NCAA - Mohamed Diarra : "Je vis un truc de ouf !"

  • il y a 6 mois

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00:00 Alors Mohamed, je suis bien content de pouvoir discuter avec toi.
00:03 On va te présenter un petit peu.
00:04 Tu as un profil très particulier.
00:06 Tu es le basketteur français dont tout le monde parle en ce moment
00:10 avec ce que vous êtes en train de réussir avec NC State.
00:12 Et pourtant, j'ai l'impression que tu es le basketteur français,
00:15 le moins connu de ce système-là.
00:17 Déjà, je voudrais savoir comment ça va
00:19 et si tu vis ta meilleure vie en ce moment.
00:21 Franchement, ça va.
00:23 Ça va très bien.
00:24 En ce moment, c'est la police qui se pacifie un peu partout.
00:28 Comme tu l'as dit, je suis le basketteur français le moins connu,
00:31 mais qui vit un truc de fou actuellement.
00:33 Je suis, on va dire, le basketteur du moment.
00:35 Après, c'est normal, j'ai un parcours un peu atypique.
00:38 J'ai un parcours un peu atypique.
00:39 Beaucoup d'échecs en France.
00:42 Du partir aux États-Unis,
00:44 faire une saison en high school,
00:49 pre-school,
00:49 revenir à cause du COVID,
00:51 partir en Ducoup deux ans.
00:53 Première année compliquée.
00:56 Ensuite, la deuxième année,
00:58 je finis Ducoup Player of the Year.
01:01 Je suis le numéro un en ranking du pays.
01:04 Je suis recruté par toutes les écoles d'Iwan.
01:06 Je vais à Missouri.
01:08 Saison assez compliquée, on va dire.
01:10 Je ne joue pas beaucoup.
01:12 Ensuite, le coach met dans la rotation au mois de janvier.
01:16 Et je décide de transférer à Nancy State.
01:20 Nancy State aussi, ça a commencé compliqué.
01:22 Ça a commencé compliqué.
01:23 Non, ça a commencé bien.
01:24 Ensuite, ça s'est gâté.
01:25 Et ça a repris bien.
01:28 C'est marrant parce qu'avec toi,
01:30 j'ai l'impression que tu vis un truc exceptionnel.
01:33 Vous allez jouer le Elite 8 ce dimanche soir avec Nancy State.
01:36 Je ne m'y attendais pas du tout.
01:38 Toi, tu fais des cartons,
01:39 tu enchaînes les double-double, c'est magnifique.
01:40 Félicitations, c'est incroyable ce que tu es en train de faire.
01:43 Je voudrais expliquer,
01:45 présenter aux Français,
01:46 ton parcours, tu l'as dit toi-même,
01:47 qui est tellement atypique.
01:48 En France, ça n'a pas bien marché.
01:50 Tu es passé par Gravelines, par Orléans.
01:52 Je voudrais savoir pourquoi ça n'a jamais fonctionné
01:54 pour toi en France.
01:55 Et pourquoi c'est en train de fonctionner aujourd'hui au States ?
01:57 Il faut savoir que moi, j'ai eu du retard déjà.
02:01 Je commençais le basket à 15 ans.
02:03 Je faisais du foot.
02:05 Ensuite, j'arrive à Gravelines ma deuxième année de basket.
02:09 C'est-à-dire que je n'ai pas encore les alliages du basket.
02:14 Je joue à l'énergie.
02:16 Je joue beaucoup à l'énergie,
02:18 par rapport à ce que je m'attaille, etc.
02:20 Je connais sans déformation, c'est ce qu'ils demandent à l'époque.
02:23 Je joue.
02:25 C'est un peu compliqué.
02:27 Je n'ai jamais quitté ma ville.
02:29 C'est-à-dire que moi, je ne suis pas…
02:31 Parce que tu es parisien, toi ?
02:33 Voilà, je suis parisien, à Montreuil.
02:35 C'est-à-dire que c'est la première fois que je quitte chez moi.
02:38 Je suis un peu perdu, etc.
02:40 Un peu compliqué.
02:42 Je quitte la famille, la maman, le petit frère, mon oncle, etc.
02:45 Ma grand-mère.
02:46 C'est un peu compliqué.
02:48 Et je dois savoir que je ne suis pas un grand fan de l'école.
