• il y a 7 mois

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00:00 Vêtements, nourriture, énergie.
00:03 Nous consommons toujours plus.
00:05 Aujourd'hui, le gaspillage est présent partout dans nos vies.
00:08 La mode jetable déverse dans les rayons plus de 100 milliards de vêtements par an.
00:13 Soit 60% de plus qu'il y a 15 ans.
00:16 Chaque seconde dans le monde, l'équivalent d'une baigne de vêtements est jeté à la poubelle.
00:21 En fait, c'est la fosse commune de notre garde-robe.
00:25 Dans nos assiettes, c'est la même chose.
00:28 Grande distribution, cantine, restaurant.
00:31 Mais surtout à la maison, nous jetons 15 kilos de nourriture par personne chaque année.
00:37 Ça par exemple, ça me fout en rogne.
00:39 Il y a une vache, elle a été tuée pour quelque chose qui va finir à la poubelle.
00:42 Quand on pense que près de 30% des aliments sont gaspillés,
00:48 en fait c'est 30% du champ de l'agriculteur qui aura servi à produire quelque chose qui va finir par être jeté.
00:54 On produit de quoi nourrir une fois et demie la population mondiale
00:57 et pourtant, il y a des milliers et des milliers de personnes qui souffrent de la faim.
01:00 Cette boulignie de consommation dans tous les domaines de notre vie dérègle toute la planète.
01:06 Chauffage, climatisation, villes sureclairées toutes les nuits.
01:10 Un quart de l'énergie que l'on consomme, c'est du gaspillage.
01:14 En ville, il n'y a quasiment plus de nuit.
01:17 Si vous cherchez une étoile, ça va devenir de plus en plus compliqué.
01:19 Notre consommation démesurée d'énergie entraîne aussi des conséquences insoupçonnées et dramatiques.
01:27 Notre lumière déroute les oiseaux migrateurs comme les insectes et participe à la disparition des espèces.
01:33 Si les insectes disparaissent, il n'y a plus de vie sur Terre.
01:37 Épuisement des ressources, pollution, produits toxiques, le gaspillage nous menace tous.
01:53 Bonsoir à toutes et à tous, nous sommes ravis de vous retrouver pour ce nouvel épisode de 2050,
01:58 l'émission qui nous projette dans le futur.
02:01 En 2050, l'humanité fait face à une crise de la natalité.
02:04 40% de la population est stérile, un effondrement prévisible car en 2022 déjà,
02:10 le taux de reproduction masculine en Europe avait chuté de moitié en l'espace de 50 ans.
02:15 Cette stérilité, elle pourrait s'expliquer par les vêtements que nous portons,
02:19 fabriqués à l'aide de produits toxiques pour satisfaire la fast fashion,
02:23 une mode qui nous pousse à acheter toujours plus de vêtements.
02:26 Nous sommes en 2018, un scandale fait la une des journaux.
02:36 L'enseigne de luxe britannique Burberry détruit toute une partie de sa production de manteaux invendus
02:42 au nom de la protection de la marque.
02:45 Burberry a détruit en 2017 20 000 trenches, tout à fait neuves, en parfait état, de très bonne qualité,
02:51 parce qu'il ne fallait pas faire baisser le prix.
02:54 Bilan de l'opération, 31 millions d'euros partis en fumée.
02:59 L'affaire fait couler tellement d'encre que deux mois plus tard,
03:02 la marque britannique renonce à cet usage.
03:04 La pratique est pourtant banale pour de nombreuses marques,
03:07 car stocker des vêtements invendus dans des entrepôts coûte cher,
03:11 et hors de question de les remettre en vente plus tard.
03:13 Cette dérive, c'est la conséquence de la fast fashion,
03:16 la mode qui nous pousse à acheter toujours plus de vêtements.
03:20 Et récemment, on a aussi vu apparaître de nouveaux géants sur Internet.
03:26 C'est une révolution qui va multiplier les occasions d'acheter.
03:30 L'idée de la mode, l'idée des collections jusqu'à 24 collections par an,
03:36 du gaspillage, du fait de jeter des vêtements même pas portés,
03:39 ou même de jeter des vêtements neufs, ça c'est vraiment ultra récent.
03:43 Aujourd'hui, on a une cinquantaine de saisons.
03:48 On a la saison de la rentrée, parce qu'en septembre,
03:51 je ne sais pas pourquoi, il y a un nouveau placard.
03:53 On a aussi la saison des mariages.
03:55 Quelle robe faut-il porter cet été pour aller au mariage de la copine ?
03:58 Évidemment la saison des maillots de bain, les demi-saisons.
04:01 Il faut absolument y aller, on a besoin de cet habit.
04:04 C'est la nouvelle mode pour être accepté socialement.
04:08 En plus de multiplier les saisons, la fast fashion invente
04:11 une autre arme redoutable pour nous faire dépenser les soldes à répétition.
04:16 Aujourd'hui, il y a des soldes partout, tout le temps.
04:20 Et on a tout le temps l'impression de manquer une occasion
04:23 si on ne saisit pas cette affaire.
04:24 Et donc on a l'impression de gagner de l'argent,
04:26 alors qu'en fait, on en a utilisé en achetant ce vêtement
04:29 qu'on ne va finalement pas mettre.
04:31 La mode rapide casse les prix pour que nous achetions toujours plus,
04:35 sans remords.
04:38 En fait, la fast fashion est synonyme de gaspillage à cause de son coût.
04:42 C'est-à-dire qu'à 2,50€, à 4,90€, à 9,90€,
04:47 on peut se permettre de jeter le vêtement.
04:49 On peut se permettre d'avoir un achat impulsif.
04:53 Du coup, quand il y a une tâche sur un t-shirt à 3€,
04:56 on peut s'en racheter un.
04:58 L'industrie de la mode ne laisse rien au hasard.
05:01 Même l'ambiance est étudiée pour vous faire consommer.
05:06 Vous arrivez dans un centre commercial, ça clignote partout.
05:09 Vous savez, il n'y a pas de lumière naturelle dans les centres commerciaux.
05:13 Comme dans les casinos.
05:15 C'est pour qu'on oublie, en fait, le temps qui passe.
05:19 Tout simplement.
05:20 Résultat, nous accumulons sans compter dans nos placards
05:24 une masse phénoménale de vêtements produits par l'industrie textile.
05:28 Aujourd'hui, on a assez de vêtements pour habiller l'humanité tout entière.
05:33 On n'a absolument pas besoin d'en produire plus.
05:36 Au niveau global, il y a 140 milliards de vêtements
05:39 qui sont produits chaque année dans le monde.
05:41 Et tout un chacun, on peut avoir beaucoup de vêtements dans notre garde-robe.
05:45 Il y a une question de quantité, mais surtout d'usage.
05:48 Est-ce qu'on met vraiment ces vêtements ?
05:50 Et ce manque de questionnement, c'est toute la fast fashion.
05:53 Et c'est ça, le gaspillage, en fait.
05:55 La consommation mondiale de vêtements et de chaussures
05:58 a doublé ces 10 dernières années.
06:00 Nous, les consommateurs de vêtements,
06:02 parce qu'on ne sait plus ce que des gens qui s'habillent,
06:04 on se comporte de manière pas très rationnelle.
