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00:00 Nous sommes dans le nord-est du Japon, dans une région où près de 7000 personnes travaillent
00:09 à décontaminer une terre anormalement radioactive. Cette terre, c'est celle de Fukushima. Ici,
00:17 en l'espace d'une journée, tout a basculé dans un enchaînement infernal. D'abord un séisme,
00:24 puis un tsunami. Enfin, une centrale nucléaire devenue une bombe en puissance. A la une,
00:35 le Japon secoué comme jamais. Une centrale nucléaire en danger, des répercussions qui
00:40 s'enchaînent, le monde à les yeux rivés sur le Japon. Au cœur de toutes les angoisses,
00:45 des réacteurs endommagés qui menacent le Japon tout entier. C'est un bruit assourdissant.
00:53 Nous nous sommes tous regardés en nous demandant ce qui s'était passé. Le problème c'est que si
01:00 votre corium traverse le péton qui est sous le réacteur, vous avez directement toute la
01:06 masse radioactive qui est dans l'environnement, qui est dans le sol. C'était la panique dans
01:10 les villes, tout simplement parce que personne ne croyait à ce qu'ils voyaient. Comment ce 11
01:16 mars 2011, ce pays symbole de modernité et de haute technologie, a-t-il pu basculer dans
01:22 un scénario terrifiant ? Comment les systèmes de sécurité de la centrale ont-ils lâché les uns
01:29 après les autres ? Dans l'enceinte de confinement, la vapeur s'accumule. La pression augmente à tel
01:38 point que ça peut exploser. Comment un manque d'organisation a-t-il précipité la catastrophe ?
01:46 Ils se rendent compte qu'ils n'ont pas les câbles électriques suffisamment longs pour aller
01:50 rétablir le courant. Grâce aux témoignages de survivants, nous allons découvrir minute par
01:56 minute ce qu'il s'est passé à l'intérieur même des murs de la centrale. C'est un état de guerre,
02:02 c'est une armée en siège qui essaye de reprendre le contrôle. Mais aussi dans la zone d'évacuation.
02:09 Le monde est descendu dessus. Je me suis dit au fond de moi qu'on ne pourrait plus rentrer.
02:19 Experts et scientifiques vont nous raconter ces jours où une partie du Japon a failli
02:27 disparaître. Fukushima, une catastrophe hors de contrôle.
02:32 Nous sommes le vendredi 11 mars 2011 au Japon. C'est une journée tout à fait normale pour les
03:02 127 millions de japonais. Le ciel est bleu et le soleil brille. Quand soudain à 14h46,
03:27 la terre tremble sans discontinuer pendant de longues minutes. Personne ne le sait encore,
03:32 mais le Japon est frappé par le plus fort séisme jamais enregistré dans l'archipel.
03:38 Le séisme de Fukushima c'est une magnitude 9. La comparaison qu'on a c'est les deux bombes
03:44 nucléaires de la fin de la deuxième guerre mondiale. A magnitude 5 c'est à peu près une
03:49 bombe type Hiroshima. On est en termes d'énergie un peu plus de 10 000 fois plus puissant.
03:54 C'est la panique dans tout le Japon et notamment à Tokyo et ses 37 millions d'habitants,
04:06 menacés par des grattes ciel qui vacillent.
04:09 Ça a commencé doucement. On avait l'impression au début qu'il s'agissait d'un petit séisme,
04:18 mais ensuite ça a tremblé beaucoup, beaucoup plus fort et pendant longtemps. C'est ce qui
04:24 caractérise ce séisme, long et fort. J'ai vraiment pensé que la station de métro où
04:28 je me trouvais allait s'effondrer et nous tomber dessus. Un tremblement de terre de 2 minutes 30,
04:35 suivi par de nombreuses répliques. Pourtant malgré ces images impressionnantes,
04:40 ce n'est pas ici que le séisme est le plus violent.
04:43 Son épicentre est situé à 380 kilomètres de là, au nord-est des côtes. C'est la région
04:58 de Fukushima qui est l'une des plus impactées. A l'image des autres habitants, Keiko Takahashi
05:06 croit voir sa fin arriver. J'étais pieds nus, je me suis accroché à un arbre. Je ne savais pas
05:16 quoi faire. J'étais abasourdie et je me suis dit mais qu'est ce que c'est que ça ? C'est la fin du
05:23 monde. Et pourtant le pays est habitué au séisme. Le Japon est assis sur trois plaques tectoniques,
05:31 des plaques en mouvement continu qui menacent à tout instant l'archipel. On a cette plaque
05:39 Eurasie stable, qui est une plaque continentale, donc en fait c'est une plaque légère. Et puis
05:46 on a la plaque Pacifique qui est une plaque océanique dense qui veut plonger, elle est
05:52 lourde. Et ce qu'il faut voir c'est que le séisme c'est vraiment la friction entre les deux plaques.
