• il y a 8 mois

Category

😹
Amusant
Transcription
00:00 *Musique*
00:22 Il est difficile de qualifier le métier de notre invité.
00:26 Est-elle humoriste ? Oui, c'est évident. Est-elle comédienne ? Oui, absolument.
00:31 Chroniqueuse radio ? Oui, et même très écoutée et très reconnue.
00:35 Je dirais éditorialiste aussi.
00:37 Et qui sait, peut-être un jour responsable politique,
00:40 finalement l'artiste est peut-être en train de s'effacer.
00:43 Parce que notre invité est une femme engagée,
00:46 avec des opinions fortes, qu'elle exprime très librement,
00:49 quitte à fâcher, à déplaire, quitte même à risquer de mettre en danger sa sécurité.
00:54 Ce qu'elle défend, c'est l'universalisme, la laïcité, la social-démocratie.
00:58 Ce qu'elle attaque, c'est le complotisme, le wokisme, le fondamentalisme religieux.
01:03 Et bizarrement, c'est elle qui devient une cible.
01:06 Cela fait partie des messages qu'elle fait passer avec autant d'humour que d'incrédulité
01:09 dans son spectacle "Le monde d'après".
01:11 Comment le rêve-t-elle, le monde d'après ?
01:14 Est-ce que la meilleure place pour le changer, ce n'est pas l'arène politique finalement ?
01:18 Un jour ministre ou sénatrice ?
01:20 Posons-lui toutes ces questions. Bienvenue dans "Un monde, un regard".
01:23 Bienvenue à vous, Sophia Aram. Merci d'avoir accepté notre invitation ici au Dôme Tournon au Sénat.
01:27 Un lieu de pouvoir, donc.
01:29 Vous le voudriez, le pouvoir, un jour, pour réajuster ce monde ?
01:32 Cela fait partie des questions que vous pouvez vous poser ?
01:34 Je ne me suis jamais posé cette question. Non, non, vraiment pas.
01:37 Pour moi, je prends cela très au sérieux, le pouvoir et les fonctions politiques,
01:41 et l'engagement politique. J'ai beaucoup de respect pour ces fonctions.
01:45 Donc non, moi je suis un clown au départ, et je le suis vraiment encore aujourd'hui malgré tout.
01:51 Mais je trouve que c'est l'époque qui fait que, dans mes prises de position,
01:56 j'ai un petit peu... affirmé plus fortement mes positions.
02:03 Vous ne vous sentez jamais femme politique en prenant des positions très fortes,
02:06 comme je le disais en introduction ? Jamais, à aucun moment ?
02:08 Non, non. Non, après, tout est politique.
02:11 C'est quelque chose, dans la vie de tous les jours, on fait de la politique
02:15 quand on s'engage dans une association, quand on milite, quand on est...
02:19 Face à votre public sur scène, est-ce que vous vous sentez parfois femme politique,
02:23 avec une envie de convaincre ? Parce que c'est aussi ça, le responsable politique.
02:26 Convaincre, non. Exposer mes idées, poser mon diagnostic, le regard que j'ai sur le monde,
02:32 et les questions que je me pose, les partager, et les soumettre aux spectateurs, oui.
02:37 Mais en convaincre, non, je ne convainc personne.
02:40 Dans le public, vous ne sentez jamais des réactions de gens qui...
02:43 Si, les gens viennent me voir, me disent qu'ils se retrouvent, ou que ça leur a...
02:49 Fait changer d'avis ?
02:51 Rarement. Je ne fais pas changer d'avis.
02:53 Mais en revanche, je pense que les gens cheminent. Et c'est déjà bien, je trouve.
02:58 Alors, si vous étiez dans la peau d'un responsable politique,
03:01 est-ce que vous auriez des idées de propositions, de choses pour changer, je pense, à vos combats,
03:05 par exemple pour lutter contre les fake news que se partagent les complotistes, vous savez ?
03:10 C'est un combat qui est assez dur, parce que ce que j'ai compris avec le temps,
03:15 c'est que quand vous êtes face à une fausse information,
03:20 il leur faut un mot ou deux mots pour l'exposer.
03:25 S'il vous faut plus de deux mots pour répondre, vous avez perdu.
03:29 Quelle que soit l'information, si l'explication est complexe,
03:33 et c'est souvent le cas, parce que la vérité est complexe, et bien vous avez perdu.
03:37 C'est un combat perdu, la lutte contre le complotisme ?
03:39 Non, non, non, je pense qu'il ne faut pas, il ne faut jamais penser que c'est perdu.
03:43 Mais je pense qu'il faut... Enfin, ça demande beaucoup d'énergie, ça demande du temps,
03:46 et il n'y a pas de réponse miracle. Vous me demandez la réponse, il n'y en a pas.
03:49 Il n'y a pas de recette miracle. En revanche, c'est un travail de longue haleine,
03:52 c'est de l'éducation, c'est de l'éducation...
03:54 On parle des enfants, mais on parle aussi des adultes, il y a plein de choses qu'on peut mettre en place.
03:58 Et l'humour ?
03:59 Oui, oui, moi je prends ma part pour démonter un peu les raccourcis, parce que c'est souvent des raccourcis.