06:07 C'est-à-dire qu'on utilise à peu près un tiers de notre garde-robe.
06:10 Les deux tiers, en fait, ils restent dans le placard.
06:13 Il y a le vêtement qu'on achète et qu'on oublie.
06:16 Celui qui se retrouve au fond du placard,
06:18 qu'on redécouvre des années plus tard encore avec l'étiquette.
06:21 Seulement, il y a un autre problème lié à ce gaspillage de vêtements.
06:27 Un problème souvent complètement ignoré par les fashion victimes.
06:31 Le fait de produire plus fait qu'on produit de moins bonne qualité.
06:35 Donc la fast fashion, c'est que ces vêtements regorgent
06:37 de toujours plus de composés chimiques qui, à la longue,
06:39 peuvent avoir un impact sur notre santé.
06:41 Pour produire toujours plus, on est obligé d'utiliser
06:43 de plus en plus de produits toxiques
06:45 pour remplacer, d'une certaine manière, les matières premières de qualité.
06:48 Certains composants des vêtements vendus par la fast fashion
06:52 sont en effet très peu utilisés.
06:54 Certains composants des vêtements vendus par la fast fashion
06:57 sont en effet très dangereux pour l'environnement et pour notre santé.
07:01 Ce n'est jamais écrit sur les étiquettes
07:05 où vous ne verrez que du polyester.
07:07 Ou donné la stane, par exemple.
07:12 Pourtant, à toutes les étapes avant leur mise en vente,
07:17 ces vêtements bon marché se chargent de produits toxiques.
07:22 Ils sont fabriqués avec du coton, souvent,
07:25 qui pousse avec des produits chimiques, des pesticides, des insecticides.
07:29 Ensuite, pour donner aux vêtements une couleur originale,
07:33 comme ce joli bleu indigo,
07:35 il faut le teindre avec d'autres produits tout aussi nocifs.
07:38 La teinture, c'est un peu le drame.
07:43 Dans ces teintures-là, on a du cadium,
07:48 du barium,
07:51 du mercure, des métaux lourds.
07:53 Ils sont extrêmement dangereux pour la santé, c'est prouvé scientifiquement.
07:57 Pour comprendre la dangerosité des colorants que l'on utilise pour nos vêtements,
08:07 direction le Bangladesh, El Dorado des enseignes à Bakou.
08:10 Ici, les usines textiles déversent des milliers de mètres cubes
08:17 de produits toxiques dans les rivières de Dhaka, la capitale du pays.
08:21 La pollution générée par la surproduction de vêtements bas de gamme
08:26 est visible à l'œil nu.
08:28 Certaines fois, les rivières deviennent bleues.
08:36 C'est-à-dire qu'on regarde la rivière, on sait quelle est la couleur à la mode.
08:41 Et ce n'est pas fini.
08:42 Les tissus de la fast fashion sont composés d'autres substances chimiques
08:46 aux vertus à première vue incroyables.
08:48 Imperméables,
08:50 déperlants,
08:51 antitranspirants,
08:52 intachables,
08:53 infroissables.
08:54 Lorsque vous avez des tissus de la fast fashion,
09:02 vous pouvez les utiliser pour des produits toxiques.
09:04 C'est-à-dire que vous pouvez les utiliser pour des produits toxiques.
09:07 Lorsque vous avez votre tee-shirt qui est fait, qui est teint,
09:11 pour limiter par exemple les repassages, c'est-à-dire pour notre confort,
09:15 on utilise des produits de finition qui sont extrêmement dangereux.
09:18 Et ce sont encore des produits chimiques et des produits chimiques qui sont ajoutés.
09:22 Des chemises qui ne se froissent pas, par exemple,
09:24 ce n'est pas par la magie de la fibre textile.
09:26 C'est parce qu'on a ajouté un de ces composants
09:28 qui ont un impact sur notre environnement et sur notre santé.
09:31 Et c'est là tout le problème.
09:34 Ces produits chimiques mis ensemble, souvent toxiques,
09:37 sont ce qu'on appelle des perturbateurs endocriniens.
09:40 Ils nuisent gravement à notre santé et à notre fertilité
09:44 lorsqu'ils pénètrent dans notre corps à travers nos vêtements.
09:47 Ce qui est particulier avec les vêtements, c'est qu'ils sont contre vous.
09:51 Et même contre vous de façon très intime.
09:53 Vous avez des pores et tous ces produits entrent dans votre corps.
09:57 Et ces composés chimiques, en fait, ont un impact sur nous, notre santé, à la longue.
10:01 Ils vont avoir un préjudice sur notre croissance, sur notre fertilité.
10:07 En fait, nos vêtements sont en contact avec notre peau 24 heures sur 24.
10:12 Il faut laver les vêtements neufs, ça les débarrasse d'un certain nombre de composés chimiques.
10:15 C'est certain, ça ne règle pas tout, mais c'est toujours mieux de le faire.
10:18 Avec l'explosion de la mode rapide, ces composés chimiques nocifs
10:22 seraient aujourd'hui présents dans deux tiers des vêtements en vente.
10:25 Voilà pourquoi, si nous ne réduisons pas drastiquement
10:28 notre consommation effrénée de vêtements,
10:31 des fashion victimes pourraient bien voir leur fertilité sérieusement altérée
10:35 et rencontrer d'autres problèmes.
10:37 Le 15 novembre 2050, Anna s'offre un après-midi shopping.
10:43 Après un essayage rapide aux cabines, des plaques apparaissent sur tout son corps.
10:53 En 2050, les allergies violentes et les chocs toxiques à cause des vêtements neufs sont légion.
10:58 Anna s'effondre, inconsciente. Il faut appeler les urgences.
11:02 Et le diagnostic tombe, allergie aux vêtements neufs.
11:05 Direction l'hôpital.
11:07 Cela peut paraître fou, pourtant, ce scénario catastrophe, certains l'ont déjà vécu.
11:21 Katia le maître revient de loin.
11:23 Tout a commencé en juin 2017, lorsque cette jeune retraitée s'offre cette paire de sandales,
11:29 parfaite pour l'été.
11:31 75 euros tout de même, mais pour Katia, c'est le prix de la qualité.
11:37 C'est des chaussures que vous auriez peut-être acheté vous-même, en cuir,
11:42 qui avaient l'air de bonne qualité.
11:44 Pourtant, Katia est encore loin de s'imaginer ce qui l'attend en enfilant sa nouvelle paire de chaussures.
11:49 Donc j'ai porté ces chaussures neuves une journée,
11:52 puis très rapidement, j'ai commencé à ressentir des brûlures sur les orteils.
11:56 Puis après, ça a gagné la totalité du pied.
11:58 Ça me piquait, ça me brûlait, ça ne me grattait pas.
12:01 C'était une vraie brûlure de contact.
12:04 Tout de suite, ça a été noir, ici.
12:09 Quelques heures, ça a été noir.
12:10 Ça noircit de plus en plus, oui, ça devient vraiment croûteux.
12:13 Et puis après, il y a la totalité de toute la peau, ici, qui est partie.