05:58 Impossible de résister à une telle force. Comme à Tokyo, de nombreuses infrastructures doivent
06:05 être touchées dans le pays. Mais personne n'imagine à quel point ce séisme va avoir
06:11 des conséquences dramatiques. Même si les installations les plus sensibles bénéficient
06:22 de systèmes antisismiques très performants, les scientifiques sont vigilants. Leur crainte
06:28 majeure, les centrales nucléaires. Si l'un des 54 réacteurs répartis le long de la côte était
06:35 touché, cela pourrait être une catastrophe. Une centrale en particulier inquiète les autorités,
06:41 celle de Fukushima justement. Et ce n'est pas n'importe laquelle. La centrale de Fukushima
06:48 Daiichi est la plus importante du pays. Elle fournit 10% d'électricité à tout le Japon.
06:55 Il y a six réacteurs sur le site de Fukushima,
06:57 donc c'est un gros site nucléaire. Et donc il y a en fonctionnement trois réacteurs.
07:02 Sur les six réacteurs de Fukushima Daiichi, trois fonctionnaient au moment du séisme.
07:10 Ont-ils été endommagés ? Normalement leur système de sécurité devrait les avoir protégés.
07:16 Le Japon est un pays situé dans une zone sismique et donc le fait d'implanter des
07:24 installations nucléaires nécessite de les dimensionner, c'est-à-dire de faire en sorte
07:28 qu'elles puissent résister au séisme. Mais quand on dit résister au séisme,
07:33 la question c'est à quel séisme ? Ces sécurités, Hideki Yagi les connaît bien.
07:40 Il travaille pour TEPCO, l'entreprise qui gère la centrale.
07:44 - Quand un tremblement de terre frappe fort, il y a un système appelé Scrum qui fait
07:51 arrêter la centrale. La centrale Fukushima Daiichi a également ce système.
07:56 En fonctionnement normal, des barres d'uranium plongées dans de l'eau produisent de la chaleur.
08:08 C'est cette chaleur qui permet de créer de l'électricité.
08:12 Au moment du séisme, des capteurs détectent les secousses et des barres de contrôle remontent
08:20 automatiquement pour neutraliser cette réaction. C'est le système de Scrum.
08:25 La réaction en chaîne s'arrête à un détail près.
08:29 - Même si vous avez arrêté le réacteur, c'est pas pour autant que l'énergie thermique n'est
08:36 pas encore là. Et donc cette énergie, il faut l'évacuer.
08:39 - Le combustible, il faut continuer de le refroidir. Il dégage toujours beaucoup de
08:42 chaleur et pour ça, on a besoin d'eau et d'électricité.
08:45 Le tremblement de terre a détruit le réseau électrique de la région.
08:50 La centrale doit donc subvenir elle-même à ses besoins en électricité.
08:54 Elle met alors en marche sa propre énergie par le biais de générateurs diesel.
08:59 Les réacteurs sont donc refroidis normalement.
09:02 - Les réacteurs ont réagi comme dans le livre, en quelque sorte.
09:06 Les dispositifs de sécurité sont mis en route.
09:09 Tepco confirme donc que la situation est sous contrôle.
09:13 Mais ce que personne ne sait, c'est qu'en réalité,
09:17 un événement bien plus grave va se produire. Et il est en train d'arriver.
09:22 15 heures, 13 minutes après le déclenchement du séisme.
09:34 Toutes les chaînes de télévision arrêtent leur programme.
09:37 Le pire est en train de se produire.
09:42 - Nous attendons une vague de 3 mètres de hauteur.
09:47 Le tsunami se rapproche. Évacuez immédiatement.
09:52 Lors du séisme, une masse d'eau colossale s'est formée.
09:57 - Le système se charge. Et puis, au moment où le séisme se produit,
10:00 on relâche la tension. Et on donne littéralement...
10:04 La plaque du dessus se dédéforme. Et c'est comme un piston.
10:07 Vous donnez un grand coup dans l'eau et donc, vous générez une onde,
10:11 une vague qui se propage dans l'océan.
10:14 Depuis les hélicoptères, les médias réalisent qu'en réalité,
10:18 la vague ne mesure pas 3, mais 10 mètres de hauteur.
10:22 Et le monstre se rapproche dangereusement des côtes japonaises.
10:27 L'une des premières communes qui va être touchée se nomme Futaba,
10:31 une petite ville côtière. Katsutaka Hidogawa est le maire.
