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00:00 Tu étais plutôt West Coast ou East Coast ?
00:15 Moi, Est.
00:16 Mais j'ai appris après à aimer l'Ouest.
00:19 Mais moi, c'est plus côté Est.
00:23 Moi, j'étais fan plus petit de 50 Cent.
00:26 Bon, maintenant, voilà, c'est plus trop ce que c'était.
00:29 Mais ouais, même si j'étais jeune, j'écoutais pas mal de Wu-Tang, qui est un groupe hyper
00:41 connu et c'est un classique du hip-hop américain.
00:45 Et puis, même si Eminem, c'est pas trop classé Est, là où il est de Détroit, c'est
00:53 quand même à l'Est des États-Unis.
00:55 Donc, c'est plus cette culture-là.
00:57 La culture Peace, un peu à la cool.
01:01 J'aimais bien les instrumentales froides qui me donnaient un peu la pêche.
01:07 Et aujourd'hui, c'est toujours la même chose.
01:10 Avant les matchs, j'écoute des sons qui me donnent la pêche, qui, avant d'entrer
01:15 sur le terrain, me motivent.
01:16 À quel moment tu fais justement ces musiques pour te motiver ? C'est dans le bus, quand
01:20 vous êtes en déplacement ou c'est vraiment un moment particulier juste avant le coup
01:23 d'envoi ?
01:24 Non, non.
01:25 Après, 5-10 minutes avant le coup d'envoi, t'as quand même les dernières consignes
01:29 du coach, etc.
01:30 Donc, même si t'es concentré, t'es dans ton truc, t'essaies d'avoir ce qu'il
01:34 dit en fond pour bien te mémoriser avant la rencontre ce qu'il dit.
01:39 Moi, dès que la causerie est finie à l'hôtel et qu'on part au match, je coupe le réseau,
01:46 je mets que les écouteurs.
01:47 Comme ça, on me dérange pas avec les textos, les machins, les WhatsApp, les Snapchat et
01:51 tout.
01:52 Je suis concentré dans mon match, j'écoute ma musique et je pense qu'il y a ça.
01:56 En 2006, tu signes ton premier contrat pro au Stade de Reims, si je ne me trompe pas.
02:02 Tu vas passer 6 années, 129 matchs, 8 buts.
02:05 Je crois que tu vas connaître 4 entraîneurs, Didier Thaulot, Thierry Frauger.
02:10 Le premier, c'était Frauger.
02:12 Frauger, pardon ?
02:13 Frauger, ensuite j'ai eu Thaulot, Louise Fernandez.
02:17 Et Hubert Fournier.
02:18 Non, Marc Colla avant, en national.
02:21 Hubert Fournier après.
02:22 Finalement, tu as connu deux divisions avec Reims, le national et la Ligue 2.
02:28 Est-ce que tu peux me parler de ces années et surtout du fait que tu signes professionnel.
02:34 J'imagine que c'était quelque chose de fort dans ta jeune carrière.
02:38 Franchement, bizarrement, c'était bizarre parce que je le voyais pas comme une échéance.
02:48 Comment expliquer ça ?
02:50 Je le voyais pas comme une finalité.
02:52 Pour moi, c'était une étape de plus dans ma carrière.
02:55 Je me suis toujours dit que si je ne fais pas de foot, je ferais autre chose.
02:58 J'étais pas à 100% à me dire que si je ne fais pas de foot, c'est la fin du monde.
03:05 Certes, j'adore ça.
03:07 Je suis très fier aujourd'hui de faire ce que je fais et de faire du foot mon métier.
03:11 Mais ce n'était pas une finalité.
03:13 Donc, j'ai signé.
03:14 Pour moi, ce n'était pas la suite logique des choses.
03:17 De toute façon, Reims n'avait pas de centre de formation.
03:22 Ils ne peuvent pas te proposer de contrat, que ce soit aspirant, stagiaire ou élite.
03:31 Il y avait deux possibilités.
03:33 Soit je signais stagiaire dans un autre club professionnel.
03:38 J'en avais pas mal.
