"Retour en terre inconnue : Avec Franck Gastambide" est un épisode spécial de l'émission de télé-réalité française "Rendez-vous en terre inconnue" diffusé sur France 2 le 19 mars 2019.
Dans cet épisode, l'humoriste et réalisateur Franck Gastambide part à la rencontre des Van Gujjar, un peuple semi-nomade vivant dans les contreforts de l'Himalaya en Inde.
Au cours de son voyage, Gastambide découvre le mode de vie traditionnel des Van Gujjar, qui vivent en étroite harmonie avec la nature. Il partage leurs repas, participe à leurs tâches quotidiennes et assiste à leurs cérémonies. Il est également confronté aux difficultés auxquelles ils sont confrontés, telles que la pauvreté, la discrimination et le changement climatique.
L'épisode est une occasion pour Gastambide de sortir de sa zone de confort et de remettre en question ses propres préjugés. Il découvre une culture et un mode de vie radicalement différents des siens, et il apprend à apprécier la simplicité et la résilience des Van Gujjar.
Dans cet épisode, l'humoriste et réalisateur Franck Gastambide part à la rencontre des Van Gujjar, un peuple semi-nomade vivant dans les contreforts de l'Himalaya en Inde.
Au cours de son voyage, Gastambide découvre le mode de vie traditionnel des Van Gujjar, qui vivent en étroite harmonie avec la nature. Il partage leurs repas, participe à leurs tâches quotidiennes et assiste à leurs cérémonies. Il est également confronté aux difficultés auxquelles ils sont confrontés, telles que la pauvreté, la discrimination et le changement climatique.
L'épisode est une occasion pour Gastambide de sortir de sa zone de confort et de remettre en question ses propres préjugés. Il découvre une culture et un mode de vie radicalement différents des siens, et il apprend à apprécier la simplicité et la résilience des Van Gujjar.
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00:18 *Applaudissements*
00:46 *Applaudissements*
00:58 - Franck, je vous ai vu sur les dernières minutes du film, très très ému.
01:04 Qu'est-ce que vous pourriez nous dire là tout de suite, si vous arrivez à retrouver la parole ?
01:09 - Bah, la confirmation que c'est la plus grande aventure de ma vie. Jusqu'à maintenant j'avais beaucoup de mal à en parler.
01:18 Parce que j'avais l'impression que les mots que j'allais employer ne seraient pas assez forts pour décrire ce que j'ai vécu.
01:23 Je vais pouvoir maintenant en parler avec mes proches et les gens que j'aime parce que je pense qu'ils ont compris maintenant.
01:28 Et puis voilà, je me demande où ils sont, je me demande ce qu'ils font.
01:34 - Qu'est-ce qui vous a le plus bouleversé en voyant ces images ?
01:39 - Écoutez, d'abord moi j'ai vécu une aventure, pour être très honnête, encore plus forte que ça.
01:46 Parce que c'est un échantillon de tout ce que j'ai ressenti avec eux.
01:56 J'espère juste que les gens qui sont devant leur télé viennent de comprendre le sort de ces gens comme nous on l'a compris quand on était avec eux.
02:06 - Le film vous a plu ? - Bien sûr.
02:11 - Fred ? - Il vous a plu ? Je l'entends une deuxième fois. Il vous a plu ?
02:17 Il m'a plu, beaucoup, ouais. Beaucoup.
02:19 - Vous me pardonnez un petit peu du départ ? - C'est tout pardonné.
02:24 [Applaudissements]
02:42 - Si c'était à refaire, vous repartiriez ? - Bien sûr, mais si je devais repartir, je voudrais surtout repartir là-haut pour les revoir.
02:51 - Alors maintenant que vous êtes redevenus amis tous les deux, on va parler de cette autre amitié que vous avez vécue et à laquelle vous avez assisté aussi.
02:58 Celle qui lie Moustou et Rochelle qui est très très forte quand même. Ils sont absolument indissociables l'un de l'autre.
03:04 - Bah ouais, c'est une amitié qui fait rêver je crois. Ils sont tous les deux ensemble depuis qu'ils sont nés. Ils rigolent ensemble, ils travaillent ensemble.
03:13 On a essayé à notre échelle de devenir leur alter-ego. Et ils étaient beaux à voir quoi.
03:20 - Vous n'aviez que quelques semaines de précédent à deux. Pour être des alter-ego, c'est un peu plus difficile.
03:26 Vous avez gardé quelque chose d'eux ? Des souvenirs ? - Oui. J'ai gardé... D'abord, j'ai gardé beaucoup de souvenirs.
03:33 Beaucoup de moments parfois que l'équipe m'a laissés. Des choses qui n'ont pas été filmées.
03:40 Et puis, j'avais demandé l'autorisation d'amener un appareil photo Polaroid.
03:48 Pour deux choses. D'abord parce que je voulais qu'ils aient eux des photos d'eux. C'était ça la priorité.
03:56 Et puis, avant de voir ce film, le seul souvenir que j'avais d'eux, c'était ces Polaroid qui sont aussi chez moi dans ma chambre.
04:03 - Il faut savoir que depuis que Franck est revenu, il m'arrive de recevoir au milieu de la nuit, entre 2 et 3 heures du matin...
04:12 - Vous gardez le rythme. - Voilà. Des photos de Rochane et Moustou. Les photos de ces Polaroid.
04:18 Vous me disiez "je pense à eux. Je ne sais pas si c'est pareil pour toi. Est-ce que tu arrives à réatterrir un tout petit peu ?"
04:26 Et c'est vrai que ces photos instantanées, on les garde tous les deux précieusement. C'est une manière de les retrouver.
04:33 Et puis, surtout quand on a fait ces photos, ils ont une remarque qui m'a beaucoup touché et qui était assez inattendue.
04:42 - Moustou !
04:50 - On se connaît depuis toujours avec Rochane. Et on n'avait jamais fait de photos de nous deux. Jamais. C'est la première fois.
04:56 Et ce sera aussi la première photo que j'ai de moi. - C'est vrai ?
05:00 - Emotif !
05:05 - Donc comme ça, c'était une très très très bonne idée. - Emotif, c'est le nom du cheval qu'on n'oublie pas au début.
05:16 On voulait pas lui donner votre sac à dos quand même. Il a été très utile.
05:20 Donc c'est quand même extrêmement fort de savoir que ces deux amis d'enfance, Rochane et Moustou, n'avaient jamais de photos de deux.
05:30 - Oui, en fait, d'abord, ils avaient jamais vu de blanc de leur vie.
05:38 Il y a des tas de discussions complètement incroyables qu'on a eues avec eux.
05:44 Et je crois que le film est déjà plus long que la moyenne des films que vous faites.
05:49 Et je sais qu'on aurait pu déborder tellement.
05:52 Je voudrais dire quelque chose qui est très important pour moi. C'est qu'on était dans une population de musulmans qui vivent en Inde.
06:01 Et au milieu de toutes les discussions qu'on a eues, il y en a une qui m'a intéressé, qui m'a interpellé.
06:07 Et puisqu'ils vivent totalement isolés du monde, totalement isolés du monde, je leur ai demandé s'ils savaient que dans certains endroits du monde,
06:19 au nom soi-disant de l'islam, des gens tuaient d'autres personnes.
06:26 Et de la manière la plus simple et la plus pure, ils m'ont regardé. Ils ont eu beaucoup de mal à comprendre ce que je leur disais.
06:35 Et ils m'ont dit "Franck, tu dois te tromper. Si c'est des musulmans, ils peuvent pas tuer des gens".
06:42 J'avais envie de la raconter celle-là.
06:57 On parlait de l'amitié qui liait nos deux héros. Vous vous êtes jamais sentis un peu exclu tous les deux ? C'était facile de vous immiscer entre ces deux garçons ?
07:05 Ah bah d'abord, ils avaient beaucoup d'interrogations sur notre amitié parce que cette aventure leur paraissait complètement dingue.
07:15 Mais on était forcément très soudés. Ils nous ont fait rentrer dans leur famille.
07:23 Et puis je dois dire quelque chose qu'on ne voit pas là mais qui est représentatif de ce qu'on a ressenti tous les deux avec Raph.
07:32 J'ai été évidemment perturbé par les adieux.
07:36 Ça va passer.
07:41 Bon, c'est les vrais adieux. On les a jamais revus après, évidemment.