10:35 De seconde en seconde, il comprend que la situation est inédite.
10:42 - A Futaba, même si on annonçait un grand tsunami,
10:46 on n'avait eu jusqu'ici qu'un tsunami de 6 mètres.
10:51 Les prévisions disaient que la vague serait sans doute de 3 mètres.
10:56 Moi, dans ma tête, j'avais prévu que la vague serait de 6 mètres.
11:03 Et finalement, on nous a dit que ce serait une vague
11:05 d'une taille exceptionnelle, de plus de 10 mètres.
11:12 Difficile de s'en rendre compte,
11:19 mais la vague est haute comme un immeuble de 4 étages.
11:23 Elle est aussi 2 fois plus rapide qu'une vague classique, 200 km/h.
11:27 En l'espace de quelques secondes, elle pénètre les territoires,
11:32 détruit et submerge tout sur son passage.
11:36 À cet instant, le journaliste David McNeil est devant son poste de télévision.
11:41 Il assiste en direct au désastre.
11:44 - À ce moment-là, je comprends que quelque chose de beaucoup plus grave
11:47 que le tremblement de terre est en train de se passer.
11:50 Les tsunamis qui frappent les régions côtières
11:52 sont extrêmement destructeurs et mortels.
11:54 Contrairement à Tokyo, les maisons, les immeubles le long des côtes
11:58 ne sont pas construits pour faire face aux catastrophes naturelles.
12:02 - J'ai regardé par la fenêtre vers l'est, vers la mer,
12:06 et j'ai vu la vague de tsunami approcher.
12:09 Elle n'était plus très loin de la mairie.
12:12 C'était incroyable.
12:14 Pour être franc, moi non plus, je ne savais pas quoi faire à ce moment-là.
12:18 Impossible d'agir.
12:30 Et la vague est encore plus grande que prévu, jusqu'à 30 m de haut par endroit.
12:35 Et elle ne s'arrête pas sur les côtes.
12:37 Elle s'engouffre jusqu'à 10 km à l'intérieur des terres.
12:41 Les structures tombent les unes après les autres.
12:43 Maisons et immeubles sont détruits.
12:45 - Dans le tsunami, il y a eu des incendies, des maisons qui brûlent.
12:57 J'ai vu des scènes comme ça au milieu de ce désespoir.
13:00 Je ne veux plus jamais voir des scènes pareilles.
13:04 - Une question se pose alors.
13:06 La centrale de Fukushima a-t-elle résisté ?
13:09 Les autorités découvrent des images amateurs qui leur glacent le sang.
13:13 Cette vidéo montre la puissance de la vague submergeant la centrale de Fukushima,
13:24 ici, au centre de l'image.
13:27 Après avoir vu la vague,
13:29 ici, au centre de l'image.
13:32 Après le séisme, puis le tsunami,
13:35 c'est une catastrophe nucléaire qui se profile.
13:38 - La centrale nucléaire est noyée sous 15 m d'eau.
13:43 Donc ça veut dire de nombreux dégâts matériels sur des cuves,
13:48 mais ça veut dire aussi que les diesels de secours qui généraient l'électricité
13:53 étaient dans les sous-sols, sont noyés, ne sont plus disponibles.
13:56 Il n'y a plus d'électricité sur le site de la centrale, du tout.
13:59 S'il n'y a plus d'électricité de secours générée par les moteurs diesel,
14:04 alors il n'y a maintenant plus rien pour refroidir et contrôler les réacteurs.
14:09 Il n'y a même plus de lumière pour éclairer les lieux.
14:12 - On n'entend plus rien. Il fait tout noir.
14:17 Il fait tout noir. C'est silencieux, alors qu'il se passe quelque chose de grave.
14:21 Aucun son.
14:23 C'est tellement inquiétant.
14:26 - C'est de nombreux capteurs qui savent connaître l'état de la centrale,
14:29 la pression, la température, qui sont plus disponibles.
14:32 Donc en plus, on n'a pas d'informations, ou très peu d'informations,
14:35 sur l'état des réacteurs.
14:37 Qu'est-ce qui se passe à l'intérieur ? Personne ne sait.
14:39 Le scénario catastrophe redouté par les autorités
14:42 serait que les 3 réacteurs non refroidis montent en température,
14:46 cèdent sous le coup de leur propre chaleur et libèrent des éléments radioactifs.
14:52 A ce stade, c'est le réacteur numéro 1 de conception plus ancienne
14:56 qui présente le plus de dangers.
14:59 - Dans l'enceinte de confinement, la vapeur s'accumule.
15:04 La pression augmente.
