• il y a 8 mois
"On ne devient pas antisémite le 7 octobre, ni anti-musulman le 11 septembre"

Dominique Sopo, président de SOS Racisme, analyse le phénomène de haine en ligne liée à la religion, notamment à travers la virilité des contenus de militants d’extrême droite. Certains diffusent sur les réseaux sociaux, à l’insu de personnes identifiées comme musulmanes, des scènes prières (qui n’en sont pas toujours).

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Transcription
00:00 On ne devient pas antisémite le 7 octobre ou le 8 octobre.
00:02 De la même façon que les gens ne sont pas devenus anti-arabes ou anti-musulmans
00:07 le 11 septembre 2001 ou le 12 septembre 2001.
00:09 La haine en ligne liée à la religion arrive souvent par vagues sur les réseaux sociaux
00:15 et on va essayer de décortiquer tout cela ensemble.
00:17 Ces derniers temps, on a vu effectivement qu'il y a eu des contenus
00:22 qui ont connu une certaine viralité,
00:23 qui pouvaient être en lien avec des logiques de haine,
00:26 de la haine vis-à-vis des religions.
00:28 On a notamment un activiste d'extrême droite des réseaux sociaux
00:32 qui filmait soi-disant des personnes musulmanes qui faisaient des prières un peu partout
00:38 pour montrer que vraiment il y avait des atteintes récurrentes et massives à la laïcité.
00:43 Malheureusement, par le manque de régulation,
00:45 par le fait que les plateformes n'ont pas joué le jeu pour beaucoup d'entre elles ces dernières années,
00:50 un espace de haine s'est développé sur les réseaux sociaux
00:55 et c'est aussi cela qui aujourd'hui doit être combattu.
00:58 En France, on a le droit de critiquer les religions de façon tout à fait libre.
01:03 Par contre, ce qui n'est pas autorisé,
01:05 c'est de prendre pour cible des personnes à raison de leur religion.
01:09 On a le droit de critiquer le christianisme, l'islam, le judaïsme en tant que religion,
01:15 en disant "ces religions ne me plaisent pas, je pense qu'elles posent problème", etc.
01:19 Par contre, on n'a pas le droit de dire "j'ai un problème avec les personnes"
01:23 parce qu'elles seraient musulmanes, parce qu'elles seraient juives, parce qu'elles seraient chrétiennes.
01:27 Là, on passerait dans de l'incitation à la haine
01:31 ou à de la diffamation à raison de la religion ou à de l'injure.
01:35 Et là, on serait effectivement dans quelque chose d'illégal.
01:39 Vous risquez un an de prison et 45 000 euros d'amende.
01:43 Que vous soyez en appui du contenu,
01:46 que vous le commentiez de façon positive ou négative,
01:49 que vous le repreniez pour l'approuver ou pour le critiquer,
01:52 tout ça, ça contribue à faire buzzer ce type de contenu,
01:58 qui en plus sont des contenus qui sont parfois poussés par des groupes extrêmement structurés,
02:04 notamment des groupes d'extrême droite,
02:05 qui donc ont une capacité démultipliée,
02:08 même par rapport à ce qu'ils représenteraient en réel dans la société,
02:11 à faire en sorte que ce type de contenu gagne en viralité.
02:15 Il est certain que lorsque l'on parle d'une animosité vis-à-vis des religions en ligne,
02:21 on voit bien que cette animosité va relativement fréquemment
02:25 plutôt cibler l'islam et les musulmans,
02:28 pour une raison très simple,
02:29 c'est que ces animosités sont souvent portées par l'extrême droite.
02:33 Les groupes dont on parle sont des groupes qui vont avoir tendance
02:36 à se concentrer sur une religion en particulier.
02:39 L'expression de l'antisémitisme est une expression
02:43 qui fonctionne aussi par bouffée de chaleur.
02:45 On l'a vu pendant le Covid,
02:47 il y a eu une tendance, notamment dans les réseaux complotistes,
02:51 d'expliquer que c'était des juifs, comme par hasard,
02:54 qui étaient proches d'éléments troubles en relation avec la connaissance du virus,
03:00 parce que ça n'est pas sans rapport avec une vieille tradition
03:04 qui consiste à associer le juif à un empoisonneur.
03:08 On a vu ressurgir après le 7 octobre,
03:10 l'expression d'un antisémitisme à travers des dégradations de lieux,
03:14 à travers des insultes, des injures ou des diffamations,
03:17 et même à travers des agressions.
03:20 Et donc, je dirais, l'antisémitisme fonctionne par bouffée de chaleur,
03:25 mais ces bouffées de chaleur montrent que l'antisémitisme est toujours là.
03:29 On ne devient pas antisémite le 7 octobre ou le 8 octobre.
03:32 De la même façon que les gens ne sont pas devenus anti-arabes ou anti-musulmans
03:36 le 11 septembre 2001 ou le 12 septembre 2001.
03:39 Ça réveille des choses qui existent en réalité
03:42 et qui vont s'appuyer sur un événement de grande ampleur,
03:47 extrêmement médiatisé, pour s'exprimer à nouveau
03:50 et trouver une forme de légitimation à travers l'actualité.
03:54 Il faut bien avoir conscience que ces propos créent des atmosphères
03:57 qui sont extrêmement dévalorisantes pour les personnes qui sont ciblées.
04:01 Lorsque les propos haineux, lorsque les propos diffamatoires
04:04 se déploient dans une société et sont vus comme étant finalement des propos normaux,
04:09 des propos de bon sens, ça a d'autres types de conséquences.
04:12 Des conséquences en termes de discrimination.
04:14 Si vous pensez vraiment que les Roms sont des voleurs,
04:17 est-ce que vous allez embaucher un Rom qui se présenterait pour vous
04:20 en disant "je veux travailler dans votre entreprise" ?
04:22 Ben non !
04:23 Et donc c'est ça aussi le problème.
04:24 C'est quand on diffuse sur des stéréotypes, sur des préjugés racistes,
04:29 ça a des conséquences pour les personnes qui sont visées
04:32 par ces stéréotypes ou par ces préjugés.
04:34 Je pense qu'il faut toujours se demander sur les réseaux sociaux
04:37 avant de faire des commentaires, c'est "est-ce que je dirais cela
04:40 si la personne était en face de moi ?"
04:43 Eh ben bien souvent, je pense que les gens se diraient à eux-mêmes
04:46 "non je ne le dirai pas".
04:48 Si vous ne le dites pas en face à face à des gens,
04:50 évitez de le dire sur les réseaux sociaux.
04:52 *BIP*

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