Category
📺
TVTranscription
00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans le temps de l'info, deux heures de décryptage ensemble sur l'actualité à l'international.
00:07 Et au sommaire ce midi tout d'abord, ces drones ukrainiens qui ont une portée de plus en plus grande, jusqu'à 3300 km,
00:14 qui pourraient atteindre plus d'un tiers du territoire russe.
00:17 Alors on ne les a pas encore vus à l'action, mais en tout cas le magazine allemand Bild confirme qu'ils existent.
00:23 Est-ce que les Russes sont en capacité de riposter face à une telle menace ?
00:27 On verra ça avec notre correspondante à Moscou en direct dans un instant.
00:31 Vladimir Poutine justement qui envisagerait une escalade.
00:34 Oui, mais de quoi parle-t-on vraiment ? Que peut faire le président russe de plus ?
00:39 Et surtout est-ce qu'on doit s'inquiéter ?
00:41 Nos experts vous répondront.
00:42 Et puis enfin on partira en Israël avec cette révélation hallucinante, l'armée israélienne qui aurait recours à l'intelligence artificielle
00:50 pour générer des milliers de victimes potentielles à abattre.
00:55 Est-ce que c'est réel ? Et qu'est-ce que ça dit de la guerre du futur ?
00:58 Voilà pour le programme, le temps de l'info, c'est tout de suite.
01:01 Et dans un instant vous allez retrouver les experts du temps de l'info, mais d'abord c'est votre journal.
01:08 Et à la une donc, 5 personnes ont été placées en garde à vue.
01:14 4 mineurs et un adulte après la mort d'un adolescent de 15 ans passé à Tabas jeudi à la sortie de son collège de Viery-Châtillon dans l'Essonne.
01:22 Il s'agit de 4 mineurs, 3 de 17 ans, une jeune fille de seulement 15 ans et un majeur de 20 ans.
01:28 Voilà pour le profil des gardés à vue dans cette enquête ouverte, je vous le rappelle, pour assassinats et violences en réunion aux abords d'un établissement scolaire.
01:36 Forcément, énormément d'émotion à Viery-Châtillon ce matin encore, notamment devant le collège où était scolarisé l'adolescent.
01:43 Et on vous retrouve, Suzy Muselet sur place avec Eric Josset.
01:46 Beaucoup d'hommages qui sont rendus devant l'établissement.
01:49 On le voit d'ailleurs derrière vous avec ses fleurs.
01:52 Les habitudes des Tarbayers et ce sera pareil pour tout le week-end.
01:56 Allez, restez avec nous parce que dans un instant, on se retrouve.
01:59 Vous allez voir que les drones ukrainiens qu'on pensait jusqu'ici capables de se projeter jusqu'à 1300 km sur le territoire russe
02:08 pourraient bien aller deux fois et demi plus loin.
02:11 Est-ce que c'est réel ? Et surtout, comment pourraient répondre ?
02:14 C'est parti pour le temps de l'info. Bienvenue si vous nous rejoignez.
02:17 Des drones ukrainiens qui voleront bientôt jusqu'à 3300 km.
02:21 Non, vous ne rêvez pas. C'est ce qu'affirme le quotidien allemand Bildt, citant une source proche du dossier.
02:26 On va s'y intéresser. Concrètement, ça veut dire que plus d'un tiers du territoire russe pourrait se retrouver à portée d'attaques ukrainiennes.
02:33 Est-ce que c'est une révolution ? Est-ce que ça peut changer le cours de la guerre ?
02:37 Toutes les réponses, c'est maintenant, dans le temps des cartes.
02:43 Le temps des cartes avec vous, Aurélien Duchesne. Vous êtes notre consultant géopolitique et défense.
02:48 Vous allez nous éclairer, on a compris. On va en Russie, aujourd'hui.
02:52 Donc, on savait que jusqu'ici, on l'a vu en début de semaine, des drones pouvaient aller jusqu'à 1300 km.
02:57 On s'était déjà dit, c'est une révolution. On l'a vu, 1300 km, c'est déjà pas mal pour les Ukrainiens.
