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00:00 C'est une venue officielle.
00:03 D'autres présidents sont déjà venus dans le Vercore.
00:06 Charles de Gaulle notamment, mais c'était à titre privé.
00:08 Oui, en 1963 il était président, mais ce n'était pas vraiment dans le cadre des commémorations,
00:15 c'était un peu des passages en quelque sorte.
00:18 François Mitterrand aussi est passé.
00:20 François Mitterrand aurait dû venir faire l'inauguration du mémorial du col de Lachaud
00:25 qu'il a lui-même projeté et fait construire.
00:29 Il n'avait pas pu à ce moment-là pour des raisons de santé,
00:31 mais sinon ça aurait été le premier événement officiel.
00:36 Ce qui est original avec Emmanuel Macron, c'est la date.
00:39 Oui, le 16 avril. On pense originellement au 21 juillet qui est la date,
00:45 vraiment martyr de Vassieux en Vercore.
00:47 Le 16 avril, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:49 C'est la milice de Vichy, la milice française, qui s'en prend à Vassieux et au plateau.
00:54 Oui, en juillet on commémore les combats du Vercore, l'attaque allemande du Vercore
00:59 et on honore les victimes et les héros qui ont combattu comme ils ont pu
01:06 contre un adversaire et un ennemi très supérieur en homme et en matériel.
01:11 Le 16 avril, c'est une affaire franco-française, c'est ça qui est un peu original.
01:15 C'est une attaque par la milice française, quelques jours, 4 à 5 jours,
01:22 où ils écument le plateau à la recherche de résistants
01:26 et ils commencent déjà à tuer, à prendre des otages.
01:28 On est dans un processus de guerre civile en quelque sorte.
01:31 La milice française, c'est quoi ? C'est qui ?
01:33 La milice française, c'est l'émanation de ce qui au départ était une sorte de parti politique,
01:41 qui était la Légion des combattants, le rassemblement des anciens combattants
01:45 de 14-18, de 39-40, au service du maréchal, les yeux et les oreilles du maréchal, disait-il à l'époque.
01:51 De cette Légion a émané le service d'ordre légionnaire,
01:56 qui était déjà une sorte de militarisation d'un petit groupe de ces gens-là.
02:00 Et c'est devenu la milice en janvier 1943.
02:02 La milice qui est une sorte de parti politique, mais qui va être vite résumée à la franc-garde,
02:07 c'est-à-dire un groupe armé qui petit à petit prend le pas sur les autres institutions de l'état français de Vichy.
02:15 En clair, la police qui est complètement dépassée.
02:18 En gros, les miliciens font ce qu'ils veulent, ou ils veulent comme ils veulent.
02:20 C'est une petite armée politique de plus en plus extrémiste et de plus en plus inféodée aux nazis.
02:25 - Choisir de commémorer le 16 avril, c'est donc un choix politique aussi.
02:30 C'est se souvenir qu'il n'y avait pas que des atrocités faites par les nazis, il y en a aussi eu par des français.
02:36 - Oui, et aussi qu'il n'y avait pas que des résistants dans la France de l'époque.
02:40 Mythe sympathique que De Gaulle, entre autres, avait beaucoup alimenté.
02:46 Il savait bien qu'il y avait des miliciens, mais en gros, pour lui, c'était une minorité,
02:51 une extrême minorité à oublier au plus vite, pour ne penser qu'à la France éternelle, comme il disait.
02:58 Là, le 16 avril, on va parler de la milice, forcément.
03:01 - Donc c'est très politique aussi.
03:03 - Oui, c'est politique, c'est une autre vision.
03:07 Chaque président a un peu sa vision de la résistance ou du vert corps.
03:11 Pour De Gaulle, les combats de la résistance, c'était la continuation de la guerre de 14-18, en gros.
03:16 Une sorte de guerre de 30 ans qui aurait commencé en 14 et qui finissait en 44.
03:20 Pour François Mitterrand, c'est déjà beaucoup plus une...
03:25 parler de la résistance intérieure, plus que des forces françaises libres de De Gaulle.
03:31 Là, on a peut-être bien une nouvelle lecture, en quelque sorte, des événements
03:37 qui va honorer sans aucun doute les résistants,
03:40 mais qui va aussi regarder les choses en face sur la France de l'époque.
03:45 Ça compte aussi localement, c'est-à-dire que ça remet en lumière
03:50 des lieux importants où se sont passées des choses importantes, des événements importants.
03:57 On a vu ça aussi pour Glière, où d'autres présidents venaient régulièrement.
04:02 En gros, ça remet en lumière des lieux symboliques de la période.
04:08 [SILENCE]