15:07 Et si on ne contrôle pas bien,
15:10 la pression est telle que ça peut exploser.
15:14 Les ingénieurs le savent.
15:19 Si le réacteur entre en fusion et explose,
15:22 c'est toute une région qui pourrait être condamnée.
15:25 Désormais, à Fukushima, tous les regards sont tournés
15:28 vers un dernier système de sécurité, les condensateurs.
15:32 Ce système fonctionne sans électricité.
15:37 Il récupère la vapeur d'eau générée par le réacteur.
15:41 Grâce à des bonbonnes d'eau froide, il crée alors un choc thermique
15:45 qui permet de transformer la vapeur en eau.
15:48 L'eau dernière prend alors la direction du réacteur
15:51 pour un nouveau cycle de refroidissement.
15:54 - C'est un système très bien pensé
15:57 où une circulation naturelle fonctionne tant que c'est bien fermé.
16:01 - Ca permet de temporiser un peu, mais ça n'est pas possible à long terme.
16:05 Et donc l'urgence, c'est effectivement apporter de l'électricité
16:09 sur le site de la centrale.
16:11 - Seulement voilà, le système ne fonctionne que 8 heures.
16:15 Après ce délai, si l'électricité n'est pas rétablie,
16:19 la centrale et le pays tout entier courtent à la catastrophe.
16:23 Tokyo, 16 h 46.
16:29 2 heures après le séisme, la situation prend une nouvelle tournure,
16:34 beaucoup plus grave.
16:36 Alerté par l'entreprise, le gouvernement japonais,
16:39 par le biais de son Premier ministre, décrète l'état d'urgence
16:43 pour la 1re fois de l'histoire du Japon.
16:46 Fukushima, née qu'à 250 km de la capitale mipone
16:50 et ses 37 millions d'habitants.
16:52 Il faut absolument éviter une évacuation
16:55 ou, pire, une panique générale.
16:58 - Sous les vents dominants,
17:00 ça peut aller jusqu'à 250 km de la centrale, l'évacuation,
17:04 et on touche l'agglomération de Tokyo.
17:07 - Les théories les plus folles sont redoutées.
17:10 On parle d'une explosion de toutes les centrales sur la côte
17:14 et d'une dispersion massive de la radioactivité.
17:17 Il n'y a plus de temps à perdre.
17:19 L'état d'urgence vient d'enclencher une véritable course contre la montre.
17:24 A cet instant, tous les espoirs reposent sur des camions,
17:28 2 camions générateurs d'électricité.
17:31 Grâce à eux, le fonctionnement normal des réacteurs devrait reprendre.
17:35 Mais aucun protocole n'a été prévu à l'avance,
17:38 ce qui engendre des conséquences désastreuses et à peine croyables.
17:43 - Les camions mettent un certain temps à arriver,
17:46 et quand ils arrivent le soir à la centrale de Fukushima Daiichi,
17:51 ils se rendent compte qu'ils n'ont pas les câbles électriques
17:54 suffisamment longs pour aller rétablir le courant dans les centrales
17:58 et assurer le refroidissement.
18:00 - Livrés à eux-mêmes, les travailleurs font avec les moyens du bord.
18:04 Ils utilisent tout ce qui est à leur disposition.
18:07 Face à l'urgence de la situation,
18:09 les solutions les plus folles sont imaginées
18:12 pour obtenir un peu d'électricité, jusqu'à utiliser des batteries de voiture.
18:17 - Au bout d'un moment, il y a même eu un appel en disant
18:20 "Les batteries de voiture sont à plat, il va falloir envoyer une équipe pour en chercher.
18:24 "On va récolter tout l'argent sur le site pour aller acheter des batteries de voiture."
18:28 C'est complètement fou.
18:29 Quand on est Tepco, l'entreprise la plus riche du Japon,
18:32 on peut aller chercher des batteries de voiture en disant "On payera plus tard."
18:36 - Yoshihiro Abe est spécialisé dans la sécurité des centrales nucléaires.
18:41 En pénétrant dans le QG, où sont réfugiées toutes les équipes d'intervention,
18:46 il comprend que la situation est très grave.
18:49 La radioactivité est partout.
18:51 - On entre, on laisse la porte ouverte,
18:58 et on ouvre la 2e porte.
19:02 Et là, on se fait engueuler avec force.
19:06 "Fermez la porte !"
19:09 "Fermez la porte !"
19:13 C'est à ce moment-là que j'ai réalisé à quel point la situation était grave.
19:19 Jusque-là, on n'avait jamais vécu ça.
19:24 - A 56 ans, Yoshihiro Abe va travailler sans relâche.