07:50 Et on était tellement bouleversés, choqués, Raphaël et moi, qu'on s'est retrouvés tous les deux dans une voiture.
08:03 A pu se décrocher un mot pendant une heure ou deux de route.
08:07 Et je me suis dit... En fait, j'ai compris Fred cette fois-là. J'ai compris pourquoi tu pouvais plus partir.
08:17 Merci de nous comprendre.
08:20 Merci de la confiance.
08:22 Vous avez découvert le film en tant que téléspectateur. C'est extrêmement courageux.
08:30 Après, tout ce que vous avez vécu, vous pouvez me demander n'importe quoi jusqu'à la fin de mes vidéos.
08:35 Mais vous n'êtes pas venu seul. Je vais vous présenter qui est là.
08:38 Parce que j'ai envie d'avoir le point de vue de vos proches finalement.
08:41 Parce qu'il y a une aventure qui ne ressemble à rien de ce que vous avez vécu.
08:45 Donc moi, ce qui m'intéresse, c'est de savoir quel regard ils ont porté là-dessus.
08:48 Vous pouvez me dire qui est là ?
08:50 J'ai des proches, des gens avec qui je travaille, des gens qui font partie de ma vie, des gens qui ont évidemment vécu ça.
08:58 Il faut savoir que nos proches non plus ne savent pas où je pars. Ils ne savaient pas non plus pour l'entourloupe.
09:06 Et eux, on leur faisait des petits retours pour leur expliquer ce que j'étais en train de faire.
09:11 Enfin, ils pensaient que j'étais en train de faire certaines choses.
09:14 Alors, il y a Jeannane, il y a Jérôme, il y a mon petit Anouar et il y a Sabrina.
09:19 Et...
09:20 Sabrina, vous avez un micro. Vous découvrez tout.
09:23 Bonsoir Sabrina.
09:24 Bonsoir.
09:25 Vous vous attendiez à retrouver Franck dans cet état, au retour ?
09:28 Il est parti très, très angoissé. Je l'ai trouvé surtout très nourri, très enrichi.
09:35 Forcément, pas mal à fleur de peau.
09:39 Et puis, très, très en manque déjà des vins de goujards et de toute cette énergie, de tout cet amour qui se sont échangés aussi finalement.
09:48 Est-ce que dans le film, vous reconnaissez le Franck ? Ce que vous connaissez ?
09:52 Je le reconnais dans sa générosité, dans sa bienveillance envers les gens, envers les animaux aussi.
09:58 Mais forcément, il est plus fragile.
10:03 Et dans sa relation avec les enfants ?
10:05 Je la découvre.
10:07 Parce que c'est vrai, Franck, que vous avez une relation merveilleuse avec la petite fille de nos deux héros, avec Najma.
10:18 Qui a apprivoisé l'autre au départ ?
10:21 Je ne sais pas trop.
10:24 Moi, je peux le dire. J'étais là.
10:26 C'est Najma qui est venue vers vous tout de suite, le premier jour avant d'aller voir les veaux.
10:30 Il s'est passé quelque chose presque de magnétique entre vous deux.
10:33 Elle n'est pas allée vers moi. Elle est allée vers vous.
10:37 C'est elle qui a unifié la relation.
10:39 Oui, j'aurais probablement pas osé.
10:41 On la voit souvent dans vos bras. On a l'impression qu'elle est tout le temps là.
10:45 Il faut se rendre compte qu'on passe 15 jours, presque 18 jours en altitude avec eux.
10:51 Donc, il y a plein de moments qui existent.
10:53 Des moments volés, des moments où on oublie complètement.
10:56 Et là, ça se passe de commentaires.
10:59 C'est quelques images de vous et Najma. Je vous laisse les découvrir.
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12:19 Moi, je trouve cette relation magnifique.
12:22 Je me disais, on ne vous voit pas dans le film lui dire au revoir.
12:26 Est-ce que c'est parce que c'était trop fort ?
12:28 Est-ce que vous avez préféré le faire à l'abri des regards ?
12:32 Oui, ça fait partie des petits moments qu'on m'a accordé.
12:35 Pour tout vous raconter, j'avais demandé aux gens de la production
12:41 si je pouvais emmener des choses parce que j'allais être reçu chez des gens.
12:46 Puisque je suis bien élevé, je voulais emmener quelque chose.
12:48 Et puis, on m'a expliqué que ce n'était pas si simple.
12:50 On ne peut pas emmener n'importe quoi.
12:52 Et on m'a dit, si tu veux emmener des jouets,
12:55 tu peux emmener des petits jouets d'animaux de ferme.
12:57 Alors, je suis arrivé avec mes petits jouets en plastique.
13:00 Et puis, on m'a dit, il faut attendre la fin pour leur donner
13:03 parce que ça va leur provoquer quelque chose.
13:06 Et l'équipe est partie.
13:09 Et puis, je suis retrouvé avec Najma, les autres enfants.
13:13 Et j'ai sorti ma boîte d'animaux en plastique
13:17 que je me baladais depuis 15 jours dans mon sac.
13:20 Et je n'ai jamais vécu un truc comme ça de ma vie.
13:23 C'est-à-dire qu'elle n'avait tout simplement jamais vu de jouets.
13:26 Son jouet, c'est un énorme buff.
13:30 C'est évidemment un moment incroyable.
13:34 J'ai vu une petite fille qui voyait des jouets pour la première fois de sa vie,
13:38 qui était en larmes et qui s'est mis à jouer quasiment automatiquement
13:42 avec ses petits animaux.
13:44 - On vous voit tout le temps, vous êtes tous les deux, il n'y a pas de traducteur.
13:48 On a l'impression qu'il n'y a pas besoin de traducteur.
13:50 - Oui, c'est vrai.
13:52 Enfin, tu vois, elle est quand même passionnée surtout par le tirage de mes oreilles.
13:55 C'est qu'elle est l'équipe principale.
13:57 Et oui, c'est vrai, je ne me suis pas fait cette réflexion.
14:00 Effectivement, on était beaucoup tous les deux sans traducteur.
14:03 - Alors, elle a une forte personnalité,
14:06 mais tous les membres de ce clan, de cette famille, ont des personnalités assez fortes.
14:10 C'est toute la famille qui vous a émue beaucoup, vous aussi ?
14:13 - Oui, parce que c'était une rencontre vraiment à cœur ouvert.
14:16 On a eu des discussions très fortes.
14:18 C'est vraiment, on parle de Rochane et Moustou, mais c'est vraiment toute la famille.
14:22 Il y avait une sorte d'harmonie pendant ces 15 jours en altitude.
14:25 Et puis, surtout, on a eu des discussions qui nous ont beaucoup marquées,
14:29 notamment sur le mariage arrangé.
14:31 C'est très rare d'entendre un homme parler de ça.
14:33 Ce sont des discussions qui ne viennent pas le deuxième ou le troisième jour.
14:36 C'est l'expérience du temps long.
14:37 Ça arrive au bout de huit jours, parce qu'on sentait.
14:39 On avait commencé à en parler peut-être un peu avant, puis ce n'était pas le bon moment.
14:42 Et donc, ce sont des discussions très, très fortes.
14:45 Et on a eu aussi des discussions qui ne sont pas forcément montrées dans le film.
14:50 - Il faut rappeler aux téléspectateurs que ce n'est pas de la censure.
14:52 C'est qu'on vous a montré deux heures et qu'il y avait 100 heures de film.
14:54 - Oui, et on aurait pu en faire facilement trois, quatre.
14:57 Mais même sur les discussions sur les maisons de retraite, j'y repense,
15:01 parce que ça nous avait beaucoup marqué ensemble.
15:03 - C'était quoi ça ?
15:05 - Pour rebondir sur ce que dit Raph, c'est vrai qu'il y a des choses qu'on obtient
15:10 parce qu'on reste longtemps avec eux.
15:12 Ça aussi, je l'ai compris.
15:13 Il y a des soirs où je suis triste, où je pense à ma chérie, où je pense à mes amis,
15:17 où je pense à ma vie à Paris.
15:18 Et je me dis, mais pourquoi on ne reste pas cinq jours ?
15:21 C'était bien, cinq jours.
15:23 Et en fait, non, parce que c'est quand on reste avec eux qu'ils nous font confiance,
15:27 qu'on se comprend, qu'on devient des amis et qu'ils se livrent à des choses
15:32 qui nous donnent ces moments-là.