12:18 Pendant trois mois, Katia ne pourra ni travailler, ni même marcher normalement.
12:22 Après analyse, le diagnostic du médecin tombe.
12:26 C'est un sévère eczéma de contact, provoqué par un produit ajouté au cuir.
12:31 Ce produit portant le nom, le diméthyl fumarate.
12:36 Derrière ce nom compliqué se cache un agent anti-moisissure.
12:45 Hautement toxique, appliqué sur le cuir par l'étanneur, pour le protéger pendant le transport.
12:50 On ne se rend pas compte aussi de tout le trajet qu'a fait ce vêtement pour venir jusqu'à nous.
12:56 Dans le textile, le fait qu'il soit produit loin, c'est surtout pour les produire moins cher.
13:00 Et dans des endroits où les normes environnementales sont moins importantes qu'en Europe.
13:03 La mode rapide, la fast fashion, c'est-à-dire un truc de consommation à outrance,
13:07 elle pousse le système dans ses retranchements absurdes.
13:10 Notamment en faisant fabriquer de plus en plus loin les produits.
13:14 Les vêtements avec des kilomètres de distance considérables.
13:18 C'est bien le produit antifongique et le produit de conservation des tissus, des cuirs
13:24 et de tout type de textile ou de matériaux qui voyagent dans des containers pendant plusieurs mois
13:30 et qui ont besoin d'être protégés de l'humidité des champignons.
13:33 Katia est intoxiquée à vie.
13:36 Après ses pieds, c'est son poignet qui a été brûlé.
13:38 En cause cette fois, une montre en cuir.
13:41 Car la matière, là encore, avait été traitée par le même produit de conservation.
13:45 Cette substance, on l'a compris, est donc très dangereuse.
13:48 Et pourtant, c'est incroyable, elle n'est mentionnée nulle part sur les pièces qui ont été traitées.
13:54 C'est un vrai produit toxique. Malheureusement, ça ne figure sur aucune étiquette.
14:02 Non, il n'y a pas de réglementation qui oblige un vêtement à stipuler
14:08 selon les composés chimiques qui ont été utilisés.
14:11 Des vêtements fabriqués au bout du monde qui voient intoxique, sans aucun moyen de se protéger.
14:17 Il est sans doute temps de mettre un terme à cette incroyable gabegie.
14:21 D'autant que notre planète, elle aussi, paie un lourd tribut.
14:25 La production d'un seul jean, par exemple, gaspille notre ressource la plus précieuse.
14:37 Pour fabriquer un jean et un t-shirt classique, ça consomme autant d'eau que ce que peut boire un humain en 13 ans.
14:44 Donc il faut se rendre compte de l'énorme gaspillage que ça produit.
14:47 Il faut 8000 litres d'eau pour produire un jean.
14:51 Vous avez l'eau du coton, l'eau des teintures.
15:00 Si vous voulez un jean un petit peu plus usé, un petit peu plus comme ceci, des strass.
15:06 En fait, il y aura toujours un moment où vous allez relaver, relaver et encore relaver ce jean.
15:12 Donc on ne se rend pas forcément compte de tout ce qui a été nécessaire pour produire, transformer et distribuer ce jean.
15:20 Et puis, il y a autre chose dont on ne vous a pas parlé.
15:28 Ces vêtements, lorsque nous n'en voulons plus, nous encombrent.
15:32 Au point de ne plus savoir qu'en faire.
15:35 N'avez-vous jamais remarqué ces containers à vêtements qui débordent à chaque coin de rue ?
15:40 On aimerait bien que tout soit recyclé, que tout soit remis dans un circuit de vente de seconde main ou quoi que ce soit.
15:46 Mais ce n'est pas le cas.
15:47 En réalité, seulement une petite quantité de tout cela sera réutilisé.
15:52 Les pièces en très bon état seront données ou revendues pour être à nouveau portées.
15:57 Une autre partie sera recyclée en matériaux isolants.
16:01 Mais une grande part de ces vêtements abandonnés sont en réalité exportés aux quatre coins de la planète.
16:08 Direction le Chili, dans le désert de l'Atacama.
16:15 Il est envahi par de gigantesques décharges de textiles.
16:20 Des dizaines de milliers de tonnes de vêtements abandonnés en plein air.
16:28 Parce qu'on ne sait pas quoi en faire et que c'est moins cher pour les fabricants de ces vêtements-là de les envoyer au Chili plutôt que de s'en occuper.
16:35 C'est-à-dire qu'encore une fois, comme on produit trop de vêtements par rapport à l'utilisation qu'on en a à réel,
16:39 finalement ces vêtements ne peuvent pas entrer dans un circuit de seconde main,
16:42 ne peuvent pas être recyclés parce qu'on n'a pas besoin d'autant de vêtements.
16:45 Donc à la fin, il faut bien en faire quelque chose.
16:47 Et finalement, pour un certain nombre de marques, c'est plus économique de les envoyer au fin fond du Chili et que ça finit dans une décharge à ciel ouvert.
16:56 En Afrique, c'est la même chose.
16:58 Le Ghana, autrefois réputé pour son marché de la seconde main, est désormais enseveli sous des dunes de vêtements inutilisés.
17:06 Ces vêtements au Ghana, en fait, ils sont mis dans des montagnes de déchets.
17:11 En fait, c'est la fosse commune de notre garde-robe.
17:14 On a fait de l'Afrique des cimetières à vêtements.
17:21 La raison, c'est encore une fois la composition de ces vêtements à base de produits chimiques.
17:26 Acétate, acrylique, chlorofibre, vinyle, élastane, polyester, polyamide, viscose.
17:33 Ces composants sont en fait des plastiques produits à partir de pétrole.
17:38 Et le problème, c'est qu'ils sont fragiles.
17:41 Une fois portés, ces matières s'abîment rapidement et ne peuvent pas être réparées.
17:49 Pour pouvoir réutiliser des tissus, il faut que le tissu ait une consistance, qu'il ait du plombant.
17:56 C'est ça un beau vêtement. C'est un vêtement qui tombe à la perfection.
17:59 Les vêtements en polyester, ils n'ont pas de plombant.
18:02 Et c'est du microplastique.
18:03 Donc dès que vous coupez dedans, ça c'est phyloche, vous ne pouvez pas en faire un patron.
18:09 Le matériau n'est pas viable pour ce type d'action.
18:13 Résultat, on le voit sur ces images.
18:17 Les textiles sont abandonnés, enterrés dans le sable ou charriés vers les océans.
18:22 Les produits polluants contenus dans les fibres plastiques se répandent alors dans nos fonds marins.
18:27 Et ce sont les poissons qui s'intoxiquent ensuite en les ingérant.
18:31 Mais ce n'est pas tout.
18:37 Le gaspillage est aussi présent dans un autre domaine de notre vie quotidienne.
18:41 La nourriture.
18:43 Et là aussi, le futur est incertain.
18:46 Dans 30 ans, aurons-nous encore de quoi manger à notre faim ?
18:49 De retour dans notre émission "Nous faisons un bon dans le futur".
18:59 En 2050, de nombreux conflits éclatent partout dans le monde à cause de pénuries alimentaires.