19:31 Sa mission, pomper l'eau des réservoirs.
19:34 Les camions générateurs vont ensuite envoyer des tonnes d'eau
19:38 au coeur du réacteur pour le refroidir.
19:41 Comme le montrent ces images tournées par les pompiers,
19:44 le plan d'attaque se fait là encore dans l'improvisation la plus totale.
19:48 Un seul objectif, apporter de l'eau pour refroidir le réacteur n°1.
19:57 - A ce moment, on nous demande d'aller avec notre camion
20:02 au réservoir qui se trouve près du réacteur n°3.
20:06 L'idée, c'est de pomper l'eau de ce réservoir
20:15 et de l'acheminer vers les autres réservoirs.
20:23 Alors, nous avons relié nos tuyaux pour acheminer 40 tonnes d'eau
20:28 vers le réacteur qu'il fallait refroidir.
20:31 Mais Yoshihiro Abe et ses collègues rencontrent un problème
20:36 qui va les contraindre à stopper les opérations.
20:39 Sous l'effet de la chaleur, la pression ne cesse d'augmenter
20:46 à l'intérieur du réacteur et les tuyaux des pompiers
20:49 sont assez puissants pour faire pénétrer l'eau dans la cuve.
20:53 - Leur enjeu est d'arriver à trouver le bon équilibre de pression
21:02 qui permettra que l'eau rentre à l'intérieur,
21:05 que l'eau arrive sur le combustible pour le refroidir.
21:08 - 21 heures, c'est la confusion la plus totale.
21:12 A la centrale, les hommes sont démunis
21:15 et la situation devient critique.
21:18 Le risque de catastrophe nucléaire n'a jamais été aussi fort.
21:22 - Quand les générateurs de secours se sont arrêtés,
21:27 nous n'avions aucun moyen, plus aucun instrument
21:31 pour connaître l'état du combustible dans le réacteur.
21:35 - Une zone d'évacuation est décrétée.
21:42 Quiconque, vit à moins de 3 km de la centrale,
21:45 doit immédiatement quitter les lieux.
21:48 Et ce n'est qu'un début.
21:50 Le lendemain, 12 mars, 6h14,
21:56 le Premier ministre Naoto Kan décide sans plus attendre
22:00 de se rendre sur le site accompagné du responsable
22:03 de l'autorité de sûreté nucléaire, M. Haruki Madarame.
22:07 Il profite du trajet en hélicoptère pour le questionner.
22:13 - Dans l'hélicoptère, il demande s'une explosion peut se produire ou pas.
22:18 Et là, M. Madarame répond qu'il n'y a pas de crainte à avoir,
22:22 car il n'y a que de l'azote dans l'enceinte de confinement,
22:26 un gaz non combustible.
22:29 Il assure que l'explosion des réacteurs est impossible.
22:33 - Pendant ce temps à la centrale,
22:40 les ingénieurs assistent impuissants à la montée en pression du réacteur n°1.
22:45 Si rien n'est fait pour libérer de la pression,
22:50 son enveloppe pourrait rompre
22:52 et son contenu ultra-radioactif se libérer.
22:55 Cette fois, ils n'ont plus le choix.
22:58 Ils doivent ouvrir des vannes situées en partie haute du réacteur.
23:02 Mais ils savent que les conséquences seront tragiques.
23:05 Ils vont libérer les gaz radioactifs.
23:10 - On préfère avoir un rejet contrôlé
23:14 plutôt que de risquer l'explosion de ce dernier rempart,
23:19 qui est l'enceinte de confinement.
23:22 - C'est impensable d'autoriser
23:25 de faire échapper des particules dangereuses
23:28 vers des agglomérations situées dans les environs proches.
23:32 Mais la situation est tellement critique
23:36 qu'il pourrait y arriver un résultat bien pire.
23:40 S'ils ne prennent pas cette décision.
23:44 Comme le montrent ces images prises à l'intérieur de la centrale,
23:50 l'absence d'électricité empêche les ingénieurs d'ouvrir la vanne à distance.
23:55 Il n'y a plus qu'une solution, et elle est très dangereuse.
24:00 7h du matin.
24:03 Dans la centrale de Fukushima,
24:06 ingénieurs et opérateurs tentent de s'organiser
24:09 pour cette mission à haut risque.
24:12 Puisqu'il n'y a plus d'électricité,
24:15 il va falloir ouvrir la vanne manuellement.
24:18 Mais cette opération, pour faire baisser la pression dans le réacteur,
24:22 est une grande première.
24:25 - Personne ne savait sur place
24:28 comment ouvrir manuellement une vanne.
