MAG (EAG) PORTRAIT, JIMMY BRIAND (2)

  • il y a 5 mois

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00:00 [Musique]
00:21 - Toi, quel genre d'adolescente étais-tu ?
00:23 Quel caractère t'avais quand t'avais 17-18 ans ?
00:27 - Un peu comme l'image que je renvoie aujourd'hui, ça veut dire que assez calme, assez discret.
00:36 Mais après, dès que je connais les gens, je suis un petit peu différent.
00:41 Je rigole beaucoup, je chambre beaucoup et je suis un bon vivant.
00:45 Donc, voilà, moi, j'ai pas de problème là-dessus.
00:47 Et étant jeune, j'étais pareil.
00:49 J'étais toujours dans les coups un peu où il fallait faire des conneries.
00:55 Toujours en ayant une limite à ne jamais dépasser.
00:58 Parce que quand on est footballeur, même jeune, on est épié, on n'a pas le droit à l'erreur.
01:04 Donc, moi, j'en étais conscient.
01:06 Donc, voilà, je faisais mes coups jusqu'à une certaine limite.
01:10 - Tu écoutais quoi comme musique à l'époque, à cet âge-là ?
01:14 - J'écoutais beaucoup de rap, que ce soit français ou américain.
01:18 Et beaucoup de zouk.
01:20 - Tu te souviens des artistes préférés de ton époque à l'époque ?
01:24 - À mon époque ado, c'était le 113.
01:26 C'était...
01:28 Il y avait IAM, il y avait Rof, qui était déjà là.
01:32 Il y avait Sly, le zoukeur.
01:35 Il y avait Princess Lover.
01:38 J'écoutais vraiment beaucoup, beaucoup de musiques.
01:41 Et jusqu'à aujourd'hui, c'est toujours les mêmes musiques que j'écoute.
01:45 - Là, je voulais parler aussi de ta période équipe de France jeune.
01:51 En 2006, t'es appelé pour l'Euro avec René Girard.
01:54 Il faut savoir que quelques mois avant, t'as marqué un but très important
01:58 pour la qualification de l'équipe.
02:00 C'était face à l'Angleterre.
02:02 Est-ce que tu peux nous parler de cet épisode 2006 pour l'Euro ?
02:07 - Oui, c'est un beau souvenir, le championnat d'Europe Espoir.
02:12 Où il y avait justement les 83-84.
02:17 Moi, j'étais surclassé avec eux en 85.
02:20 Yoann était surclassé avec nous aussi.
02:23 C'est vrai qu'on avait joué un match important pour se qualifier.
02:28 On avait fait un partout en Angleterre.
02:31 On fait un partout au retour chez nous.
02:33 Il y a un pénalty à la 92e minute, je crois.
02:36 Le tireur, qui devait être Anthony Letalec, me dit "je le sens pas".
02:41 Je me dis "je vais tirer et puis je marque".
02:45 Derrière, on fait un très gros championnat d'Europe.
02:49 Malheureusement, on tombe en demi-finale contre les Pays-Bas.
02:52 À l'époque, il y avait Untolar qui nous met un triplé.
02:56 Rien à dire.
02:58 C'est une déception parce qu'on avait une super génération.
03:01 À l'époque, il y avait Mandanda, Toulalan, Bergugnou, Letalec.
03:07 C'est dommage parce qu'on a vu que le temps passe.
03:12 On n'arrive toujours pas à gagner un Euro Espoir.
03:14 - Pour faire un parallèle avec l'an avant de Guingamp,
03:18 il y a Ludovic Blast qui vient de gagner avec l'équipe d'offense le championnat d'Europe.
03:24 Est-ce que tu lui avais donné quelques conseils avant qu'il parte ?
03:30 Quelle était ta relation avec un jeune joueur comme lui ?
03:35 - Avant qu'il parte, je lui souhaitais bonne chance.
03:39 J'ai essayé de lui parler à son retour.
03:42 - Tu lui as suivi les matchs ?
03:44 - J'ai suivi les matchs et il a fait un super Euro.
03:47 On est vraiment tous contents pour lui.
03:49 C'est une compétition de jeunes.
03:52 Les niveaux sont... Vous êtes meilleur parce que la formation française, on la connaît.
03:58 Mais le plus dur, c'est que tes performances ont été tellement bonnes
04:02 qu'on va attendre que tu passes ce palier.
04:05 Je l'ai juste incité à continuer à travailler.
04:08 Ce titre, c'est bien, mais c'est que le début de sa grande carrière.
04:12 - La saison 2006-2007 va être importante dans ta carrière
04:16 parce que tu vas t'imposer comme titulaire indiscutable au Stade Rennais.
04:20 En fin de saison, tu es nommé au trophée du meilleur espoir
04:24 et tu vas être devancé par Samir Nasri.
04:27 Est-ce que tu peux dire que c'est là où ta carrière pro décolle ?
04:31 - Oui. Avant, c'était un peu par intermittence.
04:35 Je jouais, après j'étais remplaçant.
04:38 J'étais un peu balotté entre débuter un match et rentrer.