15:33 Et comme tu dis, Raph, je me rappelle très bien d'un moment où on a voulu avoir cette discussion
15:36 et puis il était trop tôt pour qu'on se confie.
15:39 Et la discussion sur les maisons de retraite, c'est...
15:43 Ils nous ont...
15:45 Je leur ai demandé s'ils vivaient toute leur vie avec leurs parents.
15:49 Et la question leur a semblé brutale, parce qu'évidemment,
15:55 c'est grâce à nos parents que nous sommes en vie, donc on leur doit tout,
15:58 donc on va rester avec eux toute leur vie.
16:00 Et quand j'ai dû leur expliquer, moi, que nous, parfois,
16:03 parce qu'on n'a pas le choix ou parce que la vie nous oblige à faire ça,
16:08 certains de nos parents vont dans des maisons de retraite,
16:11 ils étaient totalement hallucinés par ce que je leur répondais.
16:14 Je pense qu'ils ont encore du mal à comprendre comment quelque chose comme ça est possible,
16:18 mais c'est aussi à ce moment-là que nos discussions sont passionnantes,
16:22 parce qu'on ne doit pas se comparer, je crois.
16:25 Nos vies sont tellement différentes que la comparaison n'a aucun sens.
16:29 Ils ont été choqués, mais ils vous ont jugé, là-dessus ?
16:32 Jamais. J'ai jamais senti ça.
16:35 J'ai senti des envies de comprendre, des envies d'échanger.
16:39 C'est aussi ce qui m'a bouleversé, c'est que ça peut être une réaction ridicule,
16:43 mais je me suis beaucoup dit "mais qu'est-ce qu'on va se dire avec ces gens ?
16:47 On n'a pas la même culture,
16:49 parfois on est enfermé dans nos discussions à nous,
16:52 on va parler que de cinéma, de télé, de médias,
16:55 et là je me disais "qu'est-ce qu'on va se raconter ?"
16:58 Avant de partir, vous disiez "qu'est-ce qu'on va se raconter ?"
17:00 Et puis finalement, on est face à des gens qui sont drôles,
17:03 qui sont brillants, qui sont intelligents, qui sont pleins d'humour, pleins de vannes,
17:07 et puis vous voyez l'insulte quand il s'agit de l'équité.
17:10 Et la discussion sur les anciens,
17:13 tu avais l'impression que ça pouvait presque remettre en cause votre amitié ?
17:16 Je ne dirais pas peut-être remettre en cause,
17:19 mais en tout cas ça les a profondément choqués.
17:21 Ils ne comprenaient pas, on a dû répéter deux fois, trois fois,
17:24 ils ne comprenaient pas comment c'est possible que vous laissiez vos parents
17:27 à quelqu'un d'autre dans un autre endroit.
17:29 Donc il y avait presque une incompréhension,
17:32 et pour eux c'était impensable qu'on fasse ça.
17:35 Donc ça ne pouvait pas remettre en cause notre amitié,
17:38 mais ça les interrogeait, eux aussi.
17:41 Et puis dans cette discussion sur le mariage arrangé,
17:44 ils disent "voilà, nous on veut changer les traditions".
17:46 Et c'est vrai que c'est important pour Najma, pour son futur,
17:49 mais à la fois il y a un immense respect des anciens.
17:52 Quand Alpha vient dans la maison et qu'il y a Rochelle et Moustou, le papa,
17:56 on retrouve Rochelle et Moustou à 12 ans.
17:59 Ils n'osent plus rien dire, c'est des petits enfants,
18:02 et il y a un respect immense.
18:04 Apparemment à 12 ans ils étaient plutôt du genre à faire beaucoup de pétroliers.
18:07 Ils étaient du genre à enrouler des enfants et les jeter.
18:10 Et je me rappelle qu'au moment des adieux,
18:13 parce que là il s'agit d'adieu, et pas d'au revoir,
18:17 d'avoir dit à Rochelle "Promets-moi que tu vas aider un peu plus ta femme,
18:25 et moi je te promets que je vais bien m'occuper de mes parents".
18:28 Ouais, on s'était dit ça.
18:31 - Est-ce que d'ailleurs sa femme ne s'est pas beaucoup servie de vous
18:33 pour faire passer des messages à son mari ?
18:35 - On a l'impression, c'est une très bonne question.
18:37 - On a un peu l'impression quand même.
18:39 - Oui, mais là encore, c'est leur culture évidemment,
18:45 que nous on les a beaucoup tequinés aussi pour qu'ils prennent conscience
18:48 que c'était des hommes, qu'ils étaient forts,
18:51 et qu'il fallait aider un peu plus leurs femmes.
18:54 Mais on a bien compris qu'elles se laissent pas faire, elles se défendent.
18:59 Et puis c'est des femmes incroyables.
19:01 - Et puis elle a du caractère.
19:03 Quand vous ramassez ses verbes, c'est bon, écoute, si tu sais pas faire,
19:06 c'est pas la peine de venir.
19:08 - Oui, je me suis fait remballer quelques fois.
19:10 - En tout cas, c'est une famille qui, on le voit dans vos discussions,
19:13 ils remplacent toujours l'humain au cœur de tout.
19:15 A chaque fois, ils se qualifient d'être humain,
19:18 ils vous parlent en tant qu'être humain.
19:20 C'est quelque chose qui vous a étonné, surpris ?
19:24 - Non, je me suis senti effectivement d'égal à égal.
19:29 Y'a pas un seul moment, par exemple, où ils m'ont demandé
19:31 ce que je faisais dans la vie.
19:33 C'est une notion qui est très importante pour nous,
19:35 ici quand on se rencontre.
19:37 "T'as fait quoi ? Ta femme a fait quoi ?"
19:39 Alors, on a passé beaucoup de temps avec ces gens,
19:45 sans qu'une seule fois, ils s'intéressent à quel est notre métier,
19:48 donc quel est notre niveau social,
19:50 parce que ça veut dire ça aussi, la question de la profession.
19:53 Tout ça, elle leur a été égale.
19:55 - Ce qu'il faut, c'est travailler, tenir, s'entraider.
19:58 - Bien se comporter, être quelqu'un de bien,
20:01 être heureux, rire, très important pour eux.
20:04 - Même dans les difficultés, parce que vous avez connu
20:06 beaucoup de difficultés, que vous avez affrontées avec humour,
20:08 la fabrication du beurre, par exemple.
20:10 - Oui, c'était un dépucelage.
20:13 Avec un peu de temps, j'aurais été très brillant,
20:15 à mon avis, pour faire du beurre.
20:17 - Vous l'avez réessayé souvent ?
20:19 - Non, c'est vrai.
20:21 - Mais c'était plus dur ou moins dur que la salle de sport ?
20:24 - Ça me dépensait un peu.
20:27 - C'est juste qu'il faut se rendre compte qu'il est 4h du matin, là.
20:30 J'ai vraiment pas l'habitude de faire ça à 4h du matin.
20:32 - Surtout que vous veniez juste de vous réveiller,
20:34 il faut reconnaître qu'on vous a passé beaucoup de temps, là.
20:36 - Non, et puis sur cette joie de vivre,
20:38 ils sont quand même dans des conditions extrêmement difficiles.
20:40 Ils savent pas ce qu'ils vont devenir l'année prochaine.
20:43 Ils savent pas s'ils vont pouvoir revenir.
20:45 Donc, ils ont cette joie de vivre présente dans tous nos échanges.
20:50 La première fois qu'on s'est vus, dans le regard,
20:52 on a senti cette répartie.
20:54 Moi, je vois encore Rochelle et Moussou dans leur sac de couchage,
20:56 tous les deux, vraiment tous les deux, côte à côte,
20:58 à nous regarder, ils voulaient pas se coucher,
21:00 ils nous posaient tout le temps des questions.
21:02 Ils portent un regard sur le monde extrêmement positif
21:04 et ça, ça nous a vraiment inondés.
21:06 - Et ce qui est d'autant plus surprenant,
21:08 quand on voit le film, quand on voit ce que vous avez vécu,
21:10 c'est qu'ils sourient tout le temps.
21:11 Donc, c'est vrai qu'ils ont des sourires incroyables.
21:13 Et on se dit, est-ce qu'ils ont des raisons de sourire ?
21:15 Et si on parle de notre point de vue,
21:17 on a tous des inquiétudes, on a tous des incertitudes dans nos vies,
21:21 mais ils en ont tellement,
21:22 parce qu'ils savent pas où ils vont aller l'année prochaine,
21:24 ils savent pas s'ils vont remonter dans la montagne.
