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00:00 - Un peu plus de 36 heures après l'attaque au Couteau qui a fait deux morts à Bordeaux, nous recevons Pierre Hermic, le maire écologiste de Bordeaux.
00:05 Elle répond à vos questions, Laetitia Ouvlier.
00:07 - Bonjour Pierre Hermic. - Bonjour.
00:08 - Alors déjà, quel est votre sentiment moins de deux jours après cette attaque ?
00:12 - Je suis extrêmement préoccupé et mobilisé par la situation.
00:17 C'est pour ça que mercredi soir, aussitôt que j'ai été alerté, j'ai tenu à me rendre sur place pour m'entretenir avec les forces de l'ordre,
00:26 notre police municipale, également la police nationale, le préfet, la procureure de la République,
00:33 pour montrer que le maire de Bordeaux était aux côtés des responsables de la sécurité publique.
00:39 J'ai tenu aussi rapidement à manifester mon soutien aux victimes et à leurs proches,
00:47 et remercier les forces de police pour leur réactivité, leur maîtrise rapide de l'assaillant.
00:54 Alors aujourd'hui, ce qu'on attend d'un maire, c'est pas tellement du commentaire ou d'alimenter une polémique,
01:02 mais d'agir et d'être présent.
01:04 Pour ça que dès le lendemain, j'ai tenu à ce que nous installions sur place, à proximité du miroir d'eau,
01:12 un point de médiation, nous avons dépêché des médiateurs pour être à l'écoute des Bordelais.
01:21 - Des Bordelais choqués ? - Oui, bien sûr, à juste titre.
01:24 Beaucoup sont choqués et inquiets.
01:26 Et donc le but de ce poste de médiation que nous avons monté dans l'urgence,
01:30 c'est d'abord de les écouter, de les rassurer, de les orienter vers les professionnels dont c'est la fonction,
01:37 c'est-à-dire le CHU et le centre Charles Perrin ont été très réactifs puisqu'ils ont monté une cellule d'aide psychologique.
01:43 Donc notre poste de médiation sur place a aussi pour but d'orienter les passants qui nous apparaissent les plus perturbés,
01:51 les plus inquiets par la situation, de les orienter vers les professionnels de la cellule d'aide psychologique.
01:58 Je sais que hier ça a été le cas.
02:01 Donc il fallait être réactif et voilà ce qu'on attend demain, je crois, c'est la présence, la réactivité sur le terrain.
02:09 Et c'est ce que j'ai essayé de faire.
02:10 - Cette cellule qui restera le temps qu'il faudra, il n'y a pas encore de date pour l'instant de préciser.
02:17 Alors vous le disiez, pas de polémique, pourtant vous êtes bien sous le feu des critiques.
02:22 Depuis 36 heures, les oppositions parlent de laxisme face à l'insécurité.
02:28 À Bordeaux, vous répondez quoi ce matin ?
02:30 - D'abord, du point de vue méthode, je vais vous dire la meilleure façon de riposter à des opposants politiques haineux,
02:42 la meilleure façon c'est de ne pas leur ressembler.
02:44 Donc je ne me situerai jamais sur ce terrain de la polémique et de la haine.
02:50 Je me situerai toujours sur le terrain de la responsabilité.
02:52 Et je crois que sur ce terrain-là, depuis le début de mon mandat, je me suis efforcé d'agir pour la sécurité.
03:00 En rappelant néanmoins que la sécurité publique dans une ville, comme partout dans notre pays, c'est du ressort de l'État.
03:06 Le rôle d'un maire c'est d'accompagner cette politique de sécurité publique et c'est ce que nous faisons,
03:12 je crois avec efficacité, depuis le début de notre mandat.
03:16 Ceci dit, la ville de Bordeaux, comme toutes les grandes métropoles françaises, est touchée depuis une quinzaine d'années par une délinquance qui augmente.
