Jean-Jacques Mitton ,vice président de l'Association de Recherche de Personnes disparues
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00:00 Les faits divers, les disparitions mystérieuses, tout ça intrigue et fascine l'ensemble des Français.
00:06 Mais derrière, il y a des familles qui cherchent des réponses.
00:09 Pour tenter de leur apporter, l'ARPD, l'association de recherche de personnes disparues, mène l'enquête.
00:15 Il s'agit de bénévoles.
00:16 Et vous, est-ce que ça vous tenterait peut-être d'avoir une de ces missions ?
00:19 Venez témoigner dès maintenant. On vous attend au 02.38.53.25.25.
00:23 Et Marie, pour commencer à en parler, nous sommes avec le vice-président de l'ARPD en centre Val-de-Loire.
00:28 Bonjour Jean-Jacques Mitton.
00:30 Merci de m'accueillir, bonjour.
00:31 Vous avez participé à relancer l'ARPD en centre Val-de-Loire il y a à peu près deux ans.
00:36 Tout simplement, pourquoi ?
00:38 Ben disons que moi, j'avais entendu parler de l'association,
00:42 donc je m'étais dit pourquoi ne pas la rejoindre parce que le sujet m'intéressait.
00:47 Et donc nous avons été contactés par le président national qui souhaitait relancer l'association sur la région centre,
00:56 qui avait été laissée un petit peu à l'abandon.
00:59 Donc nous nous sommes réunis à quatre au départ pour créer un bureau.
01:05 Et voilà, nous avons relancé et puis commencé à recruter.
01:10 Et nous sommes maintenant à peu près 25, ça dépend parce qu'il y a des arrivées, des départs,
01:16 à peu près 25 sur la région centre.
01:18 L'ARPD, exactement comment ça fonctionne ? Vous faites quoi en fait ?
01:22 Alors l'ARPD, c'est une association de 1901 qui a été créée en 2003.
01:29 En 2016, les statuts ont été remaniés pour avoir une assise nationale.
01:34 Ce sont des bénévoles en fait qui aident à retrouver éventuellement des personnes disparues ?
01:43 Voilà absolument, voilà.
01:44 Donc nous sommes saisis par les familles qui sont parfois laissées un petit peu à l'abandon
01:48 par les services enquêteurs ou par la justice, qui se sentent abandonnés.
01:53 Donc à partir du moment où ils ont entendu parler de l'association, ils nous contactent.
01:59 Donc nous rentrons en contact avec eux et puis nous ouvrons un dossier
02:04 et nous relançons les recherches dans les plus brefs délais.
02:10 Vous dites que les familles se sont abandonnées.
02:13 Vous, vous êtes un ancien policier.
02:14 Ça veut dire que vous savez, vous avez eu l'expérience que tout n'est pas forcément fait
02:18 par manque de moyens, par manque de temps ou parce que ça fait trop longtemps que la personne a disparu ?
02:23 Voilà et puis bon, il y a quelques temps, c'était un sujet qui n'était pas abordé avec autant de sérieux.
02:35 Mais bon voilà, les disparitions, ça n'était pas un grand sujet.
02:40 Donc maintenant, les pouvoirs publics ont quand même fait un effort là-dessus
02:46 et c'est quand même pris avec beaucoup plus de sérieux par les magistrats, par les services enquêteurs
02:52 concernant les disparitions inquiétantes.
02:54 Sachant que le chiffre est assez impressionnant, plus de 60 000 personnes disparues par an.
02:58 Ça veut dire quoi ? Parce que 60 000, on se dit c'est énorme.
03:01 En fait, dans disparition, on comprend tout.
03:03 On comprend les fugues, éventuellement les personnes qui peut-être sont malades
03:09 et qui disparaissent pendant quelques heures, donc les familles sont inquiètes.
03:11 Ça comprend tout ça ?
03:12 Ça comprend tout ça.
03:13 Alors donc, il y a à peu près, vous l'avez dit, 60 000 personnes.
03:18 Sur les 60 000, il y a à peu près 5 000 personnes de disparition volontaire.
03:22 Donc sur les 55 000, nous avons 42 200 mineurs à peu près.
03:29 Et il y a à peu près 12 800 majeurs.
03:32 Donc pour les mineurs, la plupart sont des fugues.
03:35 Et puis il y a également les enlèvements parentaux.
03:38 Et ensuite les affaires criminelles, bien sûr, dont tout le monde parle en ce moment.
03:43 Qu'est-ce que les bénévoles peuvent apporter ?
