Maxime d'Aboville, à l'affiche de «Pauvre Bitos - Le dîner de têtes» au théâtre Hébertot : «Ce qui est formidable chez Jean Anouilh, c'est qu'il suscite à la fois l'effroi, la terreur et le rire».
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00:00 que peut provoquer les spectateurs.
00:03 Une pièce forcément, toujours intéressant de savoir
00:06 comment les gens la vivent, comment ils la perçoivent
00:10 et qu'est-ce qu'ils vous disent après la représentation ?
00:12 Ce qui est formidable chez Anouilh, c'est qu'il va rejoindre des auteurs
00:17 comme Shakespeare,
00:18 c'est qu'il suscite à la fois l'effroi, la terreur et le rire.
00:23 C'est-à-dire qu'il y a une cruauté du rire chez lui.
00:27 Il a un regard clinique sur la nature humaine
00:32 et il ne s'éloigne jamais du...
00:37 Le burlesque n'est jamais loin.
00:39 Vous savez, ses grands patrons à Douille, c'était Bollière d'abord,
00:43 mais aussi Labiche et Fédot.
00:45 Il était vraiment fan.
00:47 Et je pense que ce qui l'intéresse, encore une fois,
00:52 ce n'est pas un auteur engagé,
00:55 c'est un auteur qui regarde l'homme en face.
00:58 C'est aussi pour ça qu'il n'est absolument pas réactionnaire.
01:03 Non, je veux dire par là que...
01:05 - Il a... - Mais oui, mais à ce moment-là,
01:07 on a dit de Raymond Haron qu'il était réactionnaire.
01:09 - Mais quand je dis qu'il n'est pas réactionnaire,
01:10 c'est quelqu'un qui voit une société très hiérarchisée,
01:14 qui fait une différence entre les imbéciles et ceux qui ne le sont pas ?
01:17 - Oui, mais enfin, c'est simplement parce que...
01:21 C'est un moraliste au sens du 17e,
01:24 c'est-à-dire un clinicien de la nature humaine,
01:26 un entomologiste qui cherche à regarder l'homme tel qu'il est.
01:29 Et parce qu'il regarde l'homme tel qu'il est,
01:31 on le traite de réactionnaire.
01:32 Parce que dans ce pays...
01:33 - Moi, je dirais que c'est un conservateur
01:35 au sens où il a la notion de la nature humaine
01:37 comme un homme qui, finalement,
01:39 il n'y a pas d'un côté les mauvais, les gentils et les méchants.
01:41 Il n'y a pas d'un côté le bien avec un grand B,
01:43 la vertu avec un grand V.
01:44 Et vous savez la phrase de...
01:46 Comment Camus qualifiait la tragédie ?
01:47 Il disait "Antigone a raison, mais Créon n'a pas tort".
01:50 Et à nous, il reprend exactement ça.
01:52 D'ailleurs, dans sa pièce "Antigone", il le reprend exactement.
01:54 - Il a fait du boulevard aussi.
01:55 - C'est que la nature humaine est complexe.
01:57 L'homme est traversé par des pulsions.
02:00 Il n'y a pas d'un côté le bien, d'un côté le mal.
02:02 Et je crois que c'est un anti-rousseauisme.
02:04 - Mais c'est le but de...
02:05 - Il est anti-révolutionnaire.
02:07 C'est le but du conservateur.
02:08 Je ne pense pas que ce soit injurieux de...
02:09 - Je ne suis pas sûr qu'il soit contre-révolutionnaire.
02:13 Tout dépend de ce qu'on entend par révolutionnaire.
02:15 Il est probablement, idéologiquement, anti-robespierriste.
02:19 Mais quand on voit la pièce...
02:20 - Il critique l'aristocratie.
02:21 - Je veux dire, quand on voit la pièce, par exemple,
02:23 lui, il ne se met pas dans le rôle de Louis XVI.
02:26 Il se met dans le rôle de Mirabeau.
02:28 Mirabeau était révolutionnaire quand même.
02:30 ♪ ♪ ♪
02:33 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]