03:24 Vous noterez que la pire année que nous ayons connue ces 15 dernières années, en matière de progression de la délinquance,
03:30 ça a été l'année 2019. L'année 2019, nous étions en pleine campagne électorale, Bordeaux a été touché, on oublie vite, par des faits divers.
03:36 - Vous voulez dire que vous n'étiez pas encore élu ?
03:38 - Non, mais j'étais dans l'opposition à la campagne électorale et à aucun moment, vous m'entendez bien, je n'ai utilisé cet argument-là,
03:44 de croissance de la délinquance, pour mettre en cause mon prédécesseur, qui était mon adversaire politique du moment,
03:50 le maire sortant, à aucun moment, parce que d'abord, je sais que la sécurité publique est du ressort de l'État,
03:56 qu'il aurait été injuste et polémique de mettre cette croissance de la délinquance sur le dos de mon prédécesseur.
04:04 Alors, une fois que j'ai été élu maire, vous me direz, est-ce que vous avez pris le sujet au sérieux ?
04:09 J'ai envie de vous dire oui, j'ai immédiatement augmenté le budget de la police municipale,
04:14 considéré qu'il n'était pas à la hauteur d'une ville comme Bordeaux, j'ai augmenté les effectifs de policiers municipaux,
04:21 on est actuellement à peu près à 23% de policiers municipaux supplémentaires par rapport à la situation dont nous avons hérité,
04:27 et je pense qu'à la fin de notre mandat, nous serons à 46% d'effectifs de police municipale sur le terrain supplémentaires,
04:35 c'est-à-dire qu'on va pratiquement doubler les effectifs.
04:37 Donc, je crois que très rapidement, nous avons manifesté une inquiétude par rapport à cette situation de délinquance
04:43 qui existait déjà sur les terrains, sous de nombreux moyens.
04:46 Et justement, Pierre Hermic, on a un auditeur qui nous appelle, on a demandé à nos auditeurs ce matin
04:52 s'ils se sentaient en sécurité ou en insécurité à Bordeaux, Jeannel.
04:56 Jeannel, on vous dit que bonjour.
04:58 Est-ce que vous êtes avec nous, Tophic ?
05:02 En direct, on n'arrive pas à voir Tophic, qui est le conducteur du bus, qui lui,
05:05 elle nous dit qu'il est très inquiet par rapport à l'insécurité qui monte à Bordeaux notamment.
05:10 Je ne suis pas surpris, il y a un problème d'insécurité, mais moi mon rôle de maire, c'est aussi d'apaiser les Bordeaux-Lerdes,
05:19 il n'y a pas de situation contrairement à ce que j'entends particulière à Bordeaux.
05:23 A Bordeaux, il y a des acteurs de la sécurité particulièrement investis, je parle de l'État,
05:28 avec qui nous avons plutôt de bonnes relations et un travail en commun avec la préfecture,
05:34 avec la procureure de la République, avec la police nationale.
05:41 Nous essayons de travailler ensemble, ce n'est pas parfait, il y a de la sécurité à Bordeaux,
05:47 mais il faut aussi rassurer, il faut aussi apaiser, il faut éviter aussi de rajouter du malheur au malheur,
05:56 comme certains tentent de le faire.
05:58 Ceci dit, l'inquiétude, je l'entends, je suis quand même un maire très présent dans les rues de la ville
06:03 et mon devoir aussi, c'est de montrer ce que l'on fait quotidiennement pour améliorer à notre niveau la sécurité des Bordelaises et Bordelaises.
06:12 Je terminerai dessus en disant, je crois être un maire investi sur ce terrain-là,
06:16 d'abord ma profession d'avocat m'avait un peu préparé à aborder ces questions de sécurité,
06:20 mais je suis tellement investi aussi que mes collègues maires des grandes villes,
06:25 à travers le Forum français de sécurité urbaine, m'ont demandé de présider cette instance-là.
06:29 Je suis le président du Forum français de la sécurité urbaine,
06:32 ce qui montre que, voilà, à Bordeaux, on n'est pas indifférent au problème de l'intélinquance quotidienne dans les rues de notre ville.