04:05 Et lutter contre le fondamentalisme religieux et pour la laïcité ?
04:10 Vous auriez des solutions, des propositions ?
04:12 Rappelez à quoi ça sert, rappelez pourquoi c'est important, rappelez ce que c'est, et rappelez ce que ce n'est pas.
04:19 Parce que bien souvent, on a des envies de nous faire...
04:24 Je dis "nous", nous les défenseurs de la laïcité, on nous fait porter aujourd'hui...
04:29 Aujourd'hui, quand on est défenseur de la laïcité, on vous colle un seau d'extrême droite.
04:33 C'est quand même devenu un truc assez compliqué, j'ai beaucoup de mal avec ça.
04:36 Pourquoi aujourd'hui, défendre la laïcité serait d'extrême droite ?
04:39 Parce que, avec des glissements successifs, je ne sais pas le dater, mais aujourd'hui, dire qu'on défend la laïcité...
04:47 C'est louche.
04:48 Ouais, et puis on vous dit que vous êtes, je mets des guillemets, "islamophobe".
04:53 En quoi ?
04:55 Moi je défends la laïcité, pas contre une religion, je défends la laïcité au nom des valeurs de la République.
05:01 Pour toutes les religions, et pour la liberté de croire, j'imagine.
05:04 Votre spectacle "Le Monde d'Après", vous le nourrissez de plein d'anecdotes.
05:07 Il y a notamment cette Canadienne qui s'interdit de prononcer le mot "nègre", c'est un moment drôle.
05:12 Votre tante, Fatia, qui en a marre des barbus, et qui regrette un peu le temps où elle parlait zouk avec son voisin Pierre-Noël.
05:19 Elle est complexe, notre époque, elle est compliquée.
05:21 Mais oui, évidemment qu'elle est compliquée, notre époque.
05:24 Mais après, je ne sais pas si celle-ci l'est plus que d'autres.
05:27 Peut-être qu'il y a d'autres... les générations précédentes se disaient peut-être la même chose, j'en sais rien.
05:34 Et à la fois, c'était pas mieux avant, j'ai pas du tout ça.
05:38 En revanche, oui, effectivement, c'est complexe, parce que vous parliez tout à l'heure des fake news et des réseaux sociaux, etc.
05:45 C'est une donnée nouvelle, ça, en revanche.
05:47 Vous avez peur de la direction qu'on prend ? Ce serait quoi l'étape d'après ?
05:51 Est-ce que j'ai peur ?
05:53 Non, mais il faut s'y confronter, en fait.
05:56 Il faut le regarder en face, l'époque, il faut pas se voiler la face.
06:00 Et encore une fois, il n'y a pas de réponse simple face à la complexité dont vous parliez.
06:05 Il n'y a rien de simple.
06:07 Et il n'y a pas le bien contre le mal, il y a la zone grise, en fait.
06:12 Et on est dans une espèce de zone grise dans laquelle je pense qu'il faut du temps, il faut...
06:18 En revanche, ces gens qui y croient, à toutes ces thèses dont vous parlez, vous les appelez les timbrés.
06:22 Vous dites beaucoup "c'est des timbrés", mais est-ce qu'on peut se contenter de dire ça aujourd'hui ?
06:26 Ce sont des timbrés, c'est pas juste le résultat de décennies, quand même, d'exagérations, d'abus ?
06:33 Je dis pas que tous sont timbrés.
06:35 Je dis que ceux qui prennent la parole très fort, ceux qu'on entend le plus fort, sont les timbrés.
06:40 Les timbrés qui manifestaient contre les masques, les timbrés qui manifestaient contre les vaccins,
06:45 les timbrés qui manifestent...
06:47 Mais ils sont le résultat de quelque chose.
06:48 Ils sont le résultat du complotisme qui a toujours existé.
06:50 Le complotisme a toujours existé, sauf qu'aujourd'hui, il a des tribunes, il a des chaînes de télévision qui les invitent,
06:54 qui leur donnent une exposition, il y a des réseaux sociaux qui leur donnent aussi...
06:59 On leur a déroulé un tapis rouge.
07:05 Le professeur Raoult, avec son hydroxychloroquine, pour ne pas le nommer,
07:09 le président de la République est allé le voir chez lui, c'est quand même dingue.
07:13 Et il ne s'en est jamais expliqué, on n'a jamais compris pourquoi.
07:16 Pourquoi lui ? Pourquoi là ? Pourquoi il a fait ça ?
07:20 C'était absolument incompréhensible.
07:22 Je pense que ça, ça a alimenté les complotistes.
07:25 La peur, oui.
07:27 Moi, le complotisme, à un moment donné, j'avais trouvé ça presque rassurant.
07:34 Je me disais, c'est des gens qui refusent.
07:37 Au moment des attentats en France, après Charlie Hebdo, très vite, il y avait des thèses complotistes.
07:43 Il y avait des histoires de rétroviseurs qui ne montraient pas la même image.
07:48 Je me souviens de ça, je me disais...
07:51 J'avais trouvé ça touchant, je me suis dit, c'est tellement horrible que les gens refusent cette réalité.
07:56 Donc ils imaginent qu'il y a une histoire derrière.