24:31 Il y a des documents techniques
24:34 pour essayer de comprendre comment on fait pour ouvrir une vanne manuellement.
24:38 - Il y a des plans spécifiques pour chaque chose,
24:41 et il y en a vraiment beaucoup.
24:44 Je vous affirme que c'est impossible de tout avoir en mémoire.
24:48 Je pense qu'ils cherchaient dans les plans
24:51 comment étaient reliés les conduits pour savoir quelle vanne ouvrir,
24:55 quel circuit relier pour pouvoir remettre en marche telle ou telle machine.
25:00 Imaginez, ils regardaient ces plans dans le noir
25:04 à la seule lumière de la lampe torche.
25:09 - Il n'y a pas d'autre choix.
25:12 Mais se rendre sur place, c'est s'exposer
25:15 à des doses radioactives potentiellement mortelles.
25:18 Un danger qui n'arrête pas les employés de la centrale.
25:24 - C'est une situation où l'on ne sait pas si l'on reviendra vivant.
25:30 Tout le monde a peur.
25:33 Tout le monde hésite à se lancer.
25:36 Et finalement, personne ne se propose.
25:39 Et puis, les 2 plus anciens disent qu'ils vont y aller.
25:45 Et d'un seul coup, toutes les mains se lèvent.
25:49 "Laissez-moi y aller. Je vais y aller."
25:53 C'est une explosion de réaction.
25:56 - Face au nombre important de volontaires
26:04 et pour augmenter les chances de réussite,
26:07 2 équipes sont formées.
26:09 Une fois sur place, elles n'auront chacune que 17 minutes
26:12 et pas une de plus pour tenter d'ouvrir la vanne.
26:15 Au-delà de ce temps, les équipes risquent
26:18 de subir des doses mortelles de radiation.
26:21 9h04 dans la centrale de Fukushima.
26:24 Équipée de combinaisons étanches et de bouteilles d'oxygène,
26:28 la 1re équipe quitte le QG sécurisé.
26:31 Mais sur le chemin, elle est très vite freinée
26:34 par les gravats issus du tremblement de terre et du tsunami.
26:38 Résultat, les techniciens ne parviennent même pas
26:41 à atteindre la vanne.
26:43 Devant l'échec de la 1re équipe, le QG envoie l'équipe n°2.
26:47 Elle va tenter sa chance en empruntant un autre chemin.
26:51 - Ils traversent un long couloir qui mène au réacteur,
26:58 mais avec le tsunami, il y a plein d'eau.
27:01 Il y a des poissons morts, amenés là par la vague.
27:05 Ils avancent donc là-dedans, dans l'obscurité.
27:14 A la lumière des lampes torches, ils arrivent au réacteur.
27:18 Ils ouvrent une porte, puis la referment.
27:22 Jusque-là, c'était encore le monde des vivants.
27:26 Mais à partir de cet instant, on pénètre vraiment
27:30 à l'intérieur du réacteur, et c'est le monde de la mort.
27:34 Maintenant, il faut ouvrir la vanne manuellement.
27:40 Mais si l'on meurt avant, à cause des radiations,
27:44 c'est tout simplement la fin du Japon.
27:48 - Mais finalement, l'équipe n°2 parvient jusqu'à la vanne.
27:52 C'est la libération.
27:54 - Il crie d'une énorme voix "j'ouvre".
28:00 En une fraction de seconde, il voit l'aiguille de température baisser.
28:04 Il se jette alors sur son collègue et lui dit en criant
28:07 "Regarde, regarde, 25°C".
28:11 Voilà, c'est comme ça qu'on a ouvert le conduit
28:14 qui a sauvé le Japon.
28:16 - C'est un soulagement pour le personnel qui applaudit
28:24 et qui, pour certains d'entre eux, n'avaient pas dormi
28:27 depuis plus de 24 heures et qui vivaient dans un stress intense.
28:31 Mais la joie des équipes ne sera que de courte durée.
28:35 Car même si l'ouverture de la vanne a fait chuter la pression,
28:38 elle a fait s'échapper des vapeurs radioactives
28:41 et on ne sait pas où est-ce qu'elles se sont répandues.
28:44 D'autre part, le combustible qui n'est pas refroidi
28:47 continue de chauffer.
28:49 Les ingénieurs ne le savent pas encore,
28:52 mais une réaction hors de contrôle va alors se produire.
28:56 Désormais, le monde entier a les yeux rivés sur Fukushima.
29:03 En direct, les médias tentent de comprendre
29:06 ce qu'il se passe dans l'enceinte de la Centra.
29:09 - On a entendu des choses comme la pression étant hausse.