21:25 Et avec autant de précarité, autant d'incertitudes,
21:28 sourire autant, c'est un acte politique.
21:30 C'est surréaliste.
21:32 Je sais pas comment vous avez ressenti ça.
21:34 - Bah, avec beaucoup de bonheur.
21:36 - Et autant de joie, alors qu'il y a autant de menaces, en fait.
21:38 - Oui, on pourrait aussi se dire comment être aussi heureux, joyeux,
21:44 quand on a si peu.
21:46 Parce que nous, quand on n'a pas tout ce qu'on veut,
21:51 on est malheureux de ne pas avoir ce qui nous manque.
21:54 Et moi, j'ai pris conscience, quand on a attaqué la transhumance,
21:59 et que j'ai compris que leur vie tenait dans un sac posé sur un âne,
22:03 qu'ils n'avaient vraiment rien.
22:07 Alors, encore une fois, je pense que la comparaison est inutile et impossible.
22:12 Il y a des tas de choses dans nos vies qui les rendraient très malheureux, j'imagine,
22:17 mais c'est vrai que c'est troublant de voir des gens qui n'ont rien,
22:19 et qui sont heureux, joyeux.
22:21 - Ils affrontent tout avec humour, il y a de l'humour tout le temps.
22:24 Ils sont en forme physiquement aussi, vous croyez l'être avant de partir ?
22:28 - Là encore, la comparaison n'a aucun sens.
22:32 - Vous vous entraînez, visiblement vous faites de la boxe.
22:35 - Oui, écoutez, c'est un autre...
22:38 - Et d'un coup, d'ailleurs, ça ne sert à rien.
22:40 - Oui, c'est sûr.
22:42 Non, mais parce que, évidemment, c'est de se repasser à la salle de sport
22:44 et être ridicule quand on est en train d'essayer de faire monter du beurre.
22:46 - La montée, moi, je pense surtout à la montée,
22:48 qui a l'air d'être très éprouvante pour vous.
22:50 - Écoutez, je dois remercier le réalisateur et son équipe
22:54 de m'avoir épargné de certains plans
22:56 où j'étais beaucoup plus mal que ce qu'on a vu.
22:58 Il y a vraiment des moments où, clairement,
23:00 on manquait d'air et on ne pouvait plus avancer.
23:02 C'est aussi simple que ça.
23:04 - Le retour du marché, là, vous vous endormez en plein milieu de la première dix.
23:08 C'est-à-dire que là, c'est...
23:10 - Oui, parce que se rajoute à ça un changement de température très brutal.
23:13 Et là, j'essaie de faire bonne figure, mais je suis complètement cavoué.
23:17 Non, c'est une expérience physique.
23:19 Je suis revenu avec 5 kilos en moins et une double tite,
23:23 parce que ça aussi, c'est épargné, mais on se lave dans des sources,
23:28 on se lave dans des rivières.
23:30 Et je suis revenu un peu secoué, physiquement, en tout cas, oui.
23:36 Psychologiquement, totalement perturbé.
23:38 Ça aussi, c'est quelque chose que, là encore,
23:42 c'est les circonstances atténuantes que je trouvais au fur et à mesure du voyage.
23:47 Et quand je suis rentré, j'ai eu, je crois, des petits troubles psychologiques,
23:52 parce qu'il m'est arrivé pendant toute la première semaine
23:54 de me réveiller la nuit en sursaut, en étant persuadé que j'étais encore là-bas.
23:59 Il m'est arrivé aussi, une fois, de me réveiller et de chercher les caméras chez moi.
24:04 Donc j'ai réellement été perturbé, quoi.
24:09 Et puis à côté de ça, évidemment, il y a tous ces moments
24:11 où je pense à eux, où je me demande ce qu'ils font.
24:14 - Et c'est la nuit que les angoisses montaient.
24:17 Je me souviens très bien.
24:19 Et d'ailleurs, vous écriviez un carnet de bord, pour vous souvenir.
24:22 Mais c'est à ce moment-là où vous aviez besoin d'écrire et besoin d'être rassuré.
24:26 - Oui, ça doit venir aussi du fait que, comme beaucoup de gens de ma génération,
24:34 mon téléphone, c'est la suite de ma main, quoi.
24:37 Et on est habitué à transmettre nos émotions dès qu'il nous arrive quelque chose,
24:42 au fur et à mesure de la journée, parfois même des trucs complètement nuls.
24:46 Ce qui me perturbe quand Fred m'abandonne à l'aéroport,
24:50 c'est que je ne peux pas partager cette émotion,
24:52 que je suis obligé de me la contrôler, de la garder.
24:54 Je me rappellerai toute ma vie qu'au moment où on se lève,
24:58 il y a l'équipe qui tourne le dos parce qu'elle se dit "il va pas y aller".
25:02 Et je dois avouer que ça m'est passé par l'esprit un moment,
25:05 parce que tout ça était quand même très difficile à vivre.
25:09 Et c'est accentué par le fait que je ne peux pas prendre mon téléphone
25:12 pour envoyer un message à ma chérie, à mes amis, en leur disant
25:15 "vous savez ce qui m'arrive ? Il y a ça, c'est dingue !"
25:17 Et puis là, ils m'auraient rassuré, et puis ils m'auraient dit "c'est super, vas-y quand même".
25:20 Sauf que là, il faut gérer tout ça.
25:22 - Déjà, est-ce que vous l'avez relu, vous, depuis ?
25:27 - Non.
25:28 - Et vous l'avez laissé lire par quelqu'un d'autre ?
25:30 - Oui.
25:31 C'était principalement destiné à une personne, mais parce que je voulais...
25:37 En fait, pour en venir à ça, c'était aussi pour combler ce besoin de communiquer,
25:42 ce besoin de partager.
25:44 Et je me disais... Alors d'abord, je le faisais en me disant
25:47 "eh ben, elle sera chaque jour que je pensais à elle et que j'écrivais
25:50 parce que je voulais qu'elle sache ce que j'étais en train de vivre".
25:53 Et puis aussi parce que du coup, j'avais l'impression d'être un peu connecté avec mon monde.
25:59 - Vous avez lu ce journal de bord ?
26:02 La question c'est, vous aviez les mots mais vous aviez pas les images.
26:06 - C'est étrange.
26:07 - Ouais, c'est totalement étrange, mais c'est vrai.
26:09 Et là, c'est ce à quoi je pensais parfois en me disant "ah ben ça, il me l'a raconté ça".
26:14 Enfin, ça je l'ai lu, du moins.
26:16 - Vous pensez à quoi ?
26:18 - Surtout ces longues routes comme ça, en montée, complètement dingue,
26:23 où ça l'a épuisé.
26:24 A cette première nuit aussi, le chien a beaucoup aboyé, avec l'ours.
26:31 A plein plein plein de moments qu'il a partagés.
26:36 - Il dit qu'il avait des réactions bizarres au retour, vous confirmez ?
26:40 - Totalement, totalement.
26:42 Non, il y a eu forcément un moment...
26:44 - Ça me rassure parce que moi j'en ai eu beaucoup à chaque retour.
26:46 - Non mais c'est vrai, forcément, quelques jours de réadaptation,
26:50 effectivement, c'est réveil en pleine nuit, en neige.
26:54 - Vous dites que vous avez perdu tous vos repères, Franck.
26:56 Il y avait quand même un repère, c'était les animaux.
26:59 Vous avez été dresseur d'animaux, là au moins vous étiez dans votre élément.
27:02 - Est-ce qu'on peut expliquer, vous êtes un spectateur justement,
27:04 votre lien avec les animaux, vous êtes très présent dans votre vie.
27:06 - Oui, à l'âge de 13 ans, je me suis passionné pour les animaux,
27:10 probablement lié à des petits manques affectifs, en tout cas un manque de confiance en moi.
27:14 C'est toujours la passion de ma vie, les animaux.
27:18 - Donc à ce moment-là, vous êtes devenu dresseur ?
27:20 - Je suis devenu dresseur, et puis j'étais tellement passionné
27:23 que j'ai eu des bons résultats qui m'ont amené jusqu'à des plateaux de cinéma
27:26 pour lesquels je suis devenu dresseur d'animaux pour le cinéma.
27:28 D'abord avec les chiens et les chats, et puis j'ai été au contact d'ours, de loups,
27:33 d'animaux comme ça plus étonnants.