07:58 Ça ne vous a pas inquiété à ce moment-là ?
07:59 Si, ça m'a inquiétée, mais la réponse, je l'ai trouvée émouvante,
08:03 dans la mesure où je me disais que c'était un refus de cette atrocité, et que c'était un refuge.
08:09 Et quelque part, c'est aussi ce que font les gens qui refusent de croire que la Covid est un virus,
08:16 que c'est un truc qui a été inventé par un labo américain.
08:19 Ils préfèrent se rassurer avec ça, parce que c'est trop horrible, et ils se désangoissent comme ça.
08:24 Sauf que ça prend de l'ampleur.
08:26 Ça prend de l'ampleur, et après c'est nourri par d'autres qui l'utilisent.
08:30 Et là, oui, moi-même, on pourrait me taxer de complotisme,
08:33 parce que, évidemment que c'est utilisé par d'autres, que c'est récupéré par d'autres,
08:37 par ceux qui utilisent la pseudo-colère du peuple, prétendument,
08:43 qui est censée être représentée par ces gens-là.
08:46 - Le personnage de Lorraine, la walkiste, est vraiment génial dans votre spectacle,
08:50 elle fait beaucoup rire.
08:52 Où avez-vous puisé votre inspiration ? Qui vous a inspirée pour ce personnage ?
08:56 - Alors, elle est complexe, Lorraine, aussi, parce qu'elle est inspirée de plein plein de choses.
09:01 Alors, je ne prononce pas le mot de "walk" dans le spectacle.
09:05 - On le devine, on comprend.
09:07 - Oui, alors c'est tout un ensemble, mais je ne le prononce pas pour une seule raison,
09:10 parce que je trouve que, encore une fois, ça part d'un truc que je comprends.
09:14 - Qu'est-ce que vous comprenez dans le "walk" ?
09:16 - Le fait de vouloir être éveillée au monde.
09:19 Mais il faut être éveillée, mais on l'est tous, on devrait tous l'être.
09:22 On devrait tous se dire éveillée.
09:24 Et je refuse qu'on considère que parce que je ne pense pas comme eux, ou comme elles,
09:28 je ne serai pas éveillée moi aussi, j'ai envie d'être éveillée.
09:31 Sauf que ces gens prétendent avoir le monopole de l'antiracisme,
09:34 ils prétendent avoir le monopole du féminisme,
09:36 ils prétendent avoir le monopole de toutes les luttes,
09:38 parce que eux sauraient comment on doit les combattre,
09:41 et nous on ne saurait pas comment les combattre.
09:43 Donc c'est l'agrégat de tous ces gens-là qui sont persuadés.
09:46 Moi je les admire, ils ont des certitudes rassurantes.
09:50 - Confortables intellectuellement.
09:52 - Ils ne doutent jamais, c'est assez la chance.
09:55 Vraiment, moi j'adorerais avoir autant de chance.
09:58 - En fait c'est la certitude qui vous effraie peut-être.
10:00 - Bah ouais, moi je ne suis que doute, je doute tout le temps.
10:02 J'ai une archive à vous proposer.
10:05 Je vais d'abord vous laisser la découvrir,
10:08 et puis je la décrirai pour les gens qui nous écoutent.
10:10 C'est une photo, vous la reconnaissez ou pas ?
10:12 - Alors je reconnais Jean-Luc Mélenchon devant.
10:14 - Ok.
10:16 - Avec les lunettes c'est qui ? C'est Julien Drey ?
10:18 - Et bien alors justement, de gauche à droite, Julien Drey,
10:20 Jean-Luc Mélenchon, et Marie-Noëlle Linnemann,
10:22 qui est une ancienne sénatrice.
10:24 - Marie-Noëlle Linnemann, je vois rien.
10:26 - On connaît bien ici, un trio bien connu, très amis dans les années 80-90.
10:28 - Ils étaient potes.
10:29 - Un peu moins amis aujourd'hui, en tout cas tous,
10:31 mais à l'époque militant de gauche, antiraciste de la première heure,
10:34 à l'époque de SOS racisme et de "touche pas à mon pote",
10:37 vous la regrettez un peu cette époque ?
10:39 - Encore une fois, je ne suis pas dans le "c'était mieux avant".
10:43 - Oui sans dire que c'était mieux avant, mais est-ce que...
10:45 Cette époque d'une gauche unie derrière les droits pour tous ?
10:48 - Oui, en fait c'est assez intéressant.
10:51 Moi j'ai le souvenir de cette époque-là précisément,
10:55 mais de "touche pas à mon pote", c'était quelque chose...
10:58 Le combat antiraciste était très clair,
11:01 était universaliste.
11:04 Et oui, je suis nostalgique de ce combat universaliste,
11:06 parce qu'aujourd'hui, l'antiracisme,
11:08 je ne sais pas par qui il est porté le combat antiraciste aujourd'hui,
11:11 je ne sais pas qui le porte vraiment.
11:13 - Vous n'étiez pas dans les cortèges ?
11:14 Vous n'avez pas participé à ces manifs ?
11:16 - J'ai participé, j'étais assez jeune,
11:18 c'était mon tonton qui m'emmenait,
11:21 j'allais manifester avec mon oncle,
11:24 il y avait les grands concerts...