19:04 Certaines denrées comme le riz sont devenues très rares à cause de l'appauvrissement des sols et de la raréfaction de l'eau.
19:11 En Afrique, c'est la famine qui fait des ravages.
19:13 Entre 2040 et 2050, des dizaines de millions de personnes ont été déplacées par la faim.
19:18 Et en Belgique, il faut désormais un pass de rationnement pour faire ses courses.
19:22 Cette situation critique, elle est la conséquence directe d'un phénomène déjà bien présent en 2022, le gaspillage alimentaire.
19:30 Nous allons rencontrer Nadej et Olivier qui ont décidé de se mobiliser pour dénoncer le gaspillage.
19:42 Combinaison, sabie et taillot.
19:45 Ce matin, ils s'équipent solidement pour aller se ravitailler.
19:51 C'est parti, on va faire les courses.
19:53 Car depuis 13 ans, ce couple de trentenaires fait ses provisions de façon un peu particulière.
19:59 Ils récupèrent des quantités incroyables d'herbes vendues.
20:05 Directement dans les bennes des supermarchés.
20:10 Parfait.
20:11 Voilà, on est dans la place.
20:13 Le couple est bien rôdé, chacun son rayon.
20:16 Nadej, elle va là, pour les légumes.
20:18 Ma spécialité c'est les légumes.
20:20 Et Olivier, je le laisse récupérer là.
20:22 Et moi je vais là-dedans.
20:24 En termes d'odeur, c'est un peu... ça envoie.
20:27 Olivier est ingénieur de formation.
20:30 Nadej est géologue.
20:32 Ils gagnent leur vie en écrivant des livres et en donnant des conférences.
20:36 Ce n'est donc pas par besoin mais par choix, par conviction, que le couple fait sa récolte tous les 15 jours.
20:42 Là c'est une petite benne, il n'y a que un tiers de rempli, parfois ça va jusqu'ici.
20:47 Bon, on va y aller.
20:54 Oh, de la salade.
20:57 Et vous allez voir, leur butin va être spectaculaire.
21:02 Des fruits bonbons.
21:04 Spectaculaire.
21:06 Des fruits bio, c'est toujours sympa, voilà.
21:08 Donc c'est d'hier, onze.
21:10 Donc là j'ai pas mal de légumes, plus ou moins abîmés, mais bon ça va à peu près.
21:15 Des pommes, des tomates, des champignons, typique.
21:19 Un sachet. Dans ce sachet j'ai trois poivrons, il y en a un qui est abîmé.
21:24 Et j'ai tout le sachet, du coup j'ai deux poivrons qui sont nickels.
21:31 Leur travail, ils font est illégal. Pas parce qu'ils récupèrent de la nourriture,
21:34 mais parce qu'ils commettent une intrusion dans une propriété privée.
21:37 Malgré les caméras de surveillance, personne n'intervient.
21:41 En moins d'une heure, Nadège et Olivier ont rempli plus de dix bacs de denrées tout à fait mangeables.
21:48 Mais alors qu'ils ont été rejoints par une autre équipe en quête d'un vendu,
21:53 ils découvrent un nouveau trésor.
21:59 Il y a plein de cordons bleus là.
22:01 Là c'est hallucinant.
22:03 Il y a un peu de tout, il y a des cordons bleus, de la viande, des gruettes de poulet,
22:07 du poulet rôti, ça se pour la viande, il y a une St-Génie, il y a pas mal de yaourts.
22:14 Des aliments dont la date de péremption est bientôt dépassée, mais qui sont encore consommables.
22:19 C'est malheureux de voir tous ces supermarchés jeter autant de nourriture, ne pas trier.
22:25 Et là c'est tout dans la même belle.
22:29 Ça, ça me fout en rogne.
22:30 Il y a une vache, elle a été tuée pour quelque chose qui va finir à la poubelle.
22:33 Le résultat de leur course du jour est au-delà des espérances du complot.
22:39 Alors, douze cabas pleins, pleins à ras bord, au point qu'ils sont limitants pour en faire craquer.
22:45 Ouais, c'est énorme.
22:47 Ça fait dire que tout ce qu'on a récupéré là, ça servait à rien de le produire.
22:57 Olivier et Nadej ont récupéré de quoi manger pendant plusieurs semaines.
23:00 Vous pensez que leur trouvaille est un simple coup de chance ?
23:03 Eh bien pas du tout.
23:05 Car tous les jours, la grande distribution gaspille des quantités encore plus impressionnantes de nourriture.
23:11 Regardez ces images filmées l'an dernier par un chauffeur de poids lourd qui a tenu à garder l'anonymat.
23:22 Chaque jour, il est chargé de transporter des déchets alimentaires d'une grande surface jusqu'à l'usine d'incinération.
23:28 Mais un jour c'est trop, il craque et décide de dénoncer ses pratiques.
23:38 Je veux même pas accéder tellement loin.
23:40 Ça c'est bon à craquer encore.
23:42 30 bacs, comme ça. 30.
23:45 C'est encore moelleux.
23:47 C'est pas ce qu'il y a.
23:49 C'est un truc de ouf, hein.
23:51 L'homme affirme jeter quotidiennement 5 tonnes de nourriture comme celle-ci.
23:56 C'est tout le gaspillage qui se fait dans les magasins alimentaires.
24:00 Personne ne l'a acheté et puis on le jette.
24:05 Sans parler de ce que les magasins jettent avant même de les mettre en rayon.
24:09 C'est tout ce qui n'est pas de bonne qualité, pas considéré comme de la bonne taille,
24:16 et qui est écarté avant même d'être mis en vente.
24:19 Mais en réalité, ce gaspillage continue bien après les magasins.
24:25 Et c'est en fait chez nous, à la maison, que l'on jette le plus de nourriture.
24:34 La maison, c'est un centre de gaspillage, parce qu'on n'y prête pas suffisamment attention,
24:37 parce qu'on achète des choses sans être sûr de les consommer.
24:40 On est tout le temps dans le pratique, il faut faire vite,
24:42 donc on va faire des grosses courses pour une semaine, deux semaines, etc.
24:46 On ne fait pas attention aux dates de péremption,
24:48 donc on va finir par jeter les choses parce qu'on n'a trop attendu avant de les consommer.
24:51 Parfois, on n'a pas le temps de faire suffisamment la cuisine à la maison,
24:55 et finalement, les produits frais qu'on a achetés, on ne va pas les consommer.
24:58 On ne va pas forcément consommer les 1 kg, 2 kg de courgettes qu'on s'est achetées,
25:02 et donc on va les jeter.
25:03 Donc ça, c'est la responsabilité de chacun.
25:05 En Wallonie et à Bruxelles, chaque citoyen jette en moyenne 15 kg d'aliments par an.
25:11 Grosse partie de ce que vous achetez comme nourriture finit jetée,
25:15 sans même parfois avoir été ouverte.
25:17 Cela représente 174 euros de nourriture jetée à la poubelle.
25:21 Chaque individu, effectivement, va finir par jeter chez soi des sommes astronomiques d'aliments.
25:30 Et si on compte toutes les étapes de la chaîne alimentaire,
25:33 ce gaspillage est en réalité bien plus élevé.
