieurs semaines à examiner les divers éléments, il n'y eut plus aucun doute sur leur chance de remporter.
26:17 L'affaire serait résolue grâce à un tout petit indice grouillant de vie.
26:22 Les preuves les plus convaincantes étaient les indices de l'entomologiste.
26:26 Sans eux, nous n'aurions jamais pu prouver ce que nous avancions.
26:29 Le fait que les asticots ne se nourrissent que de chair de cadavre prouvait formellement que Virginia était morte bien avant l'incendie.
26:36 Selon Rogers, cette preuve était assez convaincante pour intenter une action en justice.
26:42 Et c'était la seule chose que Christine Lloyd n'était pas parvenue à justifier.
26:46 Elle avait déclaré qu'elle était allée dans la maison de Virginia au moment de sa mort
26:50 et dans les jours qui avaient précédé et suivi l'incendie.
26:54 Cela constituerait le cœur de l'argumentation du procureur.
26:57 Il démontrerait que Christine Lloyd avait tué Virginia Bailey
27:01 et qu'elle avait passé les deux semaines suivantes à élaborer un plan complexe pour dissimuler son crime.
27:08 En juillet 1995, un an après l'incendie qui avait tué sa meilleure amie, Virginia Bailey,
27:14 Christine Lloyd fut arrêtée de nouveau.
27:17 Mais cette fois-ci, elle comparaîtrait en cours.
27:20 Une fois encore, Lloyd refusa de parler à l'homme qui avait juré de la mettre derrière les barreaux.
27:26 Mais maintenant, Beers et Rogers s'étaient assurés de disposer de la reconstitution complète
27:37 des événements qui avaient mené au meurtre de Virginia Bailey.
27:41 Peu de temps avant le procès, on a refait l'enquête et l'on est arrivé à prouver,
27:47 par le biais de dépositions et de preuves indirectes,
27:50 que Christine Lloyd avait tué sa mère.
27:54 Ainsi, le mobile du meurtre de Virginia Bailey était d'éviter qu'on en vienne à réexaminer le cas de la mort de sa mère.
28:03 Virginia Bailey ne se doutait absolument pas que sa meilleure amie, Christine Lloyd, détournait des fonds lui appartenant.
28:13 Quand elle rentra chez elle l'après-midi du 13 juin 1994 et qu'elle trouvait un avis de saisie de sa maison,
28:19 elle fut évidemment surprise et furieuse.
28:22 Saisie de panique, elle a appelé Christine pour lui dire « Tu es ma conseillère financière, qu'est-ce que c'est que cette histoire ? »
28:27 On a relevé un appel de trois minutes et demie entre la maison de Christine et celle de Virginia.
28:32 Christine sut alors qu'elle venait d'être démasquée
28:36 et que l'horrible secret qu'elle cachait depuis trois ans ne tarderait pas à refaire surface.
28:42 Elle se rendit chez Virginia avec l'intention de la tuer.
28:45 A l'aide d'un objet contondant, elle frappa brutalement Virginia à la tête jusqu'à ce qu'elle meure.
28:55 Ce serait maintenant au tour du jury de déterminer si Christine Lloyd était une meurtrière.
29:04 Hal Beers, lui, en était déjà convaincu.
29:09 Et il voulait aussi que justice soit faite pour Myrtle Lloyd.
29:13 Il avait découvert que Christine était l'unique bénéficiaire d'une assurance vie de 100 000 dollars.
29:19 Pendant que Christine attendait en prison son procès pour le meurtre de Virginia,
29:24 on poursuivit l'enquête sur cet autre homicide.
29:27 On disposait d'assez d'indices pour procéder à des accusations.
29:31 Emporté par la même rapacité, Christine avait battu sa mère.
29:35 Elle a été jugée coupable de deux meurtres au premier degré et d'un incendie criminel.
29:40 Elle a été condamnée à deux peines d'emprisonnement à vie.
29:44 [Générique]