11:26 Alors moi j'habitais en banlieue, c'était un peu loin,
11:28 donc c'est pour ça que j'y allais avec mon oncle,
11:30 mais oui, j'y suis allée quelques fois.
11:33 - Oui, ce qui est déjà pas mal.
11:35 Vous comprenez ce qui s'est passé à gauche depuis cette époque ou pas ?
11:38 Vous arrivez à analyser la situation 30 ans plus tard ?
11:41 - Des glissements successifs, encore une fois,
11:44 il n'y a pas eu un élément,
11:46 mais Jean-Luc Mélenchon lui-même a beaucoup changé.
11:49 C'était quelqu'un d'extrêmement laïc,
11:51 et qui était un grand défenseur de la laïcité.
11:54 J'ai le souvenir de quelqu'un de très très clair,
11:57 et de sans concession.
11:59 - Un glissement stratégique, vous pensez ?
12:01 Électoraliste ?
12:03 Ou un vrai glissement intellectuel ?
12:05 - J'espère qu'il est convaincu, parce que sinon c'est moche.
12:08 - Vous êtes une femme de gauche, vous le revendiquez,
12:11 en même temps une certaine gauche vous qualifie,
12:14 et vous l'avez un peu dit tout à l'heure,
12:15 d'humoriste de droite, voire d'extrême droite,
12:18 d'islamophobe, ou, je l'ai lu aussi,
12:20 à la botte du macronisme,
12:22 ce qui vous fait bien rire,
12:23 et vous répondez, ce n'est pas moi qui ai changé,
12:25 c'est la gauche qui a changé,
12:27 une certaine gauche un peu doloriste, à vos yeux,
12:29 si c'est ça que je comprends bien,
12:31 à laquelle vous répondez,
12:33 "Enfant, je n'ai pas eu tout ce que mes copines possédaient,
12:35 je m'en suis remise, je n'ai jamais voulu être une victime,
12:38 je suis contente d'avancer."
12:40 Est-ce que finalement, c'est aussi cette gauche qui se plaint,
12:42 qui vous dérange ?
12:44 - Je trouve que la victimisation est un peu pénible.
12:47 Des victimes, il y en a.
12:50 Il y a des tas de raisons d'être aux côtés des victimes,
12:54 et de les aider à avancer.
12:56 Mais la victimisation est systématique,
12:57 mais pour moi, la victime n'est pas un statut, en fait.
12:59 Ça ne peut pas être un statut en soi, la victime,
13:01 on est victime par accident.
13:05 Il nous arrive des choses, on est victime,
13:07 mais on essaye de passer ça.
13:09 On ne va pas s'enfermer là-dedans,
13:10 et puis ce n'est pas à vie,
13:11 ce n'est pas un statut honorifique,
13:13 ce n'est pas parce que vous avez été malheureux une fois dans votre vie,
13:15 et de manière tragique,
13:17 que toute votre vie,
13:19 vous bénéficiez de ce saut de la victime,
13:21 et qui va vous exonérer de tout.
13:23 Et on est un peu là-dessus, de temps en temps,
13:25 et ça me questionne beaucoup.
13:27 Aujourd'hui, je ne suis victime de rien,
13:29 je vais bien.
13:31 Et je vois juste, quand je dis que c'est cette gauche doloriste,
13:33 que vous n'aimez pas,
13:35 et en même temps, la gauche s'est historiquement toujours tenue
13:37 du côté des plus faibles,
13:39 alors on ne disait peut-être pas victime, on dit autre chose,
13:41 mais on se tient toujours du côté des faibles.
13:43 Mais aujourd'hui, on regarde le fait de sortir,
13:45 même d'une condition, par exemple,
13:47 aujourd'hui, on parle de transfuge de classe.
13:49 C'est quoi le transfuge de classe ?
13:51 Moi, aujourd'hui, il y avait un bouquin de Gérald Bronner
13:55 qui raconte, lui, que justement, il ne se vit pas comme transfuge de classe.
13:58 Et je me reconnais dans ce qu'il décrit dans ce livre,
14:01 c'est-à-dire qu'il vient d'une famille pauvre,
14:03 dans laquelle il n'y avait pas de bouquin,
14:05 et aujourd'hui, il est là où il est,
14:07 et il est très heureux de ça, et moi aussi je suis très heureux,
14:09 je suis même fière de là où je suis.
14:11 Et oui, je suis peut-être une bourgeoise aujourd'hui,
14:13 mais qu'est-ce que je suis contente d'être une bourgeoise aujourd'hui ?
14:15 - Et c'était pas gagné au départ,
14:17 c'était pas écrit, c'était pas gravé dans le marbre,
14:19 ouais, putain, ça fait du bien, pardon,
14:21 je dis putain, mais ouais, ça fait du bien,
14:23 et on a le droit d'être contente,
14:25 et on a le droit de ne pas s'excuser
14:27 d'avoir gravi les échelons.
14:29 - Gravi les échelons, oui.
