L’équipe de Télématin reçoit Samuel Le Bihan. La veille, le comédien a été décoré Chevalier de la Légion d’honneur pour son combat contre l’autisme. Il a notamment crée la plateforme « Autisme Info Service » pour aider les familles, qui comme lui, ont des enfants atteint d’autisme.
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00:00 Ce matin, notre invité n'est pas seulement comédien, il est désormais chevalier.
00:04 Chevalier de la Légion d'honneur.
00:07 Bonjour, Samuel Leviant.
00:08 Bonjour.
00:09 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:10 Bienvenue sur le plateau de Télématin.
00:11 Alors, je disais chevalier, puisque vous avez été décoré hier pour votre combat
00:15 contre l'autisme.
00:16 Comment vous vous sentez ce matin ?
00:17 Très fier.
00:19 On a quelques images de votre camarade Michael Cohen.
00:23 Oui, c'est magnifique.
00:26 Il a filmé juste le moment le plus important, finalement, ce moment où vous accrochez la médaille
00:32 par la ministre d'Iran-Dika.
00:36 C'est… je ne sais pas, c'est un symbole, on a besoin de symboles.
00:41 Notre civilisation, tout le temps, on est entouré de symboles religieux, sociaux, voilà.
00:48 Donc, j'ai ce symbole aussi, il va m'accompagner maintenant toute ma vie.
00:53 Mais vous ne le portez pas ce matin.
00:54 Il fait partie de mon histoire.
00:55 Non.
00:56 Non, mais…
00:57 Vous l'avez dans la poche !
00:58 Je l'ai quand même dans ma poche.
01:01 Ah ouais ?
01:02 Voilà, ça ressemble à ça.
01:04 C'est beau, franchement.
01:05 Je suis très fier.
01:06 Ce qui vous a fait cette distinction, c'est notamment d'avoir créé une plateforme
01:08 pour aider les familles, qui s'appelle Autisme Info Service.
01:11 Votre fille Angia est autiste, elle a 12 ans.
01:14 Est-ce qu'elle est fière de cette distinction ?
01:16 Qu'est-ce qu'elle vous en a dit ?
01:17 Parce que vous êtes très proches et vous vous battez beaucoup pour elle.
01:19 Un enfant, comme tous les enfants, ne sait pas vraiment ce que ça représente.
01:24 Elle se dit « bon, on honore mon père, donc c'est quand même pas mal,
01:26 ça veut dire qu'il a fait des choses bien ».
01:28 Après, c'est complexe parce que je parle d'elle.
01:30 Donc, elle sait que je parle d'elle pour faire bouger les lignes, pour le combat,
01:34 et je lui ai expliqué, mais elle, elle n'a pas envie qu'on la stigmatise,
01:37 qu'on l'affiche comme une enfant autiste.
01:39 Elle a envie d'être une enfant normale, acceptée, avoir des amis,
01:42 et elle a peur que ça l'écarte, que ça l'isole, dans le fond.
01:47 Et donc, moi, je l'implique là-dedans.
01:49 Donc, à la fois, c'est important de le dire, parce qu'il faut incarner ce combat.
01:54 Si je ne raconte pas mon histoire personnelle, je ne vais pas être légitime,
01:57 mais en même temps, il faut savoir que j'implique quelqu'un d'autre.
02:01 Et donc, je lui ai promis, alors là, c'est un peu le dernier round,
02:05 mais je lui ai promis de cesser de parler d'elle,
02:07 et peut-être qu'un jour, elle aura envie de raconter son histoire,
02:10 mais ça lui appartiendra.
02:11 – Ce qui est sûr, c'est qu'elle sera toujours fière de son papa,
02:13 parce que ce que vous faites est vraiment remarquable.
02:14 – Merci beaucoup.
02:15 – Pour les autres, pas seulement pour vous et pour votre fille.
02:17 Vous serez ce soir à 21h10 sur France 2, dans le téléfilm "Tu ne tueras point".
02:21 Vous jouez le rôle de Simon Marchand, un avocat qui accepte d'assurer
02:26 la défense d'une femme qui a tué sa fille, atteinte d'autisme sévère.
02:29 On regarde la bande-annonce, on en parle juste après.
02:31 – Je souhaite que vous défendiez ma fille. Il s'agit d'un infanticide.
02:36 – Vous étiez la seule à vous occuper de Clara.
02:39 Vous faisiez tout pour la soulager.
02:40 – On ne soulage pas le handicap, on apprend à vivre avec.
02:43 – Elle est complètement acceptée que sa fille était handicapée.
02:45 Ce qu'elle n'acceptait pas, c'est la place qu'on lui donnait dans la société.
02:49 Ça peut arriver à tout le monde de faire quelque chose de terrible.
02:52 Et pourtant ce serait cet acte isolé qui devrait être défini pour toujours aux yeux des autres.
