L'écrivain Nathan Devers, était l’invité de l’Heure des Pros ce lundi 8 avril sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet de l'agression mortelle de Shemseddine à Viry-Châtillon : «Ces crimes sont aussi vieux que l'Histoire de France»
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00:00 Vous avez eu une réaction, je l'avais dit sur le moment,
00:03 qui était vraiment d'une immense dignité.
00:06 Quand il y a des faits tragiques comme ça,
00:08 je n'aime pas l'expression de faits divers
00:10 dont vous parliez tout à l'heure,
00:10 qui est une expression sordide,
00:11 quand il y a des faits tragiques,
00:13 dans un contexte où le débat public est explosif,
00:16 où très souvent chacun veut ramener la couverture idéologique à soi
00:18 pour dire "ce fait confirme que j'avais raison toutes mes analyses",
00:21 vous avez montré que la réaction que vous vouliez avoir
00:24 était celle de l'émotion pure.
00:26 Le débat, l'analyse vient après,
00:29 mais d'abord l'émotion et quelque chose qui se perd,
00:31 qui était une valeur romaine,
00:32 qui était la dignité, la pudeur,
00:35 la gravité qui est liée à la chose publique.
00:38 Ensuite, sur les déclarations d'Éric Zemmour,
00:40 ce n'est pas seulement à mon avis que l'expression est excessive,
00:43 c'est qu'il y a deux choses fondamentalement qui sont absolument fausses.
00:46 La première, c'est de croire qu'il y aurait une sorte de déni
00:50 face à une situation qui serait intégralement, radicalement nouvelle
00:53 et qui ne serait jamais arrivée sur le jambe de France.
00:55 Des crimes donnants, je n'aime pas le mot non plus.
00:57 Non, mais il y a un déni, évidemment.
01:00 Et c'est pour ça que...
01:01 Des crimes, soit contre des femmes...
01:03 Je parlais de la maire de Nantes et la maire de Rennes,
01:06 elles sont dans le déni de leur ville.
01:07 Bien sûr, mais des crimes, soit contre des femmes,
01:09 il y en a malheureusement énormément chaque année,
01:12 soit liés à des hommes qui sont possessifs vis-à-vis de leurs filles
01:15 et qui s'en prennent aux petits copains, etc.
01:18 Ça existe, c'est aussi vieux que l'histoire de France
01:21 et que l'histoire d'ailleurs de n'importe quel pays.
01:23 Le code civil disait que la femme était propriété du père,
01:27 puis de la marie jusqu'en 10 ans.
01:28 Nathan, s'il vous plaît,
01:30 il n'y a pas d'exemple dans les années 70, 80, 90 en France de ça.
01:35 Ça n'existe pas dans les années 70.
01:37 Le père par exemple qui tue quelqu'un qui a dragué leur fille ?
01:39 Alors là, je n'ai même pas un exemple à vous donner.
01:42 Vous répondez, ça ne s'agit pas simplement des meurtres.
01:44 Vous ne parlez que des meurtres.
01:46 La réalité, c'est que le contrôle du corps des femmes
01:48 est un enjeu dans certaines cultures.
01:50 Ne niez pas ça.
01:52 Vous allez admettre cela.
01:54 Le contrôle du corps des femmes,
01:56 c'est l'enjeu.
01:57 Il y a eu à Vitry, il y a quelques années,
01:59 cette malheureuse fille,
02:01 je ne me rappelle plus son prénom malheureusement.
02:03 Vous voyez, on oublie même leur prénom
02:04 et leur visage qui a été brûlé vive.
02:06 - Chana, non ?
02:07 - Je mélange deux affaires, donc je ne voudrais pas tromper.
02:11 Mais il y a surtout des filles qui se cachent
02:14 pour enlever leur voile, qui sont de la Cité
02:16 et qui s'habillent à l'européenne,
02:18 parce que si elles s'habillent à l'européenne dans la Cité,
02:20 elles sont traitées de vous savez très bien quoi.
02:22 Donc ne niez pas cela.
02:24 Il y a une dimension.
02:25 Il y a une bataille qui se passe à l'intérieur de cette culture.
02:28 - Mais je ne suis pas dans le déni.
02:29 Je dis juste qu'on peut avoir les yeux ouverts sur cette situation,
02:33 sans dire que c'est une situation qui...
02:37 que cette violence-là, patriarcale,
02:38 parce que c'est une violence patriarcale,
02:40 n'existerait pas dans notre culture, entre guillemets,
02:43 à nous, qu'elle n'aurait jamais existé,
02:44 qu'elle serait encore étrangère.
02:45 - Elle a existé, elle n'existe plus.
02:48 ♪ ♪ ♪
02:51 [SILENCE]