14:31 - Et au nom de ça, je peux quand même
14:33 regarder des personnes qui sont dans des situations
14:35 qui sont moins confortables,
14:37 avec l'envie de les aider, avec l'envie d'avancer,
14:39 et leur dire qu'il n'y a pas de fatalité,
14:41 et la légitimité pour le faire.
14:43 - Ou pas, enfin,
14:45 c'est pas parce que je l'ai vécu enfant
14:47 que je serais plus légitime que quelqu'un qui est né bourgeois.
14:49 C'est quelqu'un qui est né bourgeois
14:51 peut aussi avoir de la compassion
14:53 et avoir envie d'aider des personnes.
14:55 - Mais qui l'incarne aujourd'hui la gauche,
14:57 pour vous, j'allais dire la bonne gauche,
14:59 cette gauche, la vôtre en tout cas,
15:01 qui l'incarne ? Je sais pas, Bernard Cazeneuve,
15:03 Manuel Valls, Raphaël Glucksmann,
15:05 vous avez des leaders comme ça ?
15:07 - Je cherche pas de figure, moi, je cherche pas de figure.
15:09 Je crois pas en l'homme ou en la femme providentielle,
15:11 je crois aux idées, en fait.
15:13 À ce stade, un jour, on se retrouvera peut-être
15:15 derrière une personne, et on aura peut-être
15:17 envie de soutenir une personne.
15:19 J'y hons, parce que je crois que je suis pas la seule
15:21 à être dans cette situation-là, mais
15:23 aujourd'hui c'est les idées qui m'intéressent plus que
15:25 la personne.
15:27 Y'aura pas une personne qui va sortir du chapeau
15:29 et qui va nous dire "la gauche c'est moi",
15:31 l'homme ou la femme providentielle.
15:33 - Vous la regrettez cette gauche, mais elle vous inquiète
15:35 tout de même moins que l'extrême droite, que vous combattez férocement.
15:37 Vous avez été très en colère
15:39 après Emmanuel Macron lorsqu'il a accordé un entretien
15:41 à Valeurs Actuelles. Vous avez
15:43 dit "il a contribué à la banalisation,
15:45 ainsi tout le monde finit par s'habituer à l'idée
15:47 d'une Marine Le Pen présidente, ça me révolte".
15:49 Et vous dites "le wauquisme,
15:51 ça va trop loin, on peine à les comprendre,
15:53 mais il ne constitue pas le grand danger".
15:55 Ça, c'était une interview dans
15:57 Le Point en octobre 2023. Est-ce que
15:59 vous le pensez toujours ? - Oui, oui. - Ouais, vous le pensez
16:01 toujours ? Même depuis ce qui s'est
16:03 passé après le 7 octobre ? - Oui, parce que ça
16:05 n'efface pas ce que c'est que l'extrême droite
16:07 aujourd'hui dans ce pays. Le 7 octobre
16:09 a créé des...
16:11 il y a eu des ruptures
16:13 dans le pays et
16:15 encore une fois, je pense qu'on passera ça.
16:17 On passera ça, il va falloir qu'on le passe,
16:19 il va falloir qu'on avance, il va falloir qu'on
16:21 regarde des choses, ça va prendre du temps parce que
16:23 on est encore
16:25 dans une situation qui est
16:27 atroce aujourd'hui.
16:29 En revanche, dans ce pays,
16:31 le danger, il faut le nommer,
16:33 le danger c'est l'extrême droite,
16:35 le danger c'est l'islam politique
16:37 et je combats l'islam politique
16:39 et je combats l'extrême droite.
16:41 Moi, alors,
16:43 du haut de ma chaise, j'ai l'impression d'être ma falda
16:45 qui monte sur son tabouret
16:47 dans la bande dessinée, mais c'est un peu ce que
16:49 je fais et je pense qu'il faut les combattre.
16:51 - Mais vous ne mettez pas au même niveau le danger de l'extrême
16:53 gauche et le danger de l'extrême droite, c'est clair dans votre tête ?
16:55 - Ouais, ouais, non. - Ok.
16:57 - Non, après, je considère
16:59 que l'extrême gauche
17:01 alimente la colère,
17:03 que l'extrême droite recycle, ça c'est sûr.
17:05 Mais en revanche, l'extrême droite, c'est l'extrême droite
17:07 et c'est elle mon ennemi
17:09 avant tout. - Si on reprend les choses depuis le début,
17:11 vous êtes née dans l'Essonne, vous avez
17:13 grandi à Trappes dans une famille de six enfants,
17:15 votre mère était adjointe au maire, votre père
17:17 cuisinier à Radio France.
17:19 Vous avez dit un jour, je me souviens du jour où j'ai annoncé
17:21 à mon père que j'allais faire de l'antenne un moment de
17:23 fierté, partagée, auquel je pense
17:25 souvent. Est-ce que vous avez eu l'occasion
17:27 de l'emmener avec vous en studio, votre père ?
17:29 - Alors il est pas venu en studio, il est venu,
17:31 il y avait une émission en public
17:33 dans l'entre-deux-tours de la
17:35 présidentielle, c'était en
17:37 2012 ?
17:39 - Oui. - Non, 2017.
17:41 - Oui. - Oui, c'était en 2017.