03:40 Quand tu es dans un petit club et que tu te fais voir,
03:43 tu as facilement des gros clubs qui viennent pêcher dans les pieds.
03:47 Donc, le dernier choix, c'était soit je signais stagiaire à Reims, deux ans,
03:51 soit je signais pro à Reims.
03:54 Comme tu dis, tu te dis quand même pro.
03:58 Parce qu'il fallait que je parte de chez moi.
04:00 Je n'ai jamais quitté mes parents.
04:03 Tu as 17 ans.
04:05 Tu dois t'habituer à un nouveau style de vie.
04:08 Tu n'as que deux ans pour faire tes preuves.
04:11 Imagine que tu mets déjà un an pour te mettre dans le bain.
04:14 Si tu n'as que un an, tu es en fin de contrat.
04:16 C'est la misère.
04:17 Là, tu as trois ans de contrat.
04:19 Tu es dans ton cocon.
04:20 Tu es bien entouré.
04:22 Tu as un peu plus de temps.
04:23 C'est pour ça que je me suis plus orienté vers le contrat pro.
04:27 Au final, je ne regrette pas.
04:29 Mais peut-être que ma carrière aurait été différente si j'avais signé à Reims en stagiaire.
04:33 En sachant que, en termes de profil,
04:35 tu es un joueur qui a commencé numéro 10
04:38 et qui a finalement descendu d'un cran au milieu défensif.
04:41 Quand tu es jeune, il n'y a pas trop de postes.
04:45 J'ai joué longtemps au milieu droit,
04:48 jusqu'à l'âge de 14 ans, en nationaux.
04:52 Le problème, c'est que tu as besoin de vitesse.
04:55 Ce n'est pas ma qualité première.
04:57 J'étais quelqu'un qui était plutôt à l'aise en jeune avec le ballon dans les pieds.
05:01 Je n'avais pas besoin de beaucoup de place pour pouvoir me centrer.
05:04 Je n'étais pas le mec qui allait provoquer, dribbler, prendre de vitesse et me centrer.
05:10 Cela a fait qu'on m'a repositionné plus dans l'axe.
05:14 Tu as moins besoin de vitesse, tu as plus besoin de qualité de passe, d'orientation.
05:20 Tu as besoin de vitesse, tu as juste besoin d'un peu de vista.
05:25 Même si ça reste en jeune.
05:27 En jeune, tu as plein de joueurs qui sont vraiment très bons.
05:29 Au fur et à mesure, je suis descendu en 6.
05:32 C'est là où le coach Froger, à l'époque, m'avait repéré avec un match que je faisais en réserve.
05:39 Et puis après, au moment où j'ai signé pro, je me suis blessé.
05:43 J'ai une pub algide de 9 mois.
05:45 Et quand tu reviens, tu te rends compte que les sensations, ce n'est pas les mêmes.
05:48 J'ai l'impression, d'une part déjà, que ça allait vraiment très vite.
05:52 Parce que tu passes quand même d'un niveau de CFA 2 à Ligue 2, alors que tu n'as jamais joué en Ligue 2.
05:57 Et que tu es blessé en 3 ans.
05:59 C'était dur. Et là, le coach Froger m'avait repositionné derrière en défenseur central.
06:04 J'ai bien dû faire 2 ans et demi, 3 ans.
06:07 De temps en temps, encore à Nantes, je dépannais en défense centrale.
06:11 L'entraînement, ça m'arrive que je joue en défense centrale.
06:13 Sinon, mon poste, c'est mieux.
06:16 Justement, on en a parlé un petit peu de la saison 2011-2012.
06:21 J'imagine que c'est une superbe saison pour toi, parce que tu fais monter le club de ta ville en Ligue 1.
06:27 Après, on a compris aussi que c'était la déception de ne pas avoir été gardé par la suite.
06:32 C'est ce souvenir mitigé que tu gardes de cette saison ?
06:35 Je n'ai pas encore le recul nécessaire pour savourer la montée à Ecrins.
