7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Mort d'Émile: les "meilleurs" experts à pied d'œuvre
Après la découverte d'ossements du petit Émile au sud du hameau du Haut-Vernet le samedi 30 mars, d'importants moyens de gendarmerie restent mobilisés pour poursuivre les recherches dans la zone.
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00:00 Générique
00:02 ...
00:04 -On en parle avec 3 experts.
00:06 Le général François Daoust, ancien directeur de l'IRCGN
00:09 et du pôle judiciaire de la gendarmerie,
00:12 professeur de science criminelle à l'université de Sergi-Paris.
00:15 Bonjour. Le docteur Bernard Marques est également là,
00:19 médecin légiste, chef de service de l'unité médico-judiciaire
00:22 au Grand hôpital de l'Est francilien.
00:25 On est aussi avec Martial Villain,
00:27 équipe sinophile de la gendarmerie, Mélanie Bertrand,
00:30 du service police-justice de BFMTV, et David Hunal,
00:33 envoyé spécial de BFMTV au Haut-Vernay,
00:35 où les recherches reprennent ce matin.
00:38 Elle mobilise une centaine de gendarmes.
00:40 -La gendarmerie commence à être déployée ici.
00:45 Les équipes sinophiles sont arrivées au Vernay
00:48 avec, en plus, un fourgon banalisé.
00:50 Il y a des équipes qu'on a déjà vues hier
00:53 qui sont de retour sur le terrain,
00:55 notamment cette équipe qui dispose d'un appareil,
00:58 de cette mallette que vous allez voir,
01:00 qui est reliée à un appareil.
01:02 Il y a plusieurs spécialités qui travaillent ici,
01:05 des gendarmes qui sont équipés de drones, par exemple,
01:08 qui étudient des points d'intérêt sur ce terrain,
01:11 différents capteurs aussi.
01:13 Et puis il y a des capteurs qui permettent de modéliser
01:16 cette scène en trois dimensions
01:18 pour permettre aux enquêteurs de disposer
01:20 de cette scène de découverte
01:22 des semaines, voire des mois après les lieux.
01:25 Et puis pour réaliser des mesures, des visualisations,
01:28 il y a aussi des capteurs qui permettent
01:31 de mesurer ce qui se passe dans le sol
01:33 pour pouvoir voir, éventuellement,
01:35 détecter peut-être des ossements ou des vêtements
01:38 qui se trouveraient ici.
01:39 Tout ça est en train d'être installé ici.
01:42 -Ce sont les meilleurs qui sont là,
01:44 c'est ce que disait le patron des recherchières.
01:47 -C'est un travail extrêmement fin, extrêmement pointu,
01:50 et c'est pour ça qu'on fait venir les meilleurs.
01:53 On fait venir ceux qui ont une expertise
01:56 la plus haute au niveau international.
01:59 C'est ce qu'on possède grâce à l'Institut de recherche criminelle
02:02 de la Generale nationale de Pontoise.
02:05 -C'est vrai qu'il y a une cohorte de métiers
02:07 qui sont représentés.
02:09 -Oui, les gendarmes classiques, les enquêteurs
02:11 de la section de recherche de Marseille,
02:14 les brigades synophiles avec des chiens spécialisés
02:17 sur la recherche de restes humains.
02:19 Ils sont des experts de l'IRCGL,
02:21 l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie,
02:24 dont des anthropologues.
02:25 On en parle peu dans les enquêtes criminelles,
02:28 mais leur rôle est important,
02:30 parce qu'ils participent au fouille.
02:32 Ils sont sur le terrain depuis hier
02:34 et peuvent très rapidement dire si des os sont retrouvés,
02:37 s'il s'agit d'os d'animaux ou d'os humains.
02:40 Ils peuvent aussi étudier la végétation.
02:42 Ils sont sur les lieux de la découverte du crâne
02:45 et peuvent lire la terre.
02:47 Ils peuvent inspecter la végétation.
02:49 -Il y a plusieurs types de chiens dans ce genre de recherche.