17:43 Et c'était en public,
17:45 et du coup c'était très chouette
17:47 parce que c'était au premier étage,
17:49 et puis on en a profité pour aller se balader un peu,
17:51 puis on est allé déjeuner au restaurant
17:53 du premier étage aussi, quelques fois,
17:55 donc oui, on y retourne ensemble.
17:57 Il est très nostalgique, il a été très très
17:59 heureux à la Maison de la Radio, donc on aime bien
18:01 y aller ensemble. - J'ai quand même une question sur
18:03 la ville de Trappes. Trappes,
18:05 d'où viennent des personnalités comme
18:07 Djamel Debouze, Nicolas Hanelka,
18:09 Omar Sy, vous, il se passe quoi ?
18:11 - Michel Benzier. - Trappes, Benzier,
18:13 - Oui, oui. - Incroyable, vous
18:15 arrivez à l'expliquer, c'est quand même... - C'est une ville
18:17 communiste, et je crois que ça dit beaucoup
18:19 en fait. Le communisme
18:21 municipal,
18:23 il y a quelque chose d'assez fort dans
18:25 l'accessibilité
18:27 à la culture,
18:29 au sport,
18:31 moi j'ai fait du théâtre
18:33 parce que mes profs
18:35 de lycée avaient alloué
18:37 des heures aux matchs
18:39 d'improvisation théâtrale. Tous les profs, c'est-à-dire que
18:41 c'était pas juste les profs de français,
18:43 les profs d'école, les profs d'histoire,
18:45 les profs de maths, donnaient des heures
18:47 pour qu'on puisse faire des tournois d'improvisation
18:49 théâtrale, des tournois de volleyball,
18:51 on avait des interclasses de volleyball, tout le lycée se rencontrait,
18:53 et ça c'était une volonté
18:55 de mes profs communistes,
18:57 mais de toute la municipalité, c'est-à-dire qu'à un moment
18:59 moi je faisais de l'impro au lycée,
19:01 Djamal était un peu
19:03 plus jeune que moi, lui il en faisait au collège,
19:05 il y avait des associations qui allaient en faire
19:07 pour des
19:09 gamins en réinsertion, moi très vite
19:11 je me suis mise à donner des cours d'impro,
19:13 on allait donner des cours d'impro pour
19:15 des enfants en difficulté,
19:17 des enfants avec des
19:19 handicaps, ça a été une volonté
19:21 de toute la ville
19:23 d'initier à l'improvisation théâtrale.
19:25 - Vous êtes en train de nous dire qu'au niveau municipal, le communisme
19:27 crée ça ?
19:29 - En tout cas, moi j'ai bénéficié de cette
19:31 dynamique-là, et ce que j'observe aussi,
19:33 c'est que je joue dans des villes,
19:35 en France,
19:37 dans le nord notamment, j'ai un exemple qui me vient,
19:39 la ville de Grenay, à côté de Lens,
19:41 c'est une ville où le maire communiste
19:43 a une politique
19:45 culturelle qui est hallucinante,
19:47 il y a des spectacles qui sont programmés,
19:49 il y a une petite
19:51 roulotte qui,
19:53 depuis le Covid, fait des petits théâtres
19:55 itinérants, qui va
19:57 dans les quartiers
19:59 faire des spectacles, les gens peuvent regarder
20:01 le spectacle depuis leur balcon, la médiathèque
20:03 est un lieu de vie complet,
20:05 il y a un bar dans la médiathèque,
20:07 il y a la salle polyvalente de la médiathèque
20:09 de Grenay,
20:11 les soirs de match, quand Lens joue,
20:13 il y a des diffusions du match, mais comme ça,
20:15 c'est un lieu de vie, les gens se retrouvent à la médiathèque,
20:17 il y a la crèche dans la médiathèque,
20:19 et il envisage de mettre un relais de la poste
20:21 à la médiathèque, mais pour que les gens
20:23 soient familiarisés aux livres, ils n'ont pas,
20:25 pour certains, pas de livre chez eux,
20:27 donc il y a un lieu de vie, il y a des enfants
20:29 qui vivent là, au milieu des livres, parce qu'ils vont
20:31 à la crèche tous les jours. - Et avant l'humour,
20:33 avant le théâtre, avant les cours d'improvisation au lycée,
20:35 vous avez eu envie de vous orienter, je crois, vers l'éducation,
20:37 vous avez une maîtrise d'arabe, Aline Alcot,
20:39 et puis il y a eu le journalisme aussi ?
20:41 - C'était un peu les deux, j'hésitais,
20:43 le journalisme, ça me tentait
20:45 beaucoup, mais je me disais que c'était pas facile,
20:47 donc pour assurer mes arrières...
20:49 - Une femme que vous admiriez, Anne Sinclair,
20:51 que vous admirez toujours. - Que j'admire toujours.
20:53 - Pourquoi ? - Bah,
20:55 7 sur 7, c'était la messe,
20:57 chez nous, on regardait 7 sur 7 tous les dimanches soirs,
20:59 et bien sûr, et puis,
21:01 cette femme qui interviewait
21:03 toutes les grandes
21:05 personnalités de l'époque.