06:45 J'étais tellement dans un état d'esprit où tu arrives au mois de mars, avril,
06:52 tu vois que l'équipe est bien classée, que tu n'as aucune nouvelle du club,
06:56 qu'ils ne te disent rien, tu penses plus à toi, tu te dis que tu es en fin de contrat,
07:00 qu'est-ce qui va se passer ?
07:02 C'est pour ça que je n'ai pas trop savouré le truc.
07:04 Ouais, c'était génial, ouais, c'était cool.
07:06 Quand on est monté, j'ai chialé comme un gamin,
07:08 parce que c'était un moment fort pour moi dans ma carrière.
07:11 Jamais je n'aurais pensé pouvoir atteindre ce niveau-là quand j'étais jeune,
07:16 et même quand j'ai signé pro.
07:18 Parce que pour moi, je me disais que j'allais faire ma petite carrière en Ligue 2,
07:21 j'allais essayer de me taper pour bien figurer et gagner ma croûte,
07:28 mais jamais je pensais que je jouerais en Ligue 1.
07:31 Et puis au final, c'est tout.
07:35 Voilà, ils ne me proposent rien.
07:40 Et pourtant, le dernier match, je me souviens,
07:42 quand on prend une réelle option sur la montée, on gagne contre Monaco 2-1,
07:45 et à la fin, les supporters envahissent le truc, le terrain, machin.
07:50 Tout le monde est content.
07:52 Il y a Hubert Fournier qui vient me choper après le match et qui me dit
07:55 « il faudrait qu'on parle quand même de ta situation pour l'année prochaine ».
07:58 Donc tu vois, tu reprends espoir, tu te dis « putain, ça fait 3-4 mois que j'attends ça ».
08:03 Tu cogites un peu tous les jours à te dire « qu'est-ce que je vais faire l'année prochaine ? »
08:07 même si tu essaies de ne pas trop le montrer à tes proches.
08:09 Et puis tu te dis « putain, allez, là je suis content ».
08:12 Et puis au final, c'était un coup d'épée dans l'eau,
08:16 parce qu'après, je n'ai plus jamais eu de nouvelles.
08:19 Après, tu t'inscris avec ton syndicat, l'UNFP,
08:24 tu t'inscris pour faire des stages parce que tu es au chômage,
08:27 tu commences à t'inscrire à Pôle emploi, à prendre des rendez-vous.
08:30 Tu n'as pas connu l'UNFP, les matchs de pré-saison ?
08:33 Non, parce que juste avant, j'ai signé à Nantes vers le 10-11 juillet, je crois.
08:40 J'avais un stage, il me semble, le 14 ou le 15,
08:44 donc au moment où j'ai signé, j'ai appelé l'UNFP,
08:47 je leur ai dit « écoutez, moi je viens de signer, je ne me rendrai pas au stage ».
08:50 C'était un soulagement plus qu'autre chose.
08:52 Nantes, c'est quand même un club historique de Ligue 1,
08:55 même si à l'époque, ils étaient en Ligue 2 avec l'ambition de remonter.
08:58 C'est un projet, j'imagine, qui a dû se séduire.
09:01 Oui, après, je n'avais pas autant de projets que ça.
09:04 J'avais Châteauroux qui s'était manifesté,
09:06 ils me proposaient vraiment un bon salaire,
09:08 donc on va dire qu'au niveau de l'argent, j'étais bien,
09:11 mais Châteauroux, tu vois, ce n'est pas à leur faire injure,
09:15 mais moi, imaginer ma vie dans le Berry,
09:19 dans une équipe de Ligue 2 comme ça,
09:22 avec une histoire qui lui est propre,
09:25 mais qui n'est pas non plus, comparée à Nantes,
09:27 ça n'a rien à voir.
09:29 Donc, s'il y a un club dans lequel j'aurais aimé signer,
09:32 vraiment en Ligue 2, c'était Nantes.
09:34 Après, tu avais les Cadors, tu avais des Lances, tu avais des Monaco,
09:37 mais pour moi, à l'époque, je ne pouvais pas atteindre ça.
09:40 C'était un niveau trop, on va dire,
09:43 trop haut pour le niveau que j'avais moi à l'époque.