29:12 Est-ce de la vapeur radioactive qu'on a vu sortir
29:15 de l'enceinte de confinement?
29:17 - Tokyo vit dans l'inquiétude.
29:21 Les opérations de sauvetage ont-elles fonctionné?
29:24 Les départs commencent à se multiplier
29:27 et les ressortissants étrangers sont rapatriés dans leur pays.
29:32 - Tous ceux qui pouvaient fuir ont fui.
29:35 Tous mes collègues ont soudainement pris des vacances
29:38 en Thaïlande, à Hong Kong ou en Corée.
29:41 Tout le monde pressentait que quelque chose de dramatique
29:44 allait se produire.
29:46 Mais que se passe-t-il réellement à Fukushima?
29:51 Le journaliste David McNeill décide de rouler
29:54 en direction de la Centrale pour en savoir plus.
29:57 Il rencontre alors des centaines de personnes qui fuient.
30:00 - Les locaux qui étaient toujours là
30:03 et qui étaient dans leur voiture portaient tous des masques.
30:06 Ils s'arrêtaient, faisaient des appels de phare,
30:09 baissaient leurs vitres et disaient "Konatikunda,
30:12 où est-ce que vous allez?"
30:14 Ils étaient nombreux à posséder leur propre compteur
30:17 pour mesurer les radiations.
30:19 Je leur ai demandé à combien on en était
30:22 et on m'a répondu 60 microsieverts,
30:25 ce qui est vraiment très élevé.
30:27 Je n'avais vraiment pas envie de rester là trop longtemps.
30:30 - Miyako Baba fait partie de ceux qui doivent fuir.
30:38 Elle habite à seulement 3 km de la Centrale,
30:41 en pleine zone rouge.
30:43 Ici, l'évacuation est obligatoire.
30:45 En cas d'accident nucléaire,
30:47 elle sait qu'elle sera mortellement touchée.
30:50 - Il y avait des annonces de précautions à la télé.
30:55 On nous disait qu'il fallait porter des masques,
30:58 on devait porter des chapeaux,
31:00 on devait porter des vestes,
31:02 il fallait se protéger.
31:04 - C'était la panique dans les villes,
31:10 tout simplement parce que personne ne croyait à ce qu'ils voyaient.
31:14 - J'ai compris à ce moment-là
31:18 à quel point c'est dur d'évacuer les gens.
31:21 C'est impossible de mettre les sentiments
31:24 de tout le monde à l'unisson.
31:26 On a fait plein d'entraînements,
31:28 plein d'exercices d'évacuation,
31:30 mais le soir, on rentrait chez nous,
31:32 le sourire aux lèvres.
31:34 C'était ça, nos entraînements.
31:36 On n'avait jamais fait d'exercices d'évacuation
31:39 sans rentrer chez nous.
31:41 - Je n'arrivais vraiment pas à comprendre, à accepter.
31:46 Le monde était sans dessus-dessous.
31:48 Je me suis dit, au fond de moi,
31:50 qu'on ne pourrait plus rentrer.
31:53 - Moi, je ne savais pas quoi prendre.
31:56 C'est dur de savoir ce qu'il faut prendre quand on fuit.
31:59 On s'était dit qu'on irait jusqu'où on pourrait
32:02 et qu'ensuite, on laisserait la voiture
32:05 si on n'avait pas le choix et qu'on prendrait un taxi.
32:08 J'avais peur qu'on manque d'essence,
32:11 alors à chaque feu, j'arrêtais le moteur.
32:14 J'avais que ça en tête,
32:16 jusqu'où notre voiture allait bien pouvoir nous emmener.
32:19 - Faisant face pour la 1re fois à ce type de catastrophe,
32:22 les civils n'ont pas conscience
32:24 à quel point la radioactivité est un ennemi invisible.
32:27 - Pour moi, je dirais que ça s'apparenterait
32:30 plutôt à un fantôme ou à un extraterrestre.
32:33 On ne peut pas le voir ou le sentir,
32:36 mais il est là.
32:38 C'est difficile.
32:40 - C'est un ennemi.
32:42 C'est un ennemi.
32:44 C'est un ennemi.
32:46 Mais il est là.
32:48 C'est difficile.
32:50 - Il faudrait des équipements spéciaux
32:57 pour stopper les radiations qui traversent le corps.
33:00 La fuite est malheureusement la seule réaction possible.
33:03 Mais quand certains partent vers des zones protégées,
33:06 d'autres pensent se retrouver en lieu sûr,
33:09 alors qu'ils sont en réalité hautement exposés.
33:12 D'autant que le pire est encore à venir.
33:16 (musique)
33:19 10 h 17.
33:23 A la centrale, la situation paraît enfin maîtrisée.