21:07 - Et des hommes essentiellement, d'ailleurs. - Beaucoup d'hommes,
21:09 majoritairement des hommes, et puis
21:11 elle avait interviewé le roi Hassan II,
21:13 au Maroc, c'était pas rien,
21:15 non, non, il y avait eu plein de grands,
21:17 grands moments, et je sais pas,
21:19 en plus, elle était belle,
21:21 elle avait des super pulls en mohair,
21:23 et elle était intelligente,
21:25 - Ça se joue à quelques détails. - Ouais, franchement,
21:27 moi, j'avais que de l'admiration,
21:29 et j'aimais bien l'idée
21:31 d'avoir un modèle, et un modèle
21:33 femme, et on en cherche quand on est
21:35 gamine, et puis moi, je l'avais choisie,
21:37 elle. - C'était Anne Sinclair. À la lueur
21:39 de celle que vous êtes aujourd'hui, quel conseil
21:41 donneriez-vous à la petite fille que vous étiez,
21:43 à celle qui s'apprête à se lancer dans la vie ?
21:45 - Euh...
21:47 À moi, ou
21:49 à celle qui serait moi aujourd'hui,
21:51 je leur dirais de se
21:53 débarrasser de tout ce qu'on leur met dans le crâne,
21:55 de tout ce que
21:57 l'extérieur essaie de leur mettre dans le crâne,
21:59 leur entourage,
22:01 même leur famille,
22:03 les...
22:05 parfois les religieux,
22:07 et de faire le chemin toute seule.
22:09 - De s'affranchir de ça. - De penser par elle-même,
22:11 penser par soi-même, et de se
22:13 construire, de se construire
22:15 parfois contre son entourage, c'est pas grave,
22:17 mais d'arriver à quelque
22:19 chose qu'on peut porter. Et si on fait le chemin
22:21 soi, c'est à plus de force.
22:23 - C'est un très beau conseil, difficile,
22:25 mais ouais, je pense qu'on peut y arriver.
22:27 J'ai des photos à vous proposer, ça fait partie
22:29 des rituels de cette émission.
22:31 Cette première photo,
22:33 je sais pas si vous allez reconnaître la scène, c'est une photo
22:35 issue du show de Usher
22:37 lors du Super Bowl 2024.
22:39 Le chanteur américain a fait scandale parce qu'il a
22:41 enlacé la chanteuse Alicia Keys.
22:43 Leur danse collée-serrée a fait
22:45 hurler pas mal de monde aux Etats-Unis,
22:47 certains jugeant qu'on ne devait pas avoir
22:49 ce genre de contact avec une femme mariée.
22:51 Il se trouve que le mari de la chanteuse a réagi,
22:53 il a très vite clos le débat, et il a dit
22:55 ceci, "la performance de ce soir
22:57 n'était rien d'autre qu'incroyable,
22:59 avec deux incroyables artistes."
23:01 Il a mis les points sur les i très vite,
23:03 mais quand même, que dit cette polémique
23:05 de l'époque ? Est-ce que vous croyez, vous pensez
23:07 qu'il y a une forme de retour au puritanisme aussi ?
23:09 - Je suis pas sûre que ça se produirait chez nous, ça.
23:13 Je suis pas sûre, c'est pas très
23:15 américain, non ? - Ouais, en général, ce qui se passe
23:17 aux Etats-Unis arrive 10 ans après
23:19 chez nous. - Vous voulez dire qu'on est capable d'importer
23:21 ce genre de délire ? - Oui, je me pose la question.
23:23 - Oui, on est capable.
23:25 Ouais, le puritanisme fait un peu peur
23:27 quand même, ouais, franchement.
23:29 Et puis, je trouve ça, encore une fois, extrêmement
23:31 condescendant vis-à-vis d'Ali Chakis, quoi.
23:33 C'est-à-dire que vous allez pas imaginer
23:35 un seul instant que le show
23:37 du Super Bowl n'a pas été répété,
23:39 qu'elle n'a pas consenti à danser
23:41 avec Usher pour
23:43 le Super Bowl. Franchement, faut vraiment...
23:45 Enfin, elle l'a accepté, elle l'a fait,
23:47 laissez-lui son libre-arbitre aussi, quoi.
23:49 - Et qu'on considère toujours aussi que le corps
23:51 de la femme est d'abord
23:53 celui des hommes, en fait, appartient aux hommes.
23:55 - Oui, et puis ils ont tous leur mot à dire sur le corps des femmes.
23:57 C'est-à-dire que si elle a envie de danser, coller serré,
23:59 mais elle a le droit
24:01 à foutre lui la paix, quoi.
24:03 - Une deuxième photo,
24:05 c'est une photo de jeunes enfants de Béziers
24:07 qui expérimentent l'uniforme à l'école,
24:09 comme ceux de trois autres établissements du département
24:11 de l'Hérault, avant une possible généralisation.
24:13 C'est une expérimentation.
24:15 Si vous, vous aviez eu l'uniforme à trappe,
24:17 est-ce que ça aurait changé des choses ?
24:19 Pour vous ou pour vos camarades ?
24:21 - Alors...
24:23 J'allais faire une blague en disant que ça m'aurait évité.
