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00:00 C'est le 6/9, France Bleu Mail.
00:03 Il est 8h moins le quart, on se marre d'y m'atteindre.
00:05 L'heure d'accueillir l'invité du 6/9 avec vous, Yann Lastenet.
00:08 Et un constat, 65 000 patients sartois n'ont pas de médecin traitant.
00:12 Oui, selon les chiffres de la CPAM, trouver un généraliste reste parfois compliqué en Sarthe.
00:17 Car le nombre de praticiens a diminué d'un quart ces 15 dernières années.
00:21 Bonjour Bertrand Deveau.
00:23 Bonjour Yann Lastenet.
00:25 Vous êtes le nouveau président du conseil de l'ordre des médecins de la Sarthe.
00:29 Vous êtes médecin généraliste à Sillet-le-Guillaume.
00:31 La désertification médicale, j'imagine, est l'un des dossiers prioritaires que vous devez traiter.
00:37 Tout à fait, c'est le dossier prioritaire.
00:39 A la fois pour les généralistes, à la fois pour les spécialistes,
00:42 pour toutes les personnes qui veulent venir s'installer en Sarthe.
00:46 On doit maintenant réussir à les capter, à leur faire connaître notre département.
00:50 Oui, parce que vous occupez, en tant que président du conseil de l'ordre des médecins,
00:53 à la fois des généralistes et des spécialistes.
00:55 On va parler des généralistes.
00:57 Il en manque en Sarthe, on le voit bien, 65 000 patients sans médecin traitant.
01:02 On fait comment, docteur ?
01:03 Ça fait 10% de la population sartoise.
01:06 Donc il faudrait augmenter le nombre de médecins au moins de 10%.
01:10 Au moins parce que les médecins qui sont déjà en place sont déjà surchargés.
01:13 Et proches de la retraite pour certains.
01:16 Donc il faut des jeunes.
01:18 On a une date qui est importante, c'est le 1er novembre 2026.
01:24 À cette date-là, il va y avoir 127 étudiants sur la région qui seront en supplément,
01:30 puisqu'il y a une quatrième année pour la formation des généralistes qui se met en place.
01:34 Ce seront des docteurs juniors.
01:35 Il leur faut des lieux de stage en Sarthe.
01:37 Donc il nous faut, jusqu'à cette date-là,
01:40 réussir à former plus de maîtres de stage, trouver les lieux pour les mettre en stage.
01:46 Et 50 étudiants potentiellement pour la Sarthe,
01:50 ça pourrait faire presque 10% de consultations en plus sur le département.
01:54 - 50 étudiants sur les 127, vous dites étudiants.
01:57 - Oui, c'est encore des étudiants.
01:59 - Ça veut dire que ce sont des médecins qui ne sont pas vraiment des médecins à part entière ?
02:02 - Alors si, ils sont médecins, mais ils sont docteurs juniors.
02:06 Ils ont encore besoin d'un accompagnement,
02:07 ils ont encore besoin d'une relecture de ce qu'ils font dans la journée
02:11 pour parfaire leur exercice.
02:14 - Mais en même temps, ils peuvent donc exercer,
02:16 ils peuvent aussi faire des prescriptions, des consultations, c'est bien ça ?
02:20 - Tout à fait. Ils font exactement le même travail qu'un généraliste.
02:23 Ils ont juste encore quelques temps de formation,
02:26 à peu près une journée dans la semaine.
02:28 Et ils ont effectivement une nécessité d'avoir une relecture de leur journée
02:34 avec un maître de stage universitaire formé.
02:36 - Et où est-ce qu'ils seront dispatchés, ces 50 médecins,
02:39 potentiels jeunes médecins, docteurs juniors ?
02:42 - Pour cela, il faut un cabinet médical qui soit disponible.
02:45 Alors, la chance, c'est qu'on en a en Sarthe, forcément,
02:48 puisqu'on a une pénurie.
02:49 Mais il faut adosser à ce cabinet médical un maître de stage universitaire,
02:52 quelqu'un qui puisse les encadrer, les accueillir,
02:55 et puis qu'ils ne se sentent pas seuls.
02:56 - Ce sont des médecins, les maîtres de stage ?
02:59 - Oui, forcément.
03:00 Obligatoirement, oui. Ce sont des médecins de la même spécialité.
03:04 - En attendant, on fait quoi, Docteur Deveau ?
03:06 Parce que c'est le 1er novembre 2026.
03:09 - 1er novembre 2026.
