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Style de vieTranscription
00:00 Bonsoir, bonjour à tout le monde. Je suis Davina, Congolaise, née à Kinshasa.
00:09 Je suis conseillère financière. Je suis également, comme Béra a dit, il faut se présenter en tant que la personne connue,
00:18 une femme très très joyeuse, très très souriante. Je suis également une grande soeur, une fille, une petite soeur, une amie, une conseillère.
00:33 Je joue un peu plusieurs rôles auprès de mes proches. Et je suis également chrétienne, parce que c'est important pour moi, ma foi. Et voilà.
00:45 J'entends ici par le fait que vous venez de dire que vous êtes une conseillère. D'où ça vient cet aspect, cette envie de conseiller, ce besoin de conseiller les autres ?
00:57 D'où vient le besoin, les racines de vouloir aider l'autre ?
01:04 Ça vient premièrement parce que de ce que j'ai vécu, de mon vécu en fait, depuis toute petite, si je peux commencer par là, comme je vous ai dit, je suis née à Kinshasa.
01:15 Mes parents sont venus en Europe en 2002. Ils nous ont laissés avec mes grands-parents. Donc j'ai grandi avec mes grands-parents.
01:23 J'ai été séparée de mes parents pendant 8 ans. Donc j'ai vécu chez les tantes, les grands-parents, les oncles.
01:32 Voir d'autres copains, avoir leurs parents, voir que d'autres jeunes à mon âge, qui bénéficiaient par exemple de cadeaux pour les fêtes de Noël, et que moi, j'avais pas cette occasion-là.
01:45 J'avais besoin d'en parler, mais il n'y avait personne pour m'écouter en fait. Et même en grandissant, j'ai vivé des choses, et quand j'ai essayé d'expliquer ça autour de moi, j'avais l'impression que personne ne comprenait en fait.
02:02 Et ça a créé... - Vous voyez les autres avec... Enfin, on sait que, en général, enfin pas en général, mais dans notre communauté, il y a beaucoup de personnes qui grandissent dans un foyer monoparental,
02:14 ou dans un foyer où, comme vous, ils sont éduqués par des grands-parents, ou une tante, ou un oncle. Et ce malheur venait du fait que vous voyiez les autres, ou des proches à vous, avoir des parents, un papa et un maman.
02:28 En fait, ici, ce que je voulais dire, c'est que le fait de te dire que toi, t'as pas eu cette occasion de vouloir t'exprimer ou que les gens puissent t'écouter, automatiquement, ça a créé en moi cette envie justement de pouvoir écouter les autres.
02:43 Parce que je me dis que c'était important. On a besoin de parler, on a parfois besoin de se défouler, et il faut avoir des bonnes personnes pour le faire.
02:52 Ça, il faut se dire, dans notre communauté, à nous, c'est un tabou. C'est mal vu, justement. C'est pour les fous, être du mal.
03:00 Exactement. Quand tu dois aller voir un psychologue, rencontrer des personnels, professionnels, justement, on te considère comme si t'étais faible.
03:12 Moi, je voulais pas justement mettre cet étiquette de "Davina, elle est faible". J'avais l'impression que je devais donner mon corps pour me dire qu'il m'aimait.
03:28 Parce que j'étais vraiment en recherche d'amour. Et donc, ce qui faisait que lui, comme il me goûtait, en échange, moi je lui donnais un peu tout ce qu'il voulait, en fait.
03:41 Et d'un côté, ça a créé que j'avais vraiment une colère, comme ça, contre maman, parce que je me disais que c'était de sa faute.
03:50 Parce que si elle m'avait écoutée, si elle avait pu jouer son rôle de mère, moi aujourd'hui, j'allais peut-être pas aller voir cet homme-là, en fait.
03:59 Donc c'était vraiment à contre-cœur, mais j'avais besoin de ça, parce que justement, comme je parlais, j'avais besoin d'être écoutée, j'avais besoin d'exprimer tout ce que je ressentais, en fait.
04:08 Et donc, ce qui faisait que, à la maison, j'étais Davina, la petite fille, mais dehors, je faisais d'autres choses, en fait.
04:19 Et j'ai continué comme ça, à rechercher de l'amour chez les gens, au point où je commençais même à mentir pour me faire accepter, en fait.
04:32 Je me suis créée une identité qui n'était pas la mienne, en fait. Justement, pour se faire accepter, pour dire que voilà, tu es une fille cool, tu es une fille belle, tu es une fille ceci.
04:44 Et ça, ça a créé vraiment une grosse dépendance affective en ma personne.
04:51 Et j'ai conduit comme ça. C'est ce qui a fait que je suis allée des hommes aux hommes aux hommes, parce que je recherchais vraiment cet amour, mais je l'avais pas aussi auprès d'eux, en fait.
05:02 Parce qu'eux-mêmes, ils pouvaient pas m'aimer tant que moi-même, je m'aimais pas, en fait.
05:06 Parce qu'on ne donne que ce qu'on a. Et tant que moi-même, j'avais pas confiance en moi, tant que moi-même, je me dénigrais, tant que moi-même, je ne connaissais pas ma valeur,
05:17 eux aussi ne pouvaient pas reconnaître cette valeur en moi.
05:21 Et ma relation avec ma mère, c'était de plus en plus...