25:36 Au total, chaque année dans le monde,
25:42 1,3 milliard de tonnes d'aliments sont perdues avant même d'être consommées.
25:47 Et c'est une benne toutes les 4 secondes qui est jetée.
25:51 Pour comprendre ce scénario catastrophe, petit retour en arrière.
25:58 On commence avec une révolution dans nos champs et nos fermes,
26:01 là où la nourriture est produite.
26:03 Un signe des temps, c'est la disparition dans nos campagnes du cheval à 4 jantes,
26:07 au profit du cheval vapeur.
26:09 Nous sommes après la seconde guerre mondiale.
26:12 La production agricole s'est effondrée et les Français souffrent encore de pénuries.
26:16 Alors le point de déclenchement, c'est vraiment la fin.
26:19 C'est vraiment le besoin de nourrir les gens à la sortie de la guerre,
26:21 et donc on se met à produire plus.
26:23 L'État mise alors sur une arme nouvelle,
26:25 l'agro-industrie et son fer de lance, le tracteur.
26:28 L'agriculture est en passe de prendre le nom d'industrie agricole.
26:32 C'est la révolution agricole, le début de la société de l'abondance.
26:37 En quelques décennies, la production agricole mondiale double.
26:43 Mais ce qui était un progrès au départ, va engendrer de terribles effets pervers.
26:52 Car l'agro-industrie devient un système économique tourné vers le profit,
26:56 où il faut toujours produire plus, encore et encore.
26:59 Sauf qu'on n'a jamais plafonné ça, on a toujours continué à produire plus,
27:07 parce qu'après il y a une logique économique qui vient derrière,
27:09 c'est-à-dire qu'à partir du moment où on commence à produire plus,
27:11 finalement on a besoin de toujours produire plus pour continuer à gagner sa vie.
27:15 Ce qui a fait que quand on n'avait plus besoin de produire pour la France
27:17 ou pour des pays européens, on s'est mis à exporter dans d'autres régions.
27:20 Le but de cette logique productiviste, c'est de vendre le plus possible.
27:25 Et donc ça, ça a comme conséquence quasiment inévitable le gaspillage.
27:29 Aujourd'hui, on vit dans un système économique où parfois,
27:33 ça coûte moins cher de produire plus, quitte à jeter.
27:37 Dans le gaspillage alimentaire, c'est vraiment ça le cœur du sujet.
27:47 C'est-à-dire qu'en fait, on s'est mis à produire plus,
27:50 au motif de nourrir plus de population, et en fait on a gaspillé plus.
27:53 Quand on pense que près de 30% des aliments sont gaspillés,
28:07 en fait c'est 30% du champ de l'agriculteur qui aura servi à produire
28:11 quelque chose qui va finir par être jeté.
28:14 Et le plus scandaleux dans tout ça, c'est que l'objectif premier,
28:18 vaincre la faim, nourrir le monde, n'a même pas été atteint.
28:22 Il y a un chiffre qui montre que ça ne va pas du tout,
28:28 c'est qu'il y a une personne sur dix dans le monde qui ne mange pas à sa faim.
28:31 Il y a toujours des gens qui ont faim, il y en a moins en Europe
28:35 qu'en tout cas à la fin de la seconde guerre mondiale,
28:37 mais il y en a toujours dans le monde, il y a toujours à peu près 800 millions
28:39 de personnes dans le monde qui souffrent de la faim.
28:41 Et bien on n'a pas réussi à rééquilibrer les choses.
28:44 Donc il y a toujours des régions où on produit trop et toujours plus,
28:47 et ça finit par être du gaspillage alimentaire,
28:49 et des régions du monde où les gens n'ont pas suffisamment à manger.
28:52 Donc d'un côté vous avez des gens qui souffrent de la faim,
28:56 et de l'autre côté des gens qui gaspillent.
28:58 Ce truc est inouï !
28:59 Ça me met en colère de me dire que le monde va mal,
29:07 que tout le monde est de plus en plus pauvre,
29:09 mais ça me fout en colère, en tout cas il y a un dérèglement quelque part.
29:13 Un dérèglement qui pourrait s'aggraver encore plus.
29:16 La façon dont nous produisons la nourriture aujourd'hui
29:19 pourrait nous conduire en 2050 à des pénuries généralisées.
29:23 Ce 15 novembre 2050, nous retrouvons Louana,
29:33 une jeune maman dans son épicerie de quartier.
29:38 Elle est en quête d'ingrédients pour le gâteau d'anniversaire de sa fille.
29:41 Mais dans les magasins, les denrées manquent.
29:45 Le monde entier subit des pénuries de nourriture.
29:49 Louana est obligée d'utiliser son passe de rationnement.
29:53 Un QR code imposé par l'État.
29:56 Chaque famille se voit attribuer une quantité d'aliments fixes.
29:59 Aujourd'hui pour Louana, ce sera 100 grammes de chocolat et un peu de farine.
30:05 Des images de restrictions que l'on n'avait pas revues depuis la Seconde Guerre mondiale
30:08 et ces tickets de rationnement.
30:10 Aussi fou que cela puisse paraître,
30:15 c'est bien notre gaspillage alimentaire qui nous conduit tout droit à ces pénuries.
30:19 Car ce que vous ignorez probablement,
30:21 c'est que le gaspillage a des conséquences catastrophiques sur nos sols
30:25 et détruit la Terre.
30:27 C'est l'autre révolution agricole d'après-guerre.
30:34 Pour produire toujours plus, nous avons là encore utilisé des produits chimiques.
30:38 Dans ce modèle-là qui est inventé à la fin de la Seconde Guerre mondiale,
30:44 qui consiste à avoir des exploitations toujours plus grandes,
30:46 on a besoin d'un trans chimique.
30:48 Donc c'est des engrais pour faire pousser plus rapidement un certain nombre de productions
30:52 et ce sont des pesticides pour protéger les plantes
30:54 pour qu'elles soient moins victimes d'un certain nombre de maladies.
30:57 À une époque, on a pu se dire que les pesticides, c'était merveilleux
30:59 puisque ça nous permettait de produire beaucoup plus.
31:04 Mais une nouvelle fois, les choses tournent mal.
31:07 Le problème c'est que là non plus, on ne s'est jamais arrêté.
31:09 Donc on a toujours continué à accroître notre consommation de pesticides.
31:14 Ce dont on ne s'est pas rendu compte, c'est que ces pesticides polluent les sols.
31:18 Les pesticides détruisent la biodiversité.
31:21 Les insectes, les vers disparaissent.
31:23 Or, ils fertilisent et oxygènent les sols.
31:27 En fait, en utilisant des pesticides, au bout d'un moment, on épuise les sols.
31:32 Parce qu'on va tuer toute la vie qu'il y a dans ces sols.
31:36 Le problème des pesticides et des intrants chimiques, c'est qu'à un moment donné, ça appauvrit les sols.
31:39 Et quand je parle des sols, c'est grosso modo une couche de 30 à 50 cm
31:43 qui est sous nos pieds quand on est dans un champ.
31:45 C'est cette partie-là qui est déterminante pour la vie.
31:47 À un moment, les sols disent "stop".