02:51 C'est-à-dire que j'ai essayé, j'ai fini la saison,
02:55 mais à la fin, ils se sont décidés de se séparer de moi.
02:58 Ils m'ont dit « Bon, on va se séparer de toi. »
03:01 Voilà.
03:03 Je retourne chez moi.
03:05 La saison d'après, je ne trouve pas de formation.
03:08 Je joue à Mâle-la-Vallée pendant une saison.
03:10 Je vais en départ, je m'entraîne avec la M3, etc.
03:14 Je suis au-dessus.
03:16 Je vais à Orléans.
03:18 C'est limite catastrophique.
03:21 Je ne m'entends pas bien avec le staff.
03:24 J'ai des bons amis là-bas.
03:26 Les joueurs, c'était mes potes, mais le staff, c'était pas ça du tout.
03:31 On ne s'est vu pas.
03:33 - C'est eux qui sont durs avec toi ?
03:35 C'est toi qui n'es pas prêt pour ça, qui ne fais pas les efforts pour ?
03:38 Qu'est-ce qui se passe, en fait ?
03:39 - En fait, j'avais une vision qu'ils n'avaient pas.
03:43 En grandissant, je me suis rendu compte que moi aussi,
03:46 je faisais beaucoup d'erreurs.
03:47 Je n'allais pas beaucoup à l'école, etc.
03:50 J'ai fait beaucoup d'erreurs, mais eux aussi,
03:54 ils n'ont pas accepté la vision que j'avais.
03:56 Parce que je leur permettais de gagner des matchs.
04:00 Je leur donnais mon énergie, ce que je pouvais apporter sur le terrain.
04:04 Mais je n'étais pas récompensé.
04:07 Je trouvais que je n'étais pas assez récompensé.
04:10 Il y a toujours quelqu'un devant moi.
04:12 Pourtant, je m'entraînais dur.
04:14 J'étais là, je faisais des bonnes performances en match.
04:18 Et à la fin, ça n'a pas matché.
04:21 À la fin, c'était toujours quelqu'un d'autre qui était devant moi.
04:24 Alors que moi, je sais ce que c'est de travailler dur.
04:26 Je sais ce que c'est de revenir derrière.
04:28 Pour moi, c'était une opportunité sans déformation.
04:30 Mais bon, après, comme je l'ai dit, j'étais un peu jeune.
04:33 J'étais plus jeune, je faisais n'importe quoi.
04:35 Pas concentré.
04:37 Et ça m'a servi de leçon à la fin.
04:39 - C'est un parcours, en tout cas, qui est hyper inspirant.
04:42 J'espère que ça servira de modèle à certains jeunes basketeurs
04:46 qui nous écoutent aujourd'hui sur Billin,
04:48 de voir qu'il y a plein de façons d'y arriver.
04:52 Parce qu'aujourd'hui, dans ce qui se fait de mieux
04:55 dans le basket universitaire,
04:57 tu es starifié à mort aux États-Unis,
04:59 vous passez à la télé nationale, sur CBS tout le temps.
05:02 Là, vous passez sur Billin ce soir pour le match du Elite 8.
05:05 C'est fantastique ce que tu es en train de vivre.
05:07 Et du coup, moi, ce que je suis curieux de savoir aussi,
05:10 c'est que vu qu'il se passe des trucs fous,
05:13 tu profites et c'est tout, tu kiffes ce qui se passe,
05:15 ou est-ce que tu penses à la suite déjà ?
05:17 - Franchement, je profite du moment.
05:20 Parce que comme je l'ai dit, c'est un truc de fou,
05:23 tout ce qu'on vit.
05:25 Tout le monde, toutes les personnes qui regardent la March Madness,
05:28 qui ont déjà regardé la March Madness à la fête,
05:30 se diront que c'est un truc de fou.
05:32 C'est peut-être énorme, les Jeux aux États-Unis.
05:34 Surtout les plus jeunes.
05:36 Ils ont une image des États-Unis qui est bien
05:39 et on ne va pas la fausser.
05:41 Franchement, c'est très cool ce que je vis.
05:44 Mais la suite, j'y pense, sans trop y penser.
05:49 Je me dis que pendant ce temps, je me focus sur l'instant présent,
05:53 jouer mes matchs et rester concentré.