04:44 A partir de cette saison, Pierre Dreyos, l'entraîneur,
04:48 me fait débuter la saison et me met titulaire.
04:51 Ça s'est très bien passé.
04:54 Après, j'ai été nominé pour cette catégorie.
04:57 C'est toujours sympa d'être reconnu par l'ensemble des joueurs.
05:01 C'est une fierté aussi.
05:04 À l'époque, Nasri était déjà très fort et il le méritait vraiment.
05:10 - Première sélection avec l'équipe de France pour des matchs éliminatoires
05:15 pour l'Euro 2008 face à l'Ukraine et la Georgie.
05:18 Porter le maillot bleu, quelle signification ça a pour toi ?
05:24 - Ça a toujours été fierté.
05:26 Quand on commence à moins de 15 ans, on rêve d'un jour porter le maillot
05:31 de l'équipe de France A.
05:33 C'était un peu l'aboutissement de tout ça, même si à l'époque,
05:37 je ne m'y attendais vraiment pas.
05:39 Derrière, on découvre un autre monde, un autre niveau.
05:43 C'est une fierté.
05:45 On se dit qu'on est un privilégié.
05:48 J'ai eu cette chance et j'en suis très content.
05:53 - Tu vas remplacer Kaiser Frank Ribéry le 11 octobre 2008.
05:57 C'est ta première cap sous l'air Raymond Domenech.
06:00 Frank Ribéry ou Raymond Domenech,
06:03 ce sont les personnages du football que tu recroises encore ?
06:07 - Oui, je l'ai recroisé.
06:10 On a été en espoir ensemble.
06:12 Je l'ai recroisé quand je jouais en Allemagne.
06:15 Toujours sympa.
06:17 - C'est un vrai chambouère.
06:19 Tu as déjà mis du sel dans les chaussures.
06:22 - Pas moi.
06:23 J'étais de son côté.
06:25 Il m'aimait bien.
06:26 Je faisais partie de son petit cercle.
06:28 Il nous racontait ce qu'il allait faire, ce qu'il préparait.
06:31 Mais nous, on n'a jamais été victime.
06:33 Il est vraiment au niveau des blagues.
06:35 - Il a conduit le bus du Bayern.
06:37 Je ne sais pas si il a fait ça avec celui de l'équipe de France.
06:40 - Non, non.
06:41 Comme dans l'équipe de France, il était modéré.
06:44 Mais il a fait 2-3 coups assez sympa.
06:46 Et puis, Domenech, j'ai eu la chance de le recroiser.
06:49 Comme il est de la région, il est venu des fois aux entraînements.
06:53 Et pareil, c'est une personne importante dans ma carrière.
06:56 C'est lui qui m'a offert ma première sélection en équipe de France.
07:01 Et voilà, ça, on ne peut pas l'oublier.
07:04 - 29 mars 2009, grosse blessure dans un choc avec Cédric Carasso
07:08 en équipe de France à l'entraînement.
07:10 - 25 mars.
07:11 - 25 mars, d'accord.
07:13 Donc, c'est la preuve que c'est quelque chose qui t'a marqué.
07:16 C'est un très mauvais souvenir, simplement.
07:18 - Oui, bien sûr, dans ma carrière de footballeur,
07:20 c'est mon plus mauvais souvenir.
07:22 Surtout que ça se passe deux jours avant un match éliminatoire.
07:26 Le matin, on fait une mise en place
07:28 où je vais pour la première fois sûrement débuter en équipe de France.
07:33 Et l'après-midi, je me blesse.
07:35 Donc, voilà, c'est une grosse déception.
07:39 Après, je sais que ça fait partie de la vie d'un footballeur.
07:43 - Tu as réussi à le relativiser comme ça assez rapidement
07:46 ou il t'a fallu du temps ?
07:47 - Non, rapidement, il m'a fallu du temps.
07:49 En plus, cette année-là, je loupe la finale de Coupe de France
07:52 contre Guingamp.
07:53 Je loupe pas mal d'événements.
07:55 Et au début, on a un peu de mal.
07:57 Et puis après, on se dit, soit on reste à pleurer dans son coin
08:00 ou on se dit, c'est qu'une blessure.
08:03 Et aujourd'hui, tout le monde guérit de ses blessures.
08:05 Donc, moi, j'ai choisi la deuxième.
08:07 Je me suis battu et puis je suis revenu.
08:09 Après, j'avais aussi l'objectif, un petit défi personnel,
08:13 c'est qu'il y avait la Coupe du Monde 2010, l'année d'après.
08:17 Et voilà, je m'étais dit, travaille et tu vas y faire partie.
08:21 Donc, c'était un défi important pour moi.
08:24 - Juste une question sur cette finale que tu n'as pas pu jouer.
08:27 Justement, tu l'as vue, ce match.
08:29 Qu'est-ce que tu as pensé de la victoire d'en avant de Guingamp en 2014 ?
08:33 - Je l'ai vécue dans la tribune.
08:36 Et c'est vrai que quand on marque le premier but,
08:38 je me dis qu'on a fait le plus dur.