27:36 - Au contact d'ours, vous n'avez pas l'air très à l'aise.
27:38 - Oui, mais enfin celui qui attaquait les buffles, celui-là je le laisse tranquille.
27:43 - Alors justement, qu'est-ce que vous trouvez, vous avez trouvé tous ces animaux,
27:46 qu'est-ce que vous trouvez dans cette relation avec les animaux en fait ?
27:49 - Alors ça...
27:52 - Parce que là on le voit, il n'y a pas besoin de mots, on le voit en fait.
27:54 Vous êtes en contact avec eux, ça se voit,
27:56 mais pour quelqu'un qui n'aura pas justement cette connivence avec les animaux.
27:59 - Ecoutez, c'est quelque chose qui s'explique difficilement,
28:01 j'ai l'impression qu'on l'a ou qu'on ne l'a pas.
28:04 Moi, vous savez, toute ma vie j'ai été...
28:07 j'ai souffert de dyslexie qui a provoqué un échec scolaire,
28:11 et je crois avoir développé des facultés instinctives et d'autodidacte
28:16 pour pallier à cette dyslexie qui m'a handicapé.
28:20 Et avec les animaux, ce n'est que ça, de l'instinct, du feeling, du ressenti, de l'intuition.
28:25 - Vous avez donc été particulièrement sensible à la relation que les nage-mars entretiennent ?
28:29 - Bah oui.
28:30 - Avec leurs animaux, c'est étonnant la façon dont ils les traitent, dont ils s'en occupent.
28:34 - Oui, avec les enfants, et particulièrement nage-mars, je me retrouvais un peu en elles sur ça.
28:39 C'est-à-dire qu'elles avaient un espèce de contact extrêmement...
28:42 c'est ses amis, c'est un contact extrêmement simple.
28:46 - Et vous citez une phrase de Gandhi que je ne connaissais pas.
28:49 Donc on reconnaît une civilisation...
28:51 - La valeur d'un peuple à sa manière de traiter ses animaux.
28:56 - Voilà. Alors ça nous renvoie à nous, puisque tous les jours, on découvre la manière dont notre civilisation traite les animaux.
29:01 Donc ça parle de nous, évidemment.
29:03 Et puis pour le coup, ce peuple-là, qui est rejeté de tous,
29:05 a une relation fusionnelle avec les animaux, extrêmement respectueuse.
29:09 On entend rien que quelqu'un qui nous dit "nous on peut avoir des problèmes pour manger,
29:12 mais eux, il ne faut pas qu'ils aient des problèmes pour manger".
29:14 C'est extraordinaire.
29:16 - Oui, bien sûr.
29:17 - Et puis ?
29:18 - Et puis, on a des gens qui sont très respectueux.
29:21 Mais vous savez, il y a des gens qui dorment dans nos rues,
29:27 et qui sont accompagnés d'un chien, et qui très souvent vont commencer par donner à manger à ce chien avant de manger eux-mêmes.
29:33 - Raphaël, les Van Goghards ne vendent pas leur... ne mangent pas leurs animaux, déjà ?
29:40 - Non, ils sont très respectueux. C'est vraiment des membres à part entière de leur famille.
29:44 Les femmes et les hommes le pleurent pendant plusieurs jours,
29:48 ce qui montre bien qu'il y a presque une cérémonie pour faire le deuil.
29:52 Et ils sont végétariens, ils sont 100% végétariens, donc ils ne mangent pas de viande.
29:56 Et surtout, quand les buffles meurent, ils ne vont pas, eux, les vendre à l'abattoir.
30:02 Ils ne veulent pas savoir, plus ou moins.
30:04 En fait, ils les vendent, mais ce n'est pas eux qui vont à l'abattoir.
30:07 Ce n'est pas eux qui vont les revendre, directement.
30:09 - Ils ne veulent pas savoir s'ils l'auraient.
30:10 - Exactement. Il y a trop de respect.
30:12 - C'est une grande différence, d'ailleurs. Et quand on leur pose la question
30:14 "Est-ce que vous pouvez vivre sans vos buffles quand vous êtes en plaine ?"
30:16 c'est un des gros problèmes. Parce que s'ils vendent leurs buffles pour avoir des terres,
30:20 c'est comme si on leur levait une partie d'eux.
30:22 Donc ils sont extrêmement attachés à eux. Et ça, quand on voit la relation, c'est très fort.
30:26 Je voudrais revenir aussi sur la relation de Franck avec les animaux,
30:29 parce qu'on a eu 4 jours de voyage pour arriver en haut.
30:32 Et dans les premiers jours, on s'arrête sur la route, et là, il y a des singes partout.
30:36 Et donc, moi, je m'approche, et le singe commence comme s'il m'attaquait.
30:40 Et là, Franck va directement me voir en me disant "Regarde Raphaël.
30:45 Faut pas que tu lui montres que t'es peur."
30:47 Et en fait, j'ai découvert Franck qui me décryptait tout ce qui se passait autour.
30:50 La bande qui commençait à se faire, ceux qui essayaient de jouer,
30:53 ceux qui essayaient de m'impressionner.
30:55 Et j'ai senti directement cet instinct profond, cette intuition.
30:59 Vous m'avez décrypté tout ce qui se passait.
31:02 Et ça, je me suis dit "Tiens, ça, ça va être fort parce que là où on va aller,
31:07 vous allez pouvoir vivre pleinement le voyage."
31:09 Vous aviez déjà rencontré des singes comme ça dans votre vie ?
31:11 Cela, non.
31:13 Mais d'autres, oui.
31:15 Notamment ceux qui ont essayé de nous impressionner à un moment quand on était en voiture.
31:19 Et je dois dire que c'est le seul moment de tout ce voyage incroyable
31:23 dans lequel j'ai eu l'impression de maîtriser un peu quelque chose.
31:26 C'est qu'on passe en voiture, effectivement, il y a des familles de singes,
31:30 et je peux pas résister à descendre dans la voiture pour aller les voir.
31:33 Et c'est le seul moment où j'ai dit "Araf, regarde, là, il va se passer ça,
31:36 il va venir, il va faire ça, n'aie pas peur."
31:38 Et puis c'est aussi des espèces de repères pour moi.
31:41 Je savais même pas où j'étais, mais ce que je savais,
31:44 c'est que je savais à qui j'avais affaire en face de moi avec ces petits animaux-là.
31:48 Raphaël a été le témoin de toute votre aventure,
31:50 mais il y a eu d'autres témoins qui étaient là en permanence.
31:52 Oui, parce que pour nous parler de cette communauté,
31:55 il y a deux personnes très importantes, le réalisateur Christian Gaume
31:59 et le rédacteur en chef Franck Desplances, sans qui ce voyage n'aurait pas pu se faire.
32:04 Et qu'on accueille tout de suite.
32:06 [Applaudissements]
32:26 Alors, mes téléspectateurs les découvrent régulièrement sur France 2,
32:28 mais vous, vous les connaissez bien, vous avez passé du temps avec eux.
32:30 Vous les avez vus faire.
32:32 Oui, enfin, quand ils voulaient bien me parler.
32:34 Parce que...
32:36 Alors, ça fait partie des petits conseils que tu m'as donnés avant l'abandon.
32:41 [Rires]
32:47 C'était attention, tu risques de souffrir de la rétention d'informations.
32:50 Effectivement, pour un garçon comme moi qui a l'habitude de gérer ses équipes de tournage,
32:54 de jamais savoir ce qui va se passer dans la minute suivante,
32:57 c'était quelque chose d'assez violent.
32:59 J'ai essayé de soutenir des informations, autant à Franck qu'à Christian.
33:04 Tu peux compter sur eux.
33:06 [Rires]
33:07 Ils ne disent rien.
33:08 Ils ont rien lâché.
33:09 Et voilà, je sais que ça contribuait à me mettre dans un état, évidemment de fragilité,
33:13 mais aussi de découverte à belle instance.
33:15 - C'est lui en présence. - Bien sûr.
33:16 Ah oui, oui, ça complètement.
33:17 Il n'y a pas un moment où je me disais, bon, il y a ça, puis après il y a ça.
33:19 Je ne savais jamais ce qui allait se passer.
33:21 Et chaque moment était une découverte étonnante.
33:24 Et puis, je veux profiter que Franck soit là pour parler d'un moment qui a été très important pour moi.