02:55 – Ce que j'ai fait n'engage que moi.
02:57 – Non, ce que vous avez fait vous rattache à des milliers de parents qui sont à poux,
03:00 parce que la société n'accorde pas de place aux handicapés lourds.
03:02 – Bon là c'est un peu particulier quand même Samuel Lubin,
03:05 puisque c'est votre vie professionnelle qui se rapproche un peu de votre vie personnelle.
03:09 Ça n'a pas été difficile d'accepter ce rôle ?
03:11 Le projet vient de vous, comment ça s'est passé ?
03:13 – Alors ça n'a rien à voir avec ma vie.
03:15 Mais forcément dans mon combat, dans mon parcours,
03:18 je rencontre des gens qui sont dans un désarroi extrême.
03:21 – Bien sûr, il y a une résonance quand même.
03:23 – Et c'est pour ça qu'on a créé Autisme Info Service,
03:25 parce qu'on mesurait à quel point il y avait une détresse,
03:28 un manque de réponse, un manque d'accompagnement, un manque d'écoute.
03:32 Et donc il fallait amener des solutions sur plein de points,
03:35 et surtout de la solidarité.
03:37 Et là ça raconte une mère qui est dans un désarroi tel,
03:41 et qui en vient à mettre fin au jour de son enfant.
03:43 Et donc la question, et c'est ça qui est intéressant,
03:46 à travers le combat de cet avocat,
03:49 qui a aussi un combat personnel sur sa vie,
03:51 parce qu'aux yeux de ses enfants, il a un peu perdu de son éclat,
03:55 et il veut leur montrer de quoi il est capable.
03:58 Et puis il y a le combat de cette femme,
04:00 où on pose la question, est-ce qu'elle est responsable,
04:03 ou est-ce que c'est la société qui l'a abandonnée ?
04:05 On ne donne pas la réponse, évidemment.
04:07 Elle est condamnée, elle s'est condamnée de toute façon.
04:10 Mais la question c'est, est-ce qu'on l'a abandonnée,
04:13 ou est-ce que c'est la mère tout-pouvoir qui donne vie,
04:16 qui reprend la vie ?
04:17 - Oui, c'est ça, est-ce que la société l'a conduite à se comporter comme ça ?
04:20 - Ça rappelle toute proportion.
04:21 Regardez l'histoire de cette femme qui avait abandonné son bébé en bord de mer.
04:24 - Qui l'avait noyé.
04:26 - C'est un tout-mère.
04:27 Mais ce n'est pas la même histoire.
04:29 Ce n'est pas lié au handicap, en fait.
04:31 C'est lié à autre chose.
04:32 Mais sur le handicap, c'est des choses qui arrivent.
04:34 C'est-à-dire que des parents à bout, mettent fin au jour de leur enfant,
04:37 c'est des choses qui arrivent.
04:38 - Et vous vous êtes senti abandonné, vous, personnellement,
04:40 tout seul avec votre fille, un peu comme cette mère ?
04:42 - Non, parce que j'ai la chance de connaître du monde,
04:44 mais il y a des choses très injustes.
04:46 Je vis des choses injustes, cruelles,
04:49 autant sur le plan financier, sur le plan technique,
04:52 il y a des injustices.
04:55 Et j'essaie, là, j'espère pouvoir faire bouger deux, trois points de loi
05:00 qui ne protègent pas les parents d'enfants autistes, par exemple.
05:03 - D'ailleurs, le film est très beau, et à la fin, il y a votre plaidoirie,
05:06 votre plaidoirie de votre personnage,
05:08 et là, on sent le Samuel Lebihan engagé.
05:10 - Oui, je suis d'accord.
05:12 Je crois que j'ai pris à bras le corps cette histoire
05:15 et le combat de cette femme.
05:17 J'aurais pris de toute façon, puisque c'est mon métier d'acteur,
05:20 de m'approprier la vie des autres,
05:22 mais plus encore, comme je connais ce sujet dans ma vie personnelle,
05:27 mais je ne le vis pas.
05:28 Je leur ai dit que ce n'était pas mon histoire.
05:30 C'est des choses qui me touchent.
05:33 Je parle, je prends partie.
05:36 Alors, il y a aussi un côté un peu théâtral dans une plaidoirie
05:40 qui était extrêmement plaisant.
05:42 Il y avait aussi toutes ces années théâtre qui sont sorties,
05:44 l'expérience de la comédie française,
05:46 et donc de prendre possession de la salle par les mots,
05:49 de convaincre par une espèce d'autorité oratoire,
05:53 c'est un exercice d'acteur aussi que j'avais énormément de plaisir à faire.
05:57 - Vous êtes un acteur engagé, vous êtes un sacré citoyen, en tout cas.
06:00 Ça force l'admiration.
06:02 On marque une page de pub et on se retrouve juste après
06:04 pour continuer à parler avec Samuel Lebihan.