05:56 - Tu m'arrêtes si je dis une bêtise,
05:58 il te reste avec le Covid une année d'illégibilité à NCAA.
06:01 L'idée c'est quoi ? C'est de rester en fac ?
06:03 C'est de passer le pont quelque part ?
06:05 - L'idée, pour moi, en tout cas, l'idée à éclairer ma tête,
06:10 c'est qu'à la fin de mon cursus, que ce soit après cette saison
06:13 ou l'année prochaine, je décide de mettre mon monde
06:15 dans la drap et voir ce que les gens veulent me proposer.
06:18 Ensuite, ça le fait, tant mieux, on sera tous contents,
06:21 ma famille, etc., je serai content.
06:23 Mais si ça ne le fait pas, j'irai voir si je peux aller
06:27 gratter ailleurs en Europe.
06:29 - Je ne suis pas un agent, ce n'est pas mon métier.
06:33 Je suis là pour parler de basket avec des gens comme toi,
06:36 mais j'ai quand même l'impression qu'avec ce que tu es en train
06:38 de montrer là, je pense que tu t'es acheté un avenir professionnel,
06:41 il semblerait, non ?
06:43 - Je ne pense pas qu'ils soient les agents qui ont l'œil,
06:47 les scouts NBA, les scouts du monde entier ont l'œil,
06:50 ils savent reconnaître un bon joueur.
06:52 Et franchement, c'est avec le parcours que j'ai,
06:56 comment je reviens de loin, si j'ai une opportunité quelque part,
07:00 je serai trop content.
07:04 Je serai trop content juste pour le fait que commencer le basket
07:07 à 16 ans, venir du foot, faire virer de plusieurs centres
07:11 de formation, j'ai pensé, je me suis dit peut-être que le basket
07:16 c'est passé pour moi.
07:18 Et à la fin, peut-être que je vais finir pro dans ce sport
07:21 que j'aime beaucoup.
07:23 Et ça serait vraiment énorme.
07:26 - L'histoire, elle est magnifique, Mohamed.
07:28 Je suis ravi de pouvoir discuter avec toi et qu'on puisse parler
07:31 de toi sur Bean parce que tu as un parcours tellement atypique.
07:35 Et je pense que c'est intéressant que les gens sachent parce qu'il y en a
07:38 plein des jeunes qui, parfois, comme toi, ont du mal dans les centres
07:41 de formation, ça ne fonctionne pas parce que l'école,
07:43 parce que le comportement, parce que ceci, cela, on ne sait pas.
07:46 Il y en a plein qui sont laissés sur le côté et qui abandonnent.
07:48 Et toi, tu es un exemple qui n'a pas lâché.
07:50 Donc voilà, je pense que c'est intéressant de montrer ton parcours
07:52 aussi, de montrer qu'en s'accrochant fort, on peut y arriver.
07:56 - Oui, c'est ça.
07:58 Franchement, il ne faut jamais abandonner, en vrai.
08:01 Il ne faut jamais abandonner.
08:02 Je ne dis pas que c'est pareil pour tout le monde.
08:04 Il y a toujours une porte de sortie.
08:05 Moi, franchement, je suis quelqu'un, j'ai eu beaucoup de chance.
08:07 J'ai eu beaucoup, beaucoup de chance.
08:08 Il semble la pauvre petite dans ma vie.
08:10 Tu as beaucoup de chance.
08:12 Mais j'ai su saisir les opportunités et j'ai travaillé pour.
08:16 Ça veut dire que, OK, il y a de la chance.
08:19 Il y a l'aide de Dieu en premier temps.
08:21 Et il y a beaucoup de travail.
08:23 Il y a beaucoup de travail.
08:25 Aujourd'hui, je suis récompensé.
08:26 Je suis récompensé de tout le travail que j'ai fait.
08:28 Et encore, il y a passé longtemps, il y a des gens qui ont essayé de me mettre
08:31 des bâtons dans les roues.
08:32 Ça ne se passait pas très bien partout, même aux États-Unis.
08:35 Mais il ne faut pas travailler, il ne faut jamais se laisser abattre et
08:38 dire, vas-y, j'abandonne.
08:40 Moi, j'y ai pensé, mais c'est vite sorti de ma tête.