03:02 On apprend, d'après Bildt, qu'ils pourraient aller, cette fois-ci, ces drones, jusqu'à 3300 km. Est-ce qu'on y croit ?
03:08 On y croit à deux raisons. Cela fait longtemps qu'on parle de ce fameux Sokil-300, le nouveau drone ukrainien en développement.
03:15 Et les Ukrainiens ont bâti l'une des industries de drones les plus performantes.
03:18 On l'a vu, évidemment, en mer Noire, avec les Magura V5, qui ont été produits de manière souveraine,
03:23 c'est-à-dire par la technologie et le savoir-faire ukrainien.
03:26 On a vu, également, qu'il s'agisse des frappes, par exemple, à Moscou, avec des drones dits "beaver" de production ukrainienne,
03:32 qu'il ne fallait pas sous-estimer le savoir-faire des Ukrainiens en la matière.
03:36 Et là, ce qu'on voit récemment, avec les frappes ici, dans ce rayon d'action, au Tatarstan, par exemple, sous les raffineries...
03:42 - Tatarstan, on est là, à peu près ? - Absolument.
03:45 Les Ukrainiens savent innover, que ce soit en termes d'emploi des drones ou même de perfection des drones.
03:50 Alors, on va présenter, justement, un petit peu plus ce drone.
03:53 On se rappelle que celui-ci, c'est le drone... Alors, c'est un ULM dronisé, c'est pour ça qu'on voit quelqu'un à l'intérieur.
03:58 Dans les faits, celui qui a été utilisé mardi au Tatarstan, justement, c'était vraiment un véhicule sans pilote.
04:05 On voit ses caractéristiques. Il a une portée théorique de 1 000 km.
04:08 Et là, il est allé quand même jusqu'à 1 300 km. On se rappelle les images, quand même, qui ont impressionné.
04:13 C'est une usine de Shahed iranien, de drones russes, utilisés par les Russes, qui a été touchée.
04:19 Alors, ce qui est intéressant, c'est de s'intéresser cette fois-ci à la nouvelle carte d'identité.
04:22 Parce que qu'est-ce qu'il y a de plus, finalement, ce Sokol 300 ?
04:25 Évidemment, sa portée. Alors, ce n'est pas totalement révolutionnaire.
04:28 L'Iran, par exemple, a dévoilé à l'automne dernier un drone d'une portée théorique de 2 000 km.
04:33 Là, on parle d'un drone qui est encore dans des phases finales de développement,
04:36 mais ces phases sont suffisamment avancées.
04:38 On sait d'ailleurs que des drones d'une portée plus intermédiaire, de 2 000 km, par exemple,
04:42 pourraient entrer en service actif dans les forces ukrainiennes d'ici la fin de l'année.
04:46 C'est le journal Build qui nous l'apprend.
04:48 Ce drone-là, il a une différence avec, par exemple, les drones dits "Beaver",
04:52 qui ont été employés pour des frappes contre Moscou.
04:54 Ce n'est pas un drone low-cost, celui-là. C'est un bijou de technologie.
04:57 - Il coûte combien ? - Alors, ça, vous me posez une colle.
05:01 Je vais trouver l'information là-dessus.
05:04 Mais parmi ses caractéristiques, il y aurait, par exemple, outre sa portée,
05:07 il y a tout ce qui est la résistance au brouillage.
05:09 On voit sur le front ukrainien que ce qui pénalise le plus, évidemment, l'emploi des drones,
05:13 c'est le brouillage, c'est la guerre électronique, c'est d'ailleurs la meilleure défense contre les drones.
05:17 - Alors, vous, qui s'appelle Fokon, d'ailleurs, en ukrainien, ça en dit long quand même aussi.
05:21 - Et sa précision aussi, d'ailleurs. - C'est intéressant. Voilà.
05:23 Alors, concrètement, nous, ce qu'on veut savoir aussi, c'est combien de pourcentages du territoire russe
05:27 va être atteignable à portée, désormais ?
05:29 Et puis, surtout, quelles vont être les cibles potentielles, qu'elles soient militaires, logistiques ?
05:33 - Parmi les cibles potentielles, alors, ici, dans la région de l'Oural, on aurait, par exemple,
05:37 tout ce qui est l'industrie de défense russe.