31:49 Là, il y a trop de produits toxiques et donc ils ne sont plus fertiles et ne peuvent plus rien donner.
31:54 C'est-à-dire que si on n'arrive plus à maintenir un niveau de vie et de fertilité suffisant dans ces sols,
31:58 à la fin, on ne pourra plus rien faire pousser dans ces endroits-là.
32:02 Une dégradation des sols alarmante.
32:04 Des terres agricoles de moins en moins productives.
32:07 Ça, ce n'est pas une fiction.
32:09 C'est déjà la réalité d'aujourd'hui.
32:12 La fertilité des sols part en poussière.
32:17 Plus de 75% des terres de la planète sont dégradées.
32:21 Les terres agricoles mondiales dégradées par les actions de l'homme.
32:30 Donc on a inventé finalement un modèle qui était peut-être nécessaire à l'époque,
32:34 mais dont on est victime aujourd'hui parce qu'on n'a pas réussi à réorienter les choses,
32:37 on n'a pas réussi à inventer un autre modèle agricole, dont on aurait besoin aujourd'hui.
32:41 Donc il faut bien être conscient du côté dramatique du gaspillage alimentaire.
32:45 Donc il faut réinventer un nouveau modèle et il est plus qu'autant.
32:49 Notre production agricole est destructrice.
32:57 Mais un autre incontournable de notre assiette
33:00 incarne à lui seul toutes les dérives du gaspillage.
33:03 La viande.
33:05 Ces steaks, poulets, burgers que l'on aime tellement manger de manière quotidienne en Belgique.
33:10 L'alimentation carnée, et en particulier ce qu'on appelle la viande rouge,
33:15 c'est vraiment très consommateur d'espace et de moyens.
33:19 Et vous allez comprendre pourquoi.
33:24 Regardez ces images impressionnantes tournées aux Etats-Unis.
33:28 Voilà à quoi ressemble l'élevage industriel aujourd'hui.
33:32 Dans ces cases, il y a des milliers de veaux séparés de leur mère au premier jour pour qu'elles fassent du lait.
33:39 Des veaux qui attendent eux-mêmes de partir à l'abattoir.
33:43 En Californie, voici une autre ferme spécialisée.
33:48 On appelle cela des "feedlots",
33:51 des centres d'engraissement où plusieurs dizaines de milliers de bovins sont nourris avant de finir en viande.
33:57 Vous le voyez sous leurs pattes, pas d'herbes, ni de pâturage.
34:02 Alors que mangent-ils ?
34:04 Du soja et du maïs.
34:06 Et vous allez le comprendre, c'est justement pour cela que consommer autant de viande est une aberration pour les humains.
34:14 Pour élever un bœuf, il faut le nourrir.
34:19 Et pour le nourrir, il faut cultiver un certain nombre de céréales, du maïs ou d'autres.
34:23 Des plantes cultivées en grande quantité dans le monde entier.
34:27 L'élevage aujourd'hui, c'est 80% de la surface agricole du monde.
34:34 Il y a déjà quelque part un gaspillage de terres à ce niveau-là.
34:39 L'immense majorité des terres agricoles nourrit donc les animaux au lieu des humains.
34:45 Un non-sens, puisqu'il faut 5 kg de végétal pour n'obtenir qu'un seul kg de viande.
34:50 Aujourd'hui, il y a à peu près 2/3 des surfaces cultivables en Europe qui sont utilisées pour faire pousser la nourriture que l'on va donner aux bétails,
35:01 plutôt que de faire pousser de la nourriture que nous, on va ensuite consommer.
35:05 Un gaspillage inouï des terres agricoles, mais aussi de l'eau.
35:10 Car ces cultures consomment là encore de l'eau en quantité démentielle.
35:15 Il faut 15 000 litres d'eau pour produire la nourriture nécessaire à 1 kg de bœuf.
35:23 C'est l'équivalent de 100 baignoires.
35:25 Avec la même quantité d'eau, on pourrait produire 100 baguettes de pain.
35:30 Alors pour éviter qu'en 2050, le gaspillage nous mène tout droit à des pénuries,
35:36 la solution peut être là encore la plus simple de toutes.
35:40 C'est important aujourd'hui aussi de revoir un peu notre forme d'alimentation.
35:44 On n'a pas besoin d'acheter autant.
35:46 Ce que je dis souvent à ceux qui se posent la question "Qu'est-ce que je peux faire d'abord pour être un peu plus écolo dans ma vie ?"
35:50 Jetez plus de nourriture. Achetez pas trop, d'ailleurs vous allez faire des économies et jetez pas.
35:55 La nourriture, les vêtements, et ce n'est pas tout.
36:00 Il y a encore un domaine dans lequel nous consommons sans limite et dont très peu d'entre nous ont conscience.
36:06 Pourtant, ce gaspillage-là menace de nombreuses espèces sur Terre.
36:10 Nous sommes en 2050. Depuis quelques temps, l'État impose un rationnement électrique à la population.
36:21 Les Belges doivent faire très attention à leur consommation d'énergie, car le moindre dépassement pourrait entraîner des sanctions.
36:28 Et ce n'est pas tout, il y a désormais un couvre-feu électrique.
36:31 À partir de 20h tous les soirs, il faut couper toutes les lumières. En 2050, le monde est plongé dans le noir.
36:38 Mais pourquoi ? Comment la situation a-t-elle pu dégénérer ainsi ?
36:45 Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est le gaspillage énergétique qui pourrait priver l'humanité de lumière.
36:52 Avec irresponsable, notre mode de vie d'aujourd'hui, dans nos maisons. Les chiffres sont implacables.
36:58 Le chiffre qui est communément admis, c'est qu'un quart de l'énergie que l'on consomme, c'est du gaspillage.
37:03 Tous les jours, nous utilisons de l'électricité sans même nous en rendre compte. Et parfois, pour rien.
37:10 La télévision qui reste allumée sans qu'on la regarde. La box internet qui continue de fournir du Wifi pendant qu'on dort.
37:18 C'est les radiateurs que vous laissez chez vous quand vous n'êtes pas là. C'est les veilles de tous les appareils électroménagers.
37:26 C'est les lumières qui restent allumées de façon inutile.
37:30 Une consommation de quelques watts multipliée par des milliards sur toute la planète.
37:35 On s'est habitués à gaspiller. On s'est habitués à gaspiller parce que comme on produisait de manière massive, on s'est dit qu'on pouvait consommer de manière massive.
37:43 L'abondance de l'énergie produite après la guerre nous a confortés dans cette consommation massive.
37:48 Et le problème, c'est qu'on n'arrive pas à se rendre compte de notre consommation quotidienne démentielle.
37:55 Tous nos gestes du quotidien nécessitent de l'énergie et pour beaucoup de l'électricité.
38:01 Vous ne savez pas jour par jour ce que vous allez consommer comme énergie.
38:04 Si vous avez une panne d'électricité chez vous, d'un coup vous vous rendez compte à quel point vous êtes complètement dépendant de cette énergie-là.
38:10 Vous avez des petits chiffres qui tournent sur un compteur. Il faut être super fort pour noter les chiffres, comprendre à quel moment quel appareil consomme plus ou moins.