03:45 Ce sont des amateurs, les bénévoles, ou des anciens éventuellement, comme vous.
03:49 Mais qu'est-ce que vous pouvez apporter de plus que les autorités, les forces de l'ordre et la justice ?
03:55 Déjà un soutien moral aux familles qui se sentent un petit peu démunies.
04:01 Donc on vient vers eux pour leur dire qu'ils ne sont pas tout seuls.
04:06 On va essayer de faire bouger les choses.
04:10 Aussi bien auprès des pouvoirs publics que des magistrats.
04:16 Et puis relancer un petit peu l'affaire.
04:22 Donc ça veut dire que vous, au nom des familles qui vous ont saisi,
04:25 vous allez toquer à la porte dans les tribunaux, dans les services des commissariats en disant
04:30 "En fait ça en est où ? Qu'est-ce qu'on fait ? Comment on relance ?"
04:33 On utilise aussi les services de la presse qui nous sont d'une grande aide.
04:39 Puisqu'à partir du moment où on relance une affaire dans la presse,
04:43 les pouvoirs publics sont quand même plus sensibles à tout ça.
04:47 Et il y a des affaires emblématiques en centre Val-de-Loire par chez nous,
04:52 que vous avez réussi à relancer ?
04:54 Oui absolument, à Loire-et-Cher, la disparition de Mariline Brienne en 2006.
04:59 Bon, disparue de chez elle, on n'a jamais retrouvé sa trace.
05:04 Donc on était saisis par les parents l'année dernière.
05:08 Et nous avons intercédé auprès de la Nouvelle République du Centre.
05:15 On a recontacté le journaliste qui avait au départ suivi l'affaire.
05:23 Et on lui a demandé si on pouvait réactiver dans la presse un petit peu,
05:29 pour sensibiliser les choses.
05:31 Et puis nous avons demandé, parce que nous ne pouvons pas saisir directement les choses,
05:38 on intercède que par les familles.
05:40 Donc on a incité la famille à recontacter la procureure de la République de Blois,
05:46 qui nous a reçus très rapidement et fort gentiment.
05:50 Et qui nous a permis d'avoir accès aux dossiers sur lesquels nous avons travaillé,
05:57 pour essayer de ressortir des éléments probants.
06:01 Et à la suite de ça, l'année dernière, au mois de novembre,
06:05 la procureure de la République de Blois a réouvert l'enquête en enquête préliminaire
06:11 et a saisi la section de recherche d'Orléans.
06:14 Donc ça veut dire qu'effectivement vous avez parfois des victoires,
06:18 en tout cas qui aident les familles à reprendre espoir.
06:21 Ces familles, vous l'avez dit, la RPD c'est aussi un soutien émotionnel,
06:25 comment on fait pour ne pas non plus trop s'impliquer ?
06:27 Parce que ça j'imagine qu'effectivement il faut garder un peu de distance.
06:30 - Absolument, il faut avoir du recul quand même,
06:33 parce que même si on s'insère un petit peu dans la famille pour la soutenir,
06:39 on ne fait pas partie de la famille.
06:41 Donc il faut quand même savoir qu'on n'a pas non plus tous les tenants et les aboutissants de l'enquête.
06:47 Donc il se peut, vous savez, dans ce genre d'affaires,
06:51 parfois les familles se sont impliquées aussi et on ne le sait pas forcément au départ.
06:55 Donc il faut être quand même très prudent et puis rester à notre place.
06:59 Et rester humble aussi, parce qu'on ne connaît pas tout.
07:03 Donc forcément il faut avoir du respect et puis de l'intégrité.
07:10 - Il n'y a que trois bénévoles dans le centre Val de Loire,
07:14 une vingtaine dans le centre Val de Loire.
07:16 Donc là ce matin l'appel c'est aussi "venez, si ça vous intéresse,
07:21 si vous avez envie d'apporter du soutien, venez nous rejoindre".
07:24 - Absolument, on est très demandeurs.
07:27 Sur la Touraine on a un gros contingent, c'est curieux,
07:34 mais beaucoup de bénévoles sont regroupés sur Tour.
07:37 Bien sûr on accueille tout le monde.
07:40 - Donc on lance un appel à ce matin aux bénévoles.
07:43 Merci beaucoup Jean-Jacques Mitton d'avoir été notre invité.
07:46 Vous êtes le vice-président de la RPD en centre Val de Loire.
07:48 Merci beaucoup, bonne journée.
07:49 - Je vous en remercie, merci à vous.
07:51 - Merci à vous deux.
07:52 Et cette journée on la commence ensemble avec Lydie Leng.