05:39 La fameuse économie de guerre se concentre au plan...
05:42 - Vous voulez dessiner ? Attendez, vous mettez le crayon, allez-y.
05:45 - La fameuse économie de guerre, par exemple, son cœur serait plutôt ici, dans les zones de l'Oural.
05:50 C'est de là que la Russie fabrique l'essentiel de ses chars, par exemple, avec le fameux Oral-Vagonzavod,
05:55 qui est le plus gros producteur de chars au monde.
05:57 Si demain, le complexe militaro-industriel russe devait avoir la visite de drones ukrainiens à longue portée,
06:03 ce serait évidemment un coup majeur porté à l'économie de guerre russe.
06:06 - Oui, il y a pas mal de bases, d'ailleurs. Pardon, je vous interromps juste pour expliquer aux téléspectateurs,
06:09 mais base aérienne, base navale, base militaire pour les pictogrammes,
06:11 on a quand même... C'est intéressant, ce qui se trouve dans ces rayons de 3 300 km.
06:15 - On frappe vraiment dans la profondeur. Dans le jargon militaire, on parle de dé-sanctuarisé,
06:19 c'est-à-dire le sanctuaire, c'est-à-dire vraiment la profondeur stratégique des salles de la Russie,
06:23 là, elle deviendrait assez virtuelle.
06:25 Et surtout, l'autre grand problème est que toutes ces infrastructures,
06:28 toutes ces bases de défense russes, évidemment, ils ont dégarni, par exemple,
06:32 leur défense aérienne pour privilégier les besoins qui sont ceux du front,
06:36 voire du rayon le plus proche des frontières ukrainiennes.
06:40 - Ça, on y reviendra, à la défense. - Ou de l'OTAN, justement.
06:42 Et c'est ça, tout le problème. C'est une bonne partie du territoire russe,
06:44 n'avait pas forcément anticipé d'aller dans une telle évolution de la portée des drones ukrainiens.
06:49 - Chiffre intéressant. 77 des 99 plus grandes bases aériennes russes
06:52 qui seront désormais atteignables. Et puis aussi, la question,
06:55 on en parle beaucoup, des raffineries.
06:57 - Alors, on parle déjà d'une réduction de capacité de raffinage de 15 % pour la Russie.
07:02 Il y a deux gros enjeux liés aux frappes contre ces raffineries.
07:05 Le premier est intérieur, tout simplement dans la vie économique du pays.
07:08 Et l'autre enjeu, évidemment, est que l'on sait le poids qui est celui
07:12 de l'industrie pétrolière, par exemple, pour les recettes budgétaires du Kremlin,
07:16 pour financer son effort de guerre. Le fait de frapper les capacités de raffinage
07:20 de raffineries russes, c'est non seulement quelque part une surprise stratégique
07:24 pour les Russes, qui n'avaient visiblement pas anticipé que les Ukrainiens puissent frapper
07:28 à ce point dans leur poumon économique. Et c'est aussi évidemment un énorme problème
07:32 au niveau de l'entretien de l'effort de guerre.
07:34 - Justement, avant de poursuivre avec vous Aurélien, on va retrouver
07:36 notre correspondante à Moscou, Anessa El Jabri. Bonjour Anessa.
07:38 Dites-nous, est-ce qu'aujourd'hui, les Russes ont de quoi se défendre
07:42 face à de tels engins volants ukrainiens qui auraient peut-être bientôt
07:46 une portée de 3 300 km ?
07:48 - En tout cas, ils ont essayé...
07:50 - Justement, ça vous intéresse aussi. C'est vrai qu'on se dit qu'au-delà du brouillage,
07:54 en termes de système de défense anti-aérienne, ça va être compliqué pour Moscou.
07:58 Enfin, et pour la Russie toute entière, pas que la ville d'ailleurs.
08:00 - Oui, évidemment, car dans ce qu'on appelle la défense opérationnelle du territoire,
08:03 la défense aérienne russe avait davantage été pensée, par exemple,
08:06 pour des cibles plus traditionnelles, comme des avions.