09:47 - Et donc, tu vas remonter, si je ne me trompe pas,
09:50 ça doit être la même saison ou en avant de Guingamp,
09:52 remontant en même temps.
09:55 Donc, c'était tes premiers matchs face à Guingamp.
09:58 Et tu vas connaître Michel Derzacarian aussi ?
10:01 - Oui.
10:02 - Est-ce que tu peux me parler de ton expérience à Nantes ?
10:06 - En général ?
10:07 - Oui, en général.
10:08 - Franchement, c'était génial.
10:11 J'ai tellement de souvenirs, je me suis fait tellement d'amis là-bas,
10:15 j'ai tellement aimé la ville, le club, ce qu'il représente,
10:20 le centre d'entraînement qui est superbe,
10:23 le stade qui est vraiment cool.
10:26 Et puis les supporters, il n'y a pas besoin de les présenter.
10:29 Et puis moi, j'avais une relation au fil du temps
10:32 qui s'est révélée vachement particulière avec eux.
10:35 C'est comme si naturellement, on s'était pris d'amour.
10:42 Je pense que c'est les supporters à Nantes qui ne m'aimaient pas,
10:45 forcément, tu ne peux pas plaire à tout le monde.
10:47 Et moi, il y en a que je n'aimais pas non plus.
10:49 Parce que quand tu sais que les mecs te crachent dans le dos,
10:52 tu connais leur tête, tu n'aimes pas non plus.
10:54 Mais dans la globalité, c'était comme une histoire d'amour.
10:59 - Tu parles d'une histoire d'amour,
11:01 qu'est-ce qu'ils aimaient chez toi, à ton avis ?
11:04 - Je suis normal.
11:06 Parce que tu as le cliché du footballeur professionnel
11:11 qu'on ne peut pas atteindre.
11:14 Tu vois vite fait après l'entraînement,
11:16 mais qui te fait juste un signe de la main.
11:18 Et encore, des fois, on ne te calcule pas.
11:20 Ou tu vois les grosses voitures, beaucoup d'argent, les machins.
11:24 Je suis arrivé à l'époque à Nantes où je touchais bien ma vie,
11:29 mais je ne touchais pas beaucoup d'argent,
11:31 je n'avais pas de grosses voitures.
11:33 Et avec tout ça, je serais resté moi-même,
11:35 parce que c'est comme ça, c'est mes valeurs.
11:37 Je ne vois pas pourquoi je pèterais plus haut
11:40 que quelqu'un qui vient me voir à la Beaujoire et qui est derrière moi.
11:44 Donc après, tu as tes périodes.
11:46 Tu as des fois où ça se passe bien, tout se passe bien, c'est cool.
11:49 Quand ça va moins bien, tu commences à essuyer des critiques,
11:52 à avoir des reproches, etc.
11:54 C'est là où ça devient un peu compliqué,
11:56 il faut essayer de gérer le truc.
11:58 Maintenant avec les réseaux sociaux, en plus,
12:00 tu as accès à tout rapidement.
12:02 Tu peux voir les insultes, les mecs qui t'envolent un peu,
12:06 mais en général, c'était vraiment du positif,
12:08 c'était vraiment archi-positif.
12:10 Et pas que avec les supporters,
12:12 moi je me suis lié d'amitié avec des mecs comme Vincent Bessa,
12:15 comme Rémi Rioux, avec qui j'ai encore de très grosses accroches.
12:19 Des mecs comme Serge Gagpé, Issa Sisoko qui sont partis.
12:23 J'ai gardé contact avec vraiment beaucoup de monde là-bas.
12:26 Même Bruno Baron-Kelly qui a été l'adjoint de Derzak
12:29 pendant les quatre années que j'ai fait là-bas.
12:32 C'était des liens forts,
12:34 c'est des trucs qui dépassent le football.
12:37 Et c'est aussi pour ça que je suis content de mon passage à Nantes,
12:44 parce que ça m'a fait évoluer dans ma vie en général.
12:47 C'est là que ma petite-fille, elle est née.
12:49 Cette ville-là a beaucoup d'importance pour moi.
12:54 Je suis très content de ce qu'elle a fait.
12:56 [SILENCE]