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Le JOKER peut-il exister sans BATMAN ?
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© Allociné - Fanzone
Transcription
00:00 D'ici là, à la prochaine !
00:03 Et voilà, merci à Corentin pour cette première partie sur Batman et nous on passe au Joker.
00:10 Et qui dit Joker dit blague, et qui dit blague dit...
00:12 C'est Toto !
00:13 On va sans doute être d'accord, cette bande-annonce du Joker, elle défonce !
00:29 Défonce !
00:30 Visuellement, c'est déjà superbe, Joaquin Phoenix a l'air encore plus dingue que d'habitude dans ce rôle,
00:35 et pourtant il y avait du niveau dans sa filmo,
00:37 il y a des références à Taxi Driver et la valse des pantins de Scorsese,
00:40 ce qui est plutôt classe,
00:41 et... ça ne ressemble pas des masses au Joker.
00:44 Ça c'est la critique qu'on a le plus entendue sur cette bande-annonce,
00:47 et j'avoue que ça n'est pas faux.
00:48 Mais on y reviendra plus tard, car il nous faut d'abord répondre à la question,
00:51 mais qu'est-ce que c'est en fait le Joker ?
00:53 Le Joker, c'est un méchant apparu au printemps 1940,
00:55 dans le premier numéro consacré aux aventures de Batman,
00:58 l'homme chauve-souris qui est quant à lui né en 1939 dans la revue Detective Comics,
01:01 et a dû patienter un an avant d'avoir son propre titre.
01:04 Et dans ce premier numéro, le super-héros affronte un super-vilain clownesque.
01:08 Non, clownesque !
01:11 Et ce méchant, c'est le Joker,
01:13 il a été créé par Bob Kane, Bill Finger et Jerry Robinson,
01:16 qui se sera inspiré d'une carte à jouer de Joker bien sûr,
01:18 mais également du look de l'acteur Conrad Veidt dans le film muet L'Homme qui rit,
01:21 sorti en 1928, et adapté du roman homonyme de Victor Hugo.
01:25 Dans le roman et ses adaptations, le personnage a été défiguré,
01:28 et son visage affiche un sourire perpétuel.
01:30 Il s'agit donc là d'une influence majeure qui a suivi le Joker pendant très longtemps,
01:34 jusqu'aux cicatrices d'East Legend dans The Dark Knight en 2008,
01:36 ou dans le one-shot publié en 2005,
01:38 une version alternative de la rencontre entre l'homme chauve-souris et sa némésis,
01:42 et qui s'intitule Batman, l'homme qui rit.
01:44 Mais tout ceci, les films, les comic books, ça a failli ne jamais arriver,
01:47 car le personnage devait mourir dans le premier numéro des aventures de Batman.
01:50 Heureusement, DC Comics a décidé de l'épargner,
01:52 et on peut dire que l'éditeur a eu le nez creux,
01:54 car le Joker est ensuite devenu une véritable icône de la pop culture.
01:57 Une icône que beaucoup de scénaristes se sont appropriés
01:59 pour donner leur propre version de ses origines,
02:01 vu que ça n'était pas expliqué dans le premier comic book.
02:03 Et la plus célèbre de ces versions, c'est celle de The Killing Joke,
02:06 publié en 1988 et signé Alan Moore et Brian Boland,
02:09 dans lequel le Joker est un ancien ingénieur reconverti en artiste de stand-up raté,
02:13 et qui participe à des cambriolages pour subvenir aux besoins de sa famille.
02:16 Arrive ensuite sa rencontre avec Batman dans une usine de produits chimiques,
02:19 sa chute dans la rivière où sont déversés les déchets,
02:21 et sa défiguration, qui a au moins le mérite de le faire rire.
02:24 [Rire]
02:28 On retrouve des traces de cette histoire un an plus tard dans le Batman de Tim Burton,
02:31 un vrai fan de The Killing Joke, mais avec quelques ajouts,
02:34 puisque ici, le Joker s'appelle Jack Napier,
02:36 c'est un homme de main de la mafia de Gotham,
02:38 qui veut devenir parrain à la place du parrain.
02:40 Et c'est surtout le meurtrier des parents de Bruce Wayne,
02:42 comme le révèle un frère de Bruce Wayne,
02:44 qui a été tué par un meurtrier de Bruce Wayne,
02:46 comme le révèle un flashback en forme de raccourci scénaristique,
02:48 pour renforcer le lien entre le héros et son ennemi.