33:26 Mais en réalité, l'évantage du réacteur
33:29 a seulement permis de retarder l'inévitable.
33:32 Le fait d'ouvrir la vanne
33:34 et de libérer la vapeur radioactive
33:37 a fait baisser mécaniquement la pression dans le réacteur.
33:40 Seulement le combustible étant radioactif,
33:43 sa chaleur continue d'augmenter
33:46 et de générer encore plus de pression.
33:49 À un certain moment,
33:51 une cascade d'événements non maîtrisables se met en oeuvre.
33:54 - Quand il n'y a plus de refroidissement,
33:58 cette eau s'évapore,
34:00 les barres de combustible sont dénoyées,
34:02 sont à l'air libre,
34:04 et la vapeur d'eau sur la gaine de combustible,
34:07 il y a une réaction chimique qui se crée.
34:09 - Au sein du réacteur,
34:11 toutes les matières entrent en fusion
34:13 et forment ce que les spécialistes appellent le corium,
34:16 un mélange hautement radioactif de 2 800 degrés,
34:19 2 fois plus chaud que de la lave.
34:22 - En coulant au fond de la cuve,
34:25 ça va faire fondre le fond de la cuve,
34:27 ça va traverser la cuve
34:29 et ça va tomber dans le fond de l'enceinte de confinement,
34:32 sur le béton très épais qu'il y a au fond de l'enceinte de confinement.
34:35 Le problème, c'est que si votre corium traverse le béton
34:38 qui est sous le réacteur,
34:40 vous avez directement toute la masse radioactive
34:42 qui est dans l'environnement, qui est dans le sol,
34:44 avec des transferts par le sol.
34:46 - Le corium représente un danger majeur,
34:51 surtout à Fukushima.
34:53 En effet, la centrale repose sur un sol
34:56 directement en contact avec les eaux de l'océan.
34:59 Si ce mélange hautement radioactif
35:01 parvient à creuser le béton de la centrale,
35:03 la menace pourrait donc largement dépasser le Japon
35:06 et se répandre aux autres pays de l'océan Pacifique.
35:09 Mais ce n'est pas tout.
35:11 Dans le réacteur, alors que le corium se forme,
35:15 d'autres phénomènes physiques
35:17 entraînent la création d'un gaz, l'hydrogène.
35:20 Or, au contact de l'air,
35:22 l'hydrogène est extrêmement explosif
35:25 et sous l'effet de la pression,
35:27 il commence à s'échapper dangereusement de la cuve.
35:29 - À partir de 4 % d'hydrogène
35:31 dans une pièce où il y a de l'air,
35:33 il y a un risque d'explosion.
35:35 - Et justement, à 15 h 36,
35:38 il y a un bruit assourdissant.
35:40 - C'est un bruit assourdissant.
35:52 Le quartier général ne se situe pas très loin
35:55 du réacteur numéro 1.
35:57 Alors à cet instant, on se regarde
36:00 et on se demande ce qu'il s'est passé.
36:03 On sort tous pour voir
36:06 plusieurs personnes sont blessées.
36:09 Elles sont immédiatement évacuées.
36:12 Visuellement, ça ressemble à du papier
36:15 ou à des plumes qui volent dans l'air.
36:18 Là, je me dis qu'on ne peut vraiment pas changer les choses,
36:21 qu'on ne peut s'en remettre qu'à notre chance.
36:24 - Katsutaka Hidogawa, le maire de la ville voisine,
36:27 assiste à la même scène apocalyptique.
36:30 - On est dans un quartier général,
36:33 on est dans un quartier général,
36:36 on est dans un quartier général,
36:39 on est dans un quartier général,
36:42 on est dans un quartier général,
36:45 on est dans un quartier général,
36:48 on est dans un quartier général,
36:51 on est dans un quartier général,
36:54 on est dans un quartier général,
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37:00 on est dans un quartier général,
37:03 on est dans un quartier général,
37:06 on est dans un quartier général,
37:09 on est dans un quartier général,
37:12 on est dans un quartier général,
37:15 on est dans un quartier général,
37:18 on est dans un quartier général,
37:21 on est dans un quartier général,
37:24 on est dans un quartier général,
37:27 on est dans un quartier général,
37:30 on est dans un quartier général,
37:33 on est dans un quartier général,
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38:00 on est dans un quartier général,
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39:03 on est dans un quartier général,
39:06 on est dans un quartier général,
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43:51 on est dans un quartier général,
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50:06 on est dans un quartier général,
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52:06 on est dans un quartier général,
52:09 on est dans un quartier général,
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52:21 on est dans un quartier général,
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