33:31 En tout cas, qui a été un peu brutal.
33:35 Je reparlais tout à l'heure, mais le moment des adieux a été un déchirement
33:40 parce que je voudrais expliquer que je ne savais plus trop quel jour on était,
33:44 à quelle heure il est, où est-ce qu'on est.
33:46 Et je ne le vois pas venir, le moment où il va falloir dire au revoir.
33:49 Ça, c'est quelque chose d'extrêmement brutal parce que je n'y suis pas préparé.
33:53 Et Christian vient me voir et me dit, on va devoir partir maintenant, Franck.
33:59 Et il me dit, alors nous, on va leur dire au revoir.
34:03 Et puis après, tu leur dis au revoir et vous partez avec Raaf et c'est terminé.
34:07 Moi, je me suis reculé quand l'équipe a dit au revoir parce que c'était beaucoup trop compliqué à vivre.
34:13 Et après ça, on est parti avec Raaf.
34:16 On était complètement perturbés.
34:20 Et puis, on est allés à l'aéroport.
34:23 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là, qui étaient là.
34:26 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
34:28 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
34:30 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
34:32 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
34:34 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
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35:00 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
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35:04 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
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38:58 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
39:00 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
39:02 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
39:04 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
39:06 Et on a vu les gens qui étaient là, qui étaient là.
39:08 Alors Franck, expliquez-nous.
39:10 C'est vous le premier qui allez à la rencontre de ces communautés.
39:12 Vous faites ce qu'on appelle le repérage.
39:14 Vous passez beaucoup de temps, des semaines.
39:16 Comment vous faites pour nous trouver des personnages pareils, des familles pareilles ?
39:20 Parce qu'il y a un village de top model déjà.
39:22 Non, non, c'est plus compliqué que ça.
39:24 En fait, on a passé beaucoup de temps sur cette préparation.
39:28 On a passé presque trois mois sur le terrain.
39:32 On a rencontré des dizaines de familles.
39:34 Donc c'est vraiment presque faire du porte-à-porte, rencontrer les gens.
39:37 Heureusement, on a été aidé par une ONG sur place qui s'appelle Raleigh,
39:41 qui travaille depuis 25 ans avec les Vingt-Goujards.
39:44 Je tiens à remercier un monsieur qui s'appelle Charma Arvin.
39:48 Je fais attention à son nom.
39:49 Très bon exemple.
39:50 Charma Arvin, qui nous a vraiment accompagné tout au long de cette préparation.
39:53 Je pense que sans lui, on n'aurait pas pu rencontrer tous ces gens.
39:56 Et puis, en plus, moi je pense à toutes ces familles qu'on a rencontrées
40:00 et qui ne sont pas dans le film.
40:02 À chaque fois, on a été accueillis, mais chaleureusement, à bras ouverts.
40:05 Ils avaient cette volonté très forte de témoigner sur leur situation.
40:11 C'était presque vital à chaque fois.
40:13 Donc évidemment, ils voulaient tous participer.
40:15 Ils voulaient tous partager les problèmes qu'ils rencontrent aujourd'hui.
40:19 Et pourquoi vous avez choisi cette famille-là spécifiquement ?
40:22 Je crois qu'on le voit dans le film.
40:24 Moujtou et Rocham sont exceptionnels.
40:26 C'est un duo hors pair.
40:28 Ils ont un sourire permanent.
40:31 Et être avec eux, c'est un vrai bonheur.
40:33 C'est quoi le statut des Vendrediars aujourd'hui en Inde ?
40:36 Les Vendrediars, c'est compliqué.
40:39 Ils sont 300 000 en Inde.
40:41 Il y en a 60 000 qui habitent en Outaracande.
40:43 Il y en a peut-être 2 000 qui ont été sédentarisés.
40:45 Mais tous les autres sont encore nomades et se déplacent entre les plaines et la montagne.
40:50 Aujourd'hui, tous ces gens sont menacés d'expulsion.
40:53 Quand ils vivent dans les plaines, ils vivent aussi dans des réserves naturelles, c'est ça ?
40:56 Ils vivent aussi dans des réserves forestières ou des parcs.
40:58 Donc ils sont toujours dans la peur d'être rattrapés par ces expulsions.
41:04 Aujourd'hui, le gouvernement indien veut vider les parcs et réserves forestières des Vendrediars.
41:10 C'est une situation qui est très compliquée.
41:12 C'est une attitude qu'on rencontre partout dans le monde.
41:15 Aujourd'hui, les ONG se mobilisent pour dénoncer cette façon de faire.
41:20 Tous les grands parcs et toutes les grandes réserves ont été créés sur l'expulsion des populations qui les habitent.
41:26 Mais au-delà de cette volonté de lutter contre ces expulsions,
41:31 il y a vraiment une prise de conscience qui tente à prouver qu'aujourd'hui,
41:35 c'est le seul moyen pour protéger ces zones sauvages.
41:38 On ne peut pas dissocier les habitants et la nature.
41:41 Et il faut trouver un compromis entre les deux.
41:44 Ils habitent ces régions depuis des générations.
41:47 Et pour eux, c'est un habitat qu'ils connaissent.
41:49 Donc je crois qu'aujourd'hui, il faut...
41:51 Mais ils l'entretiennent très bien. Ils sont partie intégrante de ces milieux-là.
41:54 Exactement.
41:55 Mais il nous apparaît comme une incroyable injustice.
41:58 Parce qu'effectivement, c'est important de protéger le monde sauvage.
42:01 Et on a la sensation que c'est incompatible. Et c'est partout dans le monde.
42:05 Et là, tu disais qu'il y a des études récentes qui montrent qu'au contraire,
42:08 les peuples autochtones permettent de protéger ces zones.
42:11 Ce sont peut-être une solution efficace pour protéger ces zones sauvages.
42:15 Alors la situation est encore plus grave en Inde.
42:17 Il y a quelques semaines, la Cour de justice indienne a rendu une décision
42:22 poussant à expulser plus d'un million de personnes en Inde.
42:25 Heureusement, cette décision n'est pas encore appliquée.
42:28 Les ONG ont fait appel.
42:30 Mais si cette décision venait à être appliquée,
42:33 elle créerait un précédent qui pourrait permettre d'expulser plus de 8 millions de personnes.
42:38 Et évidemment, c'est un problème colossal.
42:40 Et on parle beaucoup d'environnement en ce moment.
42:43 Mais il ne faut pas oublier que ces populations et cet équilibre,
42:46 je crois qu'il faut toujours l'avoir en tête.
42:49 Et on rappelle que l'Inde, c'est 1,35 milliards d'habitants.
42:53 Et que donc, ce sont des minorités parmi les minorités.
42:56 Mais ce sont des menaces, ce sont des décisions du gouvernement
43:00 qui menacent directement nos héros, là.
43:02 Qu'est-ce qu'ils attendent, eux, aujourd'hui ?
43:04 Alors, évidemment, c'est jamais tout blanc ou tout noir.
43:08 Ce qui peut paraître un peu paradoxal.
43:11 Aujourd'hui, les Vangoujar nomades veulent se sédentariser.
43:17 Ils ont compris que leur avenir n'était pas dans la forêt.
43:21 Et ils demandent au gouvernement de les aider pour faire dans cette sédentarisation.
43:26 On le voit à Gandikata, il y a deux villages qui ont été créés pour les accueillir.
43:30 Malheureusement, le gouvernement leur demande des documents
43:33 prouvant qu'ils habitent ces terres depuis trois générations.
43:36 Ils n'ont pas ces documents et c'est pratiquement impossible.
43:39 Pendant ce temps-là, les expulsions continuent.
43:41 Et évidemment, elles sont parfois violentes.
43:43 Et expulser les gens n'offre pas de solution puisqu'on déporte juste un problème
43:47 en créant des populations marginales qui vont, bien sûr, se retrouver dans des zones de pauvreté.
43:53 Pourtant, quand on voit nos héros, là, moi, j'étais surprise de constater
43:57 à quel point cette ville-là les faisait envie, en fait.
44:00 Ils ont envie de se sédentariser et de donner de l'éducation à leurs enfants.
44:04 C'est ça qui est très intéressant parce qu'aujourd'hui,
44:09 on a une leçon à recevoir de cette façon de penser.
44:13 Eux, leur objectif, c'est de donner une meilleure qualité de vie aux générations à venir.
44:19 Ils pensent à leurs enfants. Ils veulent que les enfants aillent à l'école.