02:50 - Tu as tué mes parents. - Quoi ?
02:53 - Oh ! [Rire]
02:55 - De quoi tu parles ?
02:57 - Je t'ai tué. Tu m'as tué d'abord.
03:00 Une prise de liberté qui a créé un joli paradoxe,
03:02 puisque d'un côté, ceux qui ont découvert l'homme chauve-souris avec son film
03:04 ont cru que le Joker avait vraiment tué les parents de Batman,
03:07 et de l'autre, les fans d'hardcore ont vécu ça comme une trahison,
03:09 puisque le vrai meurtrier s'appelle Joe Chill,
03:11 comme on le voit notamment dans Batman Begins.
03:13 - Wallace, Joey, mon pote !
03:15 - C'est bon. - Mon pote.
03:17 - Prends ton temps.
03:18 Il n'y aura d'ailleurs plus de lien entre le Joker et les parents de Bruce,
03:21 même dans la série animée des années 90,
03:23 proche des films de Burton dans l'esthétique de Gotham City ou la bande originale,
03:26 et où le grand méchant doublé par Mark Hamill compte Jack Napier parmi ses pseudos.
03:29 Donc les origines changent, mais pas le caractère.
03:32 Enfin, sauf pendant les années 50, lorsque l'organisme qui contrôle le contenu des comic books
03:35 a demandé aux scénaristes de lever le pied sur la noirceur.
03:38 Et c'est ainsi que le prince clown du crime est devenu une espèce de bouffon un peu maladroit,
03:41 proche de la version de la série télé des années 60,
03:43 celle où on voyait la moustache de César Romero sous le maquillage,
03:46 vu que l'interprète du Joker avait refusé de la raser.
03:49 Hormis cette parenthèse qui chouille, qui respecte quand même le look du personnage
03:54 et lui a permis de se faire aimer du très grand public,
03:56 le Joker, c'est avant tout un psychopathe incroyablement intelligent,
03:59 avec un goût prononcé pour l'humour macabre, les couteaux et les gadgets meurtriers.
04:03 Et sur ce plan, la meilleure transposition au cinéma comme à la télé,
04:06 c'est le Joker de Jack Nicholson.
04:08 Bien évidemment, il renvoie à la fascination de Tim Hortons pour le cirque,
04:11 mais également à la peur des clowns, chez les plus jeunes notamment,
04:13 ce qui aide à rendre le personnage aussi marquant et flippant.
04:16 Et surtout, il incarne très bien ce qui apparaît comme le cœur du personnage,
04:21 à savoir sa relation avec Batman, car l'un ne peut exister sans l'autre,
04:24 et à eux deux, ils représentent les facettes d'une même pièce.
04:27 D'un côté, nous avons un personnage sombre et austère, Batman,
04:29 et de l'autre côté, un méchant coloré et rieur, le Joker.
04:32 Le premier refuse de tuer quelqu'un de ses propres mains,
04:34 quand le second n'a ni éthique ni morale,
04:36 non, c'est juste un agent du chaos, capable de tuer ses propres alliés.
04:39 - Bob, flingue.
04:41 Deux personnages que tout semble opposer,
04:47 mais qui se rejoignent sur la notion de vengeance
04:49 envers les coupables pour Batman et les innocents pour le Joker,
04:51 et le fait que chacun franchisse régulièrement les limites de la loi pour accomplir sa mission.
04:55 Ça, ce sont des aspects que le clown a toujours gardés,
04:57 avec sa façon de se définir par rapport à l'homme-chauve-souris.
05:00 Sans le héros, il n'existerait pas, et inversement,
05:02 et c'est même au Joker que l'on doit certains des plus gros drames de l'histoire de Batman,
05:05 notamment la mort de Robin.
05:06 Cette relation exclusive, on la retrouve donc dans le Batman de Tim Burton,
05:09 mais également dans The Dark Knight,
05:11 où le Joker est présenté comme un terroriste venu de l'intérieur,
05:13 pour appuyer la métaphore de l'impact du 11 septembre sur les Etats-Unis.
05:16 Devant la caméra de Christopher Nolan,
05:18 le grand méchant devient un homme sans foi ni loi
05:20 qui se présente comme la conséquence de la présence de Batman à Gotham City,
05:23 et cherche constamment à repousser ses limites,
05:25 à commencer par son refus de tuer, et il parvient presque à gagner.