03:10 - Ça laisse du temps, sans doute que ces médecins juniors...
03:12 - Il faut quand même le préparer.
03:13 - Oui, c'est vrai, mais ils ne vont pas se mettre en place du jour au lendemain.
03:16 Donc, ça veut dire que...
03:18 - Ah, ils arrivent du jour au lendemain, le 1er novembre 2026.
03:20 Ils arrivent du jour au lendemain.
03:21 Il faut être prêt à les accueillir.
03:22 - Donc, on a deux ans, quand même, encore à attendre.
03:25 En attendant, on fait comment pour ces 65 000 Sartheois sans médecin traitant ?
03:30 - On a mis en place une régulation.
03:33 Ça s'appelle le SAS.
03:34 C'est une régulation en journée,
03:36 un petit peu comme la régulation qu'on a en nuit et en week-end.
03:42 - Le 11717 ?
03:43 - C'est le 11717.
03:44 - Qui ne répond pas toujours.
03:45 - Qui ne répond pas toujours, parce que quelquefois, il est débordé.
03:48 Il est en débordement, effectivement.
03:50 Et puis, on peut faire appel, effectivement, aussi à tout ce qui est téléconsultation.
03:54 Ce n'est pas une panacée.
03:56 - Oui, certains médecins n'aiment pas trop cette téléconsultation.
04:00 Ils estiment qu'on ne fait pas la même chose à distance que dans un cabinet.
04:04 - On ne fait pas la même chose,
04:05 mais ça permet déjà d'avoir un avis et d'avoir une régulation.
04:08 - Notre invité ce matin à 7h49 sur France Blumen
04:11 est le docteur Bertrand Deveau, président de l'Ordre des médecins de la SART.
04:14 - On a parlé de la téléconsultation,
04:17 les maisons de santé pluridisciplinaires,
04:20 il y en a pas mal, certaines fleurissent.
04:23 Ça aussi, c'est une solution pour attirer,
04:25 notamment ces jeunes médecins qui vont arriver ?
04:27 - Les jeunes médecins qui veulent arriver,
04:28 effectivement, on le sait statistiquement,
04:30 préfèrent un exercice regroupé,
04:32 non seulement avec d'autres médecins,
04:33 mais également avec d'autres professionnels.
04:35 Ils ne sont pas enclins à s'installer seuls dans un petit coin de campagne.
04:40 - Est-ce que ça ne va pas aussi faire une concurrence
04:45 entre villages, entre communautés de communes ?
04:48 On voit, il y a quasiment une MSP partout,
04:50 mais pour l'instant, elles ne sont pas remplies ces MSP.
04:53 - Il faut raisonner, effectivement,
04:54 plutôt en communauté de communes qu'en village,
04:56 ça c'est très clair.
04:57 La couverture nécessite plutôt des espaces assez grands,
05:02 puisque les gens, maintenant, font effectivement
05:04 assez facilement des kilomètres pour trouver un médecin.
05:07 - Une dernière question, entre la médecine de ville et l'hôpital.
05:10 On l'a vu, les urgences de l'hôpital du Mans sont saturées.
05:13 Elle récupère une partie de ses 65 000 patients sans médecin traitant.
05:17 Comment faire, justement, pour éviter cette surcharge des urgences ?
05:22 - C'est un petit peu pour ça que le SAS a été mis en place,
05:24 pour réguler, effectivement, pour adresser, pour orienter.
05:29 Et c'est une question d'orientation.
05:30 - Est-ce que ce sont, pardon, mais aussi aux sartois ou sartoises,
05:35 aux patientes, se responsabiliser un petit peu ?
05:37 Est-ce que c'est le message que vous envoyez ?
05:39 - Alors, se présenter aux urgences, effectivement,
05:41 nécessite, à un moment donné, d'avoir bien réfléchi
05:44 à ce qu'on veut y faire et à ce qu'on veut y demander.
05:47 Les urgences restent pour les urgences,
05:51 pas pour les renouvellements d'ordonnances.
05:53 Ça, c'est une certaine...
05:54 - C'est pas toujours facile de faire le distingue.
05:56 - C'est pas toujours simple. On l'entend et on en est vraiment meurtri.
05:59 - Merci beaucoup, docteur Devau.
06:02 On retiendra cette date le 1er novembre 2026,
06:04 avec l'arrivée, on l'espère, d'une cinquantaine de docteurs juniors dans le département.
06:09 Merci d'avoir accepté notre invitation et très très bonne journée.