02:52 Quels sont ceux qui opèrent actuellement, dont Auvergné ?
02:56 -Bonjour à tous.
02:58 Dans un premier temps, une fois les premières recherches
03:02 effectuées avec des chiens traditionnels,
03:04 on commençait à mettre en oeuvre des chiens
03:07 qui ont été en RRH de recherche de restes humains.
03:10 -Marsial, on a un peu de liaison avec vous.
03:14 Il faut que vous vous rapprochiez de votre micro.
03:18 Le sens de ma question, c'est que les chiens ont déjà opéré
03:21 quelques heures après la disparition d'Emile.
03:24 Là, finalement, on leur donne, entre guillemets,
03:27 quelle odeur à suivre ou à retrouver.
03:31 -Ce sont des chiens, les RRH,
03:34 qui sont formés à une spécialité très spécifique
03:39 et de haute technicité.
03:40 A savoir que dans un premier temps,
03:43 les premiers chiens interviennent,
03:45 ils travaillent sur une odeur humaine,
03:48 une odeur humaine qui est vivante.
03:50 Alors que les chiens de RRH, à l'heure actuelle,
03:53 on travaille sur une odeur bien spécifique.
03:56 -RRH, ça veut dire quoi ?
03:58 -C'est les recherches de restes humains.
04:01 -OK.
04:02 -Une fois que le décès est opéré,
04:04 automatiquement, la température du corps tombe
04:08 et on a une modification des odeurs.
04:12 Les chiens de RRH ont travaillé sur des molécules bien spécifiques
04:17 pour lesquelles ils se sont entraînés à travers
04:20 ce type de recherche.
04:22 -François Daoust, il y a aussi ces trois drones
04:25 qui opèrent depuis hier pour cartographier la zone
04:28 où a été retrouvé le crâne du petit Emile
04:31 pour établir un jumeau numérique,
04:35 c'est-à-dire une maquette en 3D de la zone.
04:38 Quel est l'intérêt ?
04:39 -L'intérêt... Il faut savoir
04:41 que les drones ne sont qu'une partie.
04:43 Il y a au sol ce que l'on appelle un laser 3D
04:46 qui, lui, va prendre à partir du sol
04:48 et va bien donner tous les détails qui sont sur le terrain.
04:52 Ce jumeau numérique, c'est permettre aux enquêteurs,
04:56 comme on juge, de pouvoir revenir sur la scène
04:59 comme dans un jeu vidéo
05:01 et pouvoir visualiser tous les détails.
05:05 Est-ce qu'il y a un taille veille ?
05:07 Est-ce qu'il y avait un cheminement possible ?
05:10 -Les détails ont été relevés.
05:12 Sur le sol, comme ça va jusqu'au millimètre près,
05:15 on peut voir tous les détails.
05:17 Un morceau d'os a été relevé,
05:19 un morceau de pierre, un morceau de caillou.
05:21 Tous les éléments sont refaits en 3D.
05:24 C'est une modélisation.
05:26 -Pardon, François Daoust,
05:27 ces moyens considérables qu'on décrit aujourd'hui
05:30 n'avaient pas été déployés ?
05:32 -Alors, non.
05:34 C'était totalement inutile.
05:36 Faire 90 hectares...
05:39 90 hectares, lorsqu'on est dans la recherche d'un enfant,
05:42 sans savoir où il est,
05:44 c'est perdre du temps et des moyens,
05:48 alors qu'il y avait d'autres urgences.
05:50 Là, on a le départ d'une scène où il y a un indice,
05:54 et un indice important, qui est le crâne.
05:57 À partir de là, il faut retrouver le point zéro,
05:59 là où il y aurait le maximum d'ossements,
06:02 ou en tout cas, là où le corps a été...
06:05 sera peut-être, j'espère, trouvé.
06:08 Le reste des ossements.
06:10 Donc, c'est à ce moment-là, on a une zone délimitée
06:13 dont on a besoin d'avoir tous les détails,
06:15 et ces détails pour pouvoir travailler de manière indiciaire.