05:27 Pour moi, c'était limite mon ennemi, en fait. Je supportais pas même passer une minute en présence de ma mère, pourtant c'est ma mère.
05:38 Je voyais ma soeur, mes autres frères et soeurs étaient proches, mais moi, je supportais pas être en sans présence, en fait.
05:47 Et puis un jour, j'étais fatiguée de cette vie, j'étais fatiguée de toujours vouloir chercher de l'amour, de toujours vouloir être dépendante, affective.
06:00 J'étais fatiguée et puis un jour, j'ai décidé justement de mettre fin à ma vie.
06:05 Et j'aime pas vous en parler, c'est ça, mais voilà, on est là pour ça et si ça peut aider quelqu'un, c'est toujours bien.
06:15 Et jusqu'à ce qu'en 2011, vraiment entre ça, il y a eu vraiment beaucoup de choses, mais je vais essayer vraiment de résumer.
06:21 Jusqu'à ce qu'en 2016, j'ai failli justement mettre fin à ma vie parce que je me disais que je ne servais à rien,
06:30 que si mes propres parents ne pouvaient pas me donner l'amour que j'aurais cherché,
06:36 alors d'autres personnes aussi me donnaient de l'amour, mais en contrepartie.
06:43 Je me disais que c'était trop pour moi en fait.
06:47 Et puis jusqu'à un moment, j'étais dans ma chambre, je me rappelle, j'ai pris des médicaments, j'ai pris un couteau,
06:55 je me suis dit lequel serait plus facile, moins douloureux en fait.
07:01 Et c'est là que je me suis dit "Non Davina, tu peux pas faire ça, tu peux pas mettre fin à ta vie, tu dois te battre en fait.
07:11 Tu dois te battre, c'est pas parce que tu as commis beaucoup d'erreurs, c'est pas parce que tu n'as pas reçu l'amour de tes parents,
07:20 tu n'as pas reçu l'amour que tu aurais cherché, que tu dois mettre fin à ta vie, tu comptes en fait".
07:27 Et c'était vraiment une voix qui me disait ça et je me suis dit si je suis sur cette terre, c'est vraiment parce que j'ai quelque chose à accomplir en fait.
07:35 Je dois découvrir cette chose, je ne peux pas juste me laisser abattre comme ça, abandonner alors que je suis jeune,
07:43 alors que j'ai encore de l'avenir devant moi.
07:47 Donc c'était deux voix, l'autre qui me disait "Tu dois partir, tu ne sers à rien" et une autre voix qui me disait "Mais non, reste, bats-toi,
07:55 essaie de t'en sortir, essaie de te découvrir".
07:58 Et la voix de la raison a gagné. Donc je n'ai pas posé ces tactes-là, je me suis dit "Je vais décider de me battre, je vais décider de me relever".
08:11 Qu'est-ce que vous avez mis en place justement ?
08:14 Alors là justement c'était ma foi. C'est là que j'ai rencontré le Christ parce que je suis chrétienne et ma foi m'a beaucoup aidée.
08:24 Ma foi vraiment a été quelque chose qui m'a aidée justement à me connaître, qui m'a aidée à me relever.
08:32 Ça ne veut pas dire que quand j'ai rencontré ma foi que les difficultés sont parties.
08:36 Non, non, non, non, c'était je me battais encore contre la dépression, je me battais encore contre la dépendance affective
08:47 jusqu'au moment où en 2019 justement j'ai fini mes études. Ma relation avec ma mère ça n'allait toujours pas, c'était toujours compliqué.
08:56 Et donc à ce moment-là vous étiez toujours dans le foyer familial ?
08:59 J'étais toujours dans le foyer familial. Et c'est là que, tellement que ça n'allait pas avec ma maman, elle m'a mis dehors.
09:07 Elle m'a mis dehors et je ne savais pas où aller parce que je venais de finir mes études mais je n'avais pas de boulot.
09:15 Et c'est là que j'ai contacté une copine à moi qui m'a dit "écoute, tu peux venir dormir chez moi, tu peux loger chez moi jusqu'au moment où tu vas trouver du boulot
09:25 et après tu vas me rembourser parce qu'entre temps je vais continuer à payer le loyer pour nous".
09:32 Et c'est là vraiment qu'a commencé vraiment la difficulté. Au début ça allait parce que j'habitais dans la maison familiale,
09:39 c'était les parents qui s'occupaient de tout et je ne connaissais pas encore la précarité, je ne connaissais pas encore ce que c'était de payer un loyer, de payer une facture.
09:48 Tu ne peux pas demander à ce que les autres puissent te respecter si toi-même tu ne te respectes pas.
09:53 Les autres vont te traiter de la manière dont toi-même tu te traites.
09:57 Et comme je me disais que, comme je veux être traité de la meilleure manière, je vais commencer à le faire par moi-même.
10:06 Pour que ce qui marche, tout doit commencer par votre santé mentale.
10:12 Parce que c'est important ça, la santé mentale.
10:15 Et c'est là qu'aujourd'hui j'aide beaucoup des femmes justement à se découvrir parce que je parle du principe que la connaissance de soi c'est la clé pour une réussite en fait,
10:28 pour accomplir ce pourquoi on est sur cette terre.
10:33 Merci beaucoup Davila.
10:35 Merci.