06:39 Donc je suis un maire préoccupé, mais ça ne suffit pas.
06:42 Je suis un maire aussi, je crois, actif pour essayer d'apporter des réponses concrètes sur le terrain.
06:48 Alors ce n'est pas parfait, les événements récents que nous commentons aujourd'hui prouvent qu'il y a beaucoup d'efforts à poursuivre,
06:56 mais en tout cas je ne lâcherai pas et je continuerai à me situer dans l'action et non pas dans le commentaire ou dans la polémique.
07:04 Pierre Remic, le maire de Bordeaux, notre invité ce matin sur France Bleu, j'ai rendez sur France 3, Nouvelle Aquitaine.
07:08 Dans le classement des villes les plus sûres de France, quand même, il y a quelques chiffres.
07:12 Bordeaux est loin, 110e dans le même groupe que Paris, Lille, Marseille.
07:17 On l'a dit, nos auditeurs ne se sentent pas forcément en sécurité.
07:22 Il y a beaucoup de commentaires d'ailleurs, Janelle, sur Facebook, une soixantaine.
07:26 Avec une majorité qui vont dans le même sens, comme Christophe qui nous dit "Bordeaux devient au fil du temps un véritable coupe-gorge".
07:31 L'insécurité y a explosé.
07:33 Cédric qui nous dit "personnellement je ne sors plus sur Bordeaux le soir, c'est pas safe, c'est pas sécure et c'est dommage".
07:39 Et enfin, on a un commentaire qui va dans l'autre sens.
07:42 C'est Dominique qui nous dit "globalement oui, je me sens en sécurité mais comme partout finalement, vous pouvez tomber sur un fou absolument partout.
07:49 La sécurité à Bordeaux, c'est pour ma part améliorée avec le renforcement des effectifs de la police nationale et municipale que je constate".
07:56 - Justement, Nicolas Florian demande un armement de la police municipale, ça aurait changé quelque chose ?
08:03 Ça pourrait améliorer ce sentiment, Pierre Hormik ?
08:05 - Non, c'est pas au niveau, si vous voulez.
08:08 Je note d'ailleurs que Nicolas Florian, quand il était maire de Bordeaux, il était hostile.
08:13 A l'époque, la majorité était hostile à l'armement.
08:17 Ils sont passés dans l'opposition, j'ai pris une position contre l'armement.
08:20 Et à ce moment-là, le réfecte Pavlovien d'Opposant dit "ah oui, ça y est,
08:25 maintenant on est devenu pour, on était contre, mais maintenant on est devenu pour, tout simplement parce que le maire y a aussi..."
08:31 C'est une façon de faire de la politique, je trouve, de notre temps.
08:35 C'est des réflexes très manichéens, très partisans.
08:39 C'est pas auteur de la situation, d'autant plus que par rapport à ces événements graves que vous évoquez, ça n'aurait rien changé.
08:46 Et puis je ne peux pas laisser dire que la police municipale n'est pas armée.
08:50 Elle n'est pas armée d'armes létales, mais elle a des dispositifs de sécurité,
08:55 notamment des pistolets impulsifs électriques, qui leur permettent de neutraliser tout assaillant.
09:00 Donc elle n'est pas démunie, heureusement, mon rôle c'est de protéger ma police municipale.
09:04 Elle n'est pas armée d'armes létales, moi je ne veux pas qu'on la confonde avec la police nationale,
09:09 qui a la démission de sécurité publique.
09:11 La police municipale a la démission de tranquillité publique,
09:14 pour laquelle il n'est pas utile d'avoir une arme qui tue, mais qu'elle soit armée pour se défendre,
09:20 je veille à ce que, naturellement, elle soit correctement pourvue à cette fin.
09:25 - Et on a retrouvé Toufique, qui est avec nous, conducteur de bus.
09:29 Bonjour Toufique, on vous écoute pour votre témoignage.