08:09 Les deux gros problèmes que les drones ukrainiens posent aux Russes,
08:12 c'est d'abord la question de ce qu'on appelle la signature radar.
08:14 Pour un radar d'un système de défense aérien comme un S-400 ou un Panzer,
08:18 un drone, c'est une mouche. C'est-à-dire que c'est très difficile à intercepter.
08:21 On le voit arriver avec un très court préavis, donc on peut réagir assez tardivement.
08:25 Ce que les Russes sont obligés de faire, avec d'une part ces fameux arbitrages,
08:29 c'est-à-dire qu'ils sont obligés de se concentrer évidemment sur la ligne de frein.
08:32 - Vous pouvez dessiner, c'est bon.
08:33 - Ils sont aussi obligés de, par exemple, dans les fameux...
08:36 Ils ont recréé ce district militaire autour de Saint-Pétersbourg
08:38 qu'on appelle le district de Leningrad.
08:41 Par exemple, ils sont obligés de réaffecter des unités dites "mobiles",
08:44 comme les Panzers, par exemple, pour défendre leurs infrastructures,
08:48 voire leurs grandes agglomérations.
08:50 Ça, c'était de l'imprévu pour les Russes.
08:52 Et le problème est qu'ils sont condamnés à quadriller un territoire
08:55 de plusieurs millions de kilomètres carrés sans jamais savoir
08:57 qu'ils pourraient être la prochaine cible.
08:59 - On se rappelle d'ailleurs, il y a un peu plus d'un an,
09:01 les systèmes de Panzers avaient été déplacés pour protéger
09:03 sur le toit du ministère de la Défense, au niveau de la résidence
09:06 de Vladimir Poutine à Novo-Garivo.
09:09 Et on sait qu'il n'y en a pas beaucoup, notamment.
09:11 Puis vous l'avez dit, ce n'est pas forcément efficace.
09:13 Dernière question, on comprend que tous ces systèmes
09:15 sont un peu inadaptés.
09:17 Qu'est-ce que ça peut changer, finalement, pour la Russie ?
09:19 Est-ce que ça peut amener la Russie à sa perte, en tout cas,
09:22 dans la guerre contre l'Ukraine ?
09:24 On se rappelle notamment, parce qu'hier, il y a encore eu des attaques.
09:26 Je vous montre quelques images pendant que vous parlez.
09:28 Si j'enlève les cartes, ça va être compliqué.
09:30 Voilà ce qui s'est passé hier sur la base aérienne de Morozovsk,
09:34 où des soukhoïs ont été visés et détruits par les Ukrainiens.
09:38 Alors, ces frappes ne peuvent pas mettre l'économie russe à genoux
09:41 dans les prochains mois.
09:42 Il ne faut pas non plus pêcher par optimisme.
09:44 Mais il y a d'une part le fameux aspect économique
09:46 que l'on a décrit avec les frappes contre les capacités de raffinerie russes.
09:50 Et il y a aussi, tout simplement, dans l'aspect entretien de l'économie de guerre.
09:54 Si les Ukrainiens devaient, par exemple, frapper des usines de production d'armement,
09:58 là, ce serait véritablement décisif pour amputer les fonds de l'air russe.
10:04 La seule chose qu'il faut garder en tête,
10:06 c'est que quand bien même les Ukrainiens réussiraient vraiment
10:08 à briser les capacités de production russes et de raffinerie,
10:12 la Russie garde ce qu'elle appelle son fonds souverain,
10:14 c'est-à-dire plus de 150 milliards d'équivalents dollars
10:18 qui sont consacrés aux mauvais jours, c'est-à-dire à tout hasard,
10:21 si des recettes pétrolières, par exemple, devaient s'effondrer.
10:23 La Russie a encore des marges pour tenir longtemps là-dessus.
10:26 Alors, quel peut être le potentiel des repostes russes ?
10:28 On va demander à vos collègues en plateau qui nous ont écoutés très sagement, il faut le dire.
10:33 Je vous présente tout de même, notamment sur cette question de la ligne rouge,
10:36 je sais Aline Bayek-Remer que vous n'aurez beaucoup pas à dire.
10:39 Est-ce que ces drones de 3 300 km...