05:28 *Rire*
05:36 *Voix de Batman*
05:44 Très différent de la version de Jack Nicholson,
05:46 le Joker de Heath Ledger rappelle que le personnage a su évoluer au fil des époques,
05:50 tout en gagnant ce qui fait son cœur, sa force,
05:52 et lui donne le titre de meilleur ennemi de Batman.
05:54 *Voix de Batman*
05:58 Une notion qu'on avait un peu perdue dans Suicide Squad avec Jared Leto,
06:01 où la caractérisation était plus bancale,
06:03 et ses quelques-uns axés sur sa relation avec Harley Quinn.
06:05 Mais on l'a un peu retrouvé dans la série Gotham,
06:07 préquelle des aventures de Batman, qui s'inspire notamment de The Killing Joe,
06:10 dans l'épisode 21 de la saison 4,
06:11 et où le Joker déporte ses efforts sur le commissaire Gordon,
06:14 avec un look pas très beau.
06:15 Et donc, le 9 octobre, nous aurons le Joker de Todd Phillips,
06:18 une origin story où le personnage d'un certain Arthur Fleck
06:21 sera à un moment un artiste de stand-up raté, comme dans The Killing Joe.
06:24 *Musique*
06:30 Mais pas de cuve d'acide ou de Batman à l'horizon,
06:32 même si on aperçoit un Bruce Wayne tout gamin,
06:34 donc très loin de se déguiser en chauve-souris puisqu'il a encore ses parents.
06:37 Et c'est là qu'on peut se demander comment le Joker va être le Joker,
06:40 c'est-à-dire comment les scénaristes et les réalisateurs vont compenser l'absence du héros,
06:43 sans trahir l'essence de sa némésis.
06:45 Parce que prendre des libertés c'est bien,
06:46 mais il faut que le résultat ressemble quand même un petit peu au Joker,
06:49 et ça ce sera juste l'histoire d'un psychopathe qui se déguise en clown.
06:52 *Rires*
06:55 Et si on commence comme ça, on peut se retrouver avec Harry Booth de Batman
06:57 dans lequel Bruce Wayne n'est pas orphelin, ce qui n'aurait absolument pas de sens.
07:00 *Musique*
07:03 Donc ça c'est l'une des grosses interrogations autour du Joker,
07:05 avec la question qui tue, faut-il vraiment tout raconter de l'histoire d'un personnage
07:09 qui justement fascine parce que ses origines sont floues,
07:11 comme dans The Dark Knight où il réinvente sans cesse son passé.
07:14 *Musique*
07:16 On l'a vu avec Hannibal Lecter ou Michael Myers,
07:18 ça rend certes le méchant plus humain, mais moins terrifiant,
07:20 donc il va falloir trouver le bon équilibre.
07:22 Mais pour le reste ça sent très bon entre Joaquin Phoenix, la mise en scène,
07:25 ou encore les possibilités de discours poétique du film qui se déroulera dans les années 80.
07:29 Le tout avec, comme on l'a vu plus tôt, des références à deux films de Martin Scorsese,
07:32 Taxi Driver sur les stigmates de la guerre du Vietnam,
07:34 et La valse des pantins s'attire sur le monde du spectacle et la soif de célébrité.
07:38 On peut donc très bien imaginer que le Joker se serve de la décennie 80 pour parler de notre époque,
07:42 et que la folie intrinsèque du personnage soit une métaphore de l'état dans lequel se trouve l'Amérique actuellement.
07:46 Ça se serait très intéressant, et on se rapprocherait alors davantage de la version de Nolan et Heath Ledger,
07:50 sombre et réaliste, que de celle beaucoup plus cartoonesque de Burton et Jack Nicholson.
07:54 Mais sans chevalier de mort, ce qui laisse entendre que le Joker a peut-être encore quelques cartes dans sa manche,
07:58 et qu'il les dévoila dans une autre bande-annonce, ou en octobre.
08:01 Pour en savoir plus sur le Joker, on vous conseille de lire un maximum de comic books,
08:07 tous ceux qu'on a cités ici déjà, ainsi que l'anthologie publiée chez Urban Comics,
08:10 et qui retracent son histoire et son évolution.
08:13 Mais en attendant, que vous inspire le film ? Quel est votre Joker préféré au cinéma et à la télé ?
08:18 Dites-le nous dans les commentaires, et nous on se retrouve très vite pour décortiquer la cube geek et héroïque,
08:22 à Gotham City ou pas, tous ensemble. Allez, salut !
08:25 *Générique*

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