• il y a 7 mois
Valérie Benaïm parle de son livre sur les femmes qui tombent amoureuses de tueurs en série 

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Transcription
00:00 -Des victimes ou jamais ?
00:01 -Pour ne rien vous cacher, dès le jour 1 de mon enquête,
00:06 je n'ai cessé de penser aux parents des victimes.
00:09 Toutes ces victimes.
00:10 Évidemment, Maëlys, mais le caporal Noyer,
00:15 mais aussi les victimes de Guy Georges,
00:17 l'affaire Guy Georges, de Patrice Allègre, etc.
00:20 Il fallait que je les ai aussi en tête.
00:22 J'avais promis de ne pas juger les femmes que j'allais interroger,
00:26 mais je ne pouvais pas moi non plus...
00:29 Il ne s'agissait pas d'un blanc-seing.
00:31 Il ne fallait pas les juger.
00:33 J'étais sur cette ligne de crête pendant tout ce travail.
00:36 Évidemment, pour ces parents, c'est une souffrance sans fin.
00:40 C'est impossible de faire autrement
00:43 que de ne pas être de leur côté.
00:46 Ça interroge sur ce qu'on fait de ces hommes
00:50 une fois qu'on les met en prison.
00:52 On a le sentiment que le problème est réglé.
00:54 Mais il n'est pas réglé, ils sont privés de liberté.
00:58 Comment on gère ça ?
00:59 Ils peuvent se marier, avoir des enfants,
01:02 des téléphones...
01:03 Ils peuvent avoir accès à une unité de vie familiale.
01:06 L'administration pénitentiaire décide s'ils ont accès ou pas.
01:10 Ça ouvre un champ de questionnement, une question de société.
01:14 Qu'est-ce qui vous en rappelle, Sabrina ?
01:16 Le livre a l'air passionnant.
01:19 La première question que je voudrais vous poser,
01:22 c'est comment êtes-vous arrivée à vous distancier
01:25 de ce qu'on appelle le fil psychopathique
01:27 dans la rédaction de votre ouvrage ?
01:29 Et deuxièmement, est-ce que vous seriez capable de nous dire
01:33 que ces aphorismes-là, patriarcat, matriarcat,
01:36 coexistent finalement dans une projection affective morbide ?
01:41 Vous parliez de ces femmes de pouvoir
01:43 qui leur rendent visite parce qu'elles sentent
01:46 qu'elles les dominent,
01:48 socialement, économiquement, etc., sur le plan même symbolique.
01:51 Comment vous expliquez-vous aujourd'hui...
01:54 -Je vais juste répondre à cette question.
01:57 Est-ce que le patriarcat se dissocie du matriarcat ?
02:00 Est-ce qu'on n'est pas finalement dans un matriarcat sacrificiel,
02:04 s'agissant de ces femmes ?
02:05 Est-ce qu'on n'est pas non plus dans un patriarcat
02:08 qui les fascine du fait qu'il sacrifie des vies humaines ?
02:12 Je suis désolée.
02:13 -Une seule question, sinon Valérie va pas savoir quoi répondre.
02:17 -Impressionnant.
02:18 La première, comment avez-vous fait
02:20 pour vous distancier de l'ouverture de cet ouvrage ?
02:24 -C'est le boulot d'un journaliste.
02:26 J'ai essayé à la fois...
02:27 Je ne peux pas me départir du fait que je suis à la fois femme et mère.
02:31 Double titre, j'étais impactée.
02:34 Mais mon boulot, à la fois,
02:36 c'est d'interroger en tant que femme et que mère,
02:38 mais de mettre à distance.
02:40 C'est mon travail de journaliste.
02:42 C'est mon travail de prendre de la matière,
02:44 de la digérer avant de la recoucher sur le papier.
02:48 C'est la raison pour laquelle, dans le livre,
02:50 il n'y a pas que du témoignage brut.
02:52 Je suis devenue une femme,
02:54 et j'ai essayé de prendre de la hauteur
02:56 en interrogant des avocats, des gardiens de prison,
02:59 des procureurs, des psychiatres,
03:01 et qui me permettent de digérer les interviews que j'ai faites
03:05 pour être en surplomb et ne prendre que dans de la chair.
03:08 -M. Naïma, vous lui avez posé une question ?
03:11 -Je suis fascinée par votre livre.
03:13 J'ai hâte de le lire, mais par vous aussi.
03:16 -On me pose toujours la question avec un point de suspicion,
03:19 en se disant qu'elle est peut-être un peu dingue.
03:22 Je suis allée à l'émission pour laquelle je travaille,
03:25 et je préempte la table du salon avec toujours la télé allumée,
03:29 parce que j'aime bien avoir cette réminiscence
03:32 des salles de rédac avec un peu de bruit.
03:34 J'allume toujours sur les chaînes d'info.
03:37 Il y avait la reconstitution du meurtre du caporal Noyer.
03:40 Un de mes confrères, à l'antenne, racontait
03:43 que la foule criait à mort, à mort, à mort.
03:45 Et...
03:47 -Dans l'affaire Lelandais, donc.
03:49 -Dans l'affaire Lelandais.
03:51 Et il y a eu, à ce moment-là, l'irruption d'une femme
03:54 dans le dossier Nordal-Lelandais.
03:56 Je ne sais pas pourquoi ça m'a percutée,
03:58 mais à ce moment-là, j'ai tout arrêté
04:01 et je me suis demandé qui était cette femme.
04:03 Est-ce qu'elle le connaissait avant ?
04:06 Auquel cas, j'aurais pu concevoir un lien qu'on ne veut pas rompre.
04:09 Et si elle est arrivée ex nihilo, d'où elle venait ?
04:12 -C'est là qu'a commencé le fil de la narration.
04:15 Il n'est pas celui que vous croyez,
04:17 cette femme amoureuse de tuer en série aux éditions FAYA.
04:20 Merci, Valérie Badiè.
04:22 [Musique]
04:25 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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