44:22 Ils veulent que leurs enfants bénéficient de la santé.
44:25 Et c'est ce qui est le plus important pour eux.
44:29 Ils trouvent que leur vie est dure ?
44:30 Ils trouvent que leur vie est extrêmement dure.
44:32 Aujourd'hui, dans les plaines, leur vie est très dure.
44:36 Parce que la végétation est très dure à trouver pour nourrir les buffles.
44:40 Et donc, ils ont bien conscience que vivre dans ces conditions,
44:43 les enfants, ils ne veulent pas offrir cet avenir à leurs enfants.
44:46 C'est ça. Ils trouvent que leur vie est dure.
44:48 Ils ne se plaignent pas, mais ils souhaitent mieux pour leurs enfants.
44:50 Bien sûr.
44:51 Et cette phrase extraordinaire que vous avez à la fin quand vous disiez
44:54 "Ouais, on a fait des blagues parce qu'on ne voulait pas que vous ressentiez la dureté de notre vie".
44:57 Alors ça, c'est une phrase épuisée du ventre que j'ai jamais entendue.
45:00 C'est-à-dire qu'au fond, ils prenaient soin de leurs invités à l'extrême.
45:03 Ils voulaient que vous ne souffriez pas comme eux.
45:05 Et en plus, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que la zone de montagne où nous étions,
45:08 c'est une zone où ils se considèrent en vacances.
45:11 Quand ils sont dans la plaine, c'est un travail colossal tous les jours.
45:14 C'est presque 200 kilos de feuilles qu'ils doivent ramener pour nourrir leurs bétails chaque jour.
45:19 Saïra, elle travaille incroyablement dur chaque jour.
45:24 Elle me disait à chaque fois "Mais je ne veux pas que ma fille vive dans une situation aussi terrible".
45:29 Ils vous en ont parlé à vous directement, Franck, de ces difficultés quotidiennes,
45:32 de leur volonté de changer les choses pour leurs enfants ?
45:34 On l'a évoqué quand on a été dans ce village, mais c'est vrai qu'ils nous préservaient de tout ça.
45:39 Je pense surtout que ce sont des gens qui sont habitués à la dureté de cette vie.
45:43 Et ils ne s'en plaignent pas. Si on ne leur en parle pas, ils ne l'évoquent pas.
45:49 Au fond, parce que beaucoup de gens se sont demandé pourquoi il y a des documentaires sur les Vangoujar qui existent.
45:54 Mais dans un documentaire classique sur les Vangoujar, personne ne dira "l'eau est froide".
45:57 Si vous, vous n'êtes pas là pour dire "l'eau est froide", on ne le saura jamais.
46:00 Vous voyez ce que je veux dire ?
46:01 Oui, c'est ça l'intérêt de cette rencontre, au fond.
46:04 C'est d'avoir un point de repère.
46:07 Quand vous passez une journée de travail avec elle, vous faites la vaisselle, vous faites tout ce qu'elle fait,
46:11 quand vous faites la liste, on se rend compte d'un seul coup de tout ce qu'elle fait.
46:14 Parce que quand on y est, on ne se rend pas compte.
46:16 Un point important aussi, parce qu'ils m'ont beaucoup parlé.
46:19 Ils ont trois revendications que j'ai retrouvées dans toutes les familles que j'ai rencontrées.
46:24 Ils veulent que les nomades soient aidés à la sédentarisation.
46:27 C'est un point super important.
46:29 Ils ont envie que les populations sédentaires aient des titres de propriété.
46:33 Parce que dans le village de Gandikata, aujourd'hui, si un jour le gouvernement veut les expulser,
46:38 ils ne sont pas propriétaires ni de leur terrain, ni de leur maison.
46:41 Donc ça, c'est très très important.
46:43 Et après, ils veulent accéder à un statut de tribus protégées, qu'on appelle en anglais le "cettle of tribes",
46:49 qui est un statut privilégié qui permet d'accéder à des emplois dans l'administration,
46:54 d'avoir des places dans les universités, mais surtout d'exister.
46:57 Et c'est ça qu'ils veulent, exister et s'intégrer à ce statut, à la population indienne dans ces villages.
47:05 Mais ils n'ont pas de... et c'est très frappant, ils le disent, ils n'ont pas de carte d'identité.
47:09 Ils ne sont pas considérés tous un petit peu...
47:11 Certains en ont, certains en n'ont pas, c'est très difficile à savoir.
47:14 Mais aujourd'hui, ceux qui sont nomades, c'est ceux qui sont les plus défavorisés.
47:19 Ceux qui sont dans les villages, c'est d'un seul coup leur vif-fiance.
47:21 Franck, est-ce que vous avez eu des nouvelles récentes ?
47:23 Oui, bien sûr. On a des nouvelles, des très bonnes nouvelles.
47:26 Les transhumances de retour se sont très très bien passées.
47:29 Tout le monde va bien, les buffles vont bien, ils se sont bien installés en bas dans la plaine.
47:34 Ils vont bien et surtout, il y a un petit message de Rochane qui me disait
47:39 "Donc tu dis bien à Franck que Mouf-Tou travaille très très bien et que Sarah ne lui crie plus dessus."
47:44 Ah, bravo !
47:45 Il a fait la révolution !
47:54 Franck, qu'est-ce que vous vous retiendrez de toute cette aventure ?
47:58 Oh là, qu'est-ce que je retiens ?
48:01 Ce sont les prix égards, c'est un peu la fin de l'émission, vous l'avez compris.
48:03 Oui. Qu'est-ce que je peux vous dire d'autre à part que c'est la plus grande aventure de ma vie ?
48:09 Je le sais. J'ai mis beaucoup de temps à m'en remettre, j'ai mis beaucoup de temps à pouvoir en parler.
48:16 J'avais l'impression que les gens ne comprendraient pas ce que j'allais leur dire, alors je ne voulais pas en parler.
48:23 On a senti que c'était souvent difficile, même sur cette émission, aujourd'hui, de nous en parler.
48:30 Oui, parce qu'il y a des choses qui sont difficilement explicables, qui sont de l'ordre du ressenti personnel.
48:36 Mais je n'ai pas d'enfant, je suis confronté à cette petite, je ressens des trucs que je ne peux pas trop expliquer.
48:44 Là, on peut vous montrer des images que je n'avais pas vues non plus.
48:51 Les enfants, décidément, ne vous quittent pas, ici dans le village. En tout cas, Franck.
48:58 Non, écoutez, voilà, je voudrais vraiment te remercier, Fred, parce que ce qui s'est passé à l'aéroport est un détail de cette histoire incroyable, de cette aventure incroyable.
49:15 Remercier Raphaël qui a été mon compagnon de tous les instants, de toutes les confidences.
49:25 Franck qui a bien voulu me parler au bout de plus de deux semaines pour me raconter un petit peu l'histoire de ces gens.
49:35 Et puis Christian et toute son équipe, parce qu'évidemment, je suis réalisateur, j'étais très proche des équipes.
49:43 Et puis, j'étais très fan du travail de Christian qui a réalisé des Ushuaïa, des tas de terrains connus.
49:50 Et voilà, j'étais tellement fier qu'on pense à moi, que tu penses à moi pour faire cette émission.
49:58 Je ne me sentais pas assez légitime, peut-être pas assez connu, peut-être pas assez populaire pour les spectateurs de France télé.
50:06 Et alors, je te fais confiance jusqu'au bout pour le coup. Et quoi qu'il arrive, merci parce qu'on dit "quand on meurt, on a sa vie qui défile".
50:18 Et je crois que l'intégralité de ce film va défiler plus plein d'autres trucs que j'ai vécu là-bas.
50:22 - Je crois que vous avez été à la hauteur. Merci de nous avoir fait partager cette aventure et vos émotions.
50:28 Nous arrivons à la fin de cette émission. Je vous rappelle que vous pouvez la revoir, revoir le replay de "Rendez-vous en terre inconnue" sur France.tv.
50:37 Un replay que vous pouvez voir pendant 30 jours. Il faut qu'on parle encore de ce que fait Franck actuellement.
50:42 - Parce qu'en fait, forcément, tout ce qu'on a vécu ensemble, ou pas vécu parce que moi, c'est des nerfs de frustration, c'est très étrange.
50:48 J'ai pleuré pendant deux heures quand j'ai vu le film. Honnêtement, j'ai dit "c'est bon, je peux partir en paix".