06:19 -Docteur Bernard Marc, vous êtes médecin légiste.
06:22 Quelle est la première chose que le légiste a fait,
06:26 ou va faire, sur ce qui reste du crâne du petit garçon
06:30 qui a été transporté à l'IRCGN à Pontoise ?
06:33 -L'IRCGN dispose d'une cellule médico-légale,
06:37 anciennement dirigée par un de mes collègues,
06:40 le docteur Chouliard.
06:42 Et...
06:43 Cette cellule médico-légale va se pencher
06:46 sur les éléments aussi modernes.
06:48 On dispose, par exemple, de l'imagerie,
06:50 de l'imagerie scanner, pour pouvoir modéliser le crâne,
06:54 pour pouvoir regarder à l'intérieur s'il existe des lésions,
06:58 des éléments qui seraient en faveur d'une compression
07:02 de la boîte crânienne par le cerveau,
07:05 qui gonfle par un œdème, par un hématome,
07:07 va appuyer sur la calotte crânienne.
07:11 On a ces éléments-là.
07:12 Et puis, il y a le revêtement extérieur.
07:14 Regardez si on est face à une lésion
07:18 qui a été occasionnée après le décès,
07:20 sur un crâne qui aurait été remanié,
07:22 ou s'il s'agit d'une petite fracture ou d'une lésion traumatique.
07:26 On va essayer d'éliminer tous les éléments traumatiques,
07:29 de remodéliser, en attendant, d'autres pièces
07:32 que les enquêteurs recherchent au tamisage sur place.
07:35 -Il y a des questions difficiles à poser,
07:38 surtout lorsqu'il s'agit d'un enfant.
07:41 Si le corps a été déplacé par un animal,
07:45 est-ce qu'on y verra des signes ?
07:47 -Bien évidemment.
07:50 C'est tout à fait douloureux,
07:52 puisqu'il s'agit de la mort d'un petit enfant.
07:55 Mais s'il y a des déplacements
07:59 qu'ils soient occasionnés par...
08:01 un charriage d'une partie du corps
08:05 dans un ruisseau ou dans un ravinement
08:09 avec un écoulement d'eau,
08:11 ou qu'il soit par un animal qui aurait tenu une partie,
08:15 on risque de retrouver des éléments soit de frottement,
08:18 soit des éléments de prise, de morsure,
08:22 qui seraient encore visibles sur le crâne.
08:25 Il n'empêche très souvent dans les crânes
08:27 que c'est plutôt le cou qui est pris.
08:30 -Question importante, également.
08:32 Est-ce qu'il peut rester des traces ADN d'un tiers
08:37 après peut-être autant de temps passé dans la nature ?
08:40 -Alors, l'ADN a beaucoup évolué,
08:44 beaucoup avancé,
08:45 mais effectivement, on peut avoir des traces.
08:49 Il n'empêche qu'il a été exposé aux intempéries,
08:51 à l'eau, sans doute à la neige,
08:55 puisque plusieurs saisons se sont passées.
08:58 Donc des éléments où l'ADN va être peu fiable.
09:01 Et puis, ce crâne a été transporté par une randonneuse,
09:05 donc il y a aussi sans doute des impairs.
09:08 Il aurait été plus utile,
09:11 pour les enquêteurs, en tout cas, plus précieux
09:14 que les traces et indices soient respectées,
09:16 qu'on retrouve en place sans mouvement.
09:18 Mais on fait avec ce que l'on peut...
09:22 -Évidemment.
09:23 -D'un mot, on dit que des entomologistes
09:26 de la Gendarmerie nationale vont arriver.
09:28 C'est quoi, cette spécialité ?
09:30 -Ce sont des spécialistes des insectes.
09:32 C'est très important en cas de découverte de restes humains.
09:36 Ils pourront dire, avec le type d'insecte qui se développe,
09:39 assez terrible,
09:40 que ça permettrait de dater la date de la mort du petit garçon.
09:44 Ce sont des spécialistes très pointus
09:46 qui pourraient arriver dans les prochains jours.