38:19 Et il y a un gaspillage énergétique encore plus insoupçonné. Une énorme consommation d'électricité qui nous échappe totalement.
38:26 Tous les jours. Le numérique.
38:29 On est dans un monde de plus en plus numérisé et en fait tout ça a un impact extrêmement négatif et crée le gaspillage hallucinant dans lequel on vit.
38:39 Chaque mail que l'on écrit et que l'on reçoit, chaque photo que l'on prend, chaque vidéo que l'on regarde, consomme de l'électricité.
38:49 Quand on envoie un mail, quand on passe un coup de téléphone, quand on achète un téléphone portable, on a un peu l'impression que tout ça c'est magique et on ne se pose pas la question de comment c'est possible.
38:59 En fait, toutes ces données sont stockées dans de gigantesques data centers qui sont de véritables gouffres énergétiques.
39:06 Dès 2030, ils absorberont 13% de la consommation électrique mondiale.
39:11 Alors à quoi ressemblera le monde dans 30 ans ?
39:15 Il y a fort à parier que nos descendants ne vivront plus dans des villes telles que nous les connaissons aujourd'hui.
39:20 Car elles sont l'une des premières causes du gaspillage massif d'énergie.
39:25 Et figurez-vous que c'est en grande partie dû à l'éclairage.
39:29 Et en la matière, la Belgique fait figure de mauvais élève.
39:34 Notre pays est considéré comme l'un des champions du monde de la pollution lumineuse.
39:41 Rien que pour l'éclairage public, comme des lampadaires, on dénombre près de 2 millions de points lumineux sur tout le territoire.
39:48 C'est-à-dire 2 millions de points de raccord au réseau électrique.
39:52 Est-ce que c'est vraiment nécessaire de les avoir éclairés toutes les nuits, toute la nuit, partout sur le territoire ?
40:02 Et bien non, pas du tout.
40:04 L'éclairage public est quelque chose de nécessaire. Personne ne dit qu'il faut éteindre complètement les villes.
40:09 En revanche, on peut éclairer moins, moins longtemps.
40:12 Et ce n'est pas tout. A cela, il faut rajouter l'éclairage des commerces.
40:16 On s'est habitués à se balader le soir et voir des boutiques toutes illuminées, des grands panneaux publicitaires, etc.
40:25 Pourquoi laisser des vitrines éclairées quand il n'y a pas d'activité ?
40:29 Tout ça inclut une consommation énergétique extrêmement forte, qui finalement est quand même assez inutile,
40:34 parce qu'on n'a pas forcément besoin, à 23h quand on rentre chez soi, de voir une robe dans une vitrine, par exemple.
40:38 Si les magasins restent allumés la nuit, c'est aussi pour qu'on continue de penser à eux,
40:42 pour qu'on continue de se dire "tiens, j'irais bien acheter ça demain matin".
40:45 Des commerces, mais aussi des usines, des bureaux désertés la nuit restent allumés.
40:51 C'est un gaspillage d'énergie considérable, de garder allumés de façon inutile tout un tas de bâtiments, de vitrines.
40:58 On voit des sites logistiques, des sites industriels, des bâtiments, des bureaux qui sont éclairés.
41:04 On sait qu'il n'y a personne, mais ils restent éclairés.
41:06 Ça n'a aucun intérêt.
41:08 Aujourd'hui, en ville, il n'y a quasiment plus de nuit.
41:11 C'est-à-dire que dans les grandes villes et les grandes métropoles, si vous cherchez une étoile, ça va devenir de plus en plus compliqué.
41:15 Ce gaspillage a un nom, la pollution lumineuse.
41:19 80% des habitants de la planète sont touchés par ce phénomène, et en Europe, ce chiffre monte à 99%.
41:35 Suréclairer, c'est forcément gaspiller.
41:37 Le gaspillage d'énergie, ça veut dire que c'est de l'énergie qu'on consomme pour rien.
41:41 Ça ne nous fait aucun plaisir, ça ne nous apporte aucun confort, c'est juste du gâchis.
41:45 Donc là, on voit bien qu'on est rentré dans un système qui dysfonctionne à tout point de vue.
41:51 Des citoyens ont décidé de dénoncer cette logique commerciale et ce gaspillage façon haute voltige.
42:01 Oui !
42:02 Il y a vraiment un chemin qui est pris par plein de gens, de se dire qu'en fait, il faut que la nuit retrouve de la nuit.
42:11 Yanis et Maxime sont deux passionnés de parcours.
42:19 Un concept sportif très exigeant.
42:21 Il faut franchir des obstacles urbains de façon acrobatique.
42:24 Les deux jeunes sportifs y ont ajouté une dimension écolo en éteignant les lumières des enseignes.
42:30 Le plus acrobatiquement possible.
42:32 Il suffit d'accéder à l'interrupteur relié au néon, toujours situé à l'extérieur.
42:37 Mais c'est le monde entier qui souffre d'overdoses lumineuses.
42:42 Les grandes métropoles sont éclairées 24h/24, de façon si intense qu'on peut les voir depuis l'espace.
42:48 De belles images qui cachent une terrible réalité.
42:53 On montre souvent ces images de la Terre la nuit comme magnifiques, parce qu'elles sont éclairées.
42:59 Mais en fait, ce qu'il faut dire, c'est que c'est de la pollution lumineuse, directement.
43:03 C'est pas juste joli.
43:05 C'est une pollution qui nuit aux humains, à l'environnement.
43:09 Vous allez le comprendre, cette pollution lumineuse est un fléau mortel pour la biodiversité.
43:14 Elle contribue en effet à la disparition de certains animaux.
43:18 [Bruit de réveil]
43:20 Nous sommes chez Hugo et sa fille Élodie.
43:25 Comme tous les soirs, la famille est plongée dans le noir.
43:31 En 2050, c'est la loi.
43:35 Après 20h, l'électricité est coupée.
43:38 Rationnement oblige.
43:40 Car des décennies de gaspillage ont eu des conséquences dramatiques.
43:46 Ce soir-là, pour le rituel du coucher, Hugo va lire à Élodie un bel ouvrage consacré aux oiseaux.
43:52 À 6 ans, sa fille n'en a jamais vu un seul.
43:56 La capacité de nos enfants à voir des animaux en 2050, elle est sérieusement menacée.
44:02 En 2050, la majorité des oiseaux a disparu.
44:07 Vous pensez que c'est à nouveau une fiction ?
44:14 Pourtant, vous allez voir que la pollution lumineuse tue déjà concrètement des millions d'oiseaux.
44:19 Direction New York, aux États-Unis.
44:27 La mégapole américaine est célèbre dans le monde entier, notamment pour ses buildings impressionnants.
44:33 S'ils font la joie des touristes, pour les oiseaux en revanche, ils deviennent la nuit un piège mortel.
44:40 Regardez ces images tournées en septembre 2021, le matin.
44:44 Melissa Breyer, une bénévole d'une association, ramasse à la main des oiseaux morts par dizaines.
44:52 Ils se sont fracassés dans la nuit contre les tours du World Trade Center.
45:02 En moins d'une heure, elle enfonce un peu plus de 100 000 oiseaux.
45:09 En moins d'une heure, elle en récupère 250.