50:52 Les valeurs sont là, l'équipe, elle est extraordinaire. Et vous étiez un invité sincèrement exceptionnel.
50:56 Vous avez une capacité à formuler ce que vous ressentez de manière hallucinante.
51:00 Vous avez une attention pour les autres qu'on voit dans ce film à tous les instants.
51:06 Parce que c'est pas juste quelqu'un qui ferait semblant pendant une heure. Non, non, c'est du matin jusqu'au soir.
51:10 Donc ça, ça ne trompe pas. Et donc, pas seulement parce qu'ils m'ont dit "je sais que vous êtes une très, très belle personne".
51:15 Et en plus, vous êtes un très bon réalisateur et un très bon acteur. Et je voudrais le dire parce que c'est quand même votre métier au départ.
51:19 Et il y a un film qui est à l'affiche en ce moment, que Raphaël et moi, on vous invite à aller voir.
51:23 C'est une comédie très réussie. Regardez "L'abandonne". Elle dit tout.
51:27 Et vous avez ce gars que vous avez trouvé extrêmement attachant ce soir. Vous pouvez le retrouver au cinéma.
51:30 C'est en ce moment. Ça tombe bien. Damien veut changer le monde. Regardez "L'abandonne".
51:34 J'ai un peu merdé avec un gosse. C'est quoi ça?
51:36 T'as un peu merdé avec un gosse? Qu'est-ce que t'as foutu?
51:38 Eh, mais oh, ça va pas? Pourquoi tu t'en suis comme ça?
51:40 Maman, elle n'a pas les papiers. On va être expulsés.
51:42 Aujourd'hui, vous n'avez pas les papiers ou c'est...
51:44 Tout le temps.
51:45 Un gosse avec sa maman qui va être reconduit à la frontière. Tu comprends?
51:48 Oh putain, j'ai eu peur jusqu'au stade.
51:50 Je veux juste t'aider, moi. C'est pas permis, ça?
51:52 Si tu veux nous aider, il faut reconnaître Parasate.
51:55 Donc vous reconnaissez être le père de Bassab?
51:57 Oui.
51:58 Ça y est, c'est bon, ça y est.
52:00 Ça va aller.
52:01 Bonjour. On est au courant de ce que tu as fait.
52:05 On veut la même chance que Bassab et sa maman, monsieur.
52:07 On va trouver une solution.
52:08 Il faut juste qu'on se bouge le cul et qu'on trouve d'autres pères.
52:10 Ce qu'on s'apprête à faire, là, ensemble, c'est enfreindre la loi.
52:13 On s'en souviendra de ce jour-là, hein?
52:15 C'est une suicide.
52:16 Ça va, ma chérie?
52:17 Appelez papa.
52:18 Appelez papa.
52:19 Je viens reconnaître ma fille.
52:22 Elle est Izzadjan... Aldiany.
52:24 Yaljanig.
52:25 Yaljanig.
52:27 On s'est un peu fait dépasser.
52:29 Son seul délit, c'est celui de la solidarité.
52:31 J'aurais aimé juste une fois réussir à faire un truc bien.
52:35 Jusqu'au bout, quoi.
52:36 Qu'est-ce qu'il y a?
52:39 Yaljanig, c'est une suicidaire comparatif.
52:40 En voulant le défendre, tu nous condamnes.
52:43 Ces femmes, les seules choses qu'elles veulent, c'est des écoles pour leur ménage.
52:49 Il y a peu de gens qui sont capables de faire ce que tu as fait pour eux.
52:52 C'est pas ton coffee qui tape mal les lingues?
52:56 C'est le coffee, là?
52:58 C'est lui, ce coffee?
52:59 Coffee?
53:00 Oui.
53:01 Ah, bah non.
53:02 C'est pas lui, alors.
53:03 Voilà, c'est passé au cinéma.
53:07 C'est très bien.
53:12 Et le jeu, c'est très réussi.
53:14 Vous allez ressortir de là, vous allez avoir la banane pendant une semaine.
53:16 Donc, franchement, vous avez adoré Fangastambide à la télévision ce soir.
53:19 Vous allez l'adorer au cinéma.
53:21 Allez-y.
53:22 Je vous jure que je me déculpabilise de rien du tout.
53:24 Je pense à ça.
53:26 Merci beaucoup.
53:27 C'est le moment le plus important pour nous et le plus ennuyant pour les téléspectateurs.
53:34 C'est le moment des remerciements.
53:35 Je ne peux pas faire la liste de tous ceux qui ont fait en sorte que tout ça existe.
53:38 Regardez bien le générique, ce sont les meilleurs du monde.
53:40 Je ne plaisante pas, j'ai vérifié.
53:42 Je pense que ce sont les meilleurs.
53:43 Et puis, je veux remercier à France Télévisions, Catherine Alvarez qui nous soutient tout le temps,
53:47 qui est la patronne des documentaires, Anne Gouraud et Laurence Samelin.
53:50 Et puis aussi Nathalie Dargan, Caroline Gauth.
53:52 Il y a beaucoup de gens qui font en sorte que tout ça existe encore une fois.
53:55 Vous savez que ça n'existe pas ailleurs.
53:57 Donc, j'aimerais dire merci au service public.
53:59 Je sais que j'ai oublié quelque chose, mais ça va venir.
54:08 Donc, je voudrais remercier quand même les téléspectateurs parce que vous avez été extraordinaires.
54:12 Parce qu'au fond, sur les réseaux sociaux, vous m'avez expliqué que vous aviez compris pourquoi je décidais de prendre un petit pas de côté.
54:17 Et donc, cette compréhension est incroyable.
54:19 Je voudrais remercier pour l'accueil chaleureux que vous avez fait à Raphaël.
54:22 Et vous savez que c'est la bonne personne.
54:23 Donc, merci à Raphaël.
54:24 Je voulais dire aussi que j'avais été extrêmement ému que Franck soit mon premier invité.
54:34 Parce que tu disais l'intelligence de la situation, mais il a aussi une force, je trouve.
54:39 C'est que s'intéresser aux autres, c'est évidemment poser des questions, mais c'est savoir écouter.
54:43 Et je trouve que Franck a cette capacité justement à écouter et qu'on a vécu ensemble pendant deux semaines, trois semaines.
54:50 Et donc, j'étais super heureux que ce soit toi et que ça restera gravé à jamais.
54:55 Et Rocham et Moustou sont à l'ombre de notre amitié.
54:58 C'est Phil Invisible qui nous relie maintenant.
55:00 Donc, merci.
55:01 On se retrouve bientôt à Moustou, à Rocham, à Saïra, à Najma, à Alpha, à toute la communauté.
55:09 Merci à tous de nous avoir suivis.
55:10 Raphaël, on se retrouve très bientôt.
55:12 On se retrouve très bientôt pour Notaires Inconnus.
55:15 Je suis parti avec les héros de Candice Renoir, la série événement sur France 2, avec Raphaël Langlais et Cécile Bois.
55:25 Dans un environnement, dans une région de France que je tiens secrète pour le moment.
55:31 Mais tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on a beaucoup rigolé et beaucoup pleuré aussi.
55:35 Alors, je ne sais pas vous, j'espère que vous serez là.
55:37 Moi, je serai devant ma télé en tout cas.
55:38 En tout cas, il faisait froid.
55:39 Merci.
55:40 Merci beaucoup Raphaël.
55:41 Merci beaucoup.
55:42 Merci beaucoup.
55:43 Merci à vous.
55:44 À bientôt.
55:46 Merci à vous de nous avoir accueillis.
55:48 À bientôt.
55:49 Merci.
55:50 Merci.
55:52 Merci.
55:54 Merci.
55:56 Merci.
55:58 Merci.
56:00 Merci.
56:02 Merci.
56:04 Merci.
56:06 Merci.
56:08 Merci.
56:10 Merci.
56:12 Merci.
56:14 Merci.
56:16 Merci.
56:18 Merci.
56:20 Merci.
56:22 Merci.
56:24 Merci.
56:26 Merci.
56:28 Merci.
56:30 Merci.
56:32 Merci.
56:34 Merci.
56:36 Merci.
56:38 Merci.
56:40 Merci.
56:42 Merci.
56:44 Merci.
56:46 Merci.
56:48 Merci.
56:50 Merci.
56:52 Merci.
56:54 Merci.
56:56 Merci.
56:57 [Musique]