24:25 Je vois une photo de moi dans une classe,
24:27 j'ai une photo de classe en CM2,
24:29 j'ai un jogging avec un schtroumpf que j'assume pas du tout, du tout.
24:31 - Ah, alors l'uniforme aurait évité ça !
24:33 - Mais je préfère le schtroumpf que l'uniforme.
24:35 - C'est vrai ?
24:37 - Qui est pour moi une vaste connerie, quand même.
24:39 C'est une grosse fumisterie.
24:41 Si tout l'argent qui est dépensé pour les uniformes
24:43 servait à d'autres choses...
24:45 Parce que l'éducation nationale a bien d'autres besoins
24:47 que celui-ci,
24:49 et c'est vraiment cosmétique, quoi.
24:51 Franchement, j'y crois pas un seul instant.
24:53 L'uniforme, ça n'a jamais existé, l'uniforme.
24:55 Il y avait des blouses, ça s'appelait des blouses,
24:57 et c'était pour éviter de se tâcher
24:59 à cause de l'encre. Mais il n'y a jamais eu
25:01 d'uniforme en France, c'est vraiment n'importe quoi.
25:03 - Vous ne croyez pas au fait que l'uniforme
25:05 puisse permettre aux enfants qui n'ont pas
25:07 les moyens de s'acheter les jogging ou les baskets
25:09 très à la mode et qui coûtent quand même
25:11 assez cher, de ne pas subir
25:13 une forme d'humiliation quotidienne,
25:15 de ne pas avoir les moyens d'être ?
25:17 - Ils ont des godasses au pied, les moments, ça va continuer
25:19 de s'exprimer ailleurs.
25:21 Au collège, ils ont des smartphones,
25:23 ça va s'exprimer là. Ils partent en vacances,
25:25 ça s'exprime là. Il y a des bouquins chez eux,
25:27 ça s'exprime là. Les discriminations,
25:29 elles existent partout, les différences sociales,
25:31 elles existent partout. C'est pas parce qu'on cache,
25:33 c'est vraiment le cache-misère, c'est n'importe quoi.
25:35 Franchement, c'est du flan. - Et l'autorité, non ?
25:37 - Et puis c'est pas étonnant que ce soit Béziers
25:39 qui ait décidé de le mettre en place en premier.
25:41 - Une dernière photo,
25:43 c'est l'affiche des JO qui a fait hurler
25:45 une partie de la droite et de l'extrême droite.
25:47 Je vous vois déjà réagir. Le dessinateur
25:49 a gommé la croix du don des Invalides,
25:51 on l'accuse d'avoir tenté de renier les racines
25:53 chrétiennes de la France,
25:55 d'avoir eu une démarche de wokiste.
25:57 Votre avis ?
25:59 Est-ce que vous pensez qu'il y a de la politique dans ce dessin ?
26:01 - Oh, j'en sais rien.
26:03 Je vous avoue que ma myopie
26:05 est telle que je l'ai vue passer que sur Twitter
26:07 et j'ai même pas regardé, j'ai entendu
26:09 ces polémiques, mais
26:11 en fait,
26:13 je suis parisienne, donc
26:15 objectivement, ça me gonfle,
26:17 les JO, ça me gonfle dans mon quotidien,
26:19 il y a plein de trucs très pénibles.
26:21 Mais pour une fois, qu'il se passe
26:23 un truc qui pourrait être un événement
26:25 fédérateur, joyeux dans ce pays,
26:27 dans lequel on pourrait être fiers,
26:29 dans lequel on pourrait dire "Putain, c'est la France !"
26:31 Et bien, même ça,
26:33 on va réussir à le pourrir. Je pense qu'on a
26:35 une capacité de tout pourrir
26:37 dans ce pays qui est assez...
26:39 Alors là, on est champion olympique. - Pourquoi, d'après vous ?
26:41 - J'en sais rien, on est des râleurs
26:43 et on sait pas faire autrement, mais
26:45 j'ai une dernière question qui est en lien avec ce lieu,
26:47 Sophia Aram, nous sommes entourés de quatre statues
26:49 qui représentent chacune une vertu.
26:51 Vous avez la sagesse, la prudence,
26:53 la justice
26:55 et l'éloquence. Est-ce qu'il y a une de ces vertus
26:57 qui vous parle plus que les autres, qui vous caractérise
26:59 peut-être ? Ou est-ce qu'il n'y en a aucune
27:01 et il en manque une et vous auriez
27:03 envie de la dire ? - La sagesse,
27:05 la prudence, l'éloquence et la justice.
27:07 - Et la justice.
27:09 - Alors, je sais pas si elle me caractérise,
27:11 mais elle me tient vraiment
27:13 à cœur, c'est la justice.
27:15 La justice, c'est vraiment quelque chose
27:17 pour lequel
27:19 je serais vraiment prête
27:21 à me battre. - Et bien c'est dit,
27:23 on s'arrêtera sur ce mot. Merci infiniment, Sophia Aram,
27:25 d'avoir été notre invitée dans "Un monde à regard". Merci.
27:27 Et merci à vous de nous avoir suivies, comme chaque
27:29 semaine. À très très bientôt sur Public Sénat.
27:31 Merci beaucoup.
27:33 (musique)

Recommandations