08:41 Mais voilà, cette année-là, comme les années suivantes,
08:45 Guingamp est revenu et une équipe qui a du cœur
08:49 et qui a su faire la différence.
08:51 Donc, voilà, sur le coup, énervé, une grosse déception
08:55 parce que ça aurait pu être mon premier trophée
08:58 avec mon club formateur en pro.
09:00 Mais voilà, c'est le foot et c'était une bonne chose pour Guingamp, je pense.
09:05 - Le 12 décembre, tu reviens sur les terrains après ta blessure.
09:08 Là, tu vas changer de poste.
09:11 Tu vas plutôt évoluer côté droit et lié droit.
09:14 Je voulais justement te parler de ton poste tout au long de ta carrière.
09:19 Disons qu'on peut dire que tu es un attaquant polyvalent.
09:22 - Je suis, oui, un attaquant polyvalent,
09:25 mais un petit peu, entre guillemets, par la force des choses.
09:27 C'est que, étant jeune, j'ai toujours joué dans l'axe.
09:31 J'ai marqué beaucoup de buts dans l'axe.
09:34 Mais arrivé en pro, il y avait des attaquants déjà en place
09:37 et le coach m'a utilisé un peu sur les côtés.
09:41 Donc, voilà, je me suis adapté parce que quand on est jeune,
09:43 on est juste content de jouer.
09:45 Et puis ensuite, quand je suis revenu de ma blessure,
09:49 on connaît la loi du foot.
09:51 Il y a des absents, il y a un dodger qui brille.
09:54 Et à l'époque, il y avait Asamoah, Djan,
09:57 qui avait marqué beaucoup de buts.
09:59 Donc, à partir de là, après une discussion avec Antonetti à l'époque,
10:04 il a réussi à me convaincre.
10:06 Je pense qu'à cette époque-là, c'était le seul coach
10:09 qui aurait pu me convaincre de jouer sur un côté.
10:12 Et il avait réussi.
10:14 Et derrière, ça m'avait porté de bonnes choses
10:19 parce que j'avais pu jouer beaucoup de matchs.
10:22 J'avais été présélectionné pour la Coupe du Monde 2010.
10:26 Donc, voilà, comme je l'ai dit, moi, j'ai l'habitude
10:30 de donner le maximum et de jouer là où le coach me demande.
10:33 Et ta force à ce moment-là, c'est justement de revenir d'une blessure
10:37 et de repartir sur des très bonnes performances
10:40 qui te permettent justement d'être présélectionné.
10:43 Alors, effectivement, tu vas être écarté de l'équipe
10:46 avec tes coéquipiers, Rod Fanny et Yann et Mvila.
10:51 C'est quoi ? C'est un coup de bambou à ce moment-là ?
10:54 Là, tu es sur une nouvelle dynamique.
10:56 Non, vraiment pas à ce moment-là.
10:58 Comme je l'ai dit, je me blesse un an avant.
11:01 Et pour moi, l'objectif de faire partie de cette liste,
11:05 c'était mon objectif premier.
11:08 Et d'être déjà dans les 30 après avoir connu la blessure
11:12 et m'avoir été arrêté neuf mois, pour moi, c'était une victoire déjà.
11:16 Donc, oui, j'ai été déçu de ne pas y aller.
11:19 Mais pour moi, j'avais déjà gagné mon pari.
11:22 Donc, j'étais content.
11:24 Et derrière, ça m'a permis de signer à Lyon.
11:27 Donc, voilà, c'était tout bénef.
11:29 Donc, un transfert de 6 millions d'euros.
11:32 Pourquoi avoir choisi de rejoindre Lyon ?
11:35 Lyon, parce qu'à l'époque, Lyon, c'est un locomotive du foot français.
11:40 C'est le club qui a gagné beaucoup de titres,
11:43 le club qui a de nombreux internationaux
11:46 et qui vise toujours le titre.
11:49 Donc, c'est une progression logique dans mon plan de carrière.
11:52 Après, mon club formateur, un club qui joue le titre chaque année.
11:57 Avec Lyon, j'ai noté 160 matchs, 34 buts,
12:01 plus d'une quinzaine de matchs de Ligue des Champions.
12:05 Donc, c'est aussi la petite musique de la Ligue des Champions.
12:09 Là, tu vas l'entendre pour la première fois.
12:11 Ça, c'est fort aussi.
12:13 C'est l'objectif, une fois qu'on quitte son club formateur,
12:16 d'aller dans un grand club, jouer la Ligue des Champions,
12:19 jouer des matchs tous les week-ends pour les gagner,
12:22 jouer des matchs à enjeu.
12:24 C'est ça que je recherche en signant à Lyon.
12:27 Je suis servi en plus de la concurrence qui fait progresser.
12:31 Parce que quand j'arrive à Lyon, c'est concurrence avec Gomis,
12:35 avec Lissandro, avec Bastos, avec Pjanic, avec Delgado.
12:40 Et ça, ça ne peut que te faire progresser.
12:43 - Progresser.
12:44 [SILENCE]