09:31 - Oui, bonjour tout le monde, bonjour M. Le Verne.
09:35 Je voulais vous poser une question, M. Le Verne.
09:37 Qu'est-ce que vous comptez faire dans la place Saint-Michel,
09:39 avec tous les clandestins qui sont implantés dedans,
09:43 avec les gens qui n'ont pas de papiers,
09:46 qui sont recherchés en Espagne, qui se refugent tous à Bordeaux.
09:51 Qu'est-ce que vous comptez faire de cette place Saint-Michel,
09:53 qui ne serait pas plus judicieuse, plutôt un peu nettoyage,
09:57 parce qu'on aime bien cette ville de Bordeaux,
09:59 qui est une ville très calme par rapport à d'autres villes,
10:02 et que le samedi, on aimerait bien descendre avec nos familles,
10:05 faire le marché, faire les courses, et tout ce qu'il faut, se balader,
10:08 dire l'histoire de Saint-Michel.
10:10 Mais le problème, c'est que maintenant, on a peur.
10:12 Je vais vous citer un simple exemple.
10:14 Dernièrement, je suis descendu faire les courses avec mes enfants.
10:17 Il y en a un qui m'a accosté, qui me demande si je cherchais quelque chose ou pas.
10:21 Et quand j'ai essayé de lui répondre, il m'a sorti le couteau.
10:23 J'étais obligé de me refugier dans un magasin,
10:26 sinon je crois que j'aurais le droit d'aller me balader ou quelque chose comme ça.
10:31 Et du coup, j'ai juré. Même mes enfants étaient malades.
10:33 Ils m'ont dit "Papa, on ne va plus là-bas, c'est trop risqué".
10:37 - Merci Toufique pour ce témoignage ce matin sur France Bleu Gironde.
10:40 Ce témoignage fort.
10:41 - Qu'est-ce que vous répondez ce matin à Toufique,
10:44 notamment sur la place Saint-Michel ?
10:46 - Je veux dire à Toufique que j'entends son témoignage,
10:49 j'entends son inquiétude, je sais qu'il n'est pas isolé,
10:52 je sais qu'on entend plus les gens inquiets que ceux qui ne le sont pas,
10:54 et c'est tout à fait normal.
10:56 Ce n'est pas ce que je vais faire, c'est ce que je crois que j'ai commencé à faire
11:00 sur la place Saint-Michel et sur d'autres lieux un peu emblématiques de la délinquance à Bordeaux,
11:04 c'est mettre davantage d'effectifs de police municipale sur place.
11:08 J'avais pour habitude de dire pendant la campagne "il faut plus de bleu dans les rues",
11:12 c'est-à-dire il faut plus de policiers en uniforme qui patrouillent dans nos rues.
11:16 C'est les instructions qui sont données à notre police municipale.
11:19 Certains me disent "on voit plus de policiers qu'on en voyait dans le passé",
11:25 mais il faut vraisemblablement, et Toufique a raison,
11:27 accentuer cette présence physique sur le terrain.
11:31 Nous travaillons avec la police nationale précisément pour qu'il y ait plus de réactivité,
11:36 plus de présence sur le terrain.
11:39 C'est un chantier immense qui n'est pas terminé.
11:41 On a des marges de progression à faire, Toufique a raison,
11:44 mais je veux le rassurer en disant que nous avons parfaitement conscience de cette situation,
11:50 que le rôle d'en-mer c'est de répondre aux inquiétudes de ses habitants,
11:54 et donc c'est ce que j'essaie de faire,
11:56 c'est de pouvoir rassurer rapidement, le plus rapidement possible,
12:00 Toufique, de ses inquiétudes et celles de sa famille.
12:02 Merci beaucoup Pierre Romique d'avoir été dans nos studios ce matin,
12:05 en direct sur France Bleu Gironde.
12:07 Vous pourrez écouter cette interview avec le maire de Bordeaux, Pierre Romique, sur francebleu.fr

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