08:42 J'ai dit, si je ne fais pas de basket, qu'est-ce que je vais faire ?
08:45 L'école, ça ne matche pas forcément.
08:47 Aujourd'hui, je suis encore à l'école et j'ai des bonnes notes.
08:49 Au moins, c'était moi qui me suis trompé.
08:52 Ça ne matchait pas forcément.
08:55 Pourtant, aujourd'hui, je vais décrocher mon diplôme dans pas longtemps.
08:58 C'est le sport que j'aime.
09:02 Je vais essayer de vivre de ma passion, peut-être.
09:05 C'est magnifique.
09:06 Avant de te laisser tranquille là-dessus, dernière chose, ça m'intéresse
09:09 d'en parler, puisque j'ai vu que les médias américains ont parlé beaucoup.
09:12 Tu as parlé de Dieu.
09:14 J'ai lu que tu étais musulman, que tu es en plein Ramadan.
09:16 Je voudrais que tu nous racontes un petit peu, parce que tu es en train
09:19 d'être un pic de performance basket alors que tu es en plein Ramadan.
09:22 Comment ça fonctionne ?
09:23 Est-ce qu'il n'y a pas un truc compliqué là-dedans ?
09:26 Non, pas du tout.
09:28 C'est juste ma religion, ce que j'ai toujours fait depuis que je suis petit.
09:32 On m'a inculqué ça.
09:34 On m'a dit que le Ramadan, c'est un mois où il faut le faire,
09:37 que c'est important et ça te permet de se rapprocher de Dieu.
09:40 En tant que musulman, franchement, je suis super fier de pouvoir
09:44 bien représenter les musulmans aux États-Unis, surtout en français.
09:49 Pour les gens, c'est quelque chose d'exceptionnel.
09:52 Mais les gens qui font Ramadan dans le monde entier, qui jouent,
09:55 il y en a plein. On en connaît plein des athlètes qui ont joué.
09:57 On a vu Benzema, etc. On en a vu plein.
09:59 Dans le basket, en ce moment, on a Kairi Irving qui est super fort.
10:02 Voilà, Kairi Irving qui joue. Je vois aussi Amidou Diallo,
10:06 en djibouti, qui le fait et qui performe.
10:08 Je ne suis pas le seul, mais ça fait plaisir de voir qu'on a
10:14 de la reconnaissance durant ce mois parce que c'est un mois de paix,
10:17 c'est un mois où on doit se rapprocher de Dieu, etc.
10:20 Et moi, le gym donne l'opportunité de pouvoir jouer ce mois
10:23 et de performer. C'est quelque chose qui me touche.
10:28 Mais voilà, je ne dirais pas que c'est dur. Ce n'est pas dur.
10:32 Je serais un menteur et je dirais que c'est dur, je suis fatigué.
10:35 C'est fatiguant quand tu te réveilles le matin à 5 heures du matin
10:39 pour manger et c'est dur de repartir dormir.
10:41 Mais non, ce n'est pas dur. On est habitué.
10:44 Maintenant, ça fait quand même trois semaines que ça a commencé.
10:47 C'est-à-dire que mon corps est habitué maintenant.
10:50 J'ai toujours fait ça, dans tous les cas. Ce n'est pas nouveau.
10:54 J'espère que ça inspire beaucoup de gens aux États-Unis.
10:57 Je vois beaucoup de gens qui en parlent sur les réseaux sociaux,
11:00 etc. Ça me fait plaisir.
11:03 Franchement, je ne sais pas comment je vais parler les mots.
11:07 C'est hyper touchant de te voir comme ça en tout cas.
11:11 Je pense que je peux me permettre de parler au nom de la force du basket
11:14 pour te féliciter pour ce que tu es en train de faire.
11:16 Parce que tu es en train de montrer un niveau de basket fantastique.
11:19 Ce que vous faites avec NC State, c'est incroyable.
11:22 On va vous souhaiter le meilleur, bien sûr, pour le Elite Eight.
11:24 Et peut-être la suite, on verra.
11:26 Et puis voilà, continue de te régaler, continue de taffer.
11:29 Et puis on va croiser les doigts pour que tu ailles le plus loin possible.
11:31 Merci, merci beaucoup. C'est gentil.
11:33 Merci Mohamed pour le temps. Merci à toi.
11:36 Voilà.

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