45:12 On trouve des quantités d'oiseaux morts au pied de certaines sources lumineuses
45:18 parce qu'ils ont été trompés comme si c'était un repère dans le ciel, alors qu'en fait c'est un repère sur la Terre.
45:24 Melissa va ensuite les classer.
45:28 Il n'y a pas moins de 49 espèces différentes.
45:32 Mésanges, fauvettes, passereaux et un pivert.
45:36 Rien qu'aux États-Unis, un milliard d'oiseaux meurent chaque année à cause des lumières des villes.
45:41 On sait depuis très longtemps que les oiseaux s'orientent notamment grâce à la lumière des étoiles.
45:48 Donc en fait, ils sont trompés par nos lumières artificielles et peuvent ainsi être déviés dans leurs déplacements.
45:55 Et c'est surtout pendant deux périodes clés, l'automne et le printemps, les périodes de migration.
46:04 Ces migrations, elles sont vitales à la fois pour l'individu et pour la population.
46:08 Donc vous voyez, en atteignant la capacité de déplacement et de migration, on atteint par exemple à certaines espèces.
46:14 Dans les campagnes belges, le nombre d'oiseaux a diminué de moitié en 30 ans.
46:19 En cause notamment, les pratiques agricoles intensives et l'utilisation des pesticides.
46:24 La pollution lumineuse est une menace parmi d'autres pour la biodiversité.
46:29 Mais des solutions existent pour y remédier.
46:33 On peut maintenir un niveau de sécurité satisfaisant dans les villes en réduisant l'éclairage public.
46:39 C'est bon pour la santé, c'est bon pour la biodiversité.
46:42 C'est un gaspillage qui est facile à comprendre et qui est aussi facile à éviter.
46:46 Mais il faut de la volonté politique.
46:48 Réduire l'intensité lumineuse, bien choisir les endroits à éclairer, traquer les lumières inutiles.
46:59 Il y a urgence.
47:02 Car cette profusion de lumière s'attaque également à l'un des fondements même de la vie de tous les êtres vivants de cette planète.
47:09 Humains, animaux, plantes.
47:11 L'horloge biologique.
47:13 La biodiversité est sensible à la lumière.
47:16 Il y a des espèces durnes, il y a des espèces nocturnes, si on pense aux animaux.
47:19 Ça devient la nuit, donc si la nuit, il n'y a plus de nuit, c'est allumé, c'est un problème.
47:22 Dans cette condition, on rompt l'alternance naturelle du jour et de la nuit,
47:27 qui est un rythme biologique sur lequel tout le vivant s'est construit.
47:31 L'éclairage vient perturber les cycles biologiques d'un certain nombre d'espèces.
47:35 Notre horloge biologique à nous, et celle de la biodiversité, a besoin de ce rythme naturel du jour et de la nuit.
47:42 Nous sommes un animal parmi d'autres, on est un mammifère et un primate parmi d'autres mammifères.
47:47 Si on était tout le temps dans un environnement éclairé, on verrait que notre sommeil en serait perturbé et que finalement on se porterait moins bien.
47:55 Une espèce en paye le prix fort, les insectes.
47:59 Certains chercheurs parlent même d'apocalypse.
48:02 Les insectes sont perturbés là aussi parce qu'ils ne savent plus comment se nourrir, ne savent plus comment fonctionner.
48:10 Comme on le voit par exemple sur ces images.
48:14 La lumière déstabilise les papillons, elle agit comme un super stimulant.
48:18 Les insectes ne vont plus pouvoir s'en écarter et vont mourir d'épuisement.
48:23 A terme, à force de décliner, on peut arriver à une extinction.
48:27 On n'est pas là face à quelques espèces ou quelques insectes qui disparaissent, c'est un effondrement de la population d'insectes.
48:34 En Europe, ces 30 dernières années, 80% des insectes ont disparu.
48:40 Et le pire est encore à venir.
48:43 Si les insectes disparaissent, il n'y a plus de vie sur Terre.
48:51 Il y a énormément de pollinisateurs par exemple parmi les insectes.
48:55 La pollinisation, c'est ce qui permet aux plancts de se reproduire, de se multiplier, d'exister.
49:02 Ce sont tout un tas de production de fruits et de légumes qui vont disparaître.
49:06 Donc c'est quand même un sérieux problème parce que la pollinisation, elle a des conséquences pour la reproduction de la faune, de la flore et des humains.
49:15 Et à un moment donné, on n'aura plus un certain nombre de produits alimentaires.
49:20 Qui va payer la facture de tout ça ? C'est les humains et la nature.
49:25 Et la facture va aller au-delà de tout ce que l'on peut imaginer. Il pourrait bien s'agir de la sixième extinction de masse.
49:33 La sixième extinction de masse, c'est la disparition extrêmement rapide d'une grande partie de la biodiversité, dont une grande partie des espèces.
49:43 On est au début du chemin, mais on est vraiment sur la trajectoire d'une extinction et on va très très vite sur cette trajectoire.
49:49 La dernière, elle date de 65 millions d'années et c'était les dinosaures, pour que tout le monde comprenne bien.
49:54 C'est la vie sur Terre qui est menacée.
49:58 Il ne s'agit pas de sauver la planète.
49:59 La première chose qui va vraiment être en danger, ça va être nos sociétés.
50:02 La planète, elle a vécu sans les dinosaures, avec les dinosaures, sans les dinosaures, ça ne lui pose aucun souci.
50:07 Donc là, aujourd'hui, elle vit avec les humains, mais elle peut très bien vivre sans les humains.
50:11 La première espèce qui va se retrouver en danger, à part des ours blancs, des tigres et des éléphants, ça va être Homo sapiens.
50:17 L'espèce humaine pourrait-elle disparaître si l'on ne fait rien ?
50:27 Si l'on continue d'acheter toujours plus de vêtements ?
50:31 Si l'on continue de laisser nos lumières allumées en permanence ?
50:35 Si l'on continue de ne pas faire attention à la nourriture que nous achetons ?
50:40 Il y a des sujets sur lesquels on ne peut pas agir, mais sur ce que vous consommez, sur ce que vous mangez, sur comment vous habillez,
50:46 là, c'est dans vos mains.
50:48 Oui, on pourrait se fixer des limites, parce que si on ne s'en fixe pas, c'est la nature qui va nous fixer ces limites, et on n'aura plus le choix.
50:55 Ce qui me donne de l'espoir, c'est qu'il y a une prise de conscience de plus en plus importante de tout ce gaspillage invisible et de tout l'impact que l'on a sur l'environnement.
51:04 Les mentalités changent. Les jeunes générations réalisent désormais que le danger nous guette.
51:11 Et c'est peut-être cela qui va sauver l'espèce humaine d'une nouvelle extinction de masse.
51:17 Comment sera notre futur en 2050 ? Nous avons tenté ce soir de répondre à cette question en nous basant sur des données et des études sérieuses.
51:32 Mais bien sûr, impossible de prédire l'avenir avec exactitude.
51:36 Une chose est sûre, le gaspillage, lui, est bel et bien présent dès aujourd'hui. Ses conséquences sur